[Mi juin 550] Le retour d'un sacré duo

Cosmos. Mot inconnu. Prison. Vague idée. Rempart. Mot Inconnu. Animal sauvage. Exactement.

Face à cette femme qui tentait d'imposer son respect, le jeune adolescent ne cilla pas. D'une part parce qu'il ne comprenait la moitié du baratin qu'on lui servait, et d'autre part parce qu'elle avait totalement raison, sans comprendre ce que cela impliquait : sauvage, il l'était plus que n'importe quel enfant d'Asgard à ce jour. Il n'avait aucune notion de hiérarchie si ce n'est la la loi du plus fort. Et dans la chaîne alimentaire, elle n'était pas la plus forte. Qu'elle soit prêtresse d'Odin n'y changeait rien. Son pardon ? Quelle valeur pouvait-il bien avoir, son pardon ? Avait-elle connu depuis toujours les regards fuyants, les malédictions, les injures ? Avait-elle déjà reçu des pierres en plein visage, lancées non pas par jeu mais avec l'envie de tuer ? Avait-elle été exilée depuis toute jeune, depuis sa naissance même, sans connaître ne serait-ce que le visage de ses parents, la signification même de ce concept ?

Alvis laissa s'envoler les paroles vides de sens. "Au pire, te torturer." Bien douce était la punition en vérité. La pire peine était la mort. La pire peine était l'échec de n'avoir pu survivre. La douleur était sa compagne, son amie d'enfance. La douleur l'avait renforcé toutes ces années. Il ne craignait plus le fouet, le froid ou la faim. Il ne craignait plus de perdre quoi que ce soit. Il n'avait déjà plus rien d'autre que sa misérable petite existence.

La prêtresse se retira et il l'oublia aussitôt, se concentrant sur le dernier homme présent dans cette pièce. Toryald de son nom, cette fois il l'avait entendu prononcé, dégageait une impression de familiarité. Peut-être parce qu'il parlait d'écailles. Peut-être parce que ses mouvements lui évoquaient quelque part un reptile. Peut-être aussi parce qu'il avait plus de présence que la douce femme, il apparaissait plus menaçant. Un prédateur. Dressé. Le jeune Gamma ne savait trop que penser de cette attitude servile, pour une personne dotée de crocs et de griffes. On aurait dit qu'il avait mis sa fierté et sa virilité de côté pour elle, et c'en était pathétique aux yeux du jeune serpent qui ne connaissait ni l'amour ni l'amitié.

L'homme lui fit signe de le suivre et se détourna aussitôt, mais Alvis ne bougea pas. Leurs belles paroles résonnaient dans sa tête encore un moment. Pétris de "bonnes" intentions en apparence, il était aussi possible qu'ils lui tendent un piège. Les humains, parfois, se montraient bien plus retors que les animaux. Bien plus barbares. Ils tuaient leurs semblables, pas pour un territoire, pas pour de la nourriture, mais pour le plaisir. Pour une idée. Hors de question de suivre ces gens-là.

"Je suis libre."

Plus pour lui-même que pour le blondinet, il ne lâchait néanmoins pas celui-ci du regard. Et quand Toryald disparut au détour d'un couloir, convaincu que le petit homme le suivrait sans rechigner, Alvis piqua dans le sens opposé, droit vers la sortie, courant pratiquement sans émettre de bruit grâce aux fourrures qui lui servaient de chausses.

***On ne peut pas faire confiance aux Hommes.***