L'Augure observait avec apaisement les deux flammes qui étaient apparues à l'emplacement de chacune de ses gemmes. Le feu, une beauté tellement naturelle, tellement pure mais recelant un danger que seuls les fous pouvaient ignorer. Enfin, seulement pour la flamme qui entourait maintenant celui qui avait osé prendre la place d'une des suivantes d'Apollon. L'autre flamme, quant à elle, ne visait qu'à protéger celle qui avait eu la noblesse de venir s'interposer pour le défendre. Un acte de courage qui méritait une récompense à n'en point douter. Même s'il ne pouvait l'autoriser à combattre seule leur adversaire sous peine de voir son honneur de Voix d'Apollon réduit à néant. Une situation bien ennuyeuse mais qui l'obligeait à se mettre en action quelques instants.
Bonne nouvelle, l'intrus ne semblait pas très enclin à les affronter en ces lieux, pas plus qu'il n'avait, selon toute vraisemblance, apprécié l'explosion du rubis placé sur son torse. Les choses étaient bien faites, aucun d'eux n'avait davantage de temps à consacrer à ces enfantillages. L'heure viendrait bien assez vite où tous devraient mettre leur énergie à l’œuvre pour le passage au cycle suivant. Autant ne pas la gaspiller contre des importuns venus se divertir dans leurs jardins. Enfin, il faudrait qu'il s'accorde un peu de temps, plus tard, pour présenter aux Dieux Sombres les règles de l’Étiquette. Deux marques de défiance dans la même journée au cœur de leur Royaume, cela devenait insupportable.
Adalrik écouta les paroles de leur adversaire alors que celui-ci se retirait pour retourner chez son maître. Si l'Augure se contenta de porter sa main à ses lèvres lors de la première phrase, camouflant par ce geste un léger bâillement, les paroles suivantes déclenchèrent une toute autre réaction. Se léchant lentement les lèvres, il jeta un regard plus carnassier à celui qui se permettait de le menacer.
Vous avez de la chance que ce cycle ait encore besoin de vous. Peut-être en sera-t-il tout autre lors de notre prochaine rencontre. Présentez mes hommages à votre Maître. S'il souhaite venir nous présenter ses hommages, nous serons ravis de l'accueillir comme il se doit. La Lumière d'Apollon est magnanime.Lorsque Celestia prit la peine de venir voir comment il se portait, l'Augure retrouva un visage lumineux et bienveillant comme auparavant. Un instant, son regard se fixa sur le diamant placé sur la poitrine de la jeune femme, avant de finalement relever les yeux vers elle, une pointe d'amusement dans le regard.
Vous pouvez conserver cette pierre, je vous l'offre. Elle vous va à ravir je trouve. Quant à moi, je me porte plutôt bien mais toutes ces intrusions commencent à m'éreinter. Je pensais naïvement que les Jardins Sacrés étaient un endroit calme et paisible mais j'avais oublié que nous étions nous-mêmes, bien souvent, à la croisée de nombreux destins.Déposant un léger baiser sur une des mains de Célestia, l'Augure poursuivit
Sachez Belle Célestia que je n'oublierai pas vos actions d'aujourd'hui. Mais pour le moment, il faut remettre un peu d'ordre en ces lieux et je dois tenter de m'informer sur les évènements à venir. Voir si ces intrusions ne ternissent pas la lumière de nos plans. Je vous laisse apporter le corps du Faucon auprès des Prêtresses de notre Seigneur et Maître. Elles prendront soin de lui jusqu'à son réveil, un jour. Je m'occupe de cet objet. Ne vous inquiétez pas, nous nous reverrons très bientôt. A votre retour...Ne portant guère plus d'attention au corps du Faucon, il fit un geste de la main et une aura lumineuse entoura la sombre dague. Et alors que l'Augure s'éloignait lentement en direction de la Tour des Vents, la dague disparaissait pour réapparaître au cœur de la tour, sur un piédestal, attendant le jour où la Lumière aurait trouvé sa place dans les cycles.
Tour des Vents