[Fin Aout 550] Peu de temps avant le Crusos... (Aisleen)

Enfin, son voyage touchait à sa fin. La Louve allait enfin pouvoir récupérer ce bien qui était le sien. Bleddyn se tenait toujours à ses côtés. Un bref instant, elle usa de ce lien qui était le leur, afin de voir à travers ses yeux. Pouvoir admirer la vue du Sanctuaire. Un instant, elle battit des cils, le temps de pouvoir s'adapter à la luminosité plus que conséquente des lieux. D'ici quelques heures, il ferait nuit. Lorsqu'elle y fut accoutumée, la Chasseresse ne put s'empêcher de laisser son visage s'éclairer d'un sourire. C'était tel que son grand-père le lui avait dit. Quelques secondes plus tard, les Ténèbres furent à nouveau là. C'est cet instant que choisi son estomac pour crier famine.

Alors, elle choisit de se rendre dans cette taverne qui se tenait non loin. Prendre son dernier repas, avant d'écrire une nouvelle page de l'histoire de sa vie. Elle ne prit pas la peine de sonder les personnes présentes. Tout ce qui lui importait à dire vrai, était de faire un bon repas. Enfin si toutefois cela était possible. Lorsqu'elle poussa la porte de l'établissement et fit son entrée, elle put entendre quelques sifflements admiratifs, qu'elle ignora superbement. Un soupir, alors qu'elle suivait les indications de son loup:

* Fais gaffe à la marche. Avance encore. Attention, sur ta droite, y a ce que l'on appelle un pilier de comptoir. Voilà stop, le propriétaire des lieux est juste là.*

Oh la Bête n'était nullement visible aux yeux des simples mortels, seuls les Elus étaient capables de le voir. Alors, il s'assit simplement à ses côtés.

* Je mange et je quitte de cet endroit. Pourquoi faut-il que la plupart des membres la gente masculine se comportent comme des rustres? C'est épuisant, vraiment.*

Elle passa sa commande, déjà prête à partir en quête d'une table de libre, si toutefois le lieu en disposait, car en ce début de soirée, il était fort à parier que la salle était pleine. Le son d'une chaise raclant le sol lui indiqua qu'une personne venait de se lever. Le loup tendit l'oreille avant de se retourner en ressentant cette présence presque oppressante. Et la Demoiselle la ressentit elle aussi. Mais les paroles de l'inconnu lui coupèrent la chique. Alors là, c'était carrément déplacé. Aussi, Aisleen se retourna lentement, privant ainsi l'homme en question de cette...comment avait-il dit déjà? Ah oui...agréable vision. Deux iris émeraudes vinrent se poser sur lui. Néanmoins, son regard demeurait fixe. De taille moyenne, elle ne lui arrivait pas au dessus de l'épaule, peut être un peu moins. Les traits étaient fins, particulièrement magnifiques, la peau: de nacre. Une beauté sauvage, à l'image des terres d'où elle venait. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire charmant, bien qu'ironique:

"- Bonsoir Monsieur. Et je pense que l'on comprend mieux pourquoi les demoiselles fuient cet endroit lorsque l'on entend de tel propos. J'espère que vous avez bien profité du spectacle, parce que je ne compte pas donner d'autres représentations, ne vous en déplaise."

Le loup leva les yeux au ciel, visiblement dépité:

* Aisleen?*

* Quoi? Je vais quand-même pas me laisser faire!*

* Je ne dis pas le contraire, mais je crois que c'est le grand chef qui se trouve devant toi.*

* Quoi?!*

Et il fallut qu'il lui assène le coup de grâce. Le masque. Un instant, elle blêmit, avant de se ressaisir. La jeune femme ne tenait pas à lui donner la satisfaction de la voir vaciller. Oh que non. Fierté celtique oblige. Elle pouvait sentir tous les regards braqués sur eux, mais la Belle ne se laissa pas démonter pour autant.

"- Je n'ai pas de masque pour la simple et bonne raison que mon armure ne m'a pas encore été remise. Je viens d'arriver."

Pas sûre que cette réponse la sauve toutefois. Mais une chose était sûre, elle ne se laisserait pas abattre.

La tension de la Louve était palpable, alors qu'intérieurement elle maugréait. Bien entendu, à peine arrivée il avait fallu qu'elle tombe sur le Pope en personne. Voilà qui était bien sa veine. Vraiment. Etrangement, la situation cocasse semblait particulièrement amuser Bleddyn dont les iris ambrés se portaient de l'un à l'autre, alors que ses babines s'entrouvraient. Simulacre de sourire. Sentant l'amusement de son guide, la Demoiselle porta sur lui son regard presque assassin:

* Ce n'est pas drôle!*

* Oh que si!*

Un claquement de langue agacé de son Elue, et celle-ci reportait déjà son attention sur son interlocuteur. Se rendait-il seulement compte de ce qu'il lui disait? Qu'elle se comportait comme une catin? C'était cela qu'il sous-entendait? Alors là, autant dire que Pope ou non, elle mourait d'envie d'abattre son poing sur son visage. Sa tenue de dévoilait rien du tout! Oh oui en ce instant la Druidesse fulminait. Pourtant, elle s'exhortait au calme, même si la colère faisait clairement flamboyer son regard émeraude. peut-être devrait-elle lui montrer son dos. Ainsi la vue des brûlures qui le parait lui ferait oublier rapidement son agréable vision.

Elle ne semblait nullement réagir à l'expression menaçante dont il venait de parer son faciès. Quoi de plus normal après tout. Une délicate fragrance vint titiller ses narines. Pour elle, celle-ci était bien plus forte que pour les autres, son nez se plissant de façon fort charmante. Lui donner son armure seulement si lui le voulait bien? Le Loup l'avait choisi, elle, et nulle autre personne. Mais vu que visiblement ça ne semblait pas être suffisant, la jeune femme était toute prête à lui prouver que cette armure lui revenait bel et bien de droit.

"- A Rome fais comme les romains... Fort bien. Aisleen O'Brien. Je suis toute disposée à vous prouver que mes dires sont vrais. Mais je n'ai pas vraiment envie de retourner une auberge."

En temps normal, il y aurait eu un sourire. Elle aurait ajouté qu'elle était enchantée, aurait peut-être même offert une poignée de mains. Mais pas là non. Son appétit était coupé. Elle prit juste le verre de vin qui l'attendait, avala une gorgée, avant de faire une grimace:

"- De la piquette. Vous devriez avoir honte de servir ce vinaigre."

Sans un mot de plus, elle posa sa pièce sur le comptoir avant de s'en détourner dignement, et de sortir tout simplement des lieux, son loup sur les talons. Déjà son esprit se mettait en condition pour la suite.