[Octobre 550] Eviter les geôles (PV Akritès)

Avec la trêve inattendue de Jamir et l'union des armées saintes, une porte s'ouvrait de nouveau à la diplomatie entre les différents Ordres. C'est ce que voyait Célestia alors que sa plume courait sur la surface parcheminée de sa missive afin de la noircir d'encre. Elle suspendit son geste un instant, cherchant les mots qui sauraient convaincre le représentant de la Sagesse de sa bonne foi. Après tout, Athéna avait auparavant marqué sa personne de son sceau afin de pouvoir observer son demi-frère à loisir, et encore avant, ordonné son exécution par le biais de Silas des Gémeaux.

La Princesse aux mille oiseaux appréhendait cette rencontre, les conséquences qu'elle pouvait entraîner, mais son objectif allait au-delà d'un simple caprice, au-delà d'une intuition. La guerre amenait des ennemis à s'allier, des alliés à se déchirer, et tout changeait en l'espace d'une ou plusieurs rencontres, d'un mot mal compris ou d'un acte rédempteur, parfois. Au fond, Athéna désirait la paix pour l'humanité. Désapprouverait-elle ?

***Il n'y a qu'un moyen de le savoir...***

Célestia confia la missive à l'un des meilleurs coursiers de la Tour : un vif corbeau aussi rapide qu'une flèche à sa retombée, rusé et intelligent. Elle lui expliqua en détails qui il devait trouver et le lieu à quoi devait approximativement ressembler son logement au sein du Sanctuaire athénien.

Plusieurs jours durant, elle observa les cieux depuis son temple, scrutant une tache d'encre au loin se détachant sur les nuages. Quand la réponse lui parvint enfin, son visage s'illumina d'enthousiasme : le Pope acceptait de la recevoir pour une entrevue, fixée peu de temps après, dans un petit village jouxtant la fameuse montée des douze domaines de l'écliptique.


"Dans une taverne... ?"

Le Héron se trouvait au lieu de rendez-vous indiqué sur son parchemin, à l'heure dite, mais un sentiment de scepticisme s'imposa en elle. Que les Grecs aient quelque peu perdu leurs habitudes concernant la vénération des "dieux païens" était une chose... Que leur représentant se présentât dans un lieu aussi commun pour une rencontre officialisée... sortait clairement des normes habituelles.

***Je m'imaginais autre chose en écoutant Silas et Childéric, mais après tout pourquoi pas...***

Prudente, elle avait longuement inspecté les alentours avant de venir, posté des oiseaux ici et là, interrogé des chats errants, et sa chlamyde bienveillante entrerait en action au moindre appel. A priori, rien ne se laissait présager d'un piège ou d'une embuscade quelconque.

Elle entra dans l'établissement, accueillie par plusieurs sifflets admirateurs dès lors qu'elle retira sa capuche de voyage pour révéler sa chevelure dorée. Plus qu'un cosmos, une odeur attira alors son attention. Un parfum particulièrement délicat pour l'endroit qui lui fit tourner la tête vers un homme de bonne stature, aux traits persans et à l’œil vif. Dans le reste de la pièce, principalement des ivrognes et de simples voyageurs.

***Ce doit être lui. Il dégage plus de prestance que les autres.***

Elle balaya tout de même le reste de la pièce du regard en avançant d'un pas. Les apparences trompaient souvent ceux qui s'y arrêtaient trop vite.