[Fin Janvier 553] La fierté d'un enfant (Nymphéa)

Quand le besoin de se promener se fait plus pressant, la jeune fille aime à se rendre à Rodorio, petit village proche du Sanctuaire. D'un pas leste, elle prend son temps, lambine un peu, rêvasse comme à son habitude et prend immuablement la direction de la sortie – ou entrée suivant le point de vue – du Sanctuaire. Sur la route vers le village, elle aperçoit deux personnes qui arrivent en sens inverse. Bien assez tôt, elle va les croiser, en attendant, elle essaie de deviner de qui il s'agit. De loin c'est assez difficile, mais plus ils approchent et plus elle discerne leur visage. Le petit lui est totalement inconnu, mais l'homme, l'adulte, elle l'a déjà vu. Ces longs cheveux bruns, ces yeux bleus, pas de doute, même sans son armure elle le reconnaît. C'est qu'elle est devenue bonne observatrice à force de rester seule à longueur de temps et de n'avoir que ça à faire de regarder et d'écouter. Lorsqu'il arrive à sa hauteur, elle lui rend son signe de tête pour le saluer. Qu'il se souvienne de son nom l'étonne. Le sien, elle l'a déjà entendu à plusieurs reprises.

- Bonjour Silas. Euh… Oui c'est ça. Phéa, vous pouvez m'appeler Phéa.

Elle préfère ce diminutif, même si au premier abord elle donne toujours son prénom complet. Le garçon fait tomber son sac. Il a l'air tellement timide. Est-ce parce qu'elle porte son armure ou bien est-ce une part de sa personnalité ? Elle sourit avec bienveillance même s'il ne peut pas le voir à cause de ce masque qu'elle est obligée de porter en permanence. Doucement, elle se baisse et ramasse le navet qui a atterri à ses pieds puis le lui tend.

- Ce n'est pas grave ! Tiens, c'est à toi je crois. Quel est ton nom ?

Elle se retrouve un peu en lui. Cette maladresse, elle connaît bien. Il faut espérer que lui saura s'en départir, ou que ce n'est qu'un petit accident inhabituel. Patientant le temps qu'il récupère ce qu'il a perdu, elle vrille son regard sur l'un puis sur l'autre.

- Vous êtes allés faire vos courses ? Vous avez trouvé tout ce qu'il vous fallait ? C'est un truc de Gold ? J'ai toujours mangé au réfectoire des filles sans me poser de question. Je ne sais même pas s'il y a une cuisine où je pourrais faire mes propres repas.

Elle se redresse pensive, c'est bien là une question qu'elle ne s'est jamais posée. Cela dit, même si c'est une possibilité, elle n'est pas certaine d'avoir envie d'en profiter. Ce n'est pas tant qu'elle n'aime pas cuisiner, mais s'imaginer armée d'un couteau de cuisine ou à devoir gérer une marmite bouillante la fait frissonner. Empotée comme elle est, elle aura tôt fait de se couper ou de se brûler, de tout faire tomber et de gâcher la nourriture. Alors même si l'idée peut être tentante et un bon moyen de passer le temps, c'est trop risqué pour qu'elle s'aventure dans de telles pratiques seule. De nouveau son regard se pose sur le gamin et sur le gros sac qu'il doit porter.

- ça va ce n'est pas trop lourd ? Je peux vous aider peut-être ?

Elle doute que le jeune accepte, elle l'imagine plutôt à vouloir montrer qu'il est tout à fait capable et c'est tout à son honneur. C'est une réaction classique, son petit frère était comme ça en tout cas. Oh pas du tout maladroit pour un sou, mais toujours prêt à montrer qu'il peut faire comme les grands et porter de lourdes charges par exemple.

Toujours aussi timide, le jeune garçon se présente et elle le salue d'un signe de tête amical. A la réponse du Gémeaux, elle penche légèrement la tête de côté, pensive. C'est vrai que si elle voulait, elle aurait pu avoir une maison. Son grand frère en avait une et elle avait vécu à ses côtés jusqu'à ce qu'il meure. Depuis, vivre dans un tel endroit seule lui était insupportable. La maison avait été rendue et elle était retournée dans le dortoir des filles. Quand bien même, cela serait une très mauvaise idée, avec sa maudite maladresse, elle serait capable d'y mettre le feu et d'avoir encore plus honte. Ce ne serait donc pas une très bonne idée qu'on la laisse se débrouiller seule. Ou peut-être que si ? Peut-être qu'elle apprendrait, qu'elle serait plus attentive ? Pour l'heure c'est un risque qu'elle n'a pas vraiment envie de prendre. Elle est déjà assez seule comme ça, pas la peine d'en rajouter une couche.

- Je n'ai jamais fait la demande d'une maison. Mais c'est vrai qu'elles ont leur propre cuisine. Les lieux communs me suffisent. Un jour peut-être j'y réfléchirai.

De plus en plus il lui fait penser à son petit frère. Il faudrait qu'elle lui écrive d'ailleurs. Il doit savoir lire à présent et cela fait trop longtemps qu'elle n'a pas envoyé de nouvelles à sa famille. Comme présumé, le jeune Markos refuse son aide et cela la fait sourire d'un air amusé. Dommage qu'il ne puisse pas le voir. Parfois c'est agréable de montrer ses émotions. Comment ne pas avoir l'air d'une simple statue vivante si le faciès est caché en permanence ?

- C'est bien ! Je suis sure que tu es très fort !

Il n'y a que les mots et l'intonation qu'elle leur donne qui permettent de discerner ce qu'elle ressent et ce qu'elle pense. Ainsi elle ne se retient pas d'encourager le petit de quelques flatteries. Aussitôt elle répond à Silas.

- Je vois ça… Je n'ai pas de but précis, je me promène dans l'espoir de trouver quelqu'un à qui tenir compagnie. Ils… Ne m'aiment pas trop au sanctuaire.

Elle hausse les épaules, comme si ce n'était pas grave. Résignée de toute évidence.

- Donc je suis libre mais seulement si ça ne vous dérange pas et que vous n'avez pas autre chose de prévu. Je ne voudrais pas déranger.

Toujours soucieuse du bien d'autrui avant le sien propre. Trop gentille, elle craint généralement de gêner les gens et évite de s'imposer la plupart du temps.

Sympathique oui, quand on ose aller au-delà de la moquerie et que l'on cherche à la connaître mais beaucoup trop de monde au Sanctuaire sont soit en concurrence constante, soit simplement hostile, soit trop occupé pour faire attention à la discrète jeune fille. Beaucoup, mais pas tous. Peu à peu elle parvient à lier connaissance et à se faire des amis. Oh pas beaucoup bien sûr, mais un, ou même deux c'est déjà mieux que zéro. Elle sourit en voyant Silas rire de sa boutade.

- Je leur fais peur oui, ou alors ils s'en fichent simplement. Bah...Ce n'est pas grave. Je ne veux pas d'ami qui ne soit pas un minimum ouvert d'esprit et tolérant.

L'amphore tendue, elle s'en saisit aussitôt. Ce n'est qu'une sorte de diversion pour « dire que », elle l'a bien compris, mais cela lui convient. Participer de cette façon lui plaît. Elle se serait sentie gênée de remonter les mains vides. Son sourire reste sur ses lèvres alors qu'elle observe l'enfant empli de zèle. Bien sûr ils ne peuvent pas le voir à cause de son masque mais cela s'entend au ton de sa voix, joyeuse, guillerette. La tonalité joue beaucoup d'autant plus qu'elle est la seule chose qui permette de déterminer ses émotions, ça et aussi la posture du corps lorsque l'on sait la décrypter.

L'enthousiaste Markos les précède et la petite Émeraude suit son nouveau groupe sans traîner. La jarre est fermement tenue entre ses bras et elle avance avec précaution pour ne pas risquer de chuter. La concentration est de mise car le contenu est précieux. En outre, elle ne voudrait pas faire de bourde dès le début ni se retrouver avec son armure et ses vêtements tous tâchés.

- Hum… Depuis Rome ? Pas grand-chose. Les tâches usuelles, entraînement et puis je soigne ceux qui en ont besoin. J'accélère la guérison naturelle et je fais disparaître les cicatrices, les hématomes, ce genre de chose. Je ne suis pas une grande combattante mais on m'a trouvé une utilité, c'est bien. Et toi ? Beaucoup de missions ? Des apprentis à entraîner ?

Soigner les autres est un réflexe, une vocation, sa façon de se rendre utile, mais un acte noble pas vraiment à ses yeux. C'est naturel pour elle, du coup, ça n'a pas la notion d'acte exceptionnel dans sa tête. Cependant, elle est ravie de voir un peu de reconnaissance dans le discours du Gold Saint. Les « merci » ne sont pas toujours systématiques lorsque l'on fait appel à elle alors elle est touchée.

- Merci !

Opinant d'un signe de tête à ses questions suivantes, elle repense aux précédentes guerres. La toute dernière surtout où elle aurait pu aider si elle n'avait pas été assommée dès le début. Bon d'accord, elle s'était rattrapée après, mais pour le coup sa maladresse et sa malchance l'ont rendue inutile. Il faut espérer que s'il y a une prochaine fois elle pourra aider un peu plus sans s'humilier de la sorte.

- Je peux oui. Je suis axée eau et plante, je fabrique un baume guérisseur à partir de mes plantes cosmiques, un mélange de sève, huile et eau, et j'accélère son efficacité ainsi que sa rapidité d'action avec mon cosmos. Ça a l'air un peu compliqué dit comme ça, mais dans les faits c'est tout simple. J'applique mon onguent, je chauffe avec mes mains, ça prend plus ou moins de temps et c'est réparé comme neuf !

Elle est fière la petite Émeraude de son savoir-faire. Elle passe beaucoup de temps à l'hospice du Sanctuaire pour aider les guérisseurs.

- C'est une voie qui me plaît bien et qui est faite pour moi je pense oui. Sur le champ de bataille… Faut que j'évite de me prendre un coup qui me mettrait hors service et je pourrais être utile.

Attentive, elle opine lorsqu'il évoque les lourdes pertes, puis affiche un air étonné qu'il ne peut pas voir sous son masque lorsqu'elle apprend ce que le Grand Pope lui a demandé de faire. Elle a bien vu que les entraînements s'étaient accélérés et intensifiés, mais elle ne savait pas que l'on cherchait à accélérer l'obtention de Cloth. Puis elle s'émerveille à l'évocation d'Atlantis. Elle en a vaguement entendu parler, mais jusqu'à présent c'était resté comme un endroit imaginaire, qui existe, mais dont elle n'a pas vraiment conscience, auquel elle ne pense pas, un peu comme un rêve. Plein de questions lui viennent à l'esprit et certaines parviennent à franchir la barrière de ses lèvres.

- Atlantis ? J'aimerai bien y aller ! Si vous arrivez à renouer des liens amicaux, je pourrais peut-être aller visiter. Ça doit être tellement beau… Tu y es déjà allé ? Mais comment on fait pour s'y rendre ? Ils ont des genres de capsules qui font le trajet surface-fond de la mer ?

D'un œil distrait, la jeune fille observait le garçon ouvrir la marche. C'était amusant de le voir faire tant d'efforts pour bien se faire voir. Tous ne sont pas comme lui aussi serviables et dociles. Dommage. Une chance pour le Gémeaux de l'avoir à son service. Pour avoir pu observer ses frères grandir, elle se demande si lui aussi passera par une crise d'adolescence difficile. Certains y échappent, ceux qui sont heureux probablement, ou bien suivis. Il doit y avoir un petit quelque chose, un facteur déterminant dans leur vie. Mais soit, ce n'est pas le moment de réfléchir à cela. Au moins il se dépense et se fait les muscles, c'est bien pour lui. Elle opine doucement à Silas.

- Vous me raconterez ! Ce sera au moins cela. Ainsi je saurai ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas...

Opine de nouveau à l'explication donnée sur les espèces de portails dimensionnels. Ses grands yeux sont tout émerveillés. Oh bien sûr depuis le temps qu'elle est ici elle a bien vu pas mal de choses « magiques » mais ça c'est quand même exceptionnel et il n'en faut pas beaucoup pour l'impressionner. D'ailleurs, elle se souvient encore du joli petit oiseau de feu né des flammes du Phénix. Un petit chef d’œuvre dans son genre. Elle aime bien ce genre de choses, ces petites démonstrations bénignes.

- Je vois oui. C'est impressionnant. Je me demande si c'est instantané ou si ça provoque une sensation de vertige ou quelque chose dans le genre...

ça la fait réfléchir un peu, mais elle reste attentive à ce que le brun aux yeux bleus lui raconte. Yeux qu'il a fort jolis d'ailleurs, mais elle va éviter de lui dire sinon il pourrait le prendre de travers. Quoique, il est possible qu'il ait remarqué qu'elle était innocente. Hum… Non, même ça, ça n'empêche pas. De plus, peut-on dire que l'on est innocent lorsque l'on projette de tenter de tuer quelqu'un même si c'est juste par obligation ? Ah… Sombre histoire…

- Et bien je vous souhaite de réussir votre mission comme ce sera un petit pas vers les portes grandes ouvertes ! En attendant, il y a sûrement d'autres jolis coins à visiter. Vous avez des endroits à me conseiller ? Bon je ne prévois pas de partir dans l'immédiat, mais sait-on jamais, un de ces jours...

Partir oui peut-être mais pas seule et pas tant que l'on aurait besoin de ses services ici, alors autant dire qu'elle n'était pas prête de voir du pays de si tôt. A moins qu'on ne l'envoie en mission quelque part prochainement, elle resterait sagement au Sanctuaire à regarder les journées passer tout en faisant son train-train quotidien.

- Au fait, je me demandais, qui veille sur vos temples lorsque vous partez en mission ?

Bonne question… Elle se l'était toujours posée, mais jusqu'à présent, elle n'avait jamais croisé de personne susceptible de lui fournir une réponse. Elle espérait que le Gémeaux lui saurait, d'autant plus qu'il est ici depuis longtemps. La réponse ne changera rien à sa façon de vivre ni à ses convictions, mais elle pourrait combler les trous que forment ses interrogations silencieuses.

La description de la Perse lui fait penser à un autre endroit du même genre tout aussi grandiose, chargé d'histoire et de monuments incontournables. Un endroit, une zone plutôt, où elle n'est jamais allée, mais qui lui faisait grandement envie maintenant qu'on en parlait et que ça lui faisait s'en souvenir. La jeune femme n'hésite pas alors à aborder cela tout en se demandant si ça lui donnerait envie aussi d'y aller jeter un coup d’œil.

- La façon dont vous décrivez la Perse donne envie d'y aller en effet. Ça me fait penser à un endroit un peu similaire, l’Égypte. Sa mer de sable immense parsemée d’îles du nom d'oasis, ses pyramides, son Sphinx, le Grand temple, Alexandrie, le Nil… Ah comme j'ai envie d'y aller maintenant !

Elle éclate de rire. Oui voyager fait envie, et c'est amusant de voir qu'elle n'est pas la seule à aimer cela. Mais le devoir avant tout, il faut attendre. Attendre que le sort lui soit favorable et que l'on décide de l'envoyer quelque part même si ce n'est pas très loin. Toutes les occasions sont bonnes et elle n'en demande pas beaucoup, se satisfaisant de ce qu'on veut bien lui donner et de ce qu'elle possède déjà. En l’occurrence… Pas grand-chose pourrait-on dire, mais pour elle le Lotus c'est « tout » et forcément, bien plus que ce qu'elle aurait pu espérer. Depuis quelque temps elle commençait à se faire des « amis » et cela, ce n'était pas pour lui déplaire non plus. Comme si la roue avait décidé de tourner dans le bon sens pour elle. Il ne restait plus qu'à espérer que cela dure assez longtemps pour qu'elle puisse en profiter pleinement.

- L'humidité ce n'est pas mal non plus. C'est comme choisir entre sauna et hammam. Les deux ont du bon et sont attrayants. Si on pouvait se dédoubler… Mais non ! Alors ce sera le hammam pour vous ! C'est bien. La Perse peut attendre une prochaine fois. L'Ophiuchus y est ? La chance… Et bien quand elle reviendra, si je ne suis pas moi-même partie, j'irai lui demander de me raconter oui.

En espérant que la Chevalier ne l'envoie pas paître. Ne la connaissant pas beaucoup, Nymphéa aura surtout peur de la déranger. Mais cela ne l'empêchera pas d'essayer si l'occasion se présente.

La réponse à sa dernière question lui semble évidente sur le coup, mais elle n'en est pas pleinement satisfaite. Si elle respecte les choix qui sont faits, elle ne comprend pas pourquoi ils sont faits, mais c'est ainsi. Au mieux, elle peut espérer compter sur le calme des derniers mois et sur l'absence de nouvelles des « camps » adverses. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles dit-on. Elle ne peut s'empêcher de soupirer.

- Je vois. Je m'inquiète pour rien sans doute, mais… Je ne sais pas… ça ne me rassure pas de savoir un temps vide. A la rigueur, un ou deux, pourquoi pas, mais là j'ai l'impression qu'il y en a plus de la majorité qui ne sont pas protégés et forcément, je crains pour la protection de notre chère magnifique Déesse. Est-ce que vous l'avez déjà vue ? J'essaie souvent d'imaginer à quoi elle pourrait ressembler. La couleur de ses cheveux, les vêtements qu'elle porte… J'imagine aussi ce qu'elle peut faire pour occuper son temps. Je suis sans doute à côté de la vérité, mais... Elle hausse les épaules. ça m'amuse, ça m'occupe.

Concentrée sur ses pieds et la discussion, elle ne se rend pas vraiment compte d'où ils en sont sur le trajet du retour. L'arche néanmoins lui arrache un regard. Impossible de ne pas voir ces fameuses colonnes, signe qu'ils sont au Sanctuaire à présent. Mais de nouveau elle se focalise sur ses pieds et le chemin pavé de dalles. C'est important car ce qu'elle transporte est précieux. Ce serait des légumes, elle pourrait toujours les ramasser en cas de chute, mais là, si l'amphore se brise, le vin qu'elle renferme serait perdu définitivement.

Poursuivant sa route, elle écoute avec attention la description faite de la déesse et peut mieux se la représenter ainsi. Évidemment elle est toujours loin de la réalité, mais au moins certains détails se précisent et elle n'est plus juste une ombre avec la vague forme d'une femme. Ce n'est pas parfait, mais toujours mieux qu'avant. Mentalement, elle fait l'inventaire des qualités que les Gémeaux lui donne. « Calme et assurée, douce et forte », ce qu'elle aimerait être elle-même. Athéna est un exemple qu'elle aimerait suivre et elle comprend mieux l'attachement que le Phénix lui porte. Elle lui est fidèle et dévouée depuis toujours, mais à présent elle commence à s'en faire un modèle qu'elle admire.

- J'espère que l'occasion viendra un jour, mais je ne me fait pas trop d'illusion je ne suis que Silver. Peut-être, la verrais-je de loin éventuellement. Je n'étais pas à la bataille de Jamir… Dommage, j'ai loupé cela. Ça devait être épique.

Parmi les noms cités, l'un d'entre eux lui fait plisser les yeux. Nimuë… Son visage se redresse et ses yeux se posent sur les divers temples en approches jusqu'à s'arrêter sur l'un d'eux un peu plus loin.

- Nimuë, c'était l'ancien Poisson n'est ce pas ? Je ne me souviens pas très bien… Je sais juste qu'elle n'est jamais revenue de Jamir.

A nouveau elle baisse la tête. Même si elle n'avait pas de lien particulier avec elle, elle est toujours triste quand un de ses camarades Chevalier ne rentre pas de mission. Une part d'elle culpabilise de ne pas avoir été là pour aider, tandis qu'une autre repense à la perte de son frère qu'elle n'a pas pu protéger. Même si elle tente de se dire que ce n'est pas le travail d'une petite sœur de veiller sur l'aîné, le manque est toujours présent.

Elle porte tant d'amour et de respect envers sa Cloth qu'elle ne comprend pas comment quelqu'un peut ainsi changer d'armure et abandonner celle qui l'a accompagné durant toute une période de sa vie, encore moins lorsque c'est pour changer de camps. L'élévation au rang Or encore elle le conçoit car elle peut le voir comme un honneur, mais lorsque l'on a déjà le meilleur, quelle raison peut nous pousser à l'abandonner ? Cela reste un mystère. Un mystère qu'elle ne découvrira sans doute jamais. En tout cas, elle ne pose pas plus de questions. Même si Silas a certainement un avis là dessus, elle estime que cela tend vers l'indiscrétion et elle n'aime pas cela. En outre, cela ne la regarde pas. Savoir ne changera rien à sa vie.

- Oui ! Tu as raison ! Il faut toujours positiver ! J'aurai bientôt ma mission et tout va bien se passer !

Elle sautille avec entrain, toujours bien cramponnée à son amphore. Déjà sa discussion avec Elias l'avait fait réfléchir et regagner en motivation. Alors l'embranchement arrive à point nommé. Non pas qu'elle souhaite se débarrasser des Gémeaux, mais une idée vient de germer dans son esprit. Elle s'arrête et regarde vers les baraquements, pensive.

- Je t'aurai accompagné avec plaisir, mais je crois qu'il est temps que je grandisse.

Elle se tourne vers lui et l'enfant.

- J'ai décidé d'enfin aller réclamer la maison à laquelle j'ai droit ! Il est plus que temps oui. Alors je vais faire ça tout de suite avant de changer d'avis !

Pleine d'entrain et de gaieté à l'idée de franchir une étape dans sa vie, elle a hâte tout à coup. Il lui faudra prendre un peu de temps pour déménager le peu d'affaires qu'elle a mais ce sera assez rapide. Au sujet de la cuisine qui avait été sa plus grande réticence, elle a décidé de passer outre. Si elle ne s’entraîne pas dans ce domaine comme elle le fait dans le combat, c'est certain qu'elle ne progressera jamais.

- Si tu veux bien, à ton retour j'aurai besoin de cours de cuisine, sinon je risque de manger la même chose tous les jours...

Elle rit doucement en lui tendant l'amphore.

- Et quand j'aurai ma maison je te ferai visiter ! Tu ne pourras pas la manquer, ce sera la plus verdoyante de toutes !

Même s'il est fort probable qu'elles se ressemblent toutes dans la forme et l'agencement, la sienne sera parmi les plus fleuries. Maintenant qu'elle y pense, elle pourra même se faire un jardin de plantes médicinales. De beaux projets en perspective.