[Salle du Dragon] De fresque en fresque (libre)

Perdue dans la contemplation de ces peintures qui ornent les murs, j'en viens à faire le tour de la grande salle de balle, occultant les gens qui s'y trouvent ou qui arrivent. Je perçois néanmoins que de plus en plus de monde empli la pièce au fur et à mesure qu'un certain brouhaha s'élève dans la salle. Je n'y prête pas vraiment attention puisque personne ne semble m'interpeller. Qui le ferait de toute façon ? Je suis quasi certaine de ne connaître personne ici. Me déplaçant avec lenteur, j'arrive à la hauteur de portes qui semblent mener dans d'autres salles. Passant la tête par chacune d'elle, j'évalue rapidement ce qu'elles peuvent contenir et me décide pour celle qui comporte d'autres œuvres d'art.

D'un pas léger et gracieux, je pénètre dans la salle du dragon. Je comprends tout de suite pourquoi on l'appelle ainsi. La sculpture de pierre gigantesque qu'elle contient en représente un fameux spécimen.

- Ont-ils vraiment existé ?

Je me le demande, à voix haute, sans faire exprès, sans avoir vérifié si j'étais seule ou pas. Il me semble pourtant entendre des voix un peu plus loin, j'espère ne pas les avoir dérangés. Je garde mes prunelles d'or fixées sur la statue quelques instants. Je soupire un peu. Je me doute que je ne suis pas ici uniquement pour m'amuser ou profiter de la fête, mais j'ignore ce que l'on attend de moi. J'ignore ce que notre Dieu souhaite, et encore moins les ordres de cet Augure enfermé. Je ne l'en blâme pas. Ce qu'il a fait a sauvé les derniers d'entre nous, mais son absence nous pèse. Je me sens comme un mouton sans berger, qui ne sait pas quoi faire. Tout juste je sais quelle direction prendre. Heureusement que j'ai ces visions, sinon ce serait pire.

Ce bal était une nécessité et un être comme lui semblait assez hors de propos. Après tout, on s’attend plus à trouver les gens de son espèce sur un champ de bataille ou au mieux, sur une lice. Mais là, dans un bal où tous étaient sur leur trente-et-un, il faisait un peu tâche. Pourtant, sa stature et son charisme n’avaient rien à envier à tous les prestigieux invités présents ici. Peu sont ceux qui était déjà arrivé et de ce qu’il avait entendu, nombres d’invités était encore à venir. Pas de robe ou d’élégant costume pour lui. Non. Une armure complète, ne laissant pas la moindre partie de lui à découverte. Le visage, caché sous un large casque aux cornes improbables. Une épée fermée d’un ruban à la ceinture. Une aura étrange qui semble émaner de lui et, seul élément sortant de l’ordinaire, peut être une coquetterie ? Une émeraude logée entre les plates de son armure.

« - Oui. »

Te répond donc cette voix dans ton dos. Incroyablement grave. L’homme se place à côté de toi pour regarder les dragons. Difficile de jauger une personne dont on ne voit que l’armure et pas le visage, difficile de jauger un homme semblable à celui qui se situe à côté de toi, dont le corps entier semble manquer de disparaître à tout moment, comme s’il pouvait passer de la flamme la plus terrible à la braise dormante, ne demandant qu’un souffle pour être attisé.

« - Je suis Surt. Général des légions d’Asgard. Et vous êtes ? »

Entrant dans cette salle avec un verre à la main, la reine de Connaught souhaitait se détendre après quelques pas de danse qui défoulait son corps un peu trop habitué à la paresse. Bien des gens et de nobles seigneurs étaient présents ce soir, elle avait pu noter bien des choses et se satisfaisait des rencontres à venir. La première chose qu'elle avait constaté, c'était la présence des grandes Voix des Dieux grecs mais une personne manquait manifestement à l'appel. Où était l'Augure ? Ou était Apollon ?

Elle avait la réponse à la première question, ses espions lui avaient appris la menace que les Saints portaient au représentant d'Apollon sur terre. Mais pour ce dernier, c'était le flou pour elle. Pendant des années, elle avait soudoyé Narsès par son cosmos, au point même de parvenir à le pousser à tuer Uther Pendragon. Mais son fils était parvenu à fuir avant que le travail ne soit correctement terminé. Enfin, c'était le passé. Maintenant, elle devait se concentrer sur l'instant présent, réfléchir aux quatre coups suivants selon le plan prévu.

Tournant la tête à droite et à gauche, elle vit un chevalier discuter avec une faible jeune femme. Le style de l'armure ne laissait pas de doutes sur ses origines, Asgard avait aussi envoyé ses pions. Un sourire aux lèvres, elle s'approcha en faisant signe à Kallas de rester en arrière. Ce dernier s'adossa alors à un mur et attendait sagement l'ordre de sa maîtresse. Dresser l'ancien chevalier des Gémeaux avait été compliqué mais elle disposait d'une arme qui l'avait fait plier, cela durerait le temps qu'il faudra.

Seigneur Surt, je ne savais pas que le Prêtre d'Odin avait envoyé l'un des siens dans notre bonne cité ? Permettez moi de me présenter, je suis Mebd, reine de Connaught depuis que le temps est temps. Se tournant vers Esmélia, qu'elle avait ignoré un temps, elle sentit quelque chose qui la dérangeait. Elle recula d'un pas sans s'en rendre compte. Cette femme... Oui, le pouvoir de Titania était présent, comme si une auréole la protégeait de ses propres pouvoirs. Plissant les yeux, curieuse aussi, elle se reprit et fit une révérence à la jeune femme. Cette dernière semblait pourtant si fragile, qui était elle ? Madame, c'est aussi un honneur, a qui avons nous l'honneur ?

Oui, qui étais tu ? Le Dragon les observait, silencieux dans la pierre. Mebd n'appréciait guère l'imprévu et cette femme en était une. Jamais Titania n'intervenait dans les affaires humaines, au contraire de sa fille ceci dit. Donc, pourquoi elle ressentait sa présence en voyant cette étrangère ?

Un homme, si c'est bien un homme, impressionnant me répond. Comment ai-je pu ne pas le voir ? Trop la tête dans la décoration, il faudrait que je me concentre un peu plus sur ce qui m'entoure. Il se présente et je pense tout de suite à Ingvarr lorsqu'il mentionne Asgard. Ils ont peut-être un lien, l'un étant le chef de l'autre ou un truc comme ça. Il en impose avec son armure, je ne m'attendais pas à voir quelqu'un dans d'autres attributs qu'une tenue de soirée, ou tenue du dimanche. Surprise passée, je n'ai qu'à peine le temps d'ouvrir la bouche pour formuler une réponse qu'une noble dame nous rejoint. Je ne connais absolument pas Connaught et ne sais pas quelles relations cette reine pouvait avoir avec les oracles. Du coup, je ne sais pas trop comment me présenter. Dois-je préserver une part de mystère, ou bien puis-je parler sans crainte ? Je ne veux pas mentir, mais peut-être puis-je au moins ne pas tout dire ?

- L'honneur est pour moi. Je suis Esmélia, Pythie de Stonehenge, Patronne de la Peinture et Oracle d'Iris... Je contemplais cette magnifique statue. Je vois aussi qu'il y a de belles fresques ici. J'ai toujours été sensible aux belles choses.

Et l'on comprend pourquoi. Puisqu'eux n'ont pas peur de jouer franc-jeu, j'en fais de même. Après tout nous sommes sous la surveillance et protection des Ligures, alors ils ne peuvent pas m'attaquer. Je dois arrêter d'être trop suspicieuse, nos délégations viennent de tous les coins et le temps de ces festivités, trêves et paix sont de mise. Je remarque l'homme resté un peu à l'écart, mettant ma résolution d'être plus vigilante à mon entourage à exécution. Je me demande qui il est, sûrement le garde du corps de la dame. Ma curiosité me guide et comme toujours, je ne suis pas à court de questions. Au seigneur tout d'abord, je lève le minois vers lui, ou plutôt vers son casque.

- Connaîtriez-vous un certain Ingvarr par hasard ?

Entre « hommes du Nord », y a moyen, le monde n'est pas si grand, du moins c'est ce que je me dis à chaque fois que je tombe par hasard sur une tête connue. Puis à la reine ensuite, j'adresse ma question.

- C'est une belle soirée n'est-ce pas ? Un bon moyen de faire des rencontres. Y a-t-il des personnes en particulier que vous souhaiteriez voir ?

Difficile de jauger l’humain derrière le mur. Son corps ne bouge pas, droit comme un presque comme un militaire au garde-à-vous à qui aucun supérieur n’aurait donné l’ordre d’arrêté. Si son visage trahis des émotions, il est impossible de discerner quoi que ce soit de ses yeux ou ses traits. Il tourne néanmoins la tête vers la reine d’Hadès et lui adressa une légère révérence pour la saluer avec respect, sans abus, son rang le plaçant assez haut dans l’échelle sociale. Il s’adressa d’ailleurs à la putain infernale avant de répondre à la jeune oracle. D’abord, il se retourna donc vers la reine sombre :

« - Reine Mebd. Je suis surpris que les Ligures n’ai pas apposé leur collet sur votre chien. Une laisse rouge lui irait à ravir. Je suppose qu’ils se montrent plus gentils avec vous qu’avec les étrangers. Le Grand-Prêtre nous ferra peut être l'honneur de sa visite dans les jours à venir, mais il est occupé pour le moment. Je ne sais pas s'il est déjà ou non arrivé dans la cité. »

Comme sa posture, sa voix avait parlé avec la rigueur et le respect du militaire. Puis, il se tourne vers Esmelia. Le même timbre dans la voix :

« - Peut-être. Il a bien des hommes sous mes ordres et certains portent ce nom. Il faudrait que vous soyez plus précises si vous désirez une réponse, Dame Esmelia. »

La reine de Connaught leva un sourcil en entendant les paroles de Surt. Pour qui se prenait il ? Savait il à qui il parlait ? Un sourire narquois traversa ses lèvres alors qu'elle prenait la parole.

Vous devriez faire attention de ne pas avoir une laisse rouge à votre tour. Cela peut vite venir.

Le ton était glacial. Il n'avait pas envie de rester plus longtemps avec un parvenu de la sorte. Toutefois, la présence de l'Oracle méritait de mettre de côté ses griefs contre cette montagne de chaire sans intérêts. Se tournant vers elle, il était clair que la légère aura qui s'en dégageait venait de l'une des plus anciennes Sidhes de ce monde. Même elle se serait bien garder de la défier sur ce terrain. Soupirant intérieurement, elle gardait pour elle ses sentiments.

Depuis la grande Belona, nous n'avons pas vu de Pythie de Stonehenge dans notre monde. Soyez le bienvenue, j'aurai du y penser en vous observant d'ailleurs... Oui, avec un peu plus de recul, elle lui ressemblait tellement. Ce ton doux et agréable. Elle était une jeune femme qui s'ouvrait au monde mais elle était aussi la gardienne d'un des savoirs que les Roisin Dubhes auraient certainement à coeur de posséder. Je ne connais guère toutes les personnes présentes. Il y a le Grand Pope qui se trouve dans la Grande Salle de Bal, c'est un homme ambigu qui aurait soutenu les actions de l'Exarque de Ravenna. Mais nous n'avons aucune preuve de quoi que ce soit, bien que... Non, pas le moment de briser cette ambiance festive par des faits troublants. Sinon, vous avez le Légat de Poséidon là bas, je ne le connais pas je dois dire. Ah ! Je vois aussi que le grand Druide Myrddin est entrer à son tour dans la danse du divin hasard.

Elle aurait pu continué mais peu de personnes n'attirait son attention. Belona... La dernière Pythie de Stonehenge.... Bien des questions se posaient sur l'héritage des anciens tertres d'Apollon (ou Lug) dans cette partie du monde. Serait ce possible qu'une peinture puisse ouvrir un chemin vers Avalon ? Cela pouvait être une idée intéressante mais il fallait pour cela que l'Oracle soit en pleine possession de ses moyens.

Vous avez pu obtenir les pigments sacrés de Stonehenge je présume ?

Citation :

@Esmélia. Le RP de Stonehenge n'est pas terminé, mais oui, tu as trouvé des pigments rarissimes dans ton tertre. Tu ne connais juste pas leurs effets.

Évidemment, pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Les noms nordiques sont si nouveaux à mes oreilles que je n'ai pas réfléchi au fait qu'ils n'étaient pas uniques, tout comme il y a beaucoup de Maria ou d'Andrea dans ma région. Je dois préciser donc.

- Je l'ai croisé il y a un mois à Reims lors du couronnement. Il y avait bon nombre d'hommes en armure avec un saphir à la poitrine dans le coin. Je ne leur ai pas demandé ce qu'ils faisaient là, j'aurai dû, je suis curieuse maintenant… J'ai entendu dire que des Nordiques détruisaient des églises, j'ai eu peur qu'ils n'en fassent de même avec la Cathédrale, mais elle est toujours debout.

Je le regarde, me demandant s'il va m'éclairer sur ces agissements ou pas. Bien sûr je suis consciente qu'il y a bien des paramètres à prendre en compte comme le savoir et l'envie, mais je n'aurai jamais de réponse si je n'ose pas poser les questions n'est-ce pas ? Qui ne tente rien n'a rien, une de mes devises favorites.

Si j'écoute les échanges de mes deux interlocuteurs lorsqu'ils s'adressent l'un à l'autre, je n'interviens pas. Je sens néanmoins que ce n'est pas la grande amitié entre eux, heureusement pour le moment ils se montrent encore diplomates et ne se crêpe pas le chignon. Tant que cela reste verbal… Sinon je m'éclipserais vers les autres personnes. Mais pour l'heure tout va bien. La reine s'adresse à moi et je souris. J'ai bien fait de passer à Stonehenge, j'ai pris conscience du passé de mes vies antérieures et ce que Mebd dit ne m'est donc pas inconnue.

- Merci. Mon ancienne vie en effet. J'en ai quelques souvenirs. Mais trop peu encore à mon goût. Vous l'avez connue ?

Elle qui vit depuis longtemps si ce n'est toujours, a dû la croiser et me reconnaître à présent qu'elle a fait le lien. Je note la présence du Grand Pope et du Légat. Il faudra sans doute que j'aille à leur rencontre, même si pour le premier cela m'inquiète quelque peu. Nos différents seront difficiles à mettre de côté. Mais l'heure n'est pas encore venue. Heureusement si je n'arrive pas à les croiser ce soir, j'aurai d'autres occasions avant la fin des festivités. J'opine alors.

- Je vais aller les saluer en ce cas. Je doute d'avoir beaucoup de les croiser une fois la fête terminée.

La dernière question me surprend, mais je ne devrais pas être étonnée que la reine connaisse l'existence de ces pigments si elle a connu Belona.

- En effet. Que savez-vous à leur sujet ?

Qui sait… Peut-être pourra-t-elle m'éclairer sur leur utilité ou leurs effets. En attendant, je veille sur eux. Après tout cela, ils seront rangés en lieu sûr à la nouvelle Tour.

L’armure ne bougea pas d’un cil à la remarque de la prêtresse des enfers. Ce genre de jeu, il savait très bien s’y livrer, une forme de guerre comme une autre et il savait reconnaître une attaque pertinente quand il en voyait une. Là, le leur était grossier. Qu’il saute dedans à pieds joint et il enterait sur un terrain qui ne lui était pas profitable et il préférait garder la position hauteur, toujours avoir l’avantage de la hauteur. On lui avait néanmoins posé une question, à laquelle il préféra répondre, ignora avec superbe la voix d’Hadès. Il marmonna un peu, le bref temps de la réflexion :

« - En effet. Il est possible qu’il s’agisse d'un de mes hommes. Vous aurait-il par hasard causé des soucis ? Pour le reste, nous ne participons pas activement aux affaires des éveillés ou des dormeurs hors de notre domaine. Nous sommes, pour beaucoup, des mercenaires. Et parfois, un mercenaire doit salir son épée pour remplir son contrat. »

Pour le reste, la conversation ne tourner pas autour de lui, mais il prêta néanmoins une oreille très attentive à tout ça. Ce qui l’intéressa d’abord, fut la rumeur et la réplique qu’elle lança sur le Pope. Intéressant, très intéressant. Il se garda aussi d’attaquer sur ce terrain-là. Après, l’objectif d’Asgard n’était pas de se précipiter dans une guerre contre les forces des divinités grecques. Le satuquo actuel leur convenait très bien et ils auraient aimé que les choses demeurent ainsi mais… il savait suivre le vent pour placer aux mieux ses troupes. L’histoire des pigments et de Stonehenge par contre, l’intéressa beaucoup plus, c’est une information qu’il conservera en mémoire et qu’il saura utilisé à sa juste valeur pour le reste. Et quand l’opportunité se présenta à lui, il tendit une main à Esmelia.

« - Si cela n’offense pas sa majesté Mebd, auriez vous l’honneur de m’accorder une danse, Dame Esmelia ? »

La reine sombre écoutait les questions de la Pythie. Elle s'était certainement éveillée depuis peu de temps, quelques mois peut-être et l'enfermement de leur Augure avait dû désorganisé cet ordre ancien. D'ailleurs, l'influence d'Apollon, appelé autrefois Lug ici même, n'était plus aussi importante. Un mirage des temps jadis certainement.

Je l'ai connue oui. Une femme de caractère dirons nous... Elle n'alla pas pas plus loin. Dans ses souvenirs, cette femme avait été une épine dans le pied dans ses prétentions à la gouvernance de la Bretagne. Il ne fallait donc pas éveiller l'attention de sa réincarnation dans cette Ere par la volonté des Dieux. Béléna était une femme adroite dans son art de ce que je m'en rappelle, je l'ai connu à la cour de Londinium, quand ce nom lui était encore donné. Elle conseillait les Consuls romains qui siégeaient dans cette cité.

Aucun mensonge, juste quelques vérités sans importance. Ce fut alors le moment ou ce chevalier en armure de pied en cape présenta sa main à la Pythie. Agacée, elle se demandait à quoi jouait cet Asgardien, il lui rendrait l'appareil quand le temps sera venu. D'une légère révérence, elle quitta le petit groupe afin de se diriger dans une autre partie des festivités.

Citation :

Fin Du RP pour Mebd

Pas de réponse quant aux fameux pigments, tant pis. J'en apprends un peu plus sur mon ancienne vie néanmoins, bien que je doute de pouvoir faire quelque chose de ces révélations. Je ne m'imagine pas faire de même, prendre place auprès de politiques, c'est loin de ce que j'aime. Cela manquerait trop d'art et de voyages. Je ne réponds pas, ne pose pas plus de questions même si je pourrais, ces dernières ne cessant de pulluler dans mon esprit au fur et à mesure. Pour l'instant, je me concentre sur la réponse du Général.

- Pas vraiment. Il nous a plutôt aidé à vrai dire. Donc, je vois ce que vous voulez dire.

Après tout, ce sont de ces fameux talents que nous nous sommes servis pour dérober la fiole. La rencontre aurait pu mieux commencer, mais je préfère en retenir que le résultat. Je ne pose pas de question sur ces fameux contrats. L'un d'eux sans doute a mené à la destruction de ces édifices religieux dont j'ai entendu parler, mais peu importe. Là n'est pas ma mission, de toute façon, je ne suis pas certaine qu'il sache grand-chose à ce sujet.

Il m'invite à danser et la reine s'éclipse. Si j'en éprouve quelques soulagements, je suis un peu déçue de n'avoir pas pu sonder plus les desseins de cette femme et ceux de son compagnon. Je la garderai à l'oeil et tâcherais d'observer qui elle croise lorsque j'en aurai l'occasion. Je regarde l'homme imposant et souris légèrement.

- Pourquoi pas.

Je lui tends ma main et me laisse entraîner dans la danse tout en me demandant comment il fait pour se mouvoir dans sa boite métallique. N'ayant pas ma langue dans ma poche, je ne retiens pas la question qui me brûle les lèvres.

- N'est ce pas contraignant cette armure pour danser ?

Je souris en coin. Si elle est comme nos Chlamydes, elle doit être aussi légère qu'une plume et parfaitement adaptée à sa morphologie alors il ne doit même pas se rendre compte qu'il l'a sur le dos lorsqu'il n'y pense pas. Un genre de trompe-l'oeil particulièrement robuste. Du moins c'est ce que j'imagine, mais peut-être qu'au contraire elle pèse une tonne et qu'il est juste suffisamment costaud pour la supporter sans problème. Un petit coup de cosmos et on soulève n'importe quoi après tout.

- Alors dites-moi, votre délégation a-t-elle d'autres projets que de profiter de la musique et du banquet ? Trouver des contrats peut-être ?

Il était satisfait de voir que l’homme qu’il avait missionné avait fait du bon travail. S’il savait des choses sur cette affaire, il n’en dira ni n’en montra rien. Il se contenta simplement de rajouter quelques mots :

« - Ravis donc que les services que nous avons proposés ont été utile. »

Silencieux, il laissa la reine terminer son histoire. Des informations parcellaires, mais des informations malgré tout. Il ferait part de ce genre de chose à qui de droit en temps voulu. Pour le reste, le temps était maintenant à la danse. L’imposante forme métallique salut la reine d’un signe de tête. Puis, il saisit la main de la jeune femme pour pouvoir l’amener sur la piste de danse. Elle pourrait sentir la chaleur se dégager de la main de l’homme. Une chaleur loin de celle d’un simple humain, comme si un feu capable de tout dévorer gronde à l’intérieur de l’armure.

« - Pas le moins du monde. »

Te répondit-il à propos de l’armure, en t’amenant sur la piste de danse. Pour le reste, les premiers pas commencent. Ton partenaire, n’est pas particulièrement gracieux, il est peut-être un peu trop martial dans ses pas, mais, une grande maîtrise de son corps et la forme de ce dernier, entraîné, en fond malgré tout un danseur honorable. Pas de ceux qui impressionne le plus, mais très loin de ceux qui se ridiculisent. À la mesure des pas, tu sens un très léger dôme de chaleur vous entourer, accompagnant vos pas.

« - Nous sommes en effet là pour affaire, comme tous les invités présent à ce bal et cette cité. Méfiez-vous par contre de la reine Mebd. Elle est sûrement ici, votre pire ennemi. Bien pire que les Saints. »

De nouveau, la danse vous amène à vous éloigner et de nouveau à vous recroiser.

« - Le Grand Prêtre d’Asgard souhaiterait vous inviter, vous et Dame Rowenna. Les jours suivants le bal. »

Citation :

Si quelqu'un ce risque à écouter cette conversation, il aura, littéralement chaud aux oreilles

Sa main est chaude, plus chaude que la normale comme s'il avait de la fièvre, mais j'imagine que ça doit être normal pour lui. De nouveau j'en viens à me demander ce qu'il est exactement. Cependant, je ne pose pas de question, car je trouverai cela déplacé, indiscret. C'est intrigant, mais cela en restera là. Je l'observe danser, me guider avec agilité. Effectivement son armure n'est pas un souci comme je peux le constater. C'est agréable de pouvoir danser. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas participé à un bal, pourtant je n'ai oublié aucun pas. Mon côté oracle peut-être qui fait que j'ai toujours été douée dans les arts. Je ne parle pas d'expertise, mais meilleure que la moyenne.

Je perçois une chaleur anormale autour de nous, ce qui n'est pas pour me rassurer. C'est comme si nous étions dans une bulle. C'est peut-être cela d'ailleurs l'effet souhaité, l'intimité d'une bulle. Alors je redouble d'attention, s'il ne souhaite pas que l'on soit entendus, c'est qu'il souhaite dire quelque chose d'important.

La reine pire que les Saints, effectivement il vaudrait mieux qu'elle n'entende pas cela. J'opine simplement. J'ai perçu sa dangerosité. N'ai-je pas été soulagée à son départ ? Certes c'est une occasion passée d'obtenir des informations, mais j'ai d'autres chats à fouetter si je puis dire. De plus, je ne pense pas être la seule Oracle dans les parages, d'autres doivent bien avoir fait le déplacement, il faudra que je me renseigne à ce propos. Je m'éloigne puis me rapproche à nouveau, les pas sont instinctifs, la force de l'habitude. Ah ! Tiens, en parlant des autres…

- Rowenna ? Vous la connaissez ? Quel intérêt a-t-elle pour vous ?

Ce n'est pas la première fois que je les vois lui tourner autour. Le premier ayant été Ingvarr lui-même, alors j'hausse un sourcil, suspicieuse. Je ne comprends pas ce qu'ils lui veulent et il me semble qu'elle ne sait pas elle-même. Je suppose que s'il parle d'elle, c'est qu'elle doit être dans le coin, sinon ce serait compliqué de la prévenir et de la faire venir en si peu de temps.

- Pour votre invitation, j'espère qu'il arrivera avant la fin des festivités. J'ai des affaires assez urgentes à régler donc je ne pourrais pas m'attarder trop longtemps. Il faut aussi que j'en parle à mon amie pour connaître ses disponibilités.

Les pas de la danse vous séparent de nouveaux pendant quelques instants. Toujours sous l’effet de l’étrange zone de chaleur que personne d’autre que vous ne semble subir ou repérer. Peut-être que cette température et la présence du feu qui émane de ton cavalier rendent cette chaleur plus pesante, mais pas vraiment au point de déranger un éveillé. Au rythme des pas, le général répond à tes questions.

« - Je ne sais pas. Le Grand Prêtre ordonne et j’exécute. Il m’a demandé de vous inviter toutes les deux. Je ne peux vous en dire plus. »

Et dans sa voix, il a la simplicité et la rigueur d’un soldat qui énonce les ordres de son maître. Une étrange forme de sincérité dans ces mots. S’il y a là un but précis à la venue de ton amie, il ne le sait probablement pas ou alors, il est excellent menteur. De nouveau, quelques pas de danses et tu remarques qu’il s’adapte mieux qu’au début de votre échange. Il semble se faire à ton rythme, tes réactions, comme un combattant lisant dans les mouvements d’un adversaire avec qui il a déjà croisé le fer.

« - Il arrivera bientôt à Camelot et vous pourrez vous présenter sans mal à nous dans les jours à venir. Mais réfléchissez y bien. Rencontrer le représentant d’un dieu ne fait-il pas des affaires urgentes de ce genre d’événement ? Les combats de la diplomatie. »

Citation :

Si quelqu'un ce risque à écouter cette conversation, il aura, littéralement chaud aux oreilles

La bulle ne perce pas, nous suit immuablement et dans cette mini serre, la chaleur monte. Il faudra que j'aille prendre l'air à un moment, mais pas avant d'avoir été saluer le groupe qui comporte le Légat. Pour l'heure, je me concentre sur la danse et essaie de ne pas m'éparpiller dans mes pensées. Tant de choses à faire, de théories qui se font et se défont et d'hypothèses à vérifier. Mon esprit bouillonne mais je dois rester lucide.

Je ne réagis pas lorsqu'il me répond. Il m'a l'air d'un serviteur, tout ce qu'il y a de plus sincère. Soit, je prendrais le temps de faire un peu de diplomatie, qui sait, peut-être que ce sera bénéfique pour nous tous.

- Très bien, J'imagine que cela ne prendra pas des jours, je devrais pouvoir faire attendre mes autres tâches, je tâcherai de trouver mon amie pour la prévenir.

D'un air entendu qui vaut acceptation, je clos le sujet. Néanmoins je ne mets pas un terme à la danse, il y a d'autres questions qui me viennent à l'esprit. Je ne suis jamais à court et comme je suis arrivée il y a quelques heures à peines dans la ville, je ne suis pas au courant de tout, juste de ce que j'ai pu entendre ici et là.

- Alors comme ça, Arthorius Pendragon va bientôt être couronné ? Ai-je loupé la cérémonie ou bien aura-t-elle lieu bientôt ?

J'attends un peu qu'il me répondre avant de poursuivre sur le même sujet. Niveau chronologie je ne suis pas très au fait des choses, mais nous célébrons ici un grand événement et je voudrais combler mes connaissances lacunaires avant de faire un impair auprès des autres invités.

- On raconte qu’il va sortir l’épée de légende de son rocher. Qu'est ce que c'est que cette histoire ?

Est ce que c'est parce que c'est « lui » ou bien parce qu'il est le « futur roi » ? Et qu'est ce que cette épée a de si extraordinaire ? J'imagine qu'il doit y avoir quelque chose qui empêche les autres de tirer l'épée. Peut-être un sceau ou un enchantement. Ce n'est pas cela le plus important à mes yeux, c'est plutôt la signification de l'ensemble qui m'intéresse.

Au rythme de la danse, il t’adresse un signe de tête pour réponse à votre venue prochaine. Il semble avoir atteint son but et semble surpris que tu désires poursuivre la conversation. Il n’est pas de ceux qui sont les plus à l’aise dans le jeu du verbe et préfère de loin ceux des lames et des champs de batailles. Mais, il n’a rien à envier aux autres, un guerrier doit savoir s’adapter pour survivre. Il met quelques pas de plus pour répondre à ta première question.

« - Non. Vous n’avez rien raté. Le couronnement a lieu dans quelques jours. Le futur roi est caché par le druide, personne ne l’a vu encore. Je suis curieux aussi. De voir le roi qui devra fédérer tous ces guerriers. »

Il désigna d’un signe de la main l’un des Ligures qui se trouvait dans la salle. Ces guerriers puissants et hétéroclites. Tous capable d’inspirer leur propre troupe. Déjà roi, pour beaucoup, de leur propre domaine et maîtres de leur terres. Une mission intéressante pour ce petit dragon. De nouveau, il attend que la danse vous amène proche pour te répondre. Tu peux sentir la chaleur doucement diminuer pour retomber à des niveaux plus discrets, il dissipe son dôme petit à petit.

« - Cela fait parti des légendes du dragon oui. Ce que je sais, c’est que tous peuvent tenter de sortir l’épée mais que seul le roi élu y arrivera. Quant à savoir s’il s’agit d’une véritable élection ou d’un signe divin manipulé… je ne saurais dire. Après tout, les vôtres sont les spécialistes des visions non ? Un héritage de votre seigneur tutélaire me semble-t-il. Quelle est cette étrange aura qui émane de vous ? »

Et c’est là la première question qu’il te pose sur les oracles ou sur toi.

Citation :

Si quelqu'un ce risque à écouter cette conversation, il aura, littéralement chaud aux oreilles

Mes questions sont plutôt simples pour qui est un minimum renseigné et trouvent réponse assez aisément. Je souris satisfaite et remarque que la bulle de chaleur qui nous couvait se dissipe peu à peu. Le général ne doit plus rien à avoir à me dire d'important je suppose. Je repense à ce qu'a dit la reine des ténèbres et ce que Surt vient de m'apprendre. Le futur roi est caché par le druide, druide qui est pas loin à quelques pas en conversation avec deux autres personnes. J'aimerai bien rencontrer ce fameux roi élu. Seulement si je reste là je risque de manquer l'occasion de demander. Je vais devoir clôturer la discussion d'une façon ou d'une autre.

Je ne manque pas d'effectuer les pas avec adresse, heureusement, par la force de l'habitude c'est devenu instinctif et je n'ai pas besoin d'y réfléchir, juste de me laisser porter par les notes qui résonnent dans la salle. J'ai même remarqué que l'homme recouvert de métal s'était adapté au fil des pas et suivait mon rythme avec plus d'aisance.

- Les Pythies ont souvent des visions oui. Pas forcément des plus claires cela étant. Très énigmatiques je veux dire. Souvent des mises en garde j'ai l'impression. Une aura vous dites ? Mon cosmos peut-être ? Il est un peu capricieux ces derniers temps.

S'il s'agit d'autre chose, alors je n'en ai pas conscience, le sceau de Titania m'étant inconnu. Mais entre les souvenirs de Belona et ma chlamyde qui réagit à sa guise en fonction des événements ou de l'endroit où je me situe, je ne cherche plus à cacher complètement mon énergie, sans qu'elle ne déborde non plus. Je m'écarte d'un pas et m'incline pour le remercier du moment que nous avons passé ensemble.

- Je vous remercie pour la danse c'était plaisant. Passez une bonne soirée.

Et sur un air entendu, je file vers le groupe comportant deux personnes que je souhaite rencontrer.