Lytès Général du Kraken [Terminé]

En un sens, l'histoire de Lytès débute bien avant sa naissance. En effet, puisque les années de son enfance sont marquées par certains sentiments, événements, il est nécessaire pour les comprendre de faire un bond dans le temps de quelques siècles.

Géographiquement, Thrace était divisée en plusieurs royaumes dont celui des Odryses correspondant à la région où le jeune homme était originaire. Durant les cinq siècles précédent notre ère, ce royaume était le plus craint par leur force, leur sens du commerce et leur capacité d'adaptation et dominait largement la région.

Au milieu du deuxième siècle avant notre ère, les Odryses, connus comme étant de bons stratèges, s'allièrent avec les Romains, devenant ainsi partisans de la république romaine. Alors que les autres royaumes furent soumis. Le royaume Odryses fut cependant annexé par les romains en 74 et devint alors une partie de la province de Thrace. Ils considérèrent cela comme une trahison et, de cette annexion née un sentiment de mépris envers les Romains, voire même parfois de haine. Même plusieurs centaines d'années après ces faits, l'histoire s'étant propagée de manière principalement orale entre les différentes générations, les Thraces conservèrent cette rancœur en eux ainsi qu'envers ceux qui, trois cents ans plus tard, brideraient leur vie.

C'est dans ce contexte que naquît Lytès, dans ce qui fût l'ancien grand royaume des Odryses. Issus d'une famille considérées par les descendants d'origine Thrace comme étant modeste, il eut néanmoins accès à l'éducation et apprit alors la langue romaine grâce aux anciens de la ville dans laquelle il vivait qui avait eux-même appris cette langue de leurs aïeux . La vie n'en restait pas pour autant peu difficile. En effet, la province de Thrace fût ravagées par de nombreuses évasions Slaves dès 376. Les effets de ces guerres se faisaient encore parfois ressentir dans le mode de vie du peuple d'origine Thrace, vivant dans la pauvreté, tandis que les byzantins, de leur côté, vivaient dans la richesse grâce au développement de la province Trace.

Lytès fut élevé dans cette ambiance sombre, où les personnes d'origine Thraces n'avaient plus leur place et étaient, en généralité, systématiquement rejeté. La ville était alors scindée en deux clans: les  Byzantins et les descendants des Thraces dont faisait partie l'enfant. Bien entendu, il y avait des cas de mélange, mais ceux-ci restaient rares.

Les années passèrent et Lytès partit de la ville en direction des petits villages où il espérait trouver une majorité de ces compatriotes. L'ambiance y était particulièrement différente, mais la vie y était également plus difficile. En effet dans ces petits villages s'étaient regroupés les Thraces et vivaient d'une manière plus humble. Ce fut une période où Lytès commença à se poser des questions, principalement sur son identité. Quoi qu'on en dise, le jeune homme était né sous un régime de l'Empire Byzantin et conservait ce sentiment d'appartenance au peuple Thrace, de ses racines contées par les anciens encore et encore. L'enfant s'était pris de passion pour l'histoire de ses ancêtres, de ce royaume qu'il n'avait pas connu mais dont il provenait assurément et les anciens prenaient un réel plaisir à raconter ce que leurs prédécesseurs rapportaient depuis plusieurs siècles.

Cependant, toutes ces histoires avaient héritées d'une forte empreinte des générations précédentes, de leurs souvenirs, de leurs pensées. C'est ainsi que, peu à peu, Lytès commença à se renfermer. Le jeune homme s'était mis à détester ces hommes, ces pays qui l'avaient privé de ses racines, de son peuple. Toutes ces émotions, ces sentiments de haines provenant de ses ancêtres s'ancraient en lui telle une blessure inavouable.

L'année 543 marqua un point décisif dans la vie de Lytès, alors âgé de seize ans. Il avait beaucoup mûrit, ayant dû commencer à travailler dans la récolte. Mais le jeune homme rêvait d'autre chose. Ce sentiment envers ceux qui avaient pris Thrace était toujours particulièrement présent en lui et même s'il pouvait comprendre que tout cela n'était probablement que lié au contexte de l'époque, il ne pouvait cesser de leur en vouloir.
Aussi, il comprit avec l'âge les inégalités qui existaient entre les citoyens byzantin et les descendants de la Thrace. Il commençait à réfléchir sur le pourquoi, le comment, mais il ne parvenait pas à saisir la raison d'une telle différence. A moins que cela ne soit une question d'origine. Cette possibilité l'énervait réellement. Les Thraces étaient fiers, intelligents, alors l'idée que son peuple puisse être dénigré lui était insupportable.

Il devait comprendre comment fonctionnait ce monde. Voyager pour mieux comprendre. Ce n'était pas en restant ici qu'il trouverait ces réponses dont les questions l'obsédaient de plus en plus.

C'est alors que le garçon décida de quitter sa terre natale en direction de l'inconnu. Il ne prit que l'essentiel de survit ne voulant se charger inutilement et partit en direction de Constantinople afin de commencer son périple. La première étape en elle-même était déjà éprouvante. Bien que Lytès avait l'habitude d'user de l'énergie dans son travail, cela restait bien différent de marcher toute la journée durant plusieurs jours, plusieurs semaines, sans pour autant s'arrêter. Parce que le problème était là, l'adolescent ressentait un tel besoin de partir qu'il ne prenait pas le temps de se reposer. Pour se nourrir, il chassait. Certains auraient probablement dit qu'il était sans cœur, mais lui ne se posait pas la question: c'était une question de survis et tant que la sienne était assurée la question ne se posait pas. En tout cas, pas encore.
Après une première partie du voyage éprouvante, Lytès finit par arriver à Constantinople où il se fit engager sur un bateau en tant qu'aide pour la cuisine. La grande aventure allait enfin débuter. Peut-être allait-il enfin comprendre ce monde qui le perturbait tant.

Après quelques jours de navigation, le garçon Thrace posa les pieds sur la terre ferme pour la première fois. Sa première destination fut l'Italie. Un mélange de sentiments le submergeaient, il était à la fois heureux de voir d'autres régions, d'autres cultures et de voir comment celles-ci coexistaient mais d'un autre côté, il ressentit comme un manque en lui lorsqu'il débarqua. Cette traversée en bateau avait été si agréable, sur cette eau d'un bleu si beau. Quelque part, il sentait qu'il aurait peut-être du rester sur les flots, mais son besoin de découverte était bien trop fort. Cependant, une chose était sûre, l'eau l'attirait, l’appelait et il était certain d'y retourner un jour.
Il voyagea ainsi durant quatre années sur les différentes terres. Durant ce temps, il put acquérir de nouvelles connaissances sur le cycle de la vie. Il avait eu la chance de faire la rencontre d'un homme durant son expédition. Cette rencontre le marqua au plus profond de son être et lui avait permis d'en apprendre plus sur lui, sur cette force qui semblait sommeiller en lui et dont il n'avait pas idée. Ce «cosmos» comme il l'avait appelé. Cette notion était toujours quelque peu floue à ses yeux, mais avec un entraînement approprié il avait été capable de se rendre compte de cette force dont naissait le sentiment d'être transporté.
Ainsi, il avait passé plusieurs mois en sa compagnie afin d'en apprendre plus sur ce cosmos, sur ce pouvoir qui, d'après le chevalier, sommeillait en lui. Pas une seule fois il lui avait parler de lui-même, de son passé, de son rang, ou encore de s'il était en mission. Durant ce laps de temps où ils vécurent ensemble, le vieil homme n'avait fait que l'entraîner, ou du moins lui donner les bases d'un entraînement acceptable. Pourtant, il s'était laissé surprendre par cet enfant. En effet, il n'avait pas pensé une seule seconde qu'il était possible que celui-ci apprenne si vite. En seulement quelques mois Lytès avait appris à maîtriser cette énergie, comme si l'entraînement avait duré plusieurs années. S'en était presque incroyable. Aussi, même s'il ignorait tout de son maître, le jeune Thrace savait qu'il possédait un pouvoir inimaginable, qu'il était puissant. Il n'avait pourtant jamais sortie son armure ni rien fait de spécial, mais cela se voyait, tout simplement. Cette sensation qu’il avait eue lors de leur rencontre, il ne pouvait l'oublier.

Malgré cela, il ressentait toujours ce vide en lui, le même que celui de ce jour il y a deux ans lorsqu'il avait débarqué sur ces terres. Il ne n'avait jamais quitté.
Alors qu'il estimait en avoir assez vu sur les terres Lytès, alors âgé de vingt ans, décida de poursuivre son aventure non plus sur les terres, mais sur les mers. Bien sûr il avait beaucoup apprit et avait vu des paysages si beau que s'il ne les avaient pas vus de ses propres yeux, il n'y aurait tout simplement jamais cru.  Il n'avait cependant pas trouvé toutes les réponses à ces questions. Certes il connaissait désormais des éléments, certains facteurs, mais cela n'était, selon lui, pas suffisant. Le jeune homme retourna alors voguer sur les mers à bord d'un bateau de taille minime, retrouvant ce sentiment de plénitude, ce sentiment d'être vivant.  
C'était étrange, c'était comme si cette eau profonde l'appelait à venir à elle. L'attirance était si forte qu'il ne pouvait résister.  Au fur et à mesure que le bateau s'enfonçait dans cette immensité bleue, l'attirance s'intensifiait, comme si on le guidait vers quelqu'un, vers quelque chose. Aussi, le jeune Thrace avait décidé de suivre cette voix qui lui semblait familière afin de voir où celle-ci le mènerait.

C'est ainsi que, suivant cet appel, il arriva sur une plage où il débarqua enfin. Il en était sûr, cet endroit serait son dernier voyage. Et, devant un tel paysage, il ne put que garder le silence. Marchant sur le rivage, il vit au loin une silhouette  à forme humaine qui s'approchait.

_ As-tu trouvé tes réponses Lytès?

Il n'en croyait pas ses yeux, cette voix qui l'avait emmené jusqu'ici, ce visage... C'était ce chevalier ce maître qu'il avait rencontré quelques années auparavant. Le jeune Thrace ne comprenait plus ce qu'il se passait. Cet homme qui lui avait tout appris était là, devant lui, dans cet endroit presque irréel.

_Je t'attendais Lytès, le vieil homme fit une courte pause, Entraînes toi et rejoints nos rangs. Ici, tu trouveras tout ce que tu n'as pu trouver ailleurs, ici tu ne connaîtras ni rejet ni sentiments de perte. Tu es des nôtres alors, deviens plus fort et sers Poséidon.

Poséidon le dieu des mers, bien sûr que Lytès connaissait ces légendes, mais pour lui ce n'était que de l’irréel. Cela faisait bien longtemps qu'il ne croyait plus en les dieux.

_ Vous pensez vraiment me faire croire que Poséidon existe? S'il existe vraiment, alors qu'attend-il pour intervenir contre toutes ces horreurs? Questionna le jeune en riant.

Le sage chevalier donna un coup sur la tête du jeune homme afin qu'il arrête de manquer de respect au dieu.

_Il existe bien et bien. Il est ici et attends le bon moment pour revenir. Tu verras, si tu restes et que tu deviens suffisamment puissant tu pourrais même le servir.

Honnêtement, le garçon pensait que son maître était fou, mais cet endroit lui plaisait bien alors il décida de rester.

_ Je m’entraînerais ici et deviendrais le meilleur chevalier. Un jour je te battrais alors prends garde à toi vieil homme!

Le dit vieillard ria à son tour, lançant le défi au brun puis, avant qu'il n’eut le temps de répondre, il s'en alla mystérieusement. Maintenant qu'il y pensait, Lytès ne savait strictement rien de cet homme, ni son nom, ni son statut. Si, qu'il était chevalier, mais il ne l'avait jamais vu porter son armure alors le mystère restait entier. Mais il le retrouverait, plus tard, quand il aura sa propre armure. En tout cas il l’espérait.
Sans plus attendre Lytès suivit le conseil qu'on lui avait donné et commença à s’entraîner afin de devenir chevalier. Plus fort, ce n'était pas assez il lui fallait plus de puissance. Les années passèrent, le jeune homme était toujours là, à pratiquer. Bien entendu, il avait fait des recherches sur le système et la hiérarchie des chevaliers de Poséidon et cela n'allait sans dire qu'il visait le statut de général, le plus haut qu'il était possible d'avoir, celui qui permettait de protéger les piliers. Cela va sans dire qu'il commençait à croire peu à peu à l'existence de ce Dieu. Il apprit également qu'il y eu une guerre contre les Saints quelques années auparavant, en 545, et découvrit  avec une certaine forme de colère la défaite des Marinas. Dès lors, le jeune homme décida de s’entraîner plus encore afin d'avoir la possibilité de laver l'honneur de Poséidon et de détruire les Saints.

C'est en 549 qu'il atteint le septième sens, ce pouvoir tant attendu et nécessaire afin de passer au rang de général. Ce jour-là resterait probablement le plus marquant de toute sa vie. Il s’entraînait à la méditation, comme à son habitude. C'était pour lui un moyen de se retrouver, de prendre conscience de l'ensemble de ses sens. Un moment à la fois paisible et intense tant sa concentration était à son maximum. Il avait déjà fait cela de nombreuses fois, mais cette fois-là, une lumière intense jaillit autour de lui enveloppant son corps d'une douce chaleur. Il ressentait la force. Puis se dessina dans son esprit le visage d'un homme ressemblant à Poséidon, tel que son maître le lui avait décrit. Il pensa tout d'abord à une blague, une illusion, mais cette lumière remplissait son corps de force, son cœur d'un bien-être profond et son esprit d'une connaissance supérieure. Il avait finalement réussit à atteindre son objectif et pouvait enfin prétendre au statut qu'il convoitait.

C'est ainsi qu'il obtenu l'écaille du Kraken et, depuis ce jour il y a tout juste un an, Lytès protège le pilier soutenant l'océan Arctique attendant les ordres du dieu Poséidon.