[Début Juillet 550] Wind of change

Les uns et le autres se prenaient la tronche pour savoir qui avait raison. Certains sortaient l'argument du "t'as trop changé, Prêtresse". Pour lui, qui n'avait jamais connu la jeune femme par le passé, ce débat n'avait pas lieu d'être. Il s'en tamponnait complétement. Mais au moins avaient-ils eu le mérite de faire oublier au colosse la colère qui l'avait habité précédemment. Alvis n'existait plus. Ou presque plus. Seul Toryald parvint d'ailleurs à lui redonner le sourire. Il est vrai qu'il connaissait parfaitement l'armure de Gamma. Lui donner des conseils ? Là par contre, il pouvait se gratter. Il s'occuperait de lui tôt ou tard. Quant à savoir si on avait besoin d'un même, son avis n'était évidemment pas le même. Mais l'Alpha avait aussi un rôle à tenir. La cohésion, il en était en quelque sorte responsable. Ainsi lui rendit-il son sourire.

Avec le recul, cette armée ne semblait pas peser bien lourd dans la balance. Il avait vu les Saints. Il avait observé leur organisation. Ils étaient nettement plus structurés qu'eux. Mais était-ce un handicap pour autant ? Il n'en était pas persuadé. Le royaume d'Asgard n'avait rien à voir avec le climat plus serein des terres byzantines. Les Guerriers Divins étaient de rudes soldats. Pas nécessairement physiquement - tous ne possédaient pas l'allure de Toryald, d'Hakon ou de lui-même - mais surtout mentalement. Il... Hein ? Quelque chose, ou quelqu'un, semblait tirer sur sa cape. Tournant le regard, il ne vit rien. Puis il baissa le regard vers le sol. Et manqua de sursauter. Ne parvenant pas à réprimer un juron.

- Putain d'bordel de merde !

Les mots lui vinrent aux oreilles avant même qu'il ne puisse se rappeler qui elle était. Il lui fallut quelques longues secondes. Son nom lui échappait. Puis un détail lui revint en tête. Zeta Prime. Vivi la Naine. Comment avait-il pu l'oublier ? Et surtout, avait-elle été là depuis le début ??

- Déjà, arrête de tirer là-dessus. Et ouais, ça va être la guerre !

Elle avait mal aux pieds... M'ouais. Il poussa simplement un soupir lourd de reproche. Avant de hausser les épaules. Lui aussi en avait marre. Vraiment. Il était la lame d'Asgard. Et elle, elle était son ombre. Sa mission était de protéger la Prêtresse. Il ne pouvait pas partir tant que l'animosité serait à son comble.

- Dès qu'c'est fini, on s'casse. D'acc' ? On ira s'manger un morceau et j't'expliquerais ! Moi aussi j'en ai plein l'cul !

Ainsi c'était cela, Eirwen avait sombré, son avenir piétiné par la violence et la haine... En cet instant, alors que leurs prunelles étaient liées, qu'ils se sondaient mutuellement Andhrimnir ne ressentit aucune colère, aucune peur ni aucune déception. Etrange situation, il était évident qu'elle cherchait à le faire réagir en insistant de la sorte sur le fait qu'ELLE avait été blessées, attaquée, déshonorée dans un sens... Seulement l'honneur n'importait pas, jamais. Il ne ressentait rien et pourtant son poing se crispait, le bout de ses doigts venaient se mêler au métal de l'armure dans paume. Il ne la quittait pas des yeux, il aurait voulu lui hurler des choses au visage là maintenant, mais il ne le pouvait, pas devant tous ses Guerriers. "Pourquoi toi..." Non, il n'était pas vraiment déçu, pas par elle en tout cas, comment pouvait-on demander à un simple humain, une jeune femme pleine d'espoir de ne pas sombrer dans la haine et le ressentiment ? C'était une chose impossible, il aurait aimé l'en préserver... aurait certainement du venir avec elle en fin de compte pour absorber cela. Soit, le temps l'avait de nouveau pris de court.

L'Alpha ensuite. Oh oui, le valeureux Dragon. Là était la réponse, ils se connaissaient bel et bien et avaient combattus côtes à côtes contre les Saints et selon ses dires il était même la personne l'ayant ramassé, ayant botté le cul de ses assaillants pour le ramener en son Pays, dans le Royaume du Père de Toutes Choses. Seulement le ton qu'il employait, lui, Andhrimnir ne put l'accepter ainsi. Ce qu'il insinuait était vrai pourtant mais tellement dur à accepter. Il se fichait pas mal qu'en cet instant les autres puissent penser qu'il n'était qu'un faible, l'important n'était pas là. Machinalement il commençait à lever son bras comme pour pointer l'Alpha.

- To...

Son bras se stoppa en même temps que ses mots. Qu'allait-il faire en cet instant ? Déverser sa colère sur l'homme qui lui avait sauvé la vie ? Sur l'homme qu'Odin avait choisi pour prolonger ce qu'il lui avait offert ? Idiotie, en cet instant il avait bien fait de se raviser... Il aurait une discussion avec ce Toryald dont il n'avait aucun souvenir. Pour sûr. Mais pas maintenant. Eirwen s'était détournée de lui, non... Il ne pouvait garder cela pour lui, alors il fit quelques pas pour se placer de nouveau devant elle, une dernière fois, en plongeant l'Azur dans l'Ambre.

- Pourquoi to... vous ? Vous plus que n'importe qui vous deviez pas devenir comme nous... Comme moi. Mais j'vous comprends, Prêtresse. Mieux que n'importe qui. Désolé de pas avoir su vous protéger d'un mal qui devrait pas être le votre. Mais j'vous suivrai dans votre bataille.

La haine, pure, il la connaissait mieux que personne.. Il revoyait cette jeune Prêtresse, pleine de vie et d'espoir, elle qui avait su en un sens dompter la rage et l'être sauvage qu'il était par son infinie douceur. La Douce, Panthère Blanche à la colère si belle, si envoûtante... Cette colère avait disparue aujourd'hui, effacée face à la désillusion d'un monde trop amer. Il se retourna et commença la marche vers la sortie. Il n'avait plus rien à faire ici pour le moment, il devait méditer et surtout effectuer son rituel.

- Prêtresse, j'me retire pour me préparer. Vous savez où m'trouver.

Oh il s'attendait bien, en cet instant, à ce que cela ne se passe pas ainsi, qu'elle l'arrête en lui ordonnant de ne pas partir avant qu'elle n'en donne l'ordre... Oui. Il attendait, pas après pas vers la sortie il attendait sa réaction. Il souhaitait voir si la Panthère Blanche n'était pas devenue Sombre.

La réunion commençait à tourner court. Et il était plus que temps de mettre un terme à celle-ci avant que ses guerriers ne commencent à se mettre dessus. Lentement la demoiselle avait regagné son trône, sur lequel elle se laissa tomber, massant ses tempes de ses doigts. Un soupir las s'échappa de ses lèvres. Il était encore trop tôt, il fallait trouver un motif qui les unirait tous sans que le doute ne les habite, et ce ne serait pas chose aisée.

Fort heureusement, elle avait l'appui de Toryald et d'Haldor. Elle avait pu lire la déception dans le regard et les paroles d'Andhrimnir. La déception de n'avoir pu sauver les idéaux auxquels elle pensait. L'idiot, si seulement il savait ce qui se tramait, nul doute qu'il serait dans une rage folle de savoir qu'elle était tout simplement entrain de se jouer de lui. Son grand âge devait très certainement lui ramollir l'esprit. Mais peu lui importait, seul comptait le fait qu'il rallie sa cause. Et c'était bel et bien le cas. Parfait. Toutefois, s'il pensait qu'elle allait le retenir, il faisait tout simplement fausse route. Mais il faudrait tout de même qu'elle ait une petite discussion avec lui. Par simple plaisir de tourmenter sa petite marionnette.

Bien, il était temps de mettre un terme à cette mascarade. Doucement, la Belle se redressa après la prise de parole d'Hakon, pleine de virulence à l'encontre de Gamma.

"- Odin est un guerrier certes, mais il ne récompense pas les idiots qui se précipitent dans la bataille Hakon. Et nous sommes loin d'être des idiots n'est-ce pas?"

Elle laissa son regard errer sur chacun des protagonistes.

"- Depuis bien trop longtemps notre peuple se terre sur ses contrées inhospitalières. Depuis bien trop longtemps nous avons accepté notre sort. Devons-nous rester là sans rien dire? Sans bouger? Et accepter notre sort sans broncher? Notre peuple mérite lui aussi d'entrer dans l'Histoire. Parfois, pour obtenir la paix, la Guerre est nécessaire. Que nous le voulions ou non, nous sommes en état de Guerre. Ressourcez-vous et entraînez-vous. Je veux que les frontières d'Asgard soient renforcées. Que tout intrus se présentant sur nos terres soit interpellé et interrogé sur les motifs de sa venue. N'utilisez la force que si vous y êtes obligés. Pour ma part, je vais réfléchir à ce qui s'est dit ici pour élaborer la meilleure stratégie possible. Pour l'heure, vous pouvez tous disposer, j'ai cru comprendre qu'une certaine personne avait mal aux jambes d'être debout."

Fatiguée, elle les regarda tous sortir un par un, avant de fermer les yeux et de rejeter la tête en arrière. Ils étaient épuisants. Vraiment. De vrais gamins. Non même pires que des garnements. Rouvrant les paupières, elle eut un sourire presque malsain. Elle avait besoin de se détendre, et cette détente, c'était auprès d'une personne qu'elle pouvait la trouver, ce qui eut le don de faire rager son pantin.

Citation :

Fin de la réunion.