[Début février 553] Des ombres et des murmures [PV Lymsleia/Elyra]

Une nouvelle mission avait donc été confié au cavalier sombre. La Famine le savait depuis quelques temps déjà, mais avait préféré se renseigner plus avant tout d’abord. D’un côté, voir avec le Cardinal de la Guerre et la Berserker de la Tarentule pour se tenir au courant des avancées concernant les Siebenbürgen, citadelles sur lesquelles elle était supposée enquêter avec sa légion. De l’autre, en apprendre plus sur ceux qui la composaient, tant de ce qu’ils avaient pu apprendre de leur côté, mais aussi sur leurs capacités. Une transition devrait s’opérer.

En effet, la Légion des Ombres & des Murmures avait été affectée aux renseignements et aux missions furtives. Et il était temps de les informer de cette décision qui avait été prise par le Pontifex. Cela allait avec ses propres capacités – même si elle aspirait à d’autres applications – mais est-ce que cela pourrait convenir à ceux qui marcheraient avec elle ? Cette réunion, au final, aurait un goût étrange. Elles ne seraient que trois… si tant est que les deux appelées se présentent bel et bien.

Iblis du Djinn avait été retrouvé mort. Transpercé de toutes parts par sa propre Cuirasse. Cette dernière en était donc retournée dans le lac de sang, là où attendent les Cuirasses n’ayant pas ou plus de porteur. Une véritable perte aux yeux de la Famine, car il avait semblé être un membre prometteur. Doté d’intelligence et d’une certaine finesse. Chose rare au sein de la cathédrale de chair, même si elle n’était pas la plus à plaindre, sa légion étant relativement assez saine. Pour sa part, Chris de la Daeva avait reçu l’autorisation de parcourir le monde, à condition de soumettre des rapports réguliers. Il ne serait donc pas présent.

Resterait donc Lymsleia du Bahamut et Elyra de la Péri. Elle s’était battue contre chacune dernièrement afin d’en apprendre plus sur leurs compétences, et se demandait comment elles allaient réagir à présent qu’elle leur présenterait l’avenir à court terme de leur Légion. Mais cela voulait aussi dire qu’elles passeraient enfin à l’action, également. Toutes deux avaient donc été convoquées, et Jehane installée dans son trône, armure portée à l’exception de son casque. La Cardinale jouait une mélodie assez douce et mélancolique, tout en répandant son Cosmos au sein de l’Hypothalamus en attendant ses protégées.

Citation :

Description du trône : construction à la fois grandiose et chaotique. Quelques marches qui mènent au siège, deux lourds accoudoirs asymétriques, dont le droit est bien plus imposant, presque de quoi constituer une seconde assise si les formes ne s’en faisaient pas aussi peu hospitalières. Sa Cuirasse y repose lorsqu’elle ne la porte pas. Puis un dossier anarchique, dont la structure semblait partir en tous les sens, comme étaient supposés être envoyés les fauves de la terre sur le monde. Toute cette structure biscornue, il est impossible de dire en quoi elle est faite, l’ensemble étant recouvert de multiples couches de fins voiles sombres, si bien qu’il est également impossible de dire où chacun commence ou finit. Ils se permettent juste de voleter et frétiller au moindre souffle d’air, chaque frottement de tissu provoquant un ténu murmure qu’elle seule sans doute pouvait entendre. Ainsi trouvait-elle symbolisées les Ombres & les Murmures.

L'appel se fait sentir et Péri se redresse aussitôt. Qu'importe ce qu'elle était en train de faire, cela n'est pas plus important que sa Cardinale. La jeune femme prend la direction de l'hypothalamus tout en sondant sa cuirasse. Cette dernière ne lui renvoie aucun signe, aucun indice sur ce que peut signifier cet appel si ce n'est la nécessité d'y répondre. C'est la première fois depuis qu'elle est arrivée qu'un tel événement se produit. Alors sans doute ce doit être pour d'importantes raisons. Elle se demande en chemin si elle sera seule ou si d'autres viendront aussi. Reverra-t-elle Samaël ? Elle ne l'a plus croisé depuis leur première rencontre c'est fort dommage. Elle aimerait bien en croiser d'autres également. S'il en existe à rencontrer bien sûr. Elle sait qu'il y a « Slim », Mort en a parlé. Mais c'est peut-être tout pour le moment. Le petit dernier en date elle a eu le plaisir de le voir déjà lors d'une petite virée dans la forêt. Un chouette moment.

De son allure nonchalante, elle progresse dans les boyaux, s'amusant à faire fermer les gros yeux des parois de chair en approchant ses ongles longs d'un peu trop près. Oh elle ne prendrait pas le risque d'en abîmer un, mais c'est un petit jeu qui lui fait passer le temps et l'aide à mieux supporter le fait de se sentir constamment observé. Au bout de quelques minutes, les couloirs semblent changer. Plus sombres, plus lugubres d'une certaine façon. Les murmures et les cris qu'elle perçoit son maintenant perceptibles et un sourire en coin s'étire sur ses lèvres pourpres. Elle arrive à la maison. Ces sons angoissants ne sont rien d'autre qu'une berceuse pour l'ange noir. Une mélodie qui l'accompagne chaque soir avant qu'elle ne s'endorme. Bientôt, une douce mélodie s'élève et son rictus se fait plus doux, presque bienveillant. Encore quelques pas… Et elle s'agenouille. Ses ailes de métal noir se déploient puis se replient sur l'avant comme si Péri souhaitait s'incliner également.

Pour l'instant elle n'a vu personne d'autre. Est-elle la seule, ou juste la première ? Tout ce qu'elle a pu observer avant de plier le genou, c'est ce trône étrange, vaporeux dans lequel Famine est installée. Ce n'est pas la première fois qu'elle le voit. Toujours elle a veillé à garder une certaine distance avec lui mais elle rêve de s'y poser juste pour voir ce que ça fait et faire glisser ses doigts sur les voiles pour en jauger la texture. Oui, juste par curiosité et non pas par convoitise. Elle aime sa Péri et ne voudrait rien d'autre.

La jeune femme progressait d’un pas assuré, empruntant chaque intersection sans la moindre hésitation. Aucune errance, aucun questionnement sur la direction à emprunter. De nouveau elle avait été convoqué et de nouveau elle se devait de répondre sans tarder. Le précédent appel s’était déroulé d’une façon à laquelle elle n’avait pas pensé, et il serait étonnant qu’une telle situation se reproduise aussi vite. Ce qui pouvait donc vouloir dire une chose que même un esprit aussi novice du monde l’entourant que le sien pouvait comprendre. Les choses importances avaient de grandes chances de débuter.
Cela allait-il découler sur une mission ? Allaient-ils enfin faire couler le Sang de leurs ennemis ? Elle n’oubliait pas l’accord fait avec Zvezdan et espérant que ce serait les fameux Saints, afin de pouvoir d’ors et déjà ramener une tête comme convenu. Et voir si son entraînement avait réellement porté ses fruits pour une situation réelle.

A peine entrée dans l’Hypothalamus, Bahamut vint couvrir son corps de sa sombre protection. Seul le casque restant absent, ce dernier n’étant pas des appropriés en dehors d’un affrontement. Mais ce fut sans nul gêne supplémentaire, malgré les ailes et ornements de sa tenue, qu’elle continuait son avancée en direction du coeur de l’antre de sa Cardinale. Lorsqu’elle y pénétra, elle constata en premier lieu la présence de la maîtresse des lieux. Assise sur ce trône des plus fascinants, jouant de son instrument. Attendant certainement l’arrivée de tous les convoqués.
Et une autre présence. Une femme, agenouillée, dont la couleur de la Cuirasse ne laissait pas de place au doute quant à son appartenance à la Légion des Ombres & des Murmures, et ce même si Lymsleia n’avait pas encore eu l’occasion de la rencontrer. Il fallait qu’elle n’avait au final même pas eu l’occasion de faire connaissance avec ce fameux Iblis, malgré les conseils donnés.

Si la nature de la brune aurait, en temps normal, fait que son arrivée aurait été marquée du seul son de sa voix et non d’une quelconque révérence, cela semblait peu approprié dans le cas présent. Suivant au contraire l’exemple de la première arrivée, elle vint se placer aux côtés de cette dernière et posa genou à terre. Non sans un certain manque d’aisance montrant qu’elle était toujours aussi peu habituée aux formalités du style. Toujours en suivant l’exemple, elle baissa la tête,
Et, à ce moment, elle aurait d’habitude pris la parole. Mais, comme subjuguée, elle n’osa briser la mélodie occupant les lieux. Et ce fut donc dans cette position, qu’elle trouvait pourtant des plus inconfortables, qu’elle se prépara aux mots de Jehane.

À tour de rôle, elles se présentèrent toutes deux. Elyra fut la première, et Jehane n’en fut pas vraiment étonnée. Elle savait que la Péri se trouvait souvent non loin de l’hypothalamus – ou en était d’ailleurs son projet de jardin avec la Tarentule ? Cela lui était sorti de la tête – tandis que le Bahamut vaquait la plupart du temps à ses propres occupations, bien qu’elle ait déjà prouvé pouvoir rapidement se présenter si sa Cardinale en appelait à elle. C’était le principal à vrai dire, et Jehane se moquait bien de la manière dont elles occupaient leur journée lorsqu’il n’y avait pas de mission à leur confier. Bien sûr, l’amélioration de leurs propres capacités devraient tenir une place considérable dans leur emploi du temps, mais cela elles semblaient toutes deux l’avoir compris, bien que s’en chargeant chacune à sa manière.

Mais ce n’était pas pour cela non plus que la Famine en appelait à elles à présent. L’une après l’autre, elles vinrent la saluer, s’incliner devant elle. Jehane supposa même que Lymsleia s’y pliait surtout par mimétisme plutôt que par impulsion innée, mais qu’importait là aussi. La Fauve aux quatre visages porta ses améthystes vers l’une et l’autre, avant de la signaler d’un geste qu’elles étaient libres de se redresser. Pas la peine de leur faire attendre plus longuement pour leur signaler la raison de leur présence ici.

- Tout le monde est là, alors commençons...

Ah… disant cela lui vint la possibilité que certaines informations se devraient d’être communiquées tout d’abord, bien que ne constituant pas la principale raison de leur présence. Car si tout le monde était là, il faudrait sans doute leur expliquer ce qu’il en était des absents.

- Notre Légion a connu quelques changements dernièrement. Comme vous pouvez le constater, le Djinn n’est pas là à vos côtés… Il a été retrouvé transpercé de toutes parts, sa Cuirasse retournée dans le lac de sang, sans qu’aucun combat n’ait été mené. Il apparaît dès lors évident que c’est le Djinn lui-même qui a mis fin à la vie de son porteur. Cela peut arriver lorsque les natures sont trop différentes, semble-t-il… Quoi qu’il en soit, cela affectera forcément la force de frappe de notre Légion. Bien qu’il nous reste nos armées, perdre un éveillé n’est jamais une bonne chose. Heureusement, il nous en a été donné un autre. Chris de la Daeva. Je lui ai confié pour mission de voyager et de me faire parvenir ses rapports. Car cela fera partie de nos tâches désormais, d’une certaine manière...

Elle laisse le silence s’installer un instant, mais dans la tension du moment il se sentait parfaitement qu’elle n’avait pas fini de parler, les observant juste.

- Le Pontifex Acamas a rassemblé les Cardinaux d’Arès il y a peu encore. En ce qui concerne notre Légion, il a été ravi de mes compétences, et a donc demandé à ce que je m’assure que ma Légion suive le même chemin. Il a décidé de nous attribuer les missions ayant trait aux renseignements et aux missions furtives… quitte à ce que je vous enseigne moi-même un certain art de la discrétion et furtivité.

Une nouvelle fois, un bref instant de silence, pendant lequel elle tentait de déceler de possibles réactions chez ses subordonnées.

- Une mission plus particulièrement nous a été affectée. Vous n’ignorez pas bien sûr la présence des Siebenbürgen autour de notre position, ces citadelles bâties par les Saints afin de museler les Berserkers d’Arès à défaut de pouvoir nous annihiler. Il nous reviendra donc désormais à travailler en le but de faire tomber ces Citadelles. Et dans un premier temps plus particulièrement, trouver les informations et chercher les moyens d’affaiblir ou briser les puissants sceaux qui les protègent…
Des idées ?

Cette dernière question tombait un peu abruptement, certes. Mais c’était aussi une manière de tester leurs capacités à improviser et élaborer un plan. Si la discrétion pouvait s’apprendre, Jehane n’enverrait pas sa Légion bêtement à la mort. Et les envoyer dans l’une de ces citadelles sans être capable d’improviser suivant ce à quoi elles devraient faire face ne pourrait que se solder par une forme de suicide. Et puis qui sait ? Peut-être une bonne idée viendrait-elle à tomber de là ? Pas le but premier de la Famine, mais elle ne perdait rien à tendre l’hameçon de toute manière.

L'attente n'est pas longue car aussitôt que le genou est posé au sol, une autre personne fait son entrée, tout aussi silencieuse que celle de la Péri. La châtain doré ne regarde pas la nouvelle venue, elle perçoit simplement que cette dernière s'agenouille également. Si la musique de Famine n'occupait pas l'espace, on aurait pu entendre le souffle du dédale et les cris des prisonniers non loin. Personne ne brise cette ambiance, certainement pas 'Lyra qui se dit que peut-être d'autres sont à venir. Ou pas, puisque la Cardinale leur indique de se lever et confirme qu'elles sont au complet. Une belle brochette féminine.

Des informations sont données et le sort du Djinn n'affecte pas la Péri en apparence. Elle l'a vu une seule fois, on ne peut pas dire qu'il y ait eu de lien important qui fut tissé ce jour-là, mais aussi, la mort, dans leur nouveau cadre de vie est quelque chose qui risque de poindre à tout moment. Le plus tard étant le mieux évidemment. Elle apprend là qu'il ne faut pas être trop différent de son armure. Elle s'en doutait un peu mais se disait simplement que si quelqu'un ne correspondait pas à une armure, alors il ne serait pas choisi par elle. De toute évidence, il y avait des exceptions, bien vite rattrapées par la règle néanmoins. Elle n'avait pas de gros soucis à se faire de ce côté-là. Elle était très semblable aux fées perses, manquant juste d'un peu d'expérience et de maturité.

Elle écoute la suite. Il y a eu une réunion entre grands. Bien, cela voulait-il dire que les choses allaient bouger ? Missions furtives, renseignements… Bon les déguisements elle devrait pouvoir gérer, à voir si cela suffira ou s'il lui faudra s'entraîner plus pour ajouter un peu de cosmique dans sa discrétion ou pas.

Et on en vient au cas particulier. Ces fameuses citadelles dont elle avait entendu parler de par le Cardinal de la Guerre lorsqu'elle l'avait rencontré là bas justement. Et voilà qu'on lui demande si elle a des idées… Elle se retient de faire des yeux ronds parce qu'elle n'est pas du tout du genre gros cerveau. Pour la première fois, elle tourne la tête vers la Centurion pour en saisir la réaction et la saluer si jamais cette dernière croise son regard. Elle en revient à Famine et tente de mettre ses propres idées au clair.

- Hum… Il me semble que Guerre voulait tenter quelque chose de moins frontal, je ne sais pas s'il a pu mettre son plan à exécution. Je pense qu'il en sait plus que nous et qu'il pourrait nous aider à débuter cette mission, nous dire s'il a découvert des choses… Sinon… Je sais qu'il y a des éveillés là bas, peut être que les trouver, ou un au moins, et espionner ses habitudes pour commencer, voire même s'infiltrer quelque temps, peut-être juste le capturer pour l'interroger...

Elle réfléchit. Essaie d'être logique même si les stratégies ce n'est pas son fort.

- Comment se manifeste un sceau ? Est-ce que c'est une sorte de barrière magique ? Un gros cadenas ? Ou autre chose ? Il faudrait en connaître la nature et la façon dont il a été posé, s'il y a un lieu précis, une pièce ou une porte et une personne qui le maintient, peut être que de là, on aurait une vision plus claire pour trouver comment s'en débarrasser.