Le petit village jouxtant le Sanctuaire bruissait d'une agréable clameur joyeuse, chacun travaillant de son mieux à sa tâche, après l'annonce du retour des chevaliers, presque tous saufs, de la lointaine contrée de Jamir. Les Rodoriens avaient connu la peur et l'inquiétude, entre l'attaque-éclair des berserkers et des Oracles, la "rébellion" de la femme du Sagittaire et cette dernière mission de haut risque. Cependant, d'un commun accord, ils préféraient faire contre mauvaise fortune bon cœur, et inonder tout voyageur ou chevalier qui passait par là de bonne humeur. Ainsi, ils remontaient le moral de chacun et la vie reprenait son cours.
Cette atmosphère plut tout de suite au Héron, alors même que l'on se retournait sur son passage pour fixer ses ailes avec de grands yeux, son allure tout à fait grecque qui ne dénotait pas dans le décor -hormis les aurifères reflets de sa chevelure-, ou encore sa démarche légère. Il y avait autour d'elle comme un halo invisible de chaleur, de douceur et de grâce, apportant apaisement et lumière à qui la contemplait. Il s'agissait d'une étrangère, et donc une potentielle ennemie, les villageois le savaient, mais elle ne dégageait aucune hostilité aussi bien envers les Hommes que les bêtes ou les plantes. Si elle avait voulu, se disaient les passants, elle aurait bien pu les tuer dès le départ, comme Satine, donc elle devait être ici en amie, ou du moins à titre neutre.
Le son de sa voix réjouissait les oreilles alors qu'elle se présentait humblement à un marchand de rue pour lui demander des indications. On essayait alors de la faire parler plus longuement, sans vraiment écouter le contenu, mais plutôt la mélodie dans ses mots. Elle souriait alors de voir ses interlocuteurs perdus dans leur écoute, sans se rendre compte qu'une réponse était attendue après une question.
Comme si le soleil la suivait dans ses mouvements, il semblait que le vent d'automne soufflait moins fort dans son sillage, au profit des rayons plus pâles mais toujours aussi vaillants de l'astre de jour. La nymphe chemina ainsi à travers tout le village jusqu'à s'arrêter devant l'une des blanches maisons parmi tant d'autres. C'était ici, avait-elle appris, que se trouvait la personne qu'elle désirait rencontrer. Pour sûr, le chevalier saurait mieux que la populace s'il fallait la chasser ou écouter ce qu'elle venait dire, bien que l'accord du Pope à son sujet ne laissait pas grand doute sur la question.
Elle frappa à la porte poliment, et attendit.
Chlamyde du Héron:
L'ensemble était constitué de jambières et cuissardes, d'une ceinture avec des prolongements de plaques reliés entre eux par de la soie légère comme le vent qui formaient comme une queue de plumes, d'un bustier élégant et, femme oblige, d'un protège-poitrine qui semblaient légers comme l'air. Le tout finement ornementé pour rendre toute la grâce du héron, d'un blanc parcouru de veines d'or fin. Les brassards, épaulières se paraient du même style et se terminaient par de fines manches de soie protégeant les coudes, notamment du froid en vol. Le casque possédait une forme de diadème conçu pour protéger principalement les tempes, le front et le haut du crâne tout en laissant les cheveux libres de cascader le long de son dos. Enfin, clou du spectacle, deux magnifiques ailes du même blanc lumineux réagissaient à ses impulsions de cosmos comme de vrais membres. Le tout alliait finesse et une solidité inattendue, une grâce toute princière et une liberté de mouvements optimale.
Re: [Octobre 550] Défunte entrevue (PV Heed) Jeu 26 Jan - 23:03
Un long moment passa, pendant lequel elle resta sur le seuil de la porte. L'attente devenait peu à peu gênante, mais la Belle s'empêcha de frapper encore une fois. Heed était peut-être sorti. Il se trouvait a priori dans le village, probablement à rassembler quelques provisions. Après tant de chemin pour le rencontrer et de démarches pour sa brève admission en terre Sainte, surtout quand elle savait le crime récent à l'encontre du Pope Belisaire, elle songea qu'il valait mieux attendre. Ne pas offenser la population en insistant sur cette porte close montrerait sa bonne volonté.
Elle s'assit sur les quelques marches du palier, ramena ses genoux contre elle et s'installa donc en vue de patienter tout le temps qu'il faudrait. De ce point d'observation improvisé, son regard en croisa d'autres, son sourire de même. Ces gens, pensait-elle, possédaient bien du courage et de la loyauté pour rester ici, en sachant pertinemment que des guerriers pourraient à tout moment raser leur village pour atteindre les résidents du Sanctuaire. Voir Childéric l'accueillir en armure l'avait tout d'abord décontenancée. A Rome, le secret primait. Ici, dans ce simple petit village, tout le monde savait, travaillait pour ceux en qui ils croyaient comme les défenseurs de l'humanité. Par respect pour eux, elle affichait donc ses ailes ouvertement. Et son initiative semblait plaire assez.
Les minutes passèrent, de plus en plus longues et pesantes. Heed ne venait pas. La Princesse aux mille oiseaux leva les yeux vers le soleil courant dans le ciel sans jamais stopper sa course et...
Tout à coup un cosmos qui fila droit vers le village, droit en direction de la taverne ! Célestia sursauta en réalisant la chose et fut sur ses pieds alors qu'une explosion indiquait la chute de plein fouet sur le bâtiment. Le Héron hésita tout d'abord : on pourrait l'accuser de fomenter un nouveau meurtre après cela, elle qui avait quitté Akritès en ce même lieu peu avant. Mais justement si elle l'aidait, lui et tous les pauvres gens coincés à l'intérieur...
Lorsqu'elle distingua tout à coup un éclat de cosmos appartenant à Apollon dans la mêlée, elle ne se posa même plus de questions. Toute implication avec son père la concernait irrémédiablement en tant qu'Oracle. D'un battement d'ailes, Célestia s'éleva au-dessus des villageois apeurés et fila droit vers le lieu de l'impact.