[Salle de la Mère sombre] Au milieu des ombres ? (PV Abrarxès)

La petite nymphe entra dans ce qui ressemblait à une chapelle sans cérémonie. Nul doute que l'Ombre du Taureau lui avait indiqué cet endroit pour la confidentialité toute relative qu'il inspirait, le calme et... peut-être étonnamment pour le décor, suffisamment travaillé pour attirer l’œil d'un Oracle. Décidément le Tuatha allait lui réserver des surprises, s'il était aussi guerrier que confident, artiste et danseur. Bon, elle jugeait sur l'apparence en premier lieu, mais on lui avait chipé l'occasion d'en apprendre davantage par le biais de la discussion alors...

Un rapide tour de salle lui révéla la présence d'un homme immense, clairement étranger, et habillé d'une façon qui ne lui était pas totalement inconnue. Elle l'observa un peu plus, son visage, sa carrure, qui finirent par lui rappeler... l'un des guerriers divins de Jamir ! Il y avait donc des envoyés d'Odin à ce bal ? Voire... des mercenaires... ?

***Si Ingvarr se montre et m'insulte à nouveau je ne réponds plus de rien.***

Aux côtés de cet homme, deux musiciens et un autre individu qui dégageait un grand calme et l'assurance d'une personne qui sait qu'elle n'est pas danger.
Plus loin, une femme isolée, visiblement dans l'attente de quelqu'un ou de quelque chose.

Cinq personnes donc. Bien. Mais pour l'heure Célestia devait attendre que la princesse Morgane libérât le Tuatha qu'elle attendait, aussi put-elle prendre le temps d'admirer les fresque, de faire le tour des statues et de s'installer dans un coin tranquille. Le lieu avait quelque chose de reposant, comme si le divin octroyait ici l'apaisement aux fidèles qui venaient se recueillir. Une sensation bienvenue après les différents rebondissements de la soirée qui avaient déjà eu lieu. La Gardienne en profita donc pour s'agenouiller en position de prière et faire ce qu'elle semblait faire tout simplement.
En pensées, elle raconta au dieu des Arts l'initiative qu'elle avait prise, ce tournoi dans lequel elle espérait le représenter, la victoire qu'Endymion et elle avaient remporté. Un symbole.

Se libérant, le Tuatha prit une coupe de vin et un peu de brioche. Il observait les membres présents dans la petite salle quand il vit la jeune femme en train de prier. Il fit quelques pas dans sa direction et la laissa terminer sa prière.

Mademoiselle, cela fait bien longtemps n'est ce pas ? Comment vous portez vous ?

Avalant un morceau de brioche, il tourna la tête vers l'entrée de la pièce. Il pouvait y voir les danseurs en train d'aller et venir dans des ritournelles et pas chassés. Il ne reconnut personne sur le coup, certainement que les spectateurs lui bloquaient une partie de la vision. Haussant les épaules, il reprit le fil de ses pensées.

Votre voyage dans ces terres brumeuses s'est passé au mieux ? Laissant passer un silence. Vous êtes certainement au courant de ce qui concerne Lykeios, non ?

Il posait un silence. Il ne savait pas ce que la jeune femme savait après tout. Toutes ces histoires le fatiguaient pour ainsi dire.

Un verre de vin ?

Il montrait un plateau de vin laissé par un serviteur sur une des petites tables.

Bien que les paupières closes, un mouvement accompagné d'un froissement de tissu attira l'attention de la belle, qui conclut son "récit" mental sans trop s'étendre. Après tout Apollon devait avoir conscience d'une bonne partie des choses qu'elle narrait. Elle finit par se relever, un mince sourire ourlant ses lèvres devant un Abrarxès si courtois. Presque... timide ?

"Je vous en prie, Célestia suffira amplement."

Jamais la nymphe n'exigerait tant de manières à son égard. Même parmi les serviteurs de la Tour, elle préférait parler d'égale à égal.

"Je suppose, au regard de notre situation globale, que je peux dire que je me porte bien. Mieux que la plupart en tout cas. Et je dois avouer un peu égoïstement que cela me fait plaisir de vous voir en forme suite à l'état dans lequel je vous avais trouvé."

Un instant, elle suivit son regard, se demanda si la princesse rôdait toujours près de lui pour en faire sa chasse gardée. A moins qu'une mission lui fût dévolue à lui aussi, en tant que Tuatha.

Sa gorge se serra au nom de Lykeios et elle choisit de ne pas répondre tout de suite, hochant simplement la tête au sujet du voyage. Pas du genre à s'enivrer plus que de raison, elle accepta tout de même le vin. Depuis son arrivée au bal, elle n'avait encore ni mangé ni bu, ce qu'elle rectifierait probablement une fois sa conversation avec Abrarxès terminée. Ou peut-être pendant ? Une gorgée de vin lui donna le temps de réfléchir, jusqu'à regarder son verre avec une pointe de surprise. Etait-ce une bouteille romaine ?

"A quel sujet en particulier ?"

Déjà, parlait-on du dieu-Loup ou de l’Épervier ? S'il parlait de la mort du premier, alors elle était bien au courant oui, elle le pleurait même encore, l'avait vu pour la première fois se battant lors de la chute de la Tour. Cela, le Tuatha devait le savoir en toute logique puisqu'il l'avait rencontré après-coup.
En revanche s'il s'agissait de l'autre Lykeios, celui de Reims, celui de Lyon, alors... peut-être saurait-elle finalement ce qui s'était dit là-bas ? Mais elle ne voulait pas forcer un secret. Il avait le droit à sa vie, à son jardin privé.

"Il n'est pas le plus bavard des hommes..."

En attendant sa réponse, Célestia dévisagea un instant l'Ombre du Taureau. Elle aurait voulu lui poser des tas de questions, sur ce qu'étaient les Tuathas, sur sa présence ici, sur les rumeurs de la guerre d'Italie, sur leur allégeance à Lug-Apollon, même sur les Ligures et la vision qu'elle avait eue avant de venir ici. La partageaient-ils, d'ailleurs ?
Puis son regard balaya de nouveau l'ouverture vers la salle de bal et les quelques personnes présentes dans la pièce. Le colosse avait fini par quitter les lieux, distrait sans doute. Ces oreilles-là n'avaient pas à entendre les informations qui pourraient se dire sur les Oracles, sur leurs homologues de l'ombre.

Le Taureau noir prit note du souci de sémantique. Il était vrai que les deux pouvaient être pris en compte dans cette affaire. Réfléchissant, il prit la décision de répondre le plus simplement du monde.

Celestia, je parle de celui qui fut l'hôte du fils d'Apollon. Certaines sources m'indiquent que son corps a été retrouvé dans les rues de Toulouse, quelques semaines après notre propre rencontre. Je ne sais pour quelle raison il y était encore et c'est pourquoi je vous pose la question...

Une certaine tristesse traversait son regard. Il en avait vu des guerriers mourir de façon étrange, ou, au cours de guerres violentes. Cela restait toujours un drame pour lui, c'était dans la nature humaine de pleurer les gens disparus. Il fit quelques pas en observant le décor qui l'entourait.

Le temps est une chose que l'on ne peut combattre réellement, il nous rejoint tout le temps après tout.

Il avait exprimé cela de vive voix. Comme un parfum de lassitude. Il attendait la réaction de Celestia à cette annonce. Il savait qu'elle avait eu beaucoup d'estime et de liens avec l'ancien Loup de Delphes.

Avec le retour de la Tour des Vents, les anciens guerriers s'éteignent ou embrassent la nouvelle Ere. Lykeios n'était pas de ceux là a priori, la loi d'Apollon est une mécanique que l'on ne peut combattre. C'était certainement le choix de l'ancien Loup de Delphes après tout....

Avant qu'elle ne puisse s'effondrer, il la prit entre ses bras un instant. Il lui permettait ainsi de passer son chagrin dans la solitude de ce moment, il voulait qu'elle garda sa dignité pour elle même. Ne fut ce que pour un bref instant...

"Son... Son corps... ?"

Le bal, les Saints, le Pontifex, le tournoi et tant d'autres soucis qui lui pesaient sur la conscience s'effacèrent de son esprit aussitôt, son expression devenant livide. Comme s'il l'avait brûlée, elle reposa précipitamment son verre avant de le laisser tout simplement tomber par terre. Encore une âme qu'elle pleurerait amèrement, et sans doute pendant longtemps encore.

Le soutien d'Abrarxès fut plus que bienvenu, pas tant pour l'étiquette -elle se fichait complètement d'avoir l'air ridicule, elle ne sentait pas à sa place depuis le début dans ce bal- que pour son propre équilibre. Sans réfléchir outre mesure, elle passa les bras autour de la taille de l'homme et le serra fort, avec une force qu'aucune femme de ce gabarit n'aurait dû posséder. Le front appuyé contre son torse et encadré sa longue chevelure rendait son visage invisible, tandis qu'elle étouffait le hurlement qui couvait à l'intérieur de sa poitrine. L'Ombre pourrait sentir, au travers du souffle sur son vêtement, qu'elle inspirait profondément et relâchait son air en silence, pour se calmer.

Elle se revoyait encore lui enjoindre de prendre soin de lui, à l'entrée de cette ville inconnue. Ils s'étaient assis un moment au bord de la Garonne pour boire, se débarbouiller et discuter un peu. Pendant un morceau d'éternité figé il avait été sur le point de s'ouvrir à elle, de partager un peu de son fardeau. Et puis... Amadeus surgi en toute hâte, il avait simplement tourné les talons.

Quand elle se sentit assez forte, elle releva le visage vers l'Ombre du Taureau et sourit. Pour que peut-être Lykeios s'il la voyait pût être fier de la voir continuer d'avancer, comme il le lui avait enseigné.

"J'ai... énormément de questions à vous poser, si vous le voulez bien. M'accorderiez-vous un moment, en-dehors du bal, plus tard, loin des oreilles et des yeux indiscrets ?"

Le relâchant, elle saisit un nouveau verre de vin sur la table et le leva comme pour porter un toast, avant de le vider cul sec et d'attendre que le sang revînt inonder son visage sous l'effet de l'alcool.

"En attendant... A Lykeios."

Un sourire. Il comprenait la douleur qui l'étreignait en cet instant, celle qu'il avait connu maintes fois au gré des péripéties de sa longue vie. Soufflant un instant, il fit un geste positif de sa tête à sa demande et leva un verre à la mémoire du disparu. Lui même n'avait que peu de réponses concernant cela, juste que nul ne savait ce qu'il était advenu de lui et de la raison de son trépas.

Comme vous le souhaitez, j'ai quelques recherches à faire de mon côté mais je vous contacterais des que cela sera possible.

Il posa alors son verre sur la table et tendit un morceau de pierre noire, légèrement brillant.

J'insufflerai de mon cosmos dedans quand l'on pourra se voir. Vous sentirez une chaleur en émaner et nous pourrons alors parler.

Il s'approcha d'elle et chuchota quelques mots à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.

La perle noire.

Puis, il fit une révérence avant de quitter la salle de la Mère Sombre. Ils auraient le temps de parler autant que faire se peut au bout du compte.

Citation :

Fin du RP. je te laisse le soin de conclure.

C'était un petit hommage, minuscule. Un rien du tout dans une atmosphère loin d'être adéquate pour honorer un deuil. Deux verres, pour une vie disparue, aimée, perdue. Néanmoins Célestia vit là une part de cette reconnaissance que Lykeios avait cherchée. Peut-être, à Lyon, avait-il rencontré Abrarxès pour des intentions comme celles-ci. Des gestes parfois anodins qu'on pouvait interpréter à l'envi comme des marques d'estime, des repères.

Silencieuse mais encore en état de penser à demain, la fille d'Apollon observa la pierre dont il lui faisait don, qui venait rejoindre la liste de ces artefacts étranges et pourtant attirants qu'on lui confiait de plus en plus régulièrement. Un moyen de savoir qu'il pourrait lui parler. Elle reçut la pierre, puis les mots, hochant simplement la tête. Elle saurait le "quand" en temps voulu. Elle soupçonnait le "où" dans ces trois mots glissés dans l'intimité d'une l'alcôve. Une auberge ? Une œuvre comme le tableau qui gardait l'entrée de la nouvelle Tour ? Un monument ? Un mot de passe, peut-être.

L'habitude du flou dans lequel Apollon menait les Oracles lui fit mémoriser les informations soigneusement, bien qu'elle n'y donnait pas encore sens. Abrarxès s'en était déjà allé, ce qui devait vouloir dire qu'elle possédait tous les morceaux du puzzle et les recollerait ensemble le moment venu. Comme Reims. Ne servait-il pas Lug après tout ? Un Apollon d'un temps plus ancien, se mouvant dans les ombres et les secrets. Oui, elle saurait. Elle le trouverait. Et, elle espérait, elle obtiendrait des réponses. Sa main se referma sur la pierre et elle se détourna avant de la ranger en lieu sûr.

Citation :: Merci bien <3

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