[Mai 550] Visite en résidence surveillée

Prison du temple de Poséidon

De nouveau libre comme l'air... enfin tant que je demeurais dans les limites du royaume sous-marin, j'avais eu tôt fait de m'éloigner au plus vite des geôles, dont la proximité m'avait amplement suffit durant ces dernières heures.
Au final, je m'estimais grandement chanceux d'avoir rencontrer un homme aussi conciliant et respectueux que le général des mers qui m'avait interroger. En d'autres circonstances, j'aurais passé les prochaines semaines sans une seule visite, uniquement nourrit de bout de poisson et de pain moisi. Perdu dans un monde qui n'était pas le mien et au coeur d'un royaume jadis abhorré, je n'avais comme seul exutoire que l'attente et la découverte des merveilles architecturales des lieux. Mes vieux réflexes me soufflaient d'explorer autant que possible ce domaine, qui fut jadis ou plus exactement qui serait un terrible ennemi pour les miens.
Les miens... Cette pensée me fit sourire de nostalgie et de dépit. Aujourd'hui, je n'étais plus que moi. Un guerrier capable, mais sans dieu. Le seigneur Hadès reposait dans un profond sommeil et n'avait que faire d'un outil comme moi, qui ne deviendrait utile que dans plus d'un millénaire.
C'était au final une sorte de renaissance, une libération des carcans induits par mes choix, souvent malheureux. Je n'avais désormais qu'à retrouver ma bien-aimée pour définir avec elle notre devenir : rester et faire notre vie en ce lieu neuf, ou revenir chez nous au risque de reproduire les mêmes schémas destructeurs.
Et si Satine refusait de me revoir ? Si elle prenait ma venue comme un drame, un outrage ? Une interférence dans une existence neuve ? Le risque était réel au vu de notre dernière entrevue. Mais je devais tenter le tout pour le tout. J'aimais cette femme et je tenais à lui prouver une fois encore par ma seule présence. Qu'elle se refuse à moi était son choix et je ne pourrais que l'accepter. Mais cette seule idée suffit à me serrer la gorge.
Je me rendis alors compte de la danse des flammes qui courrait autour de moi. Bel exemple de manque de maitrise... Bon sang, il me suffisait de penser à Satine pour que mon sang s'enflamme ! Mais en un tel lieu, où je me trouvais encore prisonnier, je ne pouvais pas me permettre un tel écart. J'avisais que nul garde n'ait vu ma brève perte de contrôle avant de reprendre ma route, encore indécis quand au pilier vers lequel me diriger pour entamer ma découverte du royaume du dieu des chevaux.

Résidence surveillée