À cheval entre victoire et défaite, en équilibre sur le fil d'un dénouement en demi-teinte.
L'objectif principal est atteint. Hors de nos terres, les chiens de l'Empire, et avec leur départ, notre tranquillité achetée au prix du sang. Mais l'état des troupes étant ce qu'il est, nous ne pourrons pas pousser plus loin, repousser au-delà. Alors sans doute qu'ils essaieront de garder une ligne de défense le long du Danube. Sans doute qu'il faudra se battre de nouveau, pour arracher une vraie, grande victoire.
Soit. J'ai encore du sang à sacrifier, et vous en avez encore à saigner.
N'allez pas penser que je vous laisserais le temps de construire de jolies petites fortifications magiques, cette fois-ci.
Cette bataille aurait dû être plus facile. Ou plutôt, moins difficile. Elle aurait dû ne concerner que Berserkers et Saints, et elle aurait dû signer notre libération complète et totale de leur joug. Mais voilà : Le destin en a décidé autrement. Le destin, ou plutôt, certains acteurs et événements précis.
Les Enfers ont décidés de venir interférer, séparés en deux. Venir nous faire subir leurs luttes intestines après des années de silence, venir à la fois nous soutenir et nous planter dans le dos. J'ai hâte d'en apprendre plus. De comprendre. De voir quel chaos vous ronge pour pouvoir en arriver à ce scénario.
Les Sluaghs ont fait leur œuvre, mais pas sans heurt. Pas sans qu'une des créatures tombe aux mains de l'ennemi. D'une certaine façon, mieux elle qu'un autre... Ces créatures ne sont pas les plus au fait des secrets du Dédale, des subtilités et de l'organisation de nos armées. Mais... Mais ils savent d'autres choses. Dis-moi, Luan. Tes enfants sont-ils du genre à trop parler pour leur propre bien ?
Enfers et Sluahgs, les deux facteurs extérieurs de cette bataille. Puis... Puis il y a les armées d'Arès. Il y a nous. Les Cardinaux en tête de lice. J'aimerais dire qu'ils ont tous su s'illustrer à leurs rôles respectifs, mais je mentirais. Ghanima a su arracher la victoire, être ce que j'attendais d'elle. Kostas... Kostas a au moins sécuriser une Citadelle avec l'aide ses troupes et d'Alastair, mais pas sans tomber lui aussi. Des rapports que j'ai eu, il doit beaucoup au Centurion et à l'intervention des Spectres. D'une certaine façon, je ne suis pas totalement surpris. On ne sort pas d'années de stase dans les murs du Dédale sans y perdre quelque chose.
Peut-être qu'il fera bon de réveiller le guerrier qui sommeil en lui, plus tard.
Et il n'est pas le seul dans ce cas, d'ailleurs. Mais c'est plus compliqué avec Morrigan. Moins pardonnable.
J'ai reçu le rapport de cet officier sans Cuirasse. Il m'a expliqué, il m'a raconté. Je n'ai pas trop su comment je devais réagir. Ce que je devais comprendre. De toute évidence, j'ai sous-estimé cette naïveté que je t'ai tôt décelé, Mort. De toute évidence, j'ai eu tort de penser que tu saurais comprendre ce qui a sa place sur un champ de bataille, et ce qui n'y a pas sa place. Est-ce que ça valait le coup ? Y crever pour de beaux idéaux vains, pour sauver des vies qui seront perdues ailleurs ? Tseh. J'en ai déjà vu, à vrai dire, des comme ça. Ceux qui ne se laissent pas engloutir par le Dédale, et qui essaient d'aller à contre-courant de la fatalité. Je les ai vu mourir, tous, écrasés par le poids de la froide réalité... Mais je n'avais encore jamais vu de Cardinal à ce rôle.
Une première. Et une dernière, surtout.
Rome ne s'est pas faite en un jour, pas plus que quiconque ne peut changer le Dédale en quelques semaines.
J'y songe, j'y pense. Je pense aux autres vies sacrifiées, je pense à cette bataille défigurée. Un soupire grogné entre mes lèvres. J'inspire, j'expire. Ce n'est pas le moment. L'heure est à autre chose. L'heure est à fermer ce chapitre sanglant.
Les festivités reprendront bien assez tôt.
***
Là, dans les ruines du Donjon de Mediasch, les Cuirassés sont rassemblés. Partout dans la région, les troupes investissent les Citadelles conquises, prennent plein contrôle là où il y a quelque chose à récupérer. Ici en contrebas dans les rues, le même processus. Aujourd'hui, la région a brûlée, mais quelque chose pourra pousser dans les cendres.
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Quand le Cor de guerre a sonné, la promesse était celle de les chasser de chez nous, reprendre nos terres. Cette promesse que l'on s'est fait, nous l'avons tenue en grande partie. Alors ce quelque chose, cette sensation en bouche, ce devrait être le goût de la victoire, non? Un silence, un regard qui balaie l'assemblée.
Pourtant, le sang n'a pas fini de couler. La bataille n'est pas réellement terminée. Ils nous attendent, à nos frontières, ils persistent, ça et là sur nos terres. Ils ne partiront pas sans nous prendre tout ce qu'ils peuvent, sans nous enlever au maximum cette victoire. Mais pas cette fois. Cette fois, l'Italie ne nous retiendra pas.Cette fois, pas de diversion.
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Dans les semaines à venir, nous confirmerons notre contrôle de la Transylvanie. Nous écraserons les poches de résistance, et nous ne leur laisserons pas l'espace pour consolider leurs défenses, ni l'oxygène pour respirer. Cette nuit, nous leur avons rappelés pourquoi l'on nous appelle Berserkers. Maintenant, il est temps de leur rappeler pourquoi ils n'ont jamais mis les pieds ici avant notre état affaibli d'il y a quelques années.Et croyez moi, vous allez vous souvenir.
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Pour l'heure, reposez-vous. Demain, sera le jour pour présenter nos respects au morts, après-demain sera le jour pour commencer à pleinement reprendre nos terres. Vos Cardinaux vos donneront vos ordres en temps voulu.Un regard vers les deux Cardinaux en question... Ils auront leurs consignes, leur marche à suivre. Il faudra parler, aussi. Un regard vers, puis, un regard vers deux autres personnes.
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Liv, Velizara, j'aurais à vous parler plus tard, séparément. Et finalement, un regard vers Alastair.
Toi aussi. Mais ça attendra que tu guérisses.Tu auras besoin d'être en pleine forme, puisqu'on ne va pas faire que parler. Il est temps de débloquer ce potentiel qui sommeille en toi.
C'est peut-être la fin du sang versé ce soir, mais ce n'est que le début de notre combat. Notre combat pour devenir plus grand, pour devenir ce que nous devons réellement être.
Ils se rappelleront, oui.
Ils se rappelleront même d'une ère qu'ils n'ont jamais vécu.
Ils se rappelleront de ce que nous étions il y a des siècles de ça.