[Début Mars 553] Soldats, au rapport ! [PV Childéric & Argus]

Des objectifs modifiés au cours de leur avancée ; les itinéraires se sont inversés dans l’embranchement, menant à des découvertes étonnantes. Qu’importe que la faute revienne au hasard ou au destin : les rencontres flamboyantes, séduisantes et déroutantes dévoilent des informations pour le moins importantes.

Un périple sans accroc, semble-t-il, dont le rapport sommaire adressé à l’ancien Lion l’intime à revenir sur ses pas. L’amertume ancrée dans sa gorge ne faiblit pas et, avec elle, la sensation de ne pas avoir mener à bien cette mission. Certes, de nouvelles connaissances et vieilles assurances complètent les chapitres du sanctuaire, mais ce n’est pas ce pour quoi on l’a nommé.

Accompagné de l’oisillon, l’ophidien argenté se faufile dans le temple du Pope, arpente les allées. Childéric ne tardera pas à arriver, si tant est qu’il ne soit pas caché à proximité. Cette fois, il n’est pas question de se placer dans l’ombre, les critères des chevaliers respectés.

— Argus de l’Oiseau du Paradis et Mehry de l’Ophiuchus au rapport. Nous sommes rentrées, conformément à tes ordres. Est-ce que tu as le temps de faire le point concernant les informations précédentes ?

Celles qui portent sur ces zones encore floues, éventuellement, face auxquelles la Persane n’est guère familière. Cette croyance n’est pas la sienne et certaines lacunes sont encore présentes. Des lacunes que, lentement, elle tente de combler, car les morceaux s'éparpillent de tous les côtés.

Qu'il est dérangeant.

Citation :

Petite publication pour l’introduction. On fera un récap des informations rapidement au prochain tour, ça laisse le temps de voir le contenu du Rêve !

Ce genre de rencontre était plus agréable que le reste et il avait enchaîné les affaires plus… direct avec ses chevaliers ces derniers temps. La forfaiture de Narses et tout ce qui en avait suivit l’avait poussé à travailler beaucoup plus, il voyait doucement le bout de ce problème. Mais ce n’était peut-être qu’un embranchement dans le tunnel. Mais là, il devait recevoir deux chevaliers revenant de mission, qui était parti pendant longtemps et qui avaient rempli la mission avec succès. Il était temps maintenant de récolter les fruits de leurs actions. Il avait poussé ses ordres pour l’empire assez loin et ne se trouvait pas dans la salle du trône, peu pratique pour travailler sur ce genre de choses. Il sorti donc d’une des pièces sur le côté de la grande salle, laissant son chambellan terminer certaines des tâches administratives. Il les regarda avancer, se présenter et sorti de là doucement.

Il n’avait pas sur son visage le masque qu’il portait régulièrement mais portait bien la toge blanche du Pope. Les symboles ne sont pas toujours, ni les plus jolies, ni les plus pratiques. Il se plaça devant les deux jeunes femmes et répondit :

« - Oui. J’ai fait quelques recherches de mon côté et il semblerait que vous ayez rencontré, comme tu le confirmes, une des personnes les plus importants de la Thiase, les servants de Dionysos. Je vous envoie lever le lièvre des spectres et vous revoilà avec un autre genre d’animal... »

Il fit quelques pas, les mains dans son dos, avant de reprendre :

« - Surtout qu’ils sont particulièrement actif. Pendant votre absence, le général Narsès a été relevé de ses fonctions et arrêté pour haute trahison. Il semblerait qu’un des serviteurs des vignes ne soit pas étrange à tout ça... »

Il se tourna et se présenta de nouveau face à elles :

« - Mehry, étant donné que tu te diriges vers les arts de la forge, tu as l’autorisation de demander à un chevalier d’or son sang pour que ton armure gagne en puissance. J’aimerais aussi qu’Algebar t’assiste pour ça quand il rentrera de mission. Je t’associe aussi avec Silas sur la gestion des affaires Perse. Si nous devons faire face à deux divinités dans la région, vous ne serez pas trop de deux à vous occuper de ça. »

Cette fois, il se tourna vers la jeune guerrière qui avait tout juste obtenu son armure.

« - Argus, quant à toi. Je te laisse le soin de choisir ta récompense, demande ce que tu veux, dans la mesure du raisonnable évidemment. Je ne sais pas si des responsabilités seraient le genre de chose que tu désires, contrairement à Mehry. Si c’est le cas, demande. Sinon, libre à toi de choisir. »

Et d’un geste de la main, il invita les deux femmes à venir s’installer en sa compagnie dans des sièges placés un peu sur le côté de la salle du trône où des serviteurs venaient de déposer une carafe de vin et des verres, ainsi que quelques fruits, un peu de fromage et des olives, si jamais la faim les tenaillait.

« - Bien maintenant j’attends votre rapport à toutes les deux. Et j’aimerais votre version à chacune, il y a des réponses dans tous les points de vues. »

Pianissimo, les pièces s’assemblent, les probabilités s’affirment et les doutes s’effacent. Comme attendu, l’ancien Lion ne croise pas les bras ; il s’active pour dénicher les erreurs, les corriger, les éradiquer, qu’ils soient ennemis ou de potentiels alliés.

En outre, ce dernier semble se satisfaire des données récoltées ; l’âpreté sur son palais n’a de cesse d’augmenter, consciente des réalités trop vite oubliées. Des récompenses sur lesquelles il ne faut pas cracher, mais qui ne correspondent en aucun cas aux premières mesures.

— Dans ce cas, laisse-moi continuer les recherches ; après tout, tu nous as envoyé sur la trace des Spectres et on a flairé le mauvais gibier.

Du reste, la Persane en ferait son affaire. Silas n’est plus un inconnu depuis bien longtemps et, quant à cette armure, les moyens sont d’ores et déjà assurés. Il ne reste qu’à négocier.

Les lippes s’étirent, mussées sous le masque du labeur, tandis qu’elle hausse les épaules à cette dernière remarque. La serpentes ne recherche en aucun cas les responsabilités. Toutefois, elles s’avèrent inévitables pour mener à bien ses objectifs. Aussi, un pari se glisse dans son esprit : Argus aura vraisemblablement du mal à choisir. Probablement rougira-t-elle, aussi.

Une invitation tacite ; une invitation que Mehry refuse, lorsqu’elle est en service. À la place, le corps s’adosse au mur, les bras croisés.

— J’imagine que tu connais déjà la situation en Perse, les influences militaires, commerciales et les tensions qui y règnent de toute part. La situation semble délicate entre Hanaan et la Perse et le commandant affirmait que quelqu’un – ou qu’un groupe – gouvernait les Persans dans l’ombre. Le nom de Radhamanthis est également ressorti, ce serait un seigneur de Persépolis, mais je n’ai jamais entendu parlé de lui. Du reste, il paraissait méfiant envers Byzance et la Perse, mais ça me paraît étrangement cohérent.

Un arrêt, une respiration reprise, pour mieux continuer sur sa lancée.

— Cette histoire d’intervention auprès de Narsès, qu’est-ce que t’en penses, Childéric ?

Parce que les hypothèses, là encore, sont nombreuses et que les inconnues le sont tout autant. Cependant, des idées résonnent d’ores et déjà, à l’intérieur.

Citation :

Je commence avec ces informations-là, à voir selon ce que Argus ajoutera et selon les points et les questions éventuelles de Childéric.

L’ancien lion posa ses yeux sur la jeune femme qui jadis, participa à sa formation. Il put y constater que déjà, elle pensait à l’après. Une qualité qu’il appréciait grandement. Une prudence et une volonté de mener sa tâche à bien qui frisait parfois avec le danger, mais elle était guerrière de qualité. Il aurait été peiné de la perdre pour ce genre de chose : un manque de préparation, un excès de vitesse. La Persane avait levé un lièvre et avant de continuer la chasse, il faudrait prendre soin de s’intéresser à ce gibier. Rien de pire pour un chasseur que de se retrouver lui même proie pendant une traque. Surtout qu’il ne s’agissait pas ici de menu fretin. L’ennemi de toujours se trouvait dans les ombres du désert et il faudrait redoubler de prudence. Il n’y a qu’un pas entre la Route ténébreuse et le monde des vivants. Et tous ceux qui marchent sur cette route sont sous l’égide du Sombre Monarque…

« - En effet. Nous ne savons toujours pas grand-chose sur les mouvements des Spectres mais le fait que vos pas aient dérivés de cette façon ne constituent pas en soit un indice ? Vous ne deviez pas vous rendre dans cette région du monde et pourtant... »

Son regard se posa ensuite sur la jeune adolescente. Argus n’avait pas son armure depuis longtemps et il savait que c’était son prédécesseur qu’il avait, en quelque sorte, prise sous son aile. L’ancien Pope lui avait trouvé un maître qui avait à son tour, fait d’elle une sainte, capable de survivre à de dangereuses missions. Alors, celui qui règne écouta ce qu’elle avait à demander et le genre de mission qu’il pourrait lui confiner. On ne confie jamais meilleure responsabilité à un soldat que celle qu’il désire exercer. Alors quand elle fit sa demande, il avait la tâche parfaite pour elle :

« - Bien. Alors Argus de l’oiseau de paradis, tu travailleras dorénavant directement dans cet endroit, tu seras responsable des documents déplacés de Star Hill pour qu’ils soient ici consultés par les chevaliers. Et tu pourras transmettre leur demande, t’assurer de l’état des documents et ainsi de suite. Bien sûr, sauf si je t’indique le contraire, tu es libre de lire ses documents. »

Il adressa alors un sourire bienveillant à la jeune femme, mais ce moment fut de courte durée. Déjà, il devait redevenir l’ombre de la guerre qu’était la déesse Athéna. La seconde réplique de la jeune femme d’argent arrachèrent au Pope une expression sombre. Une expression remplie d’un sérieux guerrier qui semblait accentuer la gravité de la déclaration qu’elle venait de faire. Là, oui, elle avait obtenu quelque chose d’important, de vraiment important. Ce nom, il le connaissait, à vrai dire, parmi les spectres, ils comptaient dans les plus dangereux et surtout, ceux qui avait déjà pu croiser le fer avec certains des chevaliers d’or. Notamment celui qui bientôt, deviendrait le roi d’un royaume lointain.

« - Je connais ce nom oui. Il s’agit d’un des juges des enfers : Rhadamanthys de la Wyvern, de l’étoile céleste de la sauvagerie. L’un des tous meilleurs guerriers du Sombre monarque et l’un de ses meilleurs généraux... »

Une nouvelle fois, une bonne question fut posée. L’intérêt de la faction de la vigne dans cette affaire ? Le chaos ? Ou bien justement, leur dieu poursuit-il un dessin d’ombre et de vide ? Il n’avait pas la réponse à ça et sûrement, c’est à elle qu’il appartiendrait de trouver la solution à ce problème. Cependant, il avait déjà quelques idées :

« - Je pense que la guerre n’est pas leur intérêt direct. Sinon, je pense pas que vous seriez revenu ou du moins, le jeu de dupe auquel vous semblez vous être livré aurait eu plus de substance. Nous n’avons plus qu’à espérer en découvrir plus dans les mois à venir, Narsès parlera sûrement un peu plus. Pour le reste… un mystère de plus. Mais savoir qu’un danger existe, c’est déjà fait avoir fait la moitié du chemin pour s’en préserver. Félicitation à vous deux. »

Et pourtant. Quelle place accorder au hasard, dans toute cette mascarade ? Semble-t-il que les dieux s’adonnent à de drôles de jeux ; des jeux sordides où les humains ne tiennent que sur un fil. Rien qui, de prime abord, ne sorte de l’ordinaire, hélas.

Un soupir discret : l’oisillon donne une voix faiblarde qui ne surprend guère le serpent. Un mélange de mauvais goût. Or, l’enfant se déride enfin, demande l’accès aux bibliothèques pour y assurer ordre et sérénité. Sous son masque, un sourire se dévoile. Pour cette fois, Childéric n’a pas de meilleure solution : elle s’exprime plus concrètement et, lui, ne veut probablement pas se risquer à d’autres conversations, d’autres manières de régler les désaccords, comme ce fût le cas à l’époque.

L’Impertinent est devenu grand.

L’albâtre éclaire des lanternes distinctes des siennes, mais plus forcées. Menaces représente un mot, somme toute, trop fort pour mettre en lumière ses tentatives ; autre chose occupait les pensées du Commandant, là-bas. La Perse et les Spectres, visiblement. Une Perse dirigée dans l’ombre, prisonnière des griffes du Seigneur Rhadamanthys. Aussi, hausse-t-elle les épaules.

— Disons que cette escapade aura au moins eu le mérite de nous confirmer que la Perse serait effectivement sous l’emprise des Enfers…

Et cela la tracasse plus que n’importe qui, la Rose des Sables. S’alarmer n’est pas autorisé et Childéric ne lui en laisse, de toute manière, pas le temps. L’ancien Lion passe du coq à l’âne, tant est si bien que Mehry elle-même met un moment pour relier, séparer tous les éléments.

— Ur-Shulgi est une personne réfléchie. S’il s’est dévoilé ainsi, c’est parce qu’il savait déjà qui nous étions dans une certaine mesure. Cependant, nous n’étions pas là pour cela : nous sommes arrivées en tant que marchandes, alors nous sommes reparties en tant que marchandes.

Phalanges sous le menton, la Persane prend quelques secondes pour rassembler ses propositions qui, elle en a conscience, ne feront pas forcément l’unanimité.

— Avec ton accord, j’aimerais faire deux choses. La première, c’est de me rendre à notre destination d’origine pour terminer cette mission, tu comprendras que je ne peux pas laisser la situation telle quelle. Ensuite, une fois que tu te seras positionné sur la question de Dionysos, j’aimerais retourner sur les terres d’Hanaan et refaire un point, une rencontre avec le Commandant Ur-Shulgi. Officiellement, cette fois.

À vrai dire, sans doute ira-t-elle même sans.

Il était un peu dommage, aux yeux du vieux lion, que la petite reste si effacé. Mais après tout, elle ne faisait que laisser parler sa supérieure. Il nota néanmoins qu’elle faisait preuve de sérieux, ne parlait pour ne rien dire et c’était une qualité qu’il savait apprécier. Alors il revient au coeur de la conversation avec le serpentaire et le rapport de mission qui lui été adressé ça. Et cette mission était importante, presque la plus importante de toutes celles qu’il avait pu donner récemment. L’éveil des spectres et des dangers de l’est seraient l’enjeu à venir, plus encore que les guerres contre les autres factions, les mesquines luttes divines d’influences. Là, il était question de l’universel survit de l’humanité. Mais il devait avant toute chose se libérer les mains pour pouvoir mener, sereinement , cette guerre. Même si l’après serait violent, douloureux, voire même fatal, mais c’est le sacrifice des guerriers d’Athéna.

Il écouta la guerrière d’argent dresser le portrait de l’homme qu’elle avait rencontré. La couverture que les deux femmes semblaient avoir tenue, mais à quel point, à quel prix ? Il existe des moyens de lire le cosmos et les énergies en détail, de savoir quelle dignité insuffle son pouvoir à un éveillé. Cet homme disposait-il, comme lui, de ses talents de lecture ? Et surtout, pénétrer dans cet endroit seulement réservé aux personnes capable de voir le monde tel qu’il est vraiment n’implique-t-il pas quelques risques ? Il n’avait pas la réponse maintenant. Mais avoir cette réponse était nécessaire et pour ça, il était d’accord avec la jeune femme. Il était même deux fois d’accord avec elle. Un œil sur les spectres était nécessaire et continuer ce dialogue engagé avec les hommes de la vigne également.

« - Oui et oui. D’abord, il faudra que tu en parles à Silas, ou au moins, que tu lui adresses ton rapport. Cette région du monde dépend de lui et c’est aussi lui, sous mes ordres, qui vous a briffé pour la mission. Mais avant d’y retourner, car il y a toujours un mais, il y a quelque chose d’important à régler. L’un de nos anciens compagnons d’arme, que tu connais peut-être, Mehry, va devenir roi. Nous avons été cordialement invités à venir assister à cette grande célébration. L’ancien chevalier, Artorius, va devenir roi du royaume de Logres et j’aurais besoin de tes talents sur place, Mehry. »

Puis, le vieux lion se tourna vers la petite Argus, car, pour elle aussi, il y avait une consigne et une responsabilité :

« - J’ai aussi une mission pour toi Argus. À défaut de nous accompagner, tes talents pour la projection nous serons utiles pour la communication entre le Sanctuaire et ceux qui partiront. Je sais d’avance que je pourrais compter sur toi. »

Il adressa un sourire à la jeune guerrière novice et puis, reposa son regard sur la guerrière la plus expérimenté. Leur entrevue touchait bientôt à sa fin, il avait maintenant de nouvelles cartes dans son jeu, à voir ce qu’il pourrait en faire, surtout à l’aube de ce grand évènement social et politique à venir…

Des demandes accordées ; sous condition, son départ pour la Perse et le second voyage pour les terres d’Hanaan s’organisent. Prévenir Silas n’est qu’une étape supplémentaire, d’autant que le rapport ne tardera pas à parvenir jusqu’à ses mains. Un étonnement passe inaperçu, invisible derrière ce masque lisse. Comme attendu, il cache les aspérités des compères : les siennes, certes, mais également celles de Childéric.

— Bien évidemment, Silas aura, lui aussi, un rapport concernant la mission.

Les paupières se plissent, lorsque le Pope reprend le fil des ordres. En silence, l’Ophiuchus tente de se remémorer les noms et les visages, chose guère aisée lorsque l’on réside au Sanctuaire depuis tant d’années. Ou, plutôt, à proximité de ce dernier. Malgré tout, ce nom n’en reste pas moins récent, même s’il a déjà trois ans : Artorius, le Capricorne étincelant.

— Je me souviens de lui, oui. Eh bien, c’est une sacrée nouvelle en tout cas. Aucun problème, je t’accompagne sur place, dis-moi seulement pour quand est prévu le départ.

Sacrée nouvelle, mais guère étonnante pour autant. Après tout, il a toujours eu l’aura d’un meneur.

Une fois l’ordre de mission donné à l’oisillon, la discussion prend fin. Si Mehry souhaite lui faire part d’autres éléments, elle ne juge pas pertinent ni même urgent de le faire immédiatement. Pour l’heure, tout est déjà scellé.

— Et, avec tout ça, le rapport est terminé. Je me permets de prendre congé pour feuilleter quelques documents et préparer le prochain départ.

Elle n’oublie pas la formation de forgeron, bien loin de là. Alors, sa prochaine étape, avant cette célébration officielle, sera de faire une halte dans les archives pour rattraper son retard. Les obligations et le temps ne s’accordent pas forcément.

Dans de dernières salutations, l’âme s'évanouit.

Citation :

Fin du RP pour ma part, merci à vous deux !

D’un signe de tête, il laissa la Persane se retirer. Le laissant seul avec la plus jeune des guerrières de l’ordre. Le serpentaire parti, il pouvait s’intéresser un peu plus à Argus avec qui fatalement, il n’avait pas eu l’occasion de parler. Elle avait été choisie pour la mission par lui, pour justement son jeune âge, allié à la sagesse et la connaissance du terrain de Mehry. Il écouta la question de la petite et lui adressa un sourire amusé.

« - Si tu peux te plonger sur le chemin du rêve, tu pourras à terme apprendre te déplacer là où nous irons. Un peu d'aide et tu devrais pouvoir voyager jusqu'à cette cité. Mais oui, tu ne pourras tenir ce rôle seule. Mais je pourrais te monter un peu, si tu veux. »

Il sourit à la petite juste sortie de l’enfance, laissant un très léger silence s’installer qu’il brisa rapidement.

« - Qu’as-tu pensé de cette mission, Argus ? Qu’as-tu appris là-bas ? Je veux dire, c’est ta première mission sur le terrain, c’est une expérience importante. Tu es partie avec une guerrière expérimenté et tu as fait face à des nombreuses situations, parfois complexe. Tu peux parler franchement, si les choses se sont mal passé pour toi, n’hésite pas à le dire. Il est important pour moi de savoir où je pourrais affecter au mieux tes talents. »

Il était ainsi curieux de voir ce que cette jeune fille pouvait devenir, de forger l’âme d’une guerrière, d’une diplomate, d’une savante ? Elle semblait avoir été intéressée par les textes de Star Hill et il pouvait sentir déjà qu’elle serait accomplir ce travail avec passion et diligence. Mais la vie de chevalier n’est pas seulement cantonnée à celle d’un érudit et souvent, les chevaliers de la sagesse devait incarner l’aspect guerrier de leur maîtresse.

Le vieux lion eut un sourire pour l’adolescente. Il était normal que lui, qui savait marcher sur ce chemin si particulier que celui du Rêve montre la route à ses alliés. C’était sa responsabilité d’être celui qui justement, ouvrait le chemin. Celui qui prenait le vent de face et donnait le rythme de la marche, pour que la difficulté repose sur lui et moins sur les autres. Il lui répondit alors :

« - Bien. Nous profiterons d’une des fois où tu viendras travailler à la bibliothèque ici et je t’entraînerais un peu. »

Puis, se fût son tour de rester silencieux. D’abord pour laisser le temps à Argus de trouver les mots pour raconter son histoire. Il avait eu la version du serpent d’argent. Celle qu’un chef de guerre voulait entendre. Mais c’était maintenant un autre son de cloche qui l’intéressait. Celui d’une toute jeune guerrière qui s’était retrouvé bombardé dans une mission peut être trop longue et certainement très compliqué. Heureusement que rien ne s’était passé de grave et il en était certain, qu’elle avait beaucoup appris. Que ça soit au côté de Mehry qui, malgré tout, comptait parmi les chevaliers les plus expérimentés encore vivant et surtout car elle n’avait eut d’autres choix. L’expérience entraîne inévitablement l’apprentissage.

Le vieux lion lui adressa un sourire compatissant. C’était la vie militaire, de savoir s’effacer face à son supérieur. Et ce n’était pas pour ça qu’il avait choisi la jeune femme, ou plutôt, qu’il avait demandé à Silas de la choisir. Argus avait d’autres qualités que celle d’être un serpent retors. Mehry s’en occupait déjà bien assez. Puis, il ne peut retenir un sourire sincèrement amusé, mais en aucun cas moqueur, par la façon dont elle avait raconté cette histoire avec beaucoup de naturel. Mais cette remarque fit naître quelques interrogations chez le vieux lion qui rebondit de suite :

« - Comment ça ? Peux-tu me raconter cette histoire en détail. Mehry n’en a pas parlé dans son rapport, alors ça ne doit être rien de grave, mais peut être qu’ensemble, nous pourrons voir ce qu’il y avait à faire dans cette situation ? »

Puis, il lui adressa un nouveau sourire :

« - Les rôles les plus visibles ne sont pas toujours les plus importants tu sais. À ta façon, tu as rendu cette mission possible. Et pour être honnête, cette mission était bien difficile pour une jeune guerrière telle que toi. Tu t’en es bien sortie. Tu as aidé, autant que Mehry. »

Childéric adressa un signe de tête et un léger sourire à la jeune fille. Il savait bien que le chemin du Rêve pouvait être effrayant et surtout, qu’il était difficile de le parcourir seul. Argus fit ensuite le récit de l’incident qui s’était produit à Constantinople. Il comprenait mieux quelques détails de cette mésaventure et elle n’était pas aussi grave qu’avait semblé le présenter Argus. Le risque réel, plus que de se révéler aux occupants de la cité, cette dernière étant le coeur de l’Empire et du pouvoir de la déesse. Theophilius avait bien gérer la situation, il semblait avoir réagit vite à ce cosmos étrange qu’il avait repéré dans la cité. Et ce détail avait échappé à ses rapports, sûrement ne voulait-il pas mettre en danger la mission ou, plus certainement, embarrasser Argus pour ce qui n’était pas vraiment une erreur, plutôt une maladresse.

« - Non. La faute n’est pas si grave. Si Mehry connaissait Theophilius, toi non. Tu as bien fait de te présenter à lui. Pour qu’il sache déjà qui tu es, quand tu retourneras à Constantinople. Puis, pour qu’il sache que le cosmos qu’il a repéré était celui d’un ami et non d’un ennemi. Je ne sais pas si Mehry ou lui te l’ont dit, mais c’est un de nos hommes. Il veille sur la cité en quelque sorte. Le risque, c’est s’il y avait un infiltré dans la cité, qui aurait pu vous suivre, mais ces risques là sont moindre, mais pas inexistant. Mais je suppose que tu auras appris de cette mésaventure ? »

Puis, de repartir sur un autre sujet, celui de son rôle dans cette mission. Il était difficile sûrement pour elle de voir à quoi elle avait servi. Mais ce rôle, bien qu’ingrat, avait permis des avancées considérables. Alors, à lui d’expliquer pourquoi à Argus.

« - Tu as permis de donner du corps à la couverture que vous avez utilisé avec Mehry. Deux femmes qui voyagent font baisser la garde à bien des adversaires. Elles représentent aussi une cible supposé facile, qui peut faire sortir l’araignée de son trou, pensant les avoir dans leurs toiles. Tu avais un rôle de dissimulation, en quelque sorte. Sans compter que Mehry ne pouvait partir seule et qu’elle avait laissée son armure ici. Alors oui, tu aurais pu l’aider en cas de soucis aussi. Tu peux être fier de toi, comme je t’ai dit. Tu as fait beaucoup. »

Il marqua un petit silence avant de reprendre :

« - Je prendrais en charge donc ta formation sur le rêve, comme je t’ai promis. Je n’aurais pas le temps de m’en occuper dans l’immédiat mais à mon retour, nous commencerons ceci. Est-ce que j’ai répondu à tes questions pour la mission que tu viens d’accomplir, Argus ? »

Le vieux lion regarda la jeune fille, encore une fois, un sourire aux lèvres. C’était après tout, sa première mission et elle n’avait pas été facile. Il est toujours difficile de conserver sa couverture, malgré l’expérience. Tout peut se jouer sur un détail, un tout petit détail. Dans ces détails, vont se jouer la vie, la mort, l’échec et le succès. Alors, elle a raison de faire attention aux détails et de vouloir apprendre. Une démarche intéressante. Mehry avait bien des qualités, mais pas toujours celle de la pédagogie. Pas toujours celle de prendre le temps pour bien poser les choses. Il en savait quelque chose. Dans son jeune temps, lui aussi avait fait les frais de la doyenne du Sanctuaire. Mais, tristement, il n’y avait pas de réponse toute faite.

« - Je ne peux pas répondre exactement à ta question. Tout ça dépendra de la situation et surtout, de ton feeling par rapport à cette dernière. Est-ce que révéler ta couverture pourrait te sauver ? T’apporter de l’aide en cas de danger ? Ou au contraire, causer ta perte ? Tout dépend de toi, de ce que tu penses être le mieux sur le moment. Je pense que tu as bien fait d’en parler au capitaine. Après tout, il aurait pu s’inquiéter du cosmos présent à Constantinople et il connaissait déjà Mehry, alors, il n’avait besoin que de faire 1 plus 1 pour comprendre que la jeune fille avec elle, qui utilise du cosmos, est aussi un chevalier d’Athéna. Tout dépend d’où tu l’as fait. Pas en publique, je suppose ? Alors je dirais que tu as bien fait. Mais la même situation, dans un autre contexte, pourrait être une grosse erreur. L’expérience t’aidera. »

Ce n’était pas vraiment une réponse très claire, mais au moins, elle pourrait, il l’espérait, aider la guerrière à faire ses armes et à apprendre. C’est ce dont elle avait besoin, après tout, qu’on la guide sur le droit chemin et qu’on prenne le temps de lui apprendre à avancer. Le rôle des vétérans, le rôle du Pope. Alors, quand elle sembla comprendre le rôle qu’elle avait eu dans cette mission, et en tirer de la fierté, Childéric lui sourit. Il se leva alors, quand elle signifia qu’elle n’avait plus de questions à lui poser.

« - Bien. Je ne te retiens pas plus longtemps, Argus. Présente toi disons, dans quelques jours ici et mon intendant t’expliquera ton nouveau rôle ici. Pour le reste, bien joué, encore une fois. »

Puis, il salua la jeune fille d’un signe de tête et reprit le chemin de son trône, il avait encore beaucoup de gens à recevoir et sa journée à lui était encore loin d’être terminée…

Citation :

Et c'est tout pour moi, merci pour le rp