[Mi Mars 553] Rencontre face aux vents (Adonis)

Arrivé depuis quelques jours, l'ancien prisonnier arpentait cette "Terra incognita". Il se demandait quels mystères son Dieu avait pu cacher ici haut ? Les survivants de l'Ere Narsès se rassemblaient au sein de la Tour et rétablissait lentement un semblant de vie. Les choses allaient dans le bon sens mais tous les Oracles n'étaient pas encore présents. Quelques uns d'entre eux étaient actuellement dans le nord afin de porter la Voix d'Apollon à Camelot.

Il ne comptait pas les prévenir des changements à Rome. Leur mission serait détournée de leurs objectifs s'ils apprenaient ce qu'il s'était passé. II discuterait avec eux le moment venu. Pour l'instant, il fallait mettre de l'ordre, veiller aux intérêts de la Tour dans la cité de Rome. L'influence des Byzantins était encore puissante et eux même ne savait pas ce qui était arrivé quelques jours auparavant. Cuchulainn avait retrouvé "sa liberté", il fallait maintenant qu'elle se réalisa physiquement. Python ne le connaissait en rien, il n'avait pas compris cette volonté de se laisser enfermer.

Ah si... Peut-être. En y réfléchissant, il comprenait. Lui même avait été la proie de ce sentiment pendant un long moment de son existence. Un sourire aux lèvres, il inspira une grande bouffée d'air et s'asseyait sur la crête du pont, les jambes à l'air. Le son du vent le tranquillisait, cette sensation de liberté ultime. D'une taille plutôt moyenne, bien étaient rares les artistes et gardes de la Tour à savoir qui il était vraiment. Il avait toujours ce sourire sardonique, c'était son arme depuis Ravenna. D'ailleurs, à ce sujet, il avait appris des Moineaux la disparition de Narsès.

Y'avait il eu une révolution du palais à Ravenna ? Pourquoi ? Il avait tenté de chercher quelques réponses mais rien de rien. D'une certaine façon, cet épisode venu de nulle part lui avait permis d'être libre et aussi d'avoir la visite de Cuilan. Le loup de Setanta était là, à veiller sur ses enfants depuis toujours. Qui était il ? Il n'avait pas de réponse non plus sur ce point. Levant les yeux au ciel, les paumes de ses mains se posèrent derrière lui afin de pouvoir mieux l'admirer.

Soudain, il sentit une présence. La lumière l'empêchait de voir qui était l'inconnu mais son pendentif s'était mis à luire et à lui chauffer la poitrine. Un oracle... Sa première rencontre allait enfin avoir lieu.

Bienvenue cher ami ! A qui ai je l'honneur ? Je me nomme Python, Augure d'Apollon.

La présentation était simple, sans emphase. Il plissait les yeux afin de mieux voir celui qui approchait, il ne voyait qu'une ombre pour l'instant.

Une preuve ? Il n'avait pas pris en compte ce genre de demande. De fait, sa demande était tout à fait légitime, vu la nature des ennemis d'Apollon. La lumière se faisant moins forte, il put voir son vis à vis. Il se nommait donc Adonis et était l'une des quatre Pythies du sanctuaire sacré. Un sourire aux lèvres, il se gratta la tête en se relevant. Il frappa sa tunique pour lever de la poussière invisible, reste certainement de son ancienne condition dans les geôles de Ravenna.

Une preuve ? Je n'en ai pas beaucoup je dois bien l'avouer. Je ne peux vous en citer que deux, espérant que cela suffira à lever vos doutes. J'ai reçu la bénédiction par l'intermédiaire de l'une de ses incarnations sur terre, un loup du nom de Cuilan. Je ne l'ai pas revu depuis et il m'a laissé aussi ce pendentif.

Le prenant alors dans sa main, il concentra son cosmos afin de la libérer de sa gangue cristalline. Des flammes se mirent à tournoyer dans la paume de sa main. Une ombre apparaissait en son sein, comme un astre éteint qui prenait la forme d'une lance. Il la mania un instant avec aisance avant d'en pointer la lance sur le sol du Grand Pont.

Cette lance est celle d'Apollon. Elle était possédée par tous les Augures avant moi, enfin je crois... On l'appelle Solaris et elle appartint jusqu'à récemment à Adalrik. Malheureusement, le fils d'Apollon est toujours prisonnier des Saints, si je ne m'abuse. Les visions de notre Dieu sont encore difficiles à interpréter.

Il n'avait pas grand chose d'autres à témoigner. Adonis pouvait sentir une chaleur puissante émaner de lui, aussi ardente que le soleil.

Et non, vous n'êtes en rien un vieux fou sénile pour ma part. Ou, alors, je le suis autant que vous ! J'ai reçu ce don alors peu de temps avant ma fuite de Ravenna... Je ne sais si Apollon avait prévu ou non mon ascension mais j'ai toujours ressenti sa présence à mes côtés, même s'il m'a fallu le découvrir que depuis quelques semaines à peine...

Un sourire suivit, le regard était toujours enflammé, comme si une forme de folie créative inondait son coeur.

Cette déférence était imprévue. Il n'avait jamais eu quiconque à le saluer de la sorte, lui le serviteur de la Tour des vents, le nettoyeur des basses fosses de la Basilique Saint Pierre et, aussi, l'ancien prisonnier des Saints de Ravenna. En soit, il connaissait mieux que quiconque ce que devait subir l'ancien Augure et il comptait agir afin de le libérer le plus rapidement possible. Pour l'instant, il ne pouvait pas faire grand chose, il fallait le reconnaître.

Pensif, il observa le ciel solaire qui illuminait tout le sanctuaire et inspira profondément pour que les lueurs de la création l'emportassent.

Je vous remercie, cher ami. Relevez vous, je ne suis pas un homme qui a fait ses preuves, je ne mérite encore aucune marque de révérence. C'est du moins ma pensée. Apollon a souhaité que nos Forces se rassemblent de tous les horizons que la Tour des Vents nous montrent. Posant un silence. Oui, au moment de ma fuite de Ravenna, j'ai vu que les Byzantins se battaient les uns contre les autres. Il y avait un air de révolution du palais. Certaines rumeurs parlent de la chute de Narsès, notre tortionnaire et aussi de son second, Flavius. Je n'en sais la raison actuellement mais cela nous permet de respirer un peu. En attendant, j'ai commencé à renforcer nos défenses et à rendre à la Tour sa véritable vocation, être une lueur dans le coeur des gens ! Une lumière inspirant le génie de la création. C'est notre rôle de veiller sur cette inspiration comme sur le temps qui passe.

La fin de son propos prit une intonation différente, plus angélique. Le regard de l'Augure, le timbre de sa voix, tout avait changé pour laisser filtrer une autre conscience. Apollon avait parlé en cet instant. Il avait donné la ligne de conduite dans les années à venir.

Je sais que l'un de nos Pythies est actuellement en Atlantis. J'espère que tout se passe au mieux pour lui... Et vous même, Pythie de Delphes, enfin.... Adonis... avez vous des choses à me conter ?