[Janvier 553] Convocation auprès du Grand Pope (ft. Childéric)

La montée des marches était telle celles du mont Golgotha. Ce crâne qui fut le calvaire du Christ, la construction de ce Sanctuaire était-il une ode à la montée du Christ sur ce mont ? Aegis philosophait au gré de chaque pas sur la nature du lien entre Dieu et les Mortels. Fils de Set, troisième fils d'Adam, ils étaient que les dépositaires de la faute originelle, de la faute de la Femme qui corrompit l'esprit de l'Homme. En cela, Aegis comprenait la volonté de la Déesse de ne pas montrer ses guerrières, afin de faire taire les viles tentations de la chair humaine.

Arrivé au delà du temple des Poissons, il sentit ses propres sens s'étourdir. Le parfum des Roses de l'ancien Grand Pope n'avait rien perdu de son essence, même par de là là mort. Voilà une situation qui sera difficile pour son successeur. Péniblement, le chevalier d'or de la Vierge continua son périple en harmonisant son souffle avec son souffle, afin de limiter les effets du poison. Il estimait cela comme nécessaire, tel le sang du Christ rédempteur. Enfin, le parvis du temple du Grand Pope. Le bâtiment était gigantesque et était en même temps si petit pour lui, c'était peu de chose face à la maison du Pope. Retirant lentement son casque pour le placer sous son coude, il s'avançait et les gardes se mirent au garde à vous à son passage. Le bruit des lances et des bottes qui claquent était souvent associé à une révérence martiale.

A chaque pas, l'odeur de l'encens cérémoniel devenait de plus en plus prégnant. Telle Hagia Sophia, le lieu inspirait le respect et la bonté. Lui qui avait été prêtre là bas pendant des années, il avait pu parler pendant des années avec Dieu en personne. Là bas, on y baignait en permanence dans sa lumière, protégée par les quatre Archanges élémentaires : Gabriel, Michel, Rafael et Uriel. On les disait serviteurs de Zeus en Olympe, sans compter les deux Séraphins suprêmes : Sandalphon et Métatron. La lecture des textes anciens permettaient de se faire une vision de l'armée des Cieux, prête à déferler sur le monde sur on ne respectait pas les lois de celui que l'on appelait Zeus.

" Chevalier, un instant, nous allons prévenir le Grand Pope de votre arrivée "

Le prêtre attendit alors. Puis, on lui ouvrit les portes. Il entra alors, veillant à remonter son casque à sa poitrine. Il releva sa cape avant de poser à genou à terre devant son Pope. Il attendait sa parole.

Il avait demandé à recevoir le chevalier de la vierge car il avait besoin d’en savoir plus sur cet individu très solitaire. Il voulait voir un peu l’homme qui se cachait derrière les croix et les chapelets. Voir qui il était et surtout, il voulait voir quel genre de mission il pouvait confier à cet homme. C’était un des rares chevaliers d’or, hors Lesath du scorpion, mais c’était un cas… très particulier, à ne pas s’être vu attribuer de zone géographique à surveiller. C’était l’une des choses qu’il voulait lui demander et il n’aurait pas de mal à l’affecter lui-même le cas échéant. Mais il voulait éviter d’en arriver là s’il le pouvait. Mais il fallait malgré tout que la machine se mette en marche !

Le jeune homme entra dans la large salle d’audience du grand Pope. Le géant franc était donc assis sur le trône de sa fonction. Il surplombait de ce piédestal la grande salle. Il portait simplement la longue toge blanche, symbole de sa fonction. Il avait aussi sur le visage un masque très simple, sans aucune fioriture qui couvrait complètement son visage et ne laissait rien voir de son visage. De même ce masque couvrait aussi le haut de son crâne. Ici, il n’était pas Childéric qui fut lion, il était simplement le Grand Pope. Une fonction, pas un homme. Un rôle à jouer, un masque à porter. Il attendit simplement que le chevalier entre et présente ses hommages. C’était le protocole, même s’il n’était pas trop à cheval dessus, il le faisait respecter un au minimum.


« - Salut à toi, Aegis de la vierge, nous sommes content de te voir. »

Le Pope jaugea alors silencieusement quelques instants le jeune homme qu’il avait devant lui. Un bon chrétien, c’est plus ou moins tout ce qu’il savait de lui. Une ferveur religieuse… étrange dans un monde dominé par les dieux anciens, décrié par l’église. Mais les séides du dieu unique semblent prendre de plus en plus d’importance et ils seraient aussi plus nombreux dans les rangs de la chevalerie dans les années à venir. Tant que cette foi ne s’avère pas être un problème, le Pope n’en avait pas avec ça. Après tout, certains des dieux grecs n’étaient-ils pas directement impliqué dans la création de l’église ? Ça ne l’étonnerait qu’à moitié.


« - Nous aimerions savoir plusieurs choses sur toi, chevalier, afin de savoir à quoi et comment employer tes talents. Rien de grave rassures-toi. Il est important pour moi de savoir qui sont les chevaliers sous mes ordres. Si mes questions te déplaisent, je m’en excuse d’avance et n’hésite pas à me le faire savoir. »

Il sourit sous le masque. Il n’était pas trop du genre à faire des détours et prendre des pincettes pour ce genre, il aimait la franchise et quand il pouvait se payer ce luxe, bien trop rarement à son goût, il se le payait. Et là, il comptait être franc avec son chevalier. C’était aussi un bon moyen de voir ce qu’il avait en tête et de jauger ses réactions. Il avait un projet pour cet homme et il voulait savoir s’il était à la hauteur de ses idées. Ces petites questions seraient un bon moyen de le savoir.


« - Commençons donc. Aegis, que penses-tu des autres dieux, je veux dire, je sais que tu crois en Dieu, mais tu sers aussi Athéna. Comment vois-tu leur places en ce monde ? »

Voilà, il venait d’attaquer directement et n’avait plus qu’à attendre la réponse de son invité. Une réponse qui serait, à n’en pas douter, des plus intéressantes. Il espérait vraiment pouvoir confier la mission qu’il avait en tête à cet homme, il aurait du mal à trouver en remplaçant le cas contraire…

Avec piété, le chevalier entendait les paroles de l'Evêque d'Athéna. Reconnu par la Déesse comme son représentant dans cette ère, il respectait les usages et les courtoisies. C'était ainsi qu'il avait été éduqué après tout.

" Grand Pope, je suis votre humble et dévoué serviteur. "

Dans un silence religieux, la tête baissée vers les dalles de le naos du temple papale, Aegis réfléchissait aux paroles de son Maître. Dieu était le garant universel dans le monde, un astre créateur dont les Dieux n'en étaient que des représentations de ses milliers de facettes. Sagesse, Guerre, Haine, Océans, Cieux... il était tout et multiples en même temps. C'était en cela qu'il ne niait pas l'existence des dieux en ce monde.

" Les Histoires, les mythes.... Sont aussi différents selon la perception que l'on en a. La question est de ne pas croire mais en quoi croire. La cosmogonie pré-socratique nous explique que l'eau, le vent, la terre et le feu sont les fondements même de l'univers, de notre cosmos. Cette force existait avant même la création. Mais qui a décidé d'allumer l'étincelle de la création ? Je me suis souvent posé la création et la seule personne capable de cela est Dieu. Il n'est donc pas contraire aux croyances des anciens du Sanctuaire. Puis...

Posant un silence avec un sourire invisible.

" Vous avez autant de Chrétiens que de Juifs à avoir plusieurs visions de Dieu, du Fils et du Saint Esprit. Regardez Akhénaton, Arius, les tribus de Judée... ils sont que quelques exemples de la complexité de ce monde. "

Après cette légèreté, le chevalier de la Vierge retomba dans le silence. Il avait défini clairement sa vision des choses sans exégèse de ses fondamentaux. Il était heureux de cette discussion qui s'ouvrait entre eux. Sous son bandeau rouge, ses pupilles brulaient d'excitation sous ses paupières.

Le Pope écouta attentivement les déclarations du chevalier de la vierge. Il était curieux de voir comment les fois peuvent se combiner pour au final, ne faire qu’une. Après tout, les dieux oubliés par l’histoire sont là depuis le début et ils font eux-mêmes ce choix. Celui de se mettre en retrait, celui de se faire oublier pour mieux continuer son œuvre. Mais les croyances ont plus d’effet sur les gens qu’on ne peut le prévoir. Il avait eu vent des massacres, d’un côté de la barrière comme de l’autre et des risques que tout cela peut faire naître, surtout dans une société aussi diverse que celle du Sanctuaire. Des croyants aux ordres de la déesse Athéna. L’homme en face de lui était un théologien confirmé, versé dans les arts de la philosophie ancienne. Un talent rare pour un homme de son jeune âge. Les temps où le Pope avait lui-même étudié ce genre de texte étaient lointains, mais il avait, il l’espérait, des bases solides.


« - Et quelle est la raison de cette création ? Est-ce qu’on s’arrête seulement à comment et pas plutôt à pourquoi ? Dans ce cas, as-tu réfléchi à ton pourquoi ? »

La force créatrice de Dieu hein ? La volonté du père créateur présente derrière toute chose, et ainsi, tout ce qui est, est légitime, car de sa propre volonté. Allié comme ennemi, divin comme profane. C’était une façon respectable de voir les choses. Le Pope c’était souvent posé la question de la croyance. Il croyait en la déesse et sa cause. Il croyait parce qu’il voulait croire, car tout ça justifiait vraiment ce qu’il avait fait et ce qu’il ferait encore. Il croyait aussi, et surtout, parce qu’il adhérait à la cause que défendait Athéna. C’était ça, le plus important pour lui, mais il respectait ceux qui croyaient différemment, tant que tout ça ne rentrait pas en contradiction avec leur devoir. Finalement, c’était peut-être ça, le dieu auquel il s’était soumis : le devoir. Et le chevalier de la vierge avait aussi en tête cette proximité cosmopolite, un bon pharisien aurait tourné ça autrement, mais il était sage.


« - Et ceux qui ne croient pas ? Et ceux qui croient différemment. Les servants du soleil ou de la guerre, ils font aussi après tout partie du plan de Dieu. Quelle est la place pour eux dans ta vision du monde ? »

Il avait sérieusement envisagé d’envoyer l’homme en face de lui dans une mission délicate et il voulait savoir s’il était apte à la mener à bien. C’était une question délicate, il n’avait pas vraiment d’autres options actuellement. Mais il espérait que la sagesse du jeune homme transparaîtrait jusqu’au bout de son traitement du monde. Il savait déjà avec qui cet homme irait en mission s’il s’avérait apte après ce petit entretient. Et cette mission-là serait d’une importance capitale pour l’avenir. Il ne devait pas se tromper sur son choix, il ne pouvait là pas se le permettre. Mais il aimait bien cette conversation, il avait quelque chose de très réfléchi chez ce jeune homme, vraiment. On dit dans les légendes sur cette armure que le chevalier de la vierge est souvent l’homme le plus proche de Dieu après tout, sans jamais préciser de quel Dieu il s’agit…

Il s’était lui-même déjà posé les questions qu’il avait posées à ce chevalier. Il s’était posé la question pendant longtemps. Après, la déesse Athéna est aussi la déesse de la guerre, tout comme Arès. Mais la guerre peut se mener de bien des façons et incarner bien des idéaux. Il est soldat, comme ceux qui servent d’autres dieux, et il respecte ça. Chacun a ses croyances, ses ambitions et ses devoirs. Il respecte ceux qui se plient à ce maître exigeant et, avant, il aurait simplement méprisé ceux qui crachent sur leur devoir. Maintenant, il est conscient du poids du lieu et qu’on ne vit pas simplement de guerre et de devoir. Parfois, ce dont on a besoin pour vivre demande de voir le devoir différemment.

Tête toujours baissée, le chevalier de la Vierge entendait les questions sur la création du monde. Le "Pourquoi", vaste question, lui même n'avait pas cette réponse. Cette connaissance était le privilège de Dieu et de ses anges, des Dieux qui le représentaient à leur manière.

" Quelle est la raison de la Création ? Je ne nie pas que cette question m'a été posé par Dieu. Pourquoi ? Je n'ai pas de réponse, enfin... Non. J'en ai une. Ma réponse est une autre question qui découle de la vôtre, pourquoi savoir ? Pourquoi les Hommes seraient sensés tout comprendre des mystères du Monde ? Je ne pense que ce serait vaniteux de croire y répondre. "

Advienne que pourra.

Vint ensuite la question des incroyants, des païens et des athées. Aegis se sentit plus à l'aise avec cette question et la réponse était pour lui des plus simple.

" La Guerre, le Soleil, la Glace ou les Mers... font partie du grand tout de l'existence. Les nier c'est s'opposer à la Volonté divine. Seulement... La question primordiale qui se pose depuis la nuit des temps est celle de la place de l'Homme. Doit il être sous une domination qui l'empêchera de se développer ? D'agir selon le libre arbitre que Dieu et Athéna lui ont offert ? Donc oui, unifier le monde par la pensée est tout aussi important que le lier par les règles qui apaiseront ses conflits intérieurs. "

Il prit une aspiration avant de reprendre.

" Les incroyants, athée ou païens sont de fait des ennemis de notre Déesse. Nous les combattons sous différentes formes afin d'imposer notre vision des choses, quoi qu'on en pense. Nous voulons que l'Humanité décide librement de son destin mais en quelque sorte, nous lui ordonnons ce chemin. Est ce que combattre Poséidon et Arès serait différent que combattre les oppositions religieuses à notre Ordre ? La tolérance est nécessaire, chacun peut croire comme il l'entend, mais selon les lois que notre Déesse aura mis en place. "

Tel un psaume, la Parole était dite. Chaleureuse, passionnée même. Aegis était un homme humble et soucieux de comprendre les Hommes mais il comprenait aussi l'esprit de sacrifice plus que quiconque. En effet, si les chevaliers étaient prêts à faire de même (il n'en doutait pas), il devait en être de même pour les Hommes. Contredire cette pensée pouvait amener à des fêlures au sein du Sanctuaire comme celui de l'Empire.

L’humilité et la philosophie du jeune homme avaient quelque chose d’agréable. Du moins, pour la conversation. L’ancien lion d’or avait toujours du mal avec les marques de respects trop poussés à son endroit. En particulier Kilian qui se bornait à l’appeler le vénéré grand Pope. Mais c’était le protocole, ça faisait partie du jeu du pouvoir et il devait s’y plier. C’était la même chose ici. Il aurait préféré avoir cette conversation autour d’un choppe dans l’ambiance de la taverne de Crocus à Rodorio, mais il était maintenant Pope. Il devait comprendre comment pensaient ses troupes, il devait comprendre ce qui était important pour ses guerriers. Il devait faire en sorte que ces derniers soient employés aux bons endroits pour ce que la déesse attend d’eux. Ils ont été choisi pour une raison et c’était à lui de trouver laquelle. C’était son devoir d’interpréter les présages.

Il hocha gravement la tête quand Aegis répondit à sa question sur la création. Il y avait beaucoup de sens dans ce qu’il disait. Nous n’étions que le pion des volontés de Dieu. Une façon de voir les choses qui au final, n’est que criante de vérité. Quelle place pour le libre arbitre et la volonté de l’homme dans les jeux politiques auquel se livrent les êtres divins ? Pas grande. Mais au moins, il avait trouvé une forme de place, il cherchait une réponse, et ses réponses entraînent plus de questions. S’il se souvenait bien des cours de philosophie qu’il n’avait toujours bien pas écoutés, cette démarche était saine. Et il suivait les chemins des sages. Eh bien, voyons jusqu’où peut aller ce jeune sage dans ce chemin tortueux.

Toujours attentif, le Pope l’écouta parler du sujet le plus épineux. Avant le retour de Nébu, il avait envisagé d’envoyer le chevalier de la Vierge en mission diplomatique, faute de mieux. Il était content d’avoir eu un remplaçant pour l’homme aux yeux bandés. Il accordait une certaine importance au libre arbitre et ses croyances envers la déesse étaient puissantes. Oui, c’était un homme de foi à la conviction visiblement inébranlable. Quelque chose le dérangea néanmoins, mais il garda tout commentaire ou toute réaction pour lui. Un soldat ne s’implique pas dans sa guerre, sinon il devient autre chose qu’un soldat. Quand une guerre devient personnelle, on ne vit jamais forcément bien ce qu’on doit faire. On pouvait faire la guerre sans haine, simplement par devoir. C’était du moins, ce que croyait le Pope. Il voyait, comme la déesse, la guerre comme un mal nécessaire mais qu’il fallait réguler. Un mal qui implique une certaine forme de détachement, même contre les incroyants. D’un signe de la main, il invita le jeune homme à relever la tête.


« - Bien, Aegis, je cerne un peu mieux tes croyances et vois mieux comment tu conçois le monde et ton service auprès de la déesse. Ta piété et ton humilité t’honorent. J’ai encore une question, tu n’es pas sans avoir que j’ai divisé le monde entre les chevaliers d’or pour qu’il puisse s’occuper des nombreuses menaces qui couvent. Silas des Gémeaux à sa charge la Perse par exemple. Pourquoi ce genre de mission ne t'intéresse pas toi ? »

Il avait toujours besoin de savoir à quoi occuper ce chevalier. Mais il avait une idée et voulait voir la réponse que lui apporterait ce dernier conviendrait avec ce qu’il avait en tête pour lui. Il était par contre vraiment content que le bélier soit revenu au Sanctuaire pour qu’il puisse affecter Aegis à autre chose qu’à la délégation atlante. Sa foi serait un rempart utile pour les guerriers présents au Sanctuaire.

La question du Grand Pope surprit le chevalier d'or de la Vierge pendant un bref instant. Il avait en effet entendu parler de cette histoire au sujet des zones à contrôler. Sauf qu'il ne se sentait pas l'égal des plus anciens chevaliers et ne voulait pas montrer trop d'audace à choisir une région par vanité ou ambition. Par sa non réponse, il avait obligé le Pope à le convoquer manifestement. Pensif, il réfléchissait à toutes les options restantes et pris la parole.

" Mon seigneur, je sais que les Sept Mers n'ont aucune surveillance actuellement. Si vous me permettez de veiller sur le Cap Sounion, ainsi que sur les entrées et sorties venant d'Atlantis, ce sera avec honneur... Toutefois, il me faudrait savoir où se situe ce que l'on appelle les Arches ? Celle du Cap Sounion est connue mais les autres... Il est important que je sache où regarder. "

Il était vrai que le terme "Arches" étaient connus des Éveillés mais de là à en connaître, là il n'avait pas de réponse. Le jeune homme sentait tout le poids qui risquait d'incomber à ses épaules mais sa Foi était un bouclier face aux épreuves qui pourraient se présenter. Après tout, son mentor lui avait donner le nom du bouclier d'Athéna et il avait abandonner son ancienne identité slavonne pour devenir un Byzantin, puis enfin un Guerrier d'Athéna. Il n'était pas de ces chevaliers menant des batailles, comme le pouvait être Ryme du Lion ou même Kilian du Verseau, il n'avait pas leurs expériences.

Il savait que la première avait connu les affres de la guerre, les meurtrissures de l'histoire. Elle connaissait le terrain et le Verseau avait clairement mentionné son intervention à Rome. Les autres chevaliers d'or lui étaient inconnus à cette heure et cela lui allait. Il aimait sa solitude et ne voulait pas intervenir dans les affaires des hommes. Mais sa charge serait justement de surveiller les incartades venant du monde des mers. Une mine sérieuse se dessinait sur une partie du visage.

" Grand Pope, sachez qu'un seul mot de vous et ferai au mieux. La paix est tout ce qui nous importe, laissons à Dieu ce qui est à Dieu, et César ce qui est à César, n'est ce pas ? C'est en cela que je ressens la propre dualité de notre mission en ce monde. Etrange paradoxe. Je suis en tout cas à vos ordres. "

Il patienta un instant. Aegis ne voulait pas importuner le Pope avec trop de questions, il voulait les bases (les faits) lui permettant de prendre en considération tous les aspects de sa mission.

Le Pope écouta attentivement la réponse du chevalier d’or de la Vierge. Visiblement, il avait réfléchi à la zone qui conviendrait le mieux à ses compétences. Les arguments qu’il avançait été bon. Et le chef de la chevalerie hocha la tête. Il ne restait en effet que peu de zone géographique qui ne dépendait pas de la juridiction d’un chevalier d’or. Certaines moins urgentes que d’autres. Le monde de l’orient très lointain n’avait pas de superviseur, mais la distance et les rumeurs étranges qui venaient de là rendaient tout ça moins urgent que le reste. L’est se réveille et avec elle les ombres. Le plus urgent qui devait encore trouver preneur, c’était la supervision des mers. Il faudrait un chevalier attentif et zélé pour occuper cette mission. Ageis remplissait parfaitement son office. Surtout qu’il disposait de beaucoup d’information sur les différentes arches. Le Pope sourit et prit alors la parole.


« - Pour les autres arches, certaines sont… loin et inaccessibles. Une se trouve en Asgard, cette terre ayant été déclaré terra incognita par notre déesse elle-même. Certaines autres sont directement sur le territoire supervisé par d’autres chevaliers, Massilia en Francie, Alexandrie, Londinium, pour le royaume de Bretagne. Mais cette dernière est difficile d’accès, nous sommes sans nouvelles de Britannia… Reste une arche près de la cascade des cinq pics dans l’Orient lointain, qui n’a pas encore de superviseur. L’avant-dernière se trouve dans l’ancienne ville de Carthage, j’aimerais que tu jettes un œil particulier sur cette dernière. Tout ça en plus du Cap Sounion près de notre propre domaine sacré. N'hésite pas aussi à te rapprocher des chevaliers qui surveillent ces terres. Peut-être que vous pourrez vous apprendre des choses, je veux que l'information circule entre vous. »

Il n’avait pas terminé avec les consignes il lui restait des choses à préciser à son guerrier sacré. Mais il voulait déjà lui laisser le temps d’assimiler ces informations, peut-être même de poser quelques questions. Si certains des lieux qu’il avait mentionnés n’étaient pas vraiment clair pour le chevalier d’or. Il avait dû se mettre au parfum quand il était devenu Pope et une grande dimension de la présence du Sanctuaire dans le monde oriental, outre Jamir lui avait été très étranger. Il avait aussi été très surpris de découvrir que les Atlantes disposaient d’une entrée directement à cet endroit. Sûrement le résultat d’un choix divin oublié depuis longtemps. Mais les informations données par Nimue avaient été précieuses pour comprendre bien des choses.

Il aimait décidément bien la foi et le feu qui brûlait dans ce jeune homme. Il trouvait dommage qu’il soit justement trop passionné dans sa foi et ses croyances. Ça lui jouerait des tours probablement un jour dans sa vie, mais il serait un bon chevalier. Childéric, globalement, était content de cette rencontre et satisfait de son chevalier. Il avait pu l’affecter à une zone importante et voir comment il pourrait utiliser ce soldat au mieux de ses capacités. Il fallait quelqu’un pour se charger de la défense intérieur après tout. Une tâche précédemment qui avait été du ressort de Lesath, mais il n’est plus en état de s’occuper de lui-même…


« - Une volonté qui t’honore chevalier. Je suis fier de te compter parmi nous et je suis sûr qu’à l’avenir tu auras l’occasion de prouver ta valeur et sûrement de mettre ta foi à l’épreuve. En attendant, pour la gestion de la surveillance des sept mers, il te faudra aussi faire avec les rapports des différentes flottes. Les derniers font état de quelques échauffourées entre la flotte de Narsès et ce que nous supposons être des forces Atlantes dans l'Adriatique. La mer est leur domaine après tout. D’autres questions chevalier ? J'espère que tu es aussi bon en géographie qu'en théologie, je t'ai gavé d'information. »

Le pope rit, d'un petit rugissement, comparé à ce qui avait déjà pu l'entendre rire pleinement. Le sujet était après tout sérieux. L’entrevue semblait aller sur sa fin, à moins que le chevalier d’or de la Vierge ait encore quelque élément pour relancer le débat. Aegis était au final, très différent de Rahi. L’ancien lion d’or avait vu passer tant de visage dans ces armures d’or, de bronze et d’argent. Tant de personnes qui étaient mortes ou disparues alors que lui était resté. Il était vraiment l’arrière-garde du Sanctuaire. Et sans qu’il ne sache pourquoi, d’un coup, il se sentit vieux.

Silencieux, Aegis écoutait les informations avec patience. La géographie des Arches était un élément primordial dans la bonne conduite de son travail... Cependant, il allait devoir rencontrer quelques scribes afin d'avoir des réponses sur des villes mentionnées ou régions. Londinium lui était inconnu, comme le royaume de Bretagne. Cartago ou Massilia, plus une connaissance de leurs existences. Pour Asgard.... Bref, le chevalier d'or de la Vierge se rendit compte que ce ne serait pas une sinécure de surveiller les Marinas et toute action hostile de leur part.

La première des questions fusa.

" Quels sont nos rapports avec les Marinas ? Que je sache le niveau de risque venant de Poséidon. J'avoue que je n'ai jamais eu l'occasion d'en croiser. "

Aegis se demandait aussi aussi quels étaient les liens avec Narsès.

" En Mer Adriatique, on sait l'origine des attaques ? Est-on sûr que ce sont bien des Atlantes ? "

Thémis ne changeait pas. Il fallait des preuves pour Justice se fasse avec harmonie, les doutes étaient un frein à l'aveuglement de la Justice. Si la Guerre devait mettre au silence les ennemis de Constantinople, le chevalier de la Vierge n'avait aucun problème avec cela mais la cause devait en être juste. Il méconnaissait les affaires de "César" et ne comptait pas entrer là dedans, ce n'était pas de son devoir. Mais, avant que le sang coula, il espérait juste une sommation avant de frapper.

Avec un léger sourire, Aegis terminait ses questions par...

" Non, excellence, je ne suis pas une oie. "

La dernière réplique du chevalier de la vierge arracha au Pope un rire bruyant et franc. Non que la blague fût particulièrement drôle, mais le décalage dans le contexte rendait ça amusant. Mais le rire ne dura qu’un temps et il reprit très rapidement son sérieux. Ces entretiens avec ces chevaliers se succédaient mais ne se ressemblaient jamais. Lui par contre, il devait apprendre à tout voir de loin, un exercice difficile.

Paradoxalement, le domaine qui dépendait maintenant du chevalier d’or de la Vierge était le plus compliqué et le plus facile à surveiller. C’était une lourde responsabilité pour le jeune chevalier mais il avait démontré avoir suffisamment la tête sur les épaules. À l'image de la première question qu’il posa sur sa nouvelle affectation. Une question qui mit immédiatement le Pope dans l’embarras. Enfin, toute la question de la diplomatie avec les marinas en règle générales lui mettait dans l’embarras. La guerre contre Arès et Apollon n’avait pas donné le loisir aux forces du Sanctuaire d’entretenir les alliances extérieures. Une vision trop qui serait problématique à terme. Il n’avait pas pu aider les servants de Poséidon dans le conflit qui les avait opposés aux forces de l’empire déchu de Mû… Le résultat de Jamir. Le Pope soupira alors profondément.


« - Théoriquement, je dis bien théoriquement, nous sommes alliés. Mais… en pratique, c’est l’inconnu. Nous n’avons pas eu de relation depuis le début de la campagne d’Italie. Et les quelques mois de ma prise de pouvoir ne m’ont pas permis de m’y consacrer, il y avait encore trop de choses à régler avec la fin de la guerre. Le temps d’apprendre qu’aucun contact n’avait été adressé pendant presque trois ans, il était déjà trop tard… Donc je te dirais qu’on peut s’attendre à tout. Fait attention néanmoins dans la mise en place de la surveillance des archives. Il faut que ça soit discret, des dormeurs, quelques éveillés. Il n’y a qu’au Cap où tu peux te permettre moins de finesse. J’imagine de l’autre côté, on doit nous regarder avec attention et méfiance. Enfin, deux de tes compagnons partiront bientôt en délégation là, sauver ce qui reste... »

Le Pope laissa la phrase mourir et soupira. Il aurait aimé régler ça plus vite, mais au moins, si les choses venaient à mal tourner, quelqu’un serait prêt pour s’occuper de ça. Childéric reprit alors :



« - Je vais te faire porter les rapports sur la flotte adriatique, ça sera plus simple que mes explications et tu pourras te faire ton propre avis sur la question. Mais globalement, il s’agirait de pirates, vaguement atlante. Nous n’en savons pas beaucoup plus. Mais Narsès a fini d’installer sa tête de pont à Ravenne et il va pouvoir diriger la flotte de là. »

Le reste, il découvrirait bien assez tôt les feux grégeois et l’avantage technologique certains qu’avait la flotte en Adriatique sur le reste. Une technique mystique, qui n’avait pas d’égale et aussi longtemps que cela durerait, ainsi en serait de la domination du Sanctuaire sur mer. Une carte qu’il serait nécessaire de jouer pour rattraper les choses, mais il faudra aussi, et surtout, négocier avec Narsès. Si seulement il avait pu rester soldat… Enfin, il finirait par se faire au poids de la couronne et ses responsabilités. Il fit un signe de la main à son chambellan qui prit des notes et qui, après avoir écrit quelques choses sur une tablette se retira. Il était en route pour récupérer les rapports de la flotte.

Citation :

Tu peux considérer que te seront porté après ce rp les rapports des exarques concernant l'Adriatique (et les 7 mers en général), passé, présent et futur

Aegis prit en compte toutes les recommandations du Grand Pope. Quelques questions pouvaient être relever mais il ne pensait pas que c'était le moment. Narsès. Il connaissait de nom ce général victorieux lors de la guerre d'Italie mais n'en avait qu'une connaissance moyenne. Avec l'aide de quelques courriers, il espérait bien obtenir les réponses nécessaires. Pour les questions plus politiques avec les Marinas, il ne comptait pas aller plus avant, là était l'affaire de "César", non la sienne. Se relevant lentement, le chevalier de la Vierge fit une révérence.

" Est ce tout ce que je dois savoir Excellence ? Pourrais je obtenir les rapports de nos deux ambassadeurs allant en Atlantis ? "

Deux compagnons. Il estimait que si le Pope ne les avait pas nommé directement, c'était qu'il avait ses raisons et ne comptait pas outrepasser son devoir. Il était quand même curieux. En cet instant, il pensa au chevalier Ryme du Lion, son instinct... Un sourire ourla ses lèvres alors qu'il remettait son casque sur sa tête. Atlantis était pour lui une grande inconnue, dans tous les sens du terme. Quelques anciennes légendes lui avaient été conté quand il était plus jeune mais ça restait sommaire par bien des égards. Terre à terre sur les joies de la politique - qu'il connaissait autant qu'Atlantis -, il se promettait de faire des recherches sur tout cela afin d'agir au mieux.

La discussion allait se terminer de toute façon. Une chose inquiétait quand même Aegis et il devait s'en assurer avec le Grand Pope avant de repartir. En effet, savoir que le chevalier du Verseau cachait son frère dans un cercueil de glace était pour le moins étrange. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir une appréhension, c'était comme si Kilian avait vendu son âme au Diable et tenterait tout pour le ramener des Enfers.

- Avant de vous quitter, je vous remercie de votre confiance. Ceci dit.... Je me permettrais une question assez simple : avez vous confiance envers un homme qui dissimule la mort au coeur d'une grotte ?

Si le Pope connaissait le secret de Kilian du Verseau, il saurait. La question impliquait surtout de savoir s'il était au courant de cette affaire. Il n'aimait guère cacher ce type de secret au représentant direct d'Athéna sur terre, il n'avait jamais juré de se taire. En soit, il n'aimait pas que les Hommes jouent de la mort de cette manière. Pour le reste, il attendait quelques instants avant de se retirer en direction de son temple.

Le chevalier d’or de la vierge souleva une question intéressante à propos de la gestion de la diplomatie avec les guerriers des mers. Il faudrait déjà que la délégation réussie à discuter et il avait quelques projets à ce propos. Mais il était normal de mettre le chevalier d’or en charge des sept mers dans la boucle. De même que les autres… Oui, il devrait probablement organiser sa première réunion de l’ordre après tout ça. Il aurait dû le faire plutôt, mais il n’avait pas jugé nécessaire de le faire après la guerre. Il avait préféré prendre du temps avec ces soldats et parler individuellement avec eux. Il les avait presque tous reçus et ceux qu’il n’avait pas encore vus seraient rapidement convoqués dans la grande salle du trône où il siégeait. Mais oui, il devrait voir ça avec l’ordre et il serait aussi une bonne occasion pour voir où en étaient certains des éléments délicats.


« - Quand ils seront de retour, je pense que je convoquerais tous l’ordre pour parler de ça et des autres missions que j’ai confiées aux chevaliers d’or. Nous aurons beaucoup de choses à discuter je pense. Mais je te mettrais dans la boucle vis-à-vis de ces questions Aegis. C’est une demande légitime, si les choses venaient à dégénérer, tu serais en première ligne dans cette affaire après tout... »

C’était une possibilité. Si la délégation venait à échouer… Il espérait que les Atlantes qui se remettaient aussi d’une guerre violente contre l’empire de Mû n’auraient pas le coeur à la guerre et que les deux hommes qu’il allait envoyer trouverait un moyen de parler à l’oreille du légat. Il espérait que ça soit toujours Cinead qui soit au pouvoir, il était une oreille avec qui les Saints pourraient discuter mais il ne fallait présager de rien avec le chaos qui avait secoué la cité des flots. Mais il avait confiance en les deux chevaliers d’or qu’il avait choisi et il savait qu’il arriverait à ce qu’il pourrait faire. La question suivante du chevalier d’or de la vierge surprit le Pope. De quoi voulait-il parler ? Est-ce qu’il avait quelque chose à avouer au Pope ou non ? Mais la réponse à cette question, Childéric l’aurait plus tard, quelques jours après quand le Verseau lui confiera ce secret. Les mots de la Vierge prendraient alors tout leur sens à ce moment.

[center]« - Je te dirais, Aegis, que la mort peut prendre plusieurs formes. Que personne ne désire vivre dans son ombre. Mon prédécesseur, Akrites l’a repoussé longtemps. Un médecin qui soigne ainsi un malade, la repousse également. A moins que tu ne puisses préciser ton propos, je crains de ne pouvoir te répondre précisément. Mais j’avais confiance en Akrites et j’ai confiance en un guérisseur qui cherche à bien faire son travail. »

Oui, il comprendrait plus tard les mots du chevalier d’or. Et qu’est-ce qu’il en penserait ? Il n’y avait pas de mal à vouloir conserver un lien, surtout quand on est un guérisseur. Mais cet être enfermé avait un lourd poids sur l’âme du chevalier d’or du Verseau dont il était question ici. Mais il avait l’essence d’un guérisseur et il était dans la nature des hommes de médecine de vouloir repousser avec la mort et de faire en sorte qu’elle ne soit jamais une réalité. Une mission délicate. Il comprendrait plus tard aussi, ce que pouvait penser de tout ça Aegis et de surtout, comprendrait les doutes qui étaient sous-entendus dans cette question mystérieuse.

Mais pour le moment, il cherchait un sens à la question du chevalier d’or. Et il n’en voyait pas. Alors il avait essayé de répondre comme il le pouvait, en apportant un éclairage sur la question. Il aurait aussi pu parler du risque de la mort quand on est un éveillé. Il savait que, même outre-tombe, on n’accordait pas forcément le repos à ceux qui étaient tombés. Mais ceux qui étaient tombés pouvaient facilement être rappelé pour servir les forces qu’ils avaient jadis jurées de combattre. Alors oui, il pouvait faire confiance et comprendre à un homme qui voulait empêcher ce genre de sort à arriver à leur être cher. Il ferait sûrement la même chose s’il était confronté à un choix similaire.

Silencieux, le chevalier de la Vierge avait écouter les réponses de son seigneur et maître sans l'interrompre. Prenant en compte les informations sur les affaires futures avec l'Empire des Sept mers, Aegis allait attendre de voir les prochains événements. La mort, la vie, le soin, la maladie... Des chemins de crête qui faisaient réfléchir le jeune chevalier depuis des mois et des mois. Il n'avait pas l'expérience des champs de bataille et avait énormément discuter avec Dieu sur la nature même de la vie et de la mort. Pour lui, Dieu avait mis en place un Alpha et un Oméga, c'était pour préserver l'harmonie même.

" La vie, la mort... Voilà bien des sujets complexes. La mort est la peur, le désespoir, les larmes et les angoisses. Je comprends ceux qui la craignent, c'est naturel. Est ce pour autant la fin ? C'est un débat que j'ai fréquemment avec Dieu et la réponse n'est pas évidente. Quand nos proches meurent... Nos pensées vont vers eux, nous sommes heureux de penser chaque matin à l'être aimé, que le souvenir d'un ciel radieux nous donne la force de continuer en leurs absences. Cependant... Celui qui ne l'accepte pas peut être conduit - par le chagrin - à en perdre la raison et devenir une menace si on s'oppose à ses objectifs. Et je crains que le Chevalier d'or du Verseau soit sur ce chemin escarpé... "

La voix d'Aegis était froide, il n'était pas le moine gentil et aimable du début, il était Thémis. Du moins, à sa petite échelle, il voulait représenter cette Titanide qui avait reçu l'onction de Zeus et de l'Olympe. Il priait et remerciait sans cesse le ciel pour tout ce qu'il avait reçu. Il ne demandait rien que d'accomplir avec justice ses sentences. S'agissant du Verseau, la Vierge ne comptait pas le laisser devenir une menace si jamais il dépassait les bornes d'une manière ou d'une autre.

Un cercueil de glace... Un frère... Il n'en savait pas plus. Il n'en saurait certainement plus. Le chevalier de la Vierge se disait que son homologue fuyait les décisions des Dieux. L'impunité, du moins le sentiment qu'il en avait, pouvait attirer le regard des Dieux sur tout cela. Sans compter cet étrange phénomène dans le temple du Verseau. Enfin, pour l'instant, il s'en moquait un peu. Quel serait le discours du Pope sur ce sujet ? Ce serait déjà un début de réponse.

Le chevalier de la Vierge avait donné à réfléchir au Pope. Oui, cette conversation s’était avérée bien plus philosophique qu’il ne l’avait cru de prime à bord mais il y avait aussi plus que ça. Une chose à laquelle il voulait être attentif et à laquelle il voulait faire attention, c’était la relation entre ses hommes. Voir s’il n’y avait de trop forte inimitée qui venait à se créer. Il y aurait suffisamment des problèmes à l’extérieur pour se permettre d’en créer à l’intérieur. Mais il n’était pas naïf, des problèmes entre ses chevaliers, il y en aurait. Et un semblait se dessiner devant lui. Le chevalier de la vierge opposée au chevalier du Verseau. Il n’était pas vraiment surpris de ça au moins. De ce qu’il avait vu des deux du moins. Il aurait cru aussi qu’Aegis se serait opposé à Ryme, mais étonnamment, la petite semblait d’être entendu avec la fanatique alors il n’allait certainement pas mettre son nez là-dedans. Un jour ou l’autre, elle viendrait lui donner dessus car il se comporterait comme un trou du cul fanatique, Ryme n’aimait pas les trous du cul fanatique et, il devait lui donner raison sur cette affaire, lui non plus n’aimait pas ça.

On se perd dans l’excès de zèle et le soldat ne doit jamais se perdre. Il doit rester froid dans sa guerre et son combat. Il doit rester outil et non pas acteur. Un soldat qui agit plus qu’il ne le devrait n’est pas un bon soldat, il ne devient plus une arme de ce conflit mais bel et bien l’un de ses rouages problématiques. Oh, l’ancien lion connaissait bien ces problèmes et lui aussi s’était laissé emporter à certains moments de sa vie dans ce chaos. Il s’en était sorti cependant et ne faisait plus la guerre pour lui mais pour le rêve. Et il est diablement facile d’oublier et de perdre ce rêve de vue. C’est le destin du soldat qui se noie dans son zèle, il s’oublie. Il aurait à l’oeil la vierge et plus particulièrement le Verseau. Les évènements à venir lui apprendraient qu’il aurait raison de garder à l’oeil ce chevalier… Mais ces considérations-là appartiennent à l’avenir.


« - Bien, je prends note tes remarques et je te propose chevalier, que nous reparlions de ça lors de notre prochain entretien. Je devrais pouvoir lever tes doutes d’ici là. N’oublie pas non plus que si la déesse lui a accordé sa grâce c’est qu’il y a un objectif à accomplir pour elle, un objectif peut nous sembler obscure, inatteignable ou même parfois, contradictoire, mais nous sommes tous parmi ses élus. Elle embrasse l’homme et ses imperfections, c’est elles qui font notre force, ne l’oublie pas chevalier. Bon courage pour ta mission chevalier, les rapports te seront portés chez toi. »

Il se redressa et salua le chevalier d’or. Signifiant que l’entrevue était ainsi terminé. Mais ça serait, il le savait la première d’une longue série où les deux hommes auraient beaucoup de choses à dire, bientôt, le chevalier d’or la vierge serait aussi mise à contribution dans l’effort de guerre. Il aurait du travail plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Le pope également n’avait pas idée de la tâche considérable qu’il allait devoir accomplir mais c’est ainsi, la guerre ne peut jamais être prédite et le Sanctuaire ne connaît jamais vraiment la paix, seulement une légère accalmie entre plusieurs périodes de guerre. Il faut juste apprendre à se préparer et vivre sur le feu. Et lui, ancien lion avait appris depuis des années à ne faire qu’un avec ses flammes.

Il quitta ensuite la salle du trône accompagné de son chambellan et quelques gardes pour d’autres pièces, il avait à faire et beaucoup de choses à travailler. La machine de guerre du Sanctuaire demande qu’on l’alimente en permanence. Il regrettait le temps où il n’avait que son temple à garder, son jardin à travailler et qu’il ne devait servir que lorsqu’on faisait appel à lui, sans les responsabilités et les décisions. Mais il se faisait de plus en plus à ce rôle et il voyait ce qu’il pouvait faire pour venir en aide aux siens et c’était le plus important. Au final oui, il commençait à entrevoir pourquoi parmi tous les guerriers et guerrières de valeurs à disposition de la déesse, c’était lui qu’elle avait choisi...