Enfin un soupçon de sagesse dans un océan de banalités futiles et naïves.
Lorsque Nereus s'interrogea enfin sur mes motivations, ma première réponse fut un sourire satisfait. Commençait-il à comprendre les règles immuables de ce monde ? Un bon début, quoique tardif.
Devais-je minauder, tenter de noyer le poisson ou y aller franchement ? Le choix fut simple à trancher.
J'essaie de t'aider pour deux raisons. La première est... disons audacieuse.
Les main dans le dos, je me mis à effectuer les cents pas autour du Kraken, tel un requin flottant autour de sa proie.
Il ne faut jamais insulter l'avenir. Jamais. Les ennemis d'hier peuvent devenir les meurtriers de demain. Quand je te regarde aujourd'hui ou que je me souviens du jeune esclave que tu étais, je distingue une réelle évolution. Non aboutie mais présente. Peut être deviendras-tu un jour utile à mes projets. Ou pas. Mais dans un cas ou dans l'autre, je serais bien stupide de négliger ton potentiel.
Un bon mariage, une relation amicale, une réputation de héros... Néreus pouvait obtenir l'un ou l'autre. Et alors il deviendrait utile. Les bonnes relations se cultivent. Et je tenais à avoir le plus beau "jardin" possible. Mon sourire s'élargit quand j'évoquais à mon compagnon la seconde raison de mon intérêt à son égard.
Quand à ma deuxième motivation... Disons que tu feras un bon bouclier humain le cas échéant. Un général des mers n'est pas un allié inutile.
Je ponctuais cette révélation d'un grand rire désinhibé mais dénué de moquerie. J'étais ainsi. Opportuniste et pragmatique. Et je voulais que Néreus le comprenne. Mon cynisme ne lui était pas adressé. Mais le monde était ainsi fait.
Chaque individu que tu croises doit devenir une marche que tu gravis pour atteindre ton objectif. Qu'il soit noble ou égoïste. C'est la vie, le monde dans lequel nous vivons.
Je haussais les épaules en stoppant mon pas. Ultime verdict.