[Fin Janvier 553] Retour de Jamir

=> Jamir

Avant qu’ils n’aient eu le temps de faire un pas, Arietis leva les mains dans leur direction. Aussitôt, Morwenna sentit son corps être happé par une force aussi mystérieuse que désagréable. Elle détestait être transportée de la sorte et le voyage, bien que bref, la mit de méchante humeur. Une soudaine nausée la prit une fois que ses pieds foulèrent la terre ferme. Elle dut se faire violence pour ne pas vomir et, après quelques secondes à se reprendre, la jeune femme se souvint d’avoir gardé en main les corbeaux morts trouvés sous l’armoire. Elle les jeta au sol d’un air dégoûté. Elle grogna directement dans l’esprit de Kilian.

« Quel enfer ! Il n’aurait pas pu nous laisser repartir tranquillement ? Je déteste la téléportation ! J’ai le mal de mer et… j’ai le pied marin, merde ! »

Laissant son regard errer aux alentours, elle reconnut sans mal les abords de Rodorio. La nuit tombait, installant son voile d’obscurité. Un énième juron fusa, suivit d’un petit rire amer.

« Au moins il nous a fait gagner du temps. Tant pis pour nos chevaux mais je vais me faire engueuler… »

Morwenna poussa un long soupir. Leur mission s’était tout de même bien passée, ils étaient revenus entiers, sans une seule égratignure. Pour autant, cela ne suffisait pas à contenter la Sainte des Poissons qui avait l’intuition d’être passée à côté de quelque chose. Bras croisés sur son plastron d’or, la jeune femme avisa Kilian d’un coup d’œil.

« Bien. Je propose qu’on aille directement faire notre rapport à Childéric. J’ai déjà suffisamment l’impression d’avoir perdu un temps fou malgré le petit tour de notre ami Arietis… un drôle de phénomène celui-là, tu ne trouves pas ? »

Ses yeux revinrent sur les cadavres des oiseaux. Sur ces symboles. « Oui, j’ai quelques notions mais ce n’est pas une langue… il faut que je recopie ces symboles, et il y’en a beaucoup, bon… »

La Sainte, faisant fi de son aversion, se baissa pour récupérer les volatiles. Suspendus par les pattes, elle les fourra dans son sac.

« Je suis bonne pour cramer toute cette merde, je te le dis, chevalier, c’est pas une sinécure ! »

Elle initia le départ. Visiblement, la jeune femme n’avait pas envie de rester sur place, ni même de prendre un peu de temps pour se reposer. Son empressement s’expliquait et elle avait tant de choses à dire à Childéric…

=> Temple du Pope

Jamir

Voilà ce qui s'appelait un départ expéditif. Mon visage se ferma lorsque je sentis de nouveau les effets de la désagréable téléportation. Que faire ? Résister ? Inutile.
Ce sale gamin semblait n'avait aucune émotion, aucune raison hormis son sens de la protection de la tour. Notre mission s'achevait donc sur une touche frustrante, à l'image de l'ensemble de nos trouvailles. Fort heureusement, nous avions quand même quelques éléments à nous mettre sous la dent.
A peine mes esprits repris, que j'entendis Morwenna s'agacer, de façon tout à fait légitime. Je tiquais en entendant certains de ses propos, mais décidais de garder mes pensées pour moi.

Protéger Jamir ne va pas être de tout repos avec un énergumène pareil. Bon sang, il nous a traité comme de vulgaires étrangers, limites gêneurs... J'espère que nos relations avec le nouveau gardien seront plus chaleureuses.

Mon regard se posa alors sur les pauvres oiseaux morts, qui recelaient à nul doute un secret bien gardé.

J'ai confiance en toi pour leur faire dire tout ce qu'ils savent. De mon coté, je vais tenter d'analyser les résidus qui se trouvent sur la fiole trouvée sur place. Cela reste maigre, mais avec un peu de chance...

Bon sang, la déveine n'allait quand même pas s'acharner ?!
J'approuvais aussitôt la proposition de ma consœur d'aller faire notre rapport. Je notais tout de même, une fois encore, qu'elle utilisait le prénom du Grand Pope et non son titre. Ces deux-là se connaissaient-ils ?

En tout cas, Arietis a fait preuve d'une désinvolture et d'une négligence étranges. Ranger la pièce et ne pas remarquer les oiseaux ou les éléments indiquant un acte malveillant... Vraiment étrange.

Aussitôt Morwenna se mit en marche, et je la suivis, telle une ombre.

Palais du Grand Pope