[Début Mars 553] Le crépuscule s'installe [LIBRE]

Furtivement, je m’escampe, glisse dans les ombres pour, peut-être, oublier sa présence. Le hasard guide mes pas et m’enfonce dans les murs de la cité ; la créature marche devant, suffisamment loin pour la perdre un instant du regard, mais son absence ne m’inquiète pas.

Elle est incapable de disparaître.

Un grognement m’interpelle, celui de l’animal qui, d’habitude, me surveille. Il est pénible, certes, mais il ne se manifeste jamais pour du vide. Je profite de mes derniers instants pour prendre une bouffée d’air, puis prends la direction des bruits. Avancer plus vite est une chose, se précipiter en est une autre : dans tous les cas, il peut aisément gérer seul.

Désormais à proximité de la scène, je m’immobilise et me dissimule dans un coin pour observer. Voyons voir ce qu’il sait faire.

Pour le moment, il montre les crocs aux côtés d’une silhouette sombre et des bruits s’éloignent sans attendre plus longtemps, précipitamment. Je recule d’un pas, lorsqu’une lumière s’invite devant moi ; une main envoyée pour la chasser, et déjà je retourne vaquer à mes observations. Il ne grogne plus, lui qui n’aime pas les hommes. Étonnant. Au contraire, il devient sage et s’approche doucement de l’inconnu, lorsqu’elle se pose sur le banc. En quête d’attention, peut-être, qui sait ?

Avec prudence, il approche la tête et se positionne à ses pieds, avant de tourner la tête pour mieux m’attirer. C’est là, qu’il me dit, comme un ordre tacite. Alors je sors de ma cachette pour me rapprocher d’eux, l’agacement gravé sur mon visage.

« Tu veux pas te tenir tranquille deux minutes ? »

J’attrape son museau sans précaution, le resserre sans le blesser, mais assez pour lui faire comprendre mon mécontentement. Une autre lumière et je ferme instantanément les yeux. Ça aussi, c’est pénible. Beau, certes, mais pénible.

« C’est quoi, ça ? »

Le regard de l’animal roule sur la femme, revient finalement sur moi. Il se relève et me montre son nez, avant de mordiller mon bras pour tout amusement. Je la remarque enfin, cette femme assise là ; je la détaille sans m’y arrêter vraiment.

« Pas trop dérangeant ? »

Lui, Bestiole.

Bestiole:

Elle a interceptée cette discussion, brides fantomatiques pour elle qui marche dans les rues à la nuit qui tombe.

Elle n’est pas encore séparée de son corps, Veena, mais la tension grince dans toutes les parties de son essence. L’envie de dire bonjour à la lune et de laisser l’esprit flotter comme une ombre parmi les feux follets de cette cité. Comme ils sont beaux, comme ils lui semblent familier, ces esprits qui comme elle marchent à la lueur nocturne, et qui comme elle guide ou trompe les voyageurs. Ils sont là enfermés, et elle ne fait que passer entre les rues sans but quand les voix captent son attention.

Une dispute avinée penserait-elle sans vouloir plus s’attarder. Mais quelque chose dans les mots sont curieux. Juste ce qu’il faut pour trouver ça intriguant. Oh comme elle ne devrait pas jouer à ce jeu, elle si seule dans cette grande ville. Mais les règles de cette cité sont ce qu’elles sont, elles prônent la paix, et la curiosité guide quand les pas s’éloignent dans une autre direction.

Alors Rowena suit, piégée entre deux mondes, la silhouette d’une autre se superposant à la sienne, si semblable et si différente à la fois. Elle ne semble pas d’ici et c’est un peu vrai, ancrée d’un pied entre le voile de vie et le linceul de mort. Et curieuse, comme un feu follet, elle s’approche de cet attroupement qui sous les étoiles s’est formé.

Peut-elle joindre ?

Elle le croit, quand elle n'entend guère de discussion animée - pas encore -, qu'elle capte d'un regard l’étrange créature au pied de l’un, et le manque de surprise chez chacun de ces protagonistes. Eveillés semblent-ils. Eveillés comme elle à la nuit.

« Puis-je me joindre à vous en cette nuit ? » Les mots font écho à la question que les pensées se posent.

Car elle est curieuse des mots entendus. De la curieuse créature ici devant eux. Et des feux follets qui l’ont comme guidé jusqu’à cet attroupement atypique de ceux qui ne Dorment pas.

Spoiler:

« - Et bien, on dirait qu’il y a du monde dans cette ruelle cette nuit, vous vous êtes perdu ? »

Lança une voix venant d’un peu loin à l’assemblée qui s’était rassemblée visiblement dans le coin. Il n’était pas le plus beau des hommes, ni le plus élégant. Ses traits n’étaient pas harmonieux, il était même un peu laid. Il portait sur lui des vêtements qui semblait un peu matelassé et fort peu pratique. Surtout aux couleurs bigarrées et à l’harmonie douteuse. Sa voix était nasillarde et un peu grinçante. Un homme qui, visiblement, n’avait pas grand-chose pour. Cependant, il dégageait un peu de prestige et de noblesse, sûrement à cause de l’argent de la facture de ses vêtements, voir même des quelques petits bijoux qu’il portait. Un collier notamment et une bague, les objets visiblement fait en or. Il semblait aussi très encombré à porter des choses lourdes et trop nombreuses pour lui. Sûrement quelqu’un qu’on avait envoyé faire les courses pour quelqu’un d’autre. Un écuyer ou un serviteur d’un noble.

« - Faites attention aux feu-follets quand même, on ne sait jamais ! »

Soudainement, Bestiole se raidit, recule d’un pas avant de se mettre sur la défensive. Trop de gens autour de lui, sûrement, d’autant que certains ne lui disent trop rien. Il renifle, alors même que j’observe l’homme qui s’approche. Qu’est-ce qu’il veut, lui ? Une autre silhouette ne tarde pas à nous rejoindre, à croire qu’ils se sont tous donnés le mot, ce soir. Pour la tranquillité, on repassera.

Elle est plus étrange que le gars, en un sens.

Sans un mot, j’acquiesce furtivement à sa question et ferme les yeux à plusieurs reprises. J’hallucine, parfois. Ou alors c’est la fatigue, mais elle me paraît différente. L’autre, il est juste bizarre, pas net. Il m’inspire pas. Pourtant, la fille sur son banc semble le connaître. Plutôt, elle n’a pas l’air étonné de sa présence, mais qu’importe : leurs histoires, ça me concerne pas vraiment.

J’ai pas envie de me retrouver au milieu de ça.

Une voix qui me fait tiquer, en quelque sorte ; elle qui restait muette jusqu’à présent s’immisce dans ma tête et ma grimace indique que ça me dérange fortement. Pas l’habitude des cas comme ça. Finalement, un gars du coin arrive, commence à s’incruster dans la conversation. Pas un mauvais gars, de prime abord, mais qui a l’air chargé. Un peu trop curieux, aussi.

J’hoche de nouveau la tête pour toutes salutations et réponds simplement à sa question. Bestiole, quant à lui, se dissimule à l’abri des regards.

« On prend l’air. »

Pas grand-chose à ajouter, pas de question retournée. J’aimerais pas que ça m’arrive, alors autant lâcher l’affaire pour cette fois. J’ai appris à me méfier des gens supposément pleins de bonnes intentions, certains sont plutôt forts pour dissimuler l’odeur nauséabonde qui rode autour d’eux. D’autres moins, en revanche.

« Ces trucs lumineux ? Y'a un problème avec ? »

« Je suis heureuse que l’on puisse tromper cette solitude. » La sienne également, mais sans doute n’y a-t-il pas besoin de le préciser.

Charmante compagnie que voilà, sous les feux nocturnes des étoiles et les regards des feux follets en leurs lanternes. Nul ne repousse et ils se rassemblent, petite assemblée d’Eveillés chuchotant à la barbe et au nez des Dormeurs. Que la nuit soit la leur, dans les rêves et songes. Elle, Rowena, observe chacun d’eux avec la douceur posée qui est sienne et rendue étrange par le regard de Veena, prunelles rosées, qui sur ses yeux se chevauche.

Des présentations, et un étranger qui se joint aussi rapidement qu’elle même est arrivée depuis les ombres. L’esprit de Veena se retient du mieux qu’elle le peut dans la chair, autant que le regard de la lune et la lointaine malédiction du soleil le lui permet. Elle regarde le nouvel arrivant qui semble quelque peu différent, mais la douceur ne s’échappe guère de son visage. Comme deux autres avant elle répond, elle ajoute pour son propre cas :

« Nullement perdue, mais merci de votre inquiétude. » Et le feux follets ne seront point danger. Pour elle du moins, qui a chanté tant de fois sous le voile de la nuit avec eux, guidant et égarants les âmes. Elle pourrait se perdre, Rowena, à les observer danser, flamme insaisissable.

Et puis une ancre à la réalité vient l’étreindre. Une main sur la sienne et sourire qui lui est adressé. Elle n’est plus aussi jeune femme pour s’y laisser prendre, mais la flatterie silencieuse plait et est acceptée. « Enchantée. » Un sourire rendu et un souffle léger de voix, puis la main est retirée de celle de l’homme avec douceur, elle se permet juste de la reprendre lorsqu’il a terminé de se présenter. Devant elle, une Sainte et un Marina. Deux grands titres qui ne sont pas inconnus, et le jeune garçon qui n’a point donné de nom. Timidité ? Gêne ? Elle sait en tout cas que son titre ne sera guère connu.

« Je suis Rowena, Eminence du Cygne. » Les yeux divergent à nouveau sur les feux, puis le jeune garçon sans nom et l’homme inquiet. « On dit qu’ils sont des esprits, âmes en peine qui guident ou cherchent à être guidées. Et parfois elles vous trompent et vous perdent. » Combien de malheureux a-t-elle aidé elle même à sortir des jeux de ces feux, et combien d’entre eux a-t-elle soufflé une ouverture au delà du voile ? « Mais qui sait les voir ne se laisse pas si facilement avoir. Et ici, ils nous offrent un bien joli cadre à cette nuit. »

[Ceci n’est perceptible que de Morwenna]

Un impact violent, comme une petite tape derrière la tête qui résonne dans ton esprit. Pourtant, tu ne sens pas le moindre mouvement dans ton corps, rien. Comme si, l’espace d’un bref instant, on t’en avait dépossédée. Le temps d’un clignement d’yeux, tu sens que tu n’es pas seule, comme une ombre, écrasante, oppressante, tout puissante. Mais ta volonté résiste. Seuls tes souvenirs de surface semblent avoir été effleurés et un nom hurle dans ton esprit : Nimue O’Bannon.

« - Tu ne devrais pas envoyer ton esprit n’importe où. On ne sait jamais qui on croise. »

L’écho s’efface alors, voix masculine, sans pour autant que tu saches vraiment s’il ne s’agit pas d’un rêve, d’une agression, ou simplement, de la flamme des feu-follets…

[Ceci est perceptible par tous]

Tant de gens en cet endroit et cette nuit semble pleine de promesses. Oh oui, pleines de promesses. Tous semblaient attirés par ces petites flammes comme des mouches par du miel ou des papillons par une flamme, prête à s’y brûler. L’homme semble intrigué, amusé. Un saint, un berserker, un marina et un oracle réunit. Cette cité est merveilleuse.

« - Mes bons sires et mes bonnes-dames. Je suis Snorri… Intendant, gestionnaire, page, homme à tout faire, livreur, cuisinier, j’en passe et des meilleurs, de la maison d’Asgard. Et quant à ses ombres et bien… c’est un secret mais… »

Il se rapproche un peu de vous, posant ses paquets. Et commence à parler, sur le ton de la confiance :

« - Et bien, il semblerait que ces feux follets soient l’âme de ceux qui manquent de respect aux règles de Camelot. Qu’ils sont tués sur l’autel de l’épée du dragon et que leurs âmes alimentent la cité et ses merveilles. Mais c’est le secret bien gardé des Ligures. »

Citation :

Jetez un D10, sur 5 ou moins, vous êtes obligés de croire son histoire, sur six ou plus, vous êtes libre de la croire ou non

Des appartenances disparates, qui plus est transparentes. C’est ce que leurs mots désignent, tout du moins. Pourtant, leurs noms, je ne les écoute que d’une oreille ; ils s’inscrivent quelques instants et ressortent rapidement. De toute manière, les belles paroles ne m’atteignent pas, qu’importe de qui elles proviennent. Alors, je reste quelque peu à l’écart, observe tout ce monde qui s’annonce, ces bavards de la nuit.

Le Dragon des mers, plus particulièrement, m’intime à conserver mes défenses. Typiquement le genre que je fuis, d’habitude. Plus que les autres, en tout cas. Le genre qui met mal à l’aise, dirons-nous. D’autant que ses sourires à la Poiscaille ne me parlent pas.

Le Cygne dédoublé, en revanche, paraît plus calme. Déjà plus supportable, celle-là. Et voilà qu’elle se met à parler, à raconter des histoires invraisemblables, comme celles que Pépé nous rabâchait. Un conte plus qui ne me dit rien, qui me perd. Elle a l’air d’y croire, pourtant, mais n’est-ce pas uniquement des illusions ?

Tout ça, c’est que des conneries.

Mes yeux roulent sur elle, puis sur l’inconnu qui, visiblement, n’est pas tant du coin qu’il le laissait croire jusqu’à présent. Je sais pas vraiment où c’est, Asgard, mais c’est pas ici. Il s’impose, nous baratine comme si on était proche. Ce type non plus, je l’aime pas plus que ça. Pas le temps de dire quoi que ce soit pour le moment, la blonde masquée s’escampe déjà, discrètement. Plutôt surprenant, pour quelqu’un qui voulait prendre l’air. Je la regarde s’éloigner, en silence, puis retourne vers l’intrus.

« Des feux follets ?  Des règles ? »

Qu’est-ce que c’est que ça, encore ? Le nom qu’il donne aux lumières envahissantes, probablement. Cependant, ça ne répond pas à ma question. Ça n’a aucun sens. Pour l’instant, c’est l’étonnement qui ressort.

« Si c’est un secret bien gardé de ces ... Ligures, comment t’es au courant de ça, toi ? »

« Merci du compliment, ce sont de biens jolis mots. Je ne doute pas que vos chants de barde soient aussi bien tournés. »

Elle est flattée de l’attrait du général des Mers, mais préfère ne pas s’enfoncer dans le jeu, car la nuit n’est pas faite pour ça. Néanmoins, elle ne dirait pas qu’elle trouve fort agréable ces interactions qui réchauffent le coeur lourd de l’Oracle sous le voile de la nuit. Mais déjà l’une d’elle s’enfuit sans un mot pour les autres, comme brûlée d’une révélation qu’aucun ne peut comprendre. Surprise, les yeux de Rowena s’éclaircissent de la couleur rose de Veena, une seconde avant d’être étouffé par la pénombre, se contentant simplement d’observer le cheminement de la Sainte qui disparait dans les ténèbres.

Et puis l’intention revient vers le dernier ayant rejoint ce petit rassemblement. Snorri se présente-t-il, venu du nord et d’Asgard. Une seconde, les pensées de l’Oracle remontent vers Ingvarr, originaire de ces terres également, et il pourrait y avoir un sentiment de méfiance chez elle. Il y est, profondément ancré en elle mais caché sous la courbe d’un sourire bienveillant et curieux. Il fait suite à ses propres paroles plutôt énigmatiques, étant tout aussi mystérieux qu’elle ne l’a été. Une confidence visiblement assurée qui pourrait être vrai. A cela d’ailleurs, Rowena lui laisse le bénéfice du doute, sans y croire elle même la pure vérité. Mais après tout, pourquoi pas ? Les âmes en peine peuvent venir de bien des horizons.

« Une triste histoire et un sombre secret que vous nous dites là, Snorri. » S’il est vrai. « Vous vous intéressez également aux feux-follets ? » Certainement, sinon il ne les aurait pas rejoint dans cette observation nocturne. Mais de quelle façon ? Elle préfère les laisser libre et obtenir leur aide consentie sans rien forcer, mais elle a entendue dire que d’autre s’abrogent leur force sans la moindre considération. Curieuse, elle attend, pour sa propre question et celle des autres qui sont, comme elle, tout aussi intrigués.

Il regarda la jeune femme aux cheveux blonds quitter les lieux, sans vraiment comprendre pourquoi mais soit. Peut-être que tant de gens différents et étrange réuni en un même lieux lui avait fait peur ? Peut-être aussi avait-elle ses propres raisons. Toujours est-il qu’il fit comme si de rien était, pour se concentrer sur les trois autres. Il avait posé ses nombreux cartons et visiblement, sa petite histoire avait fait de lui le centre de l’attention. Et il faut dire que le groupe était bigarré ! Entre un petit blond qui n’a pas l’air de savoir où il est, un vieux beau qui se croit au sommet de son attirance et une brunette qui rêvasse, le trio avait de quoi en effet, faire peur ! Sans oublier lui-même, ce petit serviteur se retrouvant, bon gré, malgré au coeur de la tempête. On lui avait posé bien des questions alors il commença par le début :

« - La règle, mon bon monsieur, veut qu’on les laisse tranquille sous peine de disparaître à son tour. Et je vous le dis, c’est le seigneur Gauwain en personne, qui en a parlé à mon maître, le seigneur Surt, lorsqu’il nous a rendu visite ! Les grands ont tendance à oublier les petits et moi, à oublier mes oreilles. Mais gardez bien ça pour vous, sinon, mon maître me les fera rôtir pour sur s’il apprend que j’ai écouté aux portes ET que j’en ai parlé. Mais vous m’aviez tous bien l’air innocent du danger qui tourne autour de vous, alors j’ai préféré vous prévenir. Je m’en serais voulu, si je vous avez laissé ainsi périr ! Alors que ces âmes égarées, doivent le rester, car elles ont voulu et elles ont chu ! Mais libre à vous, noble sire, d’essayer et d’à votre tour, vous brûlez ! »

Il avait été très théâtral dans sa déclaration. Rajoutant de l'emphase sur certains morts à grand renfort de geste et d'exagération des expressions de son visage. Et comme si en parler les avait appelées, des petites flammèches violettes viennent virevolter plus loin de l’équipe que vous formez.

Un peu trop familier, ce gars. Sa tête ne me revient pas, mais je reste en retrait, ne serait-ce que le temps d’accéder aux informations demandées ; des informations qui ne viennent pas, parce qu’il est trop occupé à répondre aux deux autres, à raconter ses conneries à qui veut bien l’entendre. Elles existent tant qu’une oreille peut les entendre, y prêter attention.

Tu m’auras pas, mon grand, on m’a déjà fait ce coup-là.
Et plus d’une fois.

On dirait bien que certains sont tombés dans ses filets. Intérieurement, il jubile certainement, en observant ce groupe incohérent, niais et autres joyeusetés. Notamment lui, là, qui lorgne sur Bestiole tout en essayant d’enchanter les demoiselles. Pas que, d’ailleurs. C’est dans sa nature, semble-t-il. Tant qu’il ne nous approche pas trop, ça ira.

Le général et l’inconnu d’Asgard se ressemblent bien plus qu’il n’y paraît ; du genre à jouer sur les mots, se donner des impressions théâtrales avec un air faussement intelligent.

« Pas sûr que tu sois comestible »

C’est ce que je renvoie dans sa tête, face à la tirade malheureuse qu’il nous livre. Leurs histoires ne m’intéressent pas, si ce n’est quelques informations dispersées ici et là, sur des sujets que je ne maîtrise pas. Le manque de croyance se lit sur mon visage, et déjà j’interpelle Crinière d’Or d’un geste. Subrepticement, l’animal se glisse à mes côtés et on s’éloigne, dans une dernière salutation visuelle, un dernier geste de la tête.

« Eh bien, bonne soirée »

Et déjà, on s’éclipse.

Citation :

Taym quitte le sujet avec Bestiole.

Qu’il est bavard le Snorri, et expressif dans ses paroles. Mais ce qu’il dit est intéressant, même si entre deux regards vers les feux follets dont il est question, elle s’étonne qu’il soit aussi généreux dans ses mises en garde. Elles semblent sincères et l’Oracle, dans le doute, écoutera les mots. Elle n’avait pas eu l’intention de les toucher, seulement les observer et compatir à cette peine qui les a fait tomber. De toute évidence ici, ceux condamnés par Camelot ne trouvaient pas non plus le repos dans la mort. Une bien cruelle punition, qui serait peut être donnée pour l’éternité.

Les pensées volatiles, ce n’est que lorsque le jeune garçon blond a déjà commencé à s’éloigné qu’elle le remarque, visiblement peu intéressé par les propos du serviteur d’Asgard. Il n’a pas été très bavard ni très poli, mais elle ne lui en veut guère et comme pour la jeune blonde de tout à l’heure, le laisse se fondre dans les ombres de la nuit. Ils ne sont plus que deux et Snorri, curieux de ses paroles et de ce qu’il peut savoir. Elle se sent malheureusement assez ignorante de ces noms évoqués, même si elle comprend que les deux, Surt comme Gauwain sont des seigneurs avec beaucoup de pouvoir entre leurs mains. Ceci dit, s’il répondait aux questions d’Endymion, elle n’avait pas l’envie d’en perdre une miette, car des rumeurs pouvaient se récupérer bien des choses.

« Merci pour votre prévenance, Snorri. Je vous promet également que votre secret sera bien gardé. » Elle le pense avec bienveillance, l’oracle de la nuit. Il a été bien bavard, ce serviteur, peut-être content d’apporter un savoir que des étrangers bien curieux ignoraient, mais ses mots ont eu de l’utilité.

« Pourriez-vous me dire qui est ce seigneur Gauwain ? Je viens d’arriver en ville, je ne connais pas ce nom, même si je devine son importance. » Peut-être ce serviteur saurait, tout comme ce marina qui semblait déjà connaitre ce nom. Elle n’avait pas la chance d’en savoir autant sur la politique et les secrets des camps, et ces Ligures, comme toujours, demeuraient bien mystérieux.

Le petit blond et sa chose partirent à leur tour. Tant mieux, il avait l’impression que son histoire n’avait pas vraiment pris avec lui. Qu’il se méfiait de ce qu’il avait à dire, pourtant, il était tout aussi honnête que sympathique. Il eu un sourire de connivence avec le marina. Ce vieux beau semblait avoir en lui un fond de sournoiserie amusante. Ensemble, ils pourraient faire de grandes choses mais pas maintenant, plus tard ! Pour le reste, il attisa son attention et l’oeil de Snorri brûla alors d’intérêt ! Une rumeur qui lui avait visiblement échappé ? Mais il ne pouvait pas le montrer ainsi, alors, l’air très sur de lui il répondit :

« - Et bien des rumeurs, figurez vous qu’il y’en a beaucoup qui circulent à Camelot ! Surtout depuis que tout le monde est là, entre le Pope et le Pontifex qui s’isolent en soirée pour discuter, j’en passe et des meilleurs, il va falloir être plus… précis très cher ! »

Puis il adressa alors une nouvelle révérence fort théâtrale à la jeune femme qui venait de la remercié, tout en agitant en l’air un chapeau imaginaire pour accentuer le geste. Pour le reste, la question était intéressante et, il aurait aimé avoir plus d’information à donné. Il n’était peut-être pas tant dans les petits papiers de ses maîtres qu’il l’avait exprimé mais il devait avoir l’air de savoir. Alors, il reprit, bombant le torse, extrêmement sérieux :

« - C’est l’un des chevaliers de la table ronde, des Ligures, maître de la cité. Je crois que c’est le fils d’un roi. Lothian quelque chose comme ça. Mais je ne l’ai jamais rencontré moi même. Alors je ne voudrais pas vous dire de bêtise. »

Il avait malgré tout l’air un peu embêté de répondre à ses questions. Pas à cause de leur contenu mais à cause du peu de matière qu’il avait à apporter. Après tout, aussi grosse que voulait se faire la grenouille, elle restait toujours grenouille !

De petites rumeurs, à l’ombre des maisons et sous la couverture de la nuit. Juste des mots échangés qui pouvaient ne pas signifier grand chose, mais qui entre les paroles de l’un et l’autre pouvaient prendre du sens. La jeune femme nota avec une curiosité dans le regard ces passes qui s’échangeaient, ces rumeurs sur le Pontifex et le Pope se rencontrant sans se quereller, mais révélant également que de grandes têtes des camps éveillés se trouver ici en ville, à ce couronnement. Un sentiment pincé traversa une seconde son visage, quand elle songea aux siens, dépouillé d’un Augure pour les représenter, et ne sachant pas elle même combien d’oracles se trouvaient en ville.

Pourtant, elle laissa échapper un petit rire ravit en deux temps, écho de presque deux voix étranges, quand le serviteur nordique se pencha dans une révérence quelque peu exagérée a son encontre, mais rafraichissante. Fort bavard et intriguant, il apportait des réponses aux questions des deux éveillés avec une fierté certaine. L’impression de savoir plus de choses qu’eux devait lui plaire. Elle trouva cela amusant et ne s’offusqua pas elle même vraiment d’ignorer ce qu’il se passait dans la cité. Elle venait seulement d’arriver après tout. Ce n’était certes pas beaucoup, mais c’était déjà quelque chose.

« Eh bien, ces noms ne me disent tristement rien, mais je saurais me souvenir de ce que vous avez dit, Snorri. » Elle lui adressa un simple sourire, rassurant que ne pas en savoir plus n’était pas une critique ni un jugement de sa part. Puis elle se tourna vers le Marina. « Beaucoup de monde ont l’air d’être présent en ville. Légat, Pontifex, Pope… c’est impressionnant tous ces représentants. » Pas qu’elle l’était en vérité, elle s’en était douté un peu, pour que son dieu l’invite à s’y rendre par une vision. Mais le supposer et le savoir, c’était différent. A nouveau, un regard vers Snorri. « Avez vous entendu des choses se dire sur le bal à venir, ou même le couronnement ? » Un instant lui revint en mémoire cette vision si justement envoyé, la noirceur sombre et inquiétante qui l’avait finalement mené ici. Elle doutait qu’il en sache vraiment beaucoup sur le sujet, mais puisqu’il était disposé à parler et dire les choses, elle tenterait sa chance comme le Marina le faisait.

Fort de son ragot et de la réaction du marina, le servant asgardien avait l’air très content de lui et rapidement, un air de connivence et de confidence apparu sur son visage. Visiblement, il avait bien un défaut et c’était celui-là : les ragots. Un goût qu’on prend peut-être à trop rester dans l’ombre des puissants sans jamais pouvoir vraiment approcher leur monde ? Et il avait là l’occasion d’en apprendre de nouveau alors il reprit, après un large effet de manche, pour se donner plus d’importance qu’il n’en avait vraiment :

« - Non, mes maîtres n’ont pas eu le plaisir de rencontrer cette dame. Bien que, je dois dire, avoir entendu quelques rumeurs circuler auprès des autres serviteurs que j’ai pu côtoyer. Mais je suis tout ouï, messires, vous avez l’air de la connaître ! »

Puis, il se tourna vers la charmante jeune femme aux cheveux sombres :

« - En effet, c’est le rendez-vous de tous les grands de ce monde ! Et pas de trace de votre Augure ? Les rumeurs disent qu’il est prisonnier quelque part, mais vous savez… les rumeurs ! »

Ses yeux ensuite se mirent à briller un peu plus, peut-être l’idée de pouvoir approcher un représentant divin ou du moins, une personne très très importante sur l’échiquier politique. Le reste, l’épisode du tournoi ne semblait pas vraiment l’avoir intéressé et il l’avait un peu ignoré. Après tout, les combats et les ragots sont deux choses différentes.

« - A quoi ressemble votre Légat, messire ? Quel genre d’homme est-il ? Je veux dire, que je sache à qui j’ai affaire et que je puisse faire correctement mon travail, je suis sûr que vous comprendrez. »

Puis, le bal fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase de son enthousiasme et il se livra d’abord à une diatribe endiablé sur la mode en vigueur à Camelot, quelques bruits de cours et des rumeurs, mais s’attarda plus particulièrement sur l’une d’elle :

« - Ce bal, grandiose, j’y vois moi surtout l’occasion parfaite pour… enfin vous savez… prendre le gauche avec sa maîtresse et… voilà ! »

Un peu de rouge lui vint au visage et il reprit :

« - Je suis près à prendre le pari que le seigneur Lancelot, un noble de Camelot, un Ligure, va tenter quelque chose avec… la fille de Léodagan. Mais il ne s'agit que des ragots encore une fois, de méprisable petit commérage. »

Un sourire jusqu’aux oreilles se dessina alors sur son visage.