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 Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]

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Message Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 28 Fév - 1:40
La première impression que j’avais eu en rejoignant les couloirs du Dédale de chair avait été quelque peu décevant, il me fallait bien admettre. Heureusement, Zvezdan en avait montré une facette qui avait su me plaire et par là même, me rassurer, dans ses quartiers privés. Je prenais conscience du chantier qui allait bientôt refaçonner ce qui deviendrait plus tard mon refuge. Moi-même, en rejoignant mon domaine dans la grotte des crânes, j’avais ressenti avec cette architecture en ossature une sorte de résonance. Ma cuirasse m’avait donné le pouvoir de redessiner les contours de mon nid à mon image. Seulement, pour y parvenir, il fallait me découvrir, comme je devais apprendre à connaître plus intimement cette cathédrale vivante.

À cette fin, j’avais passé plusieurs jours à explorer les couloirs organiques qui ouvraient sur des places ayant chacune leur identité. Dans le même temps, plusieurs créatures monstrueuses s’étaient présentées sur ma route. Des manifestations dont j’ignorais si je devais les accepter comme des éléments banaux ou non, aux yeux de ce que devait être cette citadelle à sa création. Aelinor m’avait laissé entendre que ça avait pu être différent. Toujours est-il que la première impression m’était restée en bouche, désagréable. Et je ne pouvais décemment demeurer enfermée trop longtemps dans cet environnement que je jugeais oppressant. Était-ce de me sentir observer à tous les instants, au moindre de mes gestes ?

Parce que je voulais m’échapper de cela, je pris l’initiative de me perdre quelques temps dans les forêts ombrageuses qui étreignaient l’antre d’Arès. J’y découvrais une brume permanente, rendant indistincts les formes et les sons alentour. En outre, un territoire où il ne faisait pas bon de se tenir si l’on était une proie. Et d’évidence, j’en avais l’apparence, au vu des bruissements que j’entendais non loin, autour de ma position. Dans la pénombre des arbres inquiétants, je voyais sortir des silhouettes inhumaines. Non pas de simples bêtes, mais une meute de loups anormaux. En effet, leur taille les rapprochait davantage de monstres lugubres, la chair à demi putréfiée, une lueur translucide dans leurs yeux affamés.

Selon toute vraisemblance, le Dédale était un poison pour cette forêt. Une épidémie propice à d’étranges mutations, justifiant que peu de villages aient survécu dans les environs proches de cette bâtisse macabre. L’expression placide, je constituais sur ma peau la cuirasse de cette Mort qui m’avait choisie. Et de mon essence, commençait déjà à se détacher plusieurs serpents qui me serviraient de renfort dans cette lutte inéluctable. La tension palpable, l’un de ces monstres prit l’initiative de rompre le silence, et d’anéantir d’un bond véloce la distance qui nous séparait.

Reculant vivement, je laissais mes alliés ophidiens planter leurs crocs venimeux dans sa fourrure à moitié décharnée. Un poison qui devait immédiatement le foudroyer sur place, pour le voir gésir contre la terre. Dans le même temps, deux autres de ces créatures m’attaquaient en mon dos, me dominant par leur stature. Des griffes et des crocs que j’esquivais avec une grâce donnant l’illusion d’une danse harmonieuse, comme si je me calquais sur leur respiration, leurs émotions sauvages. À cet instant, ces loups se laissèrent confondre dans une confusion qui me donnait l’opportunité de leur porter un coup fatal. Aussi, fis-je apparaître de mes doigts des griffes spirituelles venant fendre leur chair et distribuer un nouveau poison qui viendrait noircir leurs veines.

Deux nouvelles carcasses nourriraient cette forêts. Un état de fait que mes adversaires inconscients ne prendraient pas le temps de réaliser. Car déjà, mon regard s’était arrêté sur le colosse que j’avais identifié comme étant l’alpha. Et à peine mes premières victimes se couchèrent-elles au sol que je me trouvais à portée de ce dernier, passant ma main sous sa mâchoire pour le transpercer et atteindre son cerveau. Une attaque qui suffirait à mettre en déroute cette meute présomptueuse, me laissant le temps de porter aux lèvres le sang qui trempait mes doigts. Un sourire inhumain sur les traits, déparé pourtant de sadisme. J’étais simplement une prédatrice qui s’était imposée devant des compères présomptueux.

Faisant disparaître ma cuirasse, je laissais mes habits amples desserrer ma silhouette gracile. Je possédais sur mon front deux petites cornes qui me donnaient un léger air inhumain. Pour autant, ma stature fluette et mes traits fins me donnaient un air vulnérable, qui avait manifestement trompé les créatures de cette forêt qui allaient maintenant retenir mon existence pour le danger que je représentais. Une chasseresse bien douce, comme le montrait mes prochains gestes. M’abaissant au niveau des monstres que j’avais défait, j’en caressais tendrement la fourrure, témoignant le respect que je leur portais. Intérieurement, je leur souhaitais de tirer les leçons de cette erreur, pour qu’à leur prochaine vie, leur âme s’en trouve grandie.

Un moment où j’apparaîtrai rêveuse, interrompue par un nouveau bruissement dans les fourrées. Une autre de ces bêtes venait-elle tenter sa chance ? Me relevant, je me tournais en sa direction. S’il s’approchait assez, il me trouverait une peau sans aspérité ni imperfection, comme si je venais de naître. Une douceur que le carmin de mes proies rendait glaçante. Malgré tout, j’essayais de ne pas paraître hostile, quand bien même l’aura que je dégageais instillait un vif sentiment de danger. N’incarnais-je pas, après tout, la Mort ?
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 28 Fév - 3:08
Le future était prometteur, il pouvait le sentir. Il pouvait l’entendre. Il pouvait presque déjà goûter l’odeur du fer dans l’air et les larges peintures rouges et prenantes des carnages à venir.

Et son esprit était en ébullition.

Il ne convenait pas de calmer son impatience aux dépens des soldats du Dédale, il valait donc mieux laisser son vacarme prendre forme dans les terres sauvages. Il n’était pas sorti depuis un moment, l’air frais lui ferait du bien. Lui ferait oublier les plans, les stratégies. Tant de complications et de fioritures à un art si simple et beau. Donner la vie n’était pas donné à tous. Mais enlever la vie était un droit universel. Et un droit si facile à exercer, peu importe ce que les sociétés modernes tentaient d’en dire. L’humanité avait transformé la mort en une chose taboue. Interdite, punissable et reprochée. Quelle injustice. La mort était une chose aussi belle que courte. Un si court instant, suspendu dans le temps et l’espace. Où tout arrête, plus rien n’a d’importance. Cet ultime moment de conscience et de réalisation. Une lumière éternelle qui s’éteint dans les yeux d’un corps temporaire. Rien n’était plus beau. Et c’était bien une des raisons pour lesquelles il était ce qu’il était aujourd’hui. Il tuait par passion. Il brisait par dévouement.

Il dévorait par jalousie.

Il courait dans les bois, de colline en colline, de branche en branche. La nature avait quelque chose d’exutoire. Aucune loi, aucune obligation. On ne pouvait enfreindre ce qui n’existait pas pour être enfreint. Le monde vivait sans se souvenir, sans se soucier, sans rien. Une simplicité que la race humaine n’avait de cesse de vouloir compliquer. Et il riait de cette utopie, d’un rire clair et puissant au sommet d’une falaise surplombant une vallée parmi tant d’autres à l’est du Dédale. Les corbeaux s’envolent, dérangés par cet éclat trop près pour le confort. Un large sourire aux lèvres, il regarde les volailles s’envoler en croassant. Son regard suit les battements d’ailes quelques secondes, et dévie progressivement alors qu’il entend le hurlement des loups. Depuis sa position, il les trouve rapidement. Prédateurs, carnassiers bestiaux rendus d’autant plus impressionnants par leur proximité à la Forteresse de Chair. La maison d’Arès avait tendance à avoir cet effet sur les créatures faibles. Il les regarde, un air amusé au visage, enroulé dans les plis sombres qui forment désormais son apparence. Il peut le sentir d’ici ; le parfum de la chasse. La meute est en formation. Il cherche la proie des yeux. Ses iris d’acier parcourent la vallée quelques secondes.

Et ses yeux de plissent, un sourire toujours aux lèvres.

De seconde en seconde, lentement, de façon presque imperceptible, sa tête se penche sur le côté alors qu’il observe le combat en contrebas. Si la chose pouvait être appelée ainsi. La musique qui atteignait ses oreilles n’avait certainement rien d’un affrontement. Davantage dans les notes d’un troupeau de moutons qui entrent de leur propre chef sur le plancher d’un boucher, persuadés de leur bon droit. L’instinct animal a de nombreux bons points pour lui, mais même le monde animal n’était pas à l’abri de l’hubris et l’erreur. Si puissantes bêtes, réduites au silence par une forme si menue. Si fluide. Si… mortelle.

Son sourire s’élargit, alors qu’une lueur de reconnaissance apparait dans ses yeux. Sur sa falaise, il se penche d’un air intéressé, ses longues mains empoignant la roche. Que voilà une chose intéressante. La forme encapuchonnée se lève lentement, la tête toujours penchée dans une posture curieuse. Pour ensuite simplement franchir le pas par-dessus le rebord, et chuter du haut de la falaise. Quelques secondes s’écoulent, l’air sifflant dans ses oreilles et rabattant la capuche sur ses épaules. Et il atterrit dans un mélange de terre frappée et de bruissements de branches et de feuilles au bas du mur de pierre. Accroupi sous la broussaille, dissimulé comme dans une mauvaise partie de cachette avec une amie involontaire, il lève les yeux d’un air curieux pour observer la réaction de celle qui lui faisait maintenant face un peu plus loin. Une chose si frêle, si menue, si mignonne.

La nature faisait encore des siennes.

« Une chanson si douce, une main si souple. Tant d’attention pour une si belle destruction »

Encore accroupi au niveau du sol, son corps s’allonge vers l’avant, soulevant les protestations de la broussaille autour de lui. Il émerge peu à peu, avançant d’une démarche quadrupède dérangeante près du sol. Ses mouvements fluides, déplacent à peine la terre. Ses vêtements amples ondulent d’une façon étrange, alors qu’il semble glisser sur l’environnement à mesure qu’il s’approche.

Il hume l’air. Une, deux, trois fois. Longuement, profondément. Expire d’un souffle rauque, le sourire éternel aux lèvres. Depuis sa forme jusqu’ici presque compressée au sol, un bras long, presque trop long, s’étire jusqu’à une branche â deux mètres du sol, lui servant d’ancre pour peu â peu se redressée en une large forme encapuchonnée. Tel un spectre muet, il se contente d’observer la jeune fille devant lui, intrigué. Et il hume l’air une nouvelle fois. L’odeur du sang frais lui chatouille les narines, lui arrache une expression bienheureuse l’espace d’une seconde. Il l’observe, mains lentement jointes devant lui en une posture… moins menaçante qu’à l’accoutumée. Après tout, il n’était pas inconscient non plus. Il pouvait entendre les notes stridentes. Les crescendos qui n’attendaient que de jouer. L’aura de menace qui émanait de cette frêle forme. Si son sourire était moins large, il n’en restait pas bien présent et presque invitant.

Pour ainsi dire.

« Une odeur familière, sœur de carnage, mère de renouveau. La Mort s’incarne à nouveau, voilée derrière déception et illusion. » Un rire bref. Aussi rapide que disparu. « Une apparence bien pensée pour une ère de mensonges et de politiques stériles. »

Il était aimable. Il était poli. Il était terrifiant, mais accueillant. Sa posture n’était en rien menaçante; seulement sa nature profonde. Ses mains étaient calmes, griffues comme celles d’un fauve. Son visage était taillé avec soin, et sa peau grise et surnaturelle. Son sourire était omniprésent, rempli de crocs acérés. Et son regard était aimable, et perçant de sa couleur d’acier. Ses vêtements étaient simples, amples mais propres, lui donnant l’air d’un faucheur tout droit sorti des légendes que les paysans racontaient pour effrayer leurs enfants.

Après tout, les premières impressions sont importantes, non?
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 28 Fév - 15:32
Quelle ne fut pas ma surprise en voyant quelle silhouette imposante apparut de la pénombre, toute accroupie qu’elle était. Une pensée éphémère me laissait croire que cela pouvait être un autre prédateur de cette forêt dangereuse. Seulement, il avait pour lui cette apparence humanoïde, comme un indice qu’il pouvait être un enfant du Dédale, ou un guerrier d’Arès. Peut-être était-il ce Venceslas dont Aelinor m’avait parlé ? En tous les cas, quelle qu’était sa nature, l’âme de cette créature était bien poétique. Un compliment qui m’attirait un sourire, bien que je demeurais vigilante. Au moindre geste hostile, je pouvais bien abréger ce début de conversation. Quelque chose qu’il me serait pénible d’accomplir, car cette existence m’intriguait.

Alors qu’il s’avançait à l’instar d’une bête, à la manière d’un étrange serpent, je demeurais immobile. Non loin, les serpents que j'avais fait naître s'entretenaient sur la Vie qui leur avait été offerte. Et à mes pieds, la carcasse de l’un de ces loups qui gisait dans son sang. Une offrande à la nature, qui se repaîtrait bientôt de cette chair pour faire grandir de nouvelles vies. Car ainsi fonctionnait le Cycle. Une règle naturelle à laquelle personne n’échappait. Sans doute, les dieux eux-mêmes obéissaient-ils à ce principe. Après tout, Arès ne donnait-il pas l’apparence de se faire lentement dévorer par le Dédale qui l’avait jusque là abrité ?

Un lueur intense logée au fond de mes yeux, je regardais quelle vitalité animait cette forme imposante, si émerveillé par son environnement. Cette simple observation entrait en résonance avec mon âme, ce qui ne pouvait que lui donner des points, avant même que nos noms ne soient échangés. Alors, je le vis se relever de toute sa hauteur, pour se donner une envergure qui devait être bien intimidante pour le commun des Berserkers. Dans mon cas, je cherchais déjà à voir au-delà de ce qu’il me montrait. Dans l’énergie spirituelle qui faisait de ce corps une entité habitée, incarnée. Une incarnation qui aurait pu vouloir fermer la mienne. Mais au lieu de ça, je lui lisais une prudence dans ses gestes, attentif à ne pas me donner prétexte de l’estimer comme ces fauves qui s’étaient rués en meute sur moi. Plutôt que d’alimenter le feu de la menace se consumant entre nous deux, je lui trouvais l’attitude d’une personne qui souhaitait l’éteindre, avenant.

À cette lecture, j’étirais mon sourire, que je voulais amical. Si le sang maculait mes habits, je n’avais pas l’habitude de le verser aveuglément. Une Vie doit se fermer lorsqu’elle est rattrapée par sa Destinée. Et je n’étais pas assez prétentieuse pour m’estimer ainsi, toute Mort que j’incarnais. Je ne devenais cette sinistre Destinée qu’à l’instant où le choix ne m’était pas laissé, commandée par les lois que cette Nature avait dessiné pour nous tous, êtres vivants assoiffés d’expériences. Et les expériences dont j’avais fait la démonstration, momentanément, se trouvaient traduites dans la poésie de ce monstre fort observateur. Une acuité rare, capable de traduire profondément qui je pouvais être. Dans le même temps, cette chose esquissait qui il était, la défiance qu’il éprouvait envers les nouveaux architectes de cette époque. Était-il possible qu’il ait été blessé ?

– Il semble que vous ayez compris ce que j’incarne ici. Mais avez-vous bien compris qui je suis ?

En effet, je m’interrogeais sur le voile qu’il m’avait prêté, faisant de moi une existence déçue, aveuglée par ses rêves. Non pas que cette pensée me froissait. J’étais simplement intriguée par le regard qu’un étranger pouvait donner de moi. L’impression que je pouvais laisser à qui me rencontrait pour la première fois. Dans ces esquisses, je pouvais moi-même me figurer le portrait de la personne qui me dessinait.

– Je n’ai gardé de mes vieilles vies que mes sentiments. Je suis une jeune existence, inconsciente du visage que s’est trouvée cette ère, et des autres masques qu’elle put porter, à d’autres époques. À présent, circule dans ses veines le venin de mensonges travestissant cette Vie qui nous a vu naître. Et vous avez soif de lui trouver le remède approprié. Celui de la Mort qui permet à cette Vie de se répéter, pour suivre la Voie qui la verrait Grandir. Ai-je bien capturé votre regard ?

Avançant délicatement un pas devant l’autre, je dessinais un arc de cercle pour contourner ce nouvel interlocuteur, me rapprochant indirectement, tout en entretenant ce minimum de distance que me conseillait ma prudence. Je le jaugeais, cherchais à mieux le cerner. Je visais à regarder en lui, comme il s’attelait à regarder en moi. En cela, il m’épargnait bien des efforts, car rare étaient les âmes disposées à se prêter naturellement à cet exercice. La plupart préféraient les illusions, celles que ce monstre dénigrait.

– Je me nomme Morrigan, cardinal de la Mort. Et vous êtes ?
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 28 Fév - 18:15
Sourire poli, devenu sourire heureux.

Il avait vu juste. Il connaissait ce parfum inimitable. Cette odeur rance qui pourchasse la Vie depuis que la première conscience de ce monde s’était éveillé. La Mort et son doux parfum, enivrant et repoussant tout à la fois. C’était bien elle qui chatouillait ses narines, à travers la terre, les feuilles, la fourrure et le sang séché sur les organes répandus. Et elle avait bien changé.

Immobile, statuesque, il laissait son regard la suivre doucement dans sa démarche, alors qu’elle commençait pas après pas à tourner autour de lui, toute fauve inquisitrice qu’elle était. Elle lui répondait, prudente et curieuse, jaugeant ses gestes, ses réactions. Une Mort bien prudente que celle-ci. L’ambassadrice de la fin de toute chose craignait-elle donc tant rencontrer sa propre fin aux mains du colosse gris? L’ironie faisait se secouer ses épaules d’un bref ricanement qu’il serait le seul à comprendre. Même entre les branches, il entendait le vent siffler une mélodie moqueuse, comme si la forêt elle-même reprenait son hilarité. Était-il donc si menaçant pour inciter la prudence à la Mort elle-même?

Elle tournait, elle observait, et elle parlait. Elle reprenait ses mots, leur donnait un sens qui lui semblait bon. Elle était dans son dos maintenant, décrivant le nouveau de sa conscience, l’ignorance de son âme. Une créature d’instinct, portée par une marée infinie qu’elle n’a pas moyen ni destin de se retourner pour définir. Une marée rouge et profonde, aux sons graves et intemporels. Les mains cadavériques émergent de l’océan carmin, pour l’élever sur le piédestal qui est le sien. Une parmi tant d’autres. Mais même à travers le mystère et l’oubli, elle sait qui elle est. Un nom et un titre. Nul besoin de davantage dans ce monde voué à mourir.

Mais d’abord.

Quelques secondes durant lesquelles ses épaules sont secouées d’un rire franc, son visage caché. Puis, sa forme se plie sans plus de cérémonie, son torse penché vers l’arrière avec un mélange de comique et de craquements étranges. Son visage inversé se présente à son interlocutrice, un large sourire retourné à l’apparence d’un rictus mauvais.

« Prose grandiose, poésie et philosophie. Tant d’illusions nouvelles ajoutées à une fresque infinie. » Sa langue fourche entre ses dents, réflexe inconscient qui traduit son amusement. « La Mort précédente était un colosse fauchant armées et nations avec fer et puissance. Une mélodie bien simple, mais si belle à sa manière. »

Un craquement sonore, et sa posture se relève droite, tournant à nouveau le dos à la jeune Mort. Pour un bref instant. Ses pieds se déplacent, ses bras s’écartent. Mouvement amples, posture large, tissus au vent en vagues sombres sur sa forme pivotante. Une grandiose présentation, empreinte de théâtralité et d’enthousiasme. Il appréciait cette nouvelle mort. Il avait apprécié la précédente mort aussi. Mais le changement a toujours du bon. Une nouvelle approche, une nouvelle stratégie. Voilà qui ferait plaisir à Zvezdan. Peu importe la forme qu’elle prendrait, la Mort trouverait toujours son chemin, inéluctable comme au premier jour.

La musique sombre vibrait dans ses oreilles. Comme une ambiance travaillée, grave, oppressante. Il se sentait encadré, sublimé, car il connaissait les subtilités de cet orchestre. L’accalmie, le bref moment de calme. Le calme avant la tempête. Tempête de sang et de destruction. Il pouvait le sentir dans l’air. Les nouveaux visages se multipliaient. Les anciens visages réapparaissaient. L’ambiance changeait, et la tension grandit. Il connait ces sensations, ces signes avant-coureurs. Le rouge draperait bientôt la tapisserie de ce monde à nouveau. Aux mains du Pontifex, de ses généraux. Sur ses propres mains, impatientes et tendues dans sa présente posture, s’inclinant avec une grâce surnaturelle devant cette frêle forme qu’il salue avec candeur.

« La Musique du fer guide mes pas, et le chant du Sang charme mon âme. Je poursuis l’odeur de destruction et chasse le monde et son Hubris. »

Son regard se relève, sourire moqueur au visage. Lui qui prêchait simplicité, le voilà qui s’épanchait de nouveau dans une prose ni demandée ni nécessaire. Contradiction ou manipulation, il n’aurait su le dire. Il était ce qu’il était.

« Mon nom est Alastair, Centurion du Dragon-Serpent. »
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 28 Fév - 21:23
Un drôle de ricanement sortit des poumons de ce colosse, qu’il m’était difficile d’interpréter pour le peu de mots que nous avions échangé jusqu’à maintenant. Une plaisanterie m’échappait dans cette histoire, d’évidence. Quand bien même, je ne m’y attarda pas très longtemps, trop occupée à décortiquer la moindre information qu’il m’offrait de bien des manières. Du moins, je serais passée à autre chose, si cette créature n’avait pas enchaîné sur un nouveau rire hilare alors que j’étais arrivée au niveau de son dos. Sitôt, il se prit de l’étrangeté de faire craquer ses os pour me toiser de son visage inversé du fait de sa drôle de posture.

Plissant les yeux un instant, je crus discerner dans son sourire une saveur désagréable. Et les paroles qui suivirent accentuèrent l’impression que cette Bête me prenait de haut. Une expérience que je connaissais bien, qui venait de se réaliser il y avait de ça quelques minutes, et qui s’était soldée par trois cadavres venant nourrir la forêt. Ce géant, m’invitait-il à ce que je termine sa destinée d’une semblable manière ? Par certains aspects, après avoir échangé avec le Pontifex, je m’étais attendue à rencontrer de ces caractères marginaux et bestiaux, qui ne respectaient que la force. Si mon verbe suscitait chez lui quelque chose de risible, devais-je parler suivant son langage ? Quels étaient ses mots, déjà ? Oui, une Mort qui fauche avec fer et puissance. Une mélodie qu’il préférait, manifestement, et que j’hésitais présentement à lui servir.

Cette hésitation instillait dans l’atmosphère une tension plus palpable. Car à présent, je cherchais moins à retenir les pulsions de ma cuirasse, qui rejoignaient présentement les miennes. Mais pour l’heure, je le laissais se redresser, silencieuse à ses insultes qu’il imaginait probablement trop énigmatiques pour que je les déchiffre. Je le laissais m’offrir sa plus belle représentation, car derrière son sarcasme, se dessinait une sincère joie à tisser une conversation en ma compagnie. Alors, se traîna le silence. Une musique sourde qu’il semblait savourer. Un plaisir que je lui laissais volontiers, gardant sur mes traits un sourire plus froid. Puis vint cette révérence extravagante, qui m’arracha tout de même une pointe d’amusement. Ce monstre était décidément fort comique, dans sa manière de se mouvoir.

L’écoutant s’étendre toujours plus sur la philosophie qui faisait battre son cœur inhumain, je confirmais un sentiment que j’avais perçu de lui. S’il était visiblement un amateur de la jolie formule, il prétendait trouver plus de sens dans les confrontations violentes où les os sont broyés, le sang versé. Puis tomba ce mot fort significatif. Celui de l’Hybris. Ainsi, il luttait contre la démesure. Un guerrier rêvant de renvoyer le monde à son plus simple appareil. À cet instant, un éclat de raviver la flamme dans mon regard. Une flamme que l’attitude de cet homme était parvenu à éteindre, pendant quelques secondes. Une flamme attisée par le sourire que m’adressait ce centurion, qui portait le nom d’Alastair.

À mon tour, j’arborai un sourire peut-être plus dangereux que ceux que j’avais montré jusque là. Cessant les circonvolutions prudentes, je rompais sans plus d’hésitation la distance qui le protégeait de la Mort.

– Alastair, donc.

Disais-je, le temps de m’approcher de lui, pour d'arriver à son niveau. À mesure que j’avançais, mon cosmos prenait une signature plus meurtrière. Dans le même temps, je scrutais les évolutions que son regard pourraient traduire. Se reculerait-il ? Contre-attaquerait-il ? Ou alors, se résoudrait-il à la Mort que je menaçais de lui offrir ? Arrivée à son niveau, j’effleurais son buste, le marquant du sang que j’avais volé aux loups qui m’avaient défié. Mes prunelles grisâtres, de rejoindre les siennes. Plutôt que de l’écraser, je cherchais à lire quelque chose en lui.

– Cette Musique du fer et ce chant du Sang, me feriez-vous la grâce de me la jouer ? Ou ne sont-ce là que des mots ? Une illusion de plus à ajouter à votre fresque ?

Par la proximité que je marquais, je signifiais là une invitation limpide. S’il voulait me convaincre de l’authenticité de ses mots, il allait devoir chercher à m’ôter la Vie. Et pour se faire, mettre en jeu la sienne.

– Je porte en mon âme un Monde que vous pourriez désirer attraper dans votre main avant de l'écraser. Car ce Monde que j’entends dessiner est gorgé de cette Hybris qui vous révulse tant.

Le sourire carnassier, j’allais me prêter à un jeu fort divertissant, à n’en point douter.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptySam 20 Mar - 6:48
Incompréhension ou manipulation, quelles étaient ses motivations?

Il n’aurait su le dire.

Il l’observait maintenant, alors qu’elle jouait un manège et une joute qu’elle semblait persuadée de voir se dérouler devant ses yeux. Était-il donc si repoussant que sa simple présence faisait ressortir même chez une personne de ce genre les impulsions de vouloir le renvoyer à la Terre? Était-il donc si incompréhensible que ses paroles ne pouvaient mener qu’au malentendu? Tant de dilemmes qui s’évaporaient aussi vite qu’ils apparaissaient dans son esprit. La Mort le toisait, si menue qu’elle soit, d’une hauteur qui lui était propre. La Mort le jugeait, la Mort l’approchait, la Mort le menaçait sous le voile d’un sourire factice.

Incompréhension ou manipulation?

Elle voulait qu’il lui montre la mélodie. Était-ce seulement chose possible? Ne l’aurait-elle pas déjà vue, ressentie, entendue jusque dans sa chair si elle le pouvait? Le croyait-elle de mauvaise foi? Le croyait-elle menteur? Le croyait-elle fou? Un demi-sourire d’amabilité, mêlé â un regard perplexe, alors que sa forme se baisse de nouveau comme elle l’était auparavant. Ses genoux plient, ses épaules se referment. Il termine accroupi, les bras posés sur ses genoux, le visage penché en une expression dubitative face aux menaces, invitations et prétentions de la jeune Mort devant laquelle il s’élevait encore assez haut pour la regarder dans les yeux.

« Je ne suis pas musicien, dame Morrigan. »

Sur son visage, un mélange de déception et d’interrogation. Quels étaient ses motivations? Pourquoi la Mort souhaitait-elle déjà l’arracher à son corps? Était-elle réellement l’incarnation de la Fin? Cette Fin si éphémère, menteuse et tentatrice, qui l’avait abandonné dans les limbes il y a des années? Était-elle finalement revenue à sa rencontre maintenant, ne cherchant qu’un prétexte pour lui arracher le cœur? Ou voyait-il simplement une jeune femme, teintée d’une envie d’en découdre, qui espérait que le monstre lui donnerait une raison de sortir ses griffes de nouveau? Si elle était réellement la Mort, elle n’aurait pas besoin qu’on lui explique le chant. La Mélodie est bien connue de la Mort. Car la Mort est la dernière note sur le chant de tous. Elle est la dernière ligne, le crescendo, l’apogée d’un hymne qui s’éteint dans les ténèbres. Elle sublime et détruit. Et c’était la raison pour laquelle elle lui avait nié son étreinte. Il était sur la voie de la Mélodie universelle. Le chant de la haine, de la rage et de la violence. Et danserait sur chaque mesure sitôt qu’elle entamerait ses premières notes.

Mais ces notes ne dépendaient pas de ses mains. Sa main, elle, descend doucement jusqu’à son torse, se posant sur le sang épais laissé par son interlocutrice quelques instants plus tôt. Il peut sentir les dernières bribes de chaleur, la moiteur et l’odeur du fer.

« Cette musique est perpétuelle. Elle est dans chaque souffle, chaque battement de cœur. Elle est dans chaque pas vers notre destin, vers ce qui nous attend tous… » Sa main quitte son torse et se relève, paume tournée et visible aux yeux de la Mort, luisante d’hémoglobine. « Et elle se termine de la même façon pour chacun de nous. »

Il porte les doigts à portée de son visage, humant le liquide carmin en fermant les yeux quelques secondes. Une langue avide passe sur sa paume, et le moment perdure encore un peu. Puis ses prunelles métalliques réapparaissent. Son expression passée à une intensité nouvelle. Ses doigts se referment, et il fixe celle qui le menaçait de trépas encore quelques instants plus tôt, comme si la menace en question était passée devant lui tel un coup de vent invisible.

« Pourquoi devrais-je détester l’hubris? L’hubris donne naissance à l’espoir, à l’ambition. L’hubris fait naitre la soif de puissance et de richesse dans le cœur des hommes./i] Son expression change, se clarifie alors qu’il parle. Sa détresse s’amenuise, et ses traits s’adoucissent en une forme curieuse… d’admiration? [i]« Elle les inspire à s’élever, à grimper toujours plus haut. À piétiner et faire tomber ceux autour d’eux. À marcher au-devant du Destin, même face à l’impossible et l’impensable. L’hubris engendre les légendes, aussi fragiles soient-elles. »

Son visage s’approche, au mépris de toute convention, toute prudence, toute pudeur. Elle pourrait lui ouvrir la gorge, si elle le voulait. Lui arracher les yeux, lui planter sa main dans le torse et en extraire son cœur battant. Il n’en avait cure. Elle ne comprenait pas. Il voulait lui faire comprendre. Il voulait lui montrer. Il voulait lui faire entendre la première note. Le premier murmure. Le premier bruissement de la mélodie infinie qui avait été le lot de son existence d’aussi loin qu’il se souvienne. Si elle le croyait fou, il lui ferait voir sa folie. Elle jugerait par elle-même de la valeur de ses croyances et se ses paroles. Son regard était planté dans celui de la Mort, pénétrant. Intense.

Et un murmure franchit de nouveau ses lèvres.

« Comment pourrais-je détester une illusion capable de faire naitre la plus pure des gloires… ne serait-ce qu’un instant? »

Il souriait de nouveau. Un sourire… presque pur, si ce n’était de son faciès bestial. Comme s’il était émerveillé par la simple idée qu’il venait de décrire. Un émerveillement enfantin, simple. Sans subtilité.

Et au coin de son œil, une unique larme.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptySam 20 Mar - 22:21
La conversation perdait doucement de cette humeur bonne enfant. Devant cette créature, j’étais maintenant dans l’attente. Dans l’attente d’un quelque chose qui serait capable d’éveiller mon intérêt. Et à cette attente, il ne trouva à me répondre que des mots. Encore des mots. Ainsi, il n’était pas un musicien. Qu’était-il alors ? Un simple spectateur ? Un élément du décor ? Une pierre sur le chemin ? À cette pensée, mes yeux perdaient progressivement de leur intensité. Un regard qui perdait de l’intérêt l’ayant animé. Ne comprenait-il donc pas ? Au fond de ses yeux, il me semblait que non. S’imaginait-il que je souhaitais puérilement faire l’étalage de ma force ? Je ne cherchais pas à faire mes preuves. J’attendais qu’il fasse les siennes. Qu’il me montre qu’elle existence prometteuse il pouvait être. Et une telle épreuve ne pouvait être évitée sans que s’évanouisse la lueur au fond de mes yeux.

Pour autant, je n’avais pas en moi de ce mépris facile. Il était. Il se plaisait dans sa forme actuelle. Comme une sculpture taillée dans le granit. Quelque chose qui resterait. Une illusion éphémère, qu’un coup de marteau pouvait briser n’importe quand. Que j’aurais pu briser, à cet instant. Mais s’il ne souhaitait pas voir sa vision être éprouvée, alors je n’insisterai pas. Pour cette raison, je perdais de cette aura dangereuse qui avait pu le menacer. Je le regardai simplement repartir dans ses élans théâtraux. Cherchant du sens à l’extérieur de son existence, or de son champ d’action. Comprenait-il que ce faisant, c’était son libre arbitre qu’il scellait ? Une musique perpétuelle. La musique de la Vie, qui chantait, chante et chantera. Oui, mais était-ce une raison pour se retenir d’agir ? Fallait-il simplement attendre la Mort ?

À cette pensée et alors qu’il s’exprimait, je me dis que je lui rendrais service de poser sur sa Vie le voile de la Mort, pour que sa prochaine incarnation fasse Grandir l’âme tristement entravée dans ce corps colossal. Un corps qui n’était pas de chair, mais de pierre. Seulement, ce centurion n’appartenait pas à mon Armée. J’avais même identifié qu’il appartenait à celle de ma sœur. En cela, je n’avais pas l’intention de lui nuire. Elle trouverait par elle-même la réponse appropriée à l’immobilisme de cette chose que je regardais désormais avec pitié.

Je le laissais humer le sang. En savourer l’effluve, avant de le porter sur ses papilles inhumaines. Après quoi, j’assistai à un étrange retournement rhétorique. Allons bon, ne s’était-il pas promis, plus tôt, de détruire et chasser l’Hybris de ce monde ? À présent, il l’admirait ? Bien sûr, dans ses mots présents, je ne pouvais que lui donner raison. L’hybris fait Grandir. Mais ces mots étaient les miens, non les siens. Cherchait-il donc à calquer son regard sur le mien ? Devais-je y voir la faiblesse de son paradigme ? Une négation assumée de ce qu’il était ? Ou bien, la proposition qu’il pouvait être moins prisonnier du marbre qu’il le laissait entendre ? Intérieurement, je souhaitais que la bonne réponse réside en cette dernière hypothèse. Hélas, quand bien même, ce n’était pas suffisant. Grandir ne signifiait pas de changer de conviction sur un coup de tête. C’était simplement manquer de détermination. Ou alors, était-ce simplement sa manière de se protéger d’un prédateur ? Une pensée qui ne manquait pas d’ironie. Car tout avide de destructions avait-il pu apparaître, s’il n’était capable de se protéger que par les mots, alors c’était bien triste.

Immobile, je ne me recula pas tandis qu’il approcha son visage. Le sourire disparu de mon expression, j’attendais simplement qu’il me joue sa mélodie. Cette chanson qu’il se plaisait à jouer de lui-même. À ce stade, je n’avais plus de raison de craindre quoi que ce soit de lui. Il avait perdu l’opportunité de me blesser. Et je comprenais que si intimidant qu’il puisse paraître, le Dragon-Serpent était à la vérité inoffensif. Comme pouvait l’être un herbivore. Une brebis à l’habit de loup, prosaïquement. Tout intense était son regard, le mien pouvait presque apparaître absent. Et quand son murmure me parvint, vantant le champ des illusions énoncé plus tôt, je n’eus pas de réaction particulière. Je prenais simplement une expression désolée. Et il méritait bien de cette compassion, au jugé de cette larme qu’il versait.

– Je comprends. C’est donc la mélodie de la Mort que vous attendez. J’aurais aimé vous libérer, pour qu’à la prochaine vie, il vous soit offert de trouver une voie où vous ne seriez plus une statue. Seulement, ce n’est pas à moi de prendre cette décision. Vous ne comptez pas parmi les âmes qui peuvent être guidées. Vous êtes prisonnier de vos propres illusions.

À cet instant, j’étais traversée d’une sincère tristesse pour lui. Bien sûr, je souhaitais avoir tort. Je le souhaitais de tout mon cœur. Car une telle vie n’était pas une Vie. En le regardant, je ne voyais pas l’ombre d’un arbre. Cet arbre de possibilités qui pouvait marquer le monde de cette empreinte, de cette Hybris qui donnait à l’humanité son charme. Pour autant, il serait cruel de l’abandonner simplement à son sort, ce pourquoi je lui offris une ultime main tendue. Une réflexion que je lui adressais.

– Alastair, je le dis sans hostilité aucune, mais viendra un jour où vous rencontrerez un mur. À la vérité, ce mur est déjà présent. Simplement, vos illusions vous empêchent de le discerner. Ce jour, quand vous sortirez de votre cécité, viendra un choix. De briser ce mur ou vous suicider. Pour que derrière, dans cette existence ou la suivante, votre âme puisse s’élever, atteindre ces hauteurs que vous semblez admirer, à vous écouter. Ce n’est pas une Vie de s’enfermer dans des sens qui n'appartiennent qu'à vous. Si vous n’êtes pas musicien, alors devenez-le. Que sorte de cette carcasse de jais la mélodie de votre expérience. Ce que vous avez retiré de cette Vie et des précédentes. Ce que je vous décris, c’est le mouvement naturel de l’âme. À ceux qui veulent s’en échapper, ne reste que la Mort.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 21 Mar - 0:05
Il écoute, en silence. Fixe, immobile, une statue. Comme elle se plaisait à le dire. Il écoute ses paroles, alors qu’il observe son expression. De menace, elle est devenue pitié. De jeu, elle est devenue dépit. De fière, elle est devenue morne. Elle le regarde, ses lèvres bougent. Son discours s’élève dans les airs, et ses oreilles l’entendent comme un bruit de fond. Il comprend ses paroles, il connait le sens de ses mots. Il sait ce qu’elle dit, et ce qu’elle décrit. Elle lui parle, elle le désigne, elle le juge, elle le décrit, elle le plaint, elle fait tout et rien à la fois. Elle voit sa détresse et ses illusions. Elle voudrait l’aider si elle le pouvait. Elle voudrait abréger ses souffrances si elle le pouvait. Elle lui offrirait sa compassion si elle le pouvait. Il avait une sensation de déjà vu qui s’intensifiait. À mesure qu’il l’écoutait. Qu’il l’observait. Qu’il la fixait en silence.

Quelle curieuse expérience que d’entendre la Mort s’excuser de ne pouvoir le prendre, pour la deuxième fois.

Sa forme corpulente – aussi maigre qu’il soit – tangue un bref instant, et finit par reculer dans un mouvement à demi contrôlé. Il se balance, tombe l’espace d’une seconde, et finit assis sur le sol avec un son mat, ses genoux tombant sur les côtés. Son regard est levé, fixant encore l’expression de la jeune Mort qui ajoute un second discours à son précédent aveu désolé. La larme au coin de son œil a fait son chemin, ignorée et invisible, et tombe sans un bruit sous son menton alors que l’expression du colosse devient blanche, vide. Ailleurs. Absente. Il absorbe les paroles qui lui sont destinées, dans un état second. Il cligne des yeux. Les secondes passent. Les paroles de la Mort arrivent à leur fin, et elle l’observe. Debout devant lui, elle le laisse assimiler son avertissement. Sa prémonition. Ses conseils pour son propre bien.

Et il fixe, fixe, fixe. En silence, il fixe.

Tel un hoquet, ses épaules sont secouées, et un son inintelligible remonte dans sa gorge. Bientôt repris par un autre. Puis un autre. Et encore, et encore, de plus en plus, de seconde en seconde. D’abord saccadé, le son se précise. D’abord rauque, involontaire, il devient sifflant, presque malade comme une mauvaise toux qui refuse de s’arrêter. Il rit, de plus en plus vite, de plus en plus fort. De façon incontrôlable, il rit. Il rit de tout son cœur, de toutes ses forces. Il rit de tant de choses. Il rit à en pleurer. Il rit au point de presque s’étouffer. Il rit de cette situation. De ces paroles. De ces intentions. De lui-même. De ce moment. De cette sincérité. De cette logique. Sa main se porte à son visage, et sa paume étend sur son visage de longues traces vermeilles alors qu’il crache encore son hilarité soudaine. Il rit. Il pleure de rire. Au point où son torse brûle. Son ventre lui fait mal. Sa gorge est irritée. Il tombe à moitié vers l’avant depuis sa position assise, sa main libre le retenant par réflexe en s’écrasant sur le sol.

Il rit. Il rit face à l’humour si cruel et froid de ce monde.

« Un mur... » Sa voix saccadée emerge entre deux soubresauts. « Un mur traversé. Un mur laissé derrière. Si seulement il était une illusion. Si seulement il était devant mes yeux. »

La main sur son visage se crispe, les doigts se raidissent. Les griffes s’enfoncent, et percent la peau. Le sang sombre coule sur son visage, se mêle aux stries de sang animal. Son autre main enfonce ses griffes dans le sol, labourant la terre avec frustration. Le sourire est toujours présent sur son visage, mais il est traversé maintenant par des larmes de sang. Les griffes commencent à descendre, déchirant la chair. Griffant son visage. Lacérant sa peau en de longues estafilades sanguinolentes. Ses épaules sont encore saccadées et secouées par moments de soubresauts inconscients. Rire ou sanglot, nul n’aurait pu savoir.

« J’ai vu ce mur. Je me suis fracassé contre ce mur. Frappé, griffé, poussé. Jusqu’à ce que le sang me manque. Jusqu’à ce que la conscience me quitte. Jusqu’à ce que mon souffle se fige, que mon sang se gèle sur le sol. Oublié dans le noir, dos au mur. » Il regarde sa main, ses griffes. Le sang sur ses doigts. Le sang des loups. Son propre sang. Ses doigts sont crispés, comme s’ils étaient incapables de se fermer complètement. Comme s’ils cherchaient à écraser une forme invisible et indestructible. « Puis j’ai réalisé... le mur est la plus grande de toutes les illusions. »

Finalement, il parvient à former un poing serré, qu’il observe encore avec la même intensité. Son sourire est maintenant… résigné. Alors qu’il se remémore quelque chose, qu’il revit un moment qu’il est le seul à voir. Si seulement la mort pouvait le libérer de ses illusions et sa solitude. Si seulement.

« Il y a longtemps que la lumière et le mur sont passés derrière moi. J’y ai laissé ce que j’étais. Ce que j’aurais pu être. Ce que j’étais destiné à être. Un aveugle dans le noir, voilà ce que je suis. Guidé par une musique perpétuelle au-delà des sens. »

Quelques nouveaux soubresauts, et son rire retentit encore brièvement. Il était ridicule. Pitoyable. Son âme n’était jamais sortie de sa cellule. Elle n’y avait même jamais mis les pieds. Et avec elle, ses espoirs, ses rêves. Loin derrière, elle était restée là où elle avait toujours pris racine. Depuis le premier jour, et à travers le temps.

Avec elle.

Son poing se détend, et sa main retombe mollement sur ses genoux. Il semble fatigué, d’un seul coup. Ses épaules s’affaissent, sa tête tombe un instant. Il reste ainsi un moment. Seul son souffle trahit la vie qui l’habitude, quelques mèches de cheveux bougeant au rythme de ses expirations. Puis, son visage se relève. Ses yeux retrouvent ceux de la Mort. Ses yeux vides. Ils la regardent, mais semblent la traverser. Comme s’il la voyait mais regardait ailleurs. Sur son visage, les lacérations sont déjà presque disparues. Résorbées, asséchées, elles achèvent de se refermer à une vitesse effarante, faisant vibrer doucement la chair par son travail assidu.

Il expire ses paroles, comme le souffle chuchoté à une oreille.

« Dis-moi, Morrigan. Être musicien n’est-il pas le privilège des vivants? »
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 21 Mar - 18:29
Un chancellement, avant que cette masse ne tombe par terre, hébété. Une réaction qui anima en moi un premier sentiment de circonspection. J’ignorais encore ce que je devais lire dans ces yeux qui me regardaient. Dans un premier temps, au contraire, je ne percevais rien. Comme si son énergie venait brusquement de s’échapper de son corps de colosse. Un silence qui vint se prolonger, au point où me prit l’envie de le laisser dès maintenant. Seulement, je fus interrompue dans cette volonté par de drôles de bruits, ceux d’un malade. Et quand ces sons se muèrent en un rire de plus en plus tonitruant, j’étais gagnée d’un sentiment désagréable. Se moquait-il encore de moi ? Voulait-il donc à ce point éprouver mes limites ? Après tout, il suffirait d’un rien pour que le silence revienne à jamais sur cette silhouette insupportable.

Puis un mot, suivi de plusieurs autres. Des mots qui eurent l’effet de me faire froncer les sourcils. De mon expression glaciale, je devenais interdite. Pour la première fois, au milieu de cette hilarité torturée, je sentais qu’il réagissait vraiment à mes mots. Il corrigeait mon observation. Ainsi, ce mur, il l’avait déjà passé. Mais plutôt que de s’élever, il était tombé, là où plus aucune main ne pouvait venir le chercher. Je compris alors l’envergure du désespoir qui le mordait. Un désespoir qui trouva sa pleine expression dans ses actes d’automutilation. Une scène qu’il ne me faisait pas plaisir d’assister. Pour autant, je ne détourna pas les yeux. Je le regardai se lacérer la chair, immobile. Pas de mouvement de recul ou quoi. J’assistais simplement à sa mélodie, sinistre. Était-ce donc ça, ce qui retirait de cette vie et des précédentes ?

J’observais ses larmes de sang. Ses plaies sanguinolentes. Il pleurait, de tout son être. Ce que j’avais pris pour des rires de moquerie. À cet instant, mon regard distant retrouva de cette lueur qui ne chercha plus à ignorer cette existence. Une existence en proie à la plus vive détresse. Une existence désespérée qu’on lui tende la main. Cependant, son apparence était une malédiction dissuasive. Celle qui confine à la solitude. Une âme prisonnière des limbes. J’écoutais ses confessions, par-delà les illusions qu’il m’avait partagé plus tôt. Un oublié qui nourrissait en lui une profonde frustration à l’origine de son sentiment de destruction. Un monde qui devait être détruit, parce que lui-même l’était. Un monde qui serait comme lui, où il lui serait permis d’exister, enfin. Je comprenais, à cet instant, que ce monstre cherchait à naître, tout simplement. Perdu dans un purgatoire. Soumis aux interrogations qui ne trouvaient jamais de réponse. Nul interlocuteur pour porter une pensée qui n’avait d’autre alternative que de s’alimenter par elle-même.

Je le voyais refermer sa main avec cette émotion indéchiffrable, qui n’appartenait qu’à lui. Une émotion que je ne pouvais pas atteindre, peu importe à quel point je cherchais à regarder en lui. Car son expérience, je ne l’avais jamais vécu avec une telle intensité. C’était l’unique réponse que les rémanences de mon âme me susurraient pour guider mes perceptions. Les limites de mon empathie. Pour autant, il était autre chose que je voyais, et lui non. Une lumière qui pouvait le guider, par-delà l’obscurité qui l’avalait. Encore fallait-il que pour cela, il ouvre les yeux. Et ce moment était peut-être venu. À cet instant, je ne regretta pas d’être partie. Je ne regretta pas de lui avoir tendu la main, une ultime fois, par le concours de mots cruels qui exprimaient simplement la réalité telle que je la voyais, dans ses atours les plus hideux. Car toute idéaliste je pouvais être, je n’étais pas pour autant aveugle de la laideur de ce Monde. Seulement, je m’attachais à l’image que je pouvais lui trouver pour la transformer. Parce que j’en avais la force. Parce que j’étais née pour vivre et non pas attendre de mourir.

Le poing d’Alastair finir par se détendre, s’échouer sur ses genoux avec mollesse. Un abattement perceptible. Il ne sentait plus cette force de vie qui l’animait pourtant. Une réalisation m’attirant une profonde tristesse. Je sentais son regard auquel je répondais avec une intensité retrouvée, quand bien même mon expression demeurait placide. Finalement, un sourire en remarquant que les blessures qu’il s’était donné se refermaient. Il me parlait donc du privilège des vivants. Ne le voyait-il pas ? Laissant traîner un long silence pour le laisser ressasser sa propre question, je finis par m’accroupir pour arriver à sa portée. Cette fois, seulement, je ne cherchais plus à le menacer. J’approchai ma main des blessures qui s’étaient refermées sur son visage, les effleurait, dans une caresse chaleureuse, déparée du moindre sentiment de peur ou de dégoût.

– Ne vois-tu pas Alastair ? Ne vois-tu donc pas qu’à ta question, ton corps a répondu de lui-même ?

Et quelle puissante vitalité il dévoilait pour contredire les paroles de son porteur. Lui souriant avec empathie, je finis par diriger mon regard sur le côté, là où bruissaient les feuillages dans le passage du vent. Un monde tout autour qui vivait, lui aussi. Je me prenais d’écouter, d’apprécier ce moment, la mélodie de cette Vie qui nous avait vu naître.

– J’avais tort. Tu n’es plus prisonnier de ces murs. C’est plutôt que tu n’as connu que ça. Mais regarde. Où sont-ils à présent ?

Une fois de plus, je laissais le silence s’écouler. Un silence plus significatif que les paroles. Un silence qui était le langage que ce monstre avait toujours connu. C’était donc avec ce silence qu’il pourrait m’entendre.

– C’est fini, Alastair. Tu n’es plus prisonnier de cette prison de pierre. Tu es libre à présent.

Disais-je, alors que je saisis l’un de ses doigts griffus. Je porta la paume de ma main droite sur sa pointe acérée, et avec une légère pression, je le laissais me blesser. Je laissais mon sang s’écouler le long de son doigt, remplissant doucement le creux de sa main. Celle dont l’énergie s’était échappée.

– Tu peux blesser. Tu peux soigner. Tu peux détruire. Tu peux construire. Tu le peux, car à présent, tu foules le même sol que moi, respires le même air, vois le même monde.

Puis, progressivement, je refermais ses doigts pour qu’ils reforment ce poing enragé qu’il m’avait montré. Un poing qui cette fois, pouvait montrer le début d’une détermination. Le début de quelque chose. Puis, cela fait, de me relever doucement.

– Tu vis, donc tu as gagné le droit de jouer ta propre musique. À toi de voir si tu ne veux entendre que la mélodie de tes cauchemars, ou si tu souhaites découvrir de nouvelles notes. Celles qui se joueront à l’aube de tes nouvelles expériences. Mais pour y arriver, il te faut accepter ces illusions, ces peurs, ces tourments qui ont fait de toi celui que tu es à présent.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 16 Mai - 6:26
Il était vivant?

Quelle idée.

Il écoutait les paroles qui lui étaient offertes. D’une oreille plus distraite qu’assidue, mais il écoutait. Il était perdu dans ses propres pensées tout en essayant de porter attention. D’abord dédaigneuse, la Mort était maintenant bienveillante. Elle l’encourageait, le soutenait, lui intimait de vivre. Quelle ironie unique. Il ignorait s’il devait prendre ces paroles avec joie ou ironie. Où était la Mort quand il criait son nom entre quatre murs de pierre noircie? Que faisait la mort quand il priait toutes les forces de ce monde pour sa damnée délivrance? Forcément. Maintenant qu’il avait sombré, qu’il s’était égaré dans les ténèbres au-delà même des Limbes, la Faucheuse le trouvait. Maintenant, la Mort s’intéressait à lui.

Maintenant, la Mort lui répondait.

Il lève les yeux, détaillant d’un regard morne la forme menue qui s’exprimait. Qui soulevait sa main, usait d’une de ses griffes pour entailer sa propre paume. Symbolique importante à ses propos. Qu’avait-elle donc de si précieux à lui vendre sur son avenir? Le rideau ensanglanté de son existence s’écarterait-il soudainement devant ses yeux pour lui montrer un futur radieux, à la simple demande de cette femme? Les cauchemars qui déchiraient son âme cesseraient-ils d’eux même pour le laisser en paix?

Reviendrait-elle en vie par magie?

« Elle ne me laissera pas. »

Les mots avaient franchi ses lèvres dans un demi-souffle, comme un réflexe involontaire. Comme pour libérer une vérité simple, aux implications beaucoup trop compliquées. Il le savait. Elle ne le laisserait pas vivre. Il ne le méritait pas. Il avait perdu ce droit le jour où elle avait rendu son dernier soufflé. Tout partait de là. Il avait toujours été étrange. Trop large. Effrayant. Dérangeant. Mais elle était là. Et tant qu’elle était là, l’avis du monde n’avait aucune importance. Mais le monde n’aimait pas être ignoré. Alors le monde lui avait pris son espoir. Le monde lui avait pris sa sanité. Le monde lui avait pris sa liberté, son passé, son futur et son identité.

Le monde l’avait brisé et s’était assis sur les restes. Lui brûlant dans l’esprit le moment précis qui avait fracturé son être.

Les larmes ne sont pas de sang, cette fois. Elles sont peu nombreuses, discrètes. Mais elles sont là, émergeant lentement. Coulant sur ses joues. S’écrasant sur les feuilles mortes. Le regard embrumé, le colosse accroupi tâtonne, saisit les poignets de celle qui lui fait face de façon implorante. Il serre ses poignets, comme s’il avait peur de les lâcher alors que son visage s’abaisse pour aller se poser à même le sol. Ses épaules sont secouées à rythme régulier. La mélodie est lointaine maintenant. Elle est maintenue au loin par une force inconnue à l’arrière de ses pensées. Une voix. Un visage. Un souvenir. Une illusion de l’esprit à la fois salvatrice et meurtrière.

Et il s’accroche aux poignets de la Mort, comme s’il avait peur qu’elle s’évapore une nouvelle fois.

« Elle ne me laissera pas. Elle n’a aucune raison de me laisser vivre. Elle me garde entre les horizons, incapable de la rejoindre, et incapable de l’oublier. Elle est gardienne et tortionnaire, espoir et désespoir. »

Les soubresauts parallèles aux sanglots dans sa voix. Un moment de silence. Un silence lourd. Suivi d’un bruit mat. Suivi d’un autre, plus fort. Et de seconde en seconde, sa voix éplorée retentit de nouveau, interrompue à chaque fois du choc de son crâne qu’il frappe de plus en plus fort sur le sol dans un geste colérique.

« Pourquoi…aurais-je…le droit… de vivre… ET… PAS… ELLE!? »

Et le sang se mêle. Aux larmes, aux feuilles et à la terre.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 23 Mai - 20:21

J’avais fini par lui adresser des mots d’espoir. Et je savais que ces derniers pouvaient être les plus blessants. Ceux que l’on souhaite le moins entendre. Car il peut être foncièrement confortable de s’entretenir dans la douleur. Lorsque nous prend l’illusion qu’il ne nous reste que cette dernière, alors on voudrait la garder, ultimement. Hors, une douleur ne saurait rien faire d’autre que nous blesser. Tout au plus pourrait-on gagner à s’y habituer, voire l’ériger à l’état de normalité, de besoin. Arriver à ce stade, c’est franchir un palier dont il est impossible sinon extrêmement difficile d’en sortir. Et cette créature devant moi… ne l’avait-elle pas déjà passée ? Ou plus exactement, depuis quand l’avait-elle dépassée ? Car à l’observer, cette analyse laissait peu de doute. Drogué à la peine, lui ôter ce qui l’enivrait au quotidien ne saurait qu’éveiller un profond sentiment de vide, de manque. Quelque chose qui ronge l’âme et la fait imploser. Le pire péril que tout un chacun pouvait rencontrer.

Dans ces moments, il fallait donc pouvoir substituer une lumière à cette affliction aveugle. L’obscurité de la cécité délirante. Quelle ironie tout de même, qu’à cet instant, je porte la cuirasse de la Mort, m’amalgame à son concept, trompe ceux que je croisais sur ma nature profonde. Car avant d’être la Mort, j’étais l’humaine. De ceux capables de s’émouvoir du sort de ses semblables. Et n’en déplaise à Alastair, il en comptait. Lui-même était humain, avant d’être ce monstre torturé par sa cuirasse, sa malédiction. Il ignorait simplement comment combattre ces pulsions étrangères. Des pulsions qui ne lui appartenaient pas, mais qui avaient si longtemps arboré les atours du refuge.

Ces yeux qui se lèvent pour trouver les miens, je les rencontre sans peur. Je regarde vraiment, plutôt que de simplement observer dans ses contours, trompée par les impressions qu’il pouvait m’adresser. De tout ça, je faisais fi. Implacable, mais dans le même temps, fébrile. L’hésitation ne m’effleurait pas, mais les danses fluctuantes de mes émotions menaçaient sans cesse l’équilibre de ma raison. Heureusement, au contraire de mon triste interlocuteur, j’avais appris à dompter mes passions pour ne pas me laisser consumée par la folie.

Elle ne me laissera pas.

Des mots à peine audibles que je recevais. Une nouvelle couche venait d’être passée. Et sans doute qu’à cet instant, j’atteignais le noyau. L’origine. Ce qui enfermait ce colosse dans cet état si pathétique. J’attendais donc. Je l’écoutais. Je le laissais verser ses larmes, plus humaines. Je le laissais attraper mes poignets, les serrer. Je le laissais ainsi m’entraver, me tenir dans cette position que mon instinct me commandait de rompre. Cependant, plus que jamais, je devais apparaître imperturbable, indestructible. Aussi, je demeurais immobile, inchangée, ce même regard intense plongé dans le sien, l’expression grave. Je le laissais expulser cette douleur, celle auquel il était tant attaché.

Puis, ses paroles, de s’approfondir. De traduire l’essence du mal qui le rongeait. De la culpabilité ? Un profond sentiment de tristesse ? Une perte irremplaçable ? Celle qui réchauffe le cœur dans les songes et le glace au réveil ? C’était là ce que me susurrait mon intuition. Pour autant, je pouvais me tromper. Après tout, cette chose se marginalisait dans ses métaphores décousues. Mais pas là. Pas maintenant. Ses ultimes sanglots clarifiaient tout. Alastair avait aimé. Et cet amour s’en était allé. Lui y avait survécu, laissant son âme en lambeaux. Et quelle meilleure interlocutrice pouvait-il trouver à cet instant que cette Mort abstraite ? Celle qui lui avait jadis enlevé son bien le plus précieux ?

Hélas, la Mort était silencieuse, interdite. Elle rappelait à chaque existence leur profonde solitude, à chaque perte. Et pour cet homme qui n’avait toujours eu qu’une attache, comme je l’imaginais, alors cette Vérité ne saurait être plus incrustée dans son être. À cela, la Mort ne pouvait trouver de mots. La Mort, peut-être pas, mais moi, je le pouvais, comme humaine. Comme porteuse de Vie.

– Ce droit, elle l’a possédé. Cette vie, elle l’a gagné. Une vie qu’elle a perdu, comme nous finirons tous par la perdre. Car ici-bas, rien n’est éternel. Tout n’est question que de Cycle. Cette Vérité, elle est, tout simplement. Une rupture qui vient interrompre une somme d’expériences, la transformer pour qu’à la fin, au moment de mourir, nos âmes en retirent quelque chose. Cette douleur que tu ressens, elle peut nous faire sombrer dans le désespoir, mais elle peut également nous forger, nous renforcer, pour un peu que nous trouvions la force de la dépasser.

Sur ces paroles autant glaciales que chaleureuses, je m’abaissais, me mettais à genou plutôt que de continuer à toiser cette créature. La silhouette fluette, cela me ramenais sous son niveau. Malgré tout, je le laissais tenir mes poignets, les serrer. Je demeurais là, plus proche que jamais. Vulnérable, comme il pouvait l’être. À ce jeu là, nous étions égaux. À ce jeu là, nous finirions tous les deux par perdre, un jour. Car c’était de cela dont la vie était faite. De ces flammes qui s’embrasent et finissent par s’éteindre, que ce soit par manque de combustible, ou par accident.

– Cette personne dont tu parles, elle vient de toi. Ou plutôt, elle est devenue toi. Elle est le souvenir que tu en as gardé, que ton esprit a transformé. Elle est la malédiction que tu t’es infligée. La raison que tu as érigé pour expliquer cette douleur, la sacraliser. Hors, cette personne n’est pas toi. Cette personne n’est plus là. Cette personne ne reviendra pas. Elle se trouve à présent sur une autre Voie. Quant à toi, tu es resté sur celle présente. Tu as survécu. Et tant que la Mort ne sera pas venue t’étreindre, tu garderas en toi le droit de vivre cette vie. Tu garderas ce droit jusqu’à l’instant où il te sera offert d’engager la suivante, à ton tour.

Marquant un temps de silence, j’approchais mon front de la tête d’Alastair. Le reposais dessus, doucement. Sans peur. Aussi longtemps qu’il le permettrait, avant de l’enlever. Je partageais cet instant avec lui. Je partageais cette Vie. Je le sortais de cette solitude.

– La Mort est un don, au même titre que la Vie. Les deux doivent être acceptées, car sans elles, tu ne saurais expérimenter comme il se doit. Trouver un sens à ton existence. Et ce sens, c’est ce que nous recherchons tous. Ce que nous construisons… en grandissant.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 18 Juil - 19:00
Fatigué. Il était si fatigué.

Son auto-mutilation ayant été interrompue, retenue par la Mort qui lui faisait face, il ne bougeait plus. Ses bras étaient lourds. Son esprit était embrumé. Ses yeux perdus dans un lointain inexorable, alors que les dernières rigoles de sang descendaient sur son visage, vestiges d’une blessure déjà refermée. Ses mots résonnaient dans son crâne, effacés et pourtant si perçants. Certains mots disparaissaient, d’autres semblaient se réverbérer sur des murs invisibles autour de lui. Droit. Cycle. Vérité. Transformé. Malédiction. Voie. Don.

Vie perdue.

« Pas perdue. »

Le regard vers le sol, il peut sentir le contact du front de son interlocutrice. Il sent son effort, le ton de sa voix. Sa tentative de lui expliquer, de lui faire comprendre, de le repêcher de cet ocean de deuil dans lequel il se noie depuis des années, fixant la surface de l’eau avec désarroi. Mais elle tente de lui faire comprendre les mauvaises choses. Et à mesure que la realisation se renforce, son corps fait de même. Sa posture voûtée se raffermit. Ses bras ballants se contractent, et ses doigts se crispent sur le sol, enfonçant ses ongles comme pour meurtrir la terre elle-même. Et alors que sa tête se relève lentement, forçant finalement leurs regards à se croiser, ses yeux n’ont plus de larmes. Plus de détresse. Plus de chagrin, de désespoir et de deuil.

Il n’y a que la colère. Une colère sourde, intense et viscérale.

« Prise. » Ses traits changent légèrement, comme s’ils se durcissaient. Devenaient plus primaux. Presque animaux. Sauvages. « Dérobée. » Son regard ne rompt contact à aucun instant. Un danger imminent, mais pourtant lointain. Une haine palpable, presque corporelle, mais ignorant la petite Mort sans même lui accorder d’attention. « Usurpée »

Son regard quitte finalement celui de sa vis-à-vis, bloqué par une main sale qui vient se plaquer sur le visage de son possesseur. Il serre les dents. Secoué de tremblements, il serre les dents. Si fort que sa mâchoire lui fait mal. Un sourire douloureux, ironique, moqueur. Moqueur envers quoi, envers qui, dur à dire. Une jambe bouge, un pied appuie sur le sol, et la large forme qu’est la sienne se relève lentement, secouée de soubresauts. Il a mal. Comme si son crâne se fendait en deux. D’une vérité si facile, si claire. Et pourtant si affreuse et déchirante que son esprit s’efforçait de la repousser même maintenant. Des années à oublier. Des années à fuir, à dévorer, à briser et mutiler. Des années à enterrer sa vie sous les cadavres, à noyer le son de son esprit sous le capharnaum de son propre purgatoire auditif. Mais il se souvenait. Il se souvenait non pas par amour. Ni par deuil, ni par compassion ou par espoir.

Il se souvenait pas la haine.

« Usurpée… » Sa voix est un grognement rauque. Son corps tendu et tordu par la douleur lancinante qui déchirait son crâne. « Le Dévoreur. Rouge et or, insatiable et manipulateur. » Un pas, deux pas. Sa main libre tâtonne, ses yeux fermés sous la douleur. Ses doigts trouvent un arbre à proximité, s’y accrochent fébrilement. « Bête blessée, parle de paix. Traitrise et mensonges… »

Ses doigts se crispent, déchirant l’écorce. Déchirant son front. De toute sa hauteur, il semble peiner à garder son équilibre, alors que les images défilent derrière ses paupières closes. Cité gigantesque. Bannières et fanions. L’aigle impérial sur fond pourpre, drapé à toutes les rues. Les soldats, l’air puant d’une ville en pleine décadence. Il se souvient. De tout. De trop. Il revoit leurs visages, et la rage monte une nouvelle fois.

« ANIMAUX SANS FOI NI HONNEUR. »

Sa main déchire l’écorce en lâchant l’arbre. Puis son poing revient à la charge et percute l’arbre. Un choc puissant, un souffle bref. Un craquement sonore alors que l’impact résonne. Un moment de silence. L’impact visible sur le tronc, un cratère large et saccadé à même la chair végétale. Un bruissement de feuilles, suivi d’un craquement nouveau. Un craquement profond, sinistre. Un craquement qui se répand, s’élargit. En même temps qu’une large fissure qui s’allonge sur le tronc de l’arbre. Alors que le colosse, ramenant sa deuxième main pour empoigner son crâne, s’éloigne à pas aveugles. Et la fissure fait son office. Et le craquement se multiplie. Et d’ici la fin, l’arbre s’effondre, dans un vacarme assourdissant.

Et le silence retombe.

Dans la forêt. Dans sa voix. Dans son esprit. Ses mains quittent doucement son visage, et il les observe un instant, dos à la Mort toujours présente. Il regarde ses paumes comme s’il les découvrait pour la première fois. Ou plutôt, les redécouvrait. Il cligne des yeux, et relève le regard dans le lointain, devant lui.

« Deux rapaces. Deux oiseaux de proie, fiers et imperturbables. L’Aigle Rouge a brûlé le passé. L’Aigle Solaire a dévoré le soleil et la lumière du jour. Voraces et ambitieux. Et maintenant, l’Aigle de Sang réclame le futur. »

Il rit, brièvement. Il retrouvait rapidement son sens de l’humour, semblait-il. Cet humour décharné que lui-seul arrivait à apprécier de manière générale. Dommage. L’ironie était pourtant si flagrante, elle ne pouvait qu’elle source d’amusement. Il ne devrait pas s’en étonner après tout. Il avait toujours été destiné à ce genre de chose. D’aussi loin qu’il pouvait trouver dans sa mémoire, il le savait. On le lui avait dit et répété. Jusqu’à ce qu’il finisse par y croire. Par le vouloir. L’accomplir.

« La Mort est un Don… » Lentement, son visage se tourne, suivi à mi-chemin par le reste de son corps. Son regard est acéré, vif. Froid. Et pourtant… quelque chose subsiste. Un éclat au fond de son œil. Une émotion indéchiffrable. « Ne suis-je donc pas un homme infiniment généreux? »

Encore une fois, un sourire ironique. Mêlé à un humour dérangeant, et malsain.
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Message Re: Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair]   Tromper les prédateurs par un beau sourire [pv Alastair] EmptyDim 29 Aoû - 10:24
Je le voyais repartir dans ses frénésies d’automutilation après sa dénégation. Cela voulait-il dire que j’avais échoué à l’éclairer dans ses tourments ? À moins qu’il ne soit tout simplement trop tôt. Au moins parvenait-il à présent à mettre des mots sur ce qu’il ressentait. Une blessure qu’il n’avait pas simplement subi, mais qu’on lui avait asséné. Une vie qui lui avait été volée. Et dans son regard, j’y lisais l’abysse du désespoir. Un vide qui ne fit pas flancher mon expression qui ne perdait pas de sa compassion. Quand bien même, il était des limites à ce que je pouvais faire. Sans doute valait-il mieux le laisser déverser ses émotions, exploser sa rage, écouler sa peine, vomir son dégoût.

Et devant ce spectacle, je pris le parti de prendre un peu de distance. Était venu le moment où ses mots reperdaient de leur sens. Des mots que je ne pouvais pas comprendre, peu importe l’effort que je pouvais investir à cette fin. La colère du géant vint se diriger toute entière vers ce pauvre arbre qui finit en un triste état. Il était le bouc-émissaire du désemparement d’Alastair. Le déversoir de sa démence. Le défouloir qui pouvait lui permettre d’exorciser ce qu’il ressentait. Mais passerait-il vraiment cette étape essentielle pour avancer ? Difficile de bouger d’un pas lorsqu’on était resté des années immobiles. Pourtant, cela allait être nécessaire pour demeurer en ce Monde. Ce dernier savait se montrer impitoyable, rappelant à loisir la course du temps qui nous dominait tous. Un rocher n’y faisait pas exception.

En tout cas, comme chef d’une armée, je pouvais au moins apprécier le potentiel guerrier de ce soldat damné. Un soldat qui n’appartenait ceci dit pas à mon armée. Ce n’était donc pas à moi de décider de ce qu’il adviendrait. Mais au vu de la tournure que prenait leur conversation, il y avait de grande chance qu’il ne devienne rien de plus qu’une arme. Un objet. Une réalisation qu’il m’était difficile de tolérer. Pour un peu, je sentais mes mains trembler. Une pulsion meurtrière de me gagner. Aux être impuissants à Grandir, la libération de la Mort devait subvenir. C’était là ce que me susurrait mon instinct. L’influence de ma Cuirasse. Un sentiment étranger que je repoussais loin de moi car à la fin, c’était moi qui le dominait. L’humaine contre le monstre. J’étais la porteuse, après tout. Comme Alastair était le porteur de son propre destin. Et s’il ne pouvait le réaliser, alors sa finalité ne saurait être que tragique.

Il fallait que la Mort libère cette pauvre âme enfermée dans ce corps ravagé. Un corps qui s’en allait en de nouvelles élucubrations incompréhensibles. Quelle évolution pouvait-il encore retirer de cette Vie ? Que pouvait-il laisser derrière lui ? Quelle expérience pouvait-il gagner afin d’atteindre de nouvelles hauteurs ? Bats toi. Bats toi Alastair. La Monde appartient aux Vainqueurs. Alors, ne laisse pas ces démons prendre l’ascendant sur toi. Ne te complaît pas dans tes échecs. Ce que tu as perdu, tu ne le regagneras jamais. Ou plutôt, ce que tu as gagné en contrepartie s’est toujours trouvé en toi. Donc, ouvres les yeux et regarde. Regarde lorsque tu en trouveras la force. Car ce Monde ne pardonne pas indéfiniment la faiblesse. Le Monde est ainsi fait, cruel, aveugle, détestable. Tu peux le maudire autant que tu le veux, viendra un jour où la Mort te fauchera, à au terme de ta Vie, ce Monde lui sera toujours lui, en Vainqueur éternel.

Qu’il termine son petit numéro, je m’approchais à nouveau. La Mort est un don. L’adage faisait de lui un homme généreux. Cette fois je m’arrêtais à une certaine distance, avec cette ambivalence marquée sur mon visage. Devais-je le libérer ou le laisser à son sort ? Fallait-il que je le torture de nouvelles leçons de morale ? Non.

– C’est ton combat. À toi de le mener. À toi de décider de qui tu es et de ce que tu veux laisser derrière toi. Si cela doit être un charnier, alors soit. Si tu survis, tu pourras entretenir aussi loin que tu le souhaites cette flamme qui te brûle les entrailles. Si tu meurs, cela aura signifié que tu avais tort et une nouvelle chance te sera donnée à ton second souffle. Voilà tout ce que je peux te souhaiter. Vis cette Vie comme tu l’entends, Alastair. La Mort quant à elle…

L’expression songeuse, je me pris d’une étrange réflexion. Au final, cette Mort dans l’histoire, n’était-elle pas la seule entité à ne pas posséder d’âme ? Pourtant, elle était omniprésente pour fermer et ouvrir le cycle des âmes. Étrangère mais dans le même temps indissociable de leur existence. La Mort, valait-elle d’être personnifiée ? Auquel cas, que pouvait-elle bien rechercher ? Que pouvait-elle bien désirer ? Moi qui devait l’incarner, je ne ressentais rien de particulier. Je ne possédais aucune envie, comme incapable de vraiment regarder en moi-même. Était-ce encore l’influence de ma cuirasse ? Décidément, il semblait que moi-même, je doive mener mon propre combat. Pour cette raison, je m’éloignais d’Alastair.

– Tu as besoin de temps pour toi. Ce temps, je vais te le laisser. Nous avons assez échangé.

Et sur ces mots, de le retourner à sa solitude. Cela pouvait le blesser, mais charge à lui décider si cette douleur devait le paralyser ou l’alimenter. À ce titre, un repas copieux l’attendait, à n’en point douter.

Citation :
[Fin du RP pour moi o/]
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