[Début avril 553] Le jeu des vipères consiste à ne pas perdre leur langue [Deirdre - Mission profane]

Démêler le vrai du faux et appliquer la Justice d’Arès. Telle était la mission que s’était vu confier la Baba Yaga. Une mission qui demandait de la discrétion, l’un des points forts de Velizara ces derniers mois. Une bonne occasion pour lui également de sortir des murs capricieux du Dédale, et calmer encore et toujours ce besoin lancinant qui le dévorait de l’intérieur, mais qu’il était parvenu à calmer de mieux en mieux. L’appel résonnait toujours en lui lorsqu’il devait s’éloigner un peu trop de la chair du Dédale qui l’avait vu renaître, mais il n’était plus douloureux au point de continuellement tourner ses pensées vers ce manque en lui. Ses pensées restaient claires, ce qui pour cette mission serait nécessaire.

Le village au cœur des forêt entourant la Citadelle n’avait rien d’exceptionnel. En fait, il ressemblait à tant d’autres dans les environs, si ce n’était qu’un traitre potentiel, un futur chien des Saints, se cachait en ces lieux. Le Seigneur lui-même, comme le voulait les rapports de l’espion du Pontifex, mais sans preuves réelles de ce qui était avancé. Trouver ces preuves, tel était sa tâche. Mais là où il se serait certainement attelé à celle-ci rapidement, il avait observé son environnement, et fini par sentir quelque chose qu’il ne s’attendait pas forcément à croiser. Un Eveillé, dans le village. Une énergie qu’il n’avait encore jamais rencontrée, et qui l’intrigua avant toute chose. Est-ce qu’un espion des Saints aurait pris un tel risque, jusqu’à se mêler à la foule d’un village comme celui-ci ? Etrange. Mais c’est vers quoi la Baba Yaga se dirigea. Sous le couvert de sa cape, discret comme à son habitude, il chemina jusqu’à cette source de cosmos qui semblait aussi vouloir se faire discrète. Lui, il avait complètement bridé toute énergie émanant de sa part, au cas où l’autre ne l’aurait pas encore repéré et maintenir un effet de surprise. Etonnant, la piste le mena simplement vers la place du village, où Velizara repéra une silhouette à la chevelure rousse. Une femme. Et s’il n’était pas juge des apparences, il notait quand même qu’elle avait plus le profil d’une guerrière d’Arès que d’une servante d’Athéna. S’approchant derrière elle, pas encore menaçant mais la main prête à saisir une dague et l’enfoncer dans le dos, il l’interpela. Une voix calme, froide et aux accents féminins auxquels il ne s’habituait pas encore tout à fait résonna pour la jeune femme rousse :

« J’ignorais que quelqu’un d’autre serait ici. Qui es-tu ? »

Il n’était pas aisé de lire dans le cosmos à qui appartenait un guerrier. Mais plus il observait un peu, plus il penchait pour une Berserker. Elle était sur la même mission que lui alors ? Bien sûr, l’idée n’était pas de se faire opposition sur une affaire où ils devraient travailler en groupe, mais Velizara n’était pas non plus le meilleur pour coopérer. De manière générale, il manquait de conversation, et même lorsqu’il revoyait certains souvenirs de Thivan qui remontaient en lui, ce dernier n’avait jamais été très doué pour les missions groupées. Mais qu’importe désormais, il ne dirigeait plus rien vraiment, et obéir pour le moment, continuer à faire profil bas lui convenait. Il œuvrait après tout pour cet appel qui vibrait en lui depuis de nombreuses années maintenant. Il n’avait jamais eu à trop se poser de questions de ce côté. Tel était sa place, sans doute.

Un couteau de table ? Ranger sa lame ? Oh elle n’était pas encore découverte, et en vérité il n’aurait même pas eu besoin de celle-ci pour tuer, mais soit, il baissa lentement la main non loin de la garde. S’il avait besoin de l’utiliser, la vitesse du chasseur serait certainement supérieur. Mais la réaction de la femme à la chevelure de feu indiquait au moins une chose, elle savait observer, et - à mots cachés pour les dormeurs - révélé son appartenance. Pas vraiment une surprise. Pas vraiment une déception non plus. Il l’observa sous le couvert de sa cape, deux yeux bleus de glace. Il nota le nom de la jeune guerrière, avant de s’accrocher aux usages et rendre le sien :

« Je suis Velizara. »

Toujours cette voix aux accents légèrement féminins. Difficile de s’y habituer, même s’il n’en montrait rien. Au lieu de ça, il scrutait la Berserker, puis après une petite poignée de secondes où il laissa son regard dériver vers les gens alentours, ces Dormeurs ignorant tout d’eux, tout en étant bien proche des horreurs du Dédale, il acquiesça.

« Ca me va. »

Quelques mots comme toujours, il n’avait jamais été le plus expansif en parole, ni le plus doué pour socialiser. Il avait pourtant bien changé depuis qu’il n’était plus réellement Thivan, capable de tenir un peu plus de conversation, ou d’entretenir des contacts avec ses homologues du Dédale. Il n’était plus entièrement la bête ne jugeant qu’à l’instinct, assoiffé de chaos et de sang malgré la trou béant qui hantait son âme et son corps. Il n’était pas encore habitué à tout ça, surtout après avoir vécu presque un an en solitaire suite à sa renaissance, mais il changeait. Petit à petit. Thivan n’aurait pas fait grand cas d’un autre Berserker dans les environs. Velizara s’interrogeait un peu plus. Quoique ça veuille dire.

Suivant la jeune femme à l’écart, restant malgré tout sur ses gardes en sachant pertinemment comment peuvent parfois agir les loups d’Arès, il attendit qu’elle trouve un endroit qui lui convenait à elle pour entamer la discussion. Puis lorsqu’ils furent à peu près seuls, il demanda :

« Alors, quelle est ton armée, servante du Père des Batailles ? » Il était sûr de ne jamais l’avoir vu dans la légion des Ossements, mais il n’était pas en mesure de dire à quelle autre légion elle appartenait. Pas que ça les rendrait spécialement opposé sur cette mission, supposait-il. « C’est le potentiel traitre qui gouverne ce coin qui t’a mené ici ? Je viens d’arriver pour ça il y a à peine quelques heures. » Et encore, sans doute moins longtemps que ça, tant l’aura de cosmos de Deirdre avait pu être captée par ses sens. Mais peut-être avait-elle pu apprendre des choses en plus, si elle était arrivée avant lui.

Kostas ?

Ce nom se rappela à la mémoire de Thivan, chassant un instant la curiosité du regard glacé de Velizara pour quelque chose de plus sombre, quelque chose qui remonte des tréfonds de son âme. Ses âmes, même. Des échos de vies, mélangées en un pour ne former qu’une essence à la fois complète et incomplète. Kostas… Un fragment de souvenir, une autre existence. Quelque chose qui ne devrait pas avoir tant d’intérêt, mais qui prouve au moins une chose, la Baba Yaga n’est assurément pas le seul à être ressorti des entrailles du Dédale pour connaître une nouvelle renaissance. Qui sait si le changement avait été aussi manifeste chez cet ancien Berserker comme lui revenu à la vie ? Puis finalement, il passe outre pour revenir à la guerrière rousse qui l’observe dans l’attente d’une réponse, ou peut-être même une explication. Il n’en a pas et hausse alors les épaules comme prélude à ses mots.

« On ne m’a pas dit non plus. Peut-être juste un manque de communication. Ça te dérange que je sois -là ? » Si lui s’en fiche, ce n’est peut-être pas le même point de vue chez la dénommée Deirdre. Il s’en accommoderait, car au fond, peu importe la réponse si l’ordre a été donné. Il pourrait juste y avoir, à terme, conflit d’intérêt. Mais rien ne se démarque à cette question, sur le visage illisible du Berserker. Sauf, enfin, ce très léger haussement de sourcils à quelques mots qu’il entend et retient. « Kostas, c’est ton Cardinal ? » Cela l’intrigue de savoir que cet ancien qui ne l’a pas tant marqué autrefois avait gagné la faveur de la Famine. Puis il reprend. « Je suis le Centurion de la Baba Yaga, j’appartiens à l’armée de la Pestilence. » A jamais, sans doute, il serait lié à cette armée et cette cuirasse encore aujourd’hui gravée dans sa chair. « Oui, on m’a fait également le point sur cette mission. Pour l’instant je n’ai pas perçu d’autre cosmos que le tient dans ce coin, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a personne, ni que le seigneur ici n’est pas un traitre. » Cela voulait soit dire qu’il n’y avait pas d’espion à la solde de la Sagesse en ville, ou que celui-ci se cachait fort bien.

Silencieusement, il écoute ce qu’elle a à dire, son avancement sur cette mission puisqu’elle est là depuis quelques jours déjà. Il hoche vaguement la tête, puis à sa suite reprend, un ton calme et monocorde.

« J’avais plus ou moins dans la même idée. Peut-être m’infiltrer à terme chez lui pour essayer de trouver des preuves compromettantes. Je pensais également à l’entourage, plus à l’espionner de loin que réellement aller à leur rencontre. » Il sait qu’il n’est pas le mieux placé pour la conversation, mais l’observation depuis les ombres, tel un chasseur est assurément son domaine. Tel un poison ou une maladie qui guette pour frapper. « Tu as réussi à obtenir quelque chose pour le moment, ou rien ? » Pas de reproches ni jugements, juste une question pour faire état de la situation. Peut-être aussi, au fond, une façon d’échanger un peu plus.

« Tu as raison. »

Ça devait sembler évident, en effet, qu’il n’était pas le plus à l’aise avec une partenaire sur une mission. La solitude convenait mieux au chasseur, mais il s’adapterait. Pas comme s’ils avaient le choix, et il était sans doute le moins belliqueux des deux vis-à-vis d’une coopération. Les jours à venir montreraient les fruits de leurs efforts.

En attendant, ils doivent combiner compétences et idées pour parvenir à récolter des indices puis des preuves de la culpabilité du seigneur de la région, et sa traitrise envers les Berserkers. S’il cherche à renforcer sa garde autour de lui sans raisons apparentes, c’est déjà une chose étrange aux yeux du Centurion. Craint-il quelque chose à venir ? Se reproche-t-il quelque chose qui pourrait lui apporter des ennuis ? Des changements en tout cas qui méritent qu’on se penche sur le sujet. Même si s’engager et se mettre à découvert n’emballe pas particulièrement Velizara, il sait que c’est peut-être le moyen le plus rapide pour pénétrer l’entourage du seigneur et accéder à son domaine. Pas que ça serait impossible autrement, mais s’ils doivent rester discret, c’est peut-être pour le mieux. Et ça permettrait de poser des questions.

« Je ne sais pas si s’infiltrer tous les deux au même poste nous servirait. Tu as plus de chance de te faire recruter si tu as déjà commencé à les soudoyer et te faire remarquer comme ça, donc tu devrais continuer sur cette lancée. Et si jamais il y a d’autres candidats… rien n’empêche de s’en débarrasser temporairement. » Ou pas. Mais les empoisonner, ou les rendre malade, c’était une chose qu’il pouvait faire aisément, si cela peut aider sa partenaire du moment. « De mon côté, je vais rester à l’extérieur de ces recrutements, et poser des questions sur le seigneur, sa famille, son entourage au village. Qui sait, j’obtiendrais des choses sur ses allers et venues, sur des visites qu’il a pu avoir et qui ont attiré le regard sur lui. Des choses que je pourrais te partager toi qui sera au plus proche. Et si jamais ça attire le regard sur moi, ça te laisse une ouverture pour mieux fouiller de ton côté. S’il s’attend à avoir des problèmes, il ne s’attend sans doute pas à ce qu’on soit deux. »

En tout cas, ce seigneur s’attend sans doute à du changement. Et cela finirait tôt ou tard par arriver, si les rumeurs se faisaient vérité. Observant la guerrière rousse, il attend son avis avant de se mettre en mouvement et entamer cette mission, qui serait peut-être plus longue que prévue.

« Ça me convient. »

Se retrouver plus tard, chaque jour, et faire le point sur l’avancement de ce qu’ils auront pu trouver à terme. Cela semble un bon plan, une façon de collaborer tout en jouant sur deux fronts un peu différents, et le moment venu se rejoindre pour le coup de grâce. Quelque chose se tramait sans doute ici, les rumeurs viennent rarement de nulle part. S’éloignant, la Baba Yaga retourne vers le village, attirant peu les regards sur lui, mais attentif à tout ce qui peut sortir de l’ordinaire.

Rapidement, il repère le soir même un endroit où loger : une auberge du village, qui semble attirer assez de monde dans la soirée. La chambre prise, il reste dans un coin de la salle principale, une table isolée qui permet de regarder ces habitants bien bavards et bruyants. Tout ce brouhaha ne lui plaît guère, faisant grimper en lui une certaine anxiété qui ose lui rappeler l’appel du Dédale qui pulse dans ses veines. Il l’aurait presque oublié, concentré sur sa mission, mais l’environnement surpeuplé comme ici n’est pas dans ses habitudes qu’il est quelque peu déphasé. Au moins, personne ne vient le voir ni le remarquer, et il demeure dans l’ombre alors que dehors la nuit s’en vient. Les oreilles trainent, ici et là, quelques commentaires de gardes avinés. Les railleries de serviteurs de la maison du maître de la région. Des commentaires de marchands de passage…

Puis quand la nuit s’avance mais que les lieux se vident à peine, il se lève enfin pour aller poser quelques questions à l’aubergiste. Son fils du moins. Le gamin est un peu impressionné par la froideur de la Baba Yaga, mais ne manque pas de conversation. Il a entendu dire qu’il y a quelques semaines, du passage avait eu lieu. Des gens qui ne sont pas d’ici et sont allés directement voir le seigneur, et repartir rapidement. Riches, à ce qu’il semblait, mais le gamin n’était pas vraiment capable de dire qui ils étaient, ni d’où ils venaient. Seulement que ça avait marqué ceux qui les avaient vu venir et repartir, très tôt dans une matinée. Du reste, il ne tire pas grand-chose de plus sur la nuit.

Et le lendemain c’est la même rengaine, à observer et discuter avec les habitants qui peuvent savoir des choses. Ici et là, il entend des choses intéressantes. D’autres moins. Pas de preuves directes d’une implication auprès des Saints et de l’empire. Mais si c’était si simple, il n’y aurait sans doute pas d’enquête à faire. Et le soir venu, il a quelques petites choses à apporter au Djinn, qui a peut-être quelque chose également à lui révéler. Premier à arriver sur leur lieu de rendez-vous, la Baba Yaga patiente en silence, assis à même le sol contre un arbre, non sans demeurer aux aguets. C’est aisément qu’il repère la guerrière rousse, même dans les ombres de la nuit. Elle ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet, ce qui n’est pas pour le déranger. D’un mouvement souple, il se redresse, cape toujours montée sur sa tête cachant une partie de son visage sombre et ses yeux glacés. Comme d’ordinaire, sa voix n’exprime pas grand-chose :

« Quelques petites choses. Il y a quelques semaines, un petit groupe serait arrivé dans les premières heures de l’aube chez notre cible pour repartir très vite sans trop attirer l’attention. Personne ne sait d’où ils venaient, mais une chose est sûre pour ceux qui les ont vus, ils n’étaient pas de la région. Il parait que le seigneur aurait aussi des problèmes d’argent même s’il le cache bien, et que plusieurs de ses administrés commencent à le remettre un peu en cause. Et aussi, il s’entend mal avec son fils aîné. »

Rien en effet, qui n’implique la présence de leurs ennemis dans ces informations, mais des débuts de pistes qui pourraient remonter à quelque chose de plus gros.

« Et toi, qu’as-tu appris ? »

Légèrement intrigué, Velizara tourna le regard en direction du Djinn, attendant patiemment qu’elle en vienne à ses propres explications. De toute évidence, elle n’avait pas trop peiné pour parvenir à ses fins et s’infiltrer dans le domaine de la maitresse de maison. L’épouse du Seigneur local avait certainement tout autant de petits secrets impliquants ou non son époux qui pourraient servir à leurs affaires. Appuyé sur un arbre, il croisa donc les bras en attendant la suite, dans une posture un peu plus détendue d’apparence, mais ses sens restaient aux aguets.

Si les allusions que Deirdre rapporte sur les dires de la dame qu’elle est chargée de surveiller passent carrément au-dessus des pensées du chasseur, il note néanmoins que les informations qu’ils ont eues se croisent assez bien. Il garde en mémoire pour lui-même les sources de ses propres informations, possiblement plus fiables qu’il ne le pensait. Si dans un avenir proche il devait de nouveau poser des questions, il saurait à qui demander.

« Donc ce que nous avons, c’est une affaire qui s’est conclue secrètement avec des documents signés, possiblement pour des affaires d’argent, un père et un fils qui ne s’entendent pas sur la façon de tenir les terres, couplé à la mère et la belle fille qui ne se supportent pas. » Pas grand-chose en somme, et seule une chose de ces informations semble ressortir avec assez d’intérêt. « Rien qui ne me surprend sur la mésentente familiale, par contre ça pourrait être intéressant d’en savoir plus sur cette histoire d’engagement. »

Une pensée qui semble être commune avec Deirdre, quand celle-ci propose une « petite visite nocturne » pour trouver les papiers. S’infiltrer. C’est bien la seule véritable option qu’ils ont, et rien qui n’inquiète réellement Velizara. Il y songe quelque seconde avant de doucement acquiescer du chef.

« C’est une bonne idée, j’aime bien cette piste. Attendons que la nuit soit plus avancée et tu nous guideras à l’intérieur. »

Il ne pense pas particulièrement à préciser à sa coéquipière qui ne pourra guère l’aider à lire en détail ce genre de paperasse. S’il sait un minimum reconnaître les symboles, la lecture demeure une affaire des plus complexe pour lui. Comme s’il n’avait jamais eu besoin de ça après tout avant…

Une fois la lune haute et la ville plongée dans les ténèbres de la nuit, les deux Berserkers commencèrent à se glisser vers la grande maison du Seigneur. Et bien qu’elle fût gardée par des soldats – peu zélés au passage – il ne fut guère difficile pour les deux guerriers d’Arès de pénétrer les murs et s’infiltrer sans craindre plus d’une seconde pour leur discrétion. Telle une ombre, Velizara se mêlait à la noirceur ambiante pour suivre sa consœur, silencieux comme s’il était prêt à chasser la plus farouche des biches, il ne sembla se faire remarquer que lorsque la porte du bureau personnel du Seigneur local se referma sur eux. Ici, il faisait plus noir qu’ailleurs, la fenêtre bouchée par les volets ne laissait pas entrer les quelques rayons de lune. Le silence, lui au moins, n’était pas inquiétant. Lentement, il leva la main, laissant le cosmos glisser entre ses doigts pour modifier les atomes alentours et créer une légère lueur. Ce n’était clairement pas la spécialité de la Pestilence qu’il avait été, mais c’était bien suffisant pour y voir un peu.

« Allons y. S’il cherche à cacher quelque chose, il y a peut-être un compartiment secret dans la pièce. Tu veux monter la garde ou je m’en occupe ? » Dans un chuchotement il s’adressa à Deirdre, tout en maintenant un regard alentours. La prudence devait rester une priorité pour le moment, surtout si les Saints n’étaient pas loin. Ce petit tour qui brillait dans sa paume aurait d’ailleurs d’ores et déjà pu alerter quelque chose, bien que l’éclat soit très léger et maintenu très faible.

Elle monte la garde, lançant un argument des plus pertinent qui fait hocher la tête à la Baba Yaga. Sans un mot, il commence ses recherches, bousculant le moins possible les affaires qui trainent ici et là pour ne pas éveiller de soupçon par les bruits. Même si la nuit est avancée et que la venue en ces lieux s’est faite sans le moindre problème, il était impensable qu’aucune ronde n’avait été organisée. Discret et observateur, il commença à farfouiller sur le bureau, où se tenaient des parchemins et plumes laissés à l’abandon. Les yeux parcourent les notes, tentant de capter les lettres et former des mots. Cela prend plusieurs minutes pour décrypter quelques petites choses, un sens général plus qu’une réelle connaissance du contenu, et c’est ainsi qu’il décrète que ça n’est rien d’important. Il n’est pas déçu pour autant et continue sa recherche. Quelque chose de plus précis cette fois, de plus attentif. Le bleu d’azur de ses pupilles scrutent meuble et renfoncement, tout ce qui pourrait ressembler à une cachette, une trappe secrète, une alcove où dissimuler ce qui doit demeurer sous silence. La main qui ne tient pas la petite flamme de cosmos tâtonne, griffe la matière, accroche les rainures du bois ou les fissures, appuies et poussent, tirent ou tord.

Puis après avoir fait un tour ainsi, c’est à nouveau vers le bureau qu’il se retrouve, vers une dalle du sol pierreux qui n’est pas entièrement couverte par une peau animale posée au sol. Sourcils froncés, il s’agenouille pour tirer le tapis un peu plus loin, et observer le renfoncement discret dans la pierre. Une forme parfaite pour glisser les doigts et la soulever. Ce qu’il fait, non sans prudence pour ne pas faire trop de bruit. C’est inévitable malheureusement, quelques sons s’échappent de sa manoeuvre et il relève doucement les yeux vers Deirdre, toujours occupée à surveiller à l’embrasure de la porte. Il guette sa réaction, si d’aventure quelque chose semble venir du couloir. Quand rien ne vient, il retourne à sa tâche et libère une cachette dans le sol. Ce n’est rien de très profond, mais c’est suffisant pour contenir des choses. Plusieurs parchemins, c’est ce qu’il remarque avant tout. Une bourse assez remplie également qui ne semble lourde. Une lame plutôt efficace également. S’emparant des papiers, il commence à les dérouler un peu d’une main, tant bien que mal pour essayer d’y déchiffrer quelque chose. C’est fastidieux, pire que la première fois avec les documents placés sur le bureau. Ce n’est pas la même écriture, et certainement pas la même langue. Bien, il leur faudrait trouver un moyen de comprendre ce qu’il y a sur ces documents. Car s’il n’a pas du tout compris ce qui se cache dans ces parchemins, il y a au moins un sceau qui pourrait être identifié. Si cela ne dit rien à Velizara, peut-être que sa coéquipière saurait.

Remettant en place la dalle et le tapis, il se redresse en ayant embarqué avec lui les deux parchemins et la bourse qu’il place dans une poche de sa cape. Puis relevant à nouveau les yeux vers Deirdre, il chuchote à son attention.

« J’ai trouvé ça et une bourse bien remplie dans une cachette secrète sous le bureau. Je n’arrive pas à les déchiffre, peut-être que tu peux regarder ? Sinon il nous faudra quelqu’un pour lire ça. »

Ca ne l’emballe pas spécialement de devoir faire appel à une tiers personne, sans doute quelqu’un dans le village d’ailleurs s’ils ne veulent pas perdre de temps. Mais s’ils n’ont pas le choix, il faudrait s’en accommoder.

Il n'y a pas de déception qui transparait dans le regard de la Baba Yaga. Il reste simplement silencieux dans un premier temps, son regard froid éclairé par la lueur de la flamme de cosmos dans sa main. Lorsque le Djinn lui confirme qu’elle n’a pas les compétences elle même pour déchiffre les parchemins, il acquiesce naturellement sans jugement dans le regard. Un franc « Je comprend. » franchi ses lèvres dans un chuchotement, alors qu’elle lui annonce avoir préféré le combat à l’apprentissage de la lecture, et une part de lui ne peut qu’embrasser cette idée. Il a, à vrai dire, le même point de vue sur la question. Etrangement, la blague qui ponctue la fin de sa phrase fait souffler d’un coup plus fort Velizara, et contre toute attente lever une courbe au bord de ses lèvres sombres dans ce qui ressemble à un simili sourire. Bizarre sentiment qui l’attrape. Il y a quelques temps encore, il n’aurait sans doute pas saisi l’humour dans les mots d’un autre, n’aurait pas vu l’amusement dans une remarque aussi peu subtile. Mais les choses changent. Doucement. Alors oui, aussi curieux que cela lui parait, il y a un fragment de raillerie qui passe dans ses prunelles, avant d’à nouveau reprendre cette teinte glacée.

Le souci cependant revient bien vite sur ses traits dans un froncement de sourcils. Ils doivent toujours trouver quelqu’un pour traduire pour eux les signes et mots écrits sur les parchemins dénichés. Et il n’a hélas, de son côté, aucune idée de quel individu en ville serait susceptible de les aider. Ni si cela pourrait être fait sans heurts ou détournements. Il est alors intrigué, lorsque Deirdre reprend la parole avec, de toute évidence, une idée en tête. Elle n’avance aucun nom ou précision, juste le fait qu’il faudra être convainquant. Pas que cela le surprenne en vérité, même s’il doit y avoir bien des façons de le faire. Attendant plus, il hausse un sourcil patiemment, avant d’enfin comprendre lorsqu’elle rend explicite sa pensée. La lueur s’agite à nouveau dans ses prunelles alors qu’il croise le regard sauvage de sa consoeur. Un hochement de tête appuyé, avant que sa voit ne réponde enfin, d’un ton pensif :

« Je n’ai jamais eu l’occasion d’en visiter une. » Un fait, une envie qui ne l’avait jamais traversé. En vérité, il n’est pas le plus croyant des hommes, ni le plus pratiquant chien d’Arès - le sont-ils seulement, les Berserkers ? - alors ignore tout de ceux qui ne prie que le dieu dit unique. Mais il n’est pas inculte au point de ne pas connaitre ceux qui le servent. Tout Dormeurs soient-ils. « La rumeur les dits plutôt érudits oui, ils devraient pouvoir nous servir. » Une main se pose sur la poche de sa cape qui contient la sacoche dérobée au seigneur. « Et s’il ne peut pas nous aider quand on utilise la manière douce, aucun problème pour y aller plus fortement. » La menace physique ne l’inquiète pas le moins du monde, même s’il préférerait ne pas attirer encore l’attention en blessant une figure pas si discrète de ce village. L’argent pourrait peut-être le faire parler comme les pots de vin avaient incité les gardes à donner sa chance à Deirdre pour infiltrer la garde. Les deux Berserkers ne sont pas sans ressources, et déchiffrer les parchemins reste la priorité. « Allons le réveiller. » L’éclat un peu vivant dans les yeux de la Baba Yaga est toujours là, alors qu’il invite le Djinn à reprendre la tête de ce petit groupe pour les guider à l’extérieur du domaine, et retourner au village.

Un chemin qui ne prend pas longtemps, et un édifice étrange pas bien difficile à trouver. Le printemps est encore froid en cette région reculée de l’est, et le silence est lourd dans les ruelles désertes. Les deux guerriers d’Arès ne sont guère remarquable, alors qu’ils s’arrêtent devant la porte de l’église. L’ombre les couvres comme un manteau, et seule les voix permettent de déceler la présence clair de l’autre. Un murmure, c’est comme cela que sonne la voix de Velizara :

« Alors, comment veux-tu t’y prendre ? La parole ou la menace ? » Puisqu’il s’agissait de son idée, il s’arrêta pour la laisser en exprimer plus, si un plan ou une manoeuvre lui était venue en tête en même temps. Si non, il avait tendance à préférer la menace physique que la parlotte, dans laquelle il n’était pas vraiment excellent.

L’approche civilisée donc, plutôt que la menace. Le centurion acquiesça sans un mot de plus, laissant sa consoeur diriger les premières paroles de ce qui serait la « négociation » avec l’homme de foi. Il ne doutait pas qu’elle avait certainement de meilleures capacités que lui à converser, et qu’elle mènerait mieux la discussion qu’il ne le ferait. Non qu’il envisageât immédiatement la manière forte, mais l’empathie était sans doute nécessaire pour mieux percevoir les peurs, les menaces ou les mensonges. S’il c’était quelque peu amélioré à l’exercice – les dieux savent comment… ? – il était loin d’y exceller. Il resterait silencieux dans un premier temps alors, ombre dans le dos de Deirdre qui entamerait les hostilités.

Etonnamment, l’homme n’était pas encore endormi à cette heure plus que tardive. La position semblait être celle de la prière déjà entraperçu à quelques occasions par Velizara, mais assurément une posture de faiblesse qui laissait place à une facile exécution sommaire. Ce n’était pas pour ces raisons que lui et le Djinn étaient là de toute façon. A peine interpelé, l’homme relève la tête avec une inquiétude gravé sur le visage. La peur ne le fait cependant pas réagir avec idiotie, et son regard se contente de scruter la rousse qui l’a interrompu dans ses affaires, avant de se rendre compte de la présence de la Baba Yaga. Deux personnes devant lui avec des intentions relativement obscures, cela le fait relever lentement de sa posture. Cela le fait aussi certainement comprendre rapidement qu’il n’a pas beaucoup le choix quant à la demande qui lui est faite. Ni le ton ni les visages ne sont amicaux, et même si la menace ne pointe pas, les armes aux ceintures ou sur le dos n’ont rien de rassurantes. Cela dit, il n’aurait même pas besoin d’une arme pour molester le vieil homme. La perspective ne le dérange même pas vraiment, mais Velizara ne se plaint pas non plus lorsque le prêtre donne rapidement une réponse positive.

« Donnez-moi ces documents je vous prie. »

Une légère hésitation alors qu’il tend la main, mais il coopère lorsque la Baba Yaga lui tend les lettres trouvées dans le bureau du seigneur local. Cela prend quelques minutes à traduire, les deux Berserkers patientent dans un silence lourd et attentif, avant qu’enfin la voix du vieil homme brise le silence.

***

Rien.

Absolument rien.

Un jour s’était écoulé depuis qu’ils avaient visité le bureau de leur suspect et les documents cachés n’avaient donnés aucune preuve de son implication auprès des Saints. Le prêtre avait été formel sur le contenu des missives qui étaient en réalité des contrats menés pour tenter de renflouer les caisses de la ville, mais il rien qui ne remontait à l’empire ou aux suivants d’Athéna. Au contraire même, les affaires commerciales semblaient plus favoriser les autres villes alentours et les contacts locaux. A se demander pourquoi il avait caché de telles lettres.

Pour couronner le tout, Deirdre avait dû quitter la ville et retourner au Dédale, appelée pour d’autres affaires et laissant Velizara seul à gérer celle-ci. Pas qu’il s’en inquiétait, mais il devait reconnaître que la situation était un peu plus complexe qu’il ne l’avait pensé. Peut-être n’y avait-il rien à reprocher à personne dans cette ville, au fond. Pourtant, les espions du Pontifex en ville paraissaient formels au sujet d’une possible trahison. S’il avait rencontré ceux-ci pour en savoir plus, ils n’avaient pas où donner plus de pistes que ce que le Berserker savait déjà.

Donc le voilà au point de départ, cherchant en toute discrétion des indices d’une prétendue alliance avec les Saints. Et il a fallu quelques jours de plus pour qu’enfin quelque chose de probant ne finisse par arriver à ses oreilles.

« Y a quelques temps, un étranger du village est arrivé comme vous ici. L’plus bizarre c’est qu’il est resté. Pas bien bavard et pas très remarquable le gars, mais maintenant que vous m’demandez, c’est vrai qu’il a fouiné un peu aussi, avant de s’rapprocher du fils d’notre seigneur. On le croise rarement cela dit, mais l’autre soir, l’un des gamins du tavernier a dit l’avoir vu sortir plusieurs fois du village, tôt l’matin. »

Allez savoir ce qui avait convaincu le gars de lui raconter cette histoire, lui qui n’inspirait pas souvent la confiance, mais force est de constater que c’était une piste qui méritait d’être suivie. La seule qu’il avait de toute façon. Et la source de cette rumeur n’avait pas eu tort sur ces racontars. Le matin suivant, patrouillant les alentours du village en gardant une totale discrétion, il repéra enfin une silhouette. Discrète elle-même il faut le dire, habitué à se fondre autant dans les ombres que lui, mais il remarqua rapidement qu’aucun cosmos n’émanait de la forme. L’attraper serait facile, alors il attendit qu’il s’éloigne des yeux et des oreilles quoiqu’encore endormies du village avant de lui tomber dessus. Pas qu’il manquait de patience d’ordinaire, mais il n’en avait pas en l’instant pour le suivre éternellement. Tel un chasseur fondant sur sa proie, il attrapa celle-ci, révélant le visage d’un homme qui tenta de se libérer de la prise, tant bien que mal. L’apparence maigre de Velizara pouvait être cependant très trompeuse et le coup qu’il décocha au visage de l’homme le sonna assez longtemps pour qu’il puisse fouiller les poches. Des lettres scellées, évidemment. Pas de destinataires marqués à l’extérieur mais c’était intéressant. Il fourra ses trouvailles dans ses poches avant de revenir à sa proie qui revenait à lui, se frottant le visage et gémissant légèrement. Main à son col, les yeux froids dans le regard encore vaporeux de l’homme, il capta son attention par une voix sans émotions :

« Dis-moi où tu allais et que contiennent ces lettres. »

Velizara ne s’attendait pas à ce que l’homme lui parle immédiatement. Ça aurait été trop facile. Alors quand l’homme grimaça simplement mais garda le silence, l’autre main du chasseur attrapa la gorge dénudée. Il n’y avait pas besoin de serrer, le contact était même presque léger, quand un peu de cosmos commença à s’échapper de ses doigts maigres, propageant un mal à même la peau fragile. Il commença à tousser, d’abord légèrement puis plus grassement, jusqu’à ce que la toux renvoie sur ses lèvres des traces de sang.

« Dis-moi où tu allais et ce que contiennent ces lettres. »

Un même ton de glace, un même regard neutre qui commença à instiller la crainte chez sa victime. Mais il fallait lui reconnaitre un certain courage, car il ne parla pas. Alors à nouveau, les doigts revinrent à cette gorge, et une nouvelle vague de cosmos fit grandir un mal sur cette chair. Au-delà de la toux, c’est la respiration qui devint laborieux, et avec elle, un essoufflement craintif, des tremblements et des gémissements de douleur plaintifs.

Arrache lui la gorge, arrache lui la réponse dans le sang.

Un hoquet, une seconde, de la part du Berserker alors que la voix murmure dans sa tête. Un écho troublant qu’il n’avait pas entendu depuis quelque temps, mais qui réveille la faim dans ses entrailles, la soif dans sa bouche, l’envie dans sa chair. C’est tendant, de céder à cette pulsion qui gronde au plus profond, la sauvagerie bestiale et sans esprit. Là, il pourrait juste laisser ses doigts pénétrer la peau, griffer les muscles dessous, arracher les os…

Un cri le ramène de cette transe qu’il sentait grimper en lui. Dans ses mains, l’homme continue de souffrir des maux qu’il a lancé en lui, mais c’est la déchirure dans sa peau, sur cette gorge, qui lui a arraché cet éclat de voix si fort. Les propres doigts de la Baba Yaga glissant de sang étaient la preuve de cette envie sauvage qui l’avait presque submergé. Il se reprend sans rien afficher, reprenant une nouvelle fois ses mots :

« Dis-moi où tu allais et ce que contiennent ces lettres. »

Et cette fois, dans un souffle tremblant de souffrance, il répond :

« Porter un message, quelqu’un m’attend à la prochaine ville. Il doit… c’est le fils du seigneur qui envoie des messages à l’empire. Ils… ils sont dans la région. » Un autre souffle, une peur lisible dans les yeux. Messager courageux, mais pas assez visiblement. « Ne… ne me tuez pas. »

C’est trop tard pour ça. Tout ce qu’il peut, c’est achever les souffrances. Et ce n’est même pas pour ça que Velizara le fait, mais bien pour ne plus perdre de temps. Sa main libre vol à sa hanche, sort la lame et tranche la gorge, terminant cette discussion dans un gargouillis sanglant. Qu’importe, il a eu ce qu’il voulait, et les preuves sont dans sa poche.

***

Il a prévenu les hommes de Zvezdan, leur indiquant d’envoyer quelqu’un dans la ville la plus proche et trouver le contact de ce messager. Pour sa part, il irait rendre la Justice d’Arès. Il avait fait lire les messages, confirmant tout ce qu’il fallait dans ses accusations. Quand il tombe sciemment sur le fils du seigneur en déplacement dans le village, ça fait grand bruit. Sa garde ne fait pas long feu, le sang et les cadavres recouvrant l’artère principale. Les cris résonnent dans ce qui aurait été une douce journée. Quand les hommes du seigneur local arrivent, celui-ci également présent, Velizara les attend tranquillement, trainant à sa suite le corps encore vivant du jeune traitre.

« Qu’est-ce que ça signifie ?! »

La voix du seigneur résonne, autoritaire mais une pointe d’inquiétude face au carnage qui se déroule sous ses yeux. Il semble peu à peu comprendre ce qu’il a sous les yeux.

« Un traitre dans vos rangs, votre propre fils. Encore un peu, c’est dans votre dos qu’il y aurait eu un poignard. »

La proie qui traine à ses pieds pourrait vouloir protester, mais le Berserker ne lui en laisse pas le temps. Un coup à la tête le fait se taire, et sans même attendre, il détourne son chemin vers la sortie du village où l’attendra son cheval pour rentrer au Dédale. Il rapportera le traitre qui aura une fin plus terrible que tous les hommes morts en ce jour. Et peu importe, car c’est ainsi que la Justice d’Arès doit frapper.

« Vous n’oublierez pas à quoi ressemble la Justice du seigneur Zvezdan. » Lance-t-il au seigneur, avant de quitter définitivement les lieux.