[Début mars 553] Quand on sale l'eau, l'Adria tique [PV Argos & Xanathos]

Le temps imparti pour les retrouvailles était quasiment écoulé. Kaleb avait quitté la maison de la Vierge à peine quelques minutes après avoir salué son frère et sa sœur d’arme. Il était allé trouver Kalia dans son bureau mais avait vu son chemin stoppé par une Eireen qui lui avait littéralement sauté dessus à l’entrée de la bibliothèque, des larmes aux coins des yeux. Un assaut qu’il n’avait pas anticipé mais qui était loin d’être désagréable. Il avait passé calmement sa main dans la chevelure de feu de la jeune femme, puis, une fois qu’elle eut desserré son étreinte, il lui avait adressé un sourire bienveillant et quelques mots pour la rassurer. Bien sûr qu’il comptait revenir. Non, il ne prendrait pas de risques inconsidérés. Oui, il comptait bien être revenu pour leur prochaine partie de ce nouveau jeu persan auquel Kalia les avait initiés.

Son intendante s’était montrée beaucoup plus sobre et neutre dans sa dernière discussion. Elle avait toujours cette forme de retenue, cette volonté de masquer ce qu’elle ressentait, que ce soit de la joie ou de l’inquiétude. Elle restait factuelle, se concentrant sur les détails organisationnels pour se donner une contenance. Kaleb s’était contenté de lui sourire et de prendre sa main, ce qui avait fait monter une teinte rosée aux joues de marbre de la jeune femme.

Il se trouvait désormais sur le port de Salona. Il n’avait mis qu’une fraction de secondes pour atteindre la Dalmatie. Tel était le pouvoir des chevaliers d’Or. Se déplacer à la vitesse de la lumière. Mais cela nécessitait d’utiliser une parcelle de son étincelle personnelle. Et donc d’être détectable par tout autre éveillé dans les parages. Il s’était arrêté dans un vallon boisé à quelques mílions des portes de la cité. Il finit le chemin à pieds, franchissant l’enceinte pour se diriger vers les docks. La cité était vivante, grouillante d’agitation. De nombreux marchands, ambulants ou avec pignons sur rue animaient les rues. En réalité, le forum de la cité donnait sur le port, au centre de la cité, facilitant l’acheminement des marchandises. Kaleb s’était un peu renseigné sur l’histoire des lieux. La tradition voulait que ce soit des grecs venus de l’île d’Isa qui aient fondé la cité. Les liens entre cette dernière et l’île semblaient avoir perdurés au fil des siècles, si bien que les pêcheurs et autres marchands naviguant dans les eaux de l’Adriatique, arpentaient la route maritime reliant les deux entités quasi quotidiennement.

En effet, le chevalier de la Vierge n’eut aucune difficulté à convaincre un marchand de le transporter, ainsi que ses deux compagnons de mission sur l’île. Il attendit donc l’arrivée de Xanathos et d’Argus. Pour l’instant, tout se déroulait comme prévu. Il espérait juste que ses homologues n’auraient aucune difficulté à rejoindre la cité et à le trouver. Il esquissa un sourire en voyant une première silhouette familière s’avancer dans sa direction. Pile à l’heure. Un gage de confiance de plus.

Argus ne rentra pas chez elle. A quoi bon ? Elle n'avait besoin de rien, elle avait déjà son armure sur elle, qu'elle rangea dans sa box en une fraction de secondes. L'agilité de l'habitude. Mais pourquoi irait-elle perdre du temps alors qu'elle avait tant de chemin à parcourir, elle, la plus faible, la plus lente ?
Aussi, dès que Kaleb fut partie, elle se leva aussi et, après un salut courtois à Xanathos, elle s'éclipsa à son tour. Elle supposa que, même s'ils prendraient vraisemblablement le même chemin, ce Chevalier n'était pas le genre de personne à vouloir faire la causette en route.
Ou du moins, elle même ne le voulait pas trop. Elle avait une angoisse à surmonter, de préférence dans les plus brefs délais, et elle préférait l'affronter seule. Sans doute était-ce hypocrite de projeter ses propres préférences sur Xanathos, mais elle ne s'en rendit pas compte.

La descente des temples fut un calvaire. Déjà, il lui semblait avoir son visage à nu. Déjà, elle jetait des regards craintifs à droite et à gauche, pour vérifier que personne ne l'observait. Pourtant, elle n'avait pas encore retiré son masque.
Elle se força à profiter de ce temps, à la fois beaucoup trop long et beaucoup trop court, pour se faire la morale. Elle n'avait pas le choix. Elle devrait retirer son masque. Le Grand Pope comprendrait qu'elle n'avait fait cela que pour ne pas risquer de compromettre la mission. Elle ne devrait aimer ni tuer personne, c'était une exception.
Pourtant, elle savait qu'elle n'assumerait pas de se présenter à visage découvert devant Kaleb et Xanathos. Trois ans qu'elle portait ce morceau de métal, et déjà il faisait partie de sa manière de penser, de son âme. Elle ne pouvait plus s'imaginer sans.

Une fois à Rodorio, elle inspira fort et se fit violence. Son masque rejoignit son armure dans la box. Puis, tout autant pour ne pas perdre de temps que pour abrutir son esprit, elle partit à toute vitesse, en direction du port de Salona.
Elle avait enfreint une règle. C'était cela qui lui pesait, plus que la honte ou la pudeur. Elle avait enfreint une règle et toujours, la culpabilité qu'on lui avait inculquée à coups de fouet rôdait, toute puissante. Elle avait beau savoir que ses amis et même le Pope lui pardonneraient cet écart, elle en était elle-même incapable.

Enfin, moins d'une heure plus tard, elle arrive à destination. Malgré tous les raisonnements qu'elle s'était tenus, elle gardait le visage baissé vers le sol. - son visage étranger qui lui avait valu trop d'intérêt par le passé. Oui, ce n'était pas que son genre qu'elle aurait dû cacher, et son masque lui avait permis d'oublier qu'elle n'était qu'une étrangère -
Ainsi, elle ne vit pas les merveilles du marché, elle qui avait tant aimé les visiter avec Mehry. Elle ne releva pas les yeux lorsqu'elle se trouva face à Kaleb, encore moins lorsqu'elle entendit les pas de Xanathos se rapprocher.

Et voilà les trois saints savaient ce qu'il fallait faire dés à présent. Cétait le moment pour lui de prouver sa valeur auprès d'Athéna et de ses compagnons. L'ex Carène avait bien trop trainé ses anciennes affaires dont il était innocent du moins lorsqu'il fut chevalier d'argent. C'était le moment pour lui de détruire de ce qui restait de la dernière poche de la résistance sous les ordres de Narsès. Il ferait en sorte que cela arrive à son terme.

Xanathos n'attendit pas les autres pour partir, ils savaient qu'il allait les rejoindre. Néanmoins, le solitaire continua seul son chemin en direction de du port de Salona. Il pourrait utiliser sa vitesse optimale mais celui ci préféra ne pas se faire repérer et utiliser son énergie à bon escient. L'ancien silver saint se contenta de courir très vite lorsqu'il était certain que le chemin menant au port était vide de promeneurs, soldats et marchands en tout genre. Quand il voyait des gens, le ténébreux se faufila sur les côtés de la route préférant éviter tout genre d'individus qui pourraient le reconnaitre et ainsi le suivre jusqu'à sa destination. Vêtu de son habit noir et de son manteau à capuche baissée.

Après une longue marche, il vit l'enceinte apparaitre devant lui et voyant la foule, l'homme en noir se fondit dans la foule ne restant pas trop longtemps à côté de ses personnes il se faufila en silence vers le point de rendez vous. Le jeune homme avait pris l'habitude de passer inaperçu à Rodorio fuyant ainsi les regards méfiants des habitants du village et ceux méfiants des soldats du Sanctuaire. Non ooin de lui il voyait déjà Argus loin devant lui et il espérait qu'elle avait fait le bon choix de ne pas porter son masque. Il ne pouvait que s'inquiéter pour elle, il sentait que c'était la moins expérimentée entre eux trois et il sentait qu'il faudrait la protéger plus tard, ce que le banni ne manquera pas de faire si les choses empiraient... Un peu plus loin il voyait Kaleb regarder dans la foule et ce qu'il croyait voir ne pouvait que le tromper. Aux docks il avait apparemment réussi à s'approprier un navire qui les mènerait à l'Île d'Esla. il n'était pas loin de ses deux compagnons, dans l'ombre afin de voir si quelqu'un les épiait là ou ils étaient et ainsi attaquer par surprise s'ils étaient en difficulté... L'œil de Xanathos veillait au grain sans dire un mot...

Citation :: Utilisation d'Arcane de Niveau III : Il est maintenant possible de se dissimuler dans un endroit éclairé ou dans une foule si le personnage est discret. Le personnage peut maintenant passer un Territoire dans un Sanctuaire Divin pour aller au suivant. Un RP de passage est obligatoire.

Kaleb mit un certain temps à percevoir que Xanathos était arrivé. En réalité, il ne le vit qu’au dernier moment, quand il se hissa à son tour dans le bateau de pêche qui leur servait de transport. Il avait dû se dissimuler dans la foule et malgré la perspicacité dont pouvait se parer le chevalier de la Vierge, il ne l’avait pas vu approcher. Un bon point pour lui vu la mission qui les attendait.

Argus, quant à elle, avançait tête baissée, les yeux rivés sur ses chaussures comme si elle voulait absolument éviter que ses deux partenaires ne voient son visage. Il faudrait pourtant bien qu’elle le montre à un moment ou à un autre. Kaleb lui prit la main délicatement, avec douceur, pour l’aider à monter sur l’embarcation et lui glissa quelques mots bienveillants à l’oreille.

«Ça risque d’être compliqué de combattre avec les yeux rivés sur tes cothurnes… Ce qui se passe durant la mission restera durant la mission… Tu peux exposer ton visage sans crainte, cela ne figurera pas au rapport officiel…»

Sans doute pas la citation de l’année mais il faudrait s’en contenter. Kaleb espérait néanmoins que cela rassurerait Argus ou tout du moins éviterait à son esprit de mouliner à l’infini autour de la question au détriment des événements à venir. Il fallait qu’elle reste concentrée. Sa survie en dépendait.

Le bateau leva l’ancre. Le pêcheur qui avait accepté de les mener sur Isa était un homme d’un certain âge, à la peau burinée par les embruns, aux yeux clairs comme un ciel d’été, aux sourcils aussi broussailleux et grisonnants que sa chevelure. Il avait un regard perçant qui vous donnait l’impression qu’il vous décortiquait comme une crevette sur un plateau de fruits de mer. Mais si cela pouvait impressionner les dormeurs, il en fallait plus pour impressionner des éveillés. Kaleb l’avait choisi car il connaissait la zone et qu’il avait sur le port la réputation d’être un taiseux, de ne pas poser de questions et surtout d’être d’une grande discrétion quant aux personnes qu’il transportait.

C’est d’ailleurs à l’écart des autres navires, de l’agitation et des regards indiscrets qu’ils avaient embarqués. La traversée dura sept heures sans incident notable. Si bien qu’ils atteignirent la côte de l’île en milieu d’après-midi. Kaleb débarqua le premier sur la plage après avoir bien entendu versé son dû en monnaie sonnante et trébuchante à leur passeur. Mais la Vierge avait néanmoins tiqué sur le regard inquiet que l’homme avait jeté sur le rivage. Comme s’il savait quelque chose. Comme s’il se méfiait. Peut-être savait-il quelque chose. Mais il était désormais trop tard pour l’interroger. Cela incita néanmoins le chevalier d’or à redoubler de vigilance. Ils débarquèrent à l’abri des regards, derrière un groupement de rochers, en veillant à n’arriver ni dans le port, ni sur la plage. Ainsi espérait-il ne pas avoir attiré l’attention d’éventuels guetteurs.

Une fois l’embarcation repartie, les trois chevaliers d’Athéna se mirent en marche, progressant discrètement et précautionneusement vers l’intérieur de l’île sans savoir ce qui les y attendait.

Argus fronça les sourcils. Il lui avait semblé... Mais non. Elle ne voyait toujours pas Xanathos, seulement Kaleb devant qui elle se tenait, le visage baissé dans le vain espoir de cacher ses traits. Durant les premières minutes, le Chevalier d'Or ne fit aucune remarque, alors elle le suivit sans rien dire jusqu'au bateau.
Le bateau... Ses anciens réflexes lui revinrent instantanément. Elle saurait encore régler la voilure, briquer les planches, et toutes les autres tâches qu'elle avait accomplies au gré du fouet toutes ces années durant, bien que cette embarcation soit bien plus petite que celles sur lesquelles elle avait vécu. La perspective de naviguer en se la coulant douce lui paraissait tellement étrange qu'elle semblait sonner faux.
La jeune fille ne laissa rien paraître de ses émotions et accepta la main de Kaleb pour monter à bord. Malgré les mauvais souvenirs qui y étaient liés, elle retrouva avec joie le chant du roulis, ponctué par les cris des mouettes, ainsi que les odeurs d'embruns.

La boutade de Kaleb lui tira un sourire maladroit. Cette fois-ci, aucun masque ne vint le recouvrir. Elle releva quelque peu la tête et tenta de répondre :

C'est stratégique ! Je me prive un peu de la vue mais pas trop pour augmenter mes autres sens !

Malgré tout, les paroles de son aîné la réconfortèrent. Il fallait qu'elle arrive à passer outre. Si ce détail plombait son mental pendant toute la mission, elle n'arriverait jamais à rien. Et cette mission là, elle ne contait pas la rater lamentablement, contrairement à la précédente !

Argus resta silencieuse durant la traverser. Elle profita du calme de la mer pour tenter de s'apaiser sur le masque, d'une part, et de tenter de faire la paix avec ses souvenirs. L'occasion était parfaite pour cela. Alors, les yeux perdus dans le lointain, les oreilles bercées par le ressac, elle laissa son passé remonter par bribes jusqu'à sa mémoire, pour ensuite le laisser couler sans jugement ni sans haine. Elle n'était plus la jeune esclave craintive et prompte à obéir, à courber l'échine. Elle n'était plus un être inférieur qui devait toujours montrer qu'elle avait confiance en cette infériorité. En soi, elle n'avait même plus besoin de se faire appeler Argus puisqu'elle pouvait sans crainte révéler qu'elle était une femme - même si le masque était en soi un autre déguisement en garçon.
Alors elle dit adieu à cette Argus du passé, pour pouvoir pleinement devenir le Chevalier de Bronze de l'Oiseau de Paradis.

Ils débarquèrent sur une plage isolée. Argus remercia le vieux marin tandis que Kaleb le payait. Elle aussi remarqua le regard soupçonneux qu'il jeta aux alentours, aux fourrés qu'une légère brise agitait ou à l'ombre qui rôdait entre les arbres. Ils étaient en territoires ennemis à présent et, si Argus serait capable de se fondre, immobile et invisible, dans les ténèbres, leurs proies sauraient en faire tout autant.
Vigilante, tous ses sens aux aguets malgré sa cosmo énergie camouflée, elle suivit Kaleb à travers l'île.

Xanathos vit ses deux compagnons parler un peu avant d'embarquer, il était trop éloigné pour comprendre quoique ce soit mais il supposait que Kaleb rassurait à la jeune sainte concernant le retrait de son masque, elle avait du l'enlever à contrecœur de peur d'être punie par le Sanctuaire. Ils décidèrent donc de prendre le bateau et l'ex chevalier d'Athéna les suivit de loin, entrant dans la cale du bateau et se cachant à l'ombre. Xanathos espérait ne pas décevoir le chevalier d'or par son acte d'y aller de son côté mais le solitaire préfera utiliser cette méthode au cas ou des ennemis apparaitraient.

Ils finirent par débarquer après un long moment, sortant sans se faire remarquer, se cachant derrière divers tonneaux, le saint put voir qu'il n'y avait pas d'autres navires à proximité du leur. Kaleb avait pris soin que l'on débarque à la discrétion des autres afin de ne pas se faire remarquer. Xanathos approuva ce choix mieux que quiconque, le mieux était de ne pas nous voir et pour l'instant les choses se passaient plutôt bien.

Malgré celà, Xanathos continuait de jouer sur la prudence et débarqua de son côté allant longer les gros rochers à proximité de la plage et ne quittant pas ses compagnons de vue. Ses rochers étaient efficaces pour ne pas se faire voir et il continua à pas de loup ce voyage à la rencontre de la dernière poche de résistance sous les ordres de son ancien chef, Narsès. Entrant dans l'île, chaque élément était une cachette pour l'ancien chevalier d'argent. Il se rappela les nombreuses fois quand les soldats venaient à sa cabane et repartant bredouilles ne voyant pas le banni chez lui et regardant aux alentours ne voyant rien. Par contre le ténébreux pouvaient les remarquer tout à loisir et s'en amusait. Il arriva même qu'il se fasse voir à Rodorio quelques secondes à leur vue puis qu'il disparut après une seconde, c'était tout un jeu que l'ancien chevalier aimait faire sauf qu'ici ça n'en était pas un que du contraire et il continuait à bien se fondre dans l'ombre et la lumière à quelques dizaines de mètres de ses partenaires de mission. Personne ne les avait stoppé... pour l'instant...

Citation :: Utilisation des historiques d'Arcane :

Niveau III : Il est maintenant possible de se dissimuler dans un endroit éclairé ou dans une foule si le personnage est discret. Le personnage peut maintenant passer un Territoire dans un Sanctuaire Divin pour aller au suivant. Un RP de passage est obligatoire.

Vous débarquez donc sur la place de l’île de Vis, non loin de la ville du même nom. Cette ville a une histoire ancienne, qui remonte aux âges les plus ancien de la civilisation grecque. Aux portes de la petite ville, vous pouvez voir les ruines d’un théâtre et un vieux cimetière, avec des tombes semblables à celle du Sanctuaire. De même, d’autres ruines grecques sont présentes plus loin encore et demanderaient peut-être une inspection.

La ville semble normale, rien ne sort de l’ordinaire d’un petit village de pêcheurs. Les bateaux vont et viennent sur le port et l’odeur de poisson reste forte. Après tout, ici, il n’y a que la mer pour vivre alors on survit comme on peut. Les maisons sont clairs, presque blanches et conçus pour laisser circuler la chaleur. Un style différent de ce qu’on pourrait trouver dans les îles plus au sud de la Grèce, marqué par la présence jadis d’autres civilisations.

Se tient derrière cette ville une petite forêt, du moins, quelques arbres qui occupent l’espace escarpé qui semble constituer le reste de l’île. Une route semble s’enfoncer plus en profondeur dans cette forêt, vers sûrement un autre port.

Citation :

Instruction : à vous de choisir quelque chose à faire, ensemble ou séparément, pour obtenir les informations qu'il vous manque : où se trouve les ennemis que vous devez débusquer sur cette île ?

Kaleb scruta les environs. Plusieurs possibilités s’offraient à eux. Même s’il n’avait pas vu Xanathos débarquer, il était persuadé que ce dernier les suivait discrètement. C’était à la fois un peu frustrant mais aussi un gage de sécurité. Pour lui comme pour eux. Si jamais ils étaient attaqués, lui pouvait bénéficier de l’effet de surprise. Et c’était également une protection supplémentaire. Il ne fallait pas oublier qu’il combattrait sans armure. Lors de la réunion, Xanathos n’avait pas évoqué de connaissance particulière de l’île. Bien sûr, il y avait toujours un risque qu’il joue double jeu. Mais aussi bien logiquement qu’intuitivement, Kaleb avait évalué ce dernier comme infime. Narsès était mort. Xanathos avait une chance de retrouver son honneur de chevalier. Et malgré son air bourru et ténébreux, la Vierge avait senti le brasier qui l’animait. Et ce feu brûlait pour Athéna, il en était convaincu.

Le gardien de la sixième maison observa aussi Argus. Il n’avait pu s’empêcher de rire à son trait d’humour sur le bateau. Enlever son masque semblait à la fois l’effrayer mais aussi d’une certaine manière la libérer. Et avait aussi eu le mérite de laisser voir son sourire, fort joli au demeurant.

Ils progressaient tous deux, atteignant le bord de la plage. De là, ils voyaient le village, des ruines anciennes, probablement grecques, un théâtre à l’antique, et une forêt au-delà du petit village de pêcheur. Mais ce qui attira en premier le regard de la Vierge fut le vieux cimetière qui lui sembla étrangement familier. Il ressemblait à celui du Sanctuaire. Une première piste peut-être ? Les serviteurs de Narsès n’avaient peut-être pas choisi cette île par hasard. Un ancien théâtre, des ruines grecques, un cimetière… Les lieux avaient-ils été un lieu d’entraînement annexe au Sanctuaire progressivement abandonné ? Le village de pêcheur était-il une sorte de modèle réduit de Rodorio ? Si tel était le cas, il valait mieux redoubler de vigilance. Car la population serait sans doute acquise aux forces locales et ils ne pourraient passer inaperçus. Etait-il le seul à avoir cette intuition ? il devait s’en assurer.

«Je pense qu’il vaut mieux rester groupés... Et vigilants. Les lieux me paraissent bien trop familiers pour ne pas éveiller la méfiance… Comme si c’était un lieu d’entraînement d’éveillés… Tu ne trouves pas ?»

Il ne s’était adressé qu’à Argus pour ne pas compromettre la couverture de Xanathos. Il était persuadé néanmoins que l’ancien chevalier de la Carène l’entendait parfaitement de là où il était. Kaleb désigna donc le lieu par lequel il souhaitait commencer l’inspection de l’île. Progresser méthodiquement, sans se séparer pour éviter les mauvaises surprises.

«Allons rendre hommages aux anciens qui veillent sur ces terres. Peut-être nous en apprendront-ils un peu sur l’histoire des lieux….»

A ces mots, le chevalier d’or prit la direction du cimetière.

Argus avait réussi à faire rire Kaleb avec sa dernière remarque. Aussi futile que cela puisse paraître, savoir que son humour progressait lui remonta un petit peu le moral. Si elle s'améliorait sur ce point, il n'y avait aucune raison qu'elle ne s'améliore pas sur le reste. Elle pouvait y arriver. Cette mission serait une réussite, cette fois-ci.

Ils marchèrent quelques minutes sur le sable du rivage, jetant quelques regards aux alentours. Il ne semblait pas y avoir âme qui vive, cependant Argus pressentait que cela n'était un leurre. Quelque part, tapis dans l'ombre, leurs ennemis les guettaient. Mais où?
La jeune fille scruta avec attention les différents lieux qui se proposaient à eux.

Un petit village de pêcheur, qui semble endormi sous ce soleil torride de l'après-midi, dont les rayons se reflète sur ces maisons aux murs si blancs. Leurs bateaux, amarrés au port, oscillaient doucement au gré du ressac. Cette partie de l'île semblait paisible, mais à quel point ne s'agissait-il que d'une illusion ? Des traitres comme ceux qu'ils poursuivraient étaient-ils tombés suffisamment bas pour se cacher parmi des civils ?
Non, cette piste ne semblait pas la meilleure à Argus.

Non loin de là, une forêt projetait ses ombres au sol, promettait un peu de fraîcheur. Cependant, ce lieu semblait parfait pour une embuscade et s'y aventurer ainsi, à l'aveugle, ne semblait pas l'idée la plus appropriée. Leurs ennemis pourraient les attaquer par surprise à n'importe quel moment...
Les points d'Argus se crispèrent. Il n'y avait aucun moyen de prendre de la hauteur pour se faire une idée générale de la forêt. Pourtant, s'ils voulaient aller au combat et en finir au plus vite... Elle soupira.

Restaient le théâtre et le cimetière, dont l'architecture semblaient jumelle à celle du cimetière qu'Argus n'avait que rarement visité, au Sanctuaire. Cette dernière solution offrait-elle une alternative suffisamment intéressante à la forêt ? Certes, cette ressemblance avec le Sanctuaire piquait la curiosité de la jeune fille cependant, dans cet espace dégagé, elle était presque certaine qu'ils ne trouveraient personnes.

Kaleb mit fin aux tergiversations de l'Oiseau de Paradis en présentant son opinion. Argus sourit. Se séparer n'avait jamais été une option pour elle.

Je préfère rester groupés, seule je ne ferais pas long feu ! C'est vrai que cette ressemblance semble intrigante, mais...

Mais quoi ? Proposer de se jeter dans la gueule du loup ? Il ne fallait pas être inconsciente non plus. Commencer directement par la forêt serait du suicide. Heureusement, Kaleb proposa la solution avant qu'elle n'ait le temps d'hésiter plus longtemps.
Argus acquiesça et emboita le pas au Chevalier d'Or.

Qu'est-ce que c'est que cet endroit pensa l'ancien saint, après un moment, ils arrivèrent les portes d'une petite ville avec non loin d'elle ce qui ressemblait à un théâtre et un petit cimetière. Au loin se dessinaient d'autres ruines mais les tombes qui ornaient le cimetière attirait l'attention du solitaire. elles ressemblaient à celles du Sanctuaire, Xanathos se rappelant du triste souvenir de l'ancien chevalier Pégase qui avait péri face à la Vierge noire. Une odeur de poisson était forte dans l'air et il put voir des embarcations s'atteler à la tâche. Les habitations étaient blanches et attiraient la lumière sur elles, elle étaient différentes de celles de Rodorio. Un bois gisait non loin du village allant sans doute vers le reste de l'Île. Xanathos, toujours caché du monde, voulut en savoir plus mais Kaleb préféra la direction du cimetière en voulant rendre hommage aux anciens.

A pas de loup, l'ex chevalier d'argent les suivait, il était caché mais la distance lui permettait d'écouter tout c que pourrait dire le chevalier d'or. Il préféra rester avec eux, se séparer était la dernière chose à faire vu le peu qu'ils étaient et les mystères de ce village pouvant leur réserver une mauvaise surprise. Xanathos pensa alors que Narsès aurait bien été capable de donner les armures qu'il avait en Italie à certains de ses fidèles sachant utiliser le cosmos. Le vieux avait même peut être prévu de former des éveillés sur cette île, il ne manquait que l'armure de la Carène confisquée par le Grand Pope. Seuls les armures de l'Autel, de la chevelure de Bérénice et de la Coupe étaient peut être rester cachées, il fallait peut être donc s'attendre à de la résistance d'un niveau élevé s'ils étaient attaqués et ce fut donc une bonne chose que l'ancienne Carène reste dans l'ombre afin de mieux pouvoir aider ses deux compagnons.

Restant muet, passant de cachettes en cachettes sans se faire repérer, il continuait à suivre les deux chevaliers. Il s'inquiétait de la jeune fille qui les accompagnait, aura t'elle assez d'expérience pour combattre ses adversaires s'ils venaient à arriver ? Encore une fois il avait pleine confiance quant au choix de Kaleb mais il fallait rester prudent. D'autant plus que le banni de la chevalerie n'avait évidemment pas d'armure pour le protéger... Capuche fermée, il resta concentré et discret passant inaperçu dans ce petit village. Il avait l'habitude de se faufiler de maisons en maisons à Rodorio et il en fit de même ici, il se demandait quel accueil on leur réserverait...

Citation :: Utilisation des historiques d'Arcane :

Niveau III : Il est maintenant possible de se dissimuler dans un endroit éclairé ou dans une foule si le personnage est discret. Le personnage peut maintenant passer un Territoire dans un Sanctuaire Divin pour aller au suivant. Un RP de passage est obligatoire.

Quand ils pénétrèrent dans le cimetière, Kaleb fut agréablement surpris par la sérénité des lieux. Un parterre de fleur recouvrait le sol. Des stèles de marbre blanc semblables à celle du Sanctuaire y étaient figées comme autant de preuves du temps qui passe. Mais à la différence de celles du Domaine Sacré, aucun nom de chevalier, aucune constellation ne venait s’inscrire dans l’éternité de la pierre pour témoigner du temps qui passe. Les noms étaient ceux de simples villageois, avec parfois une gravure pour indiquer leur profession. Des pêcheurs pour la grande majorité. Rien qui ne puisse laisser penser à une quelconque présence d’éveillés dans les environs. Peut-être que la Vierge avait fait fausse route. Peut-être que ce lieu n’était pas une annexe du Sanctuaire comme il l’avait supposé.

Dès lors, le village ne présenterait surement aucun autre intérêt que celui de les faire repérer prématurément. S’agenouillant devant une tombe comme s’il s’y recueillait, Kaleb invita du regard Argus à faire de même. Alors qu’il se tournait vers elle, il pu voir pleinement son visage pour la première fois. Des traits graciles et juvéniles, une douceur qui avait un je ne sais quoi d’émouvant et qui contrastait avec son statut de chevalier. Un instant, la Vierge fut troublé par cette vision à laquelle il ne s’attendait pas. Adressant un sourire à l’Oiseau de paradis, il lui prit la main pour lui indiquer plus précisément ce qu’il attendait d’elle.

«Il semblerait que ma théorie ait fait long feu. Pas de traces de chevaliers ici. Donc, à moins qu’ils ne soient enterrés de manière anonyme, il y a fort à parier que nous n’aurons pas plus d’informations au village. Si éveillés il y a, ils n’ont pas pignon sur rue. Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils n’ont pas d’influence. Je propose donc que nous évitions le village et que nous prenions directement la direction de la forêt. Cette route qui s’y enfonce doit forcément mener quelque part…»

Il attendit que la jeune femme se décide en la fixant calmement de ses grands yeux clairs. Il se doutait que Xanathos se plierait à leur décision pour peu qu’ils s’accordent. Sa discrétion en dépendait. De plus, la forêt serait un terrain de jeu plus facile pour l’ancienne Carène.

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Quelques poignées de minutes plus tard, le village dans leur dos, le chemin de la forêt s’ouvraient à eux. Kaleb redoublait de vigilance car, si les lieux étaient propices à la dissimulation de Xanathos, ils l’étaient également à une embuscade. Et la Vierge ne pouvait croire que Narsès n’avait pas préparé ses forces à une éventuelle attaque d’ennemis, fussent-ils issus du Sanctuaire. Tout en pénétrant à l’ombre des futaies, il maintenait ses six sens en alerte, parant à toute éventualité et observant les alentours à l’affût du moindre indice pouvant les renseigner sur la nature de ce qu’ils devraient affronter comme de la direction à suivre.

Argus resta immobile entre deux allées du cimetière. Elle qui ne se souvenait pas avoir honoré de mort, ni dans sa tradition, ni dans aucune autre, ne savait réellement comment se comporter face à ces tombes d'inconnus. Elle se tint donc silencieuse, avec recueillement, espérant ainsi leur témoigner son respect.

Finalement, son pronostic avait été juste : aucun piège, aucun ennemi ne les attendait en ces lieux, comme elle avait pu le voir plus tôt. Cependant, à cause de la discrétion de ces pierres tombales, ils ne pourraient pas non plus récolter le moindre indice sur leurs ennemis, ou sur l'embuscade qui pourrait leur être tendue. Argus fronça légèrement les sourcils : ce calme ne lui disait rien.

Puis, sur une invitation de Kaleb, elle le rejoignit face à une tombe, reconnaissante qu'il lui indique le comportement adéquat en ces lieux. Elle l'imita et se recueillit, tentant d'imaginer la vie qu'avait connue la personne qui reposait ici. C'était-il agi d'un Eveillé, qui avait combattu pour ou contre Athéna, et qui avait péri en héros ou en traître ? Ou d'un simple pêcheur, qui s'était battu tous les jours pour nourrir les siens et qui connaissait ce bout de terre par coeur ? Elle n'en saurait rien.

Kaleb la sortit de ses pensées en lui prenant la main et, instinctivement, Argus tourna la tête vers lui pour mieux l'écouter. Lorsqu'elle eut conscience de son geste, elle rougit, puis se morigéna : il avait eu depuis longtemps l'occasion de voir son visage, ce n'était plus le moment d'avoir le moindre regret. Surtout maintenant que le danger guêtait.
Alors, elle l'écouta avec attention.

La forêt. C'était ce que son instinct lui dictait depuis le début, aussi elle n'hésita pas un seul instant avant d'acquiescer :

Allons-y !

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Argus ne cessait de surveiller les alentours. L'ennemi surgirait-il de ces buissons broussailleux, que le vent agitait en une mélopée suspecte ? Ou les épiait-il depuis le couvert des branches, qu'un épais feuillage camouflait déjà malgré le printemps à peine arrivé ? La jeune fille restait elle aussi plus qu'attentive, au moindre son, à la moindre odeur, à la moindre trace cosmique qui pourrait leur indiquer une présence létale.

Xanathos continuait de suivre ses compagnons de bronze et d'or. Bien caché, il n'était non loin d'eux. Kaleb se mit à genou devant une tombe, le saint se demandait ce qu'il avait en tête. Il put voir qu'il avait été un peu décontenancé par le joli visage de la sainte et le solitaire regarda au ciel. Ce sentimentalisme n'était vraiment pas ce qu'il fallait en ce moment surtout que la jeune fille piqua un phare d'un rouge tellement vif qu'il aurait pu attirer tous les navires en mer à des lieux à la ronde autour de l'île. Heureusement, le gold saint se remit bien vite et parla à l'oiseau de paradis, il lui prit la main et ils allèrent en direction de la forêt.

Xanathos attendit un petit instant et derrière une des tombes, il regarda celle ou le gold s'était agenouillé, aucune inscription particulière qui n'avait ne fut qu'un rapport avec Narsès. L'ancienne Carène aurait du aller parler à son ancien général de ce qu'il cachait ici avant de partir, lui faire cracher le morceau. Il imaginait bien la scène lui seul dans la cellule de celui qui l'avait tiré de son agonie en Italie. Xanathos regardant le vieux avec mépris, assis, sans force, le visage vers le sol puis le relevant pour regarder son ancien chevalier avec un sourire des plus innocent. Xanathos serrant les poings, se retenant de ne pas fracasser la tête de Narsès sur l'un des murs de sa cage, lui faisant avouer ce qu'il cachait. Au moins, ça leur aurait peut-être permis de ne pas perdre autant de temps à rechercher d'éventuelles traces de leurs ennemis mais il se douta bien que Childéric ne lui aurait permis une pareille chose, lui le chevalier au service du traître à sa déesse, ce vieillard qui s'était joué de lui en l'envoyant espionné les siens... Tout ça pour rien mise à part le retrait de son armure pour des choses qu'il n'avait rien fait... L'ancien Lion avait sans doute penser à ça et verser du sang dans la prison du sanctuaire était vraiment la dernière chose à faire

Le banni sortit de ses pensées et il se faufila de tombes en tombes pour suivre les deux autres qui étaient déjà au pied de la forêt prenant le chemin qui les enfoncerait peut-être dans un piège. C'est pour ça qu'il fallait redoubler de prudence dans cette densité d'arbres et de feuilles. L'ex silver les suivait, prudent et caché dans les buissons, se faufilant à travers les troncs d'arbres non loin de ses compagnons, à surveiller les alentours à une attaque ennemie...

Citation :: Utilisation des historiques d'Arcane :

Niveau III : Il est maintenant possible de se dissimuler dans un endroit éclairé ou dans une foule si le personnage est discret. Le personnage peut maintenant passer un Territoire dans un Sanctuaire Divin pour aller au suivant. Un RP de passage est obligatoire.

Vous vous enfoncez dans la forêt, à la recherche des troupes dont on vous a parlé. Rien à première vue, ne pourrait vous faire croire que l’île est occupée. Mais après tout, les traîtres sont issus en secret et personne ne sait, normalement, que vous êtes ici. Pourtant, quelque chose semble vous faire tiquer, car vous êtes attentif à votre environnement. Comme si la nature aux alentours de vous suivait un paterne précis, comme si, dans les mouvements pourtant aléatoires et imprévisibles des arbres, il y avait quelque chose. Un dessin ? Un message ? À vous de voir si et comment vous cherchez à le décrypter ou si vous continuez d’avancer dans les profondeurs de la forêt. Un chemin, fréquenté par une troupe semble vous mener plus loin sous les frondaisons.

Quelque chose ne tournait pas rond. Clairement. Ostensiblement. La lumière des arbres était étrange. Kaleb s’en rendit compte après quelques minutes dans les sous-bois. Comme un voile. Comme une éclaboussure. Comme si la forêt tentait de les avertir de quelque chose ? Possible.

Sans un mot, la Vierge fit signe à Argus de stopper sa progression et de se mettre à couvert. Il devait en avoir le cœur net. Après tout, il était chaman. Ecouter l’âme des êtres vivants, fussent-ils animaux ou végétaux, faisait partie de ses compétences.

Tandis que la jeune femme allait se dissimuler, Kaleb eut une pensée pour Xanathos. Il avait certainement vu qu’ils s’étaient arrêtés et en avait probablement fait de même. Avait-il lui aussi ressenti cette gêne ? Sa puissance égalait presque celle d’un des douze. Kaleb en était persuadé. Il ne serait pas pris au dépourvu. Et lui comme Argus le couvriraient si nécessaire. Il avait confiance en eux.

Aussi le chevalier d’or s’approcha donc d’un vénérable cyprès. Celui-ci semblait particulièrement ancien. Il avait probablement plusieurs siècles d’existence. Calmement, le chevalier de la Vierge posa sa main droite sur l’écorce usée par les ans, la caressant avec douceur, comme il l’aurait fait d’un nouveau-né. Puis, fermant les yeux, il concentra son éveille sur l’énergie qui émanait de l’abre tout en lui parlant dans le souffle d’un murmure.

«Bonjour, mon vieil ami. La paix soit avec toi. Que cherches-tu à nous dire ? Essaies-tu de nous protéger ou de nous préparer à affronter ceux qui hantent ces lieux ? J’ai besoin de tes lumières, vénérable ancien, pour protéger ceux qui m’accompagnent… »

Les sens aux aguets malgré sa concentration, le chevalier d’or attendit patiemment de rentrer en communication avec l’arbre contre lequel il posait désormais son front. En espérant qu’il avait vu juste.

Encore et encore, toujours la même chose. Il fallut quelques minutes à Argus pour comprendre ce qui la gênait dans cette forêt.
Pourtant, celle-ci n'était ni plus sombre, ni plus effrayante qu'une autre forêt. Aucun loup n'y hurlait, la moisissure et la mort ne semblaient pas y ramper, comme dans d'autres forêts dont la jeune fille avait entendu les légendes.
Et pourtant...

Elle comprit au même moment où Kaleb s'arrêta : ils revoyaient encore et encore la même chose. Les mêmes arbres, agencés de la même manière, présentant les mêmes motifs dans leur canopée et diffractant la lumière de la même manière. C'était subtil et discret, mais suffisamment étrange pour mettre la puce à l'oreille aux saints.
Argus n'irait pas vérifier, mais elle était certaine que jusqu'aux motifs de l'écorce des arbres, jusqu'au nombre de brins d'herbes elle trouverait une logique sous jacente. Une logique à déchiffrer. Mais comment trouver la clef de ce code ? Il faudrait prendre du temps pour y réfléchir, et pendant ce temps elle serait vulnérable.

D'un commun accord avec Kaleb, Argus s'éloigna et se fondit dans l'ombre. De la même manière que l'avait Xanathos, très vraisemblablement, cependant elle savait qu'elle serait moins discrète que lui. Autant, à présent, elle serait indétectable, autant si quelqu'un l'avait vue disparaître dans l'obscurité, il saurait exactement où la trouver.

Pendant que la jeune fille tentait de comprendre si un message caché leur était adressé à travers les motifs de la forêt, Kaleb interrogea l'un des arbres, avec un respect admirable.

Au fur et à mesure qu'il avançait derrière ces compagnons, Xanathos sentait que quelque chose clochait dans cette forêt, rien de vraiment naturel. Le solitaire s'arrêta net, sans un bruit regardant vers le haut puis à gauche et à droite. Pas de présence mais les arbres étaient en mouvement et ce de manière aléatoire. L'ex saint ne comprenait pas ce qu'il se passait mais vit que Kaleb s'était arrêté peu après lui ainsi que la sainte de bronze. Agenouillé derrière un tronc et entouré par des buissons, il vit le gold faire signe à Argus de se mettre à l'abri. Elle disparut de son regard ce qui stupéfia le ténébreux. Ainsi elle pouvait aussi se subtiliser à la vue d'autrui. Argus était pleine de surprise malgré un pouvoir moins grand que le sien.

Xanathos entendit le chevalier d'or entonner quelques mots en direction d'un arbre qui se dressait devant lui main droite sur l'écorce, l'homme avait l'air d'être en parfaite harmonie avec la nature et l'ex silver ressentait une parfaite harmonie entre eux deux. Kaleb était plein de surprises lui aussi mais du coup sa position ne lui donnait pas assez de sécurité s'il venait à se faire attaquer par quelqu'un. Argus était sans doute prête à le protéger et l'ex saint se prépara lui aussi, restant bien caché sous son manteau sombre. il pourrait ainsi bondir sue un éventuel assaillant si cela devrait arriver.

L'homme vêtu de noir scrutait le moindre recoin de la forêt mais il ne voyait rien pour l'instant d'inquiétant ce qui ne l'empêcha pas d'être sur ses gardes à la moindre occasion de leurs ennemis face au chevalier de la Vierge. Narsès avait sans doute prévu une défense des plus haut placées pour que trois saints soient ralenti par une simple forêt... L'ancienne Carène se demandait à quels ennemis ils auraient affaire car ils ne devaient en aucun cas ressembler aux soldats du palais de Ravenna en Italie. C'est là qu'une armure lui aurait été bien utile s'ils devaient être attaqué mais celà ne stopperait pas Xanathos de se battre sans... Les arbres continuaient à se mouvoir ainsi que la lumière qui passait entre les feuilles, que leur réservait leurs ennemis, Xanathos allait sans doute le découvrir sous peu sous ses yeux mais pas sous ceux des autres...

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Difficile de communier avec un arbre et d’attendre une réponse intelligible. Mais, à celui qui sait écouter, il est permis de se pencher sur la vie étrange de la nature. Reste à savoir si, ce qui est transmis peut-être saisi par un esprit humain. Au moment où le chevalier d’or de la vierge pose son front sur l’écorce rêche de l’arbre et son odeur forte disparaisse de suite. Un monde absent de sensation s’offre alors à lui. Ses sens d’humain n’ont rien à faire là. Une impression, celle du temps ou plutôt de son absence se fait forte. Un trouble vient ensuite naître, comme si une petite chose insignifiante venait troubler la plate éternité. Une impression de mort, une coupure brutale dans le plat et le vide. Une séparation avec les sensations insensées. De même, certains des ressentis envoyé au chevalier d’or semble simplement être l’éternité déviée de sa plate exactitude. Renvoyé à elle-même ou en tout cas, à quelque chose de différent. Mais l’arbre fait front, jusqu’à ce qu’il rompe ou qu’on le coupe.

Des images qui s’impriment dans son esprit. Enfin… D’avantage une sensation d’éternité paisible… A l’exception de cette sensation… Comme lorsque l’on a un caillou dans sa sandale ou une impression de déjà-vu. Comme une note dissonante qui revient en boucle, à intervalle régulier pour gâcher le même morceau.

Kaleb tente de maintenir le contact, d’approfondir pour clarifier ce que la forêt essaie de lui signifier mais la même sensation revient en boucle. Comme si un nœud venait entraver le cour de l’éternité.

La Vierge sorti de sa communication végétale. Il resta un instant perplexe. Comment pouvait-il interpréter ce message que le vénérable avait bien voulu lui délivrer ? Plusieurs théories lui vinrent à l’esprit. La première était que cette forêt était une illusion. Les mouvements des arbres revenant sans cesse de manière parfaitement identique… Cela pouvait y correspondre. Cependant, il y avait une autre possibilité. Ils pouvaient être coincés dans une boucle temporelle. Comme si, au fur et à mesure qu’ils avançaient, le paysage les ramenait indéfiniment à leur point de départ.

Remerciant d’abord l’arbre, Kaleb s’adressa ensuite à intelligible voix à Argus et Xanathos afin de les dispenser de sortir de leur cachette respective.

«Merci mon ami pour ton aide…Je pense qu’il s’agit d’un labyrinthe… Une illusion ou une boucle temporelle… Le chevalier des Gémeaux m’a déjà dit que de tels pouvoirs étaient accessibles pour des éveillés… Narsès a peut-être créé une telle chose ici pour protéger son dernier bastion… Je ne vois qu’une seule solution pour obliger l’ennemi à sortir de sa cachette…»

C’était un risque à prendre mais le chevalier d’or ne voyait pas trente-six mille solutions…. Obliger l’ennemi à se dévoiler. L’appâter pour révéler son vrai visage. Et pour cela, se dévoiler également. Le cosmos d’or s’éleva autour de la Vierge, faisant résonner l’urne dans son panier d’osier.

Jusqu’à ce qu’un rayon d’or s’en extrait. Délicatement, la gold cloth vient se poser sur les épaules de son gardien. Un spectacle de lumière voué à attirer les ténèbres sur lui.

«Je suis Kaleb de la Vierge, chevalier d’Athéna. Affrontes-moi ou disparaît !!!»

Il attendit, guettant la réponse de la force qui semblait animer les lieux.

Rien. Aucune réponse ou si, seulement les bruits naturels de la forêt. Les oiseaux, les feuilles poussés par le vent, le craquement de l'écorce. Mais pas la moindre trace d'un ennemi. Par contre, la forêt semble reprendre leur nature imprévisible et cet étrange impression vous quitte alors.

Kaleb sembla passer une éternité plongée dans sa transe, à laquelle Argus n'avait pas accès. Pendant ce temps, la jeune fille voulait plus que tout se montrer utile.
Au sol devant elle, toujours camouflée par l'obscurité, elle traçait des signes dans le sol, tâchant de trouver une cohérence dans tous les éléments de répétitions qu'ils avaient pu rencontrer. Le tableau qu'elle élaborait, qui rassemblait tous ces éléments, commençait à prendre des proportions considérables et, à présent, la mémoire commençait à lui faire défaut et elle devait plisser les yeux pour voir ce qu'elle avait écrit.

Elle retint un soupir, pour ne pas se faire repérer. Toutes ses recherches ne la mèneraient à rien. Et cela l'agaçait, car elle ne voulait pas être en reste. Cette fois-ci, elle ne serait pas un boulet pour leur mission !

Elle releva la tête lorsque le Chevalier d'Or s'écarta de l'arbre, et écouta attentivement ces paroles lancées à la cantonade. Une boucle temporelle, similaire au labyrinthe des Gémeaux... L'idée était brillante, cependant elle eut un frisson : cela sous-entendait la grande puissance de celui qu'ils pourchassaient.

Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de l'ombre, la réaction de Kaleb la surprit. Il dévoila leur identité, tout en appelant à lui son armure. Aussitôt, Argus changea de plan et agit en conséquent.
Même si pour l'instant il ne se passait rien, les sensations procurées par cette forêt avaient changé. Il avait sans doute alerté leurs ennemis, et il voudrait mieux qu'elle reste tapie dans l'ombre.
Cependant, pour ne pas se faire surprendre, elle commença à mettre son armure, pièce par pièce, afin d'éviter toute lumière. Après tout, maintenant que Kaleb les avait révélés, plus besoin de garder l'anonymat. Et le souvenir de son entraînement sans armure restait trop cuisant dans son esprit pour ne pas se montrer prudente.

Kaleb restait concentré paume sur l'écorce de l'arbre mais rien y fit, rien ne se passa. Xanathos pensa qu'il s'agissait d'une illusion mais il n'avait aucune idée de comment s'en défaire. Le chevalier remercia l'arbre en question mais n'était il pas lui non plus une illusion qui pouvait bien envoyer ce qu'il veut au chevalier d'or ? C'était plus que probable et il savait que son compagnon d'arme avait déja compris le subterfuge...

Il sentit alors une forte augmentation du cosmos de la Vierge et une aura dorée l'entourait. Mieux que ça, le saint d'or appela son armure et celle ci sortit hors du panier en osier qu'ils avaient transporté jusqu'ici. C'était la solution qui restait pour le moment, revêtir son armure et servir d'appât. Employer la manière forte était plutôt celle du solitaire mais il préféra rester cacher et ne fit rien, ne dit rien se contentant de regarder l'armure d'or le revêtir, exactement la même que la Vierge noire... combat qu'il ne préféra pas se rappeler pour le moment. Le saint ainsi en armure, cria aux alentours, se présentant et appelant à son adversaire de se montrer. Xanathos regarda aux alentours, se concentrant sur les branches autour d'eux, à guetter tous mouvement à l'encontre de Kaleb. Seul le silence et le bruit de la nature régnait, rien ne se passait...

Xanathos voulut rejoindre son compagnon mais ses sens l'empêchèrent de faire le moindre mouvement. L'adversaire attendait peut-être que les deux cachés se montrent à leur tour pour pouvoir mieux les attaquer par la suite. Non l'ex Carène ne bougea pas d'un millimètre, il ne voulait pas donner un avantage à ses ennemis et tout faire foirer car il a agi avant de réfléchir. il n'était plus celui d'avant Rome mais celui d'après, un être plus réfléchi... Argus ne s'était pas montrée elle non plus, elle avait sans doute compris qu'il ne valait mieux pas jouer le jeu de l'ennemi. Décidément, Narsès avait des alliés de première catégorie et le ténébreux s'en voulait de ne pas avoir pris plus de renseignements quand il était à son service. il était malheureusement trop tard et le temps n'était pas aux regrets. Restant dans son coin d'obscurité sous son manteau à capuches, il observa les moindres gestes du chevalier d'or de la Vierge...

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Le phénomène semblait avoir cessé. Pour autant, la Vierge demeurait sur ses gardes. Aucun ennemi n’était apparu, personne n’avait répondu à sa provocation. Kaleb se senti quelque peu stupide. Non seulement, il avait grillé leur couverture pour rien mais, de plus, il risquait d’avoir ameuté tous les éveillés à la ronde. Si désormais, les mercenaires de Narsès ou quel que soit la forme que prenne cette menace, n’étaient pas au courant qu’un chevalier d’Athéna était présent sur l’île, alors ils ne valaient même pas la peine de se fatiguer à les affronter. Ils n’auraient d’éveillés que le nom.

Cela changeait leur plan et Kaleb le savait. Désormais, c’était une course contre la montre. Ils devaient avancer. Le chevalier d’or espérait que ces camarades lui pardonneraient son erreur d’appréciation et qu’ils demeureraient dans l’ombre jusqu’au dernier moment afin de garantir l’effet de surprise.

Il décida donc d’accélérer le mouvement et de continuer à avancer à une vitesse de déplacement qui ne nécessiterait pas que ses deux acolytes utilisent leur cosmos.

Il poursuivit donc sur le chemin sous les frondaisons, restant vigilant sur ce qui l’entourait, attentif aux sons, aux mouvements qui se dessinaient dans les ombres. Il savait que désormais, il était visible comme un phare au milieu de la nuit la plus noire. Il était peu probable qu’il croiserait un simple dormeur égaré. Ces bois semblaient peu hospitaliers et il était d’ailleurs surprenant qu’ils n’aient pas croisé d’hommes ou de femmes du village venu y récolter du bois. Ce détail l’avait interpellé. Les gens avaient-ils peurs de ces bois ?

Il s’arrêta un instant comme pour laisser le temps à Argus et Xanathos de le rattraper. Ils tomberaient forcément dans une embuscade à un moment ou à un autre. C’était la seule certitude qui l’habitait. Pour le reste, Kaleb se trouvait dans l’expectative. Littéralement.

Avançant sous les cimes des arbres, vous ne rencontrez pas âme qui vive, pourtant, les chemins dessinés sur le sol de la forêt vous indique que ces bois normalement sont parcouru par l’homme. Il ne s’agit pas sentier laissé par des bêtes, non, vous en êtes certains. Ces sentiers sont l’effet des humains foulant la terre du pied. Et des groupes d’humain conséquent. En vous enfonçant dans la forêt, vous entendez des bruits qui ne sont pas ceux de la nature, mais bien ceux d’homme. Particulièrement le tintement des armes ou de cargaison qu’on déplace. Ces bruits ne sont pas si fort que ce qu’il devrait être soit la force est réduite soit… les hommes ont déjà commencé à fuir. Vous pourrez distinguer sans mal une espèce de camp fortifié monté par les soldats, des arbres coupés dont le sommet a été sculpté pour qu’il soit pointu, un fossé autour des murs de bois rendant l’approche compliqué, des gardes sur le qui-vive devant les grandes portes et sur les murs. Vous touchez sûrement au but mais… tant pis pour l’effet de surprise ! Par chance, seul Kaleb ne peut se cacher aux yeux des soldats. Après tout, à moins que vous ne fassiez du bruit ou commettez une bévue, Argus et Xanathos pourront sans mal échapper à leur regard. À vous de jouer.

Dans la plus grande prudence, tous avancèrent. Son armure à présent sur elle, Argus progressait sous le couvert de l'ombre. Instinctivement, après toutes ces années à avoir dû se faire la plus petite possible, à pousser les autres à l'ignorer pour passer entre les coups de fouet, elle savait encore comment faire des ténèbres ses plus précieuses alliées.
Elle savait se faufiler entre les ombres des arbres, discrète, invisible, passer en un éclair dans les zones où elle se trouvait à découvert et, à l'inverse, prendre le temps dans les zones sombres pour épier le terrain et préparer sa prochaine sortie.

Cependant, il ne s'agissait encore là que d'une compétence de Dormeur. Autant nul ne pourrait la détecter si elle restait sagement immobile et à couvert, autant elle prenait des risques en se déplaçant, en suivant Kaleb même à l'abris dans les fourrés.
Contrairement à Xanathos, qui semblait s'être dissout dans l'atmosphère, les branche craquaient sur son passage, les cailloux roulaient et les petits animaux fuyaient. Il lui semblait que son souffle retentissait encore trop fort, et que son coeur battait à si grands coups que tout le monde à la ronde pourrait l'entendre.

Un instant, la jeune fille craignit de compromettre la mission par con manque de discrétion. D'autant plus qu'il était désormais clair que d'autres humains marchaient avec eux dans cette forêt. Elle pouvait distinguer, sur le chemin que suivait Kaleb, les ornières d'un chariot et, si elle tendait l'oreille, elle pouvait distinguer, au loin, le brouhaha d'une cohorte qui avance.
Heureusement sa crainte retomba assez vite. Le bruit d'armes s'entrechoquant parvenait jusqu'à elle, il ne s'agissait donc vraisemblablement pas d'Eveillés. Ils ne devraient donc pas trop avoir à les craindre. Cependant, l'absence des ennemis la taraudait un peu plus à chaque pas.

Enfin, Kaleb s'arrêta, non loin d'un camp fortifié de bois et de pieux, cerné de murailles et d'un fossé. Argus profita de cette immobilité pour se fondre à nouveau entièrement dans l'ombre, son armure déjà sur elle et les muscles prêts à jaillir, pour se mêler au combat si le besoin s'en faisait sentir.
Mais l'heure n'était pas encore venue. Pendant que le Chevalier d'Or, en vue sur le chemin, choisissait la meilleure décision à prendre, Argus poursuivait son observation, cherchant à déterminer dans ce camp un détail qui pourrait trahir leurs ennemis. Par exemple, dans les va et viens des soldats qui entraient ou quittaient le fort ? Dans le contenu des charrettes, ou encore en tendant bien l'oreille ?

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