[Mi-juillet 550] I see all the water rising to drown everyone [Endymion]

Des journées à parcourir le monde. Prendre le temps de le redécouvrir, d'en noter les différences. Se mêler aux humains, se fondre dans la masse, s'en faire oublier pour mieux les observer. Sans doute l'une des meilleures méthodes à son sens pour se rendre compte de tout ce qui avait changé durant ces longs siècles en garde des tertres sacrés de Delphes.

Aujourd'hui cependant, le cœur n'y était pas. Solitaire dans l'âme, cette approche l'usait notablement. Le besoin de se ressourcer avait pu s'ancrer en lui si bien que Lykeios avait cherché à se mettre à l'écart. En marge de tout. Et le voilà qui se trouve à présent face à la mer, le regard porté loin vers l'Ouest. L'immensité de l'océan...

D'autres seraient là à se plonger dans de longues pensées profondes tandis qu'ils foulaient ce sol sablonneux et humide. Que trouverait-on si l'on voguait sur cette étendue à perte de vue ? Qu'est-ce que nous pourrions encore découvrir dans cet horizon d'inconnu, que ce soit sur ou sous le niveau de l'eau ? Des villes englouties, des continents inexplorés ? Ou bien simplement, ils savoureraient ce sentiment de liberté, les pensées perdues entre mers et vents.

Lykeios quant à lui affichait un visage fermé, sombre. Cet horizon lui évoquait de bien plus funestes pensées. Dans son monde à lui, c'était le Royaume de Poséidon qu'il observait. Aussi ses pensées se tournaient plutôt vers la montée des eaux afin d'étendre son Empire, et des milliards d'êtres qui y perdraient inexorablement la vie. Pour certaines divinités, ils n'étaient que des jouets en leur paume, dommages négligeables de leurs ambitions.

Le Dieu-Loup estimait quant à lui toute vie à sa juste valeur, et ce malgré qu'il tenait rôle d'exécuteur et protecteur d'Apollon. La volonté de son père primait sur tout le reste...

Citation :

J'ai déjà anticipé en lançant le sujet pour l'initiative ICI. Bien sûr, on a le temps pour débuter le combat, rien de pressé, mais au moins comme ça on saura qui se devra de débuter une fois les présentations/provocations faites
Je ne fais volontairement pas mention à une autre présence pour te laisser introduire ton perso de la manière de ton choix. S'il y a un quelconque problème, n'hésite pas à me le signaler

Il ne l'avait pas senti arriver. Mais quoi de plus normal face à un être versé dans l'art d'user des dimensions ? Un portail s'était ouvert juste à ses côtés, et ce n'est que durant la formation de celui-ci qu'il pu réaliser une présence, synonyme de l'apparition à venir. Agissant par instinct, il eut alors pour réflexe en réaction de cette apparition impromptue de sauter à l'écart, plaçant ainsi une distance de sécurité entre eux tant qu'il n'avait connaissance de son affiliation et ses intentions. Dans le mouvement, le Loup de Delphes s'était paré de sa Chlamyde, apparue en un courant d'air sur le corps du fils d'Apollon.

Habituellement, Lykeios prenait garde à ne pas y faire appel en dehors de la Tour des Vents. Mais habituellement, personne ne venait à sa rencontre non plus, le Dieu-Loup se préservant à la faveur des ombres et de la foule. Hors, la situation présente le sortait très nettement de sa zone de confort, peu coutumier au fait d'être ainsi surpris, pouvant de coutume compter sur ses sens affûtés de prédateurs pour anticiper comme il se devait ce type de rencontre. Croiser un autre Éveillé pouvait toujours s'avérer être une source notable d'ennuis, le fils du Soleil n'en ignorait rien.

Il prit le temps d'observer son interlocuteur, alors qu'il l'avait écouté sans l'interrompre. Même maintenant que cet Endymion ne disait mot, Lykeios ne rompit pas le concert du vent et du ressac, le préservant encore intact pour l'heure. Cet homme lui laissait une impression étrange, indéfinissable. Physique avenant, caractère semblant affable et bienveillant… et pourtant… Quelque chose clochait. En son visage… en son aura… Le Dieu-Loup humait l'air sans parvenir à exactement mettre le doigt dessus. Mais le carnassier a appris à faire confiance à son instinct. S'il était trop tôt pour le considérer en ennemi, il n'avait de prime abord aucune raison non plus d'en faire autrement.

- L'on me nomme Lykeios. Et ainsi, j'en ai dit autant que toi, n'est-ce pas ? Notre nom n'est que rarement réponse à la question du « qui sommes-nous ». Je suppose donc que tu te trouves aussi insatisfait que je le suis à ce propos...

Sans doute moins même… Lykeios, soit le Dieu-Loup en grec. Voilà qui pouvait déjà en dire beaucoup, même si sa légende n'était que bien minime et étouffée. De plus, le fait d'avoir revêtit sa Chlamyde ajoutait encore quelques indices notables sur sa nature, réalisait-il à présent. Ce n'avait pas été un acte réfléchi, et il le regrettait à présent, mais que pouvait-il fait contre sa nature et son instinct ? Quoi qu'il en était, son utilité s'avérrait peut-être bientôt...

Citation :

Chlamyde : Sombre et massive, elle n'en est pas moins hautement détaillée et travaillée. Imposantes pièces d'armures et légers voiles de nuit s'enchevêtrent afin de constituer un ensemble évoquant une créature monstrueuse s'extirpant de la brume, donnant une touche aérienne et éthérée malgré qu'il soit la seule représentation terrestre des armées d'Apollon. Le casque représente bien entendu une tête de loup formidable aux canines proéminentes et acérées, ses yeux représentés par des saphirs étoilés étincelants. Au niveau des reins, ne se dévoilant que très partiellement sous les voiles d'ombre, deux épées redoutables se croisent et qu'il considère comme ses crocs. Le plus souvent, Lykeios les manie à la manière de tonfas, utilisant leurs gardes épaisses comme poignées.
Cette Chlamyde, il peut comme n'importe quel Oracle la faire apparaître et disparaître en un courant d'air.

Sa supposition était juste, mais cela ne provoqua aucune réaction visible chez Lykeios. Inutile de chercher à discuter sur ce point. Si les Oracles revêtaient habituellement des Chlamydes ailées inspirées des espèces parcourant les vents d'Apollon, celle du Dieu-Loup tranchait nettement. Cet argument pourrait toutefois apporter d'autres informations à son interlocuteur qu'il ne connaissait peut-être pas. Peut-être rien d'autre qu'un coup de bluff, ou un flair efficace. Pourquoi ne pourrait-il pas servir Odin, Athéna ou Arès ? Son aura elle-même pouvait de toute manière le trahir. Fils du Dieu-Soleil, son Cosmos s'y relatait forcément, et ce même s'il s'y adjoignait celui plus terrestre de sa mère ainsi que l'influence du sceau de la Lune, marque de sa malédiction.

Autant en rester là en effet. Les suppositions d'Endymion ne resteraient ainsi qu'au stade d'hypothèse, auxquelles il pourrait croire ardemment s'il l'entendait ainsi, mais dont Lykeios ne servirait pas de preuves formelles pour les confirmer.

Cependant, plus intéressant encore, un défi est lancé. Et si le fils du Soleil n'apprécie aucunement de mettre en péril toute vie, il pourrait en effet en apprendre plus sur cet Endymion. Non seulement par la promesse d'une présentation plus complète en cas de victoire – pour autant qu'elle soit tenue – mais également par le simple fait de l'affronter. Sur le point précis des aptitudes de combat, ils pourraient avoir plus de points communs qu'ils ne le pensent pour l'heure. De plus, il serait suicidaire pour Endymion de l'affronter sans revêtir d'armure, si tout du moins il en possédait une. S'il devait y faire appel, Lykeios pourrait alors tirer lui aussi des conclusions en se basant sur l'apparence et l'énergie de sa protection.

Ses mains vont saisir dans son dos les gardes de ses crocs, les deux sombres épées jumelles ainsi tenues à la manière de tonfa, lames le long des bras et assez longues pour remonter plus haut que ses épaules encore malgré sa stature imposante. Par ce simple geste, il signale que le défi est accepté...

- Aucun affrontement n'est jamais amical. Mais je pourrais toutefois consentir à te laisser en vie si tu tiens parole.

Il s'approche alors lentement, son regard de glace fixé avec détermination sur celui qui était désormais désigné comme son adversaire.

- Sache que je suis toujours sérieux…

La confirmation ne se fera pas attendre. Combattre pour le plaisir ne semblait en effet pas faire partie de ses loisirs. Un combat est un combat, où il n'y a à ses yeux pas lieu de retenir ses coups. Lykeios se projette alors vers Endymion à très haute vitesse, s'arrêtant net devant lui. Ses deux bras sont levés, ses lames croisées au dessus de sa tête. Frappant en croix, ses crocs tâchent de mordre sa chair alors qu'une vague d'énergie suivra… Les esprits des loups enfermés dans ses crocs chercheraient alors à se nourrir si leur proie ne parvenait pas à les empêcher.

Et voilà que désormais l'équilibre se voyait être rétabli. Pas en terme de combat, non, pas encore. Endymion n'avait encore eu l'occasion de riposter, même si cela ne saurait tarder. Par contre, il s'était dévoilé à son tour. Personne ne pourrait tenir un affrontement contre lui sans une protection de taille. Sans doute pêchait-il là d'orgueil, mais comment un homme sans armure divine pourrait résister aux assauts du fils d'Apollon ? Oui, c'était inévitable. Et allait lui apporter une information précise qui le fixerait quant à son adversaire. Une armure dorée sans toutefois être d'or. Orichalque. Les premières protections divines jamais créées. Une Écaille de Poséidon…

Ce raisonnement est presque instantané, aussi a-t-il le temps de se produire avant qu'un gouffre soudainement s'ouvre sous ses pieds. Traversant l'Umbra, projeté parmi les esprits. Lykeios avait déjà été confronté à pareille sensation, pareille aventure. Après tout, le Dieu-Loup a été un esprit des siècles durant, jusqu'à ce qu'Apollon le rappelle enfin à lui. Par pour autant qu'il n'en sera pas affecté, attiré dans la dimension particulière de son opposant. Son monde, ses règles. Et lorsqu'il revient à lui, il ne manque pas d'observer un changement notable. Une impression de manque.

Son regard de glace se fait plus perçant encore, la rage lupine s'emparant de son être. Ses lèvres s'entrouvrent mais aucun son n'en sort. La parole lui a été enlevée. Ce qu'il lui aurait dit s'il l'avait pu ? « Encore ! Essaie plus fort ! » Mais ce ne serait pas nécessaire. Nul besoin de l'y encourager, le Marina ne manquerait pas de le prouver en sortant deux cartes de sa manche. Deux entités qui se jettent sur lui et qu'il ne fait rien pour éviter. Un grognement profond, rauque. La douleur est réelle, mais cela n'avait rien d'un phénomène inconnu. Lui aussi avait des cartes à jouer après tout…

D'un mouvement des poignets, ses lames pivotent. De parallèles à ses bras, elles en deviennent les prolongement, accompagnées de volutes éthériques créant dans le mouvement des voiles sombres, à la manière d'ailes brisées. L'esprit de sa meute. Parlant d'esprit d'ailleurs, c'est par ce biais qu'il allait désormais s'adresser à lui, la télépathie se substituant ici à la parole.

- Je vais te proposer un nouveau marché plus équitable. Si tu parviens à me priver de mes sens avant que tu mordes la poussière, je te révélerai qui je suis en réalité, par respect de tes talents...

Paraphraser était bien sûr là un moyen de jeter le gant. Le mettre au défi. Dans quel but ? Ah, comme s'il en fallait un autre que de rendre l'affrontement un peu plus pimenté. Une nouvelle fois, il se jette alors sur sa proie. Sur leur proie. Ses descendants défunts, les âmes des loups peuplant ses lames, accompagnant ces dernières dans leurs frappes. Les épées jumelles remontèrent alors vivement à la verticale, leurs esprits ne manquant pas de tenter de sévèrement entamer l'esprit combatif du guerrier des mers.

À l'écart de tout, sur une plage isolée, deux inconnus s'évertuaient à se faire mordre la poussière dans le seul but d'en apprendre plus l'un sur l'autre… Ô combien absurde était cet affrontement ? Lykeios ne prenait réellement goût à cela. D'humeur sombre et surpris qui plus est, il n'en avait pas fallu beaucoup pour le pousser dans la bataille pourtant. Le loup avait pris la relève sur l'homme, faisant couler le sang avec férocité…

Sa rage ne pouvait se nier en effet. Dans son regard, dans ses mâchoires contractées. Ses instincts s'expriment, délaissant sa réflexion. Aussi ne se questionne-t-il plus sur ce corps maladif qui ne parvenait à supporter pleinement sa puissance divine. Sur l'absence presque étonnante de crise, les soins d'Asclépios semblant faire leur effet. De la douleur qu'il infligeait, tout comme celle dont il était victime. Tout cela ne semble plus avoir grande importance… À la fin, l'un d'eux serait debout, surplombant le corps affaibli de son adversaire. La loi du plus fort…

Une nouvelle balade en le monde des esprits lui est réservé. Ses narines s'agitent, percevant qu'il venait d'être privé d'un de ses sens cruciaux. Si le goût n'était qu'une perte minime, l'odorat pour un loup n'était pas une absence à prendre à la légère. Et ce serait de pire en pire… L’ouïe, la vue, le toucher… S'il ne parvenait à se débarrasser d'Endymion, il finirait alors dans un monde de vide et d'obscurité. Mais il a d'autres chats à fouetter en l'instant que de se tracasser de ce qui sera.

Était-il vraiment revenu d'entre le monde des esprits ? Cette question le frappe, et pour cause. Cette vision horrible n'est pas de cette époque, de ce temps. Bien des siècles et des siècles s'étaient écoulés depuis. La colère d'Artémis… Deux victimes de sa terrible punition. Les crocs du Dieu-Loup s'enfonçant dans la chair d'une biche qui n'en est pas une, donnant sauvagement la mort à un être cher. La vision se trouve balayée l'instant d'après comme une vague colossale semble s'abattre sur lui. Dans un réflexe, Lykeios y oppose ses deux bras armés pour s'en défendre, sans que cela soit pour autant suffisant.

Le Dieu-Loup s'ébroue alors, récupérant sa notion de la réalité. Reportant son attention sur Endymion. Et il n'a clairement pas l'air d'avoir apprécié cette réplique…

La suite est classique. Lykeios n'est sans doute pas un guerrier très original dans sa manière d'aborder un assaut. La bête se jette sur sa proie et tente de lui infliger d'assez graves blessures pour qu'il ne s'en relève pas. Et si le registre varie quelque peu, la méthode quant à elle reste identique. Il se propulse donc vers lui profitant à nouveau de sa grand vélocité, abattant ses lames qui une fois encore tâcheront d'anéantir son esprit combatif. Mais ses loups ont faim, bien plus faim que cela. Les épées jumelles dans l'assaut pivotent dans ses mains et se retrouvent croisées au-dessus de sa tête. Elles s'abattent l'instant d'après, provoquant une croix d'énergie qui tentera derechef de se nourrir de l'énergie vitale d'Endymion.

Le combat perdurait dans une certaine routine à présent. Lykeios en venait tout de même à se demander comment son adversaire parvenait à toujours tenir debout. Lui-même était à présent privé d'un troisième de ses sens. Le pire restait à venir… Le Dieu-Loup devrait donc tâcher d'en finir au plus vite. Le corps du Marina était d'ores et déjà meurtri. Peut-être qu'un dernier assaut suffirait ? Ou bien devrait-il faire appel à ses plus redoutables arcanes ? Lui aussi cachait quelques cartes dans sa manche depuis le début de cet affrontement.

Deux nouveaux esprits furent toutefois lancé à sa rencontre. Des attaques qui ne pourraient plus le surprendre. De ses épées il les pourfend, ne parvenait cependant à se défaire totalement de leur puissance. C'est alors que ses poings se serrent autour des gardes de ses lames, jusqu'à ce que ses jointures en blanchissent. Son Cosmos quant à lui éclate brièvement. Assez joué…

Sa rage s'est apaisée néanmoins. Le Dieu-Loup récupère un peu de sa conscience, perd un peu de son agressivité. Le moment est bien choisi. Les ombres qui se déroulent de ses lames appellent toujours à croquer un peu plus de leur proie cependant. Un nouvel assaut, preste et brutal. Ses crocs cherchent à se planter à nouveau, ne cherchant plus que le sang et uniquement le sang. Si rapide qu'il semble presque traverser le Marina, se retrouvant à quelques mètres derrière lui après cette nouvelle offensive. C'est alors qu'il estime que le temps est venu d'un dernier avertissement. Quelques pensées ainsi partagées.

- Admets ta défaite Endymion. J'ai d'ores et déjà compris que tu étais l'un des Généraux de Poséidon…
Admets ta défaite… Sans quoi je ne serais plus en mesure de garantir ta survie.

Si le combat se poursuivait, il serait privé d'autres sens encore. Les esprits de sa meute pourraient dès lors prendre la relève, faisant preuve de bien moins de merci. Peut-être serait-il en mesure de s'en défendre… peut-être pas… Voilà qui ne l'arrangeait pas. Les morts ne parlent pas...

Un assaut esquivé… Une arcane particulièrement puissante déployée contre lui. Non pour l'atteindre, mais pour l'empêcher de le faire. Il a assez souvent combattu pour savoir ce qu'il peut en coûter de faire pareille esquive, lui-même ayant quelques capacités en le domaine. Mais cela ne faisait que repousser l'inévitable, le Dieu-Loup se sentant nettement supérieur – sans doute grâce au traitement d'Asclépios lui permettant de nettement mieux tenir la distance malgré sa maladie. Pour autant, il n'avait pas laissé une porte ouverte pour rien. Ce combat n'avait que trop duré déjà. Et s'il se moquait bien de perdre son cinquième sens – Apollon pourrait les lui rendre avec aisance sans doute – il répugnait à donner la mort ici, au simple prétexte qu'il avait été surpris et qu'un gant avait été jeté.

Ce serait simple pourtant… Il n'aurait qu'à laisser sa meute faire. Délivrer ses loups pour qu'ils s'acharnent sur cet adversaire. Une fois mort, il n'y aurait plus aucune promesse à tenir, que sa vue lui soit privée ou non. Mais il n'est pas ainsi… pas ce genre d'être à bafouer sa parole. Appelons donc cela un ex æquo… Cependant, il aurait quelques difficultés à prendre au sérieux certaines paroles proférées.

- Des présentations civilisées ?

S'il n'avait pas été privé de parole, Lykeios en aurait ricané. Enfin, s'il avait été du genre à ricaner dans un premier temps, déjà…

- Il n'y avait rien pour nous y inciter jusqu'ici. Ni dans le fait de surgir subitement et moins encore dans la proposition d'un quelconque affrontement. Je suppose que j'y ai ma part aussi… Mais les mœurs ont bien changées si c'est là rencontre civilisée.

En effet, il avait peiné à garder son calme et son sang-froid habituels. Sous le coup de la surprise, il avait revêtu sa Chlamyde, ne se positionnant pas dans une situation bien amicale pour commencer. Oui, torts en partie partagés, certainement.

- Comme tu le signales cependant, je tiens ta vie autant que tu tiens mes sens. Si nous voulons donc repartir sur une base plus saine...

L'homme aux cheveux d'argent fait disparaître son armure, aussi simplement qu'elle était venue à lui, son regard azurin et intense fixé sur le Marina.

- Donnant donnant...

Ainsi, Lykeios affirmait ne plus menacer la vie d'Endymion. Mais il n'imaginait pas en quelles circonstances des présentations pourraient être civilisées alors que quatre de ses sens étaient tenus en otage.

L'accord fut ainsi passé avec pour seule confirmation le retour de ses sens. Ses paupières se plissent face au retour des lueurs solaires. Ses autres sens se retrouvent tout autant chargés d'informations, brutalement. L'écho des vagues, l'iode qui chargeait l'air,… Chaque son, chaque odeur, chaque goût semblant plus forts qu'ils ne pouvaient l'être avant qu'il en soit privé. Étranges sensations que seule la privation peut créer. Tout comme le Soleil lui avait paru plus beau que jamais lorsqu'il s'était à nouveau éveillé au monde, après bien des siècles et des siècles sans pouvoir ne fut-ce qu'en apercevoir la moindre lueur.

Quelques instants s'écoulent alors qu'Endymion dénoue les malédictions qu'il avait lui-même liées. Et une main finit par être tendue devant lui. Lykeios regarde un instant l'homme avant que ses yeux de glace se reportent sur cette main. Un moment d'hésitation, avant qu'elle ne soit saisie franchement. Cela ne signifiait pas grand-chose pour autant. Ce n'était pas un pacte d'amitié qui venait d'être signé. Il consentait juste à apaiser la situation en ne faisant pas l'affront d'ignorer ce geste qui se voulait sans doute amical. Un peu à contre-cœur, cela pouvait peut-être se sentir quelque peu.

Endymion se laissant tomber au sol, le Dieu-Loup s'accroupit pour sa part, portant son regard vers l'horizon, et ces étendues marines à perte de vue. Serviteur de l'Empereur des Océans qui régnait donc sur tout ce qu'il voyait en cet instant. Une crainte récurrente pour le fils d'Apollon. Car même si une certaine neutralité était pour l'heure en place entre le Soleil et le Trident, Poséidon restait de tout temps une formidable puissance.

Général du Dragon des Mers. Voici en tout cas une présentation qui en disait bien plus que le simple échange des prénoms, comme il le signalait plus tôt. À son tour, il se devrait donc d'être plus complet, comme il l'avait promis. Lykeios n'était clairement pas de ceux qui auraient pou tendance à ne pas tenir parole, honnête et loyal qu'il est.

- Je suis Lykeios. Celui que l'on nomme le Dieu-Loup de Delphes. Le vent m'a guidé afin que je serve le Soleil à nouveau.
Nos Seigneurs sont actuellement en paix. Du moins ils ne s'opposent pas. Je pense préférable que cet affrontement reste entre nous...

Il ne lui demandait pas clairement de ne rien en dire. Endymion ferait comme il l'entendrait, et il n'avait certainement pas à lui dicter sa marche-à-suivre. Mais il estimait juste qu'il ne serait pas avisé de leur part de risquer quoi que ce soit tout cela à cause d'un simple affrontement qui n'avait jamais eu pour but de faire couler plus de sang. D'ailleurs, il ne s'attarde pas là-dessus. Un autre sujet titille sa curiosité.

- Qui sont ces esprits que tu as enfermé dans tes cartes ?

L'esprit de ses descendants lupins ayant trouvé la mort de par les siècles habitait ses lames. Sa meute immortelle. Mais ils n'y étaient pas contraint. Il s'agissait juste de leur devoir. Tout comme lui, patriarche de cette lignée, ils devraient servir Apollon pour l'éternité, entièrement dévoués. Un honneur pour eux. Aussi se demanda-t-il si une telle relation pouvait exister entre les esprits de ces cartes et Poséidon. Ou tout simplement Endymion. Un devoir ? Une prison ? Il s'interroge forcément.

Un éclat de rire de son interlocuteur. Cette joie apparente tranche nettement avec sa propre attitude, lui dont les lèvres ne s'étiraient jamais en sourire, lui qui préservait son sérieux et sa gravité comme s'il devait absolument s'y raccrocher sous peine de… Sous peine de quoi, au juste ? Ses émotions restaient enfouies, autant qu'il le pouvait, comme part de son caractère. Quelques écarts dernièrement, mais pas de quoi remettre en question de vieilles coutumes le préservant. Des vannes scellées afin de ne pas se laisser submerger, sans quoi il pourrait sans doute couler…

Aussi ce contraste laisse donc à Lykeios une impression étrange, peu habitué à voir quelqu'un se tenir dans ce qui lui semblait être une forme d'excès, une bonne humeur exacerbée qui lui est tout à fait étrangère. Tout du moins, il lui accordait de préserver cette joute secrète, du moins de ne pas chercher à l'amplifier pour que cela en vienne à causer des troubles entre leurs deux camps. Il n'en demandait pas plus.

Il fut également rassuré lorsqu'Endymion lui détailla un peu plus l'origine des esprits dont il usait. Des âmes perdues majoritairement, qu'il canalisait et à qui il offrait selon ses dires paix ou but. Deux d'entre elles étaient plus particulières, contenant des proches. Il avait dû d'ailleurs faire face à l'une d'elle, la Maison Dieu. En tout cas, le Dieu-Loup ne pousserait pas cette discussion plus loin, le sujet devenant sans doute trop personnel pour qu'il aille encore chercher à creuser. Son maître et son père… Qu'ils l'aident de leur plein gré comme les autres esprits dont il disposait ou s'ils étaient quant à eux emprisonnés en quelque punition, cela ne le regardait pas. Il ne s'agissait plus simplement d'âmes innocentes, mais d'êtres qui lui furent assez proche pour qu'il soit seul à pouvoir juger de leur sort.

- Certains n'hésiteraient pas à user de ces pouvoirs pour asservir des innocents. Je suis content d'entendre que selon tes dires ce n'est pas le cas.

Il se redresse, alors que jusque là il avait été accroupi. Comme s'il était prêt à partir. Ce qui était le cas, mais quelque chose le retenait. Sa voix rauque se fit donc entendre à nouveau.

- Pourquoi les mettre au service de Poséidon ? Est-ce que cela fut une évidence pour toi ? Ou simplement as-tu été choisi et tu n'y as pas vu d'inconvénient ?
Tu n'as pas l'air d'être un guerrier assoiffé du sang des vaincus. Cette insouciance, cette spontanéité, cette tendance aux éclats de rire… ces attitudes me sont par trop étrangères, peu communes et surtout en un cas comme celui-ci. Ou bien au contraire… cette situation te plaît trop, d'être chevalier en un futur carnage, pour que cela ne te donne bonne humeur. Je ne sais…
Je l'avoue, j'ai bien du mal à te cerner, Endymion du Dragon des Mers.

Les considérations quant à l'utilisation des âmes que Lykeios avait amené n'avaient pas l'air d'émouvoir le Marina, au contraire. Soit, il n'était pas là pour lui faire la morale. De toute manière, il avait d'ores et déjà été rassuré sur ce point. Inutile d'y revenir donc, malgré ce haussement d'épaules désinvolte.

Par contre, sa bonne humeur sembla de nouveau poindre le bout de son nez lorsque le Dieu-Loup évoqua sa difficulté à discerner les réelles motivations de cet Endymion. Manifestement, ce dernier était heureux de voir cette carapace fonctionner, ainsi présentait-il cette manière d'être. Une protection, un masque. Il hoche de la tête brièvement, alors que la réponse se poursuit.

Ainsi, le Dieu-Loup put se rendre compte à nouveau des différences majeures les opposant. Une créature du chaos, alors qu'il se voyait représenter l'ordre. L'ordre que le solaire Apollon pourrait apporter à ce monde, afin de guider cette humanité effectivement médiocre vers un avenir plus radieux. Les élever plutôt que les laisser s'enfoncer. Les écarter de la triste voie dans laquelle Athéna semblait vouloir guider ce monde. Point de vue sans doute naïf et totalement subjectif, mais il ne saurait juger autrement les projets de son père tant il lui voue respect et déférence.

- Effectivement. Je peux donc apercevoir ce pourquoi tu sers l'Empereur des Océans à présent.
Soit.
Je pense que l'heure est venue pour moi de me retirer. Peut-être nous reverrons-nous, Endymion. Et alors, ensemble, nous rirons ou nous combattrons à nouveau. Seul l'avenir le dira...

Sur ce, il pivota sur ses pieds tournant ainsi le dos, fit quelques pas… puis disparut, usant de sa légendaire vélocité. Ainsi cette rencontre « amicale » prit-elle fin.

Citation :

RP terminé d'mon côté