Ils ont oubliés.
Ils ont oubliés qui il était. Et pour cause, lui même a oublié.
Dans les méandres de son corps, dans les vicissitudes de son âme et dans jusque dans le fond de ses pensées chaotiques,
ça le ronge.
ça le grignote,
ça prend du terrain,
ça dévore son essence,
ça hante son esprit.
Et pourtant,
Entre ses pulsions et ressentiments.
Entre ses souvenirs et visions.
Entre les caprices de son cœur rageur.
Entre tout ça, il se rappelle.
Qui il est. Qui il a été, qui il est supposé être, qui il pourrait être. Il se rappelle de sa jeunesse dorée, des promesses à un futur grandiose. Il se rappelle des mensonges, des trahisons, de l'abandon. Quelque part en fond, il se rappelle aussi des conquêtes, des victoires et des joies. Mais ceux-là sont si loin, quand la tourmente est si proche...
Souvent, il ne se rappelle pas. Mais à cet instant précis, il se rappelle.
Alors le Dédale répond à ses souvenirs.
Là, autour du Pontifex, les murs aux fresques s'animent. La roche figée se prend de vie, le silence du long couloir est brisé par les marques de la guerre : bruits de lames entrechoquées, hurlements enragés, sang coulé, os brisés, tambours frappé. Or, Zvezdan n'est pas l'origine de cet artifice. cause, ça n'est pas un artifice. C'est comme si les fresques aux murs étaient autant de fenêtres vers une guerre, un combat, un massacre.
Le Vandale a le sentiment qu'il pourrait passer le mur et rejoindre les guerriers pour croiser le faire, s'il le voulait.
-
Il est donc revenu.La confusion intriguée du Pontifex s'interrompt, dissipée par une voix puissante, venue de son dos.
Il se retourne, et fait face à un torse. C'est seulement en levant le visage qu'il pourra confirmer ce que son instinct lui avait déjà murmuré : Le Dieu est grand, sombre, imposant. Une menace de chaque instant émane de lui, un quelque chose de sauvage que rien ne pourrait dissimuler, pas même le visage neutre du Patron des guerriers.
Arès tombe ses yeux couleur sang sur sa Voix.
-
Continue de préparer l'attaque, Zvezdan. Défais les chaînes que ma pute de sœur a resserré autour de notre cou, je vais m'occuper de celles que ma pute de frère essaie de nous mettre.Le Dieu toise son Représentant, comme pour le jauger. Il semble lire quelque chose sur son visage. Les traits d'Arès se tirent en un sourire patibulaire, et sa voix s'élève de nouveau.
Est-ce que tu doutes de moi, petit homme?Il pose une main sur l'épaule du Vandale, dans un geste à la fois paternel et menaçant.
Le mortel est pris par la peur, mais il trouve la force de le masquer, puis le canaliser.
-
... Non. Pas maintenant. Tu as l'air...-
Sobre?Le sourire aux lèvres du divin s'élargit généreusement.
Un plus faible sourire naît sur celles du mortel, mi-jaune mi-amusé.
-
Moi et Hermès avons de vieilles affaires à discuter. Toi, prépare la guerre des mortels.-
Il sera fait selon ta volonté, Arès.Le Représentant s'incline, s'écarte du chemin. L'Olympien s'avance, et une fois qu'il est parti, les murs reviennent de pierre. De nouveau, le silence.
***
Dans le Coeur de Guerre, le Dieu du commerce s'est avancé, un regard curieux sur son environnement, comme s'il admirait le changement de décor depuis sa dernière visite. Au milieu du grand plateau qui domine la salle, il attend, entouré de quelques gardes du Dédale.
Les éclairs de puissance alentours s'excitent, les écritures sur les piliers s'animent d'une lueur rougeâtre. Plus haut, le gigantesque visage démoniaque incrusté dans le mur baisse ses yeux vers l'Olympien étranger...
Puis, le bruit de pas qui s'approchent, dans le dos d'Hermès.
-
Eh bien eh bien, j'ai bien cru que j'allais attendre éternellement ! Salutations, Pontif-La phrase meurt dans sa gorge, quand le Dieu du commerce se retourne. Sur ses traits, une surprise.
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Salut à toi, mon frère. Ça faisait longtemps. Du haut de leur différence de taille, Arès baisse le regard vers son homologue. Sur ses traits, un sourire qui ne dit rien de bon. Un ample geste de la main, et les gardes autour du duo tombent dans l'inconscience.
Parlons seul à seul, un moment.