[Mai 553] Par choix [PV Childéric et Cassandre]

Par choix

J’ouvre les yeux, chatouillée par les feuilles des roses. Je repousse ces impudentes qui ont perturbé mon sommeil. À moins que ce ne soit l’inverse ? Le soleil se lève. J’ai passé toute la nuit à la belle étoile. Encore. À croire que je préfère me faire mal au dos plutôt que d’aller dans ma chambre, ou celle de Childéric. Cette idée fait naître un sourire. Je suis de retour de mission depuis moins d’une semaine et je n’ai pas encore eu l’occasion de le revoir. En vérité, hormis mon rapport de mission à un garde attitré à ça, je n’ai vu personne.
Non, je n’ai voulu voir personne. Cette envie de solitude, je la dois à mon humeur maussade. Partir à l’aventure n’a fait que renforcer un sentiment que j’ai essayé d’ignorer longtemps, bien trop longtemps.
Ce sentiment d’entre-deux, un déchirement entre la terre et la mer. Ah ! ça ne date pas d’hier, mais bien que j’en ai conscience, bien que j’ai renié l’océan par peur de voir mon enfant disparaître, fuir la guerre pour me retrancher ici, au Sanctuaire, accueillie par Athéna elle-même en échange d’une armure et d’une promesse, je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à chasser cette idée que je ne suis à ma place nulle part.

Et bien qu’Albafika m’ait offert sa vie en échange de la mienne, me révélant ma double appartenance à travers mon Lien Écarlate, je ne parviens pas à apaiser mes pensées. Il me manque quelque chose pour avancer. Ce quelque chose c’est Atlantis. C’est mon nom.

Je me surprends à repenser au gamin tout crasseux qu’Endy a pris sous son aile. Il a clamé n’avoir aucun nom, ou si, au fil des aventures qu’il a vécues au fil de ses années d’errance. Comme moi. Bon sang, ça remonte !

« Eh oui, ma pauvre Nimuë, tu te fais vieille ! »

Je me gausse toute seule en me redressant. Parmi mes roses rouges, baignée par la lumière naissante de ce début du jour, je suis pleine de nostalgie d’une époque qui n’existe plus. À croire que jamais rien n’a été simple, même en ce temps-là ! J’avise mon temple, le ciel. Je finis par percevoir une signature cosmique. Un sourire aux lèvres, je fais semblant, je tiens mon rôle et m’étire. Mes os craquent et la grimace que je fais est visible. Je ne porte plus mon masque.

Non pas par défiance ou irrespect. Par choix.

Never-Utopia

Savoir des gens si important si proche de soit mais ne pas pouvoir profiter d’eux à quelque chose de douloureux. C’est le cas ici. Le vieux lion sait sa belle de retour, mais il sait, il sent qu’elle a besoin d’être seule. De rester tranquille et de méditer sur ce qu’elle a perdu. Elle n’est plus la capitaine pirate qui vogue sur les mers à sa guise. Et jamais elle n’acceptera entièrement cette vie, malgré les choix qui sont les siens. Toujours, il restera une partie d’elle alignée à cette infinité qu’elle a jadis connu. Un sentiment étrange que Childéric comprenait tout autant qu’il lui était étranger. Son océan à lui, c’était la mêlée sanglante et chaotique d’un champ de bataille. C’est là que résiderait toujours une partie de son âme, qu’importent ses choix et l’homme qu’il était devenu. Alors, après avoir consigné le rapport de Nimue et pris le temps d’en tirer quelques intéressantes conclusions, le vieux lion lui laissa l’espace dont elle avait besoin.

Mais, si elle comptait sur ça pour se débarrasser de lui, elle se mettait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. Cette pensée lui arracha un puissant rire qui surprit les gardes en faction alors. Il se dit alors qu’il était temps et surtout, temps d’y aller en personne. Il abandonna donc le masque de métal symbole de son office et se mit en route vers le douzième temple. Le jour n’était pas encore tout à fait pleinement levé, le moment parfait donc pour une balade matinale avant que la valse protocolaire de sa journée ne commence. Il ne lui fallut pas longtemps avant de rejoindre le jardin de rose du temple du poisson… au milieu duquel il trouva Nimue. Il aurait pu la chercher assez facilement via le lien qu’il partageait, mais il voulait lui laisser cet espace dont elle semblait avoir besoin pour le moment. Mais il avait dû le sentir arriver de loin. Childéric l’entendit marmonne pour elle-même et ne put s’empêcher donc de rajouter, pour se faire annoncer :

« - Tu es la vieille sorcière la mieux conservée que je connaisse, tu sais ! »

Et après cette petite pique chargée de toute l’affection qu’il portait à la vieille jeune femme, il explosa d’un puissant rire-rugissement dont il avait le secret. A la grimace qu’elle offrait, le vieux lion lui répondit par un large sourire. Il continua alors de s’avancer vers elle et reprit :

« - J’espère t’avoir quand même un peu manquée et je me disais que nous pourrions peut-être prendre le temps d’au moins, petit déjeuner ensemble. »

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée