Reconnaissance en zone hostile [PV Elyra]

Reconnaissance en zone hostile

Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

L'arc en bandoulière, le porteur de la Daeva avançait en courant tout en longeant le chemin, mais en restant à l'abri des arbres. Il ne savait que peu de choses sur cette forêt, mais son simple nom, et l'aspect qu'elle avait, lui faisait penser qu'elle habitait probablement un mal qui la dévorait intérieurement...
Peu lui importait, en réalité. Il n'était pas là pour réaliser une quête. Il n'était pas là pour vaincre le mal ou pour rétablir la lumière. Il laissait ça aux autres, à ceux qui croyaient encore à tout ça. Aux idéalistes. A ceux qui n'avaient pas encore franchi la ligne invisible du non retour, comme lui.
Lorsque les Byzantins avaient attaqué et détruit pour la seconde fois son village, et qu'il avait perdu un peu ses repères, il n'avait pas eu le réflexe de récupérer une monture. Lorsque sa Cuirasse l'avait envoyé vers le Dédale, il avait juste... couru. Couvert de sang de la tête aux pieds, le cerveau brumeux, haineux, endeuillé, ses souvenirs le trahissant, il n'était pas tout à fait certain de qui s'était passé juste après qu'il ait revêtu l'armure. Il les avait tués. Il les avait tous tués. Il en était pratiquement certain. Son sang avait bouilli de rage à cet instant. Beaucoup trop pour qu'il parvienne à se contrôler...

Suite à cela et ses différents "entretiens" dans la forteresse d'Arès, il avait fait un brin de toilette dans une rivière, non loin de là, afin de chasser le sang séché de son corps, mais ses habits noirs étaients toujours maculés de sang séché. Il n'avait pas pu en changer. Personne ne lui avait offert de se changer, là bas. Et de son côté, son caractère renfermé, fier, et solitaire n'avait pas aidé. Il n'avait rien demandé non plus. Il avait juste quitté les lieux au plus vite, comme pris d'une sorte de claustrophobie devant tant de folie réunie en un seul et même endroit.
L'étape suivante de sa quête consistait désormais à chercher un village, des vêtements neufs, et surtout une auberge où il pourrait dormir un peu. La fatigue commençait à dangereusement le rattraper. Il la sentait le gagner peu à peu. Alors il avait suivi l'un des chemins s'éloignant du Dédale, et s'engageant dans la forêt en espérant la traverser avant la nuit. Pas franchement malin, avec le recul...

Au bout d'un moment, il réalisa qu'une espèce de brume commençait à flotter dans l'air. Il appréciait de moins en moins cette forêt à mesure que le temps passait. Il avait de plus en plus l'impression d'avoir troqué un lieu de folie pour un autre. Plus vite il aurait quitté cet endroit, et mieux ça vaudrait...
Il s'assit finalement sur un rocher, le temps de récupérer un peu. Et c'est alors qu'il allait se relever qu'il vit deux yeux jaunes l'observer dans le noir, un peu plus loin. Dans un premier temps, il resta immobile en fixant attentivement à son tour la chose qui le regardait.
Et puis, soudain, l'animal se mit à grogner. Chris dégaina alors son arc et attrapa une flèche dans son carquois qu'il banda aussitôt, prêt à tirer dès que le mystérieur assaillant ferait un pas dans sa direction, qui lui permettrait de mieux le voir.
- C'est ça... Fais juste un seul pas... Murmura t'il doucement.

Le brun ne pensa même pas au fait qu'il aurait pu faire appel à la cuirasse pour le protéger. Trop habitué à son ancienne vie, trop absorbé par l'instant présent, il se contenta d'observer son adversaire, seul vêtu de ses vêtements noirs couverts de sang, et armé de son arc...

Lupo ne dormait pas à l'intérieur du Dédale. Le plus souvent, elle le laissait vadrouiller à sa guise dans la forêt, mais à la moindre occasion, elle le rappelait à ses côtés. Les soirs sont glacés, emmitouflée dans sa cape elle accompagne son animal de compagnie dans les bois. Elle n'est pas pressée de rentrer. Peu de monde ici ne l'est. Les boyaux sont quand même particuliers et pour certains comme elle, s'en tenir éloigné ou sauter sur le moindre prétexte pour sortir est nécessaire. Elle s'y est faite pourtant à ce décor répugnant à fore de le côtoyer des semaines durant. Personnellement elle s'en fiche un peu en fait, ce qu'elle n'aime pas, c'est la possibilité de tomber sur Velya et de le voir tenter de lui faire boire du sang. Alors voilà si elle peut l'éviter lui et les quelques Berserkers dont on lui dit régulièrement de se méfier, elle ne se fait pas prier.

Dans cette zone où ses semblables aiment à chasser sans vergogne, elle a appris à garder ses sens en alerte. L’ouïe de Lupo, ainsi que son flair, sont d'une grande aide pour esquiver les importuns. Elle use également de son souffle comme d'un sonar qui lui rapporte avec précision les proies en mouvement. Ils ont déjà trouvé deux lapins. Cela ne fait que quelques jours qu'elle s'est mise à cette nouvelle activité. Peut-être y voit-elle une façon de faire « comme les autres » et de mieux s'intégrer. Ce n'est pas elle qui attrape les proies. Au mieux elle les trouve, mais celui qui fait tout le travail, c'est son cher canidé.

Ce dernier semble être sur une piste. 'Lyra lui laisse prendre un peu d'avance tandis qu'elle attache les lapins à sa ceinture. Son loup est de plus en plus doué pour les prendre avec délicatesse et ne pas leur arracher la tête d'un coup. La Belle se met en marche, se joue de la brume qui l'entoure. Elle n'a pas peur, ne crains rien, comme un dauphin en pleine mer, elle se déplace avec agilité et sans bruit. Son loup s'est immobilisé. Il a repéré quelque chose. Péri se concentre avant de s'approcher plus encore. Il y a là non pas une proie, mais un éveillé. Ami ? Ennemi ? Elle ne reconnaît pas ce cosmos qui émane de lui à très faible dose. D'un saut elle se retrouve perchée, d'un autre elle atterrit derrière l'homme sans provoquer le moindre craquement au contact du sol. Un chasseur de toute évidence. Le loup blanc reste immobile, attend les ordres.

- Un peu plus vers la droite, là… Tu risquerais de le toucher sinon… Il ne serait pas très content et moi non plus d'ailleurs...

Son murmure est doux, presque chaleureux, sans une once d'animosité. Juste un conseil qui lui est donné. Mais qu'on ne s'y méprenne, ce n'est pas non plus de la bienveillance. En se retournant, il pourra remarquer dans ses yeux mordorés une petite lueur d'amusement tandis que de son visage d'ange entouré de ses soyeuses mèches dorées, elle l'observe.

Reconnaissance en zone hostile

Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

Les secondes qui suivirent furent particulièrement longues pour l'archer. A l'affût du moindre pas en avant de la part du loup, il ne bougeait pas, et son arc restait bandé, prêt à faire feu. Pourtant, étrangement, la bête ne se montra pas féroce. Au bout de quelques secondes, Chris eût même l'impression qu'elle attendait quelque chose...
Ce ne fut que lorsqu'une voix douce et chaleureuse lui murmura qu'il fit volteface. Sous l'effet de la surprise, son cosmos s'embrasa quelque peu, révélant des yeux bleus azurés bien au delà du naturel tandis qu'il pointait son arc droit sur la jeune femme.
C'est alors qu'il la vit: il avait beau n'avoir grandi que dans un petit village et n'être sorti que très peu depuis sa jeunesse, il savait reconnaître une femme incroyablement belle quand il en voyait une. Son regard traîna sur ses formes avantageuses, sur son visage, sur ses yeux, et sur ses cheveux splendides. Il n'avait jamais eu l'occasion de croiser une femme aussi jolie dans son village, pour sûr... Il en avait uniquement croisé une fois ou deux lorsqu'il s'était rendu en ville en de rares occasions.

Mais très vite, il plissa les yeux et la jaugea à nouveau, sous un angle plus... paranoïaque, cette fois... Une femme aussi belle, parvenue jusqu'à son dos sans qu'il l'entende ? Traînant dans cette forêt ténébreuse ? Que faisait elle ici ? Pourquoi était elle ici ?
- Qui es tu ? Se contenta t'il de lancer d'une voix méfiante, sans pour autant baisser son arme.
Néanmoins, il se concentra pour tenter de ressentir un éventuel cosmos émaner d'elle. Sans succès. Il était encore trop néophyte, pour ça...
- Et qu'est ce que tu me veux ? Ajouta t'il alors, toujours aussi méfiant.

Lentement, il recula d'un pas, puis d'un autre, tout en réfléchissant aux paroles de l'inconnue: de toute évidence, elle avait un lien avec ce loup, d'après ce qu'elle venait de lui dire. Serait elle... une sorte de sirène des bois ? Ces entités superbes mais qui dévorent ceux qui commettent l'imprudence de les approcher ? Chris avait déjà entendu une ou deux histoires sur ce genre de monstres, il y avait longtemps de cela. Mais maintenant qu'il en avait peut être une en face de lui... Il n'était pas sûr... Quelque chose chez elle lui parlait. Comme si... comme s'ils avait quelque chose en commun...
Il ne comprenait pas. Pas pour l'instant, du moins...

Un sourire en coin se niche sur ses lèvres. L'homme se méfie et dans le coin, il aurait tort de ne pas le faire. Péri ne connaît pas tous ceux qui rôdent, mais elle en sait assez pour savoir que c'est trop dangereux pour certains comme lui. Les nouveaux non avertis risquent bien des ennuis s'ils n'y prennent garde. Elle-même est passée par là. On peut dire qu'elle a eu de la chance côté rencontres, mais depuis ses premiers jours ici elle est plus méfiante, un peu comme lui, moins naïve.

- Dis moi plutôt qui tu es l'ingénu !

Un sourire énigmatique se colle à ses lèvres délicates. Depuis qu'elle a appris à rendre vie à son visage, elle s'en donne à coeur joie. Il semble la craindre et c'est bien rare ici bas. Tout le monde a tendance à la sous-estimer, à se dire que parce qu'elle ne présente pas comme les autres, elle est faible et facilement manipulable. Impossible de dire s'ils ont foncièrement tort, mais dans tous les cas ça lui laisse l'avantage. Lui n'a pas cet a priori sur elle alors elle en conclut qu'il n'a pas du croiser grand monde.

- Tu es sur mon chemin et tu menaces mon ami. Que voudrais-je à ton avis ?

Pour une fois qu'elle semble en position de force, elle en profite allègrement. Famine serait fière à n'en pas douter. Tandis qu'il préfère reculer par prudence et qu'elle l'observe avec amusement. Lupo la rejoint, répondant à un appel invisible et se poste à ses côtés. Il montre les crocs au jeune homme. Instinct ? Réflexe ? Sa nature sauvage fascine la Péri qui le gratifie d'une petite caresse sur le sommet de son crâne. Elle pourrait jouer plus encore, mais n'a pas envie de risquer de tomber dans une course poursuite. Le soleil décline et il faudra bientôt rentrer. Or ils auront sûrement beaucoup à dire, alors traîner ne doit pas trop être au programme.

Reconnaissance en zone hostile

Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

Qui que ce soit cette mystérieuse créature, elle cherchait de toute évidence à provoquer Chris. Il ne comprenait pas encore où elle voulait en venir, mais ses propos, en plus de l'accrocher, confirmèrent ses soupçons concernant un possible lien entre le canidé, et elle. Ce loup était selon toute apparence son familier, où quelque chose s'en rapprochant, en tout cas.
Le brun haussa les sourcils lorsqu'elle le traita d'ingénu, et il les haussa davantage encore lorsqu'elle affirma qu'il se trouvait sur son chemin. Plus leurs échanges se poursuivaient, et plus cette femme semblait chercher le conflit avec lui. Mais pas nécessairement un conflit mortel. Il n'était pas encore certain de ce dernier point, mais il décida néanmoins de baisser son arc. Il était temps de changer de méthode...

Ainsi, alors même qu'il se trouvait toujours devant elle, Elyra put soudain entendre un murmure s'élever juste derrière elle:
- Qui est l'ingénu, ici ?
Sans même se retourner, elle put reconnaître la voix de Chris, sans problème. Et si elle se retournait, elle put alors voir un second archer, identique au premier, situé quelques mètres derrnière elle...

Les yeux bleus de la Daeva brillèrent d'un azur puissant, comme à chaque fois que Chris faisait appel à son cosmos, de manière aussi discrète fut ce t'elle. Il demeura immobile quelques instants après avoir remis son arc en bandoulière, puis reprit à nouveau la parole:
- Dis à ton familier de cesser de me menacer... Je ne suis pas là pour lui. Mais je sais me défendre, lorsque la situation l'exige...
Cette fois ci, la voix s'éleva à nouveau depuis le Chris qui se trouvait encore face à Elyra. Il observa la jeune femme une nouvelle fois, et puis soudain, lentement mais sûrement, ce corps sembla se voiler, et être entouré par les ténèbres avant de disparaître, comme... une illusion... Révélant ainsi le véritable Chris qui se trouvait à présent derrière la Péri.
- Il me semble que je ne suis plus sur ton chemin, à présent. J'me trompe ? Ajouta alors Chris avec un léger sourire cynique ourlant ses lèvres.

Les yeux de l'homme se changent en bleu, une jolie teinte soit dit en passant. Un signe qui ne trompe pas sur ce qui peut advenir. Et c'est parti. Comme si elle s'y attendait, elle affiche un air blasé en entendant un murmure derrière elle. Elle ne se retourne pas, n'a pas de doute sur la présence d'un double. Elle éclate de rire et secoue la tête.

- Vraiment tous les mêmes. C'est d'un ennui… Pas moyen de s'amuser un peu.

D'un claquement de doigts, elle indique à la bête d'aller fureter plus loin. S'il a peu d'un simple loup, qu'en sera-t-il lorsqu'il sera face à un réel danger ? Elle soupire. Pourquoi donc cherchent ils toujours à montrer qu'ils ont la plus grosse à tout moment c'est tellement prévisible. Pour une fois qu'un Bers' avait une tête sympathique, dommage, elle s'était-dit qu'il serait peut être différent. Du genre cool, comme Mort, mais on n'en fait pas deux des comme lui.

- Il n'est pas là pour toi non plus, va. Certains mangent les hommes c'est vrai. Pas moi. C'est d'un répugnant !

Et elle, elle a plus de raffinement que ces « monstres ». Elle tapote sur les futurs civets accrochés à sa ceinture. Pour indiquer de façon tacite qu'elle a effectivement de quoi manger pour le souper. Elle n'ira pas lui demander de quel bord il est, elle s'en fiche un peu. Si elle en croit l'arbalète qu'il brandissait avec fierté, il chassait peut-être aussi, mais elle ne peut pas en être vraiment certaine. Celui qui était face à elle disparaît et elle ne se déplace pas plus ni ne se tourne. Une fois encore elle est plutôt immobile.

- La situation ne l'exige pas présentement pour ta gouverne. Je n'attaque pas les miens, eux par contre… Je te conseille de te méfier. Il y a parmi eux des fous, des assassins, des brutes et des… quoi déjà ? Psychopathes ou un truc comme ça.

Elle fait quelques pas, tranquillement, comme si elle allait s'en aller avant de finalement s'arrêter de nouveau. Un air sceptique s'affiche sur son visage qu'il ne peut plus voir. Est-il seulement l'un des leurs ? Après tout, il ne s'est toujours pas présenté. Et si elle n'a pas dit son nom non plus, c'est qu'elle attend le sien d'abord. La jeune femme aux cheveux d'or disparaît tout à coup, comme si elle n'avait jamais été là.

- À moins que… Tu ne sois un stupide Saint ? Car il faut bien être stupide pour s'aventurer si près de chez nous si tu n'es pas des nôtres...

Perchée sur une branche, elle affiche un air méfiant, car si c'est le cas, elle ne peut pas juste le laisser filer comme si de rien n'était. Contrairement à son double, elle porte son armure de plumes métalliques noires. Ses ailes sont repliées dans son dos pour le moment. Est-ce que cette nouvelle apparition est vraiment elle ? Allez savoir… Ce qui est sûr c'est elle est aussi douée pour jouer à cache-cache que lui.

- Et moi, Péri, légionnaire de l'armée des Ombres et des Murmures, me ferait une joie de t'apporter au Seigneur Velya. Oui… Il adorerait avoir un Saint...

Reconnaissance en zone hostile

Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

Que ce soit dû à sa nature profonde, à son passé, ou bien à un savant mélange des deux, une chose était sûre: Chris n'était pas du genre à se livrer facilement ! Il était assez paranoïaque, et le fait que la jeune femme qui se trouvait devant lui porte une armure et possède une beauté surnaturelle ne l'aidait pas du tout à gagner sa confiance.
Lorsqu'elle éclata de rire et secoua la tête, le brun ne put malgré tout s'empêcher de répliquer doucement à sa première phrase:
- Tout dépend de ce que tu entends par "s'amuser"...
Pour la première fois, un léger sourire ourla ses lèvres hostiles, jusqu'ici. Il était toujours sur la défensive, néanmoins, il commençait à entrer dans le jeu de cache cache qui semblait s'amorcer avec cette inconnue...

Silencieux, il patienta alors qu'elle s'adressait à lui à son tour, et demeura immobile, à quelques mètres d'elle, quelque part dans son dos. Certains propos avaient attiré son attention. "Eux par contre"... De qui parlait t'elle ? Il n'était pas certain de bien cerner ses paroles, et les sous entendus éventuels qu'elles pouvaient dissimuler. Prudent, il demeura à nouveau silencieux, dans le doute...
Il l'observa alors attentivement s'éloigner. Mieux valait s'en tenir là plutôt que de finir sur une fin tragique. Quelque chose en lui voulait en savoir plus sur elle, mais son instinct lui hurlait de ne pas chercher à trop en savoir sur cette cette jolie fille. Les créatures comme elle sont aussi les plus mortelles, après tout...
Il allait tourner la tête afin de s'assurer que son familier s'éloignait bien, lui aussi, mais soudain, il vit l'inconnue s'immobiliser, hésiter, et puis plus rien... Elle avait disparu...

Chris s'avança de quelques pas dans la petite clairière qui avait été témoin de leur rencontre, et ferma les yeux, afin d'avoir une meilleure conscience de ce qui l'entourait. Mieux entendre, mieux "voir" à certains niveaux...
C'est alors que la voix de son interlocutrice se manifesta à nouveau, de toute évidence depuis les hauteurs, cette fois. Il rouvrit les yeux, et un sourire cynique ourla ses lèvres, cette fois. Si elle savait...
Ainsi, il avait devant lui une autre légionnaire d'Arès, la Péri ? Membre de l'armée des Ombres, de sa propre armée, donc... Intéressant...
Il aurait pu mettre fin à ce petit jeu du chat et de la souris, mais après tout... N'était ce pas ce qu'elle avait réclamé ? A présent qu'elle venait de se présenter, il avait les cartes en main, c'était lui qui avait l'avantage. Mais il n'était pas idiot. Il savait aussi qu'elle pouvait se montrer dangereuse s'il poussait le jeu trop loin. Après tout, il ne savait rien sur elle, elle ne le connaissait pas, ils ignoraient tout l'un de l'autre. Rien de surprenant à ce qu'elle se montre sur ses gardes dans cette zone frontalière...

Le sourire cynique de la Daeva s'élargit légèrement lorsqu'elle le menaça de le mener au seigneur Velya.
- Encore faudrait il que tu parviennes à me mener jusqu'à lui, n'est ce pas ? Si j'étais un Saint, j'aurais pris une décision aussi dangereuse que celle de me promener dans une zone comme celle ci sans mon armure uniquement si je me sentais suffisamment puissant pour combattre sans elle, tu ne crois pas ? Autrement dit, il y a de fortes chances que je sois un Saint relativement puissant, si j'étais un Saint, encore une fois...
Il fit une courte pause et ajouta soudain:
- Et en admettant que tu parviennes à me mener jusqu'à ton seigneur, si je n'étais pas un Saint, mais un chasseur cherchant simplement à remplir son garde manger, je ne suis pas certain que faire gaspiller son précieux temps à ton seigneur pour quelqu'un d'aussi inexistant que moi serait très prudent. Qu'est ce que tu en penses, jolie Péri ? Le jeu en vaut il vraiment la chandelle, selon toi ?

Chris se tut quelques secondes, fit quelques pas afin de tourner sur lui même, avant d'ajouter, en souriant toujours, le visage relativement détendu:
- Vu de ma fenêtre, le facteur risque paraît élevé, en tout cas...

Haut perché, elle balance ses jambes dans le vide à la manière d’une enfant, vestige de ce qu’elle était encore il a peu. Elle a peut être l’allure d’une jeune femme mais dans sa tête c’est largement plus complexe et son passé n’y est pas pour rien. Elle s’amuse de sa réaction, mais est un peu déçue qu’il ne se décide toujours pas à se présenter. Il est timide ou quoi ? Sa façon de ne rien dire, de cacher… Soit il la craint, soit il a quelque chose qu’il ne veut pas qu’elle découvre, soit… Et bien soit il répond à une logique qui n’est pas la sienne.

- Te mener n’est pas un soucis. Aussi puissant que tu sois, que ferais-tu face à notre armée ? Nous sommes assez près pour qu’ils viennent rapidement. Dussé-je servir d’hors-d’oeuvre en attendant. Mais puissant ou pas, tu pourrais être juste un espion et forcément porter une armure n’aide pas à passer inaperçu tu ne crois pas ?

Elle se moque de laisser penser qu’elle est faible. L’important c’est qu’elle n’est pas seule. Ou pas autant qu’elle en a l’air. Ne l’est jamais à vrai dire, mais ça c’est autre chose… Sans doute demandera-t-il comment elle les ferait venir, plusieurs possibilités s’offrent à elle pour cela. Mais pour l’heure elle ne s’en préoccupe pas. Inutile d’alerter la cavalerie pour rien. C’est d’ailleurs ce qu’elle va lui expliquer.

- Ce n’est pas « mon » mais « le » et on ne l’appelle pas. Il vient tout seul. Même quand on ne veut pas et surtout quand on s’y attend le moins. Il voit tout, il entend tout… C’est assez pénible en fait quand on y pense. J’aime bien avoir un minimum d’intimité, pas toi ? Et sinon pour te répondre, il va de soit qu’il ne viendra pas s’il « n’entend pas » quelque chose sur toi qui l’intéresse.

La belle l’observe, ne voit pas de gibier ni de proie sur lui ou à ses côtés. Elle penche légèrement la tête pensive. Facteur risque élevé ? Elle qui avait prit de la distance justement pour qu’il se sente mieux… Bon alors elle va tester l’inverse. Elle disparaît à nouveau et il peut entendre ses pas s’enfoncer dans la neige pas loin de lui alors qu’elle s’approche doucement. Cette Péri là n’a pas d’armure, elle ressemble à la jeune fille qu’il a rencontré au tout début, toujours cette lueur amusée dans son regard à une nuance près. Elle ne semble plus provocante, l’a-t-elle déjà été seulement ? Il n’a pas l’air très disposé à faire attention aux nuances et à remarquer cet air enfantin qui se cache au fond de ses traits. Elle trifouille un bref instant sa ceinture pour en décrocher un lièvre.

- Risque élevé… C’est trop flatteur ! Un peu moins que « jolie »… Tu me trouves jolie ? Hum... Chasseur alors ? Supposons. Mais je ne te vois pas de butin. Voudrais-tu partager le mien ?

Elle tend sa proie, s’attend maintenant à ce qu’il fasse à nouveau un de ses tours d’illusion, batte en retraite, repousse la main tendue en somme. Elle l’aura cherché en quelque sorte. Ce n’était pas vraiment l’objectif, mais lorsque l’on croise quelqu’un pour la première fois c’est toujours une grande inconnue. Certains réagissent de façon plus étrange que d’autres, plus prévisible. Ainsi, s’il continue dans sa lancée et bien elle l’imagine bien trouver une façon de se montrer agressif et d’esquiver à nouveau. Par anticipation, elle plaque son rongeur contre son torse.

- Mais bien sûr je ne partage pas avec les ennemis. Faudra me dire qui tu es d’abord. Oh et si tu es un allié, alors évite de me tuer. C’est interdit par les lois universelles, tu aurais de gros ennuis. Enfin j’dis ça pour toi… T’es au courant quand même de ça ? Ça et le fait qu’il ne faut pas user de nos capacités devant des non-éveillés.

Reconnaissance en zone hostile

Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

Il fallut un moment au Daeva pour repérer la position de la jeune femme, dissimulée dans les hauteurs, mais il finît par la trouver au bout d'un moment, notamment grâce à son ouïe, tandis que leur étrange discussion se poursuivait. Néanmoins, il ne regarda toujours pas dans sa direction, s'amusant toujours autant de la situation.
- Armée ? Répéta alors le brun tandis qu'une lueur étonnée éclairait les traits de son visage l'espace de quelques instants. Je suis désolé, je vais probablement te décevoir, mais je crains que ma personne ne requière pas l'appel d'une telle force, renchérit il avec un sourire amusé. Mais tu as raison sur un point, si j'étais venu espionner le Dédale, débarquer avec mon armure dorée flamboyante ne serait pas une idée de génie... Même pour un Saint... ajouta t'il à demi voix, avec sarcasme.

Soudain, alors qu'il était question de Velya, la Péri fit preuve d'une dévotion qui fit particulièrement tiquer Chris. Lui qui ne croyait en rien, qui refusait de se soumettre à quelque autorité divine que ce soit ou de remettre son destin entre les mains de qui que ce soit ne pouvait partager son avis sur la question... Peu importe qu'elle soit ou non son alliée.
Son sourire amusé se transforma en cynisme, et tandis qu'elle lui parlait de son seigneur, il répondit alors aussitôt:
- Ben tiens ! Comme c'est pratique... Voila qui justifie ainsi parfaitement toute info qu'il aurait pu "rater"... Le manque d'intérêt ! Comme c'est malin, et comme le désintérêt fait parfois bien les choses, n'est ce pas ? Ajouta t'il, de plus en plus cynique.
De toute évidence, il ne croyait absolument pas en son pouvoir. Il ne reniait en rien que Velya possédait des pouvoirs probablement tout à fait étonnants, mais de son point de vue, il n'avait rien d'un dieu. Tout au plus, il n'était qu'un salopard doué pour la manipulation qui devait tenter de se monter sa secte. Il ne serait en tout cas pas aussi facile de soumettre le Daeva à cette idée, c'était une certitude...

Soudain, la belle jeune femme apparut non loin de lui. Oui, mais, pas exactement la même... Elle ne portait pas d'armure, cette fois. Etait ce une illusion ou bien avait elle enlevé sa cuirasse entretemps ? Il se souvint également que la première fois qu'il l'avait vue, elle n'avait pas de cuirasse. Impossible désormais de savoir laquelle était la vraie. Le jeu devenait intéressant...
Le Daeva se tourna alors vers la jeune femme, et lui sourit à nouveau, d'un sourire plus... charmeur, cette fois, pour répondre à sa question.
- Evidemment que je te trouve jolie ! Je pense que très peu d'hommes affirmeraient le contraire parmi ceux qui y voient encore quelque chose. Mais je soupçonne aussi que ta beauté ne soit pas naturelle...

Lorsqu'elle appuya sur le fait qu'il était peut être un chasseur mais qu'il n'avait pas de prise, Chris ne put s'empêcher de faire une moue triste, avant de répliquer d'une façon comique:
- Chasseur sans talent ?
Soudain, son visage s'éclaira légèrement, et il ajouta aussitôt à la phrase de la Péri:
- Je partagerai volontiers ton butin... lui dit il d'une voix étrange, emplie de sous entendus.
Son interlocutrice répondit presqu'aussitôt, et Chris ne put réprimer un rire assez chaleureux, chose assez rare chez lui pour être soulignée.
- Ne t'en fais pas, jolie Péri, je sais bien que tu n'es pas une non-éveillée, et je n'ai pas l'intention de te tuer. Ou même de ne serait ce qu'essayer.

Le Daeva lui sourit une nouvelle fois, puis, après avoir hésité une dernière fois...
- D'accord... Tu as bien mérité que je me présente à toi, Jolie Péri. J'avoue que je préfèrerais être sûr que je parle à la "vraie" péri et pas à une illusion, mais je te comprends... Je m'appelle Chris, et je suis le nouveau porteur de la cuirasse du Daeva. Autrement dit... Nous sommes frères d'armes, toi et moi, si j'ai bien compris !

Dernière édition par Chris le Mer 29 Juil - 15:05, édité 2 fois

Il admet qu'elle a raison à la bonne heure. Évidemment qu'un Saint n'aurait pas porté son armure, elle les imagine bien plus censés que cela et, si elle a parlé de stupide Saint précédemment ce n'était que pour inciter le jeune homme à se présenter. User de l'absurde pour dénicher le vrai était une stratégie qui parfois payait assez bien.

Elle ne comprend pas bien sa réaction à propos de Velya, ne voit pas où il veut en venir et pourquoi il dit cela. Elle n'a fait que dire ce qu'elle a pu observer par elle même. Du reste, elle ne lui est même pas dévouée, elle reconnaît simplement qu'il est flippant et sans doute assez fort pour qu'on lui ait dit dès le début de se montrer respectueuse envers lui surtout qu'il a plusieurs centaines d'années, c'est juste de la politesse à ce niveau-là. Par ailleurs, sachant qu'il a besoin d'un Saint vivant pour lire dans ses tripes, ça lui est venu en tête assez naturellement. La jeune femme se contente de hausser les épaules. Il peut bien être cynique envers l'Ancien elle s'en moque.

Elle hausse un sourcil en entendant ses soupçons sur le naturel de sa beauté. Ah ça c'était la meilleure ! On ne lui avait jamais faite… Elle passe ses doigts fins sur son visage, comme si elle pouvait en avoir une révélation. Mais non, sa peau est lisse et fraîche, comme la plupart des jeunes filles qui prennent soin de leur peau. Immaculée, aucun artifice ne la sublime, le maquillage c'est inutile.

- Ce n'est pas naturel d'être propre ? Qui sait, c'est peut-être cela qu'il pointe du doigt en disant cela. Parce que j'ai toujours eu ce visage, enfin, j'ai juste grandi comme tout le monde.

Elle sourit doucement comme il l'amuse à se qualifier de « sans talent ». Si ce n'était pas dans ses habitudes avant d'être choisi, alors ça peut expliquer effectivement qu'il n'ait encore rien trouvé. Elle ne perçoit pas les sous-entendus de sa phrase suivante et c'est sans doute pour le mieux. Du reste, elle est assez contente d'avoir réussi à le faire rire malgré elle. Enfin il se présente et elle incline légèrement la tête en guise de salut.

- Un nouveau frère, enchantée, j'espère que l'on aura l'occasion de se recroiser. Le précédent je ne l'ai vu qu'une fois et après il s'est fait bouffer par sa cuirasse ou un truc comme ça. Elles nous offrent un grand pouvoir, si on ne suit pas leur volonté ou celle d'Arès, ça peut finir mal apparemment. Bon je m'occupe du repas, bien grillé ton lapin ?

Elle attend sa réponse et fait quelques pas par-ci par-là pour récupérer du bois, en fait un tas qu'elle prévoie d'allumer de façon tout à fait normale. Elle aurait pu demander à ses « amis » d'aller lui chercher du bois, mais elle en avait assez fait côté démonstration pour aujourd'hui.

- Alors, que penses-tu du Dédale et de Famine ?

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Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

Lorsque la Péri avait mentionné le fait d'être propre, et son côté naturel, Chris fut alors certain qu'elle mentait. L'hygiène, ou plutôt le manque d'hygiène par l'inaccessibilité, il connaissait bien là d'où il venait. Bien sûr, les gens se lavaient au lac, à la rivière où à la fontaine du village, mais cela ne donnait absolument pas les mêmes résultats que ce qu'il avait sous les yeux. Il avait rarement vu des femmes avec des cheveux aussi beaux et un visage aussi lumineux. De deux choses l'une, soit elle mettait de gros moyens dans son apparence physique, soit c'était surnaturel. Mais après sa visite au Dédale, le brun avait naturellement pensé à la seconde option, étrangement...
- Certains ont plus de chance que d'autres, j'imagine...Lui rétorqua t'il simplement, avec un léger sourire amusé.

Ainsi, le Daeva avait mis fin à ce petit jeu du chat et de la souris. Non pas que celui ci ne l'amusait plus, mais il ne voulait pas abuser de la patience de sa nouvelle alliée. On ne sait jamais... Peut être, à l'avenir, pourrait il avoir besoin de son aide ? Et puis, dire que son joli minois était totalement étranger à l'équation serait mentir, même si le brun ne l'admettrait jamais...
Il se dévoila donc, révélant du même coup sa véritable identité. Il fronça légèrement les sourcils lorsqu'elle utilisa le mot "frère", plus par manque d'habitude et parce qu'il était un solitaire qu'autre chose.
- Je suppose que oui, même si je voyagerai pas mal dans les prochains mois. Etant nouveau dans ce "monde", Jehane m'a donné un poste d'éclaireur afin que je bouge et que je me forme un peu au fil de mes voyages. Ca me fera du bien de bouger... Plus que de rester dans cette "forteresse", en tout cas... Commença t'il à expliquer tout en s'installant contre un arbre, au sol, en face d'Elyra. Oh, je te remercie, ajouta t'il, ce sera avec plaisir ! Non, plutôt saignant pour moi.

Il se rendit soudain compte qu'elle était parvenue à le faire parler davantage que la moyenne des gens, et plissa légèrement les yeux, ne pouvant s'empêcher de montrer un côté parano, de temps en temps. Néanmoins, il ne voulait pas bouder son plaisir pour autant: une bonne grillade avec une jolie fille ne se refusait pas, n'est ce pas ?
- Tu veux un coup de main ? Lui demanda t'il alors d'une voix calme.
Mais elle lui posa soudain une question à propos du Dédale, et surtout à propos de leur supérieure hiérarchique. Il avait du mal à croire qu'elle espérait qu'il serait honnête et sincère alors qu'ils venaient de se rencontrer, et qu'il avait toutes les raisons du monde de se méfier d'elle. Cependant, jehane n'était pas la personne qu'il détestait le plus au monde, loin s'en faut, cela ne la dérangea donc pas trop de répondre, même s'il choisît ses mots avec attention:
- Le Dédale est certainement l'un des lieux les plus infâmes et les plus tordus que j'ai jamais vus jusqu'ici... Répondit il sans détour. Moins j'y serai, mieux j'me porterai. Quant à Jehane, eh bien... C'est encore un peu tôt pour me faire une idée sur elle. Je ne lui ai parlé qu'une seule fois, et ce fut bref, en réalité. Mais j'ai l'impression que j'aurais pu tomber sur pire en terme de supérieurs hiérarchiques...

Il se remémora sa rencontre avec Mort, hésita, puis:
- J'ai croisé Haldor... Il a failli me tuer... Par accident... Parce qu'il avait tapé dans un crâne de toutes ses forces en marchant dans un couloir et qu'il n'avait pas vu que j'arrivais en face. Le crâne en question a failli me décapiter... Ca remet les choses en perspective...
Il soupira après s'être tu, puis ajouta:
- Et toi ? Quelle est ton histoire ? Et quel est ton avis sur nos camarades ?

Elle hausse les épaules. Tous les visages sont dans la nature n'est-ce pas ? Et si Péri l'a choisie c'est parce qu'elle a naturellement l'un des plus beaux même si les gens ne s'en sont rendu compte qu'il y a à peine un an, quand elle s'est débarrassée de cette pellicule de crasse qu'elle avait tout le temps sur elle. Ce n'est pas son genre de mentir mais chacun était libre de croire ou non et pour l'heure, elle suppose que ce qu'elle a dit l'a convaincu, du moins, c'est tout ce qu'elle peut penser de sa remarque.

Elle hausse un sourcil en apprenant qu'il allait voyager. Chacun sa mission après tout. Elle et Slim devaient s'occuper des citadelles pour leur part et de façon plus générale, elle avait aussi une autre prérogative.

- Ah ? C'est chouette ! Fait juste gaffe aux Siebenbürgen, ces citadelles sont sous le joug des Saints. Et c'est pour cela qu'il est plausible d'en trouver dans les parages. C'est bien de voyager. Je n'ai pas vu grand-chose personnellement, j'ai juste pris tout mon temps avant de venir ici pour visiter Rome entre autres. Mais je comprends. Cet endroit est vraiment… dégoûtant.

Elle soupire en réunissant ses branches et brindilles. Celle qui avait vécu dans la saleté toute sa vie aspirait désormais à plus de classe et de raffinement, mais on ne pouvait pas tout avoir. Sa cellule était au moins un petit havre d'élégance qu'elle avait décoré à sa façon.

- Nous sommes beaucoup à sortir pour y échapper quelques instants mais bon… Il faut faire avec.

La jeune femme affiche un air blasé. Même si elle n'aime pas l'environnement, elle sait s'y accoutumer, de plus, ce n'était pas le plus important. Ce qui importait, c'était leurs missions et leurs objectifs, le reste finalement n'était qu'une question de confort et être raffinée ne voulait pas dire être une chochotte. Négligemment elle lui tend les cadavres fraîchement chassés.

- Tu peux leur retirer la peau si tu sais comment faire.

Pire ? Elle réfléchit aux autres Cardinaux. Guerre n'était plus Guerre, Pestilence elle ne l'avait pas encore vu alors elle ne pouvait pas dire mais Mort par contre… Elle sourit doucement alors que sa silhouette prenait forme dans ses pensées.

- Oh… Je ne doute pas qu'il soit fort. Mais il est vraiment sympa sinon. Et puis ce n'était qu'un accident comme tu l'as dit. Ce n'est pas qu'une force brute, il sait réfléchir, poser de bonnes questions et il est créatif.

Oui tout cela résumait bien sa rencontre avec le colosse. Quant aux autres, comme elle ne sait pas, elle se contente de hausser les épaules. De son point de vue il ne s'agissait pas de mieux ou de pire finalement. Chacun avait son caractère et ses méthodes, le tout était de savoir si oui ou non ces méthodes leur convenaient. Alors que le feu se met à crépiter et qu'elle prépare des bâtonnets pour en faire des brochettes, elle réfléchit à sa question.

- Je n'ai pas à me plaindre des rencontres que j'ai pu faire. Jusqu'à présent tous ont été plutôt gentils et polis avec moi, mais je sais qu'il y en a avec qui cela pourrait ne pas être le cas. Alors je reste sur mes gardes. Il faut toujours se méfier des apparences n'est-ce pas ? Sinon mon histoire… Ma foi ce n'est pas très passionnant. J'ai été adoptée par des aubergistes à ma naissance, j'ai vécu comme leur bonne et ma chambre n'était rien d'autre qu'un coin de l'écurie. Une autre vie que je ne regrette pas.

Le dédale avait cela qu'il ne sentait pas le purin en permanence, l'odeur était plus supportable, plus… neutre.

- Un jour Péri m'a trouvée et comme je te l'ai dit, j'ai un peu voyagé avant d'arriver en début d'année. Et toi ?

Reconnaissance en zone hostile

Fin Janvier 553, Forêt Ombrageuse

Chris n'était pas un Berzerker. En son sein, il ne se revendiquait pas comme l'un d'entre eux, n'avait pas le sentiment d'appartenir à l'un d'entre eux, et ne le souhaitait d'ailleurs pas. Tout ce qu'il avait fait, c'était conclure un pacte avec le Daeva l'ayant conduit au Dédale, une citadelle regroupant une armée de combattants dont beaucoup semblaient hautement instables, mais semblaient aussi partager cette même haine que le brun vouait aux Saints. Il avait donc accepté temporairement de se joindre à eux afin de profiter de ce mouvement dans le but de tenter de les orienter un peu plus vers la destruction du Sanctuaire.
Les conflits des dieux ne l'intéressaient pas. La grandeur d'Arès n'avait absolument aucune importance à ses yeux. Tout ce qui comptait, c'était que le sang des Saints soit répandu, et que le Sanctuaire brûle. Exactement comme eux avaient brûlé son village et égorgé les siens...
C'est pourquoi lorsque la Péri mentionna les apparences qui pouvaient être trompeuses, et davantage encore après les démonstrations respectives qu'ils avaient pu faire tous deux durant leur petit jeu, avant de se présenter, Chris ne put qu'être d'accord avec elle. Il en connaissait un rayon sur le sujet...

La belle lui donna quelques conseils de prudence concernant ses futurs voyages, qu'il ne put qu'accueillir à bras ouverts, dans la mesure où il n'en savait pas assez sur les lieux à éviter. Toutefois, il ne put s'empêcher de nuancer ses propos:
- Je te remercie. Ca me sera utile. Mais je n'ai pas l'intention d'approcher les citadelles de trop près. Sauf erreur de navigation, évidemment... Ce qui ne serait pas impossible, mais là... C'est le jeu, comme dirait l'autre, ajouta t'il avec un léger sourire cynique.

Elyra lui annonça que beaucoup de Berzerkers faisaient leur possible pour fuir la citadelle quelques instants, ce qu'il n'eût aucun mal à croire. Il ne put cependant s'empêcher d'avoir un sourire sarcastique intérieur, même si, paradoxalement, il plaignit un peu ce que vivait la Péri, étrangement. Lui n'avait eu qu'à s'inventer un rôle d'éclaireur pour pouvoir fuir cette horreur. Mais s'il ne l'avait pas obtenu, il serait parti, de toute façon, quitte à abandonner sa cuirasse. Il n'était pas le genre d'homme à qui on met une chaîne autour du cou...
- Oui, bien sûr ! Répondit il avec un léger sourire, en faisant un effort pour être un peu plus sociable.
Il se saisit des lapins et commença rapidement à les dépioter avec une certaine expertise. Dans son enfance, Chris avait plutôt travaillé aux quais du village. Mais lorsque les Byzantins avaient tout brûlé une première fois et qu'il avait commencé à apprendre le tir à l'arc et formé une milice de village avec d'autres, il était devenu l'un des meilleurs chasseurs parmi les siens. C'était donc une chose qu'il était habitué à faire. Elyra put d'ailleurs remarquer à ce moment qu'il portait un brassard d'archer relativement en cuir usé au poignet gauche.

Son attention fut attirée et il stoppa sa tâche quelques instants lorsque la jeune femme lui parla d'Haldor. Avaient ils réellement rencontré le même homme ? "Il sait réfléchir, poser de bonnes questions" ? Le brun reprit sa tâche pour retirer la peau des lapins sans mot dire. Il n'était clairement pas d'accord avec cette affirmation. Mort avait de toute évidence un passé compliqué et douloureux, mais de ce qu'il en avait vu, c'était surtout une brute exempte de tactique ou de finesse. Mais de toute évidence, Elyra l'aimait bien. Peut être était ce son genre d'homme ? ne put s'empêcher de se demander le Daeva en souriant intérieurement quant au choc culturel entre ces deux là.

La discussion se recentra alors sur la Péri et sur ses rencontres. Elle était plutôt satisfaite de celles ci, jusque là, visiblement. Etrange façon de voir les choses. Le brun n'aurait pas pensé à ça de cette façon, mais c'était toujours intéressant de voir les choses d'un autre point de vue. Elle lui parla alors des apparences trompeuses, et lui conta brièvement son histoire. Il eût un peu pitié pour elle: troquer un esclavage contre un autre. Malgré tout, il ne put s'empêcher de penser que ça aurait pu être bien pire, compte tenu de son apparence physique, aujourd'hui. Elle aurait pu être utilisée autrement que pour faire le ménage... Il préféra cependant ne pas en souffler mot, car rien ne disait que ce n'était pas une part de son passé dont elle n'aimait pas parler. C'était un terrain glissant sur lequel il ne valait mieux pas se risquer...

Mais ce n'était pas comme ça qu'elle voyait les choses. Elle semblait plus apte à accepter sa nouvelle situation au Dédale. Peut être même se plaisait elle parmi les Berzerkers ? Peut être avait elle trouvé sa voie ? Et dans ce cas, le Daeva avait intérêt à faire attention à ce qu'il dirait en sa présence, car elle n'hésiterait pas à le trahir auprès de ses supérieurs, pour "la cause"...
- Je vois... souffla t'il tout en se saisissant d'une pierre large et lisse sur laquelle il posa le gibier dont il avait ôté la peau, à côté du feu. Cette nouvelle vie semble t'avoir plutôt réussi, en tout cas, jusqu'ici.

Il hésita un instant lorsqu'elle lui renvoya la balle. Il l'avait bien cherché. Il n'aimait pas en parler, mais refuser de répondre ne serait pas très honnête...
- Tu es la troisième Berzerker que je rencontre, alors juger de la qualité de mes rencontres ne serait pas franchement pertinent. La cuirasse du Daeva est venue à moi il y a de cela quelques jours, à peine. C'est très récent.
Il fit une légère pause, puis reprit:
- Quant à mon histoire... Elle n'a rien de bien extraordinaire, non plus. Je vivais depuis ma naissance dans un village côtier, au sud. Et puis les Byzantins et leur empire sont passés par là et se sont... chargés de ça... acheva t'il en appuyant un peu plus sur ses derniers mots, sans pour autant en dire davantage, tout en fixant les braises. Je suis tombé dans la mer, et sans l'intervention du Daeva, je serais mort, moi aussi. Je me serais noyé.
Il ne mentionna pas sa famille. Il ne mentionna pas comment il avait vu sa soeur se faire tuer sous ses yeux, ou de quelle manière il avait retrouvé le corps de sa mère pendue à la poutre maîtresse de leur masure après qu'elle ait été torturée. Pas un mot...
Mais son regard s'assombrit, et son langage corporel se durcit légèrement, tandis que sa voix se faisait un peu plus cassante, sans que lui même ne l'ait remarqué.

Il se recula, et s'adossa à nouveau contre son arbre, puis ajouta dans le but de mettre fin à ce sujet de conversation:
- Quelques jours plus tard, je suis arrivé au Dédale, et j'ai rencontré Jehane. Puis Haldor... Et depuis qu'elle m'a mené à la citadelle, je n'entends plus sa voix, conclut il soudain sur ce point qui l'intriguait de plus en plus. La cuirasse, je veux dire. Lorsque j'ai passé un pacte avec elle, et pendant les jours qui ont suivi, nous avons beaucoup parlé, elle et moi. Elle me parlait, dans ma tête. Et je pouvais lui répondre, c'était comme un lien télépathique. Mais depuis que j'ai rejoint le Dédale, elle ne m'a plus adressé la parole. C'est un peu comme si... Elle avait fait ce qu'elle avait à faire... Je ne sais pas trop quoi en penser, encore...

Pas cette direction… Oui ça lui semble logique finalement. S'il n'aime pas particulièrement les Saints et souhaite partir à leur recherche, le Sanctuaire semble une direction plus intuitive, mais peut-être se trompe-t-elle en pensant cela. Pourquoi réfléchir et raisonner dans son coin si elle pouvait obtenir la réponse directement ?

- Tu vas vers le Sanctuaire alors ? Hum… Je ne me suis jamais posé la question, mais où est-il en fait ? Je… Je suis nulle en géographie… Heureusement que Péri était là pour me guider sinon je ne serais jamais arrivée ici.

Elle baisse un peu la tête. Son enseignement a été très sommaire et elle en est un peu gênée, car parfois ça lui manque de n'avoir pas quelques connaissances. Mais c'est ainsi lorsque l'on est d'une famille peu aisée et qui se moque de votre éducation.Ses yeux d'or le regardèrent s'occuper des lièvres et elle sourit légèrement en notant qu'il était habile. Elle-même avait appris en observant sa tutrice lorsque cette dernière cuisinait. 'Lyra n'avait pas le droit de toucher les aliments avec ses mains sales, elle n'était utile que pour les courses, l'écurie et le jardinage ce qui était déjà pas mal.

Elle hausse les épaules ne sachant pas vraiment quoi penser de sa nouvelle vie. Est-ce que ça lui réussissait vraiment ? Elle n'y a pas réfléchi et n'y réfléchira pas.

- Je ne sais pas si on peut dire ça. Mais c'est mieux qu'avant en tout cas. Péri m'a tirée de ma vie ennuyante et miséreuse, vengée aussi, je lui suis redevable. Une dette que je paie en étant ici.

La situation lui convient, c'est tout ce que l'on peut en retenir. Du reste, elle n'est pas étonnée qu'il n'ait pas encore vu beaucoup d'autres Berserkers. Elle-même est là depuis quelque temps déjà et peine à connaître plus des deux tiers, enfin connaître… croiser est le terme qui convient le mieux. Et encore, certains meurent ou disparaissent. Elle opine donc simplement et écoute avec attention le bout d'histoire que le jeune homme veut bien lui confier. Elle observe ses traits, les nuances dans sa voix. Celle qui avant ne parlait jamais avec personne était devenue plutôt douée dans le repérage et l'interprétation des signes que les humains émettaient plus moins intentionnellement. Elle ressent une certaine tension soudaine indiquant que ce qu'il avait dû vivre avait certainement été éprouvant. L'Italienne posa sur lui un regard compatissant et ne chercha pas à fouiller dans les détails. Ce genre d'histoire, elle comprenait que certains puissent vouloir la garder pour lui-même ou simplement ne pas la ressasser. Zvezdan lui-même avait été assez secret lorsqu'elle avait posé quelques questions, non pas pour fouiner, mais simplement faire connaissance.

Les lapins prêts, elle les embroche soigneusement et les pose au-dessus des flammes en équilibre. Pas trop près pour qu'ils ne grillent pas, mais assez pour que la chair puisse cuire quand même. Ce faisant, elle réfléchit à ce qu'il vient de lui dire sur sa cuirasse.

- Étonnant. Péri ne parle pas. Mais je la sens communiquer avec moi. Ce ne sont pas des mots, mais plus des intuitions, des sentiments qui ne sont pas les miens, mais que je ressens au fond de mon être. Elle me guide, réagit quand je l'interpelle. Il paraît que certains sont possédés par leurs cuirasses, qu'elles prennent le contrôle quand leur porteur ne fait pas ce qu'elles veulent ou qu'elles sont trop avides de sang. Avec le carnage que j'ai fait lors de mon éveil, Péri est satisfaite pour un long moment. Carnage inconscient, celui qui arrive quand on fusionne avec la cuirasse la première fois. Ça t'a fait cet effet aussi ? Tu te souviens de ce qu'il s'est passé la première fois ?

Re: Reconnaissance en zone hostile [PV Elyra]

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