L'appel des origines (César)

" Reine...

Viens ma reine, ma dame, ma si délicieuse cousine... "

Depuis combien de temps errait-elle de rêves en rêves. C'était si intense, si profond qu'elle ne pouvait plus différencier songe et réalité. La puissance de cette voix avait tout d'un envoûtement. Quelque chose de puissant, d'insidieux qui glissait lentement aux portes de ses sens, forçant sans la moindre violence les portes de sa raison, de son âme.

" Viens... Nous sommes du même sang... "
~ Sang ?

Un seul mot, un seul l'avait fait sursauter en son sommeil avant qu'elle ne le crie dans la pénombre de sa tente, transperçant un silence tout relatif sans pour autant la ramener. Le sang, le sang coulant en ses veines sans qu'elle ne sache qui le lui en avait fait cadeau. Cette vie qui l'avait vu naître par deux fois brillait en elle comme le plus précieux des trésors et le plus ténébreux des mystères. Jamais, elle n'avait su de qui elle était née. Qui l'avait conçue ou quand ? Était-elle le fruit d'un amour ou la blessure inguérissable d'un viol ?

L'Amour, au plus profond de son cœur, elle avait toujours souhaité être le fruit d'un amour...

~ Mais il n'y a que la Guerre !!! Hurla de nouveau, se débattant de plus belle en son sommeil, frappant la forme toute proche. Épuisée au dernier point, Rhiannon ne savait pas, ne pouvait se rendre compte de ce qu'il s'était passé une fois le cœur déposé. César l'avait chargée sur son épaule tel un tas de bois mort avant de la porter à l'abri de la toile de cuir et de laine. Et depuis, elle errait, elle errait de songe en songe, poursuivant une présence qu'elle ne pouvait pas même entrevoir, juste entendre tel le bourdonnement entêtant d'un insecte d'été.

~ La Guerre, que la guerre... Haleta-t-elle soudain hors de souffle alors que ses lèvres s'écoulait encore un infime filet de sang. A peine quelques perles écarlates dont la fragrance trahissait certains excès mais dans la nécessité, on ne pouvait forcément choisir. Aussi, c'était d'une soif avide qu'elle avait englouti le sang du Maître des Vices et des Excès sans pour autant se réveiller.

L'épuisement était tenace mais mois que celui qui se tenait si près maintenant. Si proche tout en demeurant au loin. Il avait beau posséder un tempérament et une cruauté à faire pâlir les spectres eux-mêmes, c'était surtout son intelligence et sa prudence poussée à l'extrême qui faisait sa plus grande force. Pourtant, il avait réussi, il avait réussi un tour de force dont personne ne pouvait soupçonner l'ampleur et qui à partir de ce jour marquerait un nouveau tournant dans la vie de Rhiannon.

Au loin, sa silhouette se découpait, montée sur son immense cheval baie mais les éveillés étaient trop occupés, trop tenus en laisse par leurs divins maîtres pour se soucier de ce qui n'était au fond qu'un quidam parmi tant d'autres. Un simple déchet, un dégât collatéral en devenir parmi la masse grouillante se tassant dans les villages ou autres rassemblements alentours.

~ Je t'ai enfin touchée... Je t'ai enfin touchée, jeune reine... Lâcha-t-il soudain dans le vent glacial du jour naissant.Puis, satisfait, il tourna bride ne perdant jamais de "vue" celle qu'il s'était attribuée comme victime en devenir.

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~ Aaaaaaaaaaaaaaaaah !!!

Tel fut l'ultime cri de rage qui marqua la fin du rêve. Plus que violente en son délire, Rhiannon n'avait pas réalisé l'état dans lequel elle avait mis César après qu'il lui eut donné de son sang. Ses sens étaient encore trop troubles trop altérés pour cela. Brusquement relevée, la splendide franque finit par se laisser retomber massant ses paupière encore douloureuses avant de réaliser qu'elles étaient maculées de sang.

Surprise, elle respira de nombreuses fois à fond, calmant les violents soubresauts agitant encore son corps si fragile en apparence. Lentement, si lentement, les choses s'éclaircissaient, reprenaient leurs formes, leurs couleurs. Puis, enfin, elle comprit. Sa main se posant sur l'épaule de l'homme blessé à ses côtés.

~ César...

Elle le secoua gentiment avec une douceur surprenante en regard de la violence qu'inconsciemment elle avait du déchaîner.

~ César, est-ce que cela va ?

Puis, découvrant d'innombrables cadavres de chauves-souris percées de morsures et entremêlées en un combat mortel, elle enchaîna.

~ Mais que c'est-il passé ici ? Fut sa première demande au berserker tout aussi percé de morsures et de coups de griffes.