[Mi-Septembre 550] Duel Glacial [PV Kilian]

Prendre ses distances, s’isoler. C’était en quelque sorte une retraite spirituelle que le Kraken réalisait actuellement. Seul au milieu d’une forêt, elle-même en plein cœur de l’Europe quoi de mieux ? La neige était déjà légion dans le secteur alors que pourtant la période ne s’y prêtait pas. Mais Nereus n’allait pas s’en plaindre, loin de là. C’était l’endroit idéal pour s’exercer à la méditation et parfois même calmer ses pulsions violentes en explosant quelques arbres. Plus les jours passaient et plus ses doutes grandissaient. Il avait bien conscience des paroles d’Endymion lors de leur petite joute improvisée mais l’ancien esclave ne savait plus vraiment où il en était. Se battre comme un pion mais en prenant l’attitude d’un roi ? C’était donc cela la vie d’un guerrier Atlante… une simple pièce sur un échiquier. Mais s’il en voulait plus ? S’il voulait réellement devenir plus important qu’un pion que devait-il faire ? Les manigances, la politique ce n’était pas vraiment de son ressort, il n’était qu’un guerrier rien de plus.

Puis cet œil qui ne faisait que le bruler ! D’un revers de la main le Gardien de l’Arctique invoqua un de ses esprits des glaces mais cette fois encore plus sombre qu’auparavant et l’envoya s’écraser sur un arbre immense qui en explosant répandit une vague glacée d’une forte intensité. C’était à chaque fois la même chose, dès que son esprit se retrouvait trop perturbé il perdait le contrôle. L’effet du poison ? Une nouvelle fois Endymion l’avait prévenu à ce sujet, il allait perdre la raison puis la vie si il ne trouvait aucun moyen pour se guérir. Mais le Kraken ne s’était pas encore fait une raison, pour lui ce poison était synonyme de puissance, puissance peut-être illusoire mais il avait le sentiment réel de pouvoir déplacer des montagnes grâce à lui.

Puis sa glace devenait de plus en plus sombre comme si la folie prenait le dessus petit à petit. Plus beaucoup d’options se présentaient à Nere désormais, il en avait pleinement conscience. Soit il s’adonnait pleinement à la folie quitte à nuire à des êtres chers, soit il ravalait sa fierté et allait voir cette Nimue.

Il était là, en plein milieu d’une vingtaine d’arbres arrachés par sa seule folie destructrice, assis à même le sol alors qu’un craquement attira son attention. D’un geste vif, Nereus invoqua plusieurs esprits prêts à les faire exploser à n’importe quel moment. Une chose était certaine, ami ou ennemi il ne valait mieux pas déranger le soldat en ce moment….

Une pause de quelques jours, loin du Sanctuaire, m'était nécessaire. Peu habitué à ce type de vie, j'avais pris le prétexte de devoir méditer dans la forêt pour quitter mon temple. Du moins temporairement. Pour m'entrainer, puis retourner à la grotte voir si Aorlin se portait bien.
Parcourant les bois de la Grèce occidentale, je laissais le vent fouetter mon visage, profitant de l'air encore frais pour me détendre et me vider l'esprit. Loin du monde et de son agitation.
Courant à travers les frondaisons, je perçus mon compagnon faire son apparition et une course s'engagea bien vite entre nous. Sourire aux lèvres, je bondis, foulant du pied racine et troncs renversés, ne laissant que peu de terrain à mon entité de gel bien décidée à me vaincre en vitesse. Mais le jeu amical fut stoppé net lorsque je perçus non loin la manifestation d'un cosmos dans la nature me hérissa. Une sorte d'antithèse de la mienne. Une énergie glaciale certes, mais terriblement instable, violente.
Que devais-je faire ? Si une menace quelconque se trouvait aussi prêt du Sanctuaire, mon rôle était de partir en repérage et de la vaincre si nécessaire.
Toute hilarité et légèreté envolée, je me faufilais sous couvert de l'ombre des arbres jusqu'à parvenir à proximité d'une clairière artificiellement créée. En son centre un jeune homme, qui devina ma présence. Son invocation d'esprits de glace me plaça aussitôt sur le qui-vive, prêt à me défendre d'un assaut.
Revêtu au préalable de mon armure d'or, je m'avançais en pleine lumière, le menton fier et l'air impassible.

Je suis Kilian, le chevalier d'or du Verseau. Tu te trouve sur les terres sous la protection du Sanctuaire d'Athéna. Je te conseille donc de calmer tes ardeurs et de dissiper ces apparitions belliqueuses.

Un avertissement clair et concis. Le seul auquel il aurait droit. Que cet homme tente de m'attaquer, et il en paiera les conséquences. J'étais d'ordinaire relativement tolérant et prompt à analyser les situations, mais vu le comportement de cet homme et la teneur de son cosmos, je préférais jouer la carte de la fermeté. D'un regard, je désignais la destruction auquel l'inconnu venait de se livrer.

Pourquoi agir de la sorte ? Quel intérêt autre que détruire ?

Même pour un entrainement, ce type de spectacle me navrait. Du peu que je voyais, cet homme m'offrait bien peu de chance de le respecter. Fou dangereux ou esprit confus ? Qu'importe la réponse si la violence primait dans sa réaction.

« Un saint ? » Nereus se releva rapidement faisant face au chevalier d’or du Verseau. L’ancien esclave le toisa de bas en haut avant de reprendre. « Vous vous croyez le centre du monde, vous prenez de grands airs et faites comme si vous étiez les meilleurs. » Le Kraken avait une sainte horreur des chevaliers d’Athéna, ils se prenaient pour de grands Hommes alors qu’ils étaient comme n’importe qui, des êtres assoiffés de sang qui n’avaient pas hésité à s’en prendre à la population lors de la Guerre de 545 en Alexandrie.

Tournant le dos au Verseau, Nere effectua quelques pas avant de lui refaire face. D’un claquement de doigt d’autres esprits apparurent, ils étaient encore plus menaçants et sombres que les précédents. « Et si je ne voulais pas les faire disparaitre ? » Il marqua une pause avant de reprendre. « Terre affiliée au Sanctuaire ou non je n’ai pas d’ordre à recevoir d’un chevalier. Quant à moi je suis le Général du Kraken d’Atlantis et gardien du pilier de l’Arctique. »

Maintenant que les présentations étaient faites, le Verseau savait qui il avait en face de lui. Même menaçant les deux Hommes étaient avant tout des alliés. Même si cette alliance n’était pas du goût du général il ne remettrait pas en cause les décisions de son Légat. S’il avait bien appris une chose lors de leur entretien c’était bien que Cinead était un homme sage et avisé et qu’il ferait n’importe quoi pour sa très chère citée. Mais est-ce que le Cinabre savait ? Est-ce qu’il savait que les simples soldats ou les Sang-Impurs comme Poséidon se plaisait à les nommer étaient juste des pions ? Qu’Atlantis était en proie à des guerres intestines ?

« Détruire ? Arrête cette comédie Verseau ! Il y a cinq ans en Alexandrie n’avez-vous pas détruit la cité en partie ? Vous êtes mal placé pour juger ! »

D’un revers de la main son katana de glace apparut, arme faite intégralement d’une glace à la couleur d’ébène. Les ténèbres étaient en train d’envahir son cœur et réclamaient du sang. Le sang de ce guerrier du Sanctuaire.

« Et maintenant que me conseilles-tu ? Allez viens te battre chevalier ! »

C’était justement pour éviter cette situation que le borgne avait préféré s’isoler. Dans l’état où il était, incapable de se maitriser il pouvait s’en prendre à n’importe qui. La température chuta rapidement alors que pourtant sa température intérieure ne cessait d’augmenter. Nereus brulait de l’intérieur et son cosmos continuait d’augmenter.

Spoiler:

J'avais une véritable furie face à moi.
Un individu affamé de sang, de carnages, insensible à la raison et aux arguments logiques. Un marina ? La révélation m'interpella, surtout au vu de son comportement agressif. Mais cela ne changeait rien. Un danger restait un danger.

J'ignore tout des évènements dont tu parles et je n'en suis nullement responsable.

Réponse simple mais percutante. Il était stupide de m'accuser de faits inconnus, commis par d'autres saints pour des raisons qui nous échappaient à tous les deux. L'homme n'est pas responsable des actes de son père, pas plus qu'il ne l'est du libre choix de sa descendance. Mais l'homme qui me faisait face ne comptait pas raisonner ainsi. Qui juge l'autre au final ?
La montée en puissance du cosmos ennemi, corrompu et brutal, me fit me placer en position défensive en un battement de cil. Hum... Le combat semblait inévitable.

Tu es bien loin de ton pilier général des mers, et ton comportement est une menace. As-tu pensé aux conséquences ?

Assurément pas en entendant son défi. Mon expression se durcit. Cet homme était-il suicidaire ou juste dément ? Je percevais certes le froid provenant de son cosmos, mais aussi la chaleur qui semblait le consumer. Un étrange mélange peu naturel. Je finis par saisir la situation réelle. Cet homme pouvait être sous l'emprise d'une volonté extérieure ou d'un poison quelconque susceptible de le rendre fou. Même la lueur de son oeil unique respirait la démence. Ce n'était pas naturel et heureusement pour lui, il venait de tomber sur peut être le seul chevalier du Sanctuaire capable de le sortir de ce mauvais pas.
La main levée, je fis à mon tour chuter la température à un tel niveau qu'un manteau de gel vint recouvrir le sol et le décor environnant.

Tu as devant toi le sorcier des Glaces. Et je sais reconnaitre un maléfice ou une influence néfaste lorsqu'ils se présentent à mes yeux. Je pense que tu n'es pas dans ton état normal, Général des mers.

De la main, je commençais à dessiner une figure de glace dans les airs. Le combat pouvait débuter.

Le Verseau feintait de ne pas savoir mais en réalité il était parfaitement au courant de ce qu’il s’était passé en Alexandrie quelques années plus tôt, Nereus en était persuadé en tout cas. Pour le borgne tous les chevaliers de la précieuse déesse Athéna étaient à mettre dans le même sac, tous sans exception ! Ils avaient massacré tant de personnes sans aucune pitié, tant de personnes avaient dû souffrir avant de mourir par ce poison dont la source n'était autre que Nimue. Alors que son œil vide brulait de plus en plus, l'intensité de la cosmo-énergie du Kraken continuait de grimper en fleche. A ce rythme le général lui même allait exploser.

« Les conséquences ? C’est toi qui viens me provoquer avec tes grands airs ! Vous les Saints êtes tous pareils, fiers, arrogants se croyant au-dessus de tout ! Tu vas payer pour tous les autres chevaliers qui ont participé au massacre de la cité ! »

Son katana semblait réagir aux fluctuations d'aura du général, brillant d’un éclat sombre de plus en plus prononcé. La garde vibrait entre dans la main du jeune homme demandant sa dose de sang. Oui elle aurait sa dose, le sang d’un protecteur d’Athéna. Cette fois c’était définitif, Nere perdait pied et Endymion n’était pas là pour le ramener à la réalité. Car oui s’attaquer à un allié pourrait valoir de lourdes conséquences entre le Sanctuaire Sous-Marin et les guerriers de la Déesse Athéna.

« Sorcier des glaces ? Arrête de te lancer des fleurs et viens te battre ! Puisque je suis sur ton territoire à toi l’honneur de débuter les hostilités chevalier ! »

Nereus avait occulté le passage sur ton état, ce maléfice dont parlait Kilian. Etat normal ou pas il avait simplement envie d’enfoncer sa lame dans le ventre de ce chevalier. C’était à lui de payer pour tout ce qu’il lui arrivait, Alexandrie, son œil, sa vie….

Folie, rage, démence, violence.
L'homme qui se tenait devant moi n'était rien d'autre qu'une boule de fureur. La logique, la raison ne pouvaient l'atteindre. Il n'était plus réellement un individu à part entière mais un monstre, au sens littéral du terme. Or, il était de mon devoir de détruire cette menace. J'espérais pouvoir le sauver du mal infâme qui semblait le ronger, mais dans le cas contraire je ne devrais pas hésiter à faucher sa vie. Car au final, le danger restait trop grand. Qu'est ce qui avait pu mettre un général de Poséidon dans un tel état ? Ses airs étaient-ils au courant de sa déchéance ? Trop de questions qui devraient atteindre avant de trouver une réponse digne de ce nom.

De toute manière, tu serais incapable de me prendre de vitesse.

Simple fait, non un jugement subjectif. Et pour prouver mes dires, j'usais d'un premier atout. D'un geste ample mais vif, je dessinais dans les airs une figure de pentagramme dans l'air qui s'offrit aux yeux de Nereus sous forme de glace étincelante. Instantanément, le Marina se retrouva alors geler de la tête aux pieds, incapable d'agir, de se défendre ou d'attaquer.
A mesure que mes bras se levèrent, mon cosmos grimpa en flèche et atteint son paroxysme lorsque mes mains se joignirent.


Poings brandis et unis vers Nereus, un rayon de glace proche du zéro absolu fusa vers le marina, ne lui laissant strictement aucune chance. Soumis à la plus terrible attaque du chevalier d'or du Verseau et à mon sortilège, le sbire de Poséidon allait vite comprendre son malheur. Mais ce n'était là que la première étape.
Libérant mes mains, je dessinais de nouveau une nouvelle figure avant de pointer le doigt vers Nereus. Ce dernier sentit aussitôt son esprit se perdre, devenir confus de la plus douloureuse manière. La glace qui paralysait le malheureux se densifia alors, l'emprisonnant de plus belle. Qu'importe ses efforts et l'effet maléfique du mal qui le rongeait, le guerrier ne pourrait s'en tirer. Tel était mon pouvoir de sorcier.
Placide, l'air indifférent, je me figeais pour observer la riposte éventuelle de Nereus.

Une fois que tu seras suffisamment affaibli, je graverais sur ton âme un sceau assez puissant pour neutraliser le mal qui te ronge. S'il te reste un peu de raison, facilite moi le travail.

Il était probable que je parle à un véritable mur. Mais je me refusais à le considérer comme une cause perdue. Qu'importe le voile d'obscurité, je demeurais persuadé qu'une part de l'âme de Nereus survivait.

Incapable de le prendre de vitesse ? Nereus ne l'entendait pas de cette oreille, lui qui était déjà prêt à foncer tête baissée sur le chevalier d'or. Mais curieusement alors qu'un pentagramme de glace s'était formé dans le ciel, sans doute sous l'effet du Gold, le Kraken se retrouva incapable d'effectuer le moindre mouvement. Pourtant adepte de la froid et de ses subtilités le borgne frémissait, exactement comme cette fois là en Asgard où il avait retrouvé Elyn. Malgré le froid ambiant et la couche de glace qui recouvrait son corps Nere arrivait à ressentir les émanations glaciales du cosmos de Kilian signe qu'il avait en face de lui un véritable maître de cet élèment.

Ne pouvant intervenir, il ne put qu'assister à la démonstration de force du chevalier d'Athéna, le Saint formant une jarre à l'aide de ses deux mains avant d'envoyer une déferlente d'énergie cosmique en sa direction, déferlente que le Marina ne put esquiver et qu'il se prit de plein fouet. Alors que l'ancien esclave pensait pouvoir se libérer pour pouvoir attaquer à son tour, la glace émise par le chevalier d'or se densifia avant de devenir encore plus solide que précédemment ne laissant aucune chance à Nereus qui se prit la seconde attaque du Verseau de plein fouet. La glace commençait à se morceler légèrement, laissant assez de liberté au Kraken pour se mouvoir légèrement et parler.

"Les Saints sont toujours adeptes des attaques en traitre à ce que je vois !" Maugréa-t-il alors que Kilian prenait la parole à son tour argumentant qu'il allait sceller le mal qui le rongeait. "Un mal qui me ronge ? Mais regarde bien Verseau, ce mal est une bénédiction ! Grâce à lui il ne m'a jamais été aussi facile d'enflammer ma cosmo-énergie !"

Mais quelque chose genait le gardien de l'Arctique, c'était comme si son esprit était embrouillé, incapable de fonctionner correctement. Le poison qui faisait des siennes ? Non c'était le Verseau qui jouait avec lui, incapable de faire autrement que de jouer... Comme les dieux, comme Poséidon, comme les familles nobles de la cité sous-marine. Faisant un pas en direction de Kilian il dit :

"Je vais te tuer, toi et tous les autres. Je vais tous vous tuer !" Il perdait pied, totalement.

Spoiler:

Une bénédiction ? J'avais beau observer cet homme, je ne voyais nulle marque d'un tel bienfait sur lui. Cette folie ne faisait qu'embraser son coeur, menaçant de le consumer à tout moment. Et pour quel résultat ? Nul.
Mon assaut premier avait eu l'effet escompté, et mon adversaire se trouvait déjà largement affaibli. Il ne me restait plus qu'à achever de l'affaiblir pour pouvoir l'aider réellement. Tout en prenant garde à ne pas céder aux sirènes de l'égo et de la suffisance. Une bête blessée est d'autant plus redoutable.
Incapable d'attaquer suite à ma malédiction, Nereus se contenta de me lancer des imprécations qui me laissèrent de marbre.

Cette force n'est même pas la tienne. Ton honneur de guerrier ne souffre t-il pas de ce pouvoir factice ? Si encore, tu t'en servais pour faire le bien, je pourrais comprendre mais dans un tel état, tu ne peux que détruire.

Pour le marina qui ne cessait de me traiter de lâche, l'ironie était saisissante. Mais je me doutais que dans un tel état d'hystérie martiale, il ne pourrait le comprendre.
Serein, détendu, voire désinvolte, je levais la main qui s’auréola d'une lueur étrange, presque mystique. Aussitôt une onde de glace fusa vers Nereus, menaçant de le priver de son oeil unique au moindre contact. Mais qu'il se défende ou non, cela ne ferait que retarder l'inévitable. Aorlin profita de cet assaut pour se ruer vers le général des mers et l'assaillir de coups vifs mais redoutables. Poings de glace, pieds gelés, mon ami enchaîna un ballet de mort ponctué par ma propre attaque. Aussi rapide que le vent du nord, j'apparus devant Nereus pour brandir un poing cosmique vers lui.


Le blizzard balaya la zone de combat, martyrisant de plus belle mon adversaire. Sa guérison serait à ce prix. D'un bond gracieux, je m'éloignais pour atterrir tout en douceur, sans quitter le fils des mers du regard. Inutile de le sous-estimer. Mon objectif était avant tout de l'affaiblir pour le soigner par la sorcellerie, ce qui risquait tout de même d'ouvrir des failles que ce guerrier pouvait exploiter. Je devais donc agir avec la plus grande prudence.

Le tuer, tuer ce chevalier qui prenait des airs de sauveur… l’étriper, l’éviscérer pour finalement enfermer ce qu’il resterait de lui dans des blocs de glace. Oui il exposerait son cadavre comme un trophée ainsi ils verraient tous sa puissance ! Cette force merveilleuse qui parcourait toutes les fibres de son être allait entrer dans la lumière et il serait tous obligé de la reconnaitre ! Plus les secondes défilaient et plus Nereus commençait à se remettre des enchantements de son adversaire, il allait pouvoir bientôt passer à l’action et se déchainer comme jamais. Le borgne attendait ce moment avec une excitation très particulière, il allait le détruire, le faire souffrir mille morts mais Kilian comprendrait sa douleur. L’entente entre les deux camps ? Le Kraken n’en avait strictement rien à faire maintenant seul le futur cadavre du chevalier d’or comptait.

« Détruire ? Oui je vais te détruire… » Cracha-t-il à l’attention de son adversaire alors qu’un sourire des plus sadique se dessinait sur son visage. La raison venait définitivement de le quitter, il n’y avait plus que ce combat qui comptait. Avec une victoire personne n’oserait plus remettre son statut en question, ils s’accorderaient tous à clamer que le Gardien de l’Arctique est un grand Général, Poséidon lui-même serait forcé de le reconnaitre.

Mais l’attitude désinvolte du Verseau commençait à agacer fortement le Kraken qui voulait plus que tout voir sa tête rouler sur le sol enneigé. Alors qu’une nouvelle attaque de glace se concentrait vers Nereus celui-ci invoqua rapidement un esprit de glace afin d’interchanger leur place.

« Apprends à choisir la bonne cible che… » Nere n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une nouvelle attaque le percuta de plein fouet l’envoya valser sur plusieurs mètres arrachant par la même occasion quelques arbres. Les membres engourdis par le froid, sonné par cette attaque qu’il n’avait pas vu venir, Nereus gisait sur le sol reprenant son souffle. « Merde je ne l’ai pas vu venir celle-là… » Prenant quelques secondes profitant de la distance que l’attaque avait laissé entre lui et son adversaire l’ancien esclave souffla quelques instants.

Quand le Marina se releva, son sourire avait quitté son facies laissant place à une expression de colère, néanmoins il avait l’air beaucoup plus sérieux qu’auparavant. Joignant ses deux mains, il invoqua un esprit de glace sous la forme d’une orbe. La seule différence entre son attaque habituelle et celle-ci était que l’orbe avait une couleur sombre, comme si les ombres entravant le cœur du jeune homme s’étaient matérialisées dans la glace. Alors qu’il tenait désormais l’orbe d’ une seule main il releva sa seconde main envoyant une multitude de pics de glace vers le Verseau puis il lança une fraction de seconde plus tard l’orbe qui explosa juste avant le contact présumé. Une vague glaciale se répandit alors sur toute la surface de combat, nul doute que des gens normaux peu habitués aux basses températures auraient succombé depuis longtemps.

« Qu’en dis-tu chevalier ? C’est assez froid pour toi ? »

Folie.

Spoiler:

La réplique venait enfin. Mais bien tardivement.
En pleine possession de mes moyens, contrairement à mon adversaire, j'attendais juste le bon moment pour clôturer le combat d'une touche positive, bien qu'ardue. Malgré une expression neutre, je compatissais au sorte de cet homme. Son âme n'avait plus voix au chapitre. Qu'il fut un individu bon ou mauvais, son libre arbitre n'était plus. Et si quelqu'un pouvait encore le sauver, c'était bien moi. Poséidon venait de faire preuve de générosité en le plaçant sur ma route.
Le froid qu'il invoqua me mit aussitôt sur mes gardes. Quelque chose clochait.
Sa maitrise de la glace était admirable, quoiqu'encore imparfaite, mais la noirceur qui imprégnait son cosmos et son gel me déplut réellement. Corruption, malheur, destruction aveugle. La pureté de la glace immaculée, n'était plus chez lui.
D'un geste, j'usais de mes pouvoirs de sorcier pour annuler les effets de ses assauts. On n'était jamais assez prudent. J'encaissais la première, avant d'être propulser en arrière par le second. D'un bond agile, je retrouvais le sol avant de repartir à l'assaut.
Un battement de cils, et je me retrouvais devant Nereus, le frappant d'un poing ravageur et gelé. Une seconde encore, et ce fut mon pied qui percuta son estomac. Je saisis alors les cotés de sa figure pour sauter au dessus de lui, déposant au passage deux pentacles miniatures. Par l'élan de ma chute, je le propulsais dans les airs avant de pointer de nouveau sur le général des mers un sortilège qui glaça ses membres de la plus douloureuse manière.

Ce combat touche à sa fin. Quelque soit la puissance de cette malédiction, elle ne te permettra pas de me vaincre. L'écart est bien trop grand. Mais rassure toi... Tu sortirais vainqueur au bout du compte.

Confiant en Aorlin pour protéger mes arrières, je posais mes mains sur le sol et fermais les yeux pour me concentrer. Ma chevelure volant au vent, mon cosmos s'embrasa à mesure que le sol glacé se recouvrit d'un pentagramme azuré. Au centre ? Ma proie. Ou plutôt le bénéficiaire du sort que je m’apprêtais à lancer. Un fait inédit mais en lequel je restais totalement confiant. Néreus, prépare toi à retrouver ton âme !

Cette expression neutre, cette attitude impassible Nereus n’en pouvait plus. Il voulait ne serait-ce qu’une fois avant de tomber voir une réaction sur le visage de son adversaire. Car oui il allait bien tomber. L’avance que le Saint du Verseau avait pris habilement au début de leur affrontement était décisif. Bien que sous l’emprise de la folie le Kraken savait que la défaite allait être inévitable mais il n’abandonnerait pas. L’idée de voir la tête de ce serviteur d’Athéna au bout d’une pique était toujours aussi alléchante alors s’il pouvait faire quelques dégâts avant de mourir il n’allait pas s’en priver. Le Verseau bien qu’encaissant une des deux attaques du Marina ne présentait aucun signe d’un quelconque effet. Nereus était bel et bien tombé sur un adversaire plus fort que lui. Alors que Kilian s’apprêtait à le frapper à l’aide d’un enchainement pour le moins rapide et redoutable, le borgne eut tout juste le temps de se protéger des coups physiques à l’aide de son cosmos, créant une fine particule d’énergie l’enveloppant. Si le Verseau voulait frapper ce n’était pas physiquement qu’il y arriverait, enfin pour l’instant….

« Si je ne peux te vaincre je peux au moins t’assurer que tu garderas un souvenir de moi chevalier ! » Rapidement Nere invoqua des esprits qui apparurent sous la forme d’ombre, il y en avait une bonne vingtaine, jamais il n’avait tenté un aussi grand nombre d’invocation. Le poison… Oui c’est grâce au poison que le jeune homme venait d’arriver à déployer un tel potentiel, il en était convaincu.

Une nouvelle fois alors qu’il s’apprêtait à envoyer sa plus redoutable attaque sur son ennemi, Nereus fut pris de vitesse, rapidement immobilisé par la glace de Kilian. Il perdait de plus en plus de force et de plus en plus vite, l’issue du combat devenait certaine. Alors qu’il avait un genou au sol, le gardien du pilier de l’Arctique frappa au sol de toutes ses forces avant d’envoyer ses ombres envelopper le Verseau.

« Darkness Execution !!! »

Les ombres enveloppèrent alors Kilian et explosèrent par la suite. Sans attendre si son attaque avait eu l’effet escompté, Nereus fit apparaitre l’ombre du Kraken au point d’impact afin de l’entraver au mieux.

« Ne crois pas que je vais abandonner si facilement. Je veux te voir souffrir chevalier même si ce sera la dernière chose que je dois faire ! »

Déterminé, déchainé le Kraken voulait plus que tout faire souffrir ce Saint impudent. Même si une partie de lui, infime reconnaissait la supériorité du chevalier d’Athéna.

Spoiler:

Pauvre fou.
Dans un ultime élan de furie, Nereus déploya ses arcanes dans le but unique de me blesser, non de me vaincre. Cette attitude suicidaire suffisait à elle seule à prouver l'étendue de son mal. Et je ne pouvais le laisser dériver de la sorte. Mon honneur était désormais en jeu. J'encaissais de plein fouet son assaut, sentant un filet de sang coulait le long de ma machoire, mais totalement concentré, mon air sérieux et digne ne changea pas. Blessé certes mais bénéficiant encore de mes facultés, contrairement au général des mers. Par une seule attaque je pouvais souffler sa vie, je le savais et lui aussi probablement. Pourtant le but recherché était tout autre.
Ma proie était déjà marquée. Il ne me restait donc plus qu'à achever le rituel. Anticipant mon action, Aorlin apparut dans le dos de Nereus pour l'enserrer dans une poigne puissante. Je posais alors les deux mains sur le sol, sans quitter du regard ma cible.

Tout va désormais s'achever. Tu vas retrouver ta liberté, général des mers.

Non sans douleur, mais je me garder de ce commentaire.
Mon cosmos s'embrasa pour atteindre rapidement son plein potentiel. En écho le sol s'illumina en déployant sur sa surface la figure d'un pentagramme aveuglant. Le sang battait à mes tempes, menaçant ma concentration, mais je tins bon. Un tel sortilège n'était pas à la portée du premier venu, et je n'avais que très rarement eu l'occasion d'user de ce type de maléfice. Le danger pour mon esprit demeurait donc grand.

La glace tracée sur le sol explosa pour fuser vers le torse de Néreus, comme attirée par un aimant. Une lumière ardente illumina une petite parcelle de la peau du général des mers, à quelques centimètres du coeur, révélant la figure d'un magnifique cristal de glace éternelle enchâssée directement dans sa chair. Mais la création de ce réceptacle unique n'était que la première étape de mon sort. Ses pouvoirs amplifiés par mon cosmos, le cristal se mit à vampiriser le sang maudit de Néreus, purifiant dans la douleur son esprit de l'influence maléfique de ce poison. Les traces de ce dernier se retrouvèrent en quelques minutes emprisonnées dans le cristal de glace. Une geôle assez solide pour résister à la mort même de son hôte.
Epuisé par l'effort, je restais quelques instants les yeux clos. La sueur qui ruisselait de mon visage et dans mon dos avait gelée par l'effet de mon cosmos mais je n'eus cure. J'espérais que le sort avait fonctionné, car sinon je devrais reprendre la lutte pour éliminer la menace représentée par ce général des mers. Et en toute franchise, je ne l'espérais pas.

Le retour en arrière n'était plus possible, son septième sens atteint et ce malgré la flamme de sa vie qui vacillait Nereus venait de s'employer à blesser son adversaire. Plus rien ne comptait mis à part le blesser, voir cette expression d'indifférence virer à celle de l'horeur ou de la douleur. Oui c'était ça, Nere voulait voir un autre facies sur ce visage si impassible ! Quitte à mourrir autant emporter un petit souvenir non ? Ce combat ne faisait qu'accélérer le processus du poison, au moins il ne mourrait pas à petit feu mais lors d'un combat, comme un guerrier. Car c'est ce que le natif de Constantinople était, un simple guerrier. Rien de plus. Pourquoi vouloir être ce que l'on n'est pas de toute façon ? Cette écaille qui avait choisi le borgne pour porteur, elle s'était trompée voilà tout. Choisir un être aussi futile que lui ne pouvait être qu'un choix erroné.

Un sourire carnassier s'étira le long de ses lèvres, sans doute pour la dernière fois, lorsque son attaque fonctionna à merveille ! Voilà la preuve que le poison était une bénédiction ! Sans lui son attaque aurait été impossible à lancer, autant d'âmes et d'esprits d'un seul coup ce n'était pas à sa portée en temps normal. Mais le sourire que Nereus affichait ne resta pas bien longtemps, l'expression du Verseau ne changea pas d'un iota malgré l'attaque qu'il venait de se prendre.

"Putain tu vas la changer ton expression oui ?!?"

Le marina devenait presque enragé, une colère folle l'enveloppait de plus en plus à tel point qu'il n'écouta pas les paroles de Kilian trop occupé à foncer dessus avec pour seul objectif de lui arracher la tête. Plus que quelques mètres séparaient les deux combattants et alors que sa cible était toute proche, le sol s'illumina sous ses pieds paralysant le Kraken presque instantanément. La suite était tout simplement surréaliste, un cristal de glace se formait devant la poitrine de Nereus, à quelques centimètres de son coeur et semblait aspirer son sang !

"Mais que ..."

Nere ne put rien dire d'avantage, la douleur était trop violente, presque insupportable. Une fois la curieuse opération terminée, le borgne était comme vidée, son cosmos baissa en intensité, son agressivité semblait s'être évaporée. Dès que l'emprise du Verseau se stoppa, Nereus tomba à genoux, fixant son adversaire un léger sourire aux lèvres avant de complètement s'effondrer sur le tapis de neige. "Merci" Puis plus rien, le calme était revenu, seul subsistait un paysage de désolation, résultat d'un affrontement des plus violent.

Un environnement ravagé par les glaces. Arbres arrachés, sol gelé, animaux sylvestres à jamais emprisonnés dans le gel cosmique. Le spectacle était loin d'être réjouissant.
La seule consolation restait le fait que mon sortilège venait de fonctionner à la perfection. Satisfait, je m'autorisais un soupir de soulagement. J'essuyais d'un revers de main la sueur sur mon visage et observait le malheureux qui venait de chuter. Il s'en remettrait, c'était le principal.
Mais je m'interrogeais toujours sur les causes du mal pernicieux qui avait manquer tuer Nereus. Malgré des années de recherches dans bien des domaines, je n'avais jamais entendu parler d'une drogue assez puissante pour plonger un être au potentiel tel dans un état de folie similaire.
Fort heureusement, le sortilège que je venais d'employer était puissant et ne romprais pas avant longtemps. Cela devrait permettre au général des mers de trouver un remède.
Après ces quelques instants de pause, je me dirigeais vers les frondaisons pour y trouver ma cape blanche qui avait été arrachée à mes épaulières durant le combat. Je la saisis et épousseter le gel qui s'y été agrippé. Ceci fait, mon pas me mena vers ma victime inconsciente et je le couvris du tissu pour éviter qu'il reste exposé au froid mortel plus que nécessaire. Même si son écaille le protégerait en temps normal, mes assauts précédents pouvaient l'avoir abimer.
Ceci fait, je partis chercher du bois et commençait à allumer un bon feu à quelques pas de Néreus, après avoir déblayer le givre sur le sol proche. Lorsque le foyer commença à prendre, je me saisis de longues feuilles de chêne et en fit en quelques minutes une petite nasse. Ce récipient de fortune fut suffisant pour me permettre de faire fondre assez de neige pour obtenir un peu d'eau fraiche.
Mes doigts sur la jugulaire du général des mers, je m'assurais que son sommeil n'était pas devenu éternel. La guérison serait longue et fastidieuse, mais au moins il s'en sortirait.
Le mal qui avait couru dans ses veines pouvait avoir affaibli son système nerveux. Si on couplait ce risque avec les coups que je lui avais asséner, nul doute qu'une sérieuse épreuve attendait Nereus sil voulait récupérer l'usage total de ses facultés. Tout allait dépendre de lui et de sa volonté.

T'es-tu injecté ce mal de plein gré, général des mers ?...

J'ignorais s'il pouvait m'entendre, mais la question fusa néanmoins. Une telle perspective me laissait pantois, mais je ne pouvais l'exclure. Sacrifier son espérance de vie et son âme pour obtenir un léger surcroit de puissance... Je n'en comprenais vraiment pas le but.