[Début Juin 551 - Rome] L'homme veut voir (Akir)

Ça faisait quelques mois qu’il était là avec ses compagnons d’arme. Participants à cette guerre contre ces chiens de byzantins et ces salonards de Saint. Mais la guerre n’était pas totale, pas partout. Italia était calme en certains endroits, la vie continuait comme si la guerre n’existait pas, surtout que les chevaliers devaient rester dans l’ombre histoire de ne pas se faire repérer par les mortels.

Il profita d’un moment d’accalmie pour voir un peu ce pays. Il avait l’habitude de marcher, et se déplaçait assez rapidement sur une longue distance sans trop se fatiguer, il serait de retour à temps quand on aurait besoins de lui. Il servait surtout d’éclaireur pour le moment sa célérité leur était bien utile.

Il arriva dans cette belle capitale, remplie de monde souriant et joyeux, ça avait le don de le rendre communicatif, et Akir sourit emporté par cette atmosphère joyeuse. Les odeurs, les bruits de la vie, les couleurs, tout était là pour exalter les sens. Il flânait donc dans cette joyeuse cité suivant les badauds sans autre but que de se promener. C’est presque par hasard qu’il tomba sur cette place avec une fontaine. Il continuait à promener son regard le long de cette place et détailler tout ce qu’il voyait, et il la vit.

Cette jeune fille blonde assise sur son tabouret son carnet à la main, en train de dessiner semblait-il. Il s’approchait d’un pas calme jusqu’à elle. Le Jeune homme au teint basané portant sa tunique se posta discrètement à coté d’elle pour l’observer sans la déranger. Elle avait déjà commencé à travailler sur son dessin.

Il ne dit rien pendant un moment et ne bougea pas, puis voulant se signaler par politesse, il finit par dire.

Ca ne vous dérange pas que je regarde pendant que vous dessinez mademoiselle ?

- Vous pouvez oui ça ne me dérange pas. Vous aimez le dessin ? La peinture ? L’art en général ?

- Vous venez souvent dans le coin ? Ah j’allais oublier, je m’appelle Esmelia, je suis apprentie peintre.

La jeune fille, revient d’un coup à elle comme si Akir l’avait fait sortir d’une torpeur ou d’une trop grande concentration. Il regarda le jeune homme elle était très calme. Elle avait déjà pas mal avancé dans son dessin et même s’il était loin d’être fini, cela plaisait beaucoup au tigre.

J’aime tout ce qui est beau, pas spécialement l’art en général ou un art particulier, mais je suis aussi très curieux, avide de connaitre de nouvelles choses.

Elle posait gentiment quelques questions, le jeune homme étant très bavard aussi cela ne le dérangeait pas, il aimait les interactions, et pour le moment cela changeait pas mal avec presque tous les autres Berzs, que c’était agréable parfois d‘avoir une conversation banale et normale. Sans risquer de se faire péter la mâchoire si on répondait de la façon qui ne plaisait pas à l'interlocuteur.

Non c’est ma première fois, mais je pense que je vais rester ici encore un petit moment ou en tout cas dans la région, enchanté je suis Akir, je suis…un moment d’hésitation…un voyageur.

Houla c’était tendu, il a failli réponde machinalement Akir du tigre et même ajouter chevalier d’Ares s’il s’était encore plus emmêlé les pinceaux. Enfin peut-être qu’Akir Dutigre ça pouvait passer comme un nom de famille on ne sait jamais, mais ce n’était pas très plausible.

Apprentie ? Vous êtes modeste, je n’y connais surement pas grand-chose, mais vous avez l’air d’avoir beaucoup de talent. Je suis fasciné de voir le niveau de talent des personnes dans des domaines que je maîtrise ou pas, pacque même dans notre domaine nous avons tous aussi notre maître.

C’était d’autant plus vrai quand la loi du plus fort était appliquée, on nous rappelait souvent à la dure réalité de la vie. Quand c’était par une douleur physique il avait l’impression que la leçon rentrait mieux en général. Sur le domaine plus abstrait ou intellectuel il n’avait pas vraiment encore pus tester, mais c’était surement plus une histoire de souffrance psychologique ou mentale. Mais il n’était pas masochiste à ce point là il n’avait pas vraiment envie d’en faire l’expérience personnellement.

Je souris doucement un peu amusée. Moi aussi je suis souvent curieuse. Quant à aimer ce qui est beau, ma foi, je suis plus nuancée sur ce point parce que j’estime que chacun a sa propre vision de ce qui est beau et aussi que souvent il faut voir au-delà des apparences.

Nous semblons avoir un autre point commun, le goût de la discussion car il n’hésite pas à me répondre et semble même apprécier l’idée de discuter un peu. Je m’amuse de son moment d’hésitation. Dans mon innocence je prends ça pour de la maladresse.

- Ah vous en profitez pour faire du tourisme alors ! C’est bien. Moi non plus je ne connais pas bien la ville, je suis arrivée depuis peu. Cela dit, Rome c’est très grand, difficile de bien tout connaître.

Sans pour autant quitter la conversation, je me remets à dessiner. Ajouter des détails tout en discutant n’est pas bien difficile il suffit de savoir jongler entre les deux. Mon fusain me noircis les doigts comme toujours mais ce n’est pas grave. Un petit oiseau se pose sur le rebord et je me dis que ça pourrait être chouette si je l’ajoutais au croquis. Alors je prends une feuille vierge de mon carnet et commence à en dessiner rapidement les contours.

- Vous êtes gentil, mais chez nous on ne peut pas passer maître sans un minimum de temps au stade d’apprenti ou d’assistant. Outre le talent, qu’on l’ait ou pas, c’est tout un tas de techniques qu’il faut apprendre, les méthodes, le fonctionnement d’un atelier, les rouages des négociations avec les clients parce qu’il y a tout un côté commercial à notre métier. Le talent seul ne suffit pas ; si l’on ne sait pas négocier on aura du mal à se faire une marge correcte.

Je ne sais pas vraiment si ça va l’intéresser tout ce que je raconte sur le revers du métier, mais peu importe, s’il souhaite parler d’autre chose il pourra tout à fait diriger la discussion vers un autre sujet ou poursuive son tourisme.

- Vous avez des passions vous ? Quelque chose que vous aimez faire ou collectionner je ne sais pas...

Oui c’est ça, un peu de tourisme. J’avais entendu parler de cette ville magnifique et j’ai voulu la voir de mes propres yeux. Elle est effectivement aussi belle qu’on le dit. Et il me faudrait bien quelques jours pour la visiter en effet, tellement il y a de choses à observer.

La jeune fille blonde sorti ne nouvelle feuille et croqua rapidement autre chose, un oiseau ce coup-ci. Elle avait vraiment le coup de main, Akir en était impressionné. Toutes les personnes douées dans un art qu’il ne maîtrisait pas l’impressionnait et à part ses compétences physiques il n’en possédait pas énormément, beaucoup de choses l’impressionnait donc. Rapide et précis, elle dessina l’oiseau avec une facilité déconcertante pour le tigre.

Houlà oui je ne pensais pas à tous ces aspects pour la peinture ou le dessin, la preuve que tout ça n’est pas du tout pour moi, si je n’ai même pas conscience de tous ces cotés. De ce coté là je préfère en être un spectateur qu’un acteur.

C’est vrai, il ne soupçonnait pas toute ces sous couches dans ce métier, qu’il imaginait bien compliqué avec la concurrence, c’était une sorte de compétition, pas la même que le concours qui se passait entre les Berzerkers, mais dans un autre style.

Oui, même si c’est plus physique, je suis plus un acrobate, un artiste martial, et je le fais plus en amateur pas professionnelle. Collectionner pas vraiment j’aime bien aussi l’art instantané, éphémère, c’est plus pour la beauté du geste et pour les yeux justement, mais ça ne veut pas dire et vous l’avez déjà remarqué que je méprise les autres formes d’art.

C’était pas mal ça, bon prétexte pour ses facultés physiques, cependant il aurait intérêt à y aller molo sur la démonstration, histoire que ça paraisse impressionnant tout en restant acceptable pour un être humain. Il regardait autour de lui toujours autant de monde qui passait sans faire attention à eux, il pouvait donc potentiellement se faire griller par des centaines de gens à cet instant précis. Il avait tout intérêt à ne pas trop se fatiguer.

Je suis concentrée sur mon dessin tout en l’écoutant. J’ai un bon coup de main mais ça prend quand même du temps. Je cale le bandeau que je porte souvent dans mes cheveux pour éviter qu’ils ne viennent me déranger en cas de coup de vent. En bougeant la tête il a un peu glissé. J’adore mes cheveux. J’ai été un peu triste après les avoir coupés sur un coup de tête mais heureusement ça repousse et là ils sont déjà très longs. Trois ans que je n’y ai pas touché, a raison d’une petite quinzaine de centimètres par an, ils ont atteint une belle taille.

- Avant j’étais à Florence, c’était beau avant que ça ne soit complètement détruit. Ils ont commencé à rebâtir mais les travaux prennent du temps, je n’ai pas vraiment eu le temps de me faire au nouveau visage de la ville. J’avais un peu entendu parler de Rome bien sûr et je suis contente d’y être. Pour le moment j’ai du travail, il faut bien gagner sa vie. Mais quand j’aurai du temps libre je me permettrais de faire du tourisme aussi. Quand je cherche des éléments de décor j’en fais déjà un peu cela dit. Connaître un peu plus les rues et les monuments me ferait gagner du temps si je souhaite peindre quelque chose de précis.

Je suis amusée par la réponse d’ Akir. Même si la peinture est peut être trop complexe pour lui, il sait en apprécier la beauté. Ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai connu des marchands qui voulaient des tableaux uniquement pour décorer leur salle de réception afin d’impressionner leur clients tout en n’aimant pas la peinture. Mais des fois que le client serait fin connaisseur, ils n’hésitaient pas à mettre le prix pour une œuvre de qualité.

- Spectateur c’est bien aussi. J’aime bien regarder les personnes qui dansent, chantent ou les pièces de théâtre. J’aime lire aussi...

Je tourne la tête vers lui et le regarde d’un air curieux.

- Acrobate vous dites ? Vous sauriez me faire une petite démonstration ? J’aime bien aussi toutes les formes d’art et je suis curieuse de voir ce que vous êtes capable de faire.

J’espère bien qu’il ne me dira pas non. J’ai arrêté de dessiner un instant. J’ai pu prendre assez de détails sur l’oiseau pour risquer de ne plus être attentive et qu’il s’envole. De toute façon j’en ai tellement dessiné dans ma vie posée sur le rebord de ma fenêtre par exemple que je saurai très bien en reproduire un de mémoire.

Florence, la guerre aussi là-bas sans aucun doute la raison de la destruction de cette ville. Le Crédo du Cardinal de la guerre ça, on ne peut rien y faire, ça devait lui faire plaisir finalement même si rien n’était joué dans l’affrontement. Elle était un art aussi si on élargissait la définition, mais bon pas sur qu’elle soit réactive à ce genre d’arguments. On n’est pas au dédale ici quand même.

C’est vrai que ça peut être agréable de rester spectateur et d’admirer un art qu’on ne maîtrise pas, juste apprécier le moment présent et se laisser aller, tout en regardant quelque chose de beau.

Lire aussi, mais il n’y avait pas beaucoup de bouquin là où ils étaient en Transylvania. D’ailleurs est ce que la moitié des Berzerkers au moins savaient-il lire ? Rien n’était moins sûr. Enfin il piquerait surement un bouquin dans une bibliothèque des environs, il avait appris le Latin, son vieux professeur. Lui qui l’avait appris à affuter son esprit aussi fort que son corps. Il devenait quoi d’ailleurs cui-là ? ça fait combien ? Au moins 5 ans qu’il l’avait quitté.

C’est vrai, j’aime aussi tout ça bien que j’ai rarement l’occasion de voir ça ou même de lire. Ça n’arrive pas assez souvent à mon goût.

Oui, c’était même un peu le style de son art, la fougue la fureur, la souplesse du félin, tout ca réunit pour le combat au service de la Mort. Mais oui il pouvait facilement passer pour un acrobate vu ses capacités.

Oui bien entendu

Il se met en poirier sur ses mains et commence à avancer doucement sans stress, sans fatigue, puis les plies légèrement en restant tout droit les jambes en l’air.

Doucement il ne s’agit pas de faire un bond de plusieurs mètres non plus. Il y allait toujours à fond, la modération ce n’était pas habituel chez lui.

Il se lança dans les airs pas trop fort mais assez pour faire un double salto arrière et retomber tout en souplesse sur ses deux pieds.

Voilà, soyez indulgente.

Je suis étonnée de voir que mon interlocuteur aime lire. Avais-je eu un préjugé ? Peut-être sans vraiment savoir lequel ni m’en rendre compte. J’écoute attentivement notant que même s’il aime lire ça reste occasionnel car il n’a pas le choix. Et ça m’intrigue. Le bras en suspens, fusain en l’air, je pose mes questions.

- Vous n’avez pas de bibliothèque ou de librairie où vous vivez?D’ailleurs, d’où venez-vous ? J’imagine que ça doit être loin...

Puis comme si j’entrais pleinement dans la conversation, plein de choses me venaient à l’esprit. Puisque c’était un voyageur il avait dû voir plein de choses et plein d’endroits et puis si ça se trouve il connaît plein de langues différentes. Où avait-il bien pu apprendre tout cela… Etait-il noble lui aussi ? Enfin ex-noble pour ma part, après tout, l’est-on toujours lorsque l’on a quitté sa famille ? Famille qui était détruite à l’heure qu’il est. Mon père est mort il y a des années quant à ma mère je n’ai pas eu de nouvelles et n’en ai pas cherché non plus. Elle et moi, on ne se comprend plus alors il n’y a pas nécessité d’aller remuer le couteau dans la plaie.

- Qui vous a appris à lire ?

De toutes les questions que j’ai en tête j’essaie de me modérer et de ne pas paraître trop intrusive ou trop curieuse même si c’est ma nature. Je ne vois pas de mal à s’intéresser aux gens mais parfois ils préfèrent garder une forme de mystère autour d’eux et c’est normal, je le conçois tout à fait cependant j’aime bien quand même poser des questions sinon on n’avance pas dans l’apprentissage de l’autre. L’observation est une bonne technique aussi mais elle a le désavantage de prendre plus de temps et de nécessité des occasion et événements particuliers sujets aux aléas de la vie. Bref allier les deux c’est le meilleur des compromis à mon sens et d’ailleurs, je regarde Akir me présenter une de ses pirouettes. Je lui souris et applaudit sa performance. Il est certain que je ne saurais pas faire cela !

- Bravo ! Belle prouesse ! Vous faites partie d’une troupe de troubadours ? Ou vous faites ça juste comme passe-temps ? Parce que j’imagine qu’il faut de entraînement pour arriver à faire un tel saut...

Pas besoin d’être indulgente, c’était tout à fait réussi.

De Persia, chez nous les livres ça coute cher, très cher. On n’a pas les mêmes moyens quand dans cette belle cité ou les livres sont Accessibles à tout le monde et gratuitement. Enfin depuis j’ai beaucoup voyagé j’ai vu du pays. Ça fait longtemps que je ne suis retourné par là.

Comment expliquer qu’une personne de son teint vivait actuellement dans un dédale organique aux abords d’une forêt sombre humide et froide de Transylvania.

Du coup c’est vrai que la suite est logique dans son questionnement. Comment un pauvre à-il reçu une bonne éducation. Mais pour cette réponse là il n’avait pas besoin de mentir. Le petit village juste avant de devenir chevalier, c’est vrai qu’avant il n’avait pas eu trop d’occasions d’apprendre avec des livres.

Un vieux professeur qui donnait des cours aux enfants bénévolement.

Bon mis à part qu’il était déjà adulte qu’il n’y avait que lui et qu’il lui enseignait pour la simple raison parc qu’il était un des élus de la cuirasse d’Arès, tout le reste était vrai. S’il lui disait vraiment a vérité, il serait sans nul doute obligé de la tuer pour éviter qu’une dormeuse ait conscience qu’il existe des éveillés. Pour leur propre sécurité, il préférait ne pas y faire allusion. Grâce à ça elle ne devrait pas mourir. Et il ne le voulait pas non plus, elle ne l’aurait pas mérité.

Oui plus un passe-temps, je suis seul je ne fais pas partie d’une troupe. Bien sur plusieurs heures par jours on ne fait pas ça en en claquement de doigts. Je suis content que ça vous plaise en tout cas.

Ça au moins c’était vrai, il faut s’entretenir, surtout quand son style de combat était avant tout basé sur l’agilité et la vitesse.

Persia, un nom qui sonne joli dans ma tête. Je vois les danseuses perses se mouvoir dans les tréfonds de mon imaginaire. Je vois leurs jupes virevolter au gré de leurs mouvements à l’instar de leur étole fine et légère. Je rêvasse un peu quelques secondes avant de reporter mon attention sur les explications données à mes questions. Je ne savais pas que les livres étaient chers là bas. Je l’envierai presque d’avoir autant voyagé.

- J’aimerai bien voyager aussi si j’en ai l’occasion. Quand j’étais enfant, mon père m’emmenait parfois en voyage, mais pas souvent et cela fait tellement longtemps que je ne me souviens plus d’où je suis allée.

Du coup c’était un peu comme si je n’avais été nulle part puisque je ne m’en souvenais pas. J’opine à la mention du professeur. Effectivement si en Perse les habitants étaient plus pauvre qu’ici c’était normal de recevoir l’éducation basique et que le reste, le « bonus » provienne de bénévole passionné, sans doute poussé par une vocation d’enseignement, l’envie de transmettre son savoir.

- Tu as eu de la chance alors. Tant mieux. Ce serait bien si tout le monde pouvait avoir accès à l’apprentissage de la lecture et du calcul. Savoir compter c’est important quand on va faire ses courses.

J’opine de nouveau en apprenant que c’est un passe temps mais qu’il y consacre beaucoup de temps. Comme quoi les efforts payaient puisqu’il arrivait à faire de belles acrobaties. Un instant je me tourne vers la fontaine un peu silencieuse. Je farfouille dans mes pensées pour dénicher d’autres questions tout en avançant sur mon travail.

- Vous êtes allé en Francia ou en Britania ? Ce sont des régions qui m’attirent. Celles plus au sud également… Vous êtes déjà monté sur un bateau ? J’aimerai bien… Ah j’aimerai bien voir la mer aussi. Elle n’est pas loin mais je n’ai pas encore fait le trajet jusqu’au port. C’est quand même une sacrée trotte à pied. Je n’ai pas de cheval… Vous en avez un vous ?

De nouveau je l’assaille de diverses questions anodines babillant tout en dessinant tranquillement. Mon attention étant réduite, je vais plus doucement.

Persia, cela faisait tellement longtemps, le coup des livres était sans doute vrai en tout cas ses parents n’en avaient pas et ne lisaient jamais, pour le peu de temps qu’il les avait vu. Ce qui était sur cependant l’enseignement était hors de prix quand on devait le payer de façon sonnante et trébuchante. Du coup la demoiselle en face de lui devait être surement assez riche pour avoir eu l’enseignement de l’art quelle pratique actuellement.

Ha c’est triste ça j’ai voyagé depuis que je suis jeune et souvent tout seul, je ne me souviens des endroit parque j’ai vu ça sur des cartes. Cela m’a permis de voir le cheminement que j’ai effectué sur certains de mes voyages. C’est dommage ça de ne plus se souvenir où on a été, pas d’odeurs, de sons de couleurs dans ces souvenirs qui te permettraient de faire une estimation.

Parfois c’est ça aussi qui lui permettait de se souvenir d’un endroit, un son, une odeur, agréable ou pas d’ailleurs.

Ce serait bien que ce soit accessible à tout le monde oui.

Il est vrai qu’avec les autres Berzerkers ce n’était pas très utile de savoir compter ou lire il n’en avait jamais l’occasion et encore moins chez les pouilleux qui habitent la forêt. Plus il y pensait et plus il se disait qu’il piquerait bien un livre ici pour le ramener au Dédale non pas pour les autres, les trois quarts déjà n’y verraient aucun intérêt, mais pour lui.

Francia ? Britania ? Non désolé jamais entendu parler, pour le moment j’ai fait le trajet, Persia, Grèce, Italia. Oui évidement j’ai fait de long trajet en bateau. C’est magnifique on voit le ciel mieux qu’en ville comme si on était directement entouré d’étoiles. L’eau bleu à perte de vue, le soleil, et parfois le mauvais temps aussi.

Cela lui rappelait le long séjour de Persia jusqu’en Grèce comme passager clandestin. Tel un animal nocturne, il sortait le soir et se planquait le jour, il contemplait pourtant les étoiles tout en évitant les marins qui faisait des tours de gardes sur le bateau.

Non je n’ai pas de cheval, mais j’ai une bonne cadence de marche, mais ça prend du temps en effet.

Il a toujours marché à pied, c’est vrai, et son entrainement lui permettait surement de se déplacer au moins aussi vite par moment, mais ce n’était pas nécessaire de le dire ici.

Je penche un peu la tête de côté. J’essaie de m’imaginer ce que ce doit être de voyager seul. Je crois que je n’aimerai pas trop ça, enfin pas tout le temps. J’aime bien avoir des interactions avec les gens ou être avec des amis. J’en ai quelques uns parmi les autres apprentis et c’est agréable de pouvoir se détendre en leur compagnie même si être à fond dans mon travail me plaît aussi.

- Ce n’est pas trop triste de voyager seul ? J’imagine que c’est moins contraignant, que vous pouvez aller ou vous voulez mais… Je ne sais pas… Avec des amis ça peut être sympa je suppose.

Et je ne fais que supposer mais peut-être que c’est un solitaire ou qu’il n’a pas d’amis avec qui il aimerait voyager. Après tout je ne sais presque rien de lui. Je culpabiliserai presque de faire des suppositions, après tout cela ne me regarde pas et tout un chacun est libre de faire comme il veut.

Il parle de la mer, des étoiles, et j’imagine clairement la scène s’afficher devant mes yeux. Un jour je voyagerai en mer ! Je n’imagine pas que cela m’arrivera dans moins de deux ans à peine et que ce sera une magnifique expérience.

- Voilà j’ai très envie de voir la mer maintenant. La mer l’océan… Cette immense étendue bleue indomptable. Je veux bien vous croire quand vous dites que c’est magnifique.

Je lève les yeux au ciel pour estimer l’heure et fait une petite moue. C’est quand même assez loin. Si j’avais voulu y aller il aurait fallu que je m’y prenne plus tôt. Là, à moins d’avoir un cheval c’est trop tard. Je me résigne et cela n’entache pas ma bonne humeur. Une autre fois voilà tout, je patienterait.

- Vous êtes libre de faire ce que vous voulez ça me paraît être une belle vie. Je ne pourrais pas en faire de même, j’ai besoin de peindre, de dessiner, mais à l’occasion quelques vacances ça pourrait être bien. Et sinon vous en croisez beaucoup des artistes en chemin ?

Oui seul effectivement, ce n'est pas que je n'aime pas la compagnie mais rester seul c'est bien aussi de temps en temps. Ça me convient comme ça, c'est juste une préférence, je prend la vie comme elle vient.

Il le préférait, c'est sur, en tout cas il préférait ne pas être accompagné par n'importe qui surtout si on parle d'un Berzerker, il en connaissait peu mais rien que d'imaginer César en ville, il n'osait même pas l'imaginer. Enfin si il voyait bien ce que cela pourrait donner, mais ce n'était pas vraiment une bonne idée. La Hyène aussi si elle était aussi impulsive en public, c'était moyennement une bonne idée également.

Oui c'est vrai c'est très beau, ce n'est évidement pas la seule belle chose que j'ai vue mais c'est effectivement très joli. Les levers et les couchers de soleil ont tendance à rendre les choses magnifiques.

Le soleil en transylvania avec ce climat pluvieux, souvent du brouillard, il avait peut tendance à percer le ciel pour le baigner de ses rayons réconfortant. Et par rapport à ce climat très clément d'Italia de Persia et même parfois de Grèce, ça tranchait méchamment vers la région du fameux dédale de chair. Jusque connu des serviteurs d'Arès et moins pour les autres éveillés.

Oui, en effet la liberté, c'est la belle vie, pas de contraintes, pas de comptes à rendre. Oui j’imagine, c'est bien de faire une pause de temps en temps, ça fait du bien. Oui dés que je suis en ville je croise des artistes de toutes sortes, rarement sur la route, plutôt là ou il y a du public, ce qui est logique.

Il ne croisait jamais d'artistes sur la route, il coupait à travers champ, il ne passait pas par les grandes routes il préférait rester discret et vif comme le félin.

Je respecte sa préférence, après tout nous sommes tous différents et il y a bien des moments où je préfère être seule moi aussi comme durant mon travail par exemple. Etre seule me permets de me concentrer ce que j’ai du mal à faire si j’ai quelqu’un qui me parle et me distrait de mon activité. Je souris légèrement en coin parce que ça correspond un peu à la situation présente sauf que ça ne me dérange pas, comme je ne suis pas pressée je peux me permettre une petite pause dans mes croquis. En plus j’ai presque terminé. Peut être que j’irai me trouver un autre endroit, mais alors lequel ? Tout en écoutant Akir, je tâche de finir ce que j’ai commencé avec la fontaine.

- Ah ça les levers et couches de soleil c’est très souvent magnifique. Surtout pour une peintre comme moi, c’est une explosion de couleurs un peu comme les arcs-en-ciel. Ce sont des moments que j’aime simplement observer ou peindre. Le soir avant de me coucher je me pose à ma fenêtre et je tourne mon regard vers l’horizon. A Florence j’avais une vue magnifique de mon grenier. Ici c’est moins bien, la vue est obscurée par les bâtiments mais j’arrive quand même à percevoir les couleurs et si je sens qu’elles sont particulièrement belles alors je sors dans la rue simplement. J’imagine qu’en campagne ce doit être plus simple et en mer aussi d’ailleurs.

Du reste j’opine. La liberté a du bon. Moi même j’ai pris la liberté de quitter ma mère pour devenir peintre. La liberté à mes yeux, ce n’est pas forcément que pouvoir gambader au gré du vent, c’est aussi faire ses propres choix, décider par soi-même. Je reste un moment silencieuse n’ayant pas d’autre question me venant à l’esprit sur le coup. Mon dessin progresse et de temps en temps je le montre au Perse pour qu’il se rende compte de mon avancée.

- Là. J’ai presque fini, j’irai bien ailleurs voir s’il y a quelque chose d’intéressant à dessiner. Vous qui avez un peu visité vous avez un endroit à me conseiller ?

Je le regarde interrogative, penchant légèrement la tête de côté. Mes cheveux blonds glissent sur mes genoux à ce geste et recouvrent partiellement mon dessin. Ça arrive fréquemment si je ne les attache pas, même si je mets un bandeau dans mes cheveux. Ça ne me dérange pas j’ai l’habitude. Je les chasserai du flanc de ma main lorsque ce sera nécessaire.

- Oh et si vous pouviez me servir de guide j’en serai ravie. Je ne connais pas bien comme je vous le disais et j’ai un peu peur de ne pas trouver ou de me perdre.

Et s’il n’avait rien à proposer ? Et bien elle n’aurait plus qu’à rentrer. Ça aura déjà été une journée bien productive.

Elle continuait de dessiner tout en écoutant Akir, elle l'écoutait avec attention. Le dessins avançait bien il ne la gênait pas dans l’avancement du croquis. Il avançait bien elle approchait assez vite de la fin.

Oui c'est vrai les couleurs, ça doit être difficile de réussir à retranscrire toutes ces couleurs sur du plat. Oui la vue est dégagée encore plus en mer, aucun relief, arbre ou bâtiment pour nous gâcher la vue, c'est beaucoup plus compliqué en ville, enfin il me semble, du peu que j'en ai vu.

Il préférait en effet rester hors des villes même pour dormir, une habitude qu'il avait héritée de sa jeunesse et en Transylvania. Il préférait les grands arbres, mais c'était aussi car près du dédale de chair il y avait des énormes forêts, parce que dans le désert...C'était plutôt dans le désert, dans une tente sur une paillasse à même le sable.

Elle lui montre son dessin quasiment achevé, il était magnifique, il était bien incapable de faire pareil, le vieux ne lui avait pas appris à faire ça, et il n'avait pas montré spécialement d'intérêt pour cet art, il lui semblait joli, mais il préférait le laisser aux gens qui avaient vraiment du talent comme cette jeune fille.

J'ai très peu visité, cette ville, je viens d'arriver, mais j'ai vu cet étrange bâtiment en cercle, il ne ressemblait à aucun autre, peut être qu'il ferait un bon sujet, enfin je crois.

Il pensait apparemment à tord que la jeune fille habitait ici depuis un petit moment, Il ne connaissait pas bien la ville, mais s'il fallait retrouver ce drôle de bâtiment il y arriverait sans mal avec son sens de l'orientation affûté et bien entraîné.

Je peux vous y conduire si ça vous intéresse, mais peut être connaissez vous déjà, il est sans doute connu dans la ville. Je peux vous accompagner, je me perd rarement.

Enfin il n'en savait rien mais en tout cas c'était le seul bâtiment comme ça qu'il avait vu pour le moment dans toute la ville. Peut être qu'il y en avait plein d'autres ailleurs, mais il n'était pas encore tombé dessus.

J’opine doucement au voyageur. Mais ce n’est pas forcément la dimension plate qui pose problème, quoi que au départ la grande majorité des artistes ont du mal avec la perspective. La preuve en est, quand on donne de quoi dessiner à un enfant, il fait tout en filaire et en deux dimension sans aucune profondeur. C’est comme tout, il faut de l’observation, de la compréhension et de l’entraînement pour progresser.

- C’est surtout d’arriver à trouver les bons mélanges de pigment pour avoir la teinte parfaite… La mer ce n’est pas si facile non plus, il faut de la précision pour figer les vagues toujours en mouvement, faire ressortir l’écume et laisser transparaître les rayons du soleil… Les bâtiments c’est ce qui reste le plus simple à mon avis. L’eau, le ciel devient ardu si on tente de le sublimer avec des effets de reflets ou de couleur.

Dessiner terminé je referme mon carnet et me tourne vers Akir. Un étrange bâtiment en cercle, hum… Je pense avoir une petite idée de ce que c’est. Souriante, je me lève. Je cale mon petit banc sous mon bras et mon fusain dans une poche prête à changer de poste ou simplement à vadrouiller.

- Alors allons voir cela ! Je pense avoir une petite idée de l’endroit dont vous parlez. J’en ai beaucoup entendu parler depuis que je suis ici mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller le voir. C’est donc le bon moment. Je vous suis !

Je ne suisà Rome que depuis quelques semaines, pas beaucoup plus alors je fais attention à chaque tournant pour me souvenir du chemin retour lorsqu’il serait temps de rentrer. Sur le chemin, je continue de papoter posant quelques questions. Mes long cheveux brillent au soleil et ma longue jupe caresse les pavés en un bruissement léger. J'ai conscience que se promener avec un tabouret sous le bras peut sembler étrange à qui ne me connait pas, mais je ne conçois pas de devoir m'asseoir à même le sol pour travailler. Le bois est quand même moins dur et plus confortable que la pierre ou le sol graveleux.

- Mais dites moi, vous avez des frères et sœur ? De la famille quelque part ?

Les couleurs pour rendre réaliste quelque chose de plat et sans mouvement est effectivement assez compliqué. Pour ceux qui savent dessiner bien entendu, c'était totalement impossible à appréhender pour le tigre qui n'avait aucun talent dans cet Art là.

Je préfère vous laisse tout cela, vous avez énormément de talent, c'est un très beau dessin que vous terminez là. Je suis impressionné, vu mon amateurisme dans ce domaine mon avis vaut ce qu'il vaut, c'est à dire sûrement pas grand chose.

Et il le pensait réellement, ce n'était pas utile à ses yeux en tout cas, mais c'est aussi ça qui rendait l'art beau. Futile pour une utilité matérielle, mais tellement agréable à contempler si c'était bien réalisé.

Vous voyez de quel bâtiment je parle ? Parfait alors allons y suivez moi, je vais vous y conduire tout de suite.

Ils se mirent donc en marche, le tigre marchait lentement histoire de ne pas trop distancer la jolie mademoiselle, armée de tout son attirail de dessin. Au besoin, par galanterie il accepterait sans doute de porter une partie s'il la voyait en difficulté, mais pour le moment elle s'en sortait très bien donc il ne proposerait rien pour le moment.

A la question suivante, il observa une silence, la question résonnait à ses oreilles et elle lui semblait se répercuter en écho sur les murs, l'espace d'un instant le visage d'Akir prit une teinte de mélancolie et de nostalgie. Si elle observait son visage, elle verrait fugacement son expression changer avant de retourner à la normale Bien que c'était très lointain, le souvenir malheureux était encore là..

Ma famille ? Ça fait longtemps...Ils sont tous mort quand j’étais encore enfant. J'avais un petit frère en plus de mes parents.

Ces soldat byzantins, ils avaient emporté toute sa famille, et même tout son village natal, et il ne l'appris que mais les saints, étaient derrières leur agissements. Ils avaient pris sa vraie famille, ses compagnons quand il avait grandit et espérait bien à présent leur rendre la monnaie de leur pièce. Qui sème le vent récolte la tempête, il leur feraient payer pour toutes ces atrocités.

Même si ce n'était pas encore le but de cette guerre, il en profiterait pour essayer de les venger pendant cette longue bataille. Mais pour le moment le temps n'était pas à la guerre et à la mort, il guida la joyeuse jeune fille jusqu'à l'endroit où il lui avait promis.

Les compliments me font toujours plaisir qu’importe de qui ils proviennent parce qu’à mon avis, l’art, c’est surtout une question de goût. Tout ne peut pas plaire à tout le monde et pourtant dans les mœurs est ancrée une certaine définition du beau qui s’est insinuée dans les esprits et qui nous oblige à penser que telle chose est belle parce que c’est la pensée commune. Mais tout le monde se trompe, il n’y a pas de définition du beau claire et établie. Comme c’est personnel et dépend de la sensibilité de chacun, on devrait même dire « cela m’est beau » plutôt que « cela est beau » car c’est un avis pas une réalité objective.

- Oh en Art tous les avis se valent, il y en a juste qui ouvrent des portes et d’autres pas. Ça peut permettre d’avoir un bon mécène, un bon atelier, plus de clients… Plus de commodités en somme, mais sinon en terme de réflexion pure ils se valent tous. Après il y a aussi les avis qui sont plus importants à nos yeux car ils proviennent d’êtres chers et que l’on a généralement envie de les rendre fiers.

Nous nous mettons en route et je trottine gaiement en chantonnant. Rien de compréhensible juste des « hum hum hum » ou des « la, la, la » par-ci par-là pendant qu’il réfléchit à ma dernière question sur sa famille. Pleine de vie et de joie de salue les gens sur mon passage, m’écarte pour éviter les risques de carambolage et continue de suivre l’acrobate. Il fini par me répondre et ça me permet de comprendre un peu mieux pourquoi il est seul. C’est très triste de vivre seul, orphelin, et j’espère qu’il n’en est pas trop triste quand même.

- Ce doit être dur… J’ai perdu mon père il y a quelques années, c’était le seul à vraiment me comprendre alors que ma mère elle ne pensait qu’à me marier. Je n’avais plus rien qui me retenait alors je suis partie vivre ma vie, gagner mon propre pain, voler de mes propres ailes.

Un bout d’un certain temps de marche, nous arrivons enfin face au Colisée, il est spectaculaire, je lâche « oh » et des « whaaa ». Je frétille, ne tenant pas en place. Il est gigantesque… Je me demande s’il y a des tournois en cours à l’intérieur.

- Tu crois que ça se visite ? Qu’on peut y entrer ? Avec un peu de chance il y aura un truc en cours à l’intérieur ou alors on aura touuuuut le bâtiment rien que pour nous !

Je rêve, je délire, je suis en forme et surexcitée.

Tout cela était vraiment trop compliqué, il n'imaginait pas que c'était comme ça il pensait presque qu'on ne pouvait pas en vivre, que ça se faisait juste en amateur en plus de son vrai métier, il avait tord évidement mais il n'avait pas encore eu l'occasion d'en croiser d'autres donc il était bien ignorant de la situation.

Apparemment il n'était pas dans le faux pour ce qui est du goût, d'après ce qu'elle raconte, personne en fait. Ce qui peut être assez étranges vu la vaste variété de préférences artistiques. Mais elle avait raison les avis les plus importants, même si ça ne rapporte pas d'argent, c'est celui de ceux qu'on aime. Mais lui même n'en avait plus vraiment.

C'est bien vrai, je comprend ce point de vue, je trouve aussi que c'est le plus important. Bien qu'actuellement, j'en ait bien au moins un, mais ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

Son histoire personnelle, était assez triste elle aussi, il supposait qu'elle n'était plus en contact avec sa mère vu que leur entente n'avait pas l'air excellent. Il voulait en être sur pour ne pas faire d'impair.

Vous lui parlez encore ? En fait c'est pas vraiment très dur, ça fait longtemps, on dit que le temps soigne les blessures, et donc je n'en souffre pas trop. Il sont mort quand j’étais très jeune j'ai eu beaucoup de temps pour faire le deuil.

Le temps de la conversation, ils étaient déjà arrivé, le bâtiment était tout proche. La jeune femme était vraiment impressionnée, à tel point qu'elle ne pouvait pas retenir ses onomatopées exclamatives traduisant son émerveillement et son excitation. Dans ses paroles on pouvait penser qu'elle appartenaient à une petite fille, émerveillée par son cadeau.

Oui sans doute on peut demander aux gardes là bas à l'entrée pour voir si c'est encore possible. Moi aussi je serrais curieux de voir l'intérieur.

L'entrée était non loin d'eux, deux gardes à l'air pas spécialement très engageant avaient l'air de garder l'entrée, vu que ce n’était pas le cas pour le moment, ils n'avaient pas encore pu observer si ils laissaient passer les visiteurs ou non.

Je m’arrête un instant pour repenser à ma mère à Florence et à la guerre qui y a fait des ravages. Je n’ai pas de vraie réponse à lui apporter sur ma mère car je n’ai pas cherché à savoir, aujourd’hui je n’ai pas plus cette envie non plus. Oh certes elle a été a famille mais nous n’avons tellement pas été proches de toute notre vie que son sort m’indiffère. Ou peut-être que ce n’est pas cela, peut-être que j’ai juste peu d’apprendre qu’elle n’est plus et que je suis véritablement seule. Avec des amis peintres certes, mais sans plus aucun proche. Je ne sais pas trop, j’essaie d’y réfléchir et c’est plus la première option qui me semble véritable. Je ne peux pas me soucier de quelqu’un qui ne s’est jamais soucié de ce que moi je pouvais vouloir ou avoir besoin, pas comme mon père.

- Je ne lui parle plus non. Je ne sais pas où elle est ni si elle est encore en vie. Il y a peu la guerre a rasé ma ville, Florence, et je ne sais pas si elle a survécu ou fait partie des dommages collatéraux. J’ai eu la chance de pouvoir fuir avant la catastrophe, mais de peu.

Je frissonne un peu. La guerre c’est effroyable. Ça ne me fait pas vraiment « peur » car s’il faut prendre les armes pour défendre mon foyer je le ferai, mais tant de sang versé me fait horreur et m’attriste. Je pense à tous ces innocents surtout qui n’ont rien demandé et qui subissent les décisions politiques d’une poignée d’hommes.

- Je pense qu’avoir des amis proches sincères ça peut aider dans le deuil. Personnellement je n’aime pas la solitude. Je pourrais être seule des heures et des jours durant si je suis à fond dans une peinture ou un travail, mais après j’ai besoin de m’amuser et décompresser avec des amis.

Je ne suis pas la seule à être curieuse de voir un spectacle du Colisée. Je souris et l’on s’approche. J’ai bien repéré les gardes à l’entrée. Ils ont pas l’air très commode, comme des gardes quoi. Mais je ne me démonte pas, je suis une fille courageuse moi ! Je vais les voir et leur adresse mon plus beau sourire.

- Bonjour ! Nous souhaiterions voir le spectacle c’est encore possible d’entrer ?

Ils se regardent entre eux comme pour délibérer dans un langage muet. J’entends d’ici des éclats de voix et un brouhaha indiquant qu’il y a foule à l’intérieur. L’un des gardes me regarde, puis regarde Akir à mes côtés. Les portes n’ont pas dû être fermées depuis longtemps car il accepte à la condition qu’il nous escorte jusqu’aux gradins. Sans-doute souhaite-il éviter que l’on aille fureter dans les couloirs et sous-sols du bâtiment. Pou moi peu importe, la perspective de voir l’intérieur et le spectacle m’enchante. Je me tourne vers Akir et lui sourit.

- Allons-y !

Elle vient d’une ville en guerre et a pu s’enfuir ? Oui Florence ça lui dit quelque chose, ils étaient là-bas, évidement il y avait eu trop de dommages collatéraux pour qu’il se souvienne si une femme en âge d’être la mère Esmelia avait été retrouvée morte ou sous des décombres quelconques. Il n’avait pas entendu de noms, et s’en fichait. C’est vrai que lui et sa famille étaient dans ce cas il y a bien longtemps, ce n’était même pas son pays, et il ne connaissait même pas ces gens. Ça aurait pu lui faire de la peine si la jeune femme en éprouvait, mais même pas. Elle l’avait fui, et s’en fichait si sa mère était en vie.

Je ne suis pas passé par là en effet, je sais bien qu’il y a la guerre par-là, j’ai évité de passer par là évidement je ne sais donc pas quel sont les victimes civiles causées dans cette ville.

Enfin après la guerre viens la paix, elle était la condition pour que le calme revienne. Il ne sait pas si c’était le point de Zvezdan également, mais c’était celui du Tigre en tout cas. Il espérait aussi quand même qu’elle finisse vite pour que la paix puisse revenir, un temps en tout cas.

Oui c’est vrai qu’il est toujours agréable de savoir avec qui s’amuser, et il y a tellement de moyens d’y arriver dans cette ville. J’ai pu voir qu’elle était animée le peu de temps que j’y ai séjourné.

Ils passèrent facilement les gardes sur les quelques mots de la demoiselle. Ils étaient escortés sous bonne surveillance de peur qu’ils ne s’éclipsent pour aller fureter semblait-il.
Il répondu sincèrement à son sourire enjoué. Je vous suis mademoiselle. Un peu ironique vu la contrainte des hommes en armes qui les accompagnaient et ne les laisser pas libres de leur passage.

Sans trainer et sans détour, ils accédèrent bien vite aux gradins, vu les clameurs de la foule, le spectacle battait son plein. Plus par empressement à retrouver leur poste pour ne pas avoir de problème que par galanterie, ils indiquèrent aux jeunes gens es dernières places qui étaient encore libre. Il lui semblait que le vieux lui en avait parler de ce genre de lieu, ou out le monde se rassemblait pour ce genre de spectacle qui pouvaient aller de combat à mort à la déclamation de poésie en public.

Nous trouvons une place dans cette arène bondée de monde. Je suis vraiment contente d'avoir pu venir au bon moment. La foule est animée, il règne ici une ambiance particulière. Tous ont les yeux fixés sur ce qui se passe au centre et tous ressentent plus ou moins les mêmes émotions. L'effet de groupe amplifie tout cela, c'est enivrant. J'ai commencé par observer les gens autour de moi puis ceux un peu plus loin pour m'en rendre compte. Les traits sur leur visage sont intrigants, des expressions brutes qui ne sont ni manipulées, ni retenues, juste naturelles face à ce qu'ils ont sous les yeux et s'il n'y a pas de masque de retenue, c'est parce qu'ils pensent qu'ils n'ont aucun risque d'être observés. Qui serait assez bizarre ou idiot pour regarder tout sauf le spectacle ? Franchement ! Et bien moi je le suis ! J'observe tout parce que tout est une inspiration future pour mes dessins. Oui ces expressions pourraient me servir pour agrémenter l'arrière-plan de certaines peintures.

Je sors mon carnet de croquis, mon fusain, et frénétiquement je me mets à reproduire certains faciès. Je n'ai pas encore jeté de regard vers le centre, je ne sais pas ce qu'il s'y passe et pourtant ma curiosité me pousse à tourner la tête mais pas encore, pas tout de suite, pas trop vite. Chaque chose en son temps, je ne veux pas manquer la moindre occasion alors bien que j'en meure d'envie, je regarderai plus tard. Ce Colisée est vraiment énorme, gigantesque, je n'ai jamais rien vu de tel. Tandis que mon fusain couvre de noir ma page initialement vierge, j'entends la clameur de la foule et les cris que ce qui semble être un combat entre deux gladiateurs, peut-être sont ils plus nombreux d'ailleurs, je ne sais pas encore.

- C'est incroyable… Je suis vraiment ravie qu'on ait pu entrer !

Il ne me faut pas si longtemps pour dessiner ces quelques visages. Je peux enfin regarder vers le centre de l'arène. J'écarquille les yeux puis fait une grimace, ça s'étripe dans tous les sens. J'en ai quelques frissons. Mais je ne perds pas le nord. Une page est tournée et sur une nouvelle je m'active pour reproduire un des gladiateurs, celui qui semble le plus fort, le plus robuste.

- Impressionnant… Et il ne doit en rester qu'un à la fin c'est bien cela ? Il paraît qu'après ils font entrer des animaux, j'ai hâte de voir cela.

Beaucoup moins hâte de les voir se faire tuer mais bon...

Le public est très enthousiaste, trop enthousiaste même à voir deux guerriers s’écharper l’un l’autre, le mauvais fond des humains ressort dans ce genre de spectacle. Rien qu’a voir les visages déformés par l’émotion le témoigne, on se croirait revenu au dédalle, les Berzerkers regardant sans pudeur un spectacle de la même sorte pouvant s’y produire. Tient c’est une bonne idée ça d’organiser des combats à mort organisés entre guerrier avec peut être des paris et à la clé un prix pour motiver les troupes. Ça pourrait toujours servir mais il faudrait trouver un prix conséquent, il avait le temps d’y réfléchir.

Ca ne le dégoutait pas, il appréciait même, il assumait son inhumanité, mais son visage restait impassible, lui au moins il ne s’en cachait pas, comme, il l’imaginait, la totalité de ce gradin venu assister à ce spectacle macabre et qui s’en délectait sans se l’avouer.

Oui enfin, on aurait fini par trouver si vous vouliez vraiment y accéder, mais heureusement on a choisi la solution la plus simple.

Juste une petite infiltration, il ne pensait pas vraiment à autre chose. Il n’allait quand même pas éliminer des gardes pour assiste à un spectacle quand même.

Elle ne perd pas de temps elle se et déjà à griffonner frénétiquement. Elle a vraiment le dessin dans le sang.

Des animaux, oui sans doute, vu votre première grimace je ne suis pas sûr que vous avez hâte de voir quelqu’un se faire dévorer vivant. Mais peut être que vous préférez faire des natures mortes, haha !

Enfin il imaginait que ça se passerait sans doute comme ça. Mais quelle blague de merde tant pour meubler la conversation que pour détendre l’atmosphère. Il aurait peut-être pu s’en abstenir, mais bon il pourrait toujours faire passer ça pour de la gêne ou du stress, c’est facilement rattrapable.

Il regarda attentivement la technique des deux hommes, le grand costaud s’en sortait bien, visiblement son adversaire n’avait pas compensé sa faiblesse par sa vitesse, le combat serait bien vite réglé. Ils allaient sans doute sortir rapidement les fauves après tout.

- Nous avons eu de la chance. Profitons-en.

Je continue de noircir les pages de mon carnet ardemment et sourit en coin. Certes la vue n'est pas très plaisante et je désapprouve ces hommes qui tuent des innocents. Mais je ne suis pas si sensible que cela à la vue. Un peu comme un médecin ou un chirurgien pourrait garder son sang froid à la vue de tripes à l'air ou de maladie impressionnante, je reste plongée dans une sorte de bulle protectrice . Curiosité scientifique, médicale ou artistique, tout est « bon » à voir, à étudier. J'ai bien sûr une certaine sensibilité en d'autres occasions sur d'autres choses, mais pas en cet instant, pas sur des combats. Je me tourne vers lui pour l'observer un peu. Il n'a pas l'air affecté. Pas non plus l'air enjoué, juste neutre.

- Vous avez fait la guerre c'est bien cela ? Ça se voit. Je ne préfère pas les natures mortes non. Certaines sont bien ennuyeuses. La mort fait partie de la vie. La cruauté aussi et ce sont des choses intéressantes à reproduire. Ce n'est pas que j'y prenne un plaisir malsain, c'est juste que je ne me voile pas la face. Personne n'est parfait. La cruauté fait partie du monde. Bonne ou mauvaise ce n'est pas la question, ce que j'y vois c'est que ce sont des émotions fortes, puissantes, vivantes d'une certaine façon. Cela peut apporter une touche spéciale à un tableau, lui donner du caractère… Vous voyez ?

Je ne suis pas certaine qu'il comprenne ce que j'essaie d'expliquer. Mais comme le chirurgien, ce n'est pas parce qu'il opère des malades qu'il est pervertis ou qu'il aime à déchiqueter, ou poignarder les gens. C'est quelque chose que l'on supporte parce que c'est notre métier simplement. La combat en cours est vite réglé et je me dépêche de tracer les derniers traits. Comme je l'espérais, c'est le tour des animaux. Tout y passe. Lion, éléphant, léopard, rhinocéros... Je suis ravie de pouvoir voir ces espèces de mes propres yeux et ne manque pas d'en faire un portrait pour chaque.

- Je n'avais jamais vu ces bêtes avant. C'est triste le sort qui leur est réservé, mais je suis contente d'avoir pu les voir. Vous aimez les animaux ?

Je suis presque toujours du côté de ces animaux sauvages. Je sais que les gladiateurs cherchent à sauver leur peau, mais on m'a dit un jour qu'ils étaient très fiers lorsqu'ils arrivaient à vaincre. La plupart se nourrissent de la popularité que ces jeux leur donne. Un nouvel animal entre en piste et je souris.

- Oh il est beau celui là !

Un tigre blanc venait de faire son entrée. Un bon gros spécimen.

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