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Mai 553 AD
 
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 [Février 553] Des os, du verre.

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CalypsoCalypsoArmure :
Ecaille des Hyades

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Message [Février 553] Des os, du verre.   [Février 553] Des os, du verre. EmptyMar 4 Aoû - 16:25

Le temps efface toutes les blessures.

Combien de fois l'ai-je entendu me répéter cela ? A chaque chute. A chaque appel des serviteurs. A chaque soupir contenu de ma mère pour ne pas craquer. Nous sommes fortes, parce que nous devons l'être. Tel est le devoir de notre rang. De notre sang. De notre dignité.

"As-tu tout ce qu'il te faut ?"

Je le vois opiner avec un sourire fatigué, me tendre une main faible et fragile que je saisis avec la plus grande douceur, Mère faisant de même de l'autre côté du lit. Voilà des mois, des années qu'il agonise, qu'il prolonge son existence à la seule force de sa volonté. Ce matin pourtant, des messagers sont venus nous chercher pour nous indiquer la fatale évidence : il sent qu'il va partir. Bientôt. Ce corps usé encore et encore ne supporte plus le poids de la vie. Je ne peux empêcher mon cœur de se serrer à chaque fois que je le vois cligner des paupières. Je sais que c'est inévitable, mais j'ai peur, terriblement peur qu'il s'en aille. Je me rends compte que si j'ai voulu apprendre à guérir avec mon cosmos, c'est aussi dans l'espoir de l'aider lui, un jour. Mais le temps me manque, et même avec trente années de plus, j'ignore s'il m'aurait été possible de parvenir à cette fin.

Il sent mon désarroi, et je ferme les yeux en sentant ses doigts parcourir ma joue d'une caresse affectueuse.

"Nous en avons déjà parlé, ma puce. Laisse-moi être un peu égoïste et te demander de sourire. Tu veux bien ?
-Évidemment. De toute façon il ne faut pas que je pleure : je risquerais d'inonder tout l'hôpital."

Un rire secoue doucement son torse. Il est grave, profond. J'aurais même envie de dire "chaud". Ce type de rire qui donne envie d'être bienveillant et d'aimer. Je ne peux m'empêcher de sourire en retour, sans me forcer, parce qu'il a cette manière de s'y prendre à laquelle je ne résiste pas. Il sait exactement comment je fonctionne, et il s'en sert à bon escient.
Mon Onde est sous contrôle, mais nous nous rappelons tous les trois mes débuts. Quand un trop-plein d'émotions me submergeait, j'avais tendance à laisser tomber la pluie n'importe comment, n'importe où. Plusieurs fois il a fallu réparer des dégâts à l'intérieur comme à l'extérieur : tapis détrempés, sols gonflés d'humidité, vêtements abîmés, même des jardins envahis de boue... Pourtant il ne m'a jamais grondée pour cela. Il était même fier de voir que je progressais, que je me maîtrisais. Que j'aie pu prétendre à porter une Écaille. Il est un peu comme l'un de mes piliers, et ce n'est pas peu dire dans une cité comme Atlantis.

Mère demeure muette. Elle sait que le moment est important pour moi, elle le gère à sa manière, de son côté, car elle a toujours su que les choses finiraient de cette manière, alors que pour moi il a été un héros intouchable pendant longtemps. D'une certaine façon il l'est toujours, dans sa tête, dans son cœur.

"Raconte-moi encore une fois ce que tu fais en ce moment. Comment vont tes amis ?
-Eh bien... Depuis quelques semaines, j'ai été admise comme Nymphe dans l'Amirauté. Je suis au service direct d'Orphéus, et je travaille aussi avec Aurora. Un peu moins avec les Généraux et les Capitaines, mais cela va venir. Je monte la garde, je transmets des messages, j'aurais bientôt des missions un peu plus délicates à gérer dont je ne peux pas parler.
Les jumeaux vont bien, malgré les soucis liés aux pirates, aux guerres en surface, à l'intégration pas toujours facile des nouvelles recrues...
Calista est partie pour un moment. A ce que j'ai compris, elle voulait rattraper le temps avec son frère Cinead, et pour ce faire elle avait besoin de se libérer de Scylla. Les Écailles sont un honneur, mais aussi une responsabilité, et celle-ci commençait à la ronger.
Dans l'ensemble les autres vont bien. Je suis invitée à une promenade équestre la semaine prochaine aux abords d'Alexandrie, je ne sais pas encore si j'aurais du temps pour y aller. En-dehors de cela, je continue de m'entraîner, d'aller à la bibliothèque, de remettre des articles aux chroniqueurs, de patrouiller, de prendre la succession de la gestion du manoir avec Mère...

-Je compte bien alléger ton emploi du temps encore un moment, n'aie crainte !
-Ha ha ha, je vous fais confiance à toutes les deux. Et dis-moi, cet homme qui te plaisait bien...
-J-je... Je me suis un peu rapprochée de lui mais je n'ai toujours pas osé lui dire... En ce moment c'est un peu compliqué...
-Hum. Tant pis. Je crois que ce sera l'un de mes seuls regrets : de ne jamais avoir vu ma ravissante fille se marier.
-Père je...
-Je refuse que tu t'excuses encore. Les mariages de convenance perpétuent la lignée, mais pas souvent le bonheur. Si tu as quelqu'un en vue, essaie d'abord de le lui dire, et si cela ne fonctionne pas, alors il faudra peut-être cesser de repousser les demandes. Mais tu as encore du temps devant toi.
-Oui, j'ai du temps. J'ai la chance d'avoir du temps.
-Et que t'ai-je dit sur le temps ?
-Qu'il faut en prendre soin. Mais tu sais, en étant Marina je risque de... moins en avoir.
-Alors utilise-le bien, voilà tout."

Il me sourit, et je constate à quel point ses petites rides soulignent sa fatigue, mais aussi sa prestance. Une nouvelle fois je sens sa main sur sa joue, pendant qu'il invite Mère à approcher le temps de lui donner un baiser plein d'amour. Leurs regards se communiquent bien plus d'émotions que je pense le soupçonner, et ils demeurent juste front contre front pendant un moment de silence. Je le sens, nous le sentons tous, ses forces atteignent leur limite.

"Je pars en paix. Je vous protègerai de là-haut. Je vous aime mes chéries."

Je porte sa main à mes lèvres pour y déposer un baiser, avant de lui offrir mon plus beau sourire. Même moi qui ne suis pas la plus sensible au cosmos, je peux sentir l'énergie en lui vaciller, alors j'estime que c'est le moment. Je croise son regard gris perle une dernière fois, et soudain je sais qu'il est parti. Ses mouvements se figent, ses bras retombent. Je crois même avoir entendu un craquement à ce moment au niveau de son poignet : l'os de verre a cédé. Une fois de plus, une fois de trop.

Sans un mot, je me rapproche et pose ma main sur son front, descends pour fermer ses yeux. Sans nous concerter, Mère et moi nous regardons en silence. Nous savons aussi bien l'une que l'autre le déchirement que cela nous procure. Nous savons aussi qu'il y a une part de soulagement, car plus jamais il ne va souffrir. Cette pensée m'aide à rester impassible en surface, à faire de mon pouvoir un lac clair et calme au lieu d'une tempête déchaînée.

Alors je regarde la clepsydre posée dans un coin et je m'exprime d'une voix étonnamment posée tout en saisissant mon matériel d'écriture :

"Aujourd'hui, 4 février 553 anno domini, en l'ère du Requin, s'éteint Caladrius Toreador Arkantea. Heure du décès, 11 h 37. Que le grand Poséidon l'accueille parmi ses innombrables enfants des millénaires passés. Que son repos soit à l'image de sa vie : humble et paisible, entouré d'amour et de prospérité. Que son nom soit gravé sur les stèles de l'Histoire de sa famille comme celui d'un père et mari sans reproche."

Ma mère acquiesce, satisfaite de ma prière. Voilà plus que 40 ans que leur mariage a eu lieu, et elle ne regrette rien. Ni la maladie qui a forcé mon père à venir tant de fois dans cet hôpital, ni les larmes qu'elle va verser quand elle sera seule dans sa chambre une fois de retour au manoir.

"Calypso. Le carton d'invitation pour la fête du Seigneur Tangaroa. Tu vas y aller."

Ce n'est pas une question. Elle sous-entend qu'elle ne viendra pas, qu'elle va observer le deuil. Mais moi, je dois aller de l'avant, utiliser mon temps intelligemment. Heureusement elle n'aura pas lieu cette semaine, la personne qui a fait tout envoyer a prévu un peu d'avance. Je vais pouvoir pleurer moi aussi. Puis après, il faudra vivre.

"Je vais aller prévenir les médecins que nous pouvons libérer la chambre... Et faire un tour dehors.
-Entendu. Merci."
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