[Mi-mars 553] Que devient la glace frappé par la lumière ? [PV : Rowenna]

Il n’avait pas été si facile de retrouver les oracles. Mais avec suffisamment de contact, cela avait été possible. Un serviteur s’était présenté à la femme qui avait déjà négocié avec l'un des hommes du Nord. Le serviteur espérait avoir trouvé les bonnes personnes, du moins, s'il semblait avoir réussi à trouver celle qui répondait au nom de Rowenna, les hommes dépêchés par le Grand-prêtre n'avaient pas réussi à mettre la main sur Esmelia.

Une fois sur place, la femme aux cheveux sombre se trouverait face à une grande propriété, n’ayant rien à envié à celle des riches locaux. Entouré d’une longue grille, protégeant la propriété du petit jardin extérieur qui semblait avoir connu des jours meilleurs, comme s’il n’avait pas été entretenu pendant longtemps et qu’on s’y intéressait seulement là. La maison était grande. Un serviteur, portant une livrée noire, viendrait alors lui ouvrir. Puis, il la ménera à l’intérieur de la maison. Un grand hall alors, décoré de meuble d’excellente facture et de quelques tapisseries locales ouvrait ses bras aux oracles. Puis, le serviteur conduira l'oracle dans une grande salle, au sein de laquelle il y avait une très longue table d’un bois sombre, parfaitement vernis, sur laquelle un grand arbre était gravé. Laissant l'oracles seule, le serviteur se retira d’une révérence.

Elle n'eut pas longtemps à attendre, cinq minutes, peut-être un peu moins, avant de voir arriver trois personnes. Trois hommes virent alors se présenter à cette assemblée. Deux des trois vêtus d’armures, lourdes et visiblement peu pratique. L’un était déjà connu des invitées. Du moins de l’une d’elle. Il était le général Surt à la lourde armure de métal couvrant l’intégralité de son corps. L’autre n’avait pas la prestance militaire de son prédécesseur ni du troisième individu. Il se dégageait de lui une impression de malaise et de pourriture étrange. Les colifichets placés çà et là sur son armure, os et diverses reliques, n’en faisaient ni un homme d’art, ni un homme d’arme. Mais celui qui semblait dominer cette délégation un peu plus petit que les deux autres. Un peu sec et ô combien élégant. Une livrée noir et argenté, semblable à celle des serviteurs mais beaucoup plus sophistiqués et précieuses. Ses cheveux de cendres sur un regard perçant venaient parfaite le tableau de celui qui se présenta rapidement, après avoir pris place à la tête de la table, les deux hommes dans son dos.

« - Bien, je vous remercie d’avoir répondu à l’invitation que je vous ai adressé. Je suis le Grand-prêtre d’Asgard, voix des dieux du nord. J'ai également invité Dame Esmelia à cette rencontre, mais les serviteurs que j'ai dépêché n'ont pas été en mesure de la retrouver. Dame Rowenna, vous êtes la bienvenue ici. J’espère que sincèrement que vos affaires vont dans un meilleur sens que le laisse courir la rumeur. Je suis vraiment désolé pour ce qui est arrivé aux vôtres et à la tour. »

Faire face seule.

Rowena ne s’était pas attendue à ce genre de rencontre menée par elle seule, et surtout en étant très spécifiquement recherchée. Si elle avait pu être prévenue que le Grand Prêtre d’Asgard cherchait à la rencontrer grâce à ce que Célestia avait pu apprendre d’Esmelia, elle n’en fut pas moins un peu surprise que l’information se concrétise grâce à l’invitation donnée par un serviteur. Une confirmation et un renouvèlement qu’elle ne pouvait décemment pas se permettre de refuser. Si la jeune Peintre semblait avoir disparue depuis leur rencontre avec Python - et n’avait pas fourni la teneur de ses discussions avec les envoyés d’Asgard lors du bal - le Cygne ne rejèterais pas cette occasion de rendre peut-être un peu de lumière aux oracles. Cela dit, qu’elle soit invitée, elle particulièrement, et pas les siens présents sur place l’intriguait. Une fois encore, son nom avait visiblement traversé des frontières dont elle ignorait tout, et cela l’inquiétait un peu. Ingvarr avait fournit suffisamment de surprise à la jeune femme pour que toutes ne soient pas agréables, et elle s’y connaissait trop peu en politique et diplomatie extérieur pour ne pas appréhender quelque peu cette invitation.

Pourtant, elle se présenta comme elle l’avait promis, devant cette propriété joliment agencée et visiblement bien protégée. On vint la chercher devant pour la faire pénétrer dans les lieux. Elle faisait quelque peu pâle figure en ces lieux grands, elle qui marchait seule et sans accompagnements. Simple mais gracieuse, le Cygne avait revêtu une robe adaptée à l’hiver, couvrant ses épaules et son dos, mais d’une jolie couleur rouge et chaude. Elle garda une certaine sérénité apparente, même si son regard glissait de temps à autre sur les décorations et couloirs à la dérobée. Non elle ne nierait pas, une petite part d’elle gardait méfiance en cette zone qui n’était certainement pas celle d’un allié. Mais on l’avait invité en toute politesse, et elle répondrait de la même manière, un léger sourire calme et posé au coin des lèvres. Même lorsqu’on la fit attendre, elle demeura silencieuse, observatrice de son environnement jusqu’à ce que la porte s’ouvre de nouveau, non point sur un serviteur mais ceux qu’elle devinait être ses futurs interlocuteurs. Son regard bleu se posa sur les trois hommes, un peu intriguée de cette étalage de force, et peut-être un peu incertaine. S’il y eu une vague angoisse dans ses yeux, elle le masqua bien vite d’un sourire alors qu’elle était saluée par l’homme entre les deux guerriers. Le moins soldat des trois, mais certes pas le moins impressionnant. Elle pris à son tour place à la table en rendant avant un salut, puis s’adressa de sa voix claire et tranquille :

« C’est un honneur également de vous rencontrer Grand Prêtre, et je vous remercie également pour l’invitation. J’ai été prévenue en effet par une consoeur avant la venue de vos serviteurs. Mais je crains que dame Esmelia n’ait dû quitter la ville depuis peu, aussi je m’excuse pour elle. » Une seconde, elle a une pensée pour la jeune femme, partie sans un mot ou un bruit ce jour là, comme si elle refusait les changements qu’apportaient Python. Elle ne pouvait pas parler pour elle bien sûr, mais sa disparition demeurait d’une grande tristesse. Elle préféra ne pas en faire mention et continua, toujours aussi douce. « Merci pour votre sollicitude, vraiment. Mais comme vous le voyez, malgré les souffrances et la guerre, nous n’avons pas disparu ni abandonné. Les événements de Camelot sont une belle occasion pour nous de revenir. » Une occasion dangereuse également, car preuve que les oracles n’avaient pas complètement disparus et que leur lumière pouvait toujours revenir. Une lumière vue, peut-être par les ennemis d’Apollon. Mais doucement, sans inquiéter, les oiseaux du soleil revenaient dans la course, tentant des alliances comme pouvait peut-être l’être cette rencontre. Même si il y avait peut-être également quelque chose de plus personnel. « J’ai cru comprendre que lors du bal, Esmelia avait pu s’entretenir avec l’un de vos généraux. Hélas elle n’a pu nous tenir informé des détails de ces conversations. » Nulle question n’est formulée, mais l’une d’elle est sous-jacente, attendant peut-être de sortir de vive voix ou simplement d’être comprise tacitement : pourquoi cette invitation ? Néanmoins, le Cygne attend un peu avant d’entrer dans le vif du sujet, pas encore tout à fait pressée ni impolie pour rentrer sans détour dans le vif du sujet.

L’homme aux cheveux de cendre adressa alors un signe de la tête à dame Rowenna. Il comprenait la raison du départ d’Esmelia, bien qu’elle l’intriguait un peu. Il n’en prenait pas non plus ombrage. Après tout, l’une des deux femmes qu’il avait invitée était venue. Elle avait aussi pris le risque de venir seul et par les temps qui courent, c’est une chose qui est appréciée par la voix du Nord. Surtout quand on est la représentante d’un ordre réduite à peau de chagrin. Surtout quand on a longtemps été traqué pour avoir simplement porté les couleurs d’Apollon. Oh, la réalité de la guerre. On ne peut laisser à son ennemi le temps de se reconstruire, surtout si on cherche à complètement le détruire, mais on apprend vite à vivre différemment dans l’ombre de la traque.

« - J’espère juste que la putain de Connaught n’y est pour rien. Le seigneur Surt ici l’a vu rodé autour de votre sœur d’arme au bal. »

Il désigna alors l’un des deux guerriers présent à ses côtés, celui vêtu de l’armure la plus massive. En réponse, le général adressa un léger signe de tête à l’oracle, s’inclinant même légèrement.

« - De revenir ou de mourir. Cette ville n’est pas aussi sûre qu’aimerai le faire croire les Ligures, faites attention à vous et aux vôtres. »

Il avait donné cet avertissement avec inquiétude et sollicitude. Un air même de compassion passant brièvement sur le visage de l’homme aux cheveux de cendres et au visage impassible en apparence.

« - Pour en revenir à votre ami, mon général l’a mise en garde contre Mebd. La prêtresse des enfers. »

Et la haine, pure, dure, froide était alors tout ce qui se dessinait sur le visage de cet homme. Une colère contenue, maîtrisée, taillée comme un pic de glace qui frapperait le moment venu et qui n’avait pas peur de prendre son temps. Il se reprit alors et continua, passant sa main autour de son cou et il en sortit un collier qu’il détacha de son cou et posa sur la table, le faisant glissé vers dame Rowenna. L’un des deux hommes, celui dont se dégageait une impression de pourriture fit alors passer l’objet vers l’oracle. Devant elle, il lui adressa une petite révérence, parodiant le salut poli de Surt. Il donna également son nom : Nidhogg. Un sourire en coin se devinait sous son visage caché et un sifflement de son supérieur le ramena à l’ordre et il vient reprendre sa place derrière ce dernier.

« - Voilà l’une des raisons qui m’a conduit à vous demander de venir. Je pense que… nous devrions parler de ça avant tout chose, ne pensez-vous pas ? »

Il n’y a pas de questions au sujet du départ d’Esmelia, et c’est tant mieux. Elle n’a pas grand chose de plus à apporter, Rowena, et elle n’irait certainement pas dire que son ancienne consoeur s’en était allée sans un mot, sans un adieu. Poliment, elle resta concentrée sur la conversation, masquant sa légère inquiétude de solitude face à cette situation par un visage neutre mais doux, ce qui pouvait ressembler à un vague sourire sur les lèvres alors qu’elle observait le Grand Prêtre d’Asgard. Elle regrettait de ne rien savoir de ceux du Nord, ou très peu. Ce que Célestia avait pu en dire pour le peu qu’elle avait appris, mais rien qui n’était réellement suffisant pour se faire une idée. Des rumeurs également, mais difficile d’y porter foi. Et puis, elle ne jugeait pas aussi rapidement, sur le simple fruit des « on dit ».

La mention agressive n’échappe pas à l’oreille de Rowena. S’il est clair que le Grand Prêtre à le talent pour garder un visage sans trop peu d’expression, l’insulte est suffisante pour intriguer le Cygne, d’un très léger tic du visage. Elle ne connaissait pas ce nom, mais elle le garda en mémoire. De même que le nom de Surt ne lui est pas inconnu, rappelant une certaine discussion à l’oracle lors de son arrivée en ville. Pourtant sans rien montrer, sinon une politesse toute calme, elle retourna le léger salut de tête au seigneur qui en avait fait de même. Un instant plus tard, l’expression du Cygne est un peu plus marquée. Un froncement de sourcils à une mise en garde qui n’est certainement pas anodine. Et si elle ne pense pas être une future victime en ces lieux - elle demeurerait prudente - il y a un bref quelque chose dans le regard du Grand Prêtre qui l’interpèle. Eclaircissant sa gorge, elle reprend à sa suite :

« Hé bien, je prendrais cette mise en garde très au sérieux, je vous remercie. Croyez bien que nous ne cherchons pas à nous risquer. » Les rumeurs circulent en ville, et il n’est pas le premier à déjà lui dire une telle chose. Elle ne veut pas être inquiète, mais comme lui, pendant une seconde, le voile de ce sentiment trahit son regard, avant de reprendre plus de neutralité. « Avec les rumeurs que l’on entend en ce moment, la ville perd de beaucoup son attrait à la fête. » Maintenu par les Ligures visiblement. Il n’était sans doute pas dans l’intérêt de ceux-ci de laisser ce genre de paroles gâcher l’événement. Mais elles étaient là malgré tout, alourdissant l’ambiance de la cité. Elle voudrait demander plus, savoir si cet élan d’inquiétude dans ses traits avait une signification plus profonde, mais elle jugeait que ça n’était peut-être pas le bon moment. Ni ce pour quoi elle avait été invitée.

« Je vois. Elle se trouve donc aussi dans la cité. » Là aussi, il n’est pas difficile de noter dans le ton et l’expression de l’homme une émotion forte de haine, certes retenue, mais bien présente. La « putain » du Connaught comme il l’avait appelé. Mebd. La Prêtresse d’Hadès. Tous s’étaient retrouvés ici. Pas de quoi s’étonner que l’intérieur de Camelot commençait à en ressentir le poids. « A-t-elle tenté quelque chose contre mon amie ? » Un instant, elle interroge du regard le Grand Prêtre, puis tourne son regard vers le seigneur Surt. Peut-être que quelque chose que lui avait cette femme avait fait fuir Esmelia, expliquant sa disparition soudaine. Elle craint une seconde que ce soit le cas, avant de reprendre contenance.

Car quelque chose d’autre arrivait. Quelque chose qu’elle aurait dû prédire mais aurait préféré ne pas voir revenir immédiatement. Quand le Grand Prêtre fit glisser le petit collier hors de son cou, elle reconnu immédiatement celui-ci. La forme, le très léger cosmos qui s’en dégageait. Elle se força à ne pas fixer le cheminement du bijoux, et rendit comme plus tôt le salut au dénommé Nidhogg, d’une apparence quelque peu moins plaisante. Néanmoins, le visage de l’oracle était redevenu parfaitement calme et sérieux, tendit que l’homme reprenait la parole.

« En effet, ce serait pour le mieux. Cela dit je ne m’attendais pas à ce que la personne qu’Ingvarr renverrait vers nous serait vous même. » Un maigre sourire, un soupçon de surprise. Si le nordique s’était toujours prétendu mercenaire sans maître, du moins au début, Rowena n’était certainement pas surprise qu’il soit lié aux Ases, ne serait-ce qu’à la suite de la vision qu’Esmelia avait eu à l’époque. Mais assurément, elle n’imaginait pas que le Grand Prêtre d’Asgard serait celui venant directement lui demander le paiement. C’était quelque peu plus tendu. « Nous avions négocié à ce moment là des informations, principalement au sujet des Ligures ou des Thuatas. Est-ce toujours le cas ? Car je crains malheureusement que depuis un mois, nous n’ayons pas pu récolter beaucoup d’informations à ce sujet. Rien, je pense, que vous ne savez déjà. » Elle pourrait l’envisager, s’il demandait des informations sur autre chose, pour pouvoir payer la dette. Mais elle se garderait bien de laisser le prix augmenter, comme elle l’avait craint avec Célestia lorsqu’elles avaient négociés avec Ingvarr. Hélas, elle n’allait pas faire perdre de temps au Grand Prêtre en tournant autour du pot en prétendant avoir de maigres miettes de pain à échanger.

Un signe de tête adressé à l’Oracle en réponse à son remerciement. Dans cette ville, les mises en garde sont de rigueur surtout au vu des rumeurs que tu soulèves. En effet, et c’était à prévoir, dans ce genre de moment, les lames rodent souvent dans les ombres. Une mine contrite en réponse à la vue de la Sorcière. Sa présence n’est pas une surprise ici mais il vaut toujours mieux garder le serpent à l’oeil, plutôt que de lui laisser le temps de, perfidement, s’installer dans sa botte. Et une fois qu’on a le pied dedans, il est déjà beaucoup trop tard. Il répond ensuite à ta question simplement :

« - Je n’espère pas pour votre ami. Toujours est-il qu’elle lui a tourné autour et semblait intéressé par quelque chose. Une histoire de… pigments, de ce qu’a m’a rapporté mon général. Peut-être en savez vous plus ? »

Une forme d’inquiétude perle dans la voix du Grand-prêtre, qui semble concerner par la disparition de ton amie et à défaut, des possibles problèmes qu’elle aurait pu rencontrer ici. Après tout, il l’avait invité également et d’une façon ou d’une autre, le Nord avait un intérêt pour elle, qu’il soit, au mieux, diplomatique. Puis la conversation prend une tournure plus grave et sérieuse quand le collier scellant le pacte des Oracle avec Asgard et son représentant est alors dévoilé.

« - Il se trouve ici, à Asgard. Mais il a m’a fait remonter certaines… informations intéressantes rapport à votre rencontre. »

Un nouveau sourire sur le visage de l’homme aux cheveux de cendres quand arrive fatalement le corps de la conversation : le paiement pour les services rendus par les guerriers d’Asgard.

« - Oui, c’était l’une des tâches qui lui avait été confié mais ces informations, ici, ne sont plus nécessaires. Néanmoins, il en existe d’autres disons susceptible de payer votre dette. Peut-être pourriez-vous me parler en détail, des événements qui ont eu lieu à Reims et qui on vu le seigneur Apollon rentrer en lisse. »

Et ses yeux de faucons se plonger dans les tiens à la recherche de la vérité…

L’histoire des pigments évoque vaguement quelque chose à la mémoire de Rowena. Les mêmes qu’avait apporté Python lorsqu’ils s’étaient rencontrés dans cette ruelle… Mais ils n’en avaient pas parlé par la suite, et Esmelia non plus n’avait rien confié avant son départ. Bien des secrets semblait disparaitre avec elle… Le visage de l’oracle reste neutre la question, rien qui ne semble la marquer réellement :

« Malheureusement, je n’en ai pas entendue parler non, mais j’en informerai néanmoins les miens. » Malgré l’inquiétude qu’elle pense voir chez le Grand Prête, elle n’ajoute rien, même si les pensées suivent, craignant que jamais ils n’aient le fin mot de l’histoire à ce sujet, ou même ce que Mebd aurait pu vouloir - ou savoir - sur la question. Il est trop tard désormais pour rattraper l’ancienne Pythie, et il n’est pas nécessaire d’en faire mot. Aussi elle attend la suite, calmement assise à la table et observant son interlocuteur et ses deux gardes avec une curiosité posée.

Finalement, les bavardes que l’on pourrait dire d’usage laissent place aux raisons qui ont menées à cette rencontre. Il n’y a pas de quoi être surpris, si ce n’est de devoir faire face au Grand Prêtre d’Asgard lui même pour rendre des comptes. Elle sait qu’elle et les oracles n’ont pas grand chose à offrir, et de la même façon, elle doute que les informations qui avaient été demandé la dernière fois n’aient la moindre utilité ici. Elle comprend facilement pourquoi Ingvarr le leur avait demandé, si lui même se trouvait ici. Et qui il servait… La question était de savoir ce qu’il voudrait maintenant. Et s’il lui faudrait renégocier de nouveau quelque chose qu’on leur avait assuré inchangé. Un instant, les pensées dérivent vers le nordique qu’elle a rencontrée à Reims, va-t-il bien, après leur douloureuse discussion ? Avait-il partagé celle-ci d’ailleurs ? Etait-ce lui le maître dont il n’avait pas pu donner le nom ou l’identité ? Chose possible, qu’elle ne trahirait néanmoins pas en posant d’indiscrètes questions pour le moment.

« Je vois. » Une nouvelle information désirée donc. Quelque chose de plus tendu et risqué à partager que de simples informations sur une autre faction. Il s’agissait de détails, de secrets au sujet des oracles. Sur ce qui était réellement arrivé à Reims. La jeune femme pinça légèrement les lèvres, réfléchissant rapidement à la teneur de ses mots. Hélas, une dette pesait toujours sur leur tête. Mais l’aide d’Ingvarr, sur ce qui avait été négocié à la base, valait-il de sacrifier ces connaissances à ceux qui n’étaient pas spécialement des alliés ? Non. « Il est vrai que le regard d’Apollon nous a suivi lors de cette affaire à Reims, car l’artefact que nous portions nous avait été donné par lui, bien avant la guerre qui nous a presque décimé. Lorsque quelques uns d'entre nous avons été rassemblés après la guerre, cet objet était par chance toujours en notre possession, et nous avons décidé de mener à bien Sa volonté autrefois donnée : apporter sa bénédiction sur le jeune roi couronné des Francs. C’est ce qu’il s’est passé, et ce qui a manqué de blesser gravement votre guerrier. J’en suis toujours navrée pour ça, nous n’imaginions pas pareil réaction. »

L’homme aux cheveux de cendre de t’adresser un signe de tête et un nouveau sourire.

« - Si je peux éviter aux votres quelques soucis, ils n’ont que trop subits les foutres des autres et il serait dommage de voir les vautours se gaver de votre carcasse alors que vous n’êtes pas mort. »

Puis, la rencontre de reprendre et le coeur de cette dernière d’être révélé. Les considérations diplomatiques, après tout, sont souveraines. Et on ne saurait reculer devant rien devant la raison d’Etat. L’homme aux cheveux de cendre de poser ses yeux sur toi et de ne pas te lâcher. Pas loin des vautours dont il a parlé précédemment, en réalité. Il pèse et soupèse chacun de tes mots. Comme s’il cherchait là-dedans à trancher la vérité des mensonges, pour ne garder que l’or et non le sable.

« - Et c’est tout ? Le seul but de votre dieu était là de lier son pouvoir à la lignée royale des francs ? C’est en soit déjà considérable, mais il a pris des risques énormes, alors qu’il est enfermé par les Saints n’est ce pas ? »

Après sa question, de faire un signe de la main au guerrier de pourriture pour que ce dernier sorte. Il n’y a pas longtemps à attendre avant de voir quelqu’un d’autres revenir. Un guerrier à l’armure sombre, à la démarche effacé. Ce dernier de retirer le casque de l’armure sombre qui le recouvre le corps pour dévoiler son visage. Un visage connu, un visage presque ami. Celui d’un homme marqué par les dieux qui partage ton fardeau. Ingvarr fait alors un pas vers toi, te saluant avec respect.

« - Ingvarr, nouveau guerrier divin de Thrymr. Ravis de vous revoir, Dame Rowenna.
- Une promotion bien méritée, Ingvarr. »

Elle n’est pas certaine, Rowena, de la façon dont elle doit percevoir cette remarque du Grand Prêtre. Quelque chose dans sa sollicitude, son intérêt pour l’état des oracles la perturbait. Ils n’avaient encore ni parlé d’alliance à venir, et elle ne se souvenait pas spécialement d’alliance passée avec eux, alors pourquoi une telle bienveillance supposée ? Malgré son propre cœur tendre, elle n’était pas naïve à croire que tous ces beaux sentiments soient purement et simplement sincère, et que le jeu dans lequel elle était entrée bien malgré elle était rarement sans arrières pensées. Même si elle devait bien entendu reconnaitre que jusqu’ici, le chef d’Asgard ne lui avait donné aucune raison de se méfier. Il avait été au contraire plein de sympathie et d’écoute, et pas tant avare en parole, en ce qui concernait Esmelia tout du moins. Elle s’en voulait un peu de penser aussi sombrement face à des mots qui auraient pu être honnête, mais pour les siens, elle ne pouvait pas simplement se laisser y croire. Pas encore en tout cas. Néanmoins, elle adressa un signe de tête également accompagné d’un sourire en retour, signifiant qu’elle entendait et était touchée de ce… soutien ?

Et finalement, le gros de leur rencontre, ce pour quoi elle était surtout venue finalement : rendre compte de leur dette. Elle mesurait ses mots, prudente et attentive, espérant ne pas laisser passer quelque chose qu’elle n’avait pas à partager. Elle essaya d’être la moins évasive, sans pour autant tout donner, mais en laissant suffisamment de choses pour payer ce qui devait l’être. Les détails de leur venue, les raisons en tout cas apparentes suffisait. En retour, bien des questions qui demandent certainement une affirmation de sa part. Elle réfléchit une seconde à comment apporter sa réponse.

« D’une certaine façon il est en effet porté disparu, mais comme vous l’avez vu, son influence n’est pas totalement éteinte. Il y a fort à parier qu’entre tous les risques pris, notre Seigneur avait prévu ces choses. » Il est après tout le père des Oracles, celui qui voit les brides de l’avenir. Et que cette fiole soit restée en leur possession, jusqu’à faire renaître une nouvelle Tour des Vents, alors elle ne pouvait croire que tout ça était le fruit du hasard. « Quant à votre autre question, oui, c’était en effet le but de cette mission. » Tout du moins le but premier, celui pour lequel ils s’étaient dirigés à quatre vers Reims.

Après un temps de silence, suivant le geste de la main que le Grand Prêtre d’Asgard esquisse, Rowena s’interroge sur la signification de ceci. Le regard un instant tourné vers cette porte et le guerrier qui est sorti, elle ne fait néanmoins pas l’impolitesse de quitter trop longtemps son interlocuteur des yeux. Patiente, elle hausse cependant un sourcil en voyant une troisième personne se joindre à cette discussion. Bardé d’une armure noire, elle ne sait pas trop à quoi s’attendre jusqu’à ce qu’il retire le casque qui masquait jusqu’ici son visage. Un visage que la jeune femme reconnaît, et fait lever un nouveau sourire sur ses lèvres. Il la salue, et elle le lui rend tout autant gracieusement, comprenant sans mal que ses récents actes – peut-être pas seulement ceux de Reims – l’avaient fait monter en grade. Bien pour lui, surement.

« Ingvarr, c’est un plaisir de vous revoir également. Mes félicitations pour votre nouveau statut. » Elle masque une question plus personnelle de s’enquérir de son état immédiat, mais s’il est en ville, alors ils auraient peut-être l’occasion de se revoir et parler. Elle demeurait toujours incertaine quant à ce qu’elle pouvait faire pour l’aider, mais peut-être que la suite de la discussion actuelle ferait changer les choses.

Plus sérieuse, elle se retourna vers le Grand Prêtre, consciente que ce qu’elle avait révélé pouvait changer la donne sur la dette contractée, mais elle espérait qu’il serait honnête de l’arrangement passé en premier lieu avec Ingvarr.

« Vous savez désormais ce que nous avons fait à Reims, les conséquences impliquées et le fait que l’influence de notre dieu n’est pas totalement éteinte. Est-ce que ces informations suffisent à régler notre dette ? » Elle demande avec politesse, une certaine mesure sur le visage, mais prête à également argumenter s’il le fallait pour défendre les intérêts des siens.

La voix du nord écoute tes mots avec attention, en pèse le poids et la signification. Après tout, percer les mystères des plans d’un dieu capable de voir dans le temps, n’est ce pas s’offrir le luxe d’un temps d’avance dans la course qui les opposent tous ? Il semble réfléchir, mais prenant un peu de recul, laissant finalement son homme de main prendre les devants, après tout, c’est avec lui que tu as déjà négocié non ? Ce dernier de te demander alors :

« - J’espère que les choses vont bien pour vous Dame Rowena… Peut-être... »

Mais son supérieur de le couper d’un geste de la main. Ce dernier se figeant dans l’instant. Ravalant sa salive. Le Grand-prêtre alors de reprendre :

« - Je ne sais pas si ces informations valent ce par quoi mon brave Ingvarr est passé. Après tout, il a manqué de peu d’être tué par votre divinité. Et Apollon aurait dû savoir qu’il appartenait déjà à quelqu’un d’autre. »

Le son de sa voix est légèrement cassant. Il ne porte pas la divinité en haute estimé. Après tout, nombreux sont ceux du grand nord à considérer les Grecques différents. Loin d’être les maîtres du monde qu’ils s’imaginent tous être.

« - Alors je sais pas si votre dette est payée. Je pense moi, qu’elle ne l’est pas encore. Après tout, vous n’en savez pas tant que ça... »

Un soupir de quitter ses lèvres et ce dernier de reprendre, une mine compatissante sur le visage. Les traits de celui qui voit la situation dans laquelle tu es et sais, au final, que tu n'es là que pour payer les pots cassés des autres.

« - Je suis désolé pour vous. Votre dieu ne vous accorde pas l’importance que vous méritez. Il se sert de vous, ne vous dit rien, vous ment. Il est triste que vous soyez tombé sur un maître si… cruel.

- Il peut t’aider, Rowenna. Le Grand-prêtre a l’oreille des dieux ! Ils pourront t’aider... »

Peut-être ? Les mots d’Ingvarr ne vont pas plus loin, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que ce dernier, coupé par le Grand Prêtre, avait quelque chose de plus à dire et qu’il en est empêché. Si le Cygne n’en rajoute pas, elle n’est pas moins curieuse et un peu préoccupée de cette scène qui se déroule si rapidement sous ses yeux. Peut-être n’était-ce pas la place du nouveau guerrier de prendre la parole, mais pourtant il l’avait fait sans être immédiatement interrompu. Le fait est que le Grand Prêtre revenait rapidement sur ce qui était décidé, énonçant l’insuffisance de ce que les oracles avaient apportés. Pas qu’elle s’en étonnait cela dit, mais des parts du plan des oracles venaient malgré tout d’être confiés un parti qui n’était pas leur allié réellement. Il s’agissait d’une dette bien lourde à porter qui n’était, de toute évidence pas réglée. Et le Cygne percevait sans mal la dureté du ton que venait de prendre le seigneur Asgardien pour énoncer les faits. Si Rowena garda elle même son sang froid, elle n’était pas certaine d’apprécier ce retournement. Une fois encore, c’est un moyen de leur laisser une corde autour du cou. C’est un jeu qu’elle comprend, mais qu’elle ne goûte guère avec plaisir. Et sans l’aval de l’Augure - d’ailleurs trop récent à son poste - difficile de prendre de vraie position.

Assurément, elle ne s’attend pas aux dernières paroles qui lui semblent, tout à coup, un peu étrange. Un quelque chose de très personnel qui fait lever la surprise dans le regard de la jeune femme. Un soupçon de méfiance également, mais c’est étouffé par l’inattendu. Des mots qui tendent à la compassion, quand elle est sûre de ne pas le voir réellement chez son interlocuteur. Et Ingvarr, qu’elle sait plus compatissant lui, d’en rajouter un peu, tend à la déstabiliser l’espace d’une seconde. Car là, il n’est plus simplement question des Oracles seuls, semble-t-il. Soit, elle l’entend, mais en reprenant contenance, elle s’astreint à répondre d’abord pour les siens.

« Je comprend que ce que je vous ai dit peut sembler insuffisant. Pourtant, données à d’autres, ces informations pourraient coûter très chers aux oracles. Ils s’agit après tout des plans de notre dieu, et de ses mouvements malgré ses chaines. Par ailleurs, quelques informations ont également été données à Ingvarr lors de notre première rencontre. Certes bien peu de choses, mais notre ordre n’a hélas pas grand chose de plus en l’état. » Une seconde, son regard se détourne sur le guerrier à l’armure noire, Ingvarr, qui effectivement a manqué de mourir lors de cette affaire. Une chose qu’elle déplore. « Comme je l’ai dis, mes compagnons et moi ignorions les effets et risques que pouvait encourir Ingvarr lors de cette affaire, sans quoi nous lui en aurions fait part. » Un instant, un regret sincère dans le regard du Cygne avant de se raffermir. « Néanmoins, il nous a été promis que le prix de ce service ne serait pas plus augmenté que ce qui a été décidé la dernière fois. » Une promesse qu’elle espère voir remplie, et non pas détournée. Des informations ont été promises sur des questions inconnues, et par deux fois, les oracles avaient tentés d’y répondre avec - elle le reconnaissait - peu de réponses. Mais il était hors de questions que les prix changent. Ou augmentent plus encore.

« Quant au reste, je crois… qu’au vu de la situation, le seigneur Apollon n’est pas en capacité de nous communiquer exactement ce qui doit-être. » Une réponse qui semble excuser. Une réponse pourtant sans grande assurance, pour qui saurait le lire dans la voix de l’oracle. Elle ne répond pas à la cruauté évoquée, aux mensonges supposés et à la manipulation mis en place, mais il y a au fond d’elle, une petite voix qui susurre qu’elle sait bien jusqu’où a pu aller la punition d’un dieu. Un fait qu’il serait malvenu de reconnaitre en cet instant, et qu’elle même nie pour son propre bien. Enfin, le regard se tourne à nouveau vers Ingvarr, dernier des deux Asgardiens a avoir parlé. Sur son visage, un léger sourire qui n’accompagne cela dit pas son regard « Je suis désolée, je… je crains n'avoir pas encore pris le temps concernant ma décision... »Il le sait, c'est difficile. Trop. Trop difficile d’y penser encore pour l’instant, à cette proposition qu’il avait faite et à laquelle elle lui avait demandé du temps.

Un soupir de quitter les lèvres du Grand-prêtre, mélange de triste considération et de dépit. La diplomatie, c’est l’art de gagner du temps et de dire le contraire de ce que l’on pense et l’interlocutrice qu’il avait face à lui sembler avoir quelques talents dans ce domaine. Cela lui changeait un peu des rustres avec qui il avait discuté dernièrement, qu’ils soient Grecques et Slaves. Un air grave ensuite de se dessiner sur le visage de l’homme aux cheveux de cendres.

« - Je comprends parfaitement votre positions, dame Rowena et vous remplissez votre rôle avec talent. Mais vous devez comprendre la mienne. Je dois à mes hommes la considération de leurs œuvres et de leurs sacrifices. L’accord que nous avions est toujours présent, ce que vous nous devez ne sera pas augmenté mais pour autant… la dette n’est pas payée. »

Ingvarr d’adressé alors un signe de tête encourageant à la jeune femme, cherchant à accrocher son regard pour lui montrer qu’il était là son allié et pas son ennemi. Les jeux de la politique demandent parfois le fer, mais savent aussi se parer de velours.

« - Pour autant, il n’est pas sain de la laisser courir et surtout, que les termes soient si en notre faveur que ça. Alors… des informations sur les mouvements des vôtres en Francie. Voilà qui saurait être un bon moyen de régler votre dette. Évidemment, vous pourrez la payer plus tard. Quand vous en saurez plus, si les termes de notre accord nouveau vous convient ? »

Pour le reste et bien, c’était entre les mains de l’envoyée des Oracles de décider… Le guerrier divin resta toujours immobile, mais il s’efforçait comme il pouvait d’encourager la jeune femme à accepter. Tout comme il l’avait invité à accepter l’aide de son supérieur pour régler ces quelques soucis plus… personnels.

« - Bien sûr, pour vous rassurer encore, c’est à ce cher Ingvarr qu’il appartiendrait de collecter votre dette. »