[10 mai 550] - Les démons dans l'antre de glace...

J'avais quitté les guerriers de la taverne sans vouloir plus que cela intervenir. Non pas que tuer le Lion m'aurait posé un souci mais c'était pas le moment à ce que j'avais compris. Silencieux, buvant ma bouteille au gré du chemin, j'avançais quand je vis un homme devant moi. Il avait une sale gueule ! Premier ressenti, la gueule du mec en qui on ne pouvait pas avoir la moindre confiance mais c'était juste un "a priori" négatif sur le bonhomme sur le qui vive devant lui. Mes pupilles l'observaient de bas en haut avec soin et haussant les épaules, je pris la parole.

- T'es qui ?

Question simple et sans prise de tête, il se dégageait de lui un cosmos obstensible et je ne comptais pas me prendre la tête à faire des courbettes. Mon mode "Dragon" était activé et j'étais pas en phase de discussion avec l'étiquette d'usage. Pensif, j'essayais de me demander si je l'avais déjà vu quelque part mais aucune réponse ne venait dans ma caboche. Sûrement la nouvelle génération... Son visage de femme d'opérette et ses yeux bleus pâles n'étaient pas pour me rassurer sur le type de mec chelou que je risquais de croiser avec le nouveau pouvoir en place. En soit, c'était en partie de ma faute, je ne pouvais que blâmer que ma petite personne. Mais je voulais savoir qui était ce jeune homme à l'aura à la fois enivrante et repoussante, je ne savais pas pourquoi, mais ces deux sentiments ne cessaient de se disputer dans mon esprit à la vue de cet homme.

Se rendant compte qu'il regardait au loin le village, je compris qu'il observait de loin les évènements.

- Je vois, tes potes sont plausiblement en danger et toi tu restes à glander ici. Des choses se sont perdues ici et je compte bien restaurer certains points sur notre façon de procéder. Ah et puisque tu m'as demandé "gentiment" de dégager, je vais te répondre, je suis Toryald de Dubhe, Guerrier divin de Fafnir. Et en théorie comme en pratique, ton chef direct connard ! La prochaine fois que tu m'envoies chier de la sorte, je te colle la tête contre le mur à la vitesse du son !

J'étais devenu menaçant sans m'en rendre compte. Enfin bon, ce genre de types qui parlaient aux autres comme à des merdes et qui semblaient se prendre pour les maîtres du Monde, ca me sortait pas les trous de nez. Je n'avais pas encore mon armure sur les épaules, un seul geste suffisait pour cela et je ne comptais pas la sortir devant cet inconnu aussi curieux que désagréable. Mon regard azuréen était devenu plus électrique, plus froid et moins chaleureux qu'avec les autres de tout à l'heure, je n'aimais pas qu'on me rabrouasse de la sorte et je lui faisais comprendre par l'aura qui m'enveloppait lentement que c'était pas du tout le cas... Une seule remarque et je le défonçais... C'était la seule chose que j'avais à l'esprit à ce moment là.

Mon regard obliqua légèrement sur la droite quand mon cerveau se mit à analyser la dernière phrase de cet homme. Sa suffisance était une chose. Ses propos aussi acerbes que véridiques en étaient une autre... Quelques années plus tôt, j'aurai foncé pour lui planter un coup d'épée et lui trancher la tête, mais, je comprenais que les miens soient encore sous le coup de la défaite. Cette vérité implacable calmait mon tempérament et le jeune homme devant moi avait fait mouche avec une célérité que je n'avais pas coutume de subir. Une épée sur le côté, il était sur ses gardes même s'il en donnait pas le visage, il n'était pas fou au point d'en rajouter un peu trop.

Je sentais qu'il était éveillé. Il n'était pas un homme à se mettre en avant, il observait par la fenêtre les actions des autres guerriers. C'est un pervers. Cette pensée me traversait l'esprit fatalement, non pas une perversité sexuelle, non, une perversité teintée de sadisme que l'on pouvait lire dans son regard. Son sourire, ses salutations polies... Tout cela était une belle comédie qui ne pouvait que me faire douter mais sa phrase avait levé mes doutes, s'il s'était contenté de se montrer aimable, je n'aurai rien compris du genre d'animal que j'avais devant moi. Un sourire s'esquissait en coin aux bords de mes lipes quand ma jambe droite se mit en mouvement pour avancer de quelques pas dans sa direction. Mes pupilles étaient ambrées et zébrées de foudres intenses.

- Voici des mots qui sont vrais. Je ne peux prétendre que la bataille passée a été perdu... En suis-je responsable ? Bien sûr que oui, je l'assume, je prends sur moi toute cette défaite alors que toi tu te contentes de regarder les autres se battre. J'ai cette cicatrice pour me rappeler sans cesse que je ne dois plus abandonner le combat... Les Saints reviendront, du moins, ils reviennent... Tu feras quoi ? Tu regarderas de la fenêtre ? Tu perdras aussi et c'est pas ton épée de tafiole qui t'aidera... J'ai forgé des lames bien plus redoutables que cela et je sais manier une lame, même entre les mains d'un ennemi.

A une vitesse de la lumière, ma main se posait sur le pommeau de l'épée sur son flanc. Mon autre main frappa lourdement le pan de mur à côté de sa tête, des explosions de foudres ambrées rayonnaient dans tous les sens.

- Et si tu te permets de me recauser de cette manière... Je te montrerai que je n'ai rien perdu de mon sens de la courtoisie. Chaque soldat est libre au service d'Odin, je ne prétends plus commander les nôtres, je veux juste être à leurs côtés. Toi tu n'es rien.

La voix caverneuse et menaçante qui s'échappait de mes lèvres n'était pas une menace en l'air. Il disait encore une phrase malheureuse et cette fois, il engagerait les festivités sans lui donner la moindre opportunité de sourire. Sans visage, cela deviendrait plus difficile.

C'était donc lui. Toryald observait lentement le mur devant lui, le mur marqué de son propre poing. Il n'y avait plus personne, sauf cette voix derrière lui en train de lui faire la leçon. Dans les années précédentes, il avait appris que son vieil ami avait pris un élève pour assurer la relève et il était clair que les choses avaient pas du se passer comme convenu. Il s'attendait à un coup de colère, il le piquait comme une araignée en tissant sa toile afin que la mouche qui s'y était collée bougeasse sans cesse. Un sourire aux coins des lipes, le Guerrier fermait les yeux pour bien prendre en compte toutes les piqûres de son ennemi. Car oui, ce connard se comportait comme tel à vrai dire.

Alcoolique. Il pensait qu'il ne le savait pas. C'était puéril de croire que cela pouvait l'indisposer, il ne niait pas une telle vérité et cela ne le touchait pas trop en fait. Quand on connaissait ses défauts, il était tellement simple de passer outre sur les ragots que l'on faisait sur sa personne. Mais ouais, le Guerrier Divin derrière lui savait frapper là où ça faisait mal. Dans un autre jour, bourré, il l'aurait encaillé contre le mur sans sommation mais c'était un peu oublié que l'alcool était moins sa gouvernante qu'autrefois. Embla était passée par là depuis et il avait repris conscience après des années de silence, de repli sur soi. Lentement, repirant avec calme, le cosmos electrique de l'Alpha disparaissait au point de ne plus avoir de présence du tout. Il faisait le vide intérieur. Toute pensée qui pouvait le détourner de sa mission s'étiolait. Par un chassé croisé, il s'était retourné vers Dorana et ouvrit les yeux.

- Je vois que tout cela t'amuse. Je te remercie de m'avoir calmer. Cette technique pour devenir invisible est une chose que je trouve toujours efficace et je connaissais qu'un homme capable de ce don. Hakon, Ulrick, Embla... Toutes ces personnes formeront la nouvelle génération et je suis une pièce rapportée de l'ancien temps, avec mon vieux pote Haldor. Mais toi ? Tu es une araignée. Froide, prédatrice et cupide. J'ai combattu des personnes comme toi, ils étaient des Saints. Dis moi, tu serais pas Grec par certains côtés ? Tu leur ressembles.

Le ton de l'Alpha était froid et posé. Evidemment qu'il puait encore l'alcool mais si ce connard avait su que c'était rien comparé à quelques semaines auparavant. Il aurait utilisé le mot d'Epave et pas de simple petit buveur de bière.

- Si je bois, c'est pour oublier. C'est vrai. Enfin... C'était vrai. Mais maintenant, je le fais par plaisir et aussi car j'aime m'amuser à ma manière sans me prendre la tête. C'est un défaut pour un chef en effet, je ne nie pas les miens en tout cas. Je n'ai pas du sang sur mes mains, sauf celles de mes ennemis. Ce n'était pas vrai pour tout le monde en tout cas à ce que j'ai compris à ce que l'on dit.

Provocation ? Oui. Il voulait savoir ce qu'était devenu son ancien compère mais il avait appris son assassinat et la personne devant lui, oui, cette personne respirait la mort dans ce qu'elle a de plus déshonorante pour les règles d'Asgard.

Voyant son interlocuteur faire un semblant de courbettes, Toryald se mit en garde. Il n'aimait pas ce genre d'individus, très clairement. Puis, il parla. Il était tel qu'il le voyait malheureusement. Il se drapait de la dignité de l'indignité et cela le révulsait profondément, ils étaient tellement l'opposé l'un de l'autre. Cependant, dans toute bataille, il fallait différentes façons de combattre pour envisager des stratégies gagnantes... Le Dragon regardait fixement Dorana en se demandant s'il ne pouvait pas apporter des possibilités militaires que lui même ne reconnaissait pas, mais, la défaite de 545 demandait de la modestie et aussi du pragmatisme. Silencieux, quelques instants passèrent à la fin de la dernière phrase. Il ne souhaitait pas répondre de suite, il avait besoin de temps pour soupeser sa réponse dans les minutes à venir.

- Tu as raison.

La réponse de l'Alpha, du moins son début, surprendrait le guerrier de Megrez. Mais il ne cachait pas ses sentiments de toute façon, c'était pas sa politique mais celle de celui qui lui parlait actuellement. Il poursuivit d'un ton mesuré et sûrement plus nuancé.

- Je ne connais rien de la diplomatie et de la manipulation des mots. Je ne suis pas un partisan de ses pratiques, tu t'en doutes, mais... je serai bien un imbécile de laisser cette opportunité de côté. Tu es le mal que l'on subit, on ne choisit pas, les volontés du Père de tout me dépasse comme toi ... Si tu protèges l'un des Saphirs sacrés, c'est qu'il a confiance en toi, l'héritier des Alfes noirs, les enfants de Loki.

Puis, je m'interrompis avant de reprendre plus froidement.

- Mais si tu veux être compris, avoir notre respect, je ne parle pas d'amitié tu le sais mieux que quiconque. Tu dois aussi considérer que tu as toi même un honneur, pas celui des autres, mais le tiens. Dire ou sous entendre que tu n'en as pas est une incohérence dans ton discours ! Tu es très intelligent, plus que moi certainement, mais j'ai assez d'expérience... pour voir ce que la vie peut faire de nous. J'ai payé dans la boisson mon remords, Haldor l'a payé en temps que Tribut chez les Saints... Donc, tu es en effet la nouvelle génération mais tu es insouciant selon moi des choses de ce monde, il te prendra un jour à la gorge et des mots ne suffiront pas. Il te faudra alors des alliés pour t'aider, pour pâlier tes faiblesses... Je n'ai pas d'autre chose à te dire. Je n'approuverai jamais tes agissements, ta façon de penser, mais tu es des nôtres comme l'était ton mentor. On est ce que la vie a fait de nous après tout... Alors respecte l'honneur des autres !

Le ton était de plus en plus désabusé. Il avait perdu bien des batailles en 545, une guerre même... Dorana ne pouvait savoir ce que cela signifiait de perdre, les mots ne pouvaient alors se poser sur une vérité trop difficile à entendre, à comprendre. Il l'apprendrait assez tôt, trop tôt peut-être...

Placidement, le Guerrier Divin regardait les blessures d'Asher sans lever un sourcil. Il pensait peut-être que l'Alpha n'avait pas vu de telles blessures dans sa vie et certainement un peu plus voyante comme de perdre un bras ou un oeil. Delta avait encore gardé l'intégrité de son corps, du moins en apparence. La vanité était une chose fondamentale dans l'esprit de son interlocuteur, il profitait de ses problèmes de son passé pour en faire une force. Cruauté. Tyrannie. Félonie. C'était des choses de la vie et les rebuts de la société qui les utilisaient avec ruse n'étaient pas à sous-estimer par Toryald. Paradoxalement, il avait touché juste en poussant son interlocuteur à prouver qu'il avait connu une vie difficile.

- Et tu es fier de cela ? Ta solitude, tes douleurs, tes peines forment ce que tu es, c'est vrai mais de là à penser que cela te permet tout ! Prenant un temps de silence. Ta vie, tu l'as perdu ? Discours d'une pauvre victime. Chaque destin est fragile, tu penses que je n'ai pas connu de problèmes un peu plus incisifs que les tiens. Tu n'as pas encore perdu quelque chose de fondamental crois moi, tu le découvriras rapidement.

Le regard azuréen du Dragon se faisait plus froid, plus dur. Son parler était de la même veine, chaque mot semblait peser pour frapper là où cela ferait mal au Delta. Car, oui, il pensait chaque mot qui sortait de sa bouche. Il ne comptait pas les années à voir les siens mourir, voir leurs membres arracher par la guerre et aussi le dégout amer de la défaite. Sa vie, si triste soit elle à ses débuts, n'était qu'une vaste blague dans un conflit. User des moyens, de tous les moyens, ne servait à rien si on voulait le pouvoir que pour le pouvoir.

- Tu parles de la "marche du succès". Je tiens à préciser une chose de suite, qu'on soit bien clair entre toi et moi... Si tu t'avises un jour d'entreprendre quoi que ce soit envers les nôtres pour tes propres ambitions, je serai la première personne que tu devras abattre. La Prêtresse est sous ma protection directe et je ne compte pas te laisser libre d'agir, pas de bol, je suis de retour et mes sens redeviennent affûtés. Je ne ferai qu'un seul avertissement et c'est celui que tu viens d'entendre !

Si il était réellement sans honneur, il fallait lui dire exactement la façon de penser de l'ancien Chef des Guerriers d'Odin. Il négligeait de plus un détail. La ruse n'était pas le seul apanage de son étoile, elle l'était aussi du Dragon qui fera tout pour protéger son trésor. Et même s'il doit y perdre son honneur pour cela. Mais Toryald se gardait bien de révéler une chose que seuls la Prêtresse Embla et ce cher Gamma connaissaient de lui. Pour l'instant, il ne dégageait qu'une lueur dans la profondeur de ses prunelles, il attendait la réponse de l'homme devant lui pour savoir jusqu'où il irait dans ses mots. Le Dragon se réveillait lentement en lui, c'était désormais légèrement perceptible et les prunelles prenaient la forme ophidienne qui suivait le cosmos de son maître.

Des volontés bien supérieures ? Cela intriguait l'Alpha mais il ne releva pas l'information, il ne pensait pas que son interlocuteur lui répondrait ou plutôt qu'il esquiverait la question avec un sourire perfide. Manifestement, il oubliait que bien des choses étaient supérieures aux Vanes ou aux Ases, dans cette corrida, la vertu n'était pas une chose qui se prêtait bien aux circonstances. Son rire. Il avait toucher juste mais son rire était une manière d'évacuer une vérité qu'il ne reconnaissait pas comme la sienne. Il se pensait délier de tous les serments d'autrefois, de ce que la société avait créé pour le meilleur et pour le pire...

- A ce que je sais de toi, tu te dis Fils de... Jolie métaphore de tes ambitions en somme.

Le silence suivit les non dits que cela impliquait. Les prunelles du Dragon regardaient l'homme devant lui en se disant qu'il en avait trop facilement dit d'une certaine manière. La perfidie était une chose à manipuler avec une certaine adresse pour ne pas tomber dans un combat sans une once de victoire à l'orée du chemin. Au fond de lui, Toryald savait que cet homme avait été meurtri par la vie, tout comme lui, et c'était une chose qu'il respectait sans prendre en compte la finalité du parcours des deux hommes dans la pièce.

- Tu as pris pas mal de claques dans la gueule, j'en conviens. Ton regard s'est perdu dans l'écume de la vie et tu veux ta revanche, c'est humain ! Cependant, si tu es le dépositaire de "volontés bien supérieures", pourquoi ne pas t'élever au delà de ce genre de vanité somme toute bien humaine ? On ne peut pas prétendre une chose et dans les faits, se comporter comme le pire des scélérats. Tes cicatrices sont des serments pour l'avenir et essaie de penser que tu n'as pas que des ennemis dans notre Ordre... Les Dieux sont là... C'est un fait et si tu veux t'élever à leur rang, comporte toi avec plus de dignité ! Même Loki a démontrer un sens de l'honneur pour la sauvegarde de son peuple que tu sembles négliger...

Un sourire aux lèvres, l'Alpha se retournait enfin pour laisser le Delta à sa fenêtre. Alors qu'il retournait vers la Prêtresse, il prit une dernière fois la parole !

- Tu es détestable avec ta façon de penser... Mais je pense que tu es plus noble que tu ne le penses ! Prends de la hauteur comme je te l'ai dit, ne te laisse plus guider par des petites manipulations à deux balles, vois grand ! Loki reste un protecteur d'asgard, il a donné le Feu aux hommes et l'art des métaux, ce que je respecte comme forgeron. Donc prouve à tous que tu en es digne et que ce ne sont pas que des mots !

Toto a écrit:

Fin du RP pour moi, c'était cooooooool o/