[Mi-mars 553] A la recherche du druide

[Mi-mars 553] A la recherche du druide Dim 8 Nov - 15:08

Myrddin Wyltt. Artorius.

Ces deux noms étaient les seuls repères de l'Oracle en ces lieux. Ou presque. Depuis son arrivée dans la cité, voire même avant, en parcourant les forêts et les plaines, elle sentait la présence d'une Nature plus forte qu'à Rome. Il y avait dans ce pays une force pratiquement intangible qui dormait dans les pierres, dans le sol, dans les arbres, dans le vent... Une force qui, plusieurs fois, avait bien failli la détourner de sa destination. Elle s'était rappelée alors cet étrange voyage en direction de Kiev en compagnie d'Aedan et Bran. Ils avaient emprunté les chemins cachés des sidhes et aperçu Avalon de loin. Le Merle avait alors conseillé de détourner le regard, car la cité paradisiaque attirait pour ne jamais laisser repartir.

Dans un soupir, elle stoppa sa marche, la main posée sur le mur d'une maison pour garder le contact avec cette voix ancienne et lourde qu'elle percevait. Avec une telle prégnance, elle comprenait facilement pourquoi les druides s'étaient établis en ces lieux. La magie devait y être aisée, renforcée. Elle baissa les yeux sur le bracelet toujours en fleurs à son poignet, vint y poser le doigt délicatement. Aedan vivait. Mais les sidhes l'avaient rejeté, tout comme son oncle... Pourquoi ? Peut-être que le druide saurait répondre à cette question, et aux autres.

Vérifiant que personne ne la suivait, elle attendit qu'une brise voulût bien délivrer son message pour murmurer quelques mots à l'attention du druide :

Myrddin Wyltt, je ne vous ai pas oublié. J'aimerais vous rencontrer à nouveau. Si vous êtes dans les environs... vous saurez me retrouver, j'imagine.

En attendant, elle suivait la haute tour du regard, cherchant à trouver l'entrée du château sans user de ses ailes, afin de ne froisser personne en empruntant le mauvais chemin. Accepterait-il de la recevoir après tout ce temps ? La nymphe n'était sûre de rien, mais elle essayait.

Alors que la jeune femme s'avançait en observant la tour, son corps se prit de plein fouet une ombre. Cette dernière venait de tourner sur le côté de la rue en même temps qu'elle. Un grognement se fit entendre. Celestia pouvait voir un homme de grande taille, recouvert d'une amure sombre avec des plumes stylisées sur sa poitrine. Une cape sombre flottait derrière lui et une épée était à sa garde.

Baissant la tête vers la raison de son arrêt, il vit une petite femme aux cheveux de blé d'or. Il se demandait bien ce qu'elle faisait ici, elle cherchait quoi ? Derrière le chevalier, trois gardes qui devaient l'accompagner, furent amusés par la situation. Le chevalier Perceval n'était pas le plus amène pour les choses les plus simples.

A qui ai je l'honneur mademoiselle ? Vous cherchez un oiseau ?

Pour regarder autant dans le ciel, cela ne pouvait être que pour cette raison.

Elle se rapprochait, rue après rue. Ici la cohue diminuait pour laisser place à un environnement plus... chaotique ? Plus en phase avec la Nature en tout cas. Se laissant porter par cette proximité fort plaisante à son goût, elle accéléra un peu le pas, sa cible disparaissant parfois derrière un pan de toit et...

"Aoutch !"

Avec recula par réflexe en se tenant la joue et les côtes, quelques râles douloureux avant de lever la tête mais moins haut cette fois. L'homme qu'elle vit avait l'allure d'un seigneur, d'un commandant peut-être, et les gardes derrière lui confirmaient au moins qu'il occupait une position d'importance. Sans compter l'armure au beau milieu du serment de paix. Elle en déduisit qu'il appartenait aux gens de Camelot, alors elle s'inclina respectueusement avant de reporter son regard sur lui. Puis de sourire à ses mots.

"Si je cherchais un oiseau, je n'aurais qu'à l'appeler."

Elle tendit la main en guise de perchoir en direction d'une petite créature à plumes justement perchée sur un toit qui les observait. Un gazouillement tranquille passa la barrière de ses lèvres, et peu de temps après le moineau vint se poser sur sa main, curieux. Elle lui accorda quelques caresses avant de l'encourager à repartir, remercié pour sa participation à prouver la véracité de ses mots.

"Je m'appelle Célestia mon seigneur, et je suis Oracle dévouée à Apollon. J'aurais souhaité m'entretenir avec le druide Myrddin Wyltt et je cherchais, pensant qu'il se trouvait au château, la voie d'accès permettant de s'y rendre par la terre. Pensez-vous que cela soit possible ? Sauriez-vous m'indiquer la route, voire m'introduire ?"

L'immense escogriffe observait la jeune femme et écarquilla les yeux au fur et à mesure qu'il l'entendait. Non pas qu'il était le plus malin de la Chevalerie de la table Ronde, mais, il savait une chose, Léodagan n'arrêtait pas de le dire, il existait une loi des Sidhes qui interdisait aux Eveillés de se présenter aux mortels. Et, voilà que cette demoiselle se présentait avec tous ses atours sans savoir qui il était et s'il avait connaissance de tout ce qui était des étoiles.

Pensif, il remuait les méninges sur une réponse à apporter. Puis, il haussa les épaules et répondit avec son coeur, c'était souvent plus simple que chercher à comprendre.

Je me présente, Perceval, fils de Pellinor. Chevalier de la Table Ronde et voici mes gardes. Mais... Vous avez pas de loi chez vous ? Agrippant Célestia avec un regard réprobateur. Parce que je veux pas de problèmes dans la ville hein, si vous vous présentez comme ca à tout le monde, je risque de me prendre une soufflante et Léodagan rigole pas avec ça ! Alors.... Comme disait mon père, réfléchissez un peu avant de parler !

Myrrdin ? Cela lui disait en effet quelque chose. Puis, il comprit. Il hocha la tête positivement mais pourquoi cette Oracle cherchait ce vieux rabougri ?

Ca me dit quelque chose en effet... Vous êtes malade ? Il fait de bonnes potions de soin. Et sinon, non, je vous connais pas. Je n'introduis pas comme ça la première venue.

Les gardes s'esclaffèrent. Ils savaient que le seigneur Perceval était valeureux mais il avait tendance à écouter les mots au premier degré et les situations devenaient cocasses selon les circonstances. Pourtant, ils savaient aussi que c'était un érudit et que le Roi Pellinor lui avait appris des choses sur la lecture des étoiles que peu de chevaliers connaissaient. Il avait récemment parler d'une "Coupe" ou quelque chose de ce genre. Léodagan l'avait envoyé paître quand il avait demandé si la Table avait eu autrefois une Coupe sur son sein.

Célestia fit la moue. Non content de l'avoir percutée sans s'excuser, voilà qu'il la sermonnait derechef. Mais au moins savait-elle à qui elle s'adressait, et elle avait fait mouche concernant son appartenance aux locaux. Elle inclina doucement la tête.

"Enchantée, seigneur Perceval. Je vous prie de pardonner ma franchise directe, mais non, je ne me présente pas ainsi à tous. Seulement, vous portez une armure et une arme non-scellée en plein Camelot, alors que les sentinelles à l'entrée de la ville en interdisent l'usage. Votre port m'a semblé celui d'un seigneur, et votre garde confirme que vous appartenez, sinon aux dirigeants de ce pays, à ceux qui ont suffisamment de pouvoir et de connaissances pour y faire régner l'ordre et la loi. J'ai simplement tiré une conclusion logique de cet ensemble de faits."

Voyant que le chevalier ignorait visiblement qui étaient les Oracles, ou tout du moins leur lien avec Myrddin, la nymphe songea qu'il valait peut-être mieux ralentir sur les informations données, et commencer par faire connaissance. Après tout, cet homme avait raison : elle était étrangère.

Quant aux rires des gardes, elle les dévisagea un moment, étonnée, avant de finir par saisir le sous-entendu fort déplaisant. Son visage se ferma, avant de décider qu'ils étaient stupides de penser de telles choses et de se reconcentrer sur celui qui n'avait pas eu de pensée déplacée à son égard.

"J'ai moi-même de bonnes connaissances en médecine, mais vous êtes gentil de proposer. Il se trouve que Myrddin nous a adressé une requête voilà plusieurs années. J'aurais voulu en reparler avec lui. Mais je peux attendre, ce n'est guère urgent. Puis-je vous demander en revanche... qui est Léodagan ? J'ai peur de ne pas être familière des grands noms de cette contrée."

Perceval écoutait la jeune femme en ayant presque le tournis, elle causait causait causait... Soudain, le flot s'interrompit à son grand soulagement. Une petit chose l'avait surpris mais il gardait cela pour lui pour l'instant, il avait peur de tomber dans une discussion à rallonge alors qu'il devait préparer le tournoi à venir.

Boarf, tous les gardes comme les Chevaliers de bas rang n'ont pas d'épée scellée. Cette règle ne prévaut que pour le Grand Bal petite demoiselle. Cela n'empêche que vous avez enfreint une des lois de Camelot et certainement aussi l'une des vôtres, pour une personne venant du sud si j'ai bien compris.

Il posa un silence.

Myrddin est actuellement au palais je crois mais personne n'est autorisé à entrer. Pour Léodagan, bah c'est le Roi de Carmélide ! Ah, je suis surpris que vous saviez pas ça, à ces gens du sud ! Aucune culture !

Hilare et content de surpasser quelqu'un dans une connaissance de la sorte, il s'arrêta au gré d'une pensée passagère. Oracle.... Cela lui disait quelque chose, n'était ce pas des peintres ou quelque chose comme ça ?

Vous êtes peintre ? Ou quelque chose du style ?

Que pour le Grand bal ? Mais alors, n'importe qui pouvait faire usage de son arme avant ? Il semblait bien fragile, tout à coup, le serment de paix de Camelot. Non pas qu'elle tînt les serments à la légère, mais peut-être que tous n'auraient pas cette rectitude. Alors elle baissa les yeux, bien embêtée.

"Mais vous êtes dans la confidence alors... ai-je vraiment enfreint la loi ? Et si c'est bien le cas, puis-je faire amende honorable pour ce manquement ?"

Le chevalier semblait avoir une relation de confiance avec ce fameux roi de Carmélide et, à son attitude, en tirait une certaine fierté. Célestia l'observa en silence, tentée de répondre tout en jaugeant s'il était risqué de le faire. Connaître le nom des souverains de sa propre terre était aisé, mais elle doutait si elle lui posait la question qu'il fût capable de lui énumérer ceux des royaumes et empires méditerranéens avec autant de facilité, occultes compris. Preuve en était pour commencer qu'elle, et peut-être d'autres Oracles, n'avaient pas reçu d'invitation en bonne et due forme. A moins que la vision envoyée à son attention fût provoquée par Myrddin en personne, ce dont elle doutait fortement.
La considérait-il, comme tant d'autres avant lui, comme une simple paysanne ayant simplement reçu l'insigne honneur de servir un dieu ? S'arrêtait-il aux apparences ?

Soudain, un soupçon d'intéressement. Il associait donc Apollon et arts. Un début, au moins.

"Je me suis essayée à la peinture mais je pratique plutôt le chant et la danse. Et vous-même ?"

Perceval observait la brebis égarée. Un sourire s'esquissa sur son visage et aussi une gêne évidente. Il ne voyait pas de manquement, enfin pas de quoi la mettre au cachot pour un temps indéterminé. Cela était bien plus la façon de faire de Lancelot ou de Léodagan. Il réfléchissait sur la situation et ne comprenait pas certaines choses. Il allait faire comme si c'était normal.

Bah oui, vous avez enfreint la loi mais je ne suis pas juge. Evitez de recommencer et ce sera bon. Par contre, j'y connais rien en cuisine, peinture et tout cela... Vous êtes bien une Oracle pour vous intéresser à toutes ces choses, la cuisine, la peinture, la broderie... Je suis un chevalier, pas un barde, avec tout mon respect !

Vrai qu'il était pas de ce genre là, il aimait faire la fête évidemment après une bataille ou ripailler avec ses compagnons, mais de peindre et de danser ? Il chantait, ah oui quand même...

Ah si quand même, je chante lors des soirées avec mes compagnons, vous connaissez les chants du Pays de Galles ?

Si elle les connaissait, ce serait un plaisir de l'inviter dans une auberge et de chanter en buvant quelques bouteilles. Les Oracles étaient des gens qui aimaient la fête à ce qu'il avait compris, seule chose qui méritait son respect. Les chevaliers avaient besoin de détente après une rude bataille après tout.

Avec le soulagement vint un nouveau sourire, qui se mua bientôt en un doux rire amusé qu'elle cacha poliment derrière son poing.

"Croyez bien qu'il y a plus que cela. Et la chevalerie, au sens où vous l'entendez, n'est pas un art qui m'est inconnu. Mais je crains de vous ennuyer si j'entame des explications plus détaillées à ce sujet. Je vous suggère simplement de venir au tournoi qui aura bientôt lieu si ce n'était pas déjà votre intention."

Elle lui adressa un petit clin d’œil, à peu près sûre qu'il serait fort surpris si elle lui annonçait qu'elle participerait elle-même aux combats, malgré son allure frêle, sa propension aux arts qu'il considérait futiles. Ses différentes affirmations le dépeignaient comme l'un de ces hauts seigneurs qui préféraient faire la preuve de son courage et de sa force par les armes, plutôt que dans l'expression du quotidien et de joutes verbales. Un peu comme un général Romain à la retraite, qui considérait qu'avoir vu et affronté les affres de la guerre valait bien plus que d'assurer la subsistance de son domaine et sa famille -rôle dévolu à l'épouse, entre autres. Dans ce cas, elle lui montrerait qu'une Oracle ne se résumait pas à la cuisine, la peinture et la broderie. Et avec grand plaisir.

Cela lui rappela un fugace instant des mots qu'avait eus Cuchulainn à son égard autrefois. Elle devait voler de ses propres ailes en ignorant les on-dits autour. Jouer sa propre musique. Ce tournoi, elle allait y briller. Peut-être pas le gagner, mais au moins prouver que le Soleil n'avait personne à envier. Même sans Tour. Même sans chef. Qu'une femme pouvait parfaitement tenir tête à des chevaliers, fût-elle fragile et éprise de paix. Pas de sang là-bas. Pas de mort. Alors regardez bien, Perceval. Cet art-là, vous le comprenez.

C'est alors que, contre toutes attentes, l'homme revint légèrement sur ses mots en parlant de chant. Le Pays de Galles... Elle ne mentirait pas en disant qu'elle en connaissait les merveilles, ses connaissances surtout issues d'existences autres que la sienne mais... Un sourire délia ses lèvres, tandis qu'elle répondait en langue celte, légèrement accentuée sur les sonorités du sud, mais d'une grammaire impeccable :

"[J'apprends vite et je serais ravie de le faire en votre compagnie, si vous y consentez. Une voix féminine ne saurait que souligner vos timbres guerriers.]"

Ecarquillant les yeux, il fut ravi d'entendre une étrangère parler la langue de ses ancêtres. Amusé, il fit une légère révérence à la fin des propos gaéliques de la belle. "Vos timbres guerriers". Qu'étaient ce que ces timbres ? Un style de combat du sud ? Non, a priori c'était lié aux femmes, donc cela ne pouvait être ça. Il était perdu devant des propos que ne voulaient rien dire pour lui.

Vrai que notre preux chevalier aimait la simplicité aux paroles alambiquées et souvent pour lui incompréhensibles. Il prit de longues secondes avant de répondre, tout cela devait être important pour la Chevalerie mais en quoi ?

C'est quoi des timbres guerriers ?

Voilà, faisons simple ! C'était plus direct et moins prise de tête. Bien nombreux étaient ses frères d'armes qui faisaient attention à être direct et sans emphase en sa présence, ce n'était pas le cas pour l'Oracle visiblement et certains de ses propos étaient aussi obscurs que ne l'était Myrrdin lui même. Bon sang, lui aurait compris de suite de quoi elle parlait !

Reprenant le tout de la conversation, une chose revenait à son esprit. Elle avait parlé du tournoi là ? Non ?

Vous allez participer au Tournoi ? Dans quelle tribune ?

Le changement de langue lui parut approprié, compte tenu de la réaction du chevalier à ses propos, mais il ne confirma ni n'infirma l'invitation. Ne sachant pas si elle devait insister pour avoir une réponse claire, l’Éminence lui laissa son temps pour répondre... par une question plutôt surprenante. Ne venait-il pas de sous-entendre qu'il chantait régulièrement ?

La jolie blonde commença à se demander s'il était réellement noble. Cela supposait qu'il ait été éduqué dans les arts et les loisirs qu'il pratiquait, un minimum, or ce ne semblait pas être le cas. Anobli suite à un fait d'armes peut-être ? A mesure que le personnage parlait, elle avait de plus en plus l'impression d'avoir affaire à un enfant à qui on avait confié des responsabilités. Il les prenait au sérieux, tâchait d'honorer son rang et ses devoirs, mais manquait de certaines connaissances. Rien qui incommodait le Héron en tout cas.

"Comment vous expliquer cela... Il existe dans le domaine de la musique un ensemble de termes pour décrire une voix. Le timbre fait partie de ces termes. Mais si vous chantez uniquement pour le plaisir et la détente, vous pouvez parfaitement vous passer de la connaissance de ces termes. Dans mon cas, je voulais simplement dire que, si vous acceptiez de m'apprendre quelques chansons de votre pays, ma voix pourrait mettre en valeur la vôtre et celles de vos compagnons."

En espérant que cette définition lui suffirait sans qu'il se sentît infantilisé. Elle doutait qu'un "Aucune culture" eut pu passer avec lui comme il l'avait fait avec elle. Et aussi qu'il souhaitait apprendre le vocabulaire bien spécifique de la musique, lui qui semblait voué à sa chevalerie. Le voilà qui revenait aussi vite sur le sujet du tournoi, l'information bien tombée dans son oreille !

Elle hocha la tête concernant sa participation, conserva un visage avenant et amical.

"Pas dans une tribune, dans l'arène. Je ne connais pas encore mes adversaires ni les conditions précises de participation cela dit. On a préféré cacher aux participants jusqu'au dernier moment le déroulement de ce tournoi afin de préserver la surprise."

Perceval prit un peu de temps pour réfléchir. C'était donc ça des timbres, il avait compris que ca servait à envoyer des colis. Il prit de longues secondes afin de voir les choses d'une autre manière désormais. Puis, elle vint lui demander de chanter pour elle. Quelle chanson allait il pouvoir choisir ?

Il fit quelques pas en arrière et prit une grande inspiration.

Roedd yna ferch o'r enw Suzon
A phwy oedd yn hoffi chwerthin gyda'r bechgyn i gyd.

Ah! Bitch, ewch i olchi'ch asyn blêr

Oherwydd nad yw'n lân, banc piggy,
Oherwydd nad yw'n lân, tirela

A phwy oedd yn hoffi chwerthin gyda'r bechgyn i gyd.
Ond trwy arlliw o chwerthin daeth ei bol yn grwn.

Ond trwy arlliw o chwerthin daeth ei bol yn grwn.
Mae ei fam yn gofyn iddo: "Pwy wnaeth hyn i chi, Suzon?"

Mae ei fam yn gofyn iddo: "Pwy wnaeth hyn i chi, Suzon?"
- Mae'n fab i'r porthor o'r tu ôl i'w dŷ.

Mae'n fab i'r porthor o'r tu ôl i'w dŷ.
Rhoddodd ffon fawr gron o dan fy ffrog.

Rhoddodd ffon fawr gron o dan fy ffrog.

Ar y diwedd roedd hufen. Fy Nuw, roedd yn dda!

Ar y diwedd roedd hufen. Fy Nuw, roedd yn dda!
Pe bai'n rhaid i ni ei wneud eto, byddem yn dechrau drosodd.

Un immense sourire aux lèvres, il se mit à chanter une vieille chanson qu'il avait appris de l'un de ses compagnons de la Table Ronde. Il fit au mieux, la voix était un peu haut perchée et il n'avait aucune tonalité gracieuse, l'art n'était définitivement pas son point fort. Après avoir démontrer une des chansons de son pays, il fut surpris de savoir que la petite dame allait participer au tournoi.

Vous allez combattre ? Sérieux ? Une femme ne devrait pas faire autre chose, je pense qu'il ne sied pas à une noble dame de se battre ! Décidément, les musiciennes sont étranges !

Quelle erreur. Quelle terrible erreur. Si elle avait su peut-être se serait-elle abstenue. Elle avait entendu dire que les vœux de chevalerie impliquaient une grande noblesse de cœur et d'esprit. Qu'au-delà de protéger la veuve, l'orphelin et la couronne, ces gens se paraient de grands esprits éclairés, des tacticiens, des conquérants, des héros en quelque sorte.
Elle s'était attendue, quand il avait parlé de compagnons de taverne, à des thèmes légers et entraînants, mais la chanson qu'il interpréta, en plus de sonner faux, la fit tourner à l'écarlate. Et ils se tenaient toujours en pleine ruelle. Avec les gardes derrière le chevalier, dont les sourires prouvaient qu'ils étaient à deux doigts soit d'éclater de rire, soit de reprendre en chœur -Célestia n'arrivait pas à se décider sur ce qui serait le pire. Comprenait-il au moins ce qu'il chantait ? Comprenait-il combien cela pouvait être embarrassant pour elle, déshonorant pour lui ?

Complètement stupéfaite, elle le dévisagea un moment puis relativisa par rapport à tout ce qu'elle savait de lui jusque-là. D'accord, elle s'était trompée beaucoup plus qu'elle l'avait pensé. Et d'une certaine façon, elle avait de la chance que ce fût le cas, car un "vrai" chevalier au sens où elle l'entendait aurait sans doute été bien moins tendre sur son sort concernant l'aveu trop facile de son identité d’Éveillée. Ce Perceval semblait à la fois doux et terriblement ignorant des convenances, brave mais égaré dans un monde trop compliqué pour lui. Peu crédible et pourtant pur, bien assez pour accomplir quelque chose de valable au milieu des forces qui cherchaient à s'emparer de Camelot.

Indulgente, l’Éminence se surprit à rire. Au moins cela changeait grandement des problèmes d'organisation des Oracles, de la menace des Roisin Dubh ou de la chasse donnée par Narsès. Un souffle d'air frais bienvenu dans ses pensées qui résonnait dans ses côtes à mesure qu'elle laissait s'échapper toute la pression sur ses épaules. Elle cherchait Myrddin à peine arrivée à Camelot, et voilà qu'elle tombait sur un chevalier qui lui rappelait, tout simplement, que l'on pouvait s'oublier un peu entre deux combats.

Puis, son regard se para de défi.

"Ce n'est pas une question de sexe, de noblesse ou de musique. Je me battrai, Seigneur Perceval, pour prouver un certain nombre de choses à un certain nombre de personnes. Je ne suis guère une "noble dame" mais ma valeur n'en est pas moindre pour autant. J'espère que vous serez là pour le voir. J'espère que vous pourrez ouvrir les yeux et découvrir qu'une femme a beaucoup plus à offrir qu'un ventre pour concevoir des héritiers."

Sur son visage, elle pourrait lire qu’il ne voyait pas vraiment ce qu’elle voulait dire par là. Enfin, il était clair qu’il s’était, encore une fois, mal exprimé et ce qu’il avait dit l’avait un peu agacé. Elle était un peu culottée de s’agacer comme ça après lui être rentrée dedans mais bon, cela devait aller de pair avec la sensibilité musicale, d’être tout autant agacé qu’empotée. Sa grand-mère, qui jouait bien du luth, en était le parfait exemple ! Elle parlait aussi beaucoup trop et il avait du mal à la suivre. Si elle avait quelque chose à dire et bien, qu’elle le dise ou qu’elle ne parle pas. Comment pouvait-il suivre la conversation, déjà délicate, si elle ne lui disait pas la moitié de ce qu’elle pensait.

« - Ca n’a rien avoir avec ça. Enfin je crois. Vous n’êtes pas très claire. Mais vous ne comprenez rien et vous vous énervez ! Juste que, les dames qui font de la musique d’habitude et bien… ne se battent pas ! Elles… font de la musique ! C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui fait ça. D’ailleurs, vous semblez faire beaucoup de choses : la médecine, la peinture, la musique ! Comment vous faites tenir tout ça dans votre tête ? Mais je suppose que ça doit être des trucs de barbes. »

Cette conversation semblait quelque peu le dérangé, pas qu’elle était vraiment déplaisante, juste un peu compliqué et cette femme devant lui semblait ne pas savoir où donner de la tête. Peut-être justement qu’elle l’avait trop rempli, sa tête, et qu’elle oubliait de faire simple et de rester terre-à-terre. Il y avait une autre raison qui l’avait poussé à réagir de la sorte, mais l’expérience de ses compagnons lui avait appris à garder certaines de ses remarques pour lui, de peur de, involontairement, vexer plus encore les gens.

« - Je vais peut-être participer à ce tournoi, les autres ne veulent pas trop, mais ça a l’air grisant comme expérience. Oups, je crois que je ne devais pas trop en parler. Léodagan va me taper sur les doigts… »

Encore une fois le dialogue ne menait nulle part, malgré les efforts de l'un comme de l'autre. A croire qu'ils n'étaient pas faits pour se comprendre. Pourtant la jeune femme souhaitait y parvenir. Pourquoi ? Que représentait cet homme, sinon l'un des gardiens de la ville, rencontré par hasard au détour d'une ruelle ? Un instant la nymphe baissa la tête, sa main se portant instinctivement vers la joue qui avait reçu l'élan de son armure. Si elle n'était pas capable de se faire comprendre d'une personne simple comme lui, alors jusqu'où pouvait-elle vraiment porter la Lumière d'Apollon ? Une légère grimace de douleur, puis elle posa calmement sa voix :

"Est-ce parce que les autres ne le font pas que je ne devrais pas, selon vous ?"

Ses prunelles d'émeraude allèrent chercher les réponses dans celles du chevalier, puis elle tendit doucement le bras pour désigner l'épée à sa ceinture.

"Ce n'est pas un truc de bardes. Je fais même encore d'autres choses. Et j'imagine que dans le cas d'un chevalier pareillement, mais pas sur les mêmes sujets. Par exemple, vous maniez l'épée, je suppose. Peut-être aussi le bouclier. Vous savez enfiler une armure. Peut-être monter à cheval ? Si vous êtes un commandant, vous savez sans doute comment motiver vos troupes à aller au combat. Comment établir une stratégie pour les mener à la victoire. Vous avez peut-être un code pour communiquer à distance quand vous n'êtes pas à portée de voix, avec... des drapeaux par exemple ? Un code d'honneur en général, entre chevaliers. Et puisque vous faites régner l'ordre à Camelot, vous en connaissez les lois. Vous en connaissez les personnalités principales, comme le roi Léodagan. Vous savez beaucoup de choses vous aussi Perceval, mais pas les mêmes. Est-ce que cela vous empêche de vous intéresser, je ne sais pas... à la pêche ? Aux jeux de dés ? Vous disiez boire avec vos compagnons, alors peut-être êtes-vous un expert en alcools, qui sait ?"

Elle soupira, se rendant compte qu'elle faisait bien trop long pour lui permettre de suivre. Le milieu lui parlerait sûrement plus, mais pas le but du propos. Alors elle reprit :

"Ce que j'essaie de dire, c'est que depuis que je vous ai dit que je chantais et je dansais, j'ai l'impression que vous aimeriez que je ne fasse que cela. Pour pouvoir dire "cette femme est barde, donc elle fait de la musique". C'est plus simple... mais ce n'est pas moi. Pas seulement cela."

Pourquoi est-ce qu'elle se donnait autant de mal pour le convaincre qu'elle avait beaucoup d'autres aptitudes, en fait ? Elle pouvait aussi bien passer son chemin, retourner à l'auberge et attendre que les jours passent au coin d'un feu, plutôt que de frissonner sous les températures encore hivernales face à quelqu'un qui comprenait la moitié de ses dires.

"J'ai... l'habitude qu'on me traite comme une servante. Qu'on me limite à être une jolie femme qui obéit sagement. Je n'aime pas cela. Vous seriez gentil si, plutôt que "femme musicienne", vous me considériez comme "Célestia". Une femme qui fait beaucoup de choses et qui a la tête pleine. Vous n'avez pas besoin de retenir tout ce que je fais vous-même. Juste Célestia, ce serait bien."

Quitte à répéter ce qu'elle savait faire faire, juste lui laisser l'espace nécessaire de pouvoir faire autre chose que juste ce qui était inscrit dans une case prédéfinie. Et si jour ils rencontraient Léodagan ensemble, alors il dirait simplement : "Je vous présente Célestia". Ce à quoi la nymphe viendrait à son secours pour compléter ce qui devait l'être. La médecine, la chanson, la danse, peindre pour le plaisir, s'occuper des jardins, des animaux, connaître plusieurs langues, et toutes ces choses qui constituaient des nuances d'elles. Si cela était encore trop compliqué pour lui alors... elle aurait de la peine pour les Ligures.

Il porta une main à sa tête et se massa les tempes. Elle parlait beaucoup trop et pour aborder des notions qui, aux yeux du Ligures, ne faisait pas grand sens. Les bardes étaient là pour chanter, les chevaliers pour guerroyer et ainsi de suite. Une femme chevalier faisait la guerre, un homme barbe chanter et danser. Ce n’était pas bien compliqué de comprendre ça non ? Du moins, à ses yeux, les choses étaient on ne peut plus simples. Mais tout ce qu’elle avait cité et bien, ça fait parti du travail d’un guerrier. Tout comme, connaître ses notes, ses gammes, ses arpèges, ses chansons et ses instruments, se tenir informé des nouvelles et se montrer au fait des mœurs dans les endroits où se rend. Alors pourquoi voulait-elle absolument que les bardes fassent la guerre ? Décidément, elle était trop étrange pour celui qui, aux yeux de ses pairs, était déjà l’étranger du groupe. Il la laissa parler sans rien dire. L’expérience lui avait appris qu’il valait mieux attendre pour dire qu’on ne comprenait ou qu’on trouvait ça sans intérêt plutôt que de couper les gens, mais il avait très envie de le faire.

« - Je préférais quand vous chantiez, au moins là, vos mots avez du sens. »

Il avait dit cela sans méchanceté ou agressivité, mais avec une incroyable humanité mêlée d’une bonne touche de naïveté.

« - J’ai l’impression que vous avez le don pour compliquer les choses simples. Je dis juste que les bardes font de la musique et c’est tout. Et vous voilà à sortir des discours à n’en plus finir auquel il est difficile de comprendre quelque chose... »

Visiblement, une situation que les gardes du chevalier ont déjà croisé et rapidement, un regard passe entre ses hommes, qui viennent au secours de leur maître. Il semble y être particulièrement attaché. Alors l’un d’eux s’avance, respectueux en t’adressant une légère révérence.

« - Je vous pris de m’excuser, Dame Celestia. Mais n’oubliez pas Seigneur Perceval, que vous êtes attendu à la citadelle !
- Tu as raison ! Je vais encore arriver en retard et ça sera difficile à expliquer que j’ai discuté avec une femme-Celestia aux discours alambiqués ! Je vous présente donc mes excuses, Celestia, si j’ai pu vous blesser, ce n’était pas mon objectif et vous les présente une deuxième fois car il est temps pour moi de retourner à mon devoir. Peut-être le destin fera en sorte que nos routes se recroisent dans l’une de vos très nombreuses activités ! »

Un sourire illumina le visage de l’homme, en même temps que le salut courtois qu’il t’adressa. Un quelque chose d’étrange se dégageait de lui, comme si fatalement, rien de mauvais ne pouvait émaner de lui, oui, une incroyable candeur et une nativité surprenante.

Citation :

Perceval s'en va, c'est la fin du rp, désolé pour l'attente

Un voile d'abattement commençait à recouvrir l'humeur de la nymphe, qui décidément avait bien du mal à se faire comprendre. S'exprimait-elle si difficilement ? Jusque-là le problème ne s'était jamais posé. Il y avait eu des incompréhensions, menant parfois à des disputes, mais jamais au point d'avoir à débattre sur sa place en tant que barde, ou guerrière, ou femme.

Elle plissait les lèvres de dépit lorsque le garde intervint, débloquant une situation qui risquait de s'enliser sévèrement à cette allure. Ainsi donc son premier Ligure se confondait-il en excuses avant de passer son chemin, ce qui la fit culpabiliser encore plus.

"Vous êtes tout excusé. C'est moi qui vous fais perdre votre temps..."

Et d'adresser au petit groupe un salut de la main tandis qu'elle les regardait partir d'un bon pas. Un moment elle resta plantée dans la rue déserte, repassant dans son esprit la conversation et surtout les derniers mots. Il avait quand même dit "femme-Célestia" et retenu qu'elle pratiquait de nombreuses activités. En fin de compte, c'était à peu près ce qu'elle avait voulu dire.

Elle rit pour elle-même. Son message était passé mais pas sous la forme qu'elle avait l'intention de lui donner au début. Alors elle se contenterait de cela et tâcherait de faire attention la prochaine fois, si le hasard leur offrait l'occasion de se revoir -au tournoi par exemple.

Re: [Mi-mars 553] A la recherche du druide

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