Elle passa une main sur son brassard droit hérissé d’écailles bleues et solides de son armure. Combien de fois avait-elle entendu que l’obtention d’une armure était la consécration des apprentis? Bien trop de fois, c’était sur! aussi bien de la part de ses collègues que de son maître Talaus, d’ailleurs ce dernier était fière d’elle. Mais pour la jeune femme, l’armure ne comptait pas, elle avait remplit son objectif de prouver ce qu’elle valait, c’était le principal, l’armure n’était qu’un bonus de bronze.
Elle leva les yeux vers le ciel bleu et sans nuages pour l’obscurcir, le temps était doux, printanier, parfait pour prendre un moment de méditation et contemplation, ce qu’elle fit.
Retirant son casque, elle le déposa à côté d’elle avant de croiser les jambes et de fermer les yeux. Comme lui avait enseigné son maître, elle se concentra sur sa respiration, aspirant l’air par le nez avant de lentement l’expulser par la bouche, son esprit se vida doucement de toutes les pensées parasites qui le peuplaient, ses nouvelles obligations, ses questionnements, ses doutes. Très vite ses oreilles perçurent le chant des oiseaux, le vent se faufilant dans l’herbe et les bâtiments alentour. Son corps se relâcha, elle sentit le poids de ses mains sur ses genoux, ses pieds comprimés entre le sol et ses cuisses.
Et alors qu’elle regardait ses pensées s’envoler, les bruits d’une démarche ce firent entendre sur le sol en pierre, démarche qu’elle reconnut de suite.
“ Maître … Vous savez que c’est impoli de déranger pendant une méditation … “
Un rire grave s’échappa de la gorge de Talaus qui s’assit au côté de son apprentie avant de prendre le casque et de l’observer.
“ Mes excuses Zirah, je suis venue t’annoncer que Silas le chevalier des Gémeaux t’attendait dans son temple.”
La jeune femme ouvrit les yeux pour les poser sur le vieil homme.
“ Que pourrait-il bien me vouloir ? … Vous me cachez quelque chose, maître."
Elle connaissait maintenant assez bien l’homme pour remarquer ce genre de choses. Elle étendit ses jambes pour prendre une pose assise.
“ Je ne te cache rien, juste qu’il est temps pour toi d’avoir un nouveau maître. Un maître qui saura t’aider dans tes nouvelles obligations et soucis au niveau de ton cosmos. J’ai fais ma part du travail et je suis fier de toi, Zirah.”
Il déposa le casque sur la tête de la jeune femme avant de ce lever et de rabattre sa capuche, masquant un peu ses yeux. Zirah était quelque peu perdue, elle n’aurait plus Talaus comme maître mais un inconnu qui ne savait rien d’elle. Toute la confiance qu’elle avait mise en place avec le vieillard, elle allait devoir tout refaire avec le chevalier du Gémeau. Elle serra les poings de frustration, remerciant son casque de cacher ses yeux emplit de colère.
“ Je n’ai pas envie d’avoir un autre maître … Il ne me connais pas."
“ Justement, cela sera bien plus instructif pour toi et lui. Il saura pointer les faiblesses et qualités que je n’ai peut-être pas su voir en toi. S’il te plait, ne le juge pas trop vite, donne lui une chance.
Talaus sourit a la jeune femme avant de tourner le dos et de partir, la laissant de nouveau seule. La chevalier dragon laissa échapper un grognement, tapant dans une petite pierre non loin d’elle pour laisser sortir un peu de sa fureur. Elle irait voir le chevalier d’or car elle n’avait pas d’autre choix, mais il était clairement hors de question qu’elle reste sans rien dire devant ce choix, personne ne lui avait demandé son avis.
C’est donc d’un pas rapide et clairement énervé qu’elle prit la direction de la maison des Gémeaux. L’architecture la fit ralentir un minimum, elle n’avait pas encore eu la chance de voir d’aussi près ces bâtiments. Les pierres blanches étaient scintillantes, les colonnes finement sculptées, tout respirait la beauté.
Et il était là, assis sur la fontaine centrale, son armure dorée brillante de mille feux et reflétant les ondulations de l’eau, créant une ambiance mystique. Zirah sentit malgré elle, une pointe de respect pour cet homme au regard aussi azuré que le sien. Le chevalier l’invita à avancer ce qu’elle fit lentement, ses yeux ne le quittant pas d’une seconde. Comment était-il? Qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire? Elle posa un genoux au sol a contre cœur, il restait son supérieur et Talaus lui avait assez frappé le crâne pour qu’elle apprenne les bases de la bienséance et de sa place dans la hiérarchie.