[Mi Mars 553] Eau bénite (Calypso/Endy + libre)

Prière de pirate

Suite à mes glorieuses victoires lors des deux premières manches du tournoi, j'avais passé une nuit délicieuse, en compagnie de certain(e)s de mes fans.
Une soirée dans une taverne, à boire verre sur verre, tantôt en l'honneur de la vaincue courageuse, tantôt pour célébrer la gloire du vainqueur que j'étais.
Et voir les lueurs gourmandes et admiratives des jouvenceaux et vierges taquines avaient su m'offrir le plus doux des aphrodisiaques. A combien avions-nous fini dans le lit, sur le sol, sur des peaux de bêtes ? Euh... Bonne question.
Au petit matin, une fois repu de chair fraîche, de délices nocturnes et de nourriture, j'avais pris un long bain, avant que mes pensées ne se tournent vers la raison de ma présence à Camelot.
Orpheus me laissait la bride libre, et ma foi j'en avais bien profité !
Toutefois, le prestige de mes réussites martiales sur la réputation des marinas ne suffisait pas à me satisfaire pleinement. Et je savais qu'il me fallait me tenir au courant des dernières informations.
J'avais donc envoyé une missive discrète à la femme la plus apte à partager des ragots et rumeurs colportés là où je n'avais pas le temps d'aller.
Le lieu de notre rendez-vous non galant avait été choisi avec soin. Et non sans un certain sens de l'ironie qui me caractérisait. Revêtu de mon écaille pour l'occasion, chose plutôt rare lors de mes ballades en ville, j'avais gagné la célèbre Église de notre dame de... Euh... Machin-truc aux premières heures du soir.
Un air d'enfant de choeur posé sur mon faciès, j'avais pénétré dans les lieux, en essayant de retenir une nausée, causée à la fois par mes excès de la veille mais aussi par l'odeur d'encens qui émanait de ces lieux trop sacrés à mon goût.
Je pris aussitôt place sur un banc, à moitié dans les ombres, et posais mon menton sur mes mains jointes. Une posture de prière... Idéale pour piquer une micro-sieste, tout en faisant mine d'être plongé dans une profonde méditation spirituelle.
La carte de l'ermite posée à mes cotés, j'ordonnais au vieux fou de veiller sur moi et de me réveiller à la première approche.
Loué soit le silences des églises, adaptés au repos des dépravés et autres pêcheurs.

La nuit avait été plus courte pour certains que pour d'autres. Et pour la Marina, malheureusement, ce n'était pas une bonne nouvelle : les murs de l'auberge trop fins à son goût avaient laissé filtré bon nombre de bruits non-désirés, non-étouffés. Dérivant les pensées vers des fantasmes inavoués et refoulés depuis bien trop longtemps. A partir de là, la missive du Général l'avait quelque peu surprise, avant de lui tirer un long soupir résigné. Il n'allait pas changer maintenant après tout.

Sitôt levée, la lieutenante aiguisa ses lames et s'apprêta comme elle en avait l'habitude, avala un rapide mais consistant petit-déjeuner, puis se dirigea vers le lieu de rendez-vous prévu. L'église dans laquelle elle avait croisé le roi Léodagan, le Pope, sa garde et l'ancien Asgardien. Elle espérait qu'avec Endymion au moins elle aurait le temps de finir le croquis qu'elle avait commencé de la statue, tandis qu'ils devisaient.

A son arrivée dans les lieux, elle eut un temps d'arrêt en voyant son homologue vêtu de son Écaille et dans une posture pieuse. Non, cela ne ressemblait pas au Dragon des mers. Qu'est-ce qu'il mijotait ? Peu sûre de l'attitude à adopter, Calypso passa son chemin -pour le moment- pour vérifier que les alcôves étaient désertes, pas comme la première fois, puis se posta près de la fameuse statue qu'elle commença à dessiner. Lorsqu'elle en eut terminé, elle jeta une œillade de côté vers Endymion de nouveau, toujours à la même place.

"A quel moment suis-je censée arrêter de croire que vous êtes un fervent croyant ?"

Elle lui lança un sourire amusé avant de venir s'asseoir à côté de lui.

Doux rêve

Spoiler:

Zzzzzzz.... Zzzzzzzz..... Zzzzzzz....

Dieu que ce rêve était bon !
Je me voyais sur le pont de la Rose Sanglante, une belle rousse de dos à la proue, et mon équipage en effervescence. Prêt à l'abordage. Le vent frais flattait mon visage ravi, et je me sentais libre, heureux, épanoui. En sécurité aussi. Un comble pour un pirate.
Oh, une baignoire ! Au centre du pont, mouvant par l'effet du roulis. Et le corps enfoui en grande partie dans l'eau savonneuse, un blondinet croisé la veille n'attendait que moi. La mine mi-gênée, mi curieuse. Et à ses cotés, Morgane en personne !
Prêt à leur apporter le plaisir qu'ils méritaient, je m'avançais, jetant mes vêtements par dessus bord, avant qu'un fantôme ne vienne stopper mon avancée sensuelle.
Le visage ridé et répugnant d'un vieux schnock, le crâne recouvert d'une capuche sale s'inclina avec raideur.

Maitre Endymion... Quelqu'un approche...

"A quel moment suis-je censée arrêter de croire que vous êtes un fervent croyant ?"

Bon sang... Non ! Pas maintenant ! Comme happé hors de mon songe pervers, je me sentis avalé par un vortex qui jeta mon esprit dans mon corps somnolent.
Mon premier réflexe fut un bâillement, vite suivi d'un mouvement de main destiné à essuyer la bave qui coulait de mes lèvres délicieuses.

Hein ? Ah... Comment douter de la vertu et de la piété d'un homme aussi bigot que moi ? Pfiou, quelle nuit... Je suis épuisé.

Je me frottais les yeux, encore embués par ce bref sommeil réparateur, avant de tourner un visage ravi vers la jolie nymphe.

L'avantage des églises, c'est que ce sont des lieux parfaits pour se reposer. Personne n'ose venir nous déranger. Mais bref... Alors, ma chère Calypso ! Comment se passe ce séjour à Camelot ? J'étais tellement sollicité que je n'ai même pas trouvé le temps de causer, ou même d'envoyer le moindre rapport à Orpheus. Fort heureusement, notre bon Légat me connaît assez pour ne pas se formaliser.

Un rire badin s'échappa de ma gorge, avant que je ne me rappelle dans quel lieu nous nous trouvions. Inutile d'attirer l'attention de la première grenouille de bénitier venue.

"La vertu et la piété... Je me demande de qui nous parlons."

Elle replaça une mèche de cheveu derrière son oreille distraitement, leva les yeux aux ciel dans un geste exagérément théâtral.

"Je sais que tu es épuisé. Et je sais aussi pourquoi... Je te rappelle que nous logeons dans la même auberge et vous avez fait un vacarme sans nom toi et tes invités... Même Orphéus et Aurora doivent savoir pourquoi."

La Sang-Pure plissa les yeux, avec une moue tout à coup intéressée, faussement innocente et un regard prêt à commérer -après tout, c'était pratiquement dans la noblesse de se tenir au courant des petits potins. Généralement on entendait toujours les mêmes choses en Atlantis alors qu'ici... tout était nouveau. Il était temps de trouver de quoi se mettre sous la dent. La Toreador se pencha à son oreille, un sourire dans la voix :

"L'Oracle a-t-elle fini dans tes filets ? Il me semble que tu as du succès au jeu des confidences sur l'oreiller. Bien que je doute qu'avec le monde qu'il y avait dans ta chambre hier tu aies pu recueillir la moindre d'entre elles..."

Ce serait surtout l'occasion d'annoncer à Orphéus qu'une autre des serviteurs d'Apollon manifestait de l'intérêt pour ce qu'Atlantis avait à offrir, et donc de mener les négociations avec eux. Elle ne savait pas dans quelle mesure Rudjek avait pu négocier auparavant ni ce que cette femme pouvait vouloir, ou offrir, mais le fait de la voir participer au tournoi était un indice en soi. Alors peut-être que le Dragon des mers en saurait plus.

La Toreador se releva et commença lentement à faire les cents pas à proximité, mains croisées dans son dos, l'éclairage de l'église lui donnant l'air d'onduler comme le cours d'une rivière lorsqu'elle faisait demi-tour.

"J'ai rencontré dans cette même église le roi Léodagan, le Grand Pope Childéric, sa garde Ryme du Lion et un ancien Asgardien désormais Cardinal de la Mort nommé Haldor. Tous des rustres à leur manière. A peine réunis -je me trouvais là par hasard, la Sainte et le Berserker ont commencé à hausser le ton l'un envers l'autre. J'ai voulu intervenir en suggérant au roi de régler l'affaire, mais il m'a vertement réprimandée et traitée comme si j'étais une simple servante. En fin de compte le plus aimable était celui qui avait l'apparence la plus barbare de tous. Le comble étant que le roi nous a invités à parler dans une taverne. Des rustres."

Elle s'immobilisa, bras croisés en hochant la tête pour elle-même.

"Enfin, ils faisaient si peu de cas de moi qu'au moins j'ai pu glaner des noms et des visages... J'ai quelque chose d'un peu plus intéressant à propos du bal. Et toi ? Hormis tournoyer, qu'est-ce qui a bien pu t'accaparer aussi férocement ?"

Ragots

Un sourire de pure innocence ourla mes lippes à l'écoute des semi-reproches de la Nymphe.
Bon sang, quelle nuit...

Oh, je suis navré d'avoir troublé ton sommeil... La prochaine fois, n'hésite pas à venir... Nous demander d'être plus discrets.

Connaissant un peu la noble jeune femme, nul doute que cette perspective pouvait autant la troubler, la gêner que... l'attirer. Mais, Calypso avait encore bien des choses à découvrir sur elle même et le monde alentour. Je lui offris donc un haussement d'épaules digne d'un sale gosse indifférent de l'effet que pouvait causer ses errements sur ses parents sévères. Orpheus me connaissait... Et m'acceptait aussi dépravé que j'étais.

J'aurais bien voulu mais la petite Oracle est une sorte d'ange... Immaculée, auréolée de vertu. Or, je ne souhaiterais pas causer un incident diplomatique en lui forçant la main. Elle a déjà eu droit à une discrète invitation digne d'un gentleman. A elle de faire le prochain pas, ou pas.

Une perspective peu probable, à mon sens. Mais qui ne tentait rien...
En parlant de ragots, la Nymphe semblait avoir quelques informations croustillantes s'étant déroulées en ces lieux. Aussitôt, je me rapprochais d'elle pour ne rien perdre de ses observations.
Childéric et le cardinal de la mort ? Quel coquin celui-là...

Ne me félicites-tu donc pas pour ma brillante victoire au tournoi ?! J'ai dû récupérer et m'occuper de mes nombreux admirateurs... Sans parler d'une dénommée Morgane, avec qui j'ai échangé quelques mots dans sa litière. Une sorcière, selon moi. Aussi intrigante qu'un serpent. Elle a tenté de me dérober un cheveu. Sinon, quelques rencontres ci et là... Une oracle à double visage, une sainte masquée asociale. Et un serviteur asgardien qui écoute aux portes.

L'éhonté général n'offrit, sans surprise, aucun signe de repentance, poussant la Toreador à simplement lever les yeux au plafond. L'occasion de découvrir sous les voûtes de l'édifice quelques ornements ingénieusement incrustés dans le bois et la pierre. Elle s'attendait à rien de moins que cela et souhaita juste qu'il s'assurât, la prochaine fois, de choisir une chambre un peu moins expressive.
Toutefois cette légère pause dans sa phrase, ce sous-entendu plus que grivois, lui arrachèrent un frisson de dégoût. Oubliait-il qu'elle était une amie proche de Calista ? Pour rien au monde elle ne trahirait son amie de la sorte. Il pouvait bien attirer des centaines de femmes dans sa couche, il y avait quand même des limites à l'indécence, à moins que la langueur vis-à-vis de sa femme et le caractère sacré de son mariage n'eussent jamais compté à ses yeux ?

Elle préféra ne pas répondre, passer aux autres sujets qui les concernaient plus, ainsi que leur mission actuelle. Et le contraste avait quelque chose de saisissant. Une ange immaculée et auréolée de vertu ? Depuis quand cela l'empêchait-il de passer à l'action ? Surtout après la proposition à mots couverts qu'il venait de formuler. Assise de nouveau, sur le dossier du banc face à lui, elle étendit le dos d'une main vers son front, manière de vérifier s'il avait ou non de la température. Secoua la tête en constatant qu'il avait l'air normal.

"J'ai du mal à te suivre... Tu as passé la nuit avec au moins une dizaine de personnes, peut-être vingt, peut-être plus, de Camelot comme d'ailleurs. Les incidents diplomatiques pourraient être légion si la moindre d'entre elles allait se plaindre. Mais à l'Oracle tu réserves un traitement de gentleman ? Pourquoi ?"

Aurait-il pu tomber amoureux, juste en l'espace d'un combat partagé... ? Non. Impossible. Pas Endymion.

"Je vous ai vus combattre. Il est vrai qu'elle a sans doute quelques charmes pour le sexe masculin, et sa Lumière... mais connaissant ta réputation, je pensais qu'il t'en fallait plus pour... ménager quelqu'un ?"

La lieutenante haussa finalement les épaules. Le seul homme qui l'intéressait nourrissait d'autres considérations, ce qui arrangeait quelque peu ses affaires et sa compréhension. La première soirée du bal et son ordre de le laisser seul rendaient difficile sa tentative de pouvoir voler un moment avec lui afin de se déclarer, mais elle continuait de guetter l'occasion propice.

"Bien sûr que je te félicite ! Mais tu as tellement d'yeux pour tes admirateurs que tu n'as pas remarqué que je regardais moi aussi. Orphéus voulait quelques heures pour parler avec Aurora, alors j'ai décidé de venir voir."

En revanche, en parlant du bal, il fallait mettre au courant le Dragon des mers sur plusieurs faits importants. Son expression redevint donc sérieuse et elle baissa la voix plus par habitude que consciemment :

"J'ai appris que Morgane était la fille de Titania, respectivement princesse et reine de ce royaume. Si elle est réellement une sorcière, il va nous falloir être prudents. Plus encore, je veux dire. Et il y a autre chose..."

Lèvres plissées, l'Arkantea réfléchit à la manière de mettre en mots son expérience sans paraître avoir trop forcé sur la boisson lors de la soirée.

"Lors du bal, j'ai dansé avec un curieux personnage. Il s'est présenté sous le nom d'Atlas. Une drôle de coïncidence pour qui vient d'Atlantis. Il a prétendu servir le roi Gradlon d'Armorique, mais il y avait dans ses manières quelque chose d'étonnamment familier... Je n'ai pas réussi à confirmer s'il mentait ou non, mais dans sa façon de se mouvoir... Et puis j'ai cru sentir l'océan pendant un instant, l'odeur de l'iode... Je lui ai raconté que je venais d'Alexandrie, que ma famille possédait quelques terres sous juridiction de l'exarque. Aucune réaction notable. Toutefois, il a fini par me demander si mon maître se trouvait dans la salle. Restée sur mon mensonge égyptien, je n'ai pas mentionné Orphéus mais... Il m'a saluée en approuvant "mon sens du devoir". Le fait que je ne "m'auto-congratule pas dans la dernière ligne droite". Des propos fort intrigants pour un diplomate honnête, tu ne trouves pas ?"

Comme s'il avait voulu, lui aussi, la pousser à commettre une erreur dans son discours.

"Mais le plus troublant a été cette... vision, que j'ai eue. Entre deux robes, entre deux tournoiements, les murs et le plafond s'effaçaient pour laisser voir des ruines, dans un paysage de neige... L'atmosphère évoquait un grand malheur, des nuages sombres, une femme auprès d'un corps... Un chevalier en armure noire face à eux. Je n'ai reconnu aucune de ces personnes... et je vous jure que j'ai fort peu bu ! Pourtant, il m'a semblé être la seule à ressentir ce phénomène. Et quand il m'a quittée, Atlas m'a mise en garde. "Les ennemis de Camelot se liguent." Comme s'il savait qu'un drame allait se produire..."

Amers souvenirs

Ah cette pauvre Calypso, si ingénue...
Je prenais un malin plaisir à la titiller, à la choquer. Par jeu.
Elle leva les yeux à l'écoute de mes subtiles grivoiseries, et je lui opposais un air aussi innocent que possible.

Il y a une différence notable entre séduire des proies faciles, consentantes, et faire tomber la carapace d'un petit ange. En outre, les scandales à Camelot sont probablement monnaie courante. Or, la situation et les conséquences envers les Oracles sont tout autre. J'ignore encore ce qu'Orpheus compte faire d'eux. Alors j'agis avec tact. Vas-tu me le reprocher ?

Je ponctuais ma question d'un fou rire.
Point de sentiment dans ces affaires de chair. Mon cœur appartenait à une seule personne, mais mon corps restait ma possession. J'en usais donc sans limite, autant pour mon plaisir que dans des visées diplomatiques et stratégiques. Nourrir une réputation de séducteur et d'étalon pouvait avoir es avantages à Camelot. Par cette nuit de débauche, j'espérais nourrir les rumeurs positives. Et ainsi ouvrir quelques portes inaccessibles aux autres marinas présents, bien plus... Fréquentables que moi.
Toujours de bonne humeur, j'écoutais les trouvailles de Calypso concernant Morgane. La fille de Titania ? Rien que ça... Toutefois, le reste de son récit me ramena à une gravité de circonstance.

Il va nous falloir redoubler de vigilance... Les visions ne sont jamais anodines. Les noms donnés non plus. Atlas... Quelle douce ironie.

Un parent de ma belle-famille ? Un atlante déchu, exilé ?
Toutefois, un nom en particulier me plongea dans une colère glacée.

Le roi Gradlon d'Armorique, tu dis ?... Le souverain séduit par les Roisin Dubhs. J'ai participé à cette guerre... Ou devrais-je dire à cette boucherie. De nombreux marinas trouvèrent la mort durant le conflit. Et le risque que Mebd en ait ramené à la vie n'est pas à négliger. Comme ce fut le cas pour Liao...

Un bien amer souvenir. Entre le traumatisme de ce conflit et la "mort" de Nimue, j'avais fui pour tenter de me remettre de ce double deuil, via l'insouciance d'une vie de pirate. Jusqu'à ce qu'Orpheus ne m'ordonne de revenir endosser mon écaille pour Atlantis.

"Te le reprocher, non. M'en étonner c'est autre chose. Je suis ravie de savoir que mon partenaire de mission a tout de même quelques principes éthiques !"

Ses lèvres s'étirèrent un bref instant, le ton de la plaisanterie bien en contradiction avec le sujet autrement plus important qu'elle évoqua par la suite. Rien qu'à voir l'expression d'Endymion changer, elle sut qu'elle effleurait quelque chose de sensible. Et les mots qu'il prononça lui firent froncer les sourcils et sortir son matériel d'écriture aussitôt.

"Attends, attends une seconde. Je n'ai pas les détails de cette guerre, je n'étais pas encore Marina à l'époque. Que sont les Roisin Dubhs ? Qui est Mebd ? Et... comment aurait-il pu ranimer un ancien Légat ?! Je veux dire, non contents d'être isolationnistes, l'immolation des corps, les protections d'Atlantis ne devraient pas nous protéger de... cela ?"

Consciente de la teneur probablement confidentielle de ce que le Dragon des mers allait lui exposer, la lieutenante se prépara à noter dans un dialecte doublement codé, au cas où quelqu'un mettrait la main sur ses feuillets. De l'atlante, illisible par le commun des mortels, abrégé et crypté d'une manière complexe, pour que jamais de mauvaises mains ne s'en emparassent.

"Tu penses que mon interlocuteur sert l'ennemi ? Ou au contraire pourrait être un de nos espions qui a voulu tester ma réactivité face à un étranger ? Je n'exclus pas qu'Orphéus ait des hommes déjà dans la place et ne nous dise rien par mesure de précautions... Atlas serait un nom tout désigné pour reconnaître un Atlante, en supposant qu'il soit Éveillé."

Passé sanglant

Une expression de premier de communion para mes traits, en appui des propos de la nymphe.

Des principes éthiques ? Mais ils jalonnent mon âme, voyons... N'ai-je pas un visage d'ange, reflet de mon être intérieur ?

Et je finis par m'esclaffer de ma propre ironie.
Avant que Calypso ne reprenne des interrogations plus lourdes, et plus actuelles.
Je redevins aussitôt sérieux, haussant même un sourcil en signe de concentration.

Mebd est la grande prêtresse d'Hadès et les Roisin Dubhs, ses sbires, pour te résumer succinctement... Or, inutile de te préciser que le sombre monarque peut ressusciter qui il le souhaite. Corps carbonisé ou pas. Le problème n'est pas à prendre à la légère, et si Poséidon en personne n'avait pas combattu à nos côtés... Liao aurait pu nous causer le plus grand tort.

Car malgré mes pouvoirs, nul doute que je ne pouvais tout faire seul. Et de nombreux marinas avaient péris dans cette guerre sanglante, me laissant unique rescapé des généraux de l'ancienne génération.

Sans davantage d'informations, ton interlocuteur peut autant être à la solde d'Hadès qu'un allié... Impossible d'en savoir davantage. Mais s'il se trouvait dans notre camp, pourquoi te contacter alors qu'il aurait pu aller à la rencontre d'Orpheus ?

Hadès. Rien qu'entendre ce nom et tout ce qu'il sous-entendait de contradiction avec le cycle de la vie arracha un frisson à la Nymphe. Sa plume demeura un moment en suspension, ses yeux voyaient au-delà du Dragon des mers tandis qu'elle essayait d'assembler les morceaux du puzzle. Et une hypothèse peut-être un peu folle à se former.

"Maintenant que tu en parles, quand les hérauts ont annoncé son entrée au bal, l'atmosphère a semblé se ternir un peu du côté des Éveillés. Et... cette femme avait un garde du corps. En armure noire."

Elle ferma les yeux, paupières froncées en rappelant tant bien que mal les images de la veille dans sa mémoire. La vision avait été fugace, rapide, et sans comprendre ce qui lui arrivait, elle avait sûrement manqué des détails. Mais elle avait bien vu du noir. Une armure noire. La même ? Impossible à certifier.

"Je ne peux pas jurer que c'était lui, mais l'homme pourrait être le même que ma vision.Ce qui voudrait dire que quelqu'un a cherché à me prévenir qu'il va arriver quelque chose..."

Des éléments manquaient. Si seulement elle avait pu reconnaître les personnages ! Si seulement elle savait d'où venait cette vision, aussi.

"Pourquoi moi, c'est une bonne question oui. Mais en même temps, si on s'attend à ce qu'un espion fasse remonter des informations à son commanditaire, on peut tenter de les intercepter. Ou peut-être tout simplement que j'étais la première qu'il a croisée. Orpheus nous a écartés de lui pendant la soirée, sans doute y avait-il également une raison à cela. Atlas m'a demandé où se trouvait mon maître. Peut-être l'ignorait-il s'il savait que je parlais d'Orpheus...
Je vois deux scénarios probables : soit il est des nôtres et il a abordé la première personne qu'il a reconnues comme Marina afin de faire passer son message. La vision en faisant peut-être partie. Soit il est au service de Gradlon, de Mebd et... c'est un avertissement. Nul besoin de remonter jusqu'à Orpheus obligatoirement pour cela.
Ou alors la vision n'a aucun rapport avec lui et j'invente des liens qui n'existent pas, mais la coïncidence est quand même grande."

Vigilance

Mystère et bouteille de rhum...
Nous nagions dans les spéculations et les hypothèses plus ou moins nébuleuses. Mais au moins, Calypso avait le mérite de chercher, d'anticiper.

De toute manière, sans fait notable, impossible d'y voir clair... Atlas... Peut-être pourrais-je le croiser lors de la prochaine soirée ? Si tu l'aperçois, viens me chercher, au cas où.

Nous évoluions dans un véritable panier de crabes, avec l'influence des sbires d'Hadès au milieu.
Les savoir auprès de nous ne m'enchantait guère. Et si l'occasion se présentait, je n'hésiterais pas à pousser cette saloperie de Mebd par dessus la rambarde de la salle de bal.

Dans tous les cas, redoublons de vigilance. Un marina avertit en vaut deux.

J'adressais alors une œillade taquine à la belle nymphe.

Toi qui brûlait de découvrir le monde extérieur, te voilà servie !

Sur ces entrefaites, je me relevais, m'étirais et laissais échapper un long bâillement.

Je pense que nous avons fait le tour, sauf si tu veux aborder un autre sujet. Je te propose d'organiser des points de situation régulier, afin de partager les informations récoltées.

Quelques secondes d'attente pour entendre la réponse de ma consoeur, et j'allais me diriger vers la sortie. Manière de m'autoriser une sieste digne de ce nom !

"Hum... J'essaierai oui. j'aimerais surtout qu'Orpheus nous explique pourquoi il nous tient autant à distance... Je ne peux pas remplir mon rôle de garde de la sorte..."

La Toreador acquiesça vaguement aux plaisanteries de son homologue, l'inquiétude barrant tout de même son visage concernant cette histoire de vision, de prêtresse des Enfers, de mystérieux diplomate-potentiellement-espion.

"Je pensais à autre chose quand nous parlions du monde extérieur... Ici, en plus d'être entourés de possibles ennemis dans tous les recoins, il n'y a ni la majesté, ni le confort d'Atlantis... Même cette église me laisse froide. Je suis peut-être trop exigeante, mais c'est le sentiment que j'ai..."

Un soupir et l'attitude corporelle du doyen des Généraux lui indiqua rapidement quelle était sa priorité actuelle, surtout compte tenu de la manière dont avait débuté la discussion... et terminé la nuit. Elle soupira de dépit tout en hochant simplement la tête. Puisque le Légat requérait qu'ils se tinssent à distance, ils devaient palier à cette absence dans la chaîne de commandement en se tenant autant au jour que possible. Afin d'être prêt au moment où le Merinita leur donnerait leur prochain ordre.
Elle s'accorda un léger sourire en le voyant sortir de son pas le plus décontracté et d'emboîter la marche.

"C'est bien parce que tu nous fais honneur au tournoi que je vais continuer de tolérer ta scandaleuse manie de m'embêter à chacune de nos conversations. Bonne nuit donc, Général."

Re: [Mi Mars 553] Eau bénite (Calypso/Endy + libre)

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