[Mi Mars 553] Sobre déambulation

Une fois les portes passées, je me décidais à explorer les allées de ce marché désordonné, mais si riche en possibilités ! Cela de manière à glaner quelques rumeurs et ragots, tout en attendant l'arrivée d'Orpheus et de sa suite.
Et pour le coup, je me sentais comme un poisson dans l'eau.
Mon baluchon sur l'épaule, je dévorais du regard les étals, tout en prenant garde à ma bourse. On était jamais assez prudent...
Les rues m'apparaissaient relativement sales, ce qui n'avait rien d'étonnant vu la cohue et le coté rustique des alentours. Clairement, je ne me promenais pas dans les quartiers chics... Mais le pirate que j'étais s'y sentait à son aise. Toutefois, je n'étais pas uniquement là pour faire du lèche-étal. Je tendis donc l'oreille pour glaner les rumeurs locales, avant de me diriger vers le puits le plus proche. D'expérience, les deux coins les plus intéressants en guise de récoltes d'informations étaient les tavernes, et les lieux de rassemblement des épouses ménagères.
Et pour attirer l'attention des dames les plus esseulées et oubliées par des époux trop occupés, je pris place sur un modeste rocher, et sortis un instrument à cordes de mon sac.

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Ma chemise légèrement entrouverte pour laisser voir mon torse avantageux, mon plus beau sourire sur mon visage séduisant, je laissais ma voix virile caresser les oreilles de mon public improvisé.
Avec un peu de chance, j'arriverais à passer pour un mystérieux barde, dont l’intérêt pour l'histoire locale ne choquerait personne.
C'était ça ou endosser directement mon écaille, pour m'imposer socialement. Mais cette tactique risquerait surtout de faire naître la méfiance, et de ruiner mes chances de pactiser avec le bas peuple. Pirate un jour, pirate toujours. Pour les mondanités, Orpheus saurait très bien tirer son épingle du jeu.
Mon sourire s'élargit légèrement, lorsque je me rendis compte que j'usais des mêmes stratégies que les sirènes : envoûter mes proies par ma chaude voix pour mieux me repaître de leurs esprits. Quoique, dans ma méthode, il n'y avait rien de sanguinaire, ni de néfaste. Je laissais ça aux porteurs de l'écaille de l'Atlantique Sud. Si Nimue pouvait me voir en cet instant, nul doute qu'elle prendrait ma prestation pour un hommage... Ou qu'elle se foutrait bien de ma gueule.

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Tout occupé à charmer la gueuse et le jouvenceau, je remarque un étrange attelage stopper sa course à proximité. Aurais-je attiré l'attention d'une édile ? Parfait...
Mon sentiment se confirme quand un jeune échanson, appétissant au demeurant, se dirige vers moi pour m'indiquer le souhait d'entretien de sa maîtresse. Je relève le regard et tombe sur une sublime créature, aux atouts mis en valeur. Un sourire séducteur se pare sur mes traits, alors que ma méfiance naturelle entre en action, derrière le paravent de ma mondanité.
J'adresse un signe de tête affirmatif au serviteur, rengaine mon instrument, et me dirige vers la sublime créature à la longue chevelure sombre.
Et une fois parvenu à sa hauteur, je m'incline pour lui rendre l'hommage le plus vibrant.

Impossible de me souvenir la dernière fois où mes yeux ont croisés une étoile capable de rivaliser avec votre éclat, ma Dame. Vous illuminez, à vous seule, cette cité. Et mon cœur sensible ne saurait rester indifférent à votre splendeur.

Cela tombe bien, j'ai déjà la mandoline en main. Et d'autres instruments susceptibles de faire mugir les chœurs à disposition, si besoin.
Une créature aussi sublime ne saurait être innocente, et tout en jouant mon numéro de charme, sincère au demeurant, je tâche de détecter un soupçon de cosmos chez elle. On est jamais assez prudent.

Oh, mais je manque à tous mes devoirs... Je m'appelle Endymion. Capitaine Endymion. Voyageur, marchand, mercenaire et amis des arts et des délices en tous genres.

En gros, pirate avide, criminel sans scrupules, homme de faible vertu, fêtard invétéré et séducteur dénué du moindre remord. Mais une telle description n'aurait pas vraiment servi mes intérêts. Alors autant employer le politiquement correct... Même si je pressentais ne pas avoir à faire à la première ingénue venue. Bien au contraire, au vu de sa tenue ouverte et de son manque évident de pudeur.
Loin de moi l'idée de lui reprocher d'user de si belles armes.

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Comment refuser une telle invitation ?
Je pénétrais donc dans le nid de cette tentatrice exquise. Un terrain de jeu où je me sentais parfaitement à mon aise. Plus charmeur que jamais, je m'alanguis sur la couche, tout en la dévorant d'un regard empli de douces promesses.

Morgane... Quel prénom délicieux.

Je laissais échapper un gloussement amusé à sa question. Une pirouette, une.

D'où peuvent bien venir les marins ? De la mer, bien entendu. C'est là notre seul foyer. J'ai parcouru l’Égée,, la Méditerranée, remonter la cote Franque et voyager le long de la route du sud, vers des terres arides, mais si exotiques... Vu mille cités, trésors et splendeurs. Des majestueuses pyramides aux forêts tropicales. Et j'admets volontiers que vous rivalisez aisément de beauté avec ces merveilles, et tant d'autres.

Son mouvement n'échappa pas à mon regard avide, et j'y répondis par une main baladeuse dans ma chevelure de bellâtre, manière de faire voleter mes belles boucles.

Je vous remercie, mais je ne bois que du rhum ! Habitude de vieux loup de mer... Mon palais ne savoure aucun autre alcool.

Je sortis une dive bouteille de mon paquetage, et tendis le goulot en guise d'invitation pour la splendide créature aguicheuse. Qu'elle accepte ou non, le doux breuvage n'échapperait pas à son sort : finir dans mon gosier.

Quant aux plaisirs... Ma foi, je suis un homme ouvert, guidé par une seule loi : en donner autant que j'en reçois.

Une main sensuelle vint se poser sur mon instrument... Celui à cordes... Que je me mis à caresser sensuellement, sans quitter ma tentatrice du regard.

Je joue de nombreux instruments. Celui-ci, bien entendu. Mais la flûte est assurément l'une de mes spécialités. J'ai aussi un tact particulier pour faire découvrir à ceux et celles qui reçoivent mes leçons personnelles, le meilleur usage de leur voix. Mais je ne doute pas qu'une dame du monde telle que vous, doit également être adepte de musique, ou d'art en général.

Mon regard se promène alors sur la silhouette, avant de revenir sur son visage.

Vous seriez d'une lignée royale, que je n'en serais pas étonné. Rassurez-moi, belle enfant... Aucun mari jaloux, frère protecteur ou père vieux jeu ne viendra me tirer de votre litière par les pieds, pour me pendre en place publique ?

Spoiler:

Un geste, un seul, et le signal attendu retentit.
Mon instinct ne m'avait pas trompé.

Oh, vous alors...

Vif comme un serpent, je portais ma main à sa coupe pour m'en emparer, et ainsi récupérer mon bien capillaire. Tout en gardant un sourire légèrement plus... diabolique.

Allons, Morgane... Je ne suis pas du genre à donner quoi que ce soit gratuitement, ne serait-ce une part de ma personne. Lors de mes nombreux voyages, surtout dans le sud de l'Afrique, j'ai rencontré des cultures où s'emparer d'un morceau de peau, une dent, un ongle, un cheveu permet de lancer les pires sortilèges. Or, je suis un homme superstitieux et prévoyant. N'y voyait pas malice.

Cette femme n'était pas n'importe qui. Mais je ne m’apparentais pas au premier idiot naïf venu, non plus. Et les sirènes et autres fleurs vénéneuses avaient longtemps constituées mes compagnes de route, par l’entremise de Nimue, ou des récits contés en voguant sur les flots.

Et mon employeur verrait d'un très mauvais œil que je lui fasse faux bond, pour quelque raison que ce soit. Surtout que je suis sensé représenter ses couleurs lors d'une espèce de tournoi... Comme vous venez de le dire, les petits poissons ne sont pas mes prises de prédilection... Si vous tenez à en attraper un prometteur, je suis tout ouïe... Sans pour autant vous offrir mon âme ou ma raison sur un plateau. Vous avez déjà toute mon admiration.

Rompant le charme, je bondis hors de la litière, tel un acrobate, sans la quitter du regard, comme je l'aurais fait d'un prédateur sournois. Tout en souriant, sans cesse.

Le temps défile trop vite, à vos cotés. Il va être l'heure pour moi de rejoindre mes compagnons. Mais pour répondre à votre question, je peux éventuellement vendre mes talents. Tout dépend du prix, du défi et du temps que cela pourrait prendre. De là à parler de forfait...

Regard entendu. La moralité n'était pas vraiment ce qui me caractérisait.
Sur le départ, j'attendis sa réponse, avant de m'éloigner de cette tentatrice pour rejoindre Orpheus et Calypso. Une histoire intéressante à raconter au Légat peut être ?