[Janvier 553] Pour Détruire le Sanctuaire...

Pour Détruire le Sanctuaire...

Fin Janvier 553, Dédale

Quelques heures après le massacre Vénétien. Lieu Inconnu.

L'esprit encore brumeux, le pas légèrement chancelant et la mémoire incertaine, Chris se contentait de suivre la voix. Cette voix étrange et mystérieuse avec laquelle il avait passé un pacte, afin d'arriver à ses fins...
Suite au massacre de son village, le jeune homme avait légèrement perdu la notion du temps, et de l'espace. Quant à sa mémoire... S'il savait ce qui s'était produit plus ou moins lors de ce massacre, il était également conscient que certains éléments manquaient. Et il n'était pas idiot: il avait fait le lien entre cette frénésie étrange et la cuirasse qu'il portait désormais. Cette protection qui lui parlait, qui lui murmurait, et le guidait...

Vêtu de cette cuirasse, et couvert de sang des pieds à la tête, et particulièrement sur tout le côté droit du visage, le brun arriva devant une citadelle à l'allure des plus macabres, et s'immobilisa quelques instants. Même si son esprit était embrumé dans son état, et que sa prise de décision était impactée, il savait déjà pertinemment que c'était une mauvaise idée de pénétrer en ces lieux.
Malgré tout, la voix de la cuirasse l'encouragea, le poussa à poursuivre. Pour arriver à ses fins, il devrait en passer par là, selon elle. Chris inspira une dernière fois à l'air libre avant d'entrer dans la forteresse maudite.

Et dès qu'il se mit à parcourir les couloirs de ce lieu, il le regretta amèrement. Où était il tombé ?! Qu'est ce que c'était que cet endroit ?! Que faisait il ici ?!
Tentant de conserver son calme, il poursuivit son avancée à travers les différents couloirs de ce lieu où la raison avait depuis longtemps disparu. La cuirasse lui murmura qu'il était ici pour rencontrer quelqu'un. Il ne savait pas qui il s'apprêtait à rencontrer dans un tel lieu, mais il espérait vivement que cette personne pourrait l'aider à progresser dans ses objectifs personnels.
Toutefois, le brun plissa des yeux en voyant de grands yeux l'observer depuis la surface de chair des murs. Il en doutait réellement... Il ne voyait pas comment quelqu'un avec un esprit sensé pouvait passer sa vie dans un endroit aussi timbré... Cet endroit le dégoûtait, et pourtant il avait conscience d'être encore un peu grogui par l'effet de la cuirasse...

Dernière édition par Chris le Sam 4 Juil - 11:52, édité 4 fois

Une nouvelle luciole de se mettre en mouvement, et à la Famine alors de se préparer à ce moment. Depuis que Jehane s’était éveillée à nouveau, sa nouvelle Cuirasse avait sa propriété que de lui indiquer ces lueurs mortes qui lui étaient profondément liées. Ces Ombres qui rejoindraient sa Légion, aussi noires que le cavalier sombre à leur tête. Ce cavalier qui se tenait actuellement dans son trône, comme chaque Cardinal en avait un. Le sien se représentait par une construction à la fois grandiose et chaotique.

Quelques marches qui mènent au siège, deux lourds accoudoirs asymétriques, dont le droit est bien plus imposant, presque de quoi constituer une seconde assise si les formes ne s’en faisaient pas aussi peu hospitalières. Puis un dossier anarchique, dont la structure semblait partir en tous les sens, comme étaient supposés être envoyés les fauves de la terre sur le monde. Toute cette structure biscornue, il est impossible de dire en quoi elle est faite, l’ensemble étant recouvert de multiples couches de fins voiles sombres, si bien qu’il est également impossible de dire où chacun commence ou finit. Ils se permettent juste de voleter et frétiller au moindre souffle d’air, chaque frottement de tissu provoquant un ténu murmure qu’elle seule sans doute pouvait entendre. Ainsi trouvait-elle symbolisées les Ombres & les Murmures.

Ainsi installée, la Bête, le Fauve aux Quatre Visages attend. Elle porte sa Cuirasse de sang pour l’occasion, faite de ténèbres, aussi bestiale et torturée que celle qui s’en paraît. Deux paires d’ailes reposent dans son dos, et son casque aux quatre masques émaciés repose sur son accoudoir droit. Sur le gauche, elle s’accoude, sa senestre tenant sa lyre dont les doigts de sa dextre viennent pincer les cordes. Et laisse se répandre dans son domaine de l’Hypothalamus tant sa musique que son Cosmos, dont la couleur fait écho aux améthystes de son regard. Son col est comme souvent relevé jusqu’à lui couvrir le bas du visage et le nez. Et pourtant, rien ne semble entraver sa voix comme elle semblera au néophyte de venir de partout et nulle part à la fois, simple transmission par l’esprit se substituant à sa gorge qui ne le pouvait plus.
- Approche. Tu es dans la demeure de notre maître, tu n’as rien à craindre.
Vraiment ?
- Approche et dis-moi quel est ton nom, toi qui marche désormais parmi les nôtres, en Berserker d’Arès.
Depuis son arrivée au sein de la cathédrale de chair, elle avait tenté de le guider jusqu’à elle, comme elle l’avait fait pour chaque Ombre étant venue rejoindre les rangs. Mais à présent qu’il était là, tant sa mélodie que la diffusion de son Cosmos pouvaient prendre terme.

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Fin Janvier 553, Dédale

Malgré son état brumeux et épuisé par les évènements des dernières heures, le nouvel éveillé sentit que quelque chose était différent dans cette salle. Mais pas dans son architecture, non... C'était plus... profond que ça...
Il finit par entendre une sorte d'air étrange, joué quelque part dans la pièce. Au fond de la nuit, il se rendit soudain compte que cet air le suivait depuis qu'il avait pénétré dans le dédale, et se demanda comment il avait pu passer à côté, et ne pas l'entendre. De plus en plus intrigué, il tourna la tête vers l'immense trône aux formes étranges et distordues, lui rappelant vaguement des contes des Enfers, et la vit alors pour la première fois. C'est à cet instant que leurs yeux se croisèrent. Il s'immobilisa alors avant d'entendre sa voix, venant à la fois de partout, et de nulle part. Mais dès ses premiers mots, cette inconnu fit tiquer intérieurement le porteur de la Daeva: "Notre maître", vraiment ?

Lentement, son bassin bascula entièrement dans sa direction, et il l'observa attentivement, sans mot dire. Il n'avait pas souvenir d'avoir juré allégeance à qui que ce soit. Et il n'était pas prêt à appeler qui que ce soit par un tel nom. Il n'était pas du genre à courber l'échine devant qui que ce soit, surtout pas après ce qu'il venait de vivre...
Néanmoins, il s'avança lentement de quelques pas, et s'immobilisa à nouveau à quelques pas des marches permettant au propriétaire des lieux de monter sur son trône, disproportionné aux yeux du brun.
- Mon nom est Chris ! Et c'est la cuirasse avec laquelle j'ai passé un pacte qui m'a mené jusqu'à toi ! Se contenta t'il de répondre.

A aucun moment il ne valida les propos de son interlocutrice sur le fait d'être des leurs, ou d'être un Berzerker d'Arès. Pour le moment, il n'était qu'un étranger se demandant ce qu'il faisait ici, dans cet endroit de déperdition. Mais il avait l'intime conviction que la Daeva avait lu en lui plus profondément que personne ne l'avait jamais fait, et que si elle l'avait mené jusqu'ici, c'est qu'elle avait une bonne raison de le faire, et qu'elle savait qu'ils pourraient parvenir à un accord d'une façon ou d'une autre.
Cependant, il eût aussi le sentiment que face à cette inconnue, il ne pouvait pas trop en dire, pas comme ça, pas d'un coup, sans savoir qui elle était. Il n'avait aucune confiance en elle, et il n'était pas des leurs, contrairement à ce qu'elle lui disait. Tout cela était beaucoup trop bancal à ses yeux. Mais sans un minimum d'efforts, la discussion ne démarrerait jamais.

Aussi, il se décida à poser cartes sur table ! Du moins, certaines cartes. Il conserva tout de même certains joker en réserve, pour le cas où...
- J'aimerais savoir ce que je fais ici ?! Une voix émanant de la cuirasse m'a poussé à venir ici, sans réelle explication... Je pense qu'elle a compris ce que je veux, et qu'elle a dû penser qu'en venant ici, nous pourrions arriver à un accord, vous et moi. Mais le fait est que je ne sais pas qui vous êtes ! Je n'ai pas connaissance des "Berzerkers d'Arès" et le peu que je viens d'en voir ne m'incite pas à avoir confiance en vous, opina t'il en repensant aux corridors recouverts de chair et d'yeux le suivant du regard.

Dernière édition par Chris le Sam 4 Juil - 11:52, édité 2 fois

Fixant son regard sur lui, la Famine jaugeait ce nouvel individu. Elle savait à quel point cela pouvait paraître étrange que de se retrouver pour la première fois au sein de la Cathédrale de Chair, et le dédale des boyaux enflammés. La rage frénétique que provoquait la première alliance avec sa Cuirasse de sang pouvait aider certains à admettre plus facilement cette réalité. Ce déchaînement de puissance et le carnage qui en découlait permettait de plus aisément être ouvert au monde étrange en lequel les Dieux présidaient réellement la vie des dormeurs, servis par des Éveillés qui se faisaient guerre pour eux. Le cadre angoissant du dédale pouvait donc être plus facilement assimilé. Mais pour d’autres, le processus était plus compliqué, elle ne l’ignorait pas. C’était un monde nouveau qui s’offrait à eux. Mais ceux qui se refusaient à servir Arès après en avoir reçu l’honneur finissaient mal, nourrissant le dédale ou s’ajoutant au lac de sang où reposeraient les Cuirasses dont le porteur avait été déchu.

Son rôle à elle, ici, en cet instant, était donc d’essayer de faciliter cette transition. De faire entendre la réalité qui régissait leur vie désormais. D’offrir les informations nécessaires à la compréhension de ce nouveau monde. Ses questions étaient donc légitimes, et trouveraient bientôt leurs réponses.
- Je suis l’un des quatre Cardinaux d’Arès, Dieu de la Guerre et de la Destruction, choisis parmi ses serviteurs pour mener ses armées. Je suis le cavalier sombre, Jehane de la Famine, menant la Légion des Ombres & des Murmures. Je t’expliquerai qui sont les autres si tu le souhaites un peu plus tard.
Noyer un nouveau venu sous un flot d’explications ne constituait pas forcément le meilleur moyen d’aborder cette nouvelle vie, aussi cette fois-ci la Bête préféra-t-elle y aller doucement. D’où pouvait bien lui venir ce genre de considérations ? À son Éveil, elle en était dépourvue. Et pourtant, à présent, voilà qu’elle prêtait naturellement l’effort de se faire plus humaine et compréhensive… Se rendait-elle seulement compte de cette évolution progressive, ou plutôt régression en ce qui la concernait ?
- La Daeva t’a jugé digne d’être un Berserker d’Arès, combattant en son nom. C’est pourquoi elle s’est liée à toi, en te prêtant sa puissance. C’est pourquoi elle t’a mené en la demeure d’Arès. C’est pourquoi tu es ici, devant moi, car par l’armure que tu portes tu es destiné à être un membre de ma Légion.
Elle laissa un court instant s’écouler avant de reprendre.
- Tu disais que ta Cuirasse avait compris ce que tu voulais… Quel est ton but, Chris de la Daeva ?

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Fin Janvier 553, Dédale

Silencieux et toujours maculé de sang séché, Chris écouta cette étrange femme se présenter à lui. Il avait le sentiment que, de la même façon qu'il l'observait afin de déterminer à qui il avait à faire, elle faisait de même pour lui. Mais son instinct lui soufflait de faire attention: elle était dangereuse. Et étrangement, la voix de son armure ne lui murmurait plus rien, à présent... Il était seul face à sa cardinale...
Cette Jehane lui apprit en peu de temps de nombreuses choses utiles sur ce qui venait de lui arriver: tout d'abord, la cuirasse avec laquelle il avait passé un pacte se nommait la Daeva. Ensuite, elle l'avait de toute évidence jugé digne d'être un de ses porteurs, et l'avait mené ici, en la demeure d'Arès.
Le brun balaya une nouvelle fois les lieux et ne put s'empêcher de penser que c'était logique, quelque part: seul un dieu comme Arès pourrait élire domiciel dans un lieu aussi tordu...

Il ne connaissait que très peu de choses sur ce dieu. Mais le peu qu'il en avait entendu correspondait assez bien au décor tordu de cette forteresse morbide. En revanche, Chris ne se voyait vraiment pas devenir un des membres de cette légion. Il n'était pas cinglé, lui ! Si le concept était de dépecer ses victimes pour en tapisser les murs, il avait mieux à faire de ses journées ! Il n'avait pas envie de passer ses journées et ses nuits au sein de ce lieu. "La folie est contagieuse" comme il l'avait déjà entendu par le passé...
Le brun aurait pu répondre quelque chose, mais il garda le silence. Il enregistra en revanche toutes ces précieuses informations dans un coin de sa tête.

Ce n'est que lorsqu'il reçut une question directe de la part de Jehane qu'il tourna à nouveau la tête vers elle, et la fixa droit dans les yeux. Il hésita un instant, avant de finalement prendre la parole, et briser le mutisme dans lequel il s'était enfermé depuis un moment:
- La vengeance... répondit il alors d'un ton plus sombre, plus haineux. Je veux détruire ceux qui ont réduit mon village en cendres et massacré sa population ! Deux fois... Et tout comme ils ont pris ma vie, je prendrai la leur...
Le brun s'avança d'un ou deux pas avant de s'immobiliser. Ses yeux étaient plus bleus qu'auparavant, comme s'ils brillaient sous l'effet de la haine. Comme si le simple fait d'en parler éveillait en lui un colossal potentiel caché:
- Je veux attaquer ces Byzantins, et remonter jusqu'à ceux qui leur donnent leurs ordres ! Ceux qui les autorisent à tout raser impunément sur leur passage, au nom de la paix ! Ceux qui justifient leurs actes ! Je veux remonter jusqu'au sommet du pouvoir... Et tous les tuer ! Jusqu'au dernier... Acheva t'il finalement d'un ton relativement mesuré compte tenu des paroles en question.

Dernière édition par Chris le Lun 6 Juil - 1:35, édité 4 fois

Aux informations qu’elle donna, il écouta attentivement de toute évidence, ou au moins ne tenta pas de l’interrompre avant qu’elle en termine et lui rende la parole. La Famine jugea que c’était là une bonne chose d’ores et déjà, ayant déjà vu et entendu des cas où l’annonce de telles choses avaient provoqués de vives réactions. La discussion pourrait donc ici se dérouler sereinement. Ce qui fut d’ailleurs confirmé lorsqu’il put à son tour exprimer ses motivations, son but. Si Jehane avait été capable de sourire, elle aurait pu le faire à pleines dents ici. Elle se lève alors, laissant ses ailes se déplier, avant de descendre lentement à sa rencontre en lui répondant, lui livrant les informations dont il avait sans doute besoin à présent.
- Bien… Très bien. Permets-moi alors de te donner un petit cours sur les forces en présence, je pense que cela t’intéressera.

Les Dieux s’affrontent donc pour diverses raisons qui leurs sont propres, et pour cela s’appuient sur des éveillés tels que toi et moi. Mais cela ne suffirait pas à asseoir une réelle domination… Il existe dès lors des alliances militaires et politiques afin de nous garantir l’apport et le support d’armées de dormeurs.
Je suis donc le cavalier sombre, à la tête de la Légion des Ombres, à laquelle est rattachée une armée de Perses. Arès s’appuie également sur trois autres Cardinaux : Zvezdan de la Guerre, cavalier rouge, à la tête de la Légion Ardente et armée de Babyloniens ; Haldor de la Mort, cavalier pâle, qui dirige la Légion des Cendres et l’armée d’Alexandre le Bi-cornu ; et finalement Mérion de la Pestilence, cavalier blanc, maître sur la Légion d’Ossements et armée des Slaves. Chaque éveillé membre de ces légions portent des Cuirasses de la même teinte que le Cardinal qui les dirigent, comme tu peux le constater. Accessoirement, il est aussi bon de savoir qu’Arès transmet ses ordres à ses Cardinaux par celui qui représente sa voix, le Pontifex Acamas.

D’autres Olympiens agissent comme nous, donc. La pire ennemie de notre maître est la Déesse Athéna. Elle dirige ses troupes de son Sanctuaire à Athènes, mais leurs chevaliers – qui se font appeler les Saints – partent rarement seuls en guerre… leurs mouvements importants ne se font qu’accompagnés des troupes de l’Empereur Justinien...
Jehane livre enfin l’information la plus importante sans doute pour ce nouveau Berserker. La vengeance contre l’Empire, quelle formidable façon que de rejoindre les troupes d’Arès, n’est-ce pas ? La plupart ici, assez anciens du moins, avaient des comptes à régler avec les Saints. Et Jehane sans doute plus que tout autre...
- Tu constateras rapidement que ta haine sera souvent partagée ici. Tout comme toi, je ne demande qu’à assouvir la mienne… Dès lors, penses-tu qu’en effet nous arrivions là à un possible accord ?
Comme il l’avait dit en entame de la discussion, cela semblait possible en effet. La Fauve aux Quatre Visages avait sans doute encore quelques informations à livrer, mais elle estima comme préférable de lui laisser le temps de digérer cela, et d’éventuellement d’ores et déjà donner son accord ou non. De là, elle pourrait toujours poursuivre le briefing, et répondre aux questions qu’il pourrait peut-être encore poser.

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Fin Janvier 553, Dédale

Chris sentit pour la première fois lorsqu'il parla de vengeance contre les Saints qu'il avait intéressé son interlocutrice. Elle se leva doucement, et descendit les marches dans sa direction tout en commençant à lui expliquer la géopolitique de ce nouveau monde inconnu de lui, dont il venait à peine de pousser les portes.
Une nouvelle fois, il redevint silencieux et traça une carte mentale de la situation, dans son esprit. Les autres Cardinaux et leurs armées ne l'intéressaient que peu, néanmoins, il retint leurs noms car ils pourraient se montrer utiles à l'avenir. Quant à leurs titres, il ne fit pas l'effort de s'en souvenir...
C'est lorsque Jehane en vint à parler d'autres Olympiens, que le brun focalisa à nouveau toute son attention sur ses paroles. Il se doutait que bientôt, il comprendrait où elle voulait en venir. Et finalement, lorsque le nom de l'Empereur Justinien tomba, Chris fit le lien dans son esprit. Il se redressa de toute sa hauteur en plissant les yeux sans même le remarquer, tout en continuant à dessiner mentalement une toile politique de la situation actuelle dans son esprit. Ainsi, derrière Justinien se tenaient les Saints, et Athéna ! C'était donc les escouades de la mort de la déesse de la paix que Chris devrait remercier, pour avoir violé sa mère et sa soeur, massacré sa famille, et brûlé son village jusqu'à aux cendres...

Sans même s'en rendre compte, le jeune Berzerker commença à serrer le poing et les mâchoires tout en fixant un point de mire droit devant lui sans même le voir. Oui, il était mû par la vengeance, dirigé par elle. Il voulait plus que tout faire payer ceux qui avaient à deux reprises détruit sa vie au nom de la paix, en se cachant derrière des préceptes lumineux pour justifier les pires barbaries pouvant exister...
Lorsqu'à nouveau sa cardinale s'adressa à lui, Chris tourna ses yeux vers elle. Il hésita l'espace d'un court instant... Il ne voulait toujours pas faire partie des leurs, des Berzerkers d'Arès, mais il n'était pas stupide: il n'obtiendrait jamais sa vengeance seul ! Rejoindre ce groupe lui permettrait de veiller à ce qu'il aille dans le bon sens, à ce qu'il cherche à raser les bons palais et à tuer les bons dirigeants. Quelle importance que ses soldats soient suffisamment dingues pour vivre entre ces murs ? Il lui suffirait, à lui, d'aller s'installer ailleurs. Moins il aurait de contacts avec la folie, et moins il aurait de chance de l'attraper. De cette façon, il garderait l'esprit clair, et jouerait son rôle, depuis les ombres...
- Oui, je le crois, en effet... lui dit il alors simplement. Toutes les infos que tu viens de me fournir sont particulièrement intéressantes. Et si les Berzerkers d'Arès sont voués à détruire les Saints... Alors je comprends pourquoi la Daeva m'a mené jusqu'à toi !

Le brun hésita un instant, puis décida d'aller jusqu'au bout de sa pensée:
- Tout cela est encore très... nouveau pour moi. Et j'ai besoin de comprendre pour devenir utile. Si tu me permettais de pouvoir explorer le monde, comprendre comment il marche, que ce soit politiquement ou non, déterminer comment le cosmos fonctionne, aussi... Il y a encore quelques heures, je n'étais encore qu'un pêcheur au bord de l'océan... Si nous ne sommes pas dans une période de conflit ouvert avec les Saints, j'aimerais en profiter pour apprendre où en sont les choses par moi même... J'imagine qu'on pourrait considérer cela comme un rôle d'éclaireur, si on veut, conclut Chris finalement, avant de se taire, en attendant la réponse de Jehane.

Une nouvelle fois, il écoute alors qu’elle lui donne quelques explications, se rapprochant de lui. Et comme la Famine l’espérait, son argument touche. Forcément… Chris lui avait donné un boulevard en reconnaissant une haine farouche pour l’ennemi naturel des Berserkers et d’Arès. L’Empire et les Saints allant de pair, sa vengeance ne pourrait jamais mieux s’exprimer que parmi les armées du Dieu de la Guerre. Il ne sembla dès lors plus utile pour elle d’expliquer en quoi elle partageait sa haine de cet ennemi commun. C’était là une prochaine étape qu’elle avait envisagé, mais sans doute cela n’avait plus aucune importance en l’instant.

C’est alors qu’il lui soumet une requête. Une demande que la Fauve aux quatre visages se doit d’étudier un instant. Elle fait quelques pas, pensive. Cela n’était pas réellement prévu, pas ainsi que les choses fonctionnaient. Les doigts ne deviennent puissants que s’ils se rassemblent en un poing, de même les fauves de la terre valaient plus encore lorsque rassemblés en armée. Cependant, une mission particulière lui avait été confiée. Elle détestait l’idée de n’être pas engagée en le but ultime de répandre le chaos, comme son rôle le réclamait pourtant. Une demande particulière du Pontifex l’avait affectée à un autre but, et ce que proposait Chris pouvait peut-être constituer un certain intérêt pour elle.
- Ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent… pourtant, il me semble que je puis te proposer un compromis. Il se trouve que le Pontifex m’a confié pour tâche d’ordonner ma légion afin qu’elle puisse travailler au renseignement et aux missions furtives. Notamment concernant les Siebenbürgen, sept citadelles de nos ennemis qui se dressent dans les Carpates, autour de nos positions.
Ainsi, je ne peux accepter ta requête que si elle sert les intérêts d’Arès. C’est donnant-donnant… Tu pourrais avoir rôle d’éclaireur, à laquelle je placerais une contrainte : rentrer régulièrement au dédale afin de me soumettre des rapports sur ce que tu as vu, ce que tu as appris. Et me fournir sans attendre toute information concernant ces citadelles.
Si tu acceptes ces conditions, tu es libre de voyager. D’explorer et comprendre. Et si tu n’y parviens seul, je puis certainement t’en apprendre plus sur le Cosmos.
Il y avait bien sûr la possibilité qu’il parte mener sa petite vie dès les portes d’obsidienne passées, et qu’il ne revienne jamais. Mais la Daeva ne le soutiendrait certainement plus alors. Les fuyards ne tardaient jamais à trouver la mort, d’une façon ou d’une autre… Toujours est-il qu’elle ne partait pas dans cette optique, et préférait accorder un peu de confiance. Le temps dira comment cela se terminera.

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Fin Janvier 553, Dédale

Cette femme, cette Jehane, quelque chose chez elle fout le cafard en Chris. Un côté très... robotique. Beaucoup trop militaire pour lui. Mais elle gérait une armée, il pouvait le comprendre. Malgré tout, c'était un peu comme si cette femme n'avait plus de sentiments, par instants. Du moins, c'était un peu comme ça qu'il le visualisait. Naturellement, cette voix étrange émergeant de "nulle part" et son apparence étrange n'aidaient forcément pas. Et pourtant, paradoxalement, leur premier contact semblait plutôt bien se passer. Chris n'aimait définitivement son côté général de brigade, mais il ferait avec...
Il se décida finalement à tenter le tout pour le tout et soumit sa requête en espérant qu'elle passerait. Il sentit aussitôt que ça ne serait pas aussi simple. Néanmoins, il sentit que Jehane y mit du sien pour ne pas tout bêtement lui rire au nez, ou pire...

Il hocha donc aussitôt de la tête lorsqu'elle lui proposa un compromis, et écouta sa contre proposition. Celle ci n'avait rien de surprenant. Elle était un peu contraignante, et sous entendait clairement un moyen de conserver la main sur lui, afin de savoir ce qu'il faisait, de s'assurer qu'il travaillait pour l'armée d'Arès et tout leur délire...
Chris n'en fut pas surpris. Il le nota dans un coin de son esprit mais ne s'en offusqua pas particulièrement pour le moment, pour la simple et bonne raison que dans l'immédiat, cela ne mettait pas de bâtons dans les roues à son projet. A plus long terme, cela poserait peut être de nouveaux problèmes. Mais il n'en était pas encore là. Chaque chose en son temps...

Satisfait d'un tel accord, Chris s'avança d'un pas vers sa supérieure, et un très léger sourire ourla ses lèvres.
- Entendu ! Ca me convient parfaitement ! Annonça t'il alors d'un ton soudain moins froid et un peu plus amical que jusqu'ici. Je pense très sincèrement que je serai bien plus utile en tant qu'éclaireur qu'à me tourner les pouces dans cet endroit. J'ai besoin de bouger, et de travailler. Je sens que mes pouvoirs se sont éveillés lorsque j'ai revêtu la cuirasse, mais je ressens aussi qu'ils sont encore au stade d'éveil... Si je ne voyage pas, que je n'agis pas, la prochaine fois que les vrais combats reprendront, je serai toujours inutile. Et je ne veux pas de ça ! La prochaine fois, je serai prêt ! Acheva le brun avec une lueur étrange flottant dans ses yeux azurés.

Tout en lui faisant sa proposition, Jehane n’avait pas manqué de l’observer. Peut-être difficile par moment de savoir ce qu’il pouvait réellement en penser, mais dans l’ensemble celui-ci avait l’air plutôt franc. À aucun moment lors de cette discussion elle n’avait eu l’impression qu’il lui mentait, ou chercher à la mener en bateau. Bien sûr, rien ne pouvait jamais être considéré comme acquis. Elle était bien placée pour le savoir. Mais assez que pour se dire que les quelques signaux physiques qu’il disséminait avait un réel sens. Alors, lorsqu’il opine comme elle propose un compromis, la Famine sait qu’il écoute réellement. Et considère que le pas en avant ainsi que le léger sourire lorsqu’elle achève sa proposition sont aussi empreint d’une marque de sincérité, et qu’ainsi un accord est scellé. S’il était franc, resterait donc à voir s’il était un homme d’honneur et de parole. Qui vivra verra.

Elle note aussi que sa proposition de lui apprendre ce qu’il avait à savoir sur le Cosmos ne l’intéressait pas plus que ça. Qu’il semblait préférer partir loin, et apprendre par lui-même. L’idée principale qui se dégageait de l’ensemble était surtout qu’il n’avait pas un endroit spécifique où il voulait être ; mais qu’il ne voulait spécifiquement pas vivre au dédale. Était-ce un simple dégoût, comme d’autres Berserkers avant lui avaient pu ressentir ? Même certains Cardinaux n’arrivaient pas à s’y faire, comme le lui avait avoué la Mort. Il était vrai que le cadre particulier pouvait provoquer un sentiment de rejet chez les sujets les plus… « humains » encore. Ceux qui n’avaient pas encore parfaitement embrassé leur statut de fauve de la terre, de bête du chaos.
- En ce cas, tout est dit. Va, Chris de la Daeva. Ton entraînement sera long, et pas de tout repos. Si tu veux être fin prêt le moment venu, chaque moment compte...
Elle n’insista pas, donc. Le laisserait faire comme il l’entendait. Elle escomptait bien recevoir des rapports fréquents bien sûr, sans quoi le Pontifex entendrait parler d’un déserteur. Mais elle était sûre qu’il l’avait bien compris désormais. Tant qu’il était utile à ses plans et ceux d’Arès, tout irait bien. Légère pointe de curiosité quant à ce qu’il ressortirait de cet électron libre...

Citation :: Sauf si tu as de quoi relancer, je pense que ça conclut pour moi.

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