[Début Juillet 550] L'Ombre de la Guerre s'étend [Event Berz]

Soudain, Sunilda ouvrit les yeux, se redressa avec lenteur pour observer l'horizon. Quelque chose venait de se produire, de perturber le Monde. Perchée sur le toit de son Temple qu'elle gardait depuis de longs jours sans bouger, la Sainte du Cancer huma l'air et fronça le nez. La Guerre. Elle arrivait à leurs portes.

Sombre et impitoyable. L'odeur du sang excita la viking qui, lestement, se laissa glisser pour revenir en plein cœur de sa demeure. Ils ne tarderaient pas, elle les sentait se presser, mais elle savait qu'elle avait encore du temps pour se préparer. Il y avait d'anciens rites à respecter pour cette ancienne esclave arrachée à sa terre natale. Des prières à adresser. Un devoir à accomplir. Aussi, la belle se débarrassa enfin de sa vieille robe élimée pour se glisser dans l'eau de ses propres thermes. Elle purifia son corps autant que son esprit, appréciant la caresse de l'élément de la vie sur sa peau.

Elle se hâta de brûler quelques encens, marmonner quelques mots dans sa langue et entreprit, avec son propre sang qu'elle recueillit dans une petite coupelle finement ouvragée, de peindre deux traits carmins sur ses joues.

Sa gardienne fantomatique, une belle louve immaculée apparue à ses côtés au moment où elle s'approchait de la boîte où sommeillait son armure.

Sunilda, il est temps.

Oui, il est arrivé le temps du sang et des larmes.

Tu protégeras ta Maison Sunilda.

Ou je périrai en essayant.

La jeune femme eut alors une petite pensée pour le Taureau Blanc. Elle était soulagée qu'il ne soit pas là. Un léger sourire aux lèvres, elle alla effleurer de ses doigts, la surface lisse de sa boîte de Pandore. Recouverte rapidement de l'armure d'Or du Cancer, la jeune femme, somptueuse et mystique, toute drapée d'un voile vaporeux qui dansaient à chacun de ses pas, alla lentement se placer sur le parvis du Temple.

De concert, sa louve et elle hurlèrent à la face du ciel.

Sunilda !

L'appel de sa gardienne arriva trop tard. Déjà la Sainte du Cancer s'était élancée, déjà elle dévalait les marches le plus rapidement possible, filant comme le vent. Déjà son cœur s'était prit à battre plus furieusement dans sa poitrine. L'appel de l'ancien Scorpion Rouge avait éveillé son instinct combatif. L'armure ne pesait pas aussi lourdement qu'elle l'aurait cru, épousant son corps à la perfection. Les voiles éthérées volaient dans les airs tout autour d'elle, esquissant des formes fantomatiques. Son esprit focalisé aux premières marches du Sanctuaire, Sunilda se concentrait. Comme lorsqu'elle le faisait avant d'entrer dans le Colisée.

Sunilda, il te faut respirer.

C'était vrai, la jeune femme en avait presque oublié qu'elle était vivante, en cet instant où sa silhouette s'enfonçait successivement dans l'ombre et dans la lumière. On avait besoin d'elle, ils avaient besoin d'elle pour défendre le Sanctuaire. Sa maison. Ô comme elle était heureuse que le Taureau Blanc ne soit pas là en cet instant où la Guerre se pressait à leurs portes. Mais soudain une drôle d'impression l'étreignit, enserra son cœur dans un étau. L'appréhension la gagnait. La rattrapait.

N'y songe pas Sunilda il te faut continuer. Le danger est plus bas.

Oui. Il lui faudrait encore du temps pour les atteindre. Du temps pour les rejoindre. Et ce parfum morbide qui l'accompagnait ne ferait qu'apporter un vent de malheur. Sunilda le sentait. Sa présence allait être nécessaire, comme elle serait synonyme de tristesse. Voile noir. La bouche de l'Hadès s'ouvrirait.

C'est ton rôle Sunilda.

Elle acquiesça.

=> Temple du Bélier