[Avril 551] Les enfants du désert (Mehry)

À la dérobée, l’âme s’approche, pénètre dans ce village qui invite les souvenirs. Celle-ci n’est, certes, pas celle de son enfance, mais la Perse n’en demeure pas moins la contrée qui l’a portée. Guidée par des désirs parfois bien capricieux, la demoiselle ignore les raisons de sa venue ; elle s’autorise toutefois de penser que l’inconscient y perçoit, peut-être, un moyen de renouer avec ses vieilles années, pour autant que cela soit possible. Cela, ou simplement des élans de mélancolie, la tentation de constater de ses propres yeux la direction vers laquelle il tend. Toutes ces suppositions ont-elles seulement un sens ?

Comme un fantôme, elle déambule dans les ruelles qui imposent d’elles-mêmes ces images d’antan. Ce n’est pas Ctésiphon, certes, mais malgré tout… Elle ne peut qu’aimer cette cité ; l’aimer autant que la craindre.

Une absente aux aguets ; les sons s’échappent des silhouettes environnantes, des passants aux enfants qui rient, jouent ensemble, inconscient de tout ce qui les entoure. À cette vision, les lippes s’ourlent d’un demi-sourire. Toutes ces choses ne lui sont pas familières, mais elles conservent une trace dans l’existence. Ce détour n’est, en définitive, peut-être pas une erreur.

La silhouette rejoint ainsi la place du marché, non loin de là où des enfants s’amusent avec une boule d’osier. Encapuchonnée, elle fait le tour des étalages, se renseigne, échange quelques pièces. Son geste cesse cependant un instant ; son attention se porte en direction de ceux qui courent ici et là, joyeusement, et découvre une présence autrefois ressentie.

— Il vous faut autre chose ?
— Je vous en prends une deuxième.

Allons bon. La tête dodeline, les mains reforment cet échange précédemment réalisé et, déjà, Mehry disparaît. D’un pas tranquille, elle quitte l’endroit où tous se réunissent pour se faire un peu de monnaie, bifurque un peu plus loin, au coin d’une rue moins fréquentée. Paresseuse, la colonne prend le mur pour support pour quelques minutes et, finalement, le bras se tend et la paume dévoile une Grenade en son sein.

— Dis donc, c’est pas très poli de suivre les gens comme ça, tu sais ?

La Persane patiente, compte les secondes qui séparent son arrivée de celle de l’autre ; la silhouette masculine ne tarde par ailleurs pas, entre dans son champ de vision bien plus vite qu’elle ne l’aurait pensé de prime abord. Un chat et une souris. L’une se faufile, tandis que l’autre la poursuit. Toutefois, dans le cas présent, nul ne peut connaître l’identité du prédateur. En outre, les deux azurées se posent sur elle, ne semblent pas se priver ; la demoiselle le jauge également sans retenue, davantage amusée par les propos tenues.

— S’exclame l’homme qui guettait une femme profitant du marché !

Chacun d’eux reconnaît l’autre, sans pour autant y mettre les formes. En effet, l’énergie qui les composent ne laisse planer aucun doute sur leur nature, pas plus que sur leur appartenance. Une moue se dessine sur ses traits, avant qu’elle ne se décide à abaisser le voile qui, jusqu’à présent, dissimulait ses caractéristiques Persanes.

— C’en est presque vexant, dis donc ! Mehry, Ehsan, Ophiuchus, ça te dit quelque chose ?

Elle en joue allégrement ; il est bien rare qu’elle soit libérée de son masque, alors autant en profiter. Sans attendre, le buste se penche vers son compère, le détaille de ses prunelles de Jade, puis reprend sa position initiale.

— Hm. Eh bien, ton énergie semble être celle d’un des douze et les descriptions faites ont l’air de correspondre plutôt bien à la réalité. Les Gémeaux, c’est ça ? Ton nom en revanche...

Un doux mensonge s’empare de ses lèvres ; Mehry n’est pas ignorante au point d’en oublier l’appellation de son poursuivant. En somme, cela s’inscrit davantage dans la revanche personnelle, bien que gentillette. Après quelques instants, le bras reprend le mouvement, exerce un mouvement à proximité du museau du Chevalier.

— Bon, et sinon, tu la prends quand cette grenade ? C'est que c'est encombrant, tu sais ?

Parce que, tant qu’il ne la récupère pas, elle est incapable d’engloutir la sienne.

L’étranger se pare d’un sémillant sourire, se présente sans détour, plonge les azurées dans les céladons avec assurance ; c’est ainsi qu’il se prend au jeu et s’entoure d’une confiance autant démesurée que redoutable, quitte à s’en brûler les ailes. Cependant, les Gémeaux s’affichent plus complexes qu’un simple oiseau et leur histoire demeure bien plus sombre que les plumes d’un Corbeau. Malgré tout, il représente, dans le cas présent, une bestiole bien trop assurée pour ne pas être une proie aisée.

Ce jeu, ils y plongent volontiers. Comme un voile sur un visage, il musse les ombres qui aveuglent les prunelles et les marques de l’appréhension se remplacent, dociles, par leurs partenaires de distractions. En somme, il s’agit d’un moyen de ne pas réfléchir outre mesure, d’oublier que cette région n’est plus qu’une belle Inconnue. Une Inconnue de sable et de sang imprégnée de tourments.

L’empreinte d’un souvenir.

Un fruit subtilisé, qui saute d’une main à une autre ; dans ses actions se distinguent des airs de jongleries qui, bien qu’amusantes, ne démontrent en aucun cas l’extraordinaire. Une rapidité que l’on ne peut nier, mais que l’on attend de ceux qui se parent d’Or. En conséquence, les épaules se rehaussent un instant, circonspectes, et les lippes s’entrouvrent, s’expriment en bon public. Voilà bien longtemps que les acrobaties ne l’impressionnent plus.

— Eh bien, quel dommage, t’aurais pu partir sur les routes et vivre de camarades et d’aventures folles, mais on dirait que t’as choisi un tout autre type d’aventures !

Des aventures qui ne pardonnent pas, qui rattrapent et qui frappent. Celles-ci sont inarrêtables et se montrent patientes ; elles goûtent la première fois et, dès lors, se souviennent de leurs odeurs. Elles n’en souviennent jusqu’à la dernière heure.

Instinctive, la nuque déverse quelques mèches, les paumes s’approprient la grenade, la segmente pour en retirer les mets. Cette présence est presque oubliée. Une interrogation se prononce, accapare de nouveau ses pensées autant que ses capacités visuelles ; une remarque qui laisse planer le doute sur la réalité de la situation, qui semble être source d’une hésitation, d’un malaise pour les Gémeaux.

— Moi, j’suis là, c’est un fait. Maintenant, la question qui se pose, c’est surtout de savoir où t’en es. Me dis pas que t’es dans une impasse, si ?

Elle l’observe, lui qui perd soudain de sa superbe, tandis que les probabilités grimpent.

C’est à gorge déployée que le Gardien commence à rire, fort de son incroyable confiance ; la fameuse s’ébranle pourtant sous le poids des éventualités. Cette assurance ne s’impose plus chez la Serpentes depuis bien longtemps déjà : le prix s’avère trop élevé, et elle l'a déjà trop payé. Trop selon ses propres convictions.

Les hommes ne sont pas immortels.

Les actes et les mots se ressemblent, se distinguent et se séparent. En eux résident des messages, une communication pertinente, superficielle, absente. Qu’importe ce que les étrangers racontent, les conséquences n’en sont que plus désastreuses. Ainsi, l’autre dérive, joue sur les mots comme les doigts sur un Chang ; il ne peut tourner en rond indéfiniment. L’espoir d’une arrivée, une poursuite doucereuse débutée, un jeu installé et une histoire à demi mots contée. La Chouette s’est transformée.

Ce récit, Mehry l’écoute, continue de dépiauter la grenade précédemment achetée. En outre, la tête se relève lorsqu’il pointe l’Est du doigt, suivant son geste. L’action s’arrête, le fruit s’abaisse un moment et la demoiselle reporte son regard sur lui.

— La progéniture du Sable ne peut ignorer les dangers portés par sa contrée, toi aussi tu dois savoir ça. Ce lieu « dangereux » est une partie de ton impasse, non ? Ou, en tout cas, une partie de la raison qui t’a poussé à venir jusqu’ici. Dans tout ça, le hasard veut que l’emplacement de ton ancien entraînement soit dans la même direction.

Un haussement d'épaules survient : le hasard n’existe pas, pas dans ce Monde-là. Alors, les sérieuses prunelles l’observent et les lippes demeurent closes un instant. Patiemment, elle attend la suite de cette conversation, car Mehry ne croit en aucun cas au hasard.

— Dis-moi, que penses-tu des flammes, Silas ?

C’est ainsi que la langue se délie, que la vérité renonce à s’abriter sous les secrets. Les prunelles Lichen lorgnent subrepticement sur la silhouette en face et, sans réserve, s’empare derechef du fruit à déguster. Des données soulevées, cette mission présente les traits d’une impasse ; des hommes disparaissent sans laisser la moindre trace et, depuis longtemps déjà, elle nage dans des eaux troubles. Les pièces se rassemblent, comblent les lacunes, mais certaines demeurent de belles Inconnues. En outre, la Persane ne montre nul étonnement, lorsqu’elle reçoit cette histoire. Des éléments préalablement percés à jour, certes. Toutefois, il semblait peu probable que l’autre en crache les morceaux.

Le Feu ne se contente pas que de brûler, Silas.

Une question simple, pourtant sujette à une multitude de réponses. Une interrogation dont l’unique objectif subsiste dans le silence des mots déguisés. Cependant, dans la masse d’idioties se dévoilent des curiosités ; celles-ci ne sont pas dépourvues d’utilités, mais se parent du reflet de la contrariété.

Zarathoustra représente un récit sur lequel Mehry ne souhaite guère revenir, pour l’heure. En effet, le sable n’indique nullement le temps des remembrances, pas plus que celui des apprentissages d’une époque révolue. Les épaules se rehaussent alors, brièvement, tandis que son regard se pose sur la Grenade.

— Zarathoustra est… une particularité, dirons-nous. Tu sais, le feu possède une flopée de facettes. On raconte qu’il purifie les souillures, mais, placé entre de mauvaises mains, il sème la destruction dans son sillage. C’est un élément qui oscille entre l’ombre et la lumière et, en un sens, il me rappelle un peu les tares rattachées au mystère qui entoure les Gémeaux…

Il est imprévisible, comme les Hommes.

Un soupir outrepasse la barrière des lippes. Aussi, les bras se croisent, tandis que la masse s’adosse de nouveau au mur.

— Pour en revenir au sujet, j'comprends mieux la situation maintenant que tu m’en parles concrètement. J’imagine que si tu me mets dans la confidence, si tu me proposes de m’y rendre avec toi, c’est que t'as quelque chose derrière la tête, non ? Qu’est-ce que t’attends de moi exactement ?

Pas de mission ni d’obligation à ce sujet ; la Perse n’en reste malgré tout pas moins la terre de son enfance et il lui serait donc difficile de refuser. Et, cette fois, il n’est plus question de plaisanter.

Les flammes se proclament destructrices autant qu’elles se révèlent créatrices. Depuis les temps immémoriaux, l’Ombre se lie intimement à la Lumière ; de prime abord ennemies, les éléments sont indissociables et de l’un dépend l’efficacité de l’autre. Vraisemblablement est-ce pour cela que nombreux les considèrent redoutables, ces chatoyantes ondulations. Et sans doute n’est-ce que le début d’une chose plus grande encore que l’on pourrait ne serait-ce que l’imaginer ; les Hommes jouent aux Dieux, mais ne possèdent en aucun cas leurs capacités innées. C’est ainsi qu’ils finissent par se brûler.

Un lien inébranlable, une hiérarchie divine insurmontable.

Nul commentaire ne s’échappe, lorsque le presque Persan interprète, réfléchit au cycle éternel. Les significations ne représentent que ce que l’on accepte de percevoir, et se différencient ainsi d’autres, tandis que certaines, en apparence, prennent une direction similaire. Les Gémeaux ne rajoutent, par ailleurs, aucune remarque supplémentaire, l’invite à le suivre vers cette destination épineuse. Pour toute réponse, un geste, une acceptation ; les principes de la demoiselle sont simples, bien que profondément enfouis, mais, pour autant, des exceptions se manifestent parfois, l’intime à autoriser ces écarts. La Perse, en tant que contrée de sa naissance, berceau de ses souvenirs, constitue l’une de ces raretés.

La grenade trouve de nouveaux acquéreurs, sous les traits d’enfants qui passent à leurs côtés. Des remerciements, des sourires accueillants, et déjà reprennent-ils leur route vers l’Est. Les épaules se haussent brièvement, lorsqu’il entreprend d’augmenter la cadence ; les importances et les valeurs se montrent ainsi différentes, mais le choix ne se présente guère : le Feu est loin. En conséquence, la demoiselle ne peut que le suivre dans son inconscience, qu’elle modère en retrait. Des signes indiquent des zones, des régions qu’ils dépassent pour s’enfoncer dans le désert de pierres et de particules de sable. Un arrêt s’impose, et les mirettes se plongent dans ce qui, jadis, comportait un Temple de toute beauté. L’architecture se distingue de ces compères étrangères, mais voilà qu’elle repose désormais dans les perles dorées.

Un instant, son attention se retient sur la silhouette de ce partenaire d’une journée ; il se dévoile plus entreprenant qu’elle ne l’aurait pensé, envoyant valser quelques délicatesses au passage. Malgré tout, un étirement mutin naît sur les lippes, amusée par l’étrangeté de cette remarque autant que de la situation. Amusée, mais pas que.

Il ne fait que jouer.

— La flatterie ne marche pas sur moi, jeune homme !

Ne pas s’approcher, observer de loin. Rien d’étonnant, car le malaise demeure présent par delà les rochers, bien que mesuré. Les Céladons guettent, furètent dans les coins qu’ils peuvent atteindre, guère surprise des faits racontés.

— Effectivement, on en ressent déjà une infime partie d’ici. C’est assez étrange, les Ziggourats sont pourtant des bâtiments religieux, des lieux de cultes, si ma mémoire est bonne. J’ai bien entendu quelques histoires différentes, mais… Il y avait une raison, pour que tu descendes, ou c’était juste comme ça ?

De la curiosité mal placée, le désir d’impressionner le maître, l’esprit de contradiction, et bien d’autres possibilités. Quoi qu’il en soit, cet endroit développe un mystère certain autour de ses murs naturels. Il réveille les instincts, les sens qui alertent ; une prudence nécessaire et, pourtant, elle attire l’attention autant qu’elle préoccupe.

— Il y a autre chose à savoir sur ce lieu ? Est-ce que t'en as vu d’autres comme celui-ci ?

Une insouciance assumée, semble-t-il. Une attitude digne des gamins qui souhaitent impressionner les plus grands, grandir peut-être un peu trop vite. À cela, des chemins distincts se développent : le choix et l’obligation. Un parent pour un enfant. Cette obligation ne représente pourtant qu’un choix généré par la force des choses, mais dont on ne peut pour autant pas se dédouaner. En outre, la relation entre un maître et son élève peut aisément se modifier, tout comme les liens s’étaient transformés lorsque les anciens leur enseignaient.

Tout cela n’est plus qu’un souvenir.

Cependant, les lippes de l’autre s’étirent d’une signification que ceux qui ont vécu peuvent comprendre. Lui aussi, se remémore le passé qui, depuis longtemps, dort sous la terre. Il forge comme il détruit, mais c’est ainsi que tout cela fonctionne ; le prix est d’autant plus lourd à payer lorsque cela met en jeu des protecteurs.

Ils ne se contentent pas de jouer entre eux, ils dansent avec le feu jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres oubliées.

Seuls les Éveillés se souviendront, peut-être, d’eux.

— Qu’est-ce qui est arrivé à ton maître ?

Une question brute s’échappe, suivant le fil de ses pensées. L’autre sujet s’est déjà clôturé et elle n’apprendra rien de plus des ruines et des édifices religieux aux pouvoirs mystérieux ; nul intérêt ne réside dans la poursuite des Inconnues que personne n’envisage de calculer. Si une interdiction entre effectivement en vigueur, elle ne pourra de toute manière pas aller fouiner. Il est donc inutile de s’y attarder, comme sur cette flatterie lancée. À cela, Mehry ne peut que répondre par un sourire amusé.

— Si tu l'dis !

Il n’y a là rien de plus qu’une blague innocente, nulle nécessité de le prendre au sérieux.

— Bonne question ! Eh bien, je dirais que ça dépend des circonstances ?

Les frivolités continuent, ne cessent de croître pour mieux attirer. En dépit des apparences, son attention se porte, pour l'heure, sur d’autres sujets. En cela, l’enfant de la Perse interroge son compère sur l’existence, la fin de ce fameux maître, alors même que ses prunelles ne quittent pas la silhouette adverse. Aucune obligation de répondre à ses questions et, malgré tout, elle attend. En outre, la curiosité brille par son absence ; compte tenu de l’âge supposé des Gémeaux, une probabilité non nulle d’une connaissance réside en ces quelques sous-entendus.

Et pour cause…

Darius. Une appellation qui ramène la demoiselle à son statut d’avant, dans les années avoisinant son arrivée au Sanctuaire. Ce nom, à cette seule évocation, suscite un haussement de sourcils ; celui d’un homme présumé sage et qui, un jour, a rejeté ses attributions officielles, puis s’en est allé. Des causes incomprises, par ailleurs guère recherchées, et voici que l’origine de tout cela s’affiche devant ses yeux.

— Effectivement, je l’ai un peu connu. Cependant, j’ai jamais rien entendu à propos de cette blessure. Entre ça et ton arrivée, tout s’explique sur les raisons de son retrait. De mes souvenirs, Darius était un homme sage et de confiance, navrée pour sa disparition.

Pour ce qu’il en est.

Le retour sonne de sa cloche illusionnée ; les formateurs ne sont pas une nécessité et, au final, bien peu peuvent jouir d’un tel apprentissage. Ou plutôt d’un lien durable.

— Aucune, à vrai dire, j’me suis formée seule.

En compagnie des autres, dans l'arène, et principalement dans les endroits qu’elle tenait, à l’époque, au secret. La mémoire des mazdéens subsiste, profonde et teintée du carmin.
D’un geste, les mèches charbonneuses s’emmêlent, ébouriffent pour retomber sur les frêles épaules : il est temps. Ne lui reste qu'à s'étirer, avant de le questionner une dernière fois.

— Bon, tant qu’on est dans le coin, y’a encore quelque chose à voir ?

Si leur escapade se termine, alors peut-être retournera-t-elle au Sanctuaire, ou sautera-t-elle le pas pour rejoindre l’origine de sa présence sur les terres de son enfance.

Une vie est constituée de deux éléments fondamentaux : la naissance, puis la mort. Par ce biais, le Cycle des âmes se dessine, cette croyance dont les anciens relataient, parfois, les histoires. Déconcertantes, à n’en point douter, pour un enfant. Tant est si bien qu’il devient difficile pour l’esprit de démêler le faux du vrai, lorsqu’il n’est pas encore prêt. Ces quelques mots percutent, renvoient à ces contes d’autant dans lesquels nulle réponse ne subsiste. Tout cela n’est pas ordinaire, pas plus qu’il n’empêche les altérations, la douleur et le vide.

Toutefois, Silas n’insiste pas, détourne son attention de ces mentions pour se concentrer sur d’autres choses. Des choses qui dérangent, sur lesquelles la Persane ne souhaite guère s’arrêter ; ce qu’elle connaît désormais ne provient que des expériences, des tentatives et du fruit de ses propres recherches. Pour première indication, un sourire adressé, des épaules redressées, guidées par une faible expiration.

— Eh non, aucune ! Je participais à quelques entraînements ouverts, mais c’est tout.

Le reste ne le concerne pas. Par ailleurs, la méthode utilisée n’importe que peu, tant qu’elle se révèle fructueuse. Les méthodes se développent individuellement, conformément à un schéma spécifique autant qu’unique et, les siennes, sont nourries des désirs qui l’animent. Qu’importe la maigre reconnaissance qui en résulte, ce n’est pas ce qu’elle recherche.

Elle n’est pas de celles qui se montrent.

Les paupières se froncent, éblouies, et le visage se tourne en direction du soleil qui, déjà, se couche ; l’heure avance bien plus vite qu’il n’y paraît et rien n’est encore prêt. Une proposition survient alors, celle d’un alcool qui enivre et, bien qu’alléchantes, Mehry ne peut malheureusement pas y consentir.

— La proposition est tentante, mais j’ai bien peur que tu doives boire seul ce soir… Il me reste encore quelques trucs à régler dans le coin, avant de partir. Du coup, j'vais devoir décliner ton offre pour cette fois.

Une moue s’inscrit, un sourire ourle ses lippes dans l’once d’un regret.
Les affaires sont les affaires.

— En tout cas, merci pour ces petites discussions et pour la compagnie, c’était plutôt sympa ! Fais-moi signe quand tu rentres, on ira boire un peu de vin pour rattraper ça. D'ici là, sois prudent.

Il n'est pas en expédition personnelle, après tout.
Des salutations, des mots enjoués et, déjà, elle entreprend de s’en aller.

Citation :

Mehry quitte le sujet.
Tu peux poster et indiquer dans le titre que le rp est terminé °° Merci pour le sujet !