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 [Août 550] Premier jour au Sanctuaire (Libre)

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UranieUranieArmure :
...
Message [Août 550] Premier jour au Sanctuaire (Libre)   [Août 550] Premier jour au Sanctuaire (Libre) EmptyMer 21 Sep - 20:53
Spoiler:

Août 550
Premier jour au Sanctuaire

    Uranie entra pour la toute première fois dans le temple du Verseau avec un imperceptible froncement de sourcils, un très discret chancèlement dans la démarche. L'atmosphère qui régnait à l'intérieur était anormalement froide, quand bien même elle l'était bien moins que quelques mois plus tôt ; elle avait appris par l'entremise de certaines âmes du Sanctuaire que les chevaliers de cette constellation entre toutes constituaient des individus glacés au sens propre comme au figuré, ce qu'elle ignorait jusqu'à présent. Elle trouvait néanmoins quelque évidente vérité dans ces dires, auscultant du regard les profondeurs inhospitalières de l'édifice, avec ses courants d'air qui semblaient provenir de l'endroit lui-même plutôt que de l'extérieur. Il y faisait sombre, en sus, aucune torche ni vasque n'ayant été allumée depuis quelques temps : c'était la fin de l'été, le début d'un automne s'annonçant peu clément. La vue des bibliothèques abandonnées du côté Sud la fit brièvement sourire.

    Avec prudence, la Sainte déambulait sous ce toit dont les coins se perdaient dans les ombres, déployant les filaments sensibles de son cosmos. Au travers de celui-ci, elle goûtait et humait la senteur spirituelle du temple, tentant tant bien que mal de réfréner son impatience : la nymphe avait le don particulier de découvrir les choses présentes et passées par l'entremise de son pouvoir, activité qui lui procurait une infinie satisfaction. La tâche n'en était pas moins épuisante et non dénuée de risques, car l'appétit de savoirs divers que possédait Uranie la conduisait sur les pentes glissantes de l'excès ; elle se voulait tout connaître sur tout et si elle n'écoutait pas son bon sens, se serait depuis longtemps aventurée à disperser son énergie aux quatre vents.

    Mais prudemment, donc, elle étirait ses ressources intérieures d'un azimut à l'autre, tissant un véritable motif évanescent à travers toute la nef. Un observateur averti aurait pu discerner dans l'air un modeste scintillement comme preuve de ce que la nymphe était en train de faire.
    Une question, en réalité. À sa façon, Uranie parlait la langue des cieux et interrogeait les étoiles : et les étoiles lui répondirent, car elles étaient les spectatrices infatigables de ce monde et leur mémoire n'avait pas d'égale.

    Des impressions, des sentiments fugaces, des pensées n'étant pas tout à fait les siennes firent irruption dans la conscience de la Sainte, autant d'éclairs lumineux dans le brouillard de ses perceptions présentes, si limitées. Elle vit un homme portant un masque semblable à celui qu'elle arborait en toutes circonstances, sinon que le sien était d'or pur ; un homme que d'aucuns pensaient être une femme, la sœur qu'il prétendait être. Tous ne s'étaient pas laissés berner, elle pouvait le sentir...
    Ce qu'elle sentait, également, la fit grimacer sous ses traits figés de métal. Le deuil et la culpabilité, le poids d'un fardeau reçu et accepté comme pénitence. Le précédent occupant des lieux avait été un être tourmenté, presque mort à l'intérieur songeait-elle. Uranie ne parvenait pas à entrevoir ce qu'avait été son sort bien que l'espace d'un instant, elle caressa l'idée de puiser jusque dans les tréfonds de son âme pour trouver l'énergie nécessaire à découvrir cela ; aussitôt elle se dit que c'était précisément afin d'éviter de se tuer à la tâche qu'elle évitait d'avoir trop souvent recours à son cosmos de cette façon, et cessa à regret d'alimenter le flux de ses recherches spirituelles. Les visions cessèrent d'affluer et elle fut ramenée au temps présent en battant plusieurs fois des paupières.

    Le temple était toujours aussi vide et silencieux, obscur, quoique pour elle pendant plusieurs secondes il avait été parfaitement habité, polaire et baigné dans la lumière passée de torches depuis longtemps éteintes.

    « Arrête donc ça » murmura le chevalier aux yeux couleur d'écume lorsqu'elle perçut un givre insidieux s'exhaler de son armure, tentant d'étouffer les rares onces de chaleur encore retenue par la bâtisse.

    C'est avec une certaine surprise qu'Uranie pouvait constater combien elle-même semblait peu appropriée à la cuirasse du Verseau. Elle n'avait rien d'une grande et redoutée Amazone, n'étant jamais qu'une jeune grecque venue de la pointe méridionale du pays, commune et sans rien d'exceptionnel sinon son insatiable curiosité des choses de ce monde. Elle ne trouvait aucun écho, aucune familiarité ou reflet dans la froideur caractérisée des chevaliers de sa constellation, rien qui lui ressemblât particulièrement... Alors pourquoi elle parmi tant d'autres ?

    La réponse à cette interrogation lui échappait encore, bien qu'elle ne doutât pas de la justesse du jugement d'Athéna. Si elle avait été choisie c'est qu'elle en était digne, et ne s'encombrait pas l'esprit du moindre doute ou rabaissement à son endroit. Uranie, cependant, était intimement persuadée que les saints, tous autant qu'ils étaient, n'étaient jamais que les réceptacles pratiques des pouvoirs dont ils avaient la charge : et le monde tremblait sous les affrontements de ces puissances opposées, pas de ceux qui les gardaient. La preuve en était la succession des détenteurs des armures, qui finissaient par périr dans cette guerre divine pour laisser la place à d'autres... comme des lames brisées au fil des batailles, que les véritables acteurs du conflit remplaçaient lorsque l'heure était venue. Cette vision des choses, très tragiquement grecque, l'amenait à conserver une grande humilité et même à adopter une certaine fatalité résignée. Son destin était de servir au mieux la déesse, avant de laisser d'autres reprendre son flambeau.

    Comme elle reprenait aujourd'hui celui d'un homme ayant tout sacrifié à l'écho de sa sœur.

    Mais, se disait la nymphe, que cela ne l'empêche pas de vivre. Après avoir fait le tour de sa nouvelle demeure, elle se fit la promesse de demander suffisamment d'huile et de tapis pour attiédir les lieux, par les flammes et la décoration : elle s'enquerrait également d'un autre siège qu'elle placerait à côté des étagères supportant ces livres encore inconnus, afin d'inviter ceux de ses pairs qui le désireraient à compulser les ouvrages. L'armure de l'échanson des dieux, songeait la jeune femme, elle la conserverait sur ses épaules et ferait de son mieux pour en endiguer le souffle glacé. Elle voulait cohabiter avec le froid inhérent au pouvoir du Verseau, et certainement pas le subir ni s'en laisser envahir.

    « Il te faudra faire avec » l'en avertit-elle distraitement, d'un ton un peu rêveur.

    Elle empruntait de temps en temps cet air éloigné de tout, machinal et sans s'en rendre compte, depuis qu'elle s'était éveillée. C'était lorsqu'elle luttait contre les sirènes de son cosmos, ces langoureuses tentatrices l'invitant à explorer les choses de par son septième sens, à percer les secrets que le passé et la distance imposaient à ses sens. Plus tard, essayait-elle de se consoler, un jour où elle serait bien plus puissante et habile, elle pourrait laisser libre cours à ses folles explorations spirituelles. Pour l'heure, c'était trop risqué et déraisonnable pour sa santé.

    On l'avait avertie qu'avant une heure, des aspirants viendraient prendre note de ses besoins. Si l'idée d'être servie la gênait quelque peu, elle se pliait sans réserve à la coutume et ne comptait ni en abuser, ni faire preuve de fausse modestie. Les choses allaient ainsi et elle le respecterait, voilà tout.
    Afin de patienter, elle alla s'accoler à la structure épaisse d'une bibliothèque et piocha au hasard un des livres que l'étagère supportait. Avec une lueur de malice enfantine au fond des yeux, la nymphe en huma la reliure comme elle aimait tant le faire avant d'attaquer le moindre recueil. Et aussitôt, la voilà qui s'absorbait dans la lecture que la pénombre ambiante, si elle lui rendait la chose un peu pénible, ne décourageait aucunement.

    Sans doute au bout d'une heure s'enquerra-t-on de ses besoins. Et sans doute la Sainte n'entendit absolument rien, perdue dans son déchiffrage attentif des lignes manuscrites. Jugeant sans doute préférable de ne pas la déranger, on s'en alla sans risquer d'ombrager un chevalier d'or.
    Et voilà pourquoi de toute la première journée que passa la nouvelle occupante du Sanctuaire, on ne la vit pas sortir de sa demeure. C'est un peu éberluée qu'elle leva le nez de l'archive, constatant abasourdie que le soir était tombé.

    Mais elle avait appris à peu près tout ce qu'il s'était passé durant l'année 462, en Germanie. Voilà qui valait bien la fringale lui tenaillant désormais l'estomac, essaya-t-elle de se convaincre...


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