[Mi-Février 553] La Politique du Glaive Rouge

Même au dehors, dans le sauvage le plus primordial, parmi les prédateurs, un certain ordre existe. Plus encore chez les prédateurs en meute. Parce que même les animaux s'organisent en communauté, pour une bonne partie d'entre eux. Même parmi les animaux, il y a des règles. Des lois.
Simplement, eux n'écrivent rien : Leur loi est guidée par l'esprit pratique. La survie.
Simplement, eux ne débattent pas : leurs procès sont menés par le langage du corps, des regards et des démonstrations de dominance. Des combats.

La simplicité a du bon, parfois.

Même parmi les animaux, un certain ordre existe, oui. Alors parmi les Chiens de Guerre, un certain ordre doit exister aussi. Parce qu'on ne fait pas tomber le plus puissant Empire connu sur la face du monde avec quelques guerriers désorganisés et indisciplinés. Alors... Alors ordonnons, voulez-vous ?

- Guerrier d'Arès, entends la Voix de ton Dieu, car c'est son Héraut sur Terre qui te parle.

Des mots qui résonnent dans les murs du Dédale. Partout dans l'enceinte de l'édifice vivant, la phrase coule d'un ton calme, la voix claire, dégagée. Le genre de voix qu'on écoute. Alors écoute, Berserker, parce que ton Pontifex va parler.
Il va être grandiloquent, parce que l'occasion le demande. Et parce que c'est amusant.
Il va être intransigeant, parce que le Dédale l'y force. Et pour que tu retiennes les mots à venir.

- Ce que je te dis maintenant entre en vigueur dés aujourd'hui. la politique du Glaive Rouge est proclamée : désormais, quiconque parmi les Berserkers d'Arès se rend indigne de sa Cuirasse prend le risque d'être désigné Gladius.

Gladius. Le mot sonne presque grandiose, comme ça, hm ? L'on imagine déjà la gloire dans le sang et la foule, on pense au Colisée de la vieille Rome, celle avant les Chrétiens.

- Le Gladius est une proie. N'importe quel membre des quatre Légions peut défier un Gladius au combat et choisir de s'emparer de sa Cuirasse s'il remporte la victoire.Membre des quatre Légions. Donc, les Centurions, les Légionnaires, les Cardinaux, et mêmes les troupes sans Cuirasse. Les Indignes seront les incompétents et les indisciplinés.
Si tu montres ta faiblesse, alors tu seras testé, afin de prouver que tu mérites toujours la bénédiction d'Arès.
Si tu montres ta bêtise, alors tu seras puni, afin d'inscrire la leçon sous ta peau à la force de l'acier.

Je dis ces mots comme je dis des faits : sans affect, une rigueur martiale dans ma voix. Beaucoup ici bas pensent pouvoir s'arroger la Cuirasse de leur voisin simplement en lui écrasant le crâne au sol. Beaucoup se trompent. Le Chaos d'une armée qui s’entre-dévore dans l'espoir de grimper les échelons ne m'intéresse pas, la folie d'abrutis qui pensent pouvoir verser le rouge de leurs frères d'arme inutilement sans conséquence, non plus. Vous voulez tuer ? Vous voulez grimper l'échelle du pouvoir sur le cadavre des autres ? Soit. Mais pas au prix d'une vie utile.
Vous volerez les inaptes, les ineptes et les insubordonnés.

- N'importe quel porteur de Cuirasse peut être proclamé Gladius. Légionnaire, Centurion, Cardinal. Le Pontifex est seul apte à désigner un Gladius, et seul décisionnaire des détails de sa traque.

Savoir combien de temps il restera traqué.
Savoir s'il s'agit de neutraliser, ou s'il s'agit de tuer.
Savoir si seuls les duels sont autorisés, ou si la chasse n'a aucune règle.
En somme : savoir la sévérité, en fonction de la gravité du manquement.

- Le Gladius doit continuer de servir Arès pendant qu'il est testé. De la même façon qu'un gladiateur sert l'Empereur même alors que sa vie est en jeu. Un Gladius qui corrige la faute qui a justifiée son statut augmentera ses chances d'être délivré de son épreuve.

L'inapte qui devient apte, le rebelle qui devient docile... Vous commencez à comprendre la chanson, hm ?

- Quiconque parmi les Berserkers d'Arès tue un de ses frères d'armes en dehors du cadre d'une traque au Gladius devra en répondre auprès de moi.

Et alors, ce sera ma justice qui tranchera.
Et potentiellement, ma lame aussi.

- Pour l'instant et jusqu'à nouvel ordre, personne n'est désigné Gladius. Mais tout le monde saura, si ça doit arriver.

Alors dans ton intérêt, Berserker : fais en sorte que ça ne t'arrive pas.
Le principe est simple, mais ses règles sont floues : je garde tout le pouvoir sur l'affaire entre mes seules mains. Pour pouvoir aviser selon la situation, selon le cas... Selon mon envie. Lumineuse idée que d'être dans les bonnes grâce du Pontifex de nos jours, n'est-ce pas ?

Même chez les animaux, un certain ordre existe.
On ne tue pas les éléments utiles à la meute, et on se débarrasse des poids.
Parce que ce monde ne t'attendra pas, pour être injuste. Alors prends de l'avance, et sois juste. Impitoyablement juste.

Citation :

La Politique du Glaive Rouge est effective dans le Camp. Un message sera posté sous peu en zone HRP pour résumer le principe et en poser les bases.

HRP a écrit:

Réaction de Mérion suite à l'annonce.

Lorsque le Héraut d'une Déité parle, il est de nature de considérer que le Temps lui-même semble s'arrêter. Après tout, n'est-il pas la Voix sur Terre du Dieu qu'il représente ? Exagération ? Certes. Le Temps continue se sempiternelle petite course. Pourtant, ce qui est en action semble cesser. Certains réagissent – bien entendu – différemment. Peut-être chercheront-ils la voix en direction du plafond, derrière eux ? Au plus profond de leur cœur ?
Ou peut-être, peut-être oui, qu'à l'inverse, certains y trouveront une certaine motivation. Dans leur entraînement. Dans leur quelconque activité.

Mais c'est bien dans un silence particulier que le Dédale semble s'être enfoncé en cet instant, dès les premiers mots du Pontifex Zvezdan. Un silence que seule cette même voix brise. Non. Que seule La Voix brise. Assurée. Confiante. Forte. Militaire. Autoritaire. Qu'aucune frontière ne peut véritablement arrêter. Comme toujours, dans ce Dédale. Des murs qui n'en sont pas réellement. Qui peuvent devenir les extensions du Prêtre Velya. Mais cette fois, il n'en est aucunement question. Le Pontifex parle. Et il est écouté.

Alors Pestilence ferme ses paupières, tandis que sa main s'abaisse tranquillement. Que les globes – au nom de quatre – qui lévitaient autour de lui cessent. Quatre sphères, instables, aux couleurs identiques à celles de ses yeux. De l'encre d'ambre qui coule lentement, goutte à goutte. Mais aucune onomatopée cette fois pour venir déranger le discours.
Et Pestilence écoute, le Héraut du Dieu des Carnages, des Guerres. Le Maître de ces Fauves. Pestilence l'écoute ordonner. Mettre en œuvre. Sans rechercher une quelconque origine à cette voix, car Elle est à sa place. Il n'a guère à chercher.

Juste à écouter.

Et il entend. Le Chaos dans lequel se complaisent les Fauves d'Arès, derrière les mots de Zvezdan.
Et il comprend, alors que les mots du Pontifex résonnent, grandiloquents, puissants, les objectifs principaux de cette nouvelle politique.

Ordonner le Chaos.
Lui donner matière à réfléchir. À se positionner.

L'homoncule écoute, chaque mots. Car ils concernent chaque habitant de cet enchevêtrement de chair. Car ils concernent, fatalement, la Pestilence. La poupée brisée ne peut qu'être remplaçable. Ses yeux s'ouvrent, doucement. Alors que Mérion comprend l'une des essence de cette intervention.

Non, les Cardinaux ne sont pas des privilégiés. Ils doivent mériter et continuer de mériter leurs places. Ils doivent apporter à l'effort de Guerre. Ils doivent diriger. Les Cavaliers ne peuvent rester percher sur leurs trônes d'Obsidienne, d'Ivoire, de Cendre et de Sang pour simplement observer la fourmilière fonctionner. Ils doivent. Il doit. Tu ne m'apprends rien. Pontifex. Car cela a toujours été sa propre vision.
Quant aux autres ? Eux aussi. Ils doivent. Sans les fonctions des quatre cœurs battants de ce Dédale. Mais ils doivent.

Incompétence ? Indiscipline ?
Faiblesse ? Bêtise ?

Quatre termes honnis en ces lieux. Quatre termes qui apporteront l'opprobre sur la victime de cette nouvelle politique. Le Gladius. Une distinction qui réveillera les prédateurs. Une distinction que seule le Pontifex apportera. Une chasse que seule lui ordonnera. Un moyen de canaliser le Chaos. Un moyen d'apprendre la rigueur à certains. Un moyen de remarquer l'utile. Et le nuisible. De savoir séparer le bon grain de l'ivraie, tout simplement. En somme … une armée organisée. Fonctionnelle.

Un léger soupir traverse les lèvres du jeune homme. Les orbes éclatent alors, leurs fragments venant se réunir dans sa main, glissant sous sa peau. Une infection qui rejoint son propriétaire originel. Il recule de quelques pas. Alors que l'intervention se termine, que les derniers mots résonnent. Ses doigts s'ouvrent. Son bâton vient apparaître entre ceux-ci. Et un sourire étire lentement ses lèvres.

Une bonne décision.
Une décision à laquelle il s'est déjà voué depuis longtemps. À sa manière. À sa façon.
L'humain. L'être à la vie humaine, façonner par la nature, par l'union de ses parents, comprend difficile une certaine chose.

Lorsque la réalité remet en cause son utilité. Sa compétence. Son appartenance à la mécanique huilée d'une armée. Il n'est guère intéressant de le garder.
En cela peut-être l'homoncule a-t-il une longueur d'avance sur cette compréhension. Tout est jetable. Remplaçable. Lorsque la chose est bien trop défectueuse.

N'est-ce pas ce qu'une poupée redoute toujours, un jour ou l'autre ? Que son Créateur réussisse à réaliser un modèle bien plus réussi. Bien plus abouti ?