[Début Mars 553] Un souffle de sagesse [PV Kaleb][entraînement]

Finalement, le lendemain, Argus ne vint que pour visiter la bibliothèque. Elle était bien trop fatiguée pour un entraînement, qu'il soit physique ou mental. Elle en avait alors profité pour parcourir du regard les différents ouvrages qui étaient proposés, après avoir salué Kaleb et discuté un petit peu avec lui, ainsi qu'avec les autres personnes vivant ici.
Elle avait ainsi parcouru quelques lignes, ici et là, cependant son esprit encore mal remis de sa mission et de sa nuit blanche peinait à suivre plus de trois ou quatre phrases à la fois. Alors, le soleil ayant à peine dépassé le zénith, elle prit congé pour rentrer chez elle et dormir, d'un sommeil de plomb.

La jeune fille se réveilla bien avant l'aurore. Cette fois-ci, les vacances étaient terminées et elle allais travailler d'arrache pied car elle avait des lacunes à combler. Pompes, frappes, porter des objets lourds, méditation et entraînement du cosmos lui prirent plusieurs heures.
Puis, lorsque les dernières lueurs de l'aube eurent fini de s'effacer à l'horizon, elle rentra chez elle et se lava sommairement, avec un baquet d'eau froide, afin d'éliminer toute trace de transpiration de son corps. Il était temps de se remettre en route.

Cette fois-ci, la Chevalier de Bronze ne commit pas d'impair lors de la montée des Maisons du Zodiaque. Elle demanda l'autorisation à chacun des Gardiens et ne traversa pas sans leur avoir dûment indiqué le motif de son passage.
Enfin, elle parvint aux abords de la Maison de la Vierge. Tout au long des marches, elle avait tenté de trouver une farce appropriée pour son entrée en scène, cependant elle devait constater son manque d'imagination en la matière. Elle se contenta donc de s'approcher, laissant un peu de son cosmos prévenir Kaleb de l'identité de sa visiteuse.

Argus était venue le lendemain de leur rencontre pour revenir à la bibliothèque. Kaleb était ravi qu’elle l’ait pris au mot et qu’elle semble se sentir chez elle. Eireen et elle avaient étudié ensemble et le chevalier de la Vierge les avait observées du coin de l’œil. Il semblait qu’après une phase d’observation, les deux jeunes femmes avaient sympathisé. Il faut dire que la celte avec son naturel directe et son caractère enjoué laissait rarement indifférente. Il était peut-être encore trop tôt pour savoir ce qu’Argus avait pu retirer de leur rencontre mais Kaleb espérait que naîtrait une belle amitié entre les deux jeunes femmes.

L’Oiseau de Paradis ne se présenta à nouveau que le lendemain en début de matinée. Kaleb était en train de converser dans le jardin avec les jumeaux quand il sentit le cosmos de sa jeune protégée approcher de l’entrée de la sixième maison. Il se leva donc pour aller l’accueillir sur le seuil. A sa vue, il ne put s’empêcher de lui lancer une petite taquinerie.

«Et bien, tu arrives les mains vides ? Et moi qui croyais que tu apporterais le petit déjeuner. Je vais devoir combattre à jeun… Quelle tristesse »

Il appuya sa plaisanterie d’un clin d’œil et d’un large sourire pour ne laisser aucune place à la méprise sur la teneur de ses bienveillants propos. Sans plus de formes, il la guida vers les jardins, comme promis. Ils passèrent devant l’Autel du Paradis où l’armure d’or de la Vierge, reposant dans sa pandora box, salua la jeune femme d’un chant mélodieux.

Kaleb poussa les deux lourdes portes de bronze pour laisser découvrir un jardin magnifique aux senteurs délicates que cette fin d’hiver ne semblait pas affecter le moins du monde. Le chevalier de la Vierge ne se lassait ni de cette vue, ni de cette vie qui foisonnait en ce lieu. Comme un morceau de paradis sur Terre. Il se tourna alors vers Argus et prit un air doucement provocateur.

«Bien, jeune fille, voyons de quoi tu es capable…Sans armures bien évidement…»

A ces mots, le chevalier d’or se mit en garde et attendit le premier assaut de son adversaire.

Citation :

Si les règles l’autorisent, je laisse l’initiative à Argus

Le caractère d'Eireen avait quelque peu déstabilisé Argus en premier lieu. Elle qui était silencieuse et réservée, elle avait eu l'impression de rencontrer son exact opposé. Pourtant, au lieu de l'apeurer, le sourire de la jeune celte l'avait aussitôt charmée. Argus s'était aussitôt sentie en confiance face à une sincérité aussi directe et, bientôt, elles riaient toutes les deux.
Ainsi, les heures d'étude s'étaient enchaînées avec plaisir. Entre boutades, questions et commentaires, chacune enrichissait la compréhension de l'autre, et elles avançaient bien plus vite que seules. Argus bénit Athéna et le destin de les avoir mis sur son chemin.

Finalement, la blague que la jeune fille n'avait pas réussie à trouver en arrivant, Kaleb la lui servit en venant à sa rencontre. Les premiers instants, ses anciens réflexes reprirent le dessus et elle rougit, comme prise en faute. Puis elle sourit sous son masque, avant de rétorquer :

Il y avait quelque chose de prévu au menu ? Je pensais qu'on allait manger des coups...

Elle repensa quelques instants au lapin qu'elle avait coursé avant de rencontrer Killian. Peut-être aurait-elle du chasser, cette fois-ci aussi...
Sans réfléchir plus loin, elle suivit suivit Kaleb dans les jardins, où elle admira la beauté et la paix qui imprégnaient ces lieux. En accord avec cette céleste sérénité, l'armure d'or de la Vierge chanta un doux accueil.
Argus pourrait s'assoir ici, sur cette douce herbe, et méditer pour le restant de ses jours. Ces lieux appelaient à y rester. Cependant, elle se força à sortir de sa contemplation. Elle était ici pour une raison bien précise.

Elle acquiesça à la provocation de son adversaire, se plaça en garde elle aussi, et commença à rassembler son cosmos autour d'elle.

Il n’avait pas forcé son talent. L’objectif était de voir de quoi la jeune femme était capable. En lui laissant l’occasion d’attaquer la première. Après tout, c’était ainsi qu’Eunoia avait procédé tout au long de son apprentissage. Et il repensa au nombre de fois incalculable qu’il avait mordu la poussière. Il se souvint aussi des progrès qu’il notait pour se donner du courage. S’être retrouvé au sol au premier assaut, au second, au troisième. Etre parvenu à porter une première attaque, puis une autre jusqu’à parvenir à tenir le coup face à son maître. Des souvenirs qui remontaient alors qu’Argus s’était mise en garde et rassemblait son cosmos.

Il était évident qu’un chevalier de bronze pouvait difficilement tenir la dragée haute à un chevalier d’or. Mais c’était pour cette raison qu’il ne voulait pas combattre en armure. Eviter de les abîmer dans des joutes purement techniques et amicales d’une part. Mais aussi rééquilibrer les débats pour ne pas se cacher derrière une protection plus efficace. Cosmos contre cosmos. Poing contre poing. Technique contre technique. Une façon d’apprendre l’un de l’autre mais aussi d’apprendre à combattre ensemble.

Il la regarda en lui souriant. Comme une invitation à une danse martiale, l’envie d’en découdre en toute complicité. Il était persuadé qu’il avait autant à apprendre d’elle que l’inverse. Car tel était Kaleb de la Vierge, ne jugeant pas une personne à son rang mais à l’aune de son être. Et Argus était une belle âme, il en était persuadé. Mais une âme qu’il convenait d’aider à se forger. Avec patience et bienveillance.

Il allait quand même l’asticoter un peu, pour le principe. Histoire de voir aussi ce qui lui valait le titre de chevalier de bronze. Et de l’aider à affermir son aura. Un détail qui pourrait lui sauver la vie en combat. Mais pour l’instant, l’heure n’était pas à ces considérations. Il attendait donc les bras croisés, rebondissant sur son trait d’esprit.

«Oui, aujourd’hui, c’est la multiplication des pains… Quand tu auras fini de te polir le masque, on pourra peut-être commencer… »

Il la regarda d’un air complice mais affuté.

Kaleb ne put s’empêcher de sourire à l’Oiseau de Paradis. Bon, niveau réparti en combat, la demoiselle avait une sacrée marge de progression. Mais c’était drôle. Pour autant, quand elle déclencha sa technique, il resta quelque peu dubitatif. Il s’était attendu à une attaque basée sur un effet de miroir, de lumière ou d’illusion. Mais non, c’était un souffle, une sorte de tornade extrêmement localisée qui arrachait les reliefs les moins biens arrimés à la terre séculaire du Sanctuaire et les projetait sur le chevalier d’or de la Vierge.

Pour autant son attaque n’était pas à sous-estimer. Elle devait avoir mis toute sa force dans cette première attaque. Kaleb se retrouva obligé d’étendre ses deux bras devant son visage pour empêcher les plus gros rochers de l’emporter. Il laissa passer la tempête, tâchant de ne pas reculer sous l’effet de l’attaque d’Argus. Il se doutait que le jardin risquait de ne pas apprécier le traitement. Mais la zone dans laquelle ils se trouvaient était suffisamment à l’écart pour éviter de gros dégâts aussi bien sur les cultures que sur les bâtiments.

La Vierge taquina la jeune femme. C’était de bonne guerre. Elle allait devoir faire un peu plus que ça pour le déstabiliser.

«Pas mal… Bon, il y a des progrès à faire en terme de réparti mais pour ce qui est de l’attaque, je suis épaté. Pour autant, ce n’est pas la vélocité de tes poings que j’aimerai tester mais la puissance de ton cosmos. Voyons ce que tu peux faire contre ça…»

Kaleb joignit ses paumes au niveau de sa hanche. Lentement, il laissa son étincelle d’or s’accumuler au creux de ses mains avant de le relâcher violemment en un rayon de cosmos puissant qui se dirigea vers le chevalier de bronze à une vitesse défiant l’imagination.

«L’heure est venue de bronzer un peu, ma chère Argus. Essaie un peu d’arrêter celle-là… Αιώνιος ήλιος !!!!!»

Le soleil éternel venait de frapper.

Après sa première attaque, Argus se releva. Elle savait que la position assise n'étais pas la plus optimale. Au sol, elle manquerait de mobilité pour parer les coups qui ne tarderaient plus à tomber, maintenant que les hostilités étaient ouvertes. Son souffle était à peine court, cependant son coeur battait la chamade. C'était la première fois qu'elle combattait quelqu'un d'autre que son maître ou un autre apprenti.

Argus grogna quand Kaleb mentionna son manque de répartie. Le cosmos, l'équilibre, les muscles, et maintenant les mots... Sous le coup de l'adrénaline, elle peinait encore un peu à élargir sa vision et gérer tous ces paramètres à la fois. Cependant, elle tenta malgré tout :

Justement... Un bon combattant ne déstabilise-t-il pas son adversaire ?

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus, que déjà une étincelle lumineuse attira son attention, sur la hanche du Chevalier d'Or. Bientôt, l'étincelle se fit rayon, et le rayon se projeta vers Argus.
Celle-ci croisa ses bras au point de l'impact et força sur tous ses muscles pour ne pas se laisser emporter. Une partir du rayon fut ainsi réfractée, cependant la jeune fille sentait ses bras qui lui cuisaient, tandis que des gouttes de sueur perlaient sur son front.

Mais elle prit contenance bien vite et, avec un rictus que cachait son masque, elle répondit :

C'est un bien joli petit soleil... Mais l'on dit que là d'où viennent les oiseaux de Paradis, il brûle bien plus fort !

Et, avec grâce, elle commença à esquisser quelques pas de danse. Derrière elle, la forme d'un oiseaux au plumage bariolé se dévoila, qui battaient des ailes au rythme d'une musique éthérée. Cependant, la vibration de ces pas se propageait en ondes concentriques à travers le sol et bientôt, elle allait atteindre Kaleb.
La fréquence de résonnance des os. Celle à laquelle ils se brisent.

Argus avait partiellement stoppé le soleil éternel. C’était en soi une petite performance. Même si Kaleb devait bien avouer qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de la lancer sur quiconque, fusse-t-il un chevalier de bronze. Il ne broncha donc pas quand il vit la jeune femme encaisser l’attaque et se voir roussir quelques poils de ses avant-bras. Tant pis. Il l’aurait peut-être à l’usure.

«Bien… Pour un échauffement, c’est pas si mal… Une petite épilation gratuite… Tu as vu ? On est comme ça ici… On prend soin du visiteur, on le bichonne, on le fait rôtir… Ah non, pardon, ça c’est le discours pour les poulets… Pardon…»

Kaleb se contenta d’un petit clin d’œil provocateur. Mais déjà Argus, contre-attaquait. L’esprit de sa constellation semblait s’éveiller derrière elle. Un Oiseau de Paradis au plumage multicolore s’agitait derrière elle et une vibration à la mélopée évanescente se dirigea vers le gardien de la sixième maison.

Kaleb évalua qu’elle pouvait être suffisamment dangereuse pour ne pas la laisser se diffuser outre mesure. Rapidement, il créa une distorsion dans l’espace qui avala l’attaque de la jeune femme sans même atteindre le chevalier d’or.

«Très esthétique comme technique… A défaut d’être efficace… Laisse-moi te montrer un peu que tout n’es pas qu’une question de puissance… »

Kaleb joignit ses avant-bras devant lui, projetant une onde de cosmos sur son adversaire en murmurant quelques mots qui semblèrent trouver écho dans l’air.

«Ιερό κύμα…»

La vague sacrée déferla sur Argus et la distorsion se rouvrit, renvoyant une partie de sa propre puissance à la demoiselle. Kaleb ne lui laissa pas le temps de souffler non plus. Il enchaîna. Fermant les yeux, il tendit ses mains vers le ciel et psalmodia une langue inconnue de la jeune guerrière qui lui faisait face. Immédiatement des esprits vinrent se porter à l’assaut de l’Oiseau de Paradis tout.

«Voyons comment tu te débrouilles avec tout ça… Sauf si tu veux abandonner…»

Sous l'adrénaline, la douleur s'effaça bien rapidement. Cependant Argus savait pertinemment qu'il ne s'agissait que d'une illusion. Lorsque le feu du combat s'éteindrait, elle aurait bien des blessures à panser.

Elle se releva et, droite, tint tête au Chevalier d'Or :

Oh vous savez, le poulet c'est un oiseau comme un autre... Mais peut-être n'en voyez vous pas beaucoup de là où vous venez ?

Si Argus ne parvint pas à réagir à la première vague cosmique qui déferla sur elle, elle accueillit de pied ferme les âmes qui venaient la tourmenter. Coups de pieds, coups de poing, elle se débattait comme s'ils s'agissait d'ennemis en chair et en os.

C'est bien un truc d'hommes ça, de ne pas apprécier l'esthétisme ! Mais puisque vous aimez les illusions...

L'obscurité la plus profonde s'abattit sur les lieux et, aussitôt, des becs et des serres aussi tranchantes que des lames de rasoir vinrent lacérer le Chevalier d'or.

«Des oiseaux ? Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes là d’où je viens… Mais j’avoue que de drôles d’oiseaux comme toi, je n’en ai jamais croisé… »

La remarque était médiocre. Mais Kaleb devait mobiliser toute sa concentration sur l’attaque qu’Argus venait de lancer. Comme si, dans une nuit sans lune, des milliers d’oiseaux venaient s’en prendre à lui, tentant de lui arracher les bras et les jambes. Mais il en fallait plus pour déstabiliser la Vierge. Une illusion, rien de plus. Et comme toute illusion, il convenait simplement de la dissiper. Et pour cela, intensifier quelque peu son cosmos, ce que l’axoumite s’employa à faire. Le cosmos d’or déchira les ténèbres, renvoyant l’illusion dans ses limbes d’origine. Kaleb sourit.

«Bien tenté… Mais il faudra plus que ça pour m’arrêter. Je sais que tu es jeune mais j’ose imaginer que tu n’as pas abattu ta dernière carte, non ? Tu n’as pas de technique plus puissante que ça ? J’avoue que cela me décevrait de ta part… Je suis certain que tu t'économises... Allez, on est pas venus pour danser un balais mais pour te faire progresser...»

Kaleb se lança alors dans une série de coups de poings et de pieds pour obliger l’Oiseau de Paradis à changer de position. L’objectif n’était pas de la blesser mais plutôt de la déstabiliser, de l’obliger à se concentrer sur autre chose. Puis dans la foulée, il déclencha à nouveau le Soleil éternel

«Voyons donc si cette fois, tu parviens à l’éviter….Αιώνιος ήλιος !!!!»

Le rayon de lumière fut projeté à bout portant. Kaleb savait ce qu’il faisait. Son but n’était pas de blesser Argus mais de la pousser dans ses ultimes retranchements, de voir ce qui se trouvait sous le masque, quelle guerrière elle était et quelle âme l’abritait. Mais pour le moment, il en était à l’user physiquement pour voir jusqu’où elle pouvait tenir face à un membre du cercle d’or.

J'ai bien une attaque plus puissante mais... pas... assez... d'énergie pour l'utiliser !

Ni plus assez d'énergie pour revenir à l'humour. Elle tenta de parer les coups de poings et de pied que Kaleb lui infligeait, mais avec peine.

Cette fois-ci, Argus réussit à voir le rayon avant qu'il ne soit lancé et à imaginer sa trajectoire ainsi que sa dispersion. Un salto sur le côté, ses bras en protection, et la voilà à l'abri du danger.
Une même attaque ne fonctionne pas deux fois sur le même Chevalier.
Un principe qui pouvait facilement se retourner contre elle tant qu'elle ne pouvait utiliser que deus attaques... L'esprit un peu las, elle reprit sa danse.

Ainsi elle n’avait plus suffisamment d’énergie. Quelque part, Kaleb espérait que c’était une feinte, une manière de l’obliger à baisser sa garde. Mais il serait sans concession. Il voulait l’amener à progresser et ce n’était pas en lui déroulant un parterre de fleurs qu’il l’amènerait à se surpasser. Pour autant, elle tenait plutôt bien le choc pour un chevalier de bronze. A vrai dire, il n’avait pas vraiment d’idée du niveau des autres chevaliers. Eunoia lui avait toujours enseigné qu’il ne fallait pas juger un adversaire à son niveau hiérarchique et qu’une armure ne reflétait pas toujours la puissance de son porteur. Aussi, la Vierge décida de ne pas baisser le rythme et de ne rien lâcher. Quelque part, s’il s’économisait, il manquerait de respect à Argus. Et ça, il ne l’envisageait pas.

Kaleb se contenta donc dans un premier temps de bloquer l’attaque cosmique de la jeune femme. Cette technique était vraiment très belle. Et s’il ne s’était pas agi d’une attaque mortelle, il aurait pu prendre le temps de réellement l’admirer. Heureusement, sa vitesse d’exécution était trop lente pour constituer une réelle menace. Il eut donc tout le loisir de se positionner correctement pour ne pas subir la moindre égratignure. Il y avait de quoi décourager son adversaire. Le gardien de la sixième maison resta parfaitement calme.

«Tu as de bons réflexes. Il faut juste que l’on parvienne à te faire augmenter ta vitesse. Face à un adversaire plus puissant, alterner esquive et blocage peut te garantir une certaine résistance…»

Il se mit à nouveau en garde, laissant quelques secondes à Argus pour se reprendre. Puis, croisant à nouveau ses bras devant lui, il lança à nouveau la Vague Sacrée sur l’Oiseau de Paradis.

Puis, sans lui laisser le temps de respirer, il rappela à lui les âmes. Elles créaient un tourbillon entourant à la fois Kaleb et la jeune femme, les isolant du reste du jardin. Au demeurant, le face à face devenait intense, comme si chacun n’avait plus que l’autre comme point de mire

«Concentre-toi sur moi, Argus… Ne te laisse perturber par rien d’autre. A partir de maintenant, chacune de mes attaques peut t’être fatale. Tu n’as pas le droit de faiblir…»

Il ferma les yeux comme pour mieux ressentir son environnement et tenter de déceler le prochain mouvement de l’Oiseau de Paradis pour mieux l’anticiper.

La vitesse... Argus se contenta d'acquiescer. Répondre lui aurait fait perdre du temps, de l'énergie et de la concentration qu'elle n'avait plus. Tant pis si elle devenait une combattante muette. Survivre et progresser.
Pourtant, malgré ses bonnes résolutions et sa concentration accrue, elle ne parvint pas à esquiver la seconde vague sacrée. C'était comme si... Comme si l'onde lumineuse se matérialisait immédiatement sur sa cible, sans prendre le temps de se déplacer.
Argus grogna. Elle n'avait pas pu l'esquiver et, sous le choc, avait reculé de plusieurs mètres, laissant des sillons dans le sol. Et en face, Kaleb esquivait chacun de ses attaques comme s'il ne s'agissait quede vulgaires moucherons ! Argus laissa quelques instants la rage bouillonner en elle.

Ce regain d'énergie lui permit de combattre les âmes qui se ruaient sur elle. Coups de poing, coups de genoux, coups de pieds circulaires... Elle ne leur épargna rien, je laissant aucune d'entre elles l'atteindre.
Sans même se laisser le moindre répit, elle repassa à l'offensive. Tant pis si cela était voué à l'échec. Déjà l'obscurité noyait de nouveau les jardins.

Parfaitement prévisible. Son adversaire semblait au bord de la rupture à la fois physiquement et émotionnellement. Il sentait la colère monter en elle. Elle avait cessé de parler. Il fallait qu’il l’amène à puiser dans ses ressources. Il devait la pousser dans ses retranchements car aucun adversaire sur un champ de bataille ne lui ferait de cadeau. Et cette idée le révoltait au plus haut point. Pour autant, il devait être vigilant. Car s’il ne maîtrisait pas ses techniques, s’il ne retenait pas ses coups, il pouvait sans doute la blesser grièvement voir la tuer de ses propres mains. Cette pensée assombrit son esprit mais ne l’empêcha pas de bloquer l’attaque cosmique de la jeune femme.

«Si la révolte et la volonté permettent d’accroitre son énergie et sa combattivité, la colère est, quant à elle, mauvaise conseillère. Ne la laisse jamais te submerger au risque de commettre une erreur fatale. Certains ennemis chercheront certainement à te faire sortir de tes gonds. Même si tout ne peut passer par l’esprit, s’en priver totalement est une erreur fondamentale. Tout ne peut se décider à l’instinct…»

Un équilibre difficile à maintenir mais primordial. Kaleb ignorait ce que son maître avait pu transmettre comme connaissances à Argus. Dans le doute, il essaya de lui donner les conseils qu’Eunoia elle-même lui avait transmis. Mais il se souvenait que la leçon la plus salvatrice qu’elle n’avait cessé de lui enseigner était celle de la stratégie. Et que cette dernière ne se jouait pas toujours dans l’immédiateté.

«Ne sous-estime jamais l’importance de l’audace et de la tactique en combat. Ce sont ces éléments, associés à nos sens qui peuvent changer une défaite en victoire… Et la différence entre un saint d’Athéna et un sous-fifre d’Arès… L’important est donc de garder tes idées claires…»

Tout du moins, là encore, c’est ce que son maître lui avait enseigné. Kaleb plongea l’Oiseau de paradis dans le noir avant de lui lancer à nouveau le rayon du soleil éternel.

La colère, l'audace, la tactique... Les mots se mélangeaient dans sa tête, ils ne formaient plus de phrases cohérentes. Même la culpabilité, ne pas être capable d'entendre les trésors de sagesse que lui enseignait Kaleb, ne parvenait plus à l'atteindre.
Sa vision se brouillait et des vagues de chaleur lui montaient à la tête. L'issue du combat était proche, elle le voyait. Mais... Elle ne pouvait pas se permettre de s'évanouir, ici, chez son hôte ! Encore moins de mourir...
Ceci dit, ce serait aussi bête qu'elle. Mourir comme ça à la fin d'un entraînement où elle a été trop faible.

Non. Elle ne mourrait pas. Elle ne tomberait pas dans les pommes. Faible et vacillante, elle se redressa sur ses jambes malgré ses muscles à l'agonie. Une dernière fois, elle parvint à regarder le Chevalier d'Or en face.
Elle vit le rayon cosmique. Elle le vit avant qu'il n'arrive sur elle, elle le vit suffisamment tôt pour pouvoir le contrer. Elle tenta de se relever une dernière fois, pour parer avec dignité cette dernière attaque.

Ses muscles la trahirent au dernier moment. Elle avait à peine atteint la station debout qu'elle s'écroula comme un misérable pantin.
La vague de cosmos la frappa de plein fouet, la brûlant jusqu'au troisième degré.
Le Néant.

Enfin, après une éternité de douleur, elle parvint à rouvrir les yeux. Se relevant misérablement, vacillant sur ses jambes, elle murmura :

Je... Je me rends

Elle avait tenté de résister jusqu’au bout. Mais il fallait qu’ils s’arrêtent là. Kaleb le sentait, la jeune femme était au bord de la rupture. Une attaque de plus et il était fortement probable qu’elle s’évanouisse. Il ne lui avait pas fait de cadeaux. Et même si elle ne l’avait pas blessé, il avait dû y consacrer une bonne partie de son énergie.

Kaleb rompit sa garde. La leçon avait sans doute été rude. Il ne servait à rien d’insister au-delà du raisonnable. Il s’approcha de la jeune femme et l’aida à se relever. Un sourire bienveillant sur le visage, il lui adressa quelques mots de réconfort.

«Ca va aller ? Tu t’es bien défendue. Mais tu ne devrais pas hésiter à te servir plus souvent de tes poings. Il ne faut pas sous estimer l’impact du physique sur l’usure que cela peut provoquer chez ton adversaire… Fusse-t-il un chevalier d’or…»

Il avait admiré la ténacité de l’Oiseau de Paradis. Elle avait sans doute combattu aussi avec une forme de réserve. Kaleb sentait qu’il y avait du potentiel inexploité en elle et qu’il fallait qu’elle puisse mobiliser d’avantage d’énergie pour pouvoir concentrer son cosmos dans des attaques plus puissantes. Il prit une mine plus réfléchit.

«Tu es endurante mais je pense que tu devrais essayer de travailler ta mobilisation de ton cosmos. Tu hésites encore trop à le concentrer dans des techniques plus destructrices.»

Puis souriant à nouveau à Argus, il lui tint l’avant-bras pour la guider et l’aider à faire quelques pas.

«Allez, je t’offre un morceau pour t’aider à te remettre de tes efforts… Viens…»

Et sans autre forme de procès, il la guida vers les cuisines.

Citation :

Rp terminé. Victoire de Kaleb par abandon. Merci