[Derniers jours de juillet 550] Tirer les cartes (Entrainement Calista -Endymion)

Elle était au courant des ordres. En tant que soeur cadette du Légat, et Générale de Scylla, Nea n'avait pu lui masquer ses intentions, quand bien même il l'aurait voulu. Ainsi, plutôt que de la choisir elle pour l'accompagner dans sa tâche, son aîné avait porté son choix sur la Sirène Maléfique Magnifique créature enchanteresse. S'était-il perdu au son de sa voix? Oh bien sûr, elle avait eu grandement envie de protester, mais vu l'étendue de leur force armée, il fallait un gardien pour Atlantide. Et elle était une Gardienne. C'était son rôle de veiller sur son frère ou d'accomplir toute autre mission qu'il lui confierait. Ainsi, s'était-elle pliée à son ordre, tout en se faisant la promesse d'échanger quelques paroles avec la Générale qui l'accompagnerait.

Il était donc parti faire s'entretenir avec les Marinas restants. Avec un soupir, la demoiselle à la chevelure lilas avait observé son frère bien aimé quitter la demeure des Atlas. Pour sa part, elle prit la décision d'aller se changer les idées. Elle devait arrêter de s'inquiéter pour lui. Il avait bien réussi à s'en sortir sans elle, pourquoi cela serait-il différent à présent? Une présence derrière elle avant qu'elle ne ressente une main osseuse se poser sur son épaule. Délicatement, elle viendra enserrer celle-ci, sans quitter la silhouette de son frère qui s'éloignait. Evaimon lui demanda:

"- Tu t'inquiètes pour lui ou tu es déçue qu'il ne t'ait pas choisi pour l'accompagner?"

"- Un peu des deux, je dois bien avouer."

"- Il sait ce qu'il fait et pourquoi il le fait. Pour veiller sur Altantis, il lui faut une personne de confiance. Tu devrais être honorée. De plus, si les choses devaient mal se présenter pour lui, je pense qu'il voudrait éviter de s'en faire pour toi."

"- Je sais tout cela. J'ai bien compris. Pardonne moi grand-père, mais j'ai besoin de sortir."

Un baiser aussi léger que l'air se posera sur la joue du vieil homme avant qu'elle ne sorte de la demeure familiale, prenant le chemin du Pilier dont elle est la Protectrice. Parvenue là, elle l'observa avec grand soin, murmurant une prière muette à Satine, pour qu'elle l'aide à protéger aussi bien que possible cet idiot de Cinead. Elle finit donc par s'asseoir sur les marches, scrutant la voûte d'Atlantis avec admiration, quand une voix se fit entendre.

Oh cette voix, elle la reconnut sans le moindre problème, elle appartenait à cet homme qu'elle avait rencontré à Alexandrie. Lentement, la Demoiselle baissa son regard améthyste sur l'opportun, tandis qu'elle laissait un sourire ourler le coin de ses lèvres:

"- Tiens donc, comme on se retrouve."

Calista se releva doucement, avant de descendre avec grâce les quelques marches qui les séparaient, sans détourner son attention de lui. Non pas parce qu'il la captivait, mais plutôt parce qu'après leur première rencontre houleuse, elle préférait demeurer sur ses gardes.

"- Et en quoi cette soirée mortelle changerait-elle tout à coup...Endymion c'est bien cela?"

Finalement, elle trouvait la compagnie et la présence du Général pas si déplaisante que cela. Leurs rencontres seraient-elles toujours ainsi? Pleines de légèreté, de provocations à peine voilées? Elle s'amusa de le voir prendre cet air faussement craintif à sa menace de l'éliminer. Ce qui ne manqua pas de la faire rire légèrement. Il ferait un bien piètre comédien, mais qu'importait, en cet instant, il parvenait à lui changer les esprits, et la Demoiselle devait admettre que c'était là une chose appréciable.

Elle nota au passage la petite pique qui lui était lancée. Les hommes ne voyaient-ils donc que cela en elle? Un joli minois, une jolie poupée de porcelaine...N'était-elle que cela à leurs yeux? Oui bien entendu. Aucun ne connaissait les mystères de son âme. Plus jeune, il lui était arrivé de maudire cette beauté dont on l'avait parée. Oui combien de fois avait-elle voulu détruire ce visage que lui renvoyait le miroir?

Elle réagit à peine lorsque le serpent constitué par les cartes d'Endymion vint s’enrouler autour d'elle, le seul geste qu'elle fit, fut simplement de les effleurer du bout des doigts en une légère et aérienne caresse, comme pour démontrer que non, elle ne les craignait pas. Déjà trois cartes quittèrent ma créature pour s'envoler entre nous : l'Ermite, le Pendu et le Diable. Oh en cet instant, qu'elle aurait voulu qu'il se taise. C'était comme si les mots plein de fiel du Général trouvait un chemin dans son esprit. Une vulgaire gardienne...Etait-ce pour cette raison que Nea avait choisi une autre plutôt qu'elle? Etait-ce ainsi que lui aussi la voyait?

En cet instant, le regard de Scylla semblait étrangement vide. Faire ses preuves. Toute sa vie durant, elle n'avait dû que faire cela. Parce qu'elle était une Atlas. Parce que l'on attendait beaucoup d'elle. Marcher sur les pas d'une sœur qu'elle n'avait pas connu et ne connaîtrait jamais. Faire ses preuves afin de devenir plus forte, afin de démontrer à tous que sous cette apparente fragilité se cachaient une volonté et un tempérament de feu. Une vulgaire gardienne... Instinctivement ses poings se serrèrent, ses ongles s’enfonçant dans les chairs de sa paume. Le parvis sur lequel elle se trouvait, se teinta de quelques tâches écarlates. Les Ténèbres se déployèrent lentement, alors que des hurlements funestes se firent entendre du cœur même du Pilier. La Bête en elle venait de se réveiller. Scylla s'éveillait. Un cosmos bleuté enveloppait le corps de la Demoiselle. Ses iris améthystes, habituellement si douces, semblaient à présent teintées ici et là de doré, accentuant son animosité.

"- J'accepte ton duel Dragon des Mers."

Doucement, la voix de la jeune femme s'éleva dans les airs. Illusion d'optique? Toujours est-il qu'en réponse à ce chant, les ombres au sol se mirent à se mouvoir, prenant alors les formes d'animaux sauvages à la taille massive et imposante: loups, félins, firent leur apparition derrière celle qu'ils considéraient comme leur Maîtresse. Les lourdes têtes vinrent se frotter aux mains Calista:

* As-tu besoin de nous Scylla?*

* Il semblerait bien que oui mes amis. Voyez-vous, je dois gagner l'estime de cet homme qui ne voit en moi qu'une vulgaire gardienne.*

Des grognements et des feulements outrés à cette nouvelle, et les regards dorés se portèrent sur le fou qui avait osé prononcer ses mots à l'encontre de leur Maîtresse. Les voix des bêtes, en chœur, s'adressèrent au Général:

* Impudent. Tu paieras pour ton blasphème.*

"- Tu vois, chacun son truc. Tu as tes Esprits, moi j'ai mes Bêtes. Maintenant viens à moi Endymion, que je te montre que je suis plus qu'une vulgaire gardienne. "

Une illusion? C'était réellement ce qu'il pensait? Très bien, grand bien lui fasse, elle n'aurait que plus de plaisir à voir ses bêtes dévorer de leurs crocs d'acier le corps du Dragon des Mers. Oh il la narguait, elle le savait. Chercher à trouver les points faibles de l'ennemi, jouer avec ceux-ci pour lui faire perdre son sang-froid et le pousser à commettre un acte irréparable. Voilà bien ce qu'endymion était entrain de faire avec elle. Oh il n'était pas difficile à comprendre que la Générale était d'humeur sombre, et il avait parfaitement joué de cet état.

En cet instant, elle mourait d'envie de lui coller son poing sur ce visage qui reflétait l'amusement. Mais elle ne tomberait pas dans le panneau. Certainement pas. Il ne l'aurait pas une deuxième fois. Elle inspira profondément, cherchant à regagner son calme. Si son père l'avait vu en cet instant, nul doute qu'il lui aurait collé un taquet derrière la tête. "Concentre-toi Calista." Ces mots, elle les entendait encore parfaitement bien. Un fin sourire ourla ses lèvres alors qu'elle lançait à l'attention de son adversaire:

"- Des âmes qui te sont chères? Voilà des mots bien étranges venant de toi. N'y vois aucune offense, mais j'ai particulièrement peine à y croire. Mais après tout pourquoi pas? Tu n'as pas pu toujours être cet être manipulateur et calculateur."

Elle bougea à peine sous la pression des doigts qui vinrent envelopper sa cheville, mais lorsque les deux autres esprits finirent par traverser son corps, elle ne put réprimer un râle, alors qu'elle se sentait soudainement affaiblie, ses doigts venant se crisper sur le tissu de sa chemise, son faciès se déformant en une grimace douloureuse. Haletante, la demoiselle à la chevelure lilas, portait son regard ardent sur son adversaire, qui semblait la narguer, adossé à son Pilier.

"- Qu'est-ce que tu m'as fais?"

Calista passa une main sur son faciès, avant de secouer légèrement celle-ci, tandis qu'elle l'écoutait bavasser sur ce qu'elle était. Que savait-il de ses peurs et de ses craintes? Rien, absolument rien. Il ne connaissait rien d'elle. Ce qu'il lui disait n'avait rien de nouveau pour elle, son grand-père et son père le lui avait toujours dit? Des personnes qu'elle aimait? Oui, il y en avait: Cinead, Nereus, les enfants de l'orphelinat. Et son désir de les protéger était grand.

"- Toute personne normalement constituée est pleine de doutes et d'hésitations. Toute personne dotée d'un cœur, s'inquiète pour son prochain. Car c'est humain vois-tu? Mais il arrive que parfois, l'on doive faire abstraction de tout ceci, n'est-ce pas?"

Tout en parlant, la Demoiselle laissait son cosmos s'intensifier, au point que quelques secondes plus tard, son écaille venait à elle. Les pièces qui la constituait se disloquèrent pour venir la recouvrir, et pour qu'elle ne fasse plus qu'un avec elle. Osmose. Symbiose. Elle était Scylla, et Scylla était elle. Plus de trace de la Nymphe au doux regard, seul demeurait le monstre qui terrorisait les marins.


"- Néanmoins, je sais une chose: doute, peur et hésitation n'ont pas leur place dans un combat. Alors ne crois pas parvenir à m'endormir avec tes douces paroles Endymion. Cela peut marcher avec les être faibles de cœur et d'esprit, mais je ne suis pas de ceux-là."


Avec une vitesse peu commune, la Demoiselle chargea le Dragon des Mers, s'arrêtant une fraction de seconde face à lui, avant d'effectuer un petit bond, sa jambe venant se nicher sur son flanc pour le repousser de plusieurs mètres avec une violence et une force inouïe, au moment même où les ombres l'enveloppaient et se refermaient sur lui comme pour le dévorer tout entier, lui causant une douleur toute aussi cuisante que celle qu'il lui avaient infligé un peu plus tôt. Et pendant ce temps, Scylla se tenait là, droite et immobile, les sens à l'affût. Gardienne inébranlable.

Elle guettait l'endroit qui avait servi de point de chute au corps de Dragon des Mers. Calista n'était pas folle, elle savait qu'il faudrait bien plus que cela pour lui nuire. Quelque part, cette situation l'amusée. Elle n'avait pu donner libre court à son courroux lors de leur unique et précédente rencontre. Ainsi, un sourire vint ourler les lèvres de l'Atlas, sourire qui s’agrandit à la vue des cartes qui fonçaient droit sur elle. Immédiatement les ailes de son écaille réagirent, venant se replier autour d'elle pour la protéger en leur cocon.

L'instant suivant elle put sentir les doigts glacés comme la Mort venir se resserrer autour de son cou gracile. Oh la Demoiselle c'était attendue à une telle manœuvre de la part du Général, il était faux et usait de mielleuses pour endormir son adversaire. Néanmoins, elle se laissa prendre dans ses filets, juste pour voir ce qu'il avait dans la ventre. Juste pour voir jusqu'où ils iraient, sans compter qu'elle ressentait ce besoin de se défouler et qu'il lui en offrait l'opportunité. La puissance de son cosmos la fit frémir, non pas de crainte, non. Loin de là même. Un sourire sardonique ourla ses lèvres lorsqu'elle se sentit disparaître dans le sol.

Elle l'écoutait lui narrer les plans de leur Dieu. Et par Poséidon, cela l'amusait grandement. Pensait-il qu'elle n'était pas au courant de ceci? Pensait-il qu'elle, l'héritière de la famille Atlas, fondateur d'Atlantis, ne connaissait rien des souhaits de l'Empereur? Il faisait là une grossière erreur, mais après tout, elle ne pouvait lui en vouloir. Jamais au grand jamais elle n'avait révélé sa véritable identité.

L'Atlante à la chevelure améthyste disparut donc, entrant au sein même du Triangle des Bermudes. Un lieu qui puait la mort, où dérivaient les esprits des marins perdus en mer. Lorsqu'elle réapparut la jeune femme se sentit différente. Il y avait quelque chose, mais elle ne parvint pas à trouver tout de suite de quoi il s'agissait. Et puis elle comprit: l'attaque du Général avait pour but de la priver de ses sens.


Avec une célérité telle qu'il lui était impossible d'y échapper, l'enchanteresse créature se précipita sur son adversaire, lui assénant à nouveau une série de coups et lorsqu'il fut à terre, elle vint tout simplement se placer à califourchon sur lui. Lentement, elle se pencha, venant faire glisser la griffe de son gantelet sur le plastron du Dragon des Mers avant de venir susurrer à son oreille:

"- Pensais-tu que j'étais ignorante au point de ne pas connaître les desseins de notre Seigneur? Me crois-tu si naïve? Tss tss tss mon beau Général. Nous détruirons l'Humanité, mais parmi elle se trouveront des élus qui survivront et qui mériteront alors l'accès à Atlantis. Que cela te plaise ou non."

Déjà, elle se relevait, féline, alors que naissaient des ombres des loups. Délicatement, elle laissa ses doigts caresser la fourrure ombrageuse de ses bêtes, qui finirent par se jeter comme un seul homme sur celui qui avait osé s'en prendre à leur maîtresse, venant enfoncer leurs crocs acérés dans ses chairs, sous le regard ardent de Scylla.

"Une gentille petite Gardienne..." Demeurer calme, il cherchait simplement à la mettre davantage en rogne encore. Elle n'était pas une gentille petite Gardienne, mais il semblerait bien que c'était là l'image que Scylla renvoyait. Elle protégeait simplement ceux qui lui étaient chers. Ni plus ni moins. Elle voulait protéger Cinead, Nereus, Evaimon, ou encore les enfants de l'orphelinat, ainsi que les Atlantes. D'un air dépité, la Demoiselle observa la vague qui fonçait droit sur elle. Pensait-il que cela l'effraierait, elle, la Nymphe maudite? Le bras se tendit, tout comme sa paume, stoppant la vague infernale comme si de rien était.

Un sourcil interrogateur s'arqua à la vue du Général qui venait d'apparaître face à elle. Que lui voulait-il encore? Alors l'Atlas plongea son regard améthyste dans celui de son adversaire, émettant un grognement presque animal:

"- Arrête de me considérer comme une gentille petite Gardienne."

Mais il la prit au dépourvu en venant déposer ses lèvres sur son front, ce qui lui fit écarquiller ses magnifiques prunelles. Vile fourbe créature. Il avait simplement fait distraction pour mieux la renvoyer dans son monde de morts. Lorsque les mains cadavériques plongèrent en elle, l'Atlante ressentit comme un froid immense lui glacer les veines. L'espace d'un instant, se fut comme si la Mort l'embrassait, sensation certainement accentuée par le fait qu'elle avait la désagréable sensation d'être privée de ses forces.

Du moins était-ce ce que le Dragon verrait. Mais était-ce pour autant la réalité? Non. Bien sûr que non. Scylla était habile à jouer avec l'imagination des autres. A aucun moment la demoiselle n'avait été prisonnière du Triangle. Elle s'était simplement tenue derrière le Marina, affichant un sourire malicieux en venant passer ses bras autour de son cou, murmurant à son oreille:

"- Tu veux en apprendre plus sur moi cher Dragon? Tes cartes ne t'ont-elles rien révélées? Comme c'est étrange. Il est fort dommage car d'ici peu, je ne pourrai plus entendre ce que tu as à me dire."

Un petit éclat de rire amusé échappa des lèvres de la Demoiselle qui s'en fut la seconde suivante, lorsque les cartes vinrent envelopper le corps de leur Maître pour le protéger. De la même manière, le cosmos de la Nymphe se fit plus oppressant, plus puissant, des ombres naquirent félins et loups qui vinrent l'entourer pour la protéger de la future attaque qui ne manquerait pas de venir.

Déjà, la Nymphe maudite s'attendait à recevoir une nouvelle attaque. Autour d'elles, ses bêtes allaient et venaient sur la défensives, prêtes à se jeter toutes griffes et crocs dehors à la moindre parole de leur Maîtresse. Lorsqu'elle provoqua l'hilarité du Général, elle ne prit nul ombrage de cela. Au contraire, son attitude amena un fin sourire à la commissure des lèvres de la Belle. Il ne faisait aucun doute que tous deux disposaient d'une réserve combative particulièrement conséquente. Peut-être même qu'il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui oppose une résistance aussi farouche.

"- Assez joué? Bien nous allons donc passer aux choses sérieuses en ce cas."

Oh oui, cela pouvait commencer. D'ailleurs, Endymion n'attendit pas son accord. Non déjà, l'Atlante pouvait ressentir la pression cosmique qu'il relâchait. Il y avait là, de quoi faire ployer l'échine car l'animosité qui l'animait était on peut plus palpable. Et pourtant Scylla résistait, un sourire sardonique ourlant ses lèvres. Non pas qu'elle se moquait, loin de là, mais son appétit du combat, semblait en cet instant la dévorer. Un frisson d'excitation lui parcourut l'échine toute entière face à cette démonstration de puissance.

Et il y avait ce dragon. Fabuleux et à la fois rugissant qui ne semblait qu'attendre une chose: se repaître de son âme. La dévorer. Magnifique et puissante créature. Qu'aurait-elle pu opposer comme résistance? Oh nul doute qu'elle aurait trouvé quelque chose. Mais de la à faire manger la créature dans sa main, il y avait des kilomètres. Mais déjà, les prunelles améthystes se posaient sur l'homme à l'origine de cette invocation. Il lui semblait présent et pourtant si loin. Ses n'avaient plus rien d'humain. Un instant, elle fronça les sourcils lorsque la foudre frappa le sol et ses pieds, faisant naître au coeur de ce pentacle une carte.

Lorsque celle-ci vint se placer face à elle, la Demoiselle vint doucement s'en saisir, pour l'amener contre son cœur. Déjà, ses Bêtes retournaient dans les ombres, passant aux côtés de leur Maîtresse en la frôlant, alors que l'écaille quittait son corps pour venir se reconstituer un peu plus loin. Plus la moindre trace d'animosité. Ne subsistait plus que la douce et tendre Calista. Avec attention elle écouta les paroles du Dragon des Mers, inclinant légèrement son doux minois sur le côté. Elle représentait l'Espoir. Pour un coup, la réponse à une question en entraînait une foule d'autres qui se bousculait dans son esprit.

"- L'Espoir? Mais l'espoir pour qui? Pour quoi? Et cette âme jumelle quelle est-elle?"

Oui vraiment bien des questions se bousculèrent dans l'esprit de la Demoiselle. Chassant ses idées, Calista finit par venir se placer face à Endymion pour lui rendre la carte.

"- Simple question, n'y vois aucune animosité de ma part. Tu as ma parole que j'ai rangé mes crocs. Mais qu'est-ce qui t'a amené à venir aussi loin dans Atlantis toi qui fais parti des premiers gardiens?"

Un instant, elle porta son regard sur les blessures qu'elle avait porté au Dragon des Mers. Le plus gros d'entre elles avaient déjà disparu, mais certaines nécessitaient quelques soins.

"- Tu ne peux pas repartir comme ça."

La Demoiselle arqua un sourcil en le voyant reculer. Ne venait-elle pas de dire qu'elle avait rangé ses crocs? Tant pis pour lui, elle était pourtant pleine de bonnes intentions. Elle se mit donc simplement assise sur une marche, continuant de l'observer avec un air intrigué dans le regard. Nouveau claquement de doigts. Elle savait déjà qu'un Esprit allait apparaître, mais lequel? Elle eut presque de la peine à la vue du vieillard, qui semblait s'épuiser alors que le Dragon, lui, se repaissait de son énergie. Lorsqu'il disparut, la jeune femme observait le nuage de fumée dorée avant de reporter son attention sur le Général.

Un sourire amusé, alors qu'il lui dévoilait les motifs de sa venue. Etait-il sincère? Elle ne le savait. Après tout, avec lui, tout n'était que jeu. Alors, lentement, félinement, l'Atlas se relevait avant de s'étirer, puis de descendre les quelques marches qui la séparait de lui.

"- Hé bien tu as gagné ton droit de visiter mon domaine Endymion. Je t'aurais bien accompagné pour te servir de guide, malheureusement il se trouve que je ne suis pas particulièrement d'humeur ce soir, ma compagnie ne serait pas agréable. Peut-être une prochaine fois dans ce cas."

C'était vrai, elle n'oubliait pas que son frère allait partir sous peu. Sans elle. Elle se devait d'avoir confiance en son jugement, après tout, il était le Légat. Elle partait déjà dans ses pensées lorsqu'elle l'entendit répliquer:

"- Hé ce n'est pas très juste. Tu triches. Enfin, je ne désire pas tout connaître. Je préfère penser que je suis maîtresse de ma destinée. Par contre je viens de perdre en charisme: d'étoile lumineuse et scintillante, je passe au statut d'étoile de mer."

Bien entendu, c'était là de l'espièglerie. Elle sursauta légèrement au contact des lèvres qui venaient de se poser sur son front, reculant l'espace d'un instant alors que ses doigts venaient effleurer l'endroit où le baiser avait été posé. Ses joues s'étaient parées d'une légère rougeur, alors que ses iris améthystes exprimaient la stupéfaction face à ce geste. Peu d'hommes s'étaient risqués à cela. Elle finit néanmoins, par se détourner, légèrement perturbée par ce simple geste, avant de décider qu'elle ne devait pas chercher comprendre. Alors elle eut un simple petit haussement d'épaule, avant de retourner parmi les ombres.

"- Je te souhaite une bonne fin de soirée Endymion, et au plaisir de te revoir."