[Mi Mars 553] La vague qui annonce le tsunami (Arrivée Marinas)

Le premier pas

Voyageur solitaire, je déambulais dans la campagne depuis de longues heures, en direction d'une destination lourde de sens : Camelot.
Vêtu de mon uniforme de capitaine, chemise à jabot, pantalon moulant et tricorne, je resplendissais sous le soleil pale du nord. Et malgré mon sourire et mon air désinvolte, j'annonçais l'approche de la tempête.
A quelques kilomètres, je savais que le Légat et son escorte étaient déjà en route. Je leur ouvrais juste la voie.
Au final, l'affichage de mon humeur radieuse n'était en rien forcée.
Un tournoi, des festivités, que demander de plus ? L'alcool coulerait à flot, et les intrigues auraient de quoi me faire vibrer. Qui allais-je retrouver dans cette splendide et rustre cité ? Des visages connus ? Mais lesquels ?
Nimue aurait-elle l'audace de se montrer en plein jour ? Le Grand Pope s'y risquerait-il ? Mais pouvait-il se passer de son œil aguerri ? Oui, je pressentais désordre, ruses et potins en tous genre.
Mon ordre était clair : récolter des informations, me trouver au bon endroit, au bon moment, fureter. Bref, tout ce que j'appréciais. Du rhum et quelques catins ou éphèbes, et je garderais un souvenir impérissable de cette promenade.
Quoique... J'allais peut être devoir limiter mes excès habituels, en présence du Légat. J'étais là en représentation... Et il serait malavisé de jeter la honte sur notre groupe, en me comportant comme le pirate dépravé que j'étais. Bref, bonnes manières seraient au rendez-vous. Ou pas.
Tout à mes réflexions, je finis par arriver enfin aux portes de la ville. Une foule compacte, composée de marchands, badauds et fermiers formaient une marée continue, et je parvins à me faufiler sans mal, en me glissant derrière une lourde charrette. Ah, j'aurais donné cher pour voir la tête d'Orpheus face à cette mer de plébéiens et de gens du bas peuple. Le pauvre...
Les yeux brillants de plaisir, je m'élançais dans la première ruelle venue : direction, le marché et les tavernes !

Avec les passages de l'Oracle et des Saints dans la cité sous-marine, il avait été assez évident qu'un événement de grande envergure se préparait. Que ce fût par rapport à ce fameux Narsès qui menaçait les territoires atlantes, ou à une alliance avec l'une ou l'autre des divinités Grecques se disputant la Méditerranée, il y avait dans l'air un quelque chose de tendu. Plus de gardes, à plus d'endroits, plus de rondes, plus de navires, les murs défensifs levés...

En conséquence, l'unique Nymphe actuellement en poste s'était tenue sur le qui-vive, ses armes toujours aiguisées et à portée de main, les rapports accessibles lus consciencieusement pour essayer de comprendre ce que la trame du monde leur tissait. Et bien sûr, prête à réagir au moindre ordre, au moindre appel de son Légat. Mais quand celui-ci lui avait annoncé la couleur, elle était restée coite un instant. Un couronnement. Dans le moindre extérieur. Voyager avec Orphéus. Et participer en plus de cela à un bal ! Elle avait dû monopoliser la totalité de son sang-froid pour ne pas hurler de joie comme une petite fille et conserver son sérieux. Un sourire avait cependant filtré et il devait se douter que la perspective l'excitait intérieurement.

"Eh bien, si je m'attendais à cela !"

Habituée aux mondanités, elle avait bouclé ses affaires en moins d'une heure, en comptant une robe de bal très soigneusement pliée et arrangée, les armes qu'elle emporterait et dissimulerait sur sa personne, son nécessaire à écrire avec fournitures de rechange et ce qu'elle avait pu glaner d'utile qui servirait en Britannia.

Pour le trajet, ne sachant pas s'il faudrait marcher, chevaucher ou si un transport était prévu, elle avait préféré vêtir une tenue un peu plus garçonne sur le modèle d'Aurora, parée des emblèmes de sa maison, celle des Merinita et celui de Poséidon comme l'exigeait l'étiquette. Un léger maquillage mettait en valeur le violet pâle de ses yeux, ses lèvres, le doux argent de sa chevelure tressée de façon à ne pas gêner en voyage. Ses mains fines, vernies, étaient protégées de gants de soie et une capeline épousait de son doux froissement sa silhouette athlétique de militaire tout en révélant les courbes les plus avantageuses de sa personne. Mais dans tout cela, nul éclat éblouissant, nul pourpre extravagant, nul parement outrageusement luxueux : discrète et pâle, elle serait le faire-valoir du Légat, son ombre aussi, se fondrait dans ses pas et dans sa parole.

Cette dernière avait par ailleurs le mérite d'être fort clair : tout passerait par lui. Tout ce qui était d'importance, lié à la diplomatie. En somme, elle se comporterait à peu près de la même manière qu'avec Rudjek, à ceci près qu'il y aurait apparemment bien plus que des Oracles lors de cette cérémonie. Et elle s'était rajouté mentalement une autre mission qui pourrait lui servir aussi bien de couverture que de vérité. Chroniqueuse elle était. Alors elle prendrait des notes, beaucoup de notes, sur tout, remplirait un journal de bord et ferait de ce voyage un souvenir riche d'enseignements et de découvertes qu'elle pourrait raconter à sa mère. Quelle hâte !

Endymion était parti devant en éclaireur, la laissant principale garde d'Orphéus. Tandis qu'ils atteignaient les grandes portes de la cité, ses yeux s'agrandissant déjà devant cette architecture si différente, cette foule, ce bruit, elle décida de rester près de lui un moment. Juste au cas où. En silence.

Citation :: Arcane 3 dans le sillage d'Orphéus °°

Attirer l'attention

Après l'étrange rencontre avec cette mystérieuse et inquiétante Morgane, j'avais rebroussé chemin pour retrouver Orpheus et Calypso. Manière de leur conter cet échange intrigant, mais aussi pour lui guider dans la partie de la cité que j'avais eu le temps d'explorer.
Me voici donc de retour aux portes, où continuait à jaillir une foule compacte et bruyante.
Accoudé contre le mur d'une bâtisse quelconque, je m'amusais par avance de l'attitude de ce pauvre Orpheus face à une confrontation avec une telle populace. Cela risquait de fortement le changer du confort et du calme d'Atlantis ou du palais de Poséidon.
Entre le Légat et la nymphe qui n'était jamais sortie du confort du royaume sous-marin, j'allais devoir garder un œil vigilant sur eux.
Car, pirate et dépravé notoire, je me sentais totalement à mon aise dans un tel contexte.
Même si les paroles de Morgane et son attitude me restaient en mémoire... Se promener seul pouvait être dangereux, et j'allais devoir redoubler de vigilance. Quel serpent dormait sous les entrailles de cette cité ? Quels complots, quelles ambitions, dont nous pouvions devenir des pions involontaires ?
Tout à mon observation minutieuse, je sortis un nouvel instrument à cordes, avant de me chauffer la voix.

Spoiler:

Ravi et enthousiaste, j'attirais rapidement l'attention des badauds, et quelques uns vinrent même danser au rythme de mon chant. Une petite foule de joie, de rires, de voix qui entonnèrent en écho les paroles qui sortait de ma gorge trop sèche d'un manque de rhum.
Certes, Orpheus risquait de ne pas être trop du thème, mais je pouvais non seulement attirer son attention, dès son arrivée, mais le faire sourire. Bah le Dragon des mers n'était pas prêt de s'assagir...

Venir ici représentait quelque chose d'important pour Orphéus. Une mission. Une manière aussi de montrer la supériorité d'Atlantis à la face du monde, ou tout du moins à celle de ceux qui connaissaient son existence. Il était temps de rappeler aux Eveillés que les Atlantes dominaient toujours les Sept Mers. Et qu'ils comptaient. Avalon. Si Poséidon s'était réveillé quelques temps avant cette rencontre au sommet, ce n'était certainement pas sans raison. Et son Légat en prenait véritablement conscience à mesure qu'ils approchaient.

Pour constituer sa garde d'élite, le Légat n'avait pas réfléchit bien longtemps. Deukalyion devait veiller sur Atlantis en son absence et même si son bras droit lui manquerait certainement ici, au regard des circonstances, tout deux n'avaient pas hésités bien longtemps quant à ce qu'il fallait faire : Atlantis primait, quoi qu'il arrive. Ainsi donc le Kraken serait les yeux et les oreilles du Merinita au sein du Royaume marin pendant cette période. Certains des autres Généraux étaient eux même en mission, des missions trop importantes pour être stoppées. De toute évidence, le plus important restait de venir ici avec une force de frappe suffisamment dissuasive pour éviter les attaques en traître. Le Dragon des Mers était l'homme de la situation. Subtile lorsqu'il le fallait. Mais assez fort pour repousser les assauts des ennemis lorsque cela devenait nécessaire. Endymion avait la confiance d'Orphéus depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Depuis qu'il l'avait évalué à sa manière. Et depuis, jamais il n'avait fait faux bond. Il avait été l'un des premiers auquel il avait pensé. Ce dernier était parti légèrement en avance mais connaissait ses ordres. En ce lieu, seule la Voix du Légat comptait. Il aurait à gérer une part importante de la mission mais toujours en se référant à son Seigneur.

Mais il ne pouvait assurer la sécurité du Légat seul. Et une telle mission revenait forcément aux deux femmes qui partageaient sa vie depuis l'enfance. Tout d'abord, Calypso, représentante de l'unité qui portait le même nom. Hasard du destin ? Orphéus n'y croyait pas. Tout comme avec Endymion, il n'avait pas hésité un instant à faire appel à elle. Depuis qu'elle avait été reconnue par la Scale, elle officiait à ses côtés sans relâche. Et si la diplomatie n'était pas un point fort chez elle, il comptait sur ses autres talents pour l'aider à l'accomplissement de sa mission. Sa discrétion, tout d'abord. Au sein d'Atlantis, il savait que nulle autre qu'elle pouvait se faufiler sans se faire repérer. Un atout utile, aussi bien en défense qu'en reconnaissance. En cela, son don serait bien plus utile que les talents oratoires du Dragon. Mais ce n'était pas que sur cela qu'il comptait. Sa détermination à le protéger n'était dépassée que par sa propre soeur. Calypso serait un soutien de poids. Il se fiait à elle et lui confierait sa vie sans hésiter.

Et elle ne serait pas seule... Aurora Merinita. Encore et toujours elle. Fidèle ombre de son frère, elle l'accompagnait partout. Il était fier de pouvoir se reposer sur elle. Mais ces derniers jours - depuis sa discussion avec Poséidon en personne - les choses évoluaient. Et pas dans le bon sens. Une sorte de diadème était désormais apparent sur le front de la Merinita. Et si elle était bien "elle", le Borgne savait que l'épouse de Poséidon n'était pas loin. Depuis qu'elle avait sorti ce trésor des mers, caché au sein d'Atlantis, elle changeait peu à peu. Poséidon lui avait dit qu'il devrait se montrer fort. Et il le serait. Mais la présence d'Amphitrite n'était pas rassurante. Au point qu'il avait même hésité à la faire venir avec lui. Après tout, serait-elle fiable ? Il n'avait pu s'y résigner toutefois. Et c'est ainsi qu'ils arrivaient. La délégation du Dieu des Mers.

Endymion était revenu à lui pour le guider, ce qu'il avait apprécié. Après tout, il s'agissait là de son travail premier et il l'accomplissait à merveilles. Qu'il chante, cela ne le dérangeait pas. Après tout, il s'agissait aussi d'une fête et en dépit de ce qu'il affichait, le Légat connaissait les réalités de ce monde. Il l'avait parcouru bien avant de devenir la Voix de Poséidon. Pour le connaître. Pour se faire son opinion.
- Tu m'avais caché certains talents, Endymion.

Et un sourire. Sincère. Amusé aussi.
- J'ai hâte d'entrer moi aussi dans la danse. Et de rencontrer ces personnes si intrigantes.

Et dans son oeil, cette lueur si particulière, si caractéristique. Il avait hâte d'entrer dans ce fameux sanctuaire.

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée