[La salle des vents] Une lueur d'espoir dans l'ombre

Si elle ne pouvait pas lui avoir Lucius faute de proximité, il trouverait bien quelque chose d’autre. Mais il venait d’en apprendre là beaucoup, tant sur lui que sur Aoife. Si l’ombre du poisson avait pu briser ses chaînes, Aoife le pouvait aussi. Ou bien… il n’y avait pas vraiment de chaîne ? Non. De ça, celui qui fût lion était certain. La sorcière avait forcément prévu un moyen pour que ses sbires restent à leur place. On ne ramène pas les âmes des morts sans garanties. Mais de cette science occulte il n’en savait rien. C’était ce qu’il aurait fait lui et il ne pouvait se baser uniquement sur ça. S’il avait été à la place de Mebd, à devoir constituer une armée jetable, conçue pour économiser ses forces et semer la peur dans le coeur de ses ennemis, il aurait placé des chaînes difficile à briser pour ces âmes damnés. Mais peut-être que Lucius et Aoife s’en était déjà débarrassé. Une chose qu’il devrait creuser.

Elle semblait avoir compris son intérêt dans cette affaire, elle aussi, de son côté, avait mis le pied dans la porte et il était maintenant impossible pour eux de vraiment complètement la refermer. Un jeu de dupe dangereux. Il était instable, plein de colère et de violence. Il l’était tout autant. Elle n’avait d’enjeu que ses intérêts et l’histoire des morts, lui n’agissait que pour les vivants. Pour le reste, leur proximité serait sûrement la clef de leur alliance contre nature. Avant tout, il devait gagner leur confiance mutuelle pour pouvoir avancer sur des bases saines, la méfiance étant trop présente actuellement, mais parler loin des oreilles de la sorcière serait déjà une bonne chose, ainsi il glissa simplement à la jeune femme.

« - Il y a une auberge, dans la haute-ville, loin de celle où nous résidons. Nous nous y retrouverons dans disons… trois nuits ? Un peu avant minuit. Je vous retrouverais plus tard. Nous pourrons alors parler tranquillement. »

Il espérait ainsi brouiller les pistes. Il ne doutait pas une seconde que leur auberge ainsi que les allées et venus des siens étaient surveillés. Mais il s’était déjà rendu dans cette auberge, où il avait rencontré le dragon des mers, alors qu’il y retourne ne donnerait d’information précise à personne. On cache mieux les vers dans la pomme des habitudes. Ainsi, si elle se présentait avant lui et qu’il repartait avant elle, il pourrait éviter ce genre de léger désagrément et garder leur rencontre sous le sceau du secret. Après tout, on ne trahit jamais les siens sous la lumière du jour. Sur ce, il salua la jeune femme, et quitta le balcon pour retrouver le chaos de la soirée, et continuer sa guerre de velours et de soie.