[Mi-mars 553] Le Soleil se lève encore (Solo)

Camelot. Une épée qui brûle d'une lumière sombre et froide comme la mort. Le couronnement d'un roi annoncé et attendu. Le début d'un nouveau cycle, l'ère de la Chevalerie.

Depuis quelques jours, Célestia ruminait sa vision, y associant malgré elle des souvenirs remontant à plus de 3 ans. Myrddin n'avait jamais reparu, pas plus que le héros qu'il recherchait. Et soudain voilà que tout se débloquait ici. Le druide avait lutté devant Apollon lui-même contre un Masque rouge et reçu la bénédiction du dieu solaire. Alors pourquoi l'aura de l'épée semblait si noire, si morbide ? Cela combiné au retour d'Amadeus, de Pâris -à moins que ce dernier ne fût jamais mort ?-, aux Endormis de Rome. L'Oracle craignait que les jumeaux chtoniens tentassent de profiter de l'événement pour modifier la destinée du jeune roi et en faire leur pion. Inadmissible, évidemment.

En attendant le jour de début officiel des festivités, l’Éminence avait fait quelques préparatifs d'ordre pratique, sans vraiment penser au faste et à la richesse des terres qu'elle allait rencontrer. Parée d'une robe neuve, très simple, de sandales qui remplaçaient celles qu'elle avait plus qu'usées en Francie, elle gardait sur elle une sacoche avec seulement quelques biens de première nécessité, de sorte qu'elle passerait encore probablement pour une paysanne en passant les portes de la cité... ce qui était tout à fait assumé puisqu'elle ne s'attachait absolument pas au matérialisme humain.

Se fiant à sa vision, elle quitta Rome à pieds pour rejoindre un endroit de sa connaissance, caché, où elle pourrait revêtir librement sa chlamyde. De là, elle s'éleva si haut dans le ciel que quiconque lèverait les yeux ne verrait au mieux qu'une minuscule silhouette de la taille d'un moineau, si ces yeux arrivaient par hasard à capter le mouvement aussi vif que la Lumière.

Parvenue près des côtes de Bretagne, elle dut ralentir, ôter son habit divin et se poser plusieurs fois dans des forêts ou derrière des collines pour demander son chemin comme n'importe qui, la localisation de l'endroit lui échappant quelque peu. Quand elle parvint enfin en vue de Camelot, ce fut à pieds au milieu d'une troupe de marchands qui venaient profiter de l'effervescence pour faire affaires. Ce qui laissa les gardes dubitatifs quand elle se présenta.

Ayant ressenti un certain nombre d'effluves cosmiques d'importance dans les lieux, et devant le serment de non-violence qu'on lui demandait de prêter, elle ne vit pas de raison particulière de cacher son allégeance aux gardiens de la paix de Camelot, mais ils eurent un doute. Ne s'agissait-il pas plutôt d'une voleuse ou une miséreuse qui cherchait à chaparder au milieu de la foule ? Elle sourit alors et tendit une main nue au garde le plus proche, lequel ne fut pas certain du sens à donner à ce geste. Elle continua alors à s'approcher jusqu'à frôler son armure du bout des doigts, lui transmettant instantanément quelques impulsions cosmiques douces et bienfaisantes. Quelque chose qu'aucun Dormeur n'aurait été en mesure d'accomplir.

"Je prête ce serment avec plaisir."

Le soldat se détendit alors et fit signe de tête à ses confrères de la laisser entrer, lui souhaitant la bienvenue avant de se concentrer sur la suite de la file.