[5 Janvier 553] L'ombre des Absinthes [PV Aegis][Terminé]

Le menton se hisse subrepticement, approche un instant de l’étendue azurée. Le corps cesse son avancée aux entours du temple, le temps qu’une soucieuse oreille se prête aux caprices du présent : le tonnerre gronde, la brume s’installe, mais la pluie demeure silencieuse. Les manifestations augmentent en fréquence, dernièrement, bien qu’invisible pour les yeux ; c’est intrinsèque qu’elles imposent leurs moroses poésies. Depuis son pèlerinage dans l’ancien berceau de la connaissance, à vrai dire. Il n’est plus, elle l’a bien compris, et la sensation qu’il laisse derrière lui n’en est que plus amère encore.

Une paume se porte sur le masque qui orne son visage, bifurque toutefois lorsqu’elle parvient à proximité ; elle se plaque sur le pariétal, repoussant ses otages de jais. Derechef, l’esprit se mutile sous les études divergentes, élaborant des solutions énigmatiques. En définitive, la clef n’ouvre, pour le moment, pas le moindre coffre.

La Persane s’autorise un souffle prisonnier, mussé sous son camouflage corporel ; les épaules se relâchent pour redevenir ce qu’elles sont à l’accoutumée. Les amandes de Jade s’étendent jusqu’à l’entrée, en surveille le seuil. Aussitôt, la nonchalance réapparaît et voici que la Serpentes pénètre en son sein.

Il doit bien être dans le coin.

Alors même que les mirettes furètent, en quête d’une présence, Mehry traverse en partie le temple, jusqu’à parvenir au centre de la salle. Elle se déplace en silence, s’abaisse parfois, contourne les colonnes. Rien ni personne, vraisemblablement. À cette constatation, le haut de son corps se redresse brièvement et ses doigts s’emparent de son propre masque.

Peu importe, les absents ont toujours tort.
Quand cela arrange.

Citation :

Petit (tout petit) démarrage tranquille pour reprendre l'habitude !

Silence. Prière.

Au centre de la grande salle, près des grandes portes du jardin des deux saules jumeaux, un homme était allongé ventre sur le sol. Les bras en position christique. Des psaumes* pouvaient se faire entendre pour les ouïes les plus délicates.

Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants,
Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs,
Et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs,
Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l'Éternel, Et qui la médite jour et nuit!
Il est comme un arbre planté près d'un courant d'eau, Qui donne son fruit en sa saison,
Et dont le feuillage ne se flétrit point: Tout ce qu'il fait lui réussit.
Il n'en est pas ainsi des méchants: Ils sont comme la paille que le vent dissipe.

Une présence troublait la sérénité du Temple. L'homme de Dieu se relevait alors lentement, on pouvait voir un bandeau de soie écarlate sur ses yeux, il ne le quittait pour ainsi dire jamais. Tel l'Aveugle de Bethsaïde, il se devait d'attendre que la lumière du Christ lui redonne la vue sur ce monde. S'agenouillant, il réajusta sa tenue de simple pêcheur devant l'autel des croyants. Homme ou femme, nul n'était différent à la vue du Seigneur, les actes étaient la source du jugement de Thémis.

Le chevalier du Phénix avait été un homme de Foi. Le chevalier du Lion s'était montré sans ambages. Que serait-il du nouveau pêcheur ? Aegis aurait aimé profiter de la quiétude de son temple et que jamais personne ne le passe ou franchisse les portes de son temple. Mais Dieu avait demandé à ouvrir les portes de son royaumes afin de purifier le coeur des pêcheurs. Résolu, sans porter son armure d'or, il se tenait là à genou afin de faire face à celui qui venait le déranger dans sa prière.

" Entre jeune enfant, le royaume de Dieu t'ouvre ses portes. "

La voix était douce, sinon discrète. Il n'était pas dans l'esprit du Chrétien de parler plus fort que Dieu, surtout en son temple où sa Justice s'appliquait sans sourciller.

Citation :

* : En latin, mais pour la compréhension du lecteur, ce sera en Français.

Subito, elle se redresse, s’immobilise dans son désir d’ôter cette ennuyeuse protection ; une étrange mélodie s’invite à son oreille et aiguille son museau vers une destination plus lointaine. D’une infime intensité, celle-ci notifie toutefois d’une présence en ces lieux, supposément dépeuplée jusqu’à présent. En y repensant, il ne se montre, semble-t-il, que rarement. Tant est si bien que l’Ophiuchus ne l’a encore jamais croisé, en dépit de ses nombreuses excursions. Comme un fantôme, mais peut-être n’est-il qu’une chimère.

À l’écoute de ces notes poétiques, Mehry en reste coite, un instant. Bien incapable d’en percevoir les subtilités, son ouïe porte son attention sur le rythme, sur la distance qui la sépare de son origine. Ce n’est assurément pas très loin, positionné quelque part dans les salles du Temple de la Vierge. La nuque se retourne alors, accompagne le haut de son corps à la recherche de l’Inconnu ; elle avance à tâtons, explore jusqu’à découvrir une silhouette agenouillée à proximité de grandes portes.

À distance, les pierres Céladons scrutent la présence, la détaille de tout son long ; elles se perdent notamment sur ce bandeau qui recouvre ses yeux. Quelque part, cela semble plus clair désormais. Des ombres subsistent encore et certaines réflexions demeurent sans réponse, mais les données se transforment peu à peu. Il appert que cet homme est un être de discrétion et de tranquillité ; un constat pour le moins éloigné de ce qu’elle a connu jusqu’alors. Hélas, les apparences sont parfois trompeuses et il est aisé d’arranger une impression.

— Oh, je n’avais pas senti ta présence ! Désolée d’avoir un peu fouiné. À vrai dire, je cherchais quelque chose, mais impossible de mettre la main dessus.

Haussement d’épaules accompagne une tête qui, doucement, dodeline ; s’il s’avère que les mots et l’attitude sont source de tromperies, il existe certaines personnes pour lesquelles on ne peut mentir. En cela, les précédentes actions au sein de ce temple demeurent perceptibles, et ce quel que soit la condition de son gardien. La prudence est mère de sûreté.

— Ah, attends…

Ces mots s’envolent, mais ne sont pas hurlés, alors même qu’elle retire sa propre armure. En outre, ils se font annonceurs d’une approche, d’un mouvement descendant qui lui permet, à son tour, de s’agenouiller. Face à face, à la même hauteur : voilà qui facilitera les échanges.

— Voilà, mieux. Donc, je suis Mehry. Et toi, ton nom ? J’avoue également être curieuse à propos des poésies que l’on pouvait entendre tout à l’heure, mais chaque chose en son temps j’imagine. Dans tous les cas, bienvenue parmi nous, même si ça fait peut-être déjà un moment que t'es dans le coin...

Nonchalante, cette fois encore ; elle ne se présente pas en tant que Chevalier, pas plus qu’elle attend qu’il ne le fasse. Pour l’heure, leurs armures brillent de leur absence, signe d'un temps propice pour le connaître lui et ses croyances.

Le moine se demandait ce que la femme pouvait chercher ici. Elle s'appelait donc Mehry. Qui était-elle ? Un chevalier de ? Que recherchait-elle ? Des poésies ? Aegis était un peu perturbé par la présence de cette étrangère dans sa maison. Le Phénix et le Lion s'étaient présentés selon les usages, ici tout était plus mystérieux. Soudain, des bruits métalliques se firent entendre alors que l'air tourbillonnait rapidement. Puis, un bruit sourd et métallique se posa à quelques pas de l'ermite. Ce son était celui des armures totémiques, Aegis connaissait un son proche de sa chère Thémis. Toutefois, bien des questions demeuraient.

Elle s'agenouillait devant lui, se mettant face à face. Le chevalier d'or restait de marbre, comme s'il était prêt à répondre à la moindre hostilité. La femme devant lui avait un souffle léger, difficile à appréhender. Curiosité ? Impatience ? Il lui était difficile de comprendre les motivations de l'étrangère. Cette histoire de Poésie avait une réponse simple : Mehry confondait Psaumes et Poésie. Pour Aegis, la marque du Malin était déjà présente en ces lieux. Ramenant ses mains sur ses cuisses, un sourire ourla ses lèvres afin de briser la glace qui se figeait lentement entre lui et elle.

" Encore une fois, bienvenue dans la maison du Seigneur. Je me nomme Aegis et j'ai l'insigne honneur de défendre cette maison des malins et des méchants. Es-tu venue pour absoudre tes pêchés ? Remettre ton armure à Athéna avant d'accepter une éventuelle punition ? Que cherches tu ? "

Le ton était ferme. Aucun cosmos ne se dégageait du Chevalier d'or de la Vierge avant qu'il ne pose ses questions, telles des sentences pouvant amener à une mort immédiate. Une légère aura émana ensuite de lui et formait des ondes qui traversaient les dalles du temple de la Vierge. Athéna lui avait donné la mission de protéger ses secrets et sa Justice dans le monde. La fourberie des femmes était un poison pour le jeune chevalier, il se rappelait Eve face au serpent. Il ne comptait pas se faire duper comme le fut Adam par de douces paroles.

Lentement se mains se joignirent comme le faisaient les chrétiens dans leurs lieux saints. Il se mettait en prière et était prêt à en appeler aux psaumes de David afin de repousser les méchants. Si cette femme n'était pas encore la proie des enfers éternels, c'était qu'un doute avait atteint l'esprit de Thémis. Il était l'ennemi de la Justice et conduisait à prendre des mauvaises décisions. Le fait qu'elle abandonna son armure et fasse preuve d'humilité était ce doute qui ne le quittait pas. C'était la raison pour laquelle, il avait décidé de donner une chance à la fille d'Eve, une seule explication de travers et il n'hésiterait pas.

La parole était à l'étrangère...

Les amandes Céladon de perdent aucune miette de la situation, des actes dont chacun d’eux fait preuve ; les oreilles se montrent également attentives, perçoivent les sons et les tonalités qui sortent de la bouche de cet homme. Il se montre ferme, sans l’ombre d’un doute. Méfiant, également, dévoilant une fine aura aux alentours. Pour autant, ses réactions ne s’avèrent guère étonnantes, dans l’immédiat. La Persane s’observe seulement, simplement : le croyant tient son discours, joint ses mains dans la prière. Ces gestes n’ont presque plus de secret, pour elle, malgré le fait qu’ils dorment dans les draps de la mémoire ; la signification et les raisons en diffèrent peut-être légèrement, mais eux aussi, les utilisaient.

Les déclarations comportent de multiples visages, à la fois manifestes et implicites. Malgré tout, Mehry ne s’en offusque pour le moment pas. Ainsi, l’Ophiuchus délivre un soupir ; un souffle ni las, ni empreint de rassurance, mais étrangement neutre. Il attendait des réponses, certes. Toutefois, il n’en obtiendrait probablement pas le détail, car certaines ne sont pas à leur place. La tête se redresse machinalement, face à ce cou qui tend parfois à pencher. En outre, les mains partent à la rencontre du masque, vérifient qu’il soit bien fixé avant de dériver une fois de plus vers le crâne, grattant sa tête et massant ses tempes.

— Navrée de te décevoir, mais je cherchais ma bestiole. Comment dire… Disons qu’on a bien connu ton prédécesseur et Parvan tournait pas mal autour du temple, à l’époque. Elle ne l’avait plus fait depuis un moment, donc je pensais que ça s’était tassé, mais on dirait qu’elle le cherche toujours, même s’il n’est plus là aujourd'hui.

Une pause s’impose d’elle-même, s’annonce par ailleurs courte. En effet, elle ne dure que le temps de prendre un bol d’air et n’invite nullement l’autre à lui répondre. Chaque chose en son temps.

— La réponse peut ne pas te convenir, mais elle ne changera pas pour autant. Tu comprendras donc que j'ai aucune intention de remettre mon armure ; il nous reste encore des choses à faire pour Athéna. À vrai dire, si je ne la porte pas actuellement, c’est uniquement parce que tu n’en portes pas non plus.

Elle hausse les épaules et, de nouveau, un soupir outrepasse la barrière des lippes. Ce simple fait lui paraissait pourtant clair.

— Vraiment.. J'imaginais pas avoir à expliquer ça… Bref. Eh bien.. Disons que la définition des péchés n’est probablement pas la même dans ta croyance et dans la mienne, donc je ne peux pas te répondre selon tes propres attentes. Selon celles qui m’ont été données, le simple fait de faire la guerre, même pour le bien et à la demande d’un Dieu, est un péché. Tires-en les conclusions que tu souhaites. Cela étant, je me permets de modifier quelque chose : tout à l’heure, je t’ai dit que mon nom était Mehry. Il est vrai que c’est mon nom de naissance, mais on m’a également nommé Ehsan*. Si possible, je préférerais qu'on utilise ce nom.

Cette fois encore, le ton semble détaché, les lippes s’étirent dans l’une des commissures, dissimulée par l'objet de Femme. Ni mutines, ni malveillantes, elles ne symbolisent que le résultat de ses recherches.

— Et donc, verdict ?

Citation :

Ehsan (Perse) est un nom masculin que les autres religieux lui ont donné. Cela signifie "Le bienveillant."

Une bestiole ? La source de la présence de celle qui se faisait appeler Mehry ou Ehsan était déroutante pour le croyant. Il n'avait jamais ressenti de présence en dehors de celles des abeilles dans son temple. Prédécesseur ? Les premiers serviteurs de son temple lui avaient parlé d'un Rahi, disparu depuis de nombreux mois. Sans bouger d'un iota, le cosmos d'Aegis continuait de gagner en intensité, l'air devenait de plus en plus lourd. Se dégageait de cette femme une forme de ... Il ne savait pas quoi dire, ni en peser le mot, il était juste irrité par son comportement.

Il savait qu'elle était chevalier d'Athéna. Le léger mouvement d'air au niveau de son visage indiquait certainement le port d'un Masque. Etait-ce une amie du Lion ? En tout cas, cette dernière n'avait pas indiquer qu'elle attendait qui que ce soit au sein de son temple. La perplexité était grande. En l'espèce, elle souhaitait accomplir une mission auprès de la Déesse, c'était la seule chose qui pouvait les rapprocher entre Chevaliers. Était-il venu au nom de ce chevalier qui avait disparu depuis des années ? Un long silence suivit les propos de la pécheresse.

" Faire la guerre serait un pêché ? Voilà un postulat bien rétréci de la Guerre en elle-même. Il existe des guerres plus profondes, sans épée ou bouclier, la limiter au fait de tuer ou de blesser une personne est un non sens, Chevalier. Ensuite, tu me demandes un verdict sur quoi ? Sur ton manque de courtoisie ? Ce n'est pas encore un motif d'exécution. Au sein de notre Ordre, nous prenons pour habitude de se présenter officiellement. "

Posant un moment de silence.

" Tu souhaites retrouver une ... bestiole ? Voici encore une chose qui manque de précision. Comment obtenir une chose quand on manque de clarté ? Chevalier, je ne connais pas ton passé mais je me permets un conseil : exprime toi clairement auprès des Chevaliers qui gardent ces temples ! Les autres Gardiens pourraient s'avérer moins "compréhensifs". "

Lentement, le jeune Homme, chevalier d'or depuis quelques temps, sentait que la femme face à lui manquait de sincérité. L'imprécision était le premier pas du malin, noyant la vérité dans des semi-vérités ou des semi-mots.

L’énergie persiste, s’intensifie, envahie la pièce quitte à en occulter l’air. En dépit des échanges, son origine est exempte de mobilité ; il demeure invariable, installé au-devant d’elle. Dans les faits, chacune de ses réactions régale la demoiselle, plus encore que la précédente. Elle s’amuse, mais n’en montre rien, clôturée dans son masque de Femme : pour l’heure, les échanges semblent être à la hauteur de ses attentes, mais il arrive que le temps parvienne à tourner, subito.

La conversation se ponctue de silences, d’absences temporaires. Pourtant, toutes sont pourvues de sens. En effet, l’être humain est, de son essence même, de ceux qui souhaitent mettre des mots, des images et des raisons sur ce qui les entoure. À cela, Mehry ne représente guère une exception, bien loin de là, et il appert que le croyant d’en face émet cette même facette. Cette façon de penser leur est propre, après tout. Alors, comme une enfant, elle joue et se passionne pour ce jeu que, malgré lui, Aegis instaure entre eux.

Un mot à peine énoncé qu’il rebondit aussitôt : une partie palpitante et pourtant si frustrante.

— C’est exact, la guerre a de nombreuses formes : si la plus connue apporte des blessures physiques, d’autres sont bien plus sournoises, et accompagnent parfois les premières. Pour être plus clair, selon les anciens, l’objectif des hommes serait de répandre le bien, donc tout ce qui irait à contre-courant de ce fait est vu comme un pêché, quand bien même cela serait un moyen d’y parvenir.

Car si elles ne s’arrêtaient qu’aux traumas physiques, les choses seraient infiniment plus simples.
Plus simples pour elle, pour lui.
Pour eux.

— Pour être plus clair, selon les anciens, l’objectif des hommes serait de répandre le bien, donc tout ce qui irait à contre-courant de cela serait perçu comme un pêché, quand bien même l’objectif derrière aurait été un moyen d’y parvenir. Alors, je te le demande, que considères-tu comme un pêché ?

Un grain s’écoule, unique. Durant moins d’une seconde, elle perd de son panache. Par le biais de ses prunelles, ce n’est plus cet homme qu’elle observe, mais le reflet de ses propres souvenirs. Alors, les paupières se ferment, s’ouvrent de nouveau, et la voix reprend d’ores et déjà le fil de la discussion, comme enjouée. Machinalement, le torse se redresse, brièvement.

— Lorsque l’on veut une information, il faut en donner une équivalente avant, tu sais ? Je préférais une présentation plus sommaire, mais si tu souhaitais des présentations officielles, rien ne t’empêchait de prendre les devants. Donc, reprenons depuis le début alors : Je suis Mehry, Ehsan étant le nom donné par les anciens, Chevalier de l’Ophiuchus depuis six ans. Et donc, Aegis, qui es-tu vraiment ?

La réponse à cette question, Mehry se l’imagine sans véritable doute, mais puisqu’il souhaite de véritables présentations… Les vocalises cessent un instant, pour mieux reprendre par la suite.

— Comme dit plus tôt, ma bestiole squattait parfois ce temple, à l’époque. Étant donné qu’il s’agit d’un petit serpent, je préférais le chercher avant que quelqu’un lui marche potentiellement dessus. Autant pour le serpent que pour l’homme, c’est quelque chose qu’il vaut mieux éviter. Cela étant, je prends bonne note de tes conseils.

Nulle trace de malice dans ces quelques mots. Quant à savoir si elle compte les suivre, c’est malheureusement une autre histoire.

Voici que le Serpent devenait Sanhédrin.

En quoi l'objectif des hommes serait de répandre le bien ? Cette affirmation était discutable dans la mesure où l'Homme jugeait librement de la moralité qu'il voulait suivre. Pour éviter que des excès s'exercent, Dieu avait établi des règles sacrées afin que l'Humanité ne se détruise pas par vanité. C'était là des principes simples qu'elle devait suivre pour survivre. La loi n'a pas vocation à être mauvaise ou bonne. Elle est. Le juge se doit de veiller à juger après celui qui viole cette règle sacrée : le Pêcheur.

" Le Grand Prêtre Anân ben Seth n'aurait pas été d'accord avec vous. L'Humanité est par essence versatile, facilement manipulable car elle dispose d'un don offert par les Dieux : le Libre Arbitre. Il n'est pas question de dire que cela tend "naturellement" vers le bien, cela n'a pas de sens. Pêcher, c'est violer la loi naturelle de la nature voulue par les Dieux. Le pêcheur est celui qui dispose de son libre arbitre au prix de celui des autres. C'est une chose qu'un chevalier d'Athéna ne peut tolérer. "

Vint ensuite la loi de l'Équivalence.

Une douce lumière se mit à palpiter entre les dalles du temple de la Vierge, avant de se concentrer sur une dalle précise. Un grondement se fit entendre dans tout le Naos. Le cosmos gagna en intensité avant de laisser quelque chose en sortir. Lentement, la Box de l'armure de la Vierge faisait son apparition. Un léger manteau doré l'entourait comme la neige dansant autour d'un feu endormi.

" Voici ce que je suis. Chevalier Mehry de l'Ophiuchus. Notre ordre est une hiérarchie voulue par les étoiles, n'oubliez pas cela. Une certaine hardiesse dans vos propos pourrait être mal pris par ailleurs mais nous vous accordons l'absolution. " Posant un moment de silence, Aegis quittait sa position pour se relever. Toujours les mains jointes, la cape qu'il cachait souvent dans les plis de sa bure fit son apparition.

" Pour votre serpent, je n'ai pas de réponses. Je vaque ici à mes occupations depuis de nombreux mois et aucun sifflement ophidien ne s'est fait entendre. Je souscris aussi à tes propos, protégez la petite créature fait partie aussi de notre devoir... "

Le visage du chevalier d'or se radoucissait un peu à la dernière remarque de Merhy. Visiblement, ils avaient enfin trouvé un point d'entente.

Citation :

La Box ne s'est pas ouverte. Préfère préciser, donc j'ai pas mis mon armure ^^

Les interlocutions s’écoulent comme l’eau parcourt le lit de la rivière ; elle poursuit sa route, pas à pas, mais n’est pas exempte de remous. C’est ainsi qu’ils progressent, se comprennent, que les différenciations naissent dans leurs discours. Ces subtiles transformations marquent le faciès d’une ouverture de chair : si le premier ne semble pas percevoir le rapprochement, la seconde refuse de mentionner la distanciation qu’il impose.

Cette fois, elle l’écoute complètement, ne rebondit pas sur les mots lorsqu’ils surviennent. Chaque chose en son temps. Ainsi, une lumière commence à se manifester entre les dalles de ce temple autrefois allié ; la graine d’énergie semée grandit alors, le bourgeon éclot et déploie celle qui veille sur les armures. La Box demeure fermée, mais balaye d’un revers les maigres doutes qui auraient encore pu subsister.

C'est lui.

La Vierge, une fois de plus, se positionne dans des résolutions, ses avertissements. En silence, le corps se lève, dévoile des éléments jusqu’à présent cachés. Cependant, elle ne le suit pas immédiatement dans sa démarche et conserve ses jambes ancrées dans le sol.

— Tu es donc bel et bien le gardien de ces lieux, désormais. Prends-en soin.

Il ne paraît pas nécessaire de mentionner le fait de protéger l’endroit, cette notion faisant intégralement partie des tâches qui lui incombent ; à ce moment précis, il n’est uniquement question d’en prendre soin. Une nuance peut-être infime pour certains, mais immense pour d’autres. Pour elle, notamment.

— Ça m’étonne pas, qu’il se fasse aussi discret. Dans tous les cas, il a certainement senti notre présence et ne devrait pas tarder à nous rejoindre, sauf s’il s’est caché. Désolée pour ça, d’autant qu’il risque encore de te rendre visite…

Une réalité dérangeante, pour Mehry. En effet, il appert qu’elle n’a vraisemblablement pas suffisamment prêté attention à l’animal, ces derniers temps. Cependant, celui-ci lui offre malgré tout l’opportunité de croiser le verbe, de jauger le nouveau protecteur d’Or. En silence, elle s’adapte aux gestes de l’hôte, se redresse à son tour pour retrouver les sensations dans le bas de son corps.

— Pour en revenir à ce que tu disais plus tôt, ce Grand Prêtre est assurément un sage : l’Homme est manipulable autant qu’il est imprévisible, cette affirmation est irréfutable. Tendre vers le bien de manière naturelle n’a, d’ailleurs, effectivement pas de sens véritable. C’est pour cela que les Dieux accordent des capacités à certains Hommes, des dons indispensables qui les guideraient et leur permettraient de poursuivre les objectifs voulus par les Dieux mêmes.

Une pause marquée, quelques instants. Courte, bien que suffisante pour ne pas se presser. En effet, ce débat s’annonce captivant, mais celui qui se fait dévorer par le rythme perd, en général, la partie.

— Si le viol de la loi naturelle de la nature comme voulu par les Dieux symbolise le péché, qu’en est-il des Dieux qui ne souhaitent que la domination et la mort ?

Les choses ne sont pas aussi simples qu’il n’y paraît et la perception de cet homme s’étrique. Leurs croyances respectives rejettent, de manière plus ou moins certaine, les actions que les fanatiques considèrent comme des hérésies. Toutefois, ces actes condamnés par certains Éternels sont, parfois, dictés par d’autres.

Le Chevalier de la Vierge écoutait silencieusement les paroles de son invité. Le serpent marquait là un point. Il était clair que si on donnait aux Hommes la liberté de juger de leurs actions, ils devenaient par essence corruptibles, malléables à ceux qui comprennent les champs cosmiques de ce monde. Aegis opina lentement de la tête à la fin de la prose de Mehry, il prit enfin la parole.

" Je ne peux vous dire plus pour votre ami. Si je le ressens, je ferai en sorte de le mettre en sécurité et de vous prévenir de la situation. Pour le reste, oui, je ne peux que cautionner vos propos. Cependant, en retour de votre question, laissez moi vous en poser une autre ? Que serait le monde sans la Mort ? Elle est une nécessité pour créer un équilibre entre Vie et Mort. Telle est la loi consubstantielle de notre existence. Après, les Dieux s'affrontent et créent l'équilibre naturellement. Le devoir des chevaliers d'Athéna est de veiller sur cet équilibre, nous ne sommes pas juge de la vie ou de la mort. Si une force tente de nuire à l'Humanité, on façonne la toile qui les protège de la folie et c'est là le plus important. "

Lentement, la box de l'armure de la Vierge reprenait sa position sous le parvis du temple. Protégeant à jamais le chemin vers le Temple de la Balance. Aegis sentait que le temps était venu de retourner à ses prières, le débat était intéressant mais il devait faire ses absolutions. D'un geste de la main, son corps se contracta légèrement afin de faire révérence.

" Je vous invite donc à retourner vers d'autres temples inférieurs afin de chercher votre ami. S'il se promène dans différents recoins de notre Sanctuaire, vous finirez par le trouver. Je suis heureux que l'on ait balayé les pièges de l'incompréhension. Chevalier, je vous laisse donc à vos recherches que j'espère éphémères. "

S'approchant du Naos de son temple, proche de deux lourdes portes en bronze menant vers les jardins sacrés de la Vierge, le jardin de l'Eden. C'était là où deux arbres avaient été planté par les anges célestes afin de rappeler le pêché d'Adam et Eve.

Citation :

Fin du RP pour moi, c'était un plaisir ^^

Les mots s’écoulent de ses lèvres, se prennent à l’ivresse que représente l’étendue de cette conversation. Les mentions ne se concordent pas indéfiniment, mais permettent d’inscrire des particularités sur des âmes ; des interrogations engendrées par d’autres réponses établissent ainsi les rapports. Dans ces lieux, les corps viennent, repartent, se succèdent, tant est si bien que, parfois, les noms se perdent.

— La Vie et la Mort font partie intégrante du Cycle, ils sont tous deux indissociables. Comme tu le dis si justement, elles sont nécessaires pour conserver l’équilibre, et il est de notre devoir de le maintenir en tant que Chevaliers.

Cependant, en ces quelques lignes ne se trouve en aucun cas la totalité de la solution imaginée ; les définitions et les méthodes sont infiniment plus nombreuses que celles sur lesquelles ils s’attardent, plus désastreuses, aussi. Face à l’allusion à venir, les lippes s’entrouvrent une première fois, exhalent un soupir, puis reprennent possession de leurs moyens.

— Seulement, la Mort n'est pas unique, n’est-ce pas ?

Somme toute, il ne reste de cette observation rien de plus qu’un murmure.
La Protectrice disparaît de sa vision, retrouve la place qui lui revient et protège le chemin qui les sépare du prochain gardien. Le regard la suit, sans l’ombre d’un doute, sans pour autant que la tête bouge, puis s’ancre ultimement sur la silhouette de la nouvelle Vierge. Cette révérence n’est pas nécessaire. Pour autant, elle ne le notifie en aucun cas. Peut-être plus tard.

— Bonne idée, je vais effectivement faire ça et, si jamais tu le vois quelque part dans ton temple, tu peux me faire passer un message pour venir le récupérer. Je te remercie aussi pour cette discussion et pour tes précieux conseils, Aegis. Et si l’envie te prend d’échanger à nouveau sur la vie, la mort et les croyances, tu sais où me trouver.

Les gestes se calent sur les mots, saluent ce symbole d’avenir avant de s’éclipser vers les étages inférieurs. Il arrive parfois que les noms se perdent, tandis que d’autres se conservent. En ce jour, l’absence de Parvan est un problème. Toutefois, celui-ci lui a offert une opportunité à ne pas compromettre. Désormais, la première opinion s’est forgée et Mehry en a d’ores et déjà entraperçu les dangers.

Citation :

Petite réponse pour conclure. Merci encore pour le RP et au plaisir de recroiser Aegis !