[Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan] Dim 31 Oct - 19:22
Quelle agaçante situation.
Tout serait tellement plus simple si l'incident n'était pas entouré d'autant de mystère. Tout serait tellement plus simple si l'on savait le Pourquoi, le Qui, le Quand. Tout serait tellement plus simple si ça n'était tout simplement pas arrivé. Mais voilà, c'est arrivé : Un des enfants de Luan a été tué dans nos forêts, isolé.
Pas de témoin, pas de traces, rien. Rien qui ne permette de trouver un fautif. Alors naturellement, les pensées se tournent vers la méfiance et la suspicion. Naturellement, le premier suspect est un Berserker encore anonyme qui aurait tué sur le coup d'une pulsion, d'un caprice, d'un de ces accès de violence irrationnel dont certains ici ont le secret. Naturellement, c'est une hypothèse valable et donc, une hypothèse que je ne peux pas reprocher à Luan et aux siens...
à vrai dire, c'est une hypothèse que j'envisage beaucoup aussi. Et ça m'énerve.
Du Chaos dispensable, une dissenssion qui n'a pas lieu d'être, alimentée par le sceau du secret. Si je savais pourquoi, je pourrais juger. Si je savais qui, je pourrais punir. Mais je ne sais ni l'un ni l'autre. Ce que je sais et ce que tous savent se résumé à une scène de crime et à un corps retrouvé sans vie plusieurs jours après que Luan ait... « Sentie » le trépas de sa progéniture. Depuis, les tensions déjà présentes ont augmentées.
Quelle agaçante situation, vraiment.
Même avec les meilleures intentions au monde, moi et Luan ne pouvons pas changer certaines choses. Peu importe le souhait des meneurs, les suivants des deux partis restent instables et violents par nature. Enfin. Une partie d'entre eux, en tout cas. Mais juste « une partie » suffit à mettre le feu aux poudrières. Avec un peu de chance, l'enquête fera la lumière sur cette situation. Un bouc émissaire à éviscérer sur l'autel de la Tranquilité. En attendant...
En attendant, il faudra faire avec, ou plutôt sans. D'un pas tranquille, je marche au travers des couloirs de l'Estomac Calamiteux. Ici normalement, le territoire de Pestilence, mais aujourd'hui, Pestilence n'est pas là... Puisque récemment, Zelislaw est parti accomplir sa propre mission en rejoignant Acamas. Je n'aime pas nécessairement devoir me séparer d'un Cardinal peu de temps avant un moment aussi critique pour l'avenir des Berserkers, mais malgré tout le pouvoir qu'implique ma position, souvent, le Pontifex n'a pas le choix. En équilibre sur le fil de mes pouvoirs et responsabilités. Rien n'a totalement changé depuis l'époque où je portais une Cuirasse, à ce niveau. Simplement... Simplement, l'échelle n'est pas la même.
Peu importe, je ne viens pas voir un membre de la Légion d'Ossements aujourd'hui. Je viens voir une invitée qui a trouvé matière à s'installer dans une zone annexe de l'Estomac Calamiteux. J'aimerais dire que je viens voir Luan avec de nouvelles informations sur l'incident lié à son enfant, mais rien de tout ça. Je viens pour un... Arrangement, en quelque sorte. Quelque chose qui pourrait à la fois me sortir une épine du pied, et compenser cette perte. Et qui sait, d'une certaine façon, quelque chose qui pourrait sauver une âme, d'une certaine façon... Ou la condamner. Va savoir. Il est trop tard pour reculer de toute façon.
Trop tard pour la sauver autrement. La seule alternative serait celle d'une mort prompt et sans douleur... Peut-être que ça serait plus humain ?
Peut-être. Mais ça serait moins utile.
Arrivé prés de l'entrée de ce domaine improvisé depuis quelques semaines maintenant, j'entre et cherche du regard. Un messager est passé hier prévenir de ma venue, dire de ne pas me présenter comme un cheveux sur la soupe au mauvais moment.
Les choses sont assez compliquées comme ça sans en plus en rajouter sur de bêtes contrariétés.
LuanArmure : ...
Re: [Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan] Lun 1 Nov - 16:19
Les relations n’étaient plus vraiment au beau fixe depuis l’affaire qui avait agité le Dédale de chair, avec la mort de Yansen. Pour l’ambassadrice, il avait été difficile de contenir les ressentiments de certains de ses enfants. Tous disposaient d’un libre arbitre. Ils étaient différents des monstres qui servaient jadis Velya. Des fléaux conscients d’eux-mêmes. Pour autant, ils possédaient de cette loyauté envers celle qui leur avait donné la vie. Et quelle peine cela pouvait-il être pour cette Mère de taire ses propres émotions. Cette colère qui l’inciterait à gâcher les efforts réalisés jusque là pour se construire un refuge au sein de la Citadelle. Elle avait déjà fait un choix dangereux en s’arrangeant avec Zvezdan là où il lui fallait servir les intérêts de Velya.
Enfin, elle savait qu’ici bas, rien n’était simple. Et ce n’était pas comme si elle avait accordé sa pleine confiance à ses alliés. Viser le moindre mal. C’était tout ce qu’il y avait à espérer pour des créatures en sursis. Et en l’état, Luan pouvait au moins espérer que la venue du Pontifex allait pour apporter des réponses à ce drame. L’important était de ne pas laisser les siens se laisser aveugler par leur jeunesse. Ce pourquoi elle veilla à ce qu’aucun ne soit présent à l’arrivée du serviteur d’Arès. Lorsqu’il se présenta, elle l’accueillit sobrement, comme à son habitude.
– Pontifex, avez-vous des nouvelles pour moi ?
Toujours, ce même sourire désincarné. Ces bons airs de politesse. Ceux d’une ambassadrice qui avait appris à arborer la bonne façade afin de ne pas éveiller la répulsion naturelle à l’endroit des siens.
– À moins que vous ne veniez à moi avec une requête ?
Car pour être toujours tolérés ici, il fallait toujours se rendre indispensables, sinon utiles.
Re: [Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan] Lun 8 Nov - 17:45
- Une requête, en quelque sorte. Mais aussi une compensation pour l'incident récent, j'aime penser.
Tranquillement je m'avance, et je lui donne ces mots après une signe de tête en guise de salutation. Elle est seule, et c'est sans doute une bonne chose. Sans doute que ça n'est pas un hasard, d'ailleurs. Des nouvelles ? J'aimerais avoir des nouvelles. Mais les choses sont hélas terriblement compliquées, concernant... « L'affaire » où des nouvelles seraient le bienvenu.
- Hélas, pas de réelle progression sur l'enquête, j'en ai bien peur. Une mort isolée dans la forêt ne nous laisse que peu de matière en ce sens... Mais les équipes continuent de chercher.
Comme l'on a déjà pu en parler auparavant, Luan connaît mon point de vue sur la question. Notre problème n'a pas 36 origines possibles : la créature ne peut qu'avoir été tuée par un éveillé, puisqu'il faudrait au moins ça pour la surpasser. Dés lors, ne restent qu'une poignée de possibilités : un Berserker, une créature eveillée de la forêt, ou alors une autre entité inconnue étrangère à la forêt. Or, les passants sont rares, sur nos terres. Même si j'ai des Saints par-delà mes bois, je n'en ai jamais croisé d'assez fou pour venir jusqu'ici. Même si j'ai déniché des Ases dans une forêt plus éloignée, j'ose croire qu'ils n'ont pas fait l'erreur de revenir sans se présenter.
Dans tous les cas ? Dans tous les cas, ce meurtre est une énigme épineuse... Sincèrement, une énigme que je ne m'étonnerais pas de ne jamais résoudre. Alors s'il faut améliorer les rapports, je dois creuser une autre piste que celle d'une quête de vérité sans doute vouée à l'échec. Une compensation, disais-je.
- L'on ne peut simplement « compenser » la mort, mais j'imagine que ce qui pourrait arriver le plus proche d'y parvenir serait la vie. Vous avez perdu une âme, je vous en propose une autre. Impassible, la neutralité cordiale de mon visage se brise un court instant. J'y songe. Je pense à cette âme que je veux... Donner. Libérer. L'un amènera l'autre, j'aime penser. Je me rappelle, il n'y a pas si longtemps que ça, je me suis promis de ne plus m'en soucier. Je me rappelle que je m'étais résolu à n'y voir qu'un outil, et rien de plus. Très simplement parce qu'il n'y avait rien à sauver. Condamnée, à partir de l'instant où cette Cuirasse détraquée avait posée ses griffes sur elle. Et pourtant... Pourtant aujourd'hui, je me surprends à avoir des états d'âmes sur son sort. Tseh. Quelqu'un qui aurait grand besoin d'une mère. Peut-être que je peux vous emprunter le temps d'une marche pour vous raconter son histoire?
D'un geste de la main, je désigne la porte par où je suis venu. Sans doute que quelques... Éclaircissements ne seront pas de trop.
LuanArmure : ...
Re: [Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan] Ven 12 Nov - 22:30
Manifestement, l’ambassadrice du Roisin Dubh avait bien fait d’épargner au Pontifex la présence de ses enfants. Car d’évidence, s’écoulait celle d’une situation qui ne progressait pas, et qui ne serait pas amené à progresser. Chose dont elle semblait avoir conscience. La douleur d’une perte qu’elle pouvait faire taire. L’effet de l’habitude ? Toujours était-il que sa progéniture n’avait pas ce même recul, encore aveuglées par la témérité de la sagesse. Alors oui, il était certain que des désagréments auraient suivi ce constat répété.
Une requête, donc, maquillée en « compensation ». Un jeu de langage qui réussit au moins à gagner sa curiosité. Aussi, l’écouta-t-elle simplement sur ces absences de nouvelles, patiente quant à ce qui viendrait les suivre. Placide, une lueur transperça malgré tout ses pupilles ophidiennes quand il fut question de proposer une âme en compensation avec celle qui avait été perdue. Et visiblement, le sujet ne laissait pas indifférent son interlocuteur. Cette expression fugace… des regrets ? Des remords ? Il était difficile d’en juger en l’état, même si le peu qu’il trouva à traduire sur cette personne l’interpella. Un être qui pouvait avoir besoin d’une mère. Un enfant ?
– Vous avez mon attention.
Une réponse qui n’était pas simplement l’effet de la politesse. Aussi, consentirait-elle à le suivre et le laisser développer plus avant sur ce qui pouvait se cacher derrière cette « compensation ».
Re: [Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan] Lun 29 Nov - 1:29
Un signe de tête, et j’emboîte le pas vers cette marche à la destination encore inconnue.
- J'imagine ne rien vous apprendre quand je vous dis que les Cuirasses Berserkers sont des armures... Particulières. Vivantes, par bien des aspects, presque conscientes. Une pause, un sourire acide. Certaines plus que d'autres. Une en particulier l'est trop à mon goût.
Immondice inhumain, une pute manipulatrice qui s'est amusée à briser la vie d'une enfant pour en faire son petit pantin articulé personnel. Une de ces choses du Dédale que je déteste comme j'ai rarement détesté.
- La jeune fille que je vais vous présenter s'appelle Esther, c'est le Berserker de la Tarentule. C'est moi qui l'ait accueillie au Dédale quand elle est arrivée ici. Elle était accompagnée de ses parents. Ou en tout cas, c'était le mensonge qu'elle aimait se dire à elle-même et au monde.
Victime de ses propres désillusions, elle en était venue à croire authentique l'espèce de parodie de famille qu'elle s'était créée... Une fois, deux fois, quatre fois. Combien ? Je ne saurais pas dire. « Trop de fois », tout simplement.
- La Cuirasse de la Tarentule a sa propre conscience. Je l'ai déjà vue se manifester au travers d'Esther pour parler avec sa voix. C'est une entité cruelle et manipulatrice, qui va... Plus loin que les autres Cuirasses, pour s'accaparer son hôte. Dans le cas d'Esther, c'est compliqué. Je l'ai assez côtoyée pour comprendre dans les grandes lignes le vécu qui la lie à la Tarentule, mais sans doute que des détails me manquent. Ce que je peux vous dire...
Je n'aime pas en parler. Je n'aime pas me remémorer, je n'aime pas revoir ces souvenirs désagréables, ressasser ces pensées. Mais je n'ai pas le choix. Je n'ai pas le choix que de me rappeler la méfiance qui est montée, petit à petit, que de me rappeler le jour où j'ai compris totalement, que de me rappeler les pensées sombres qui me sont passées par l'esprit. Je n'ai pas le choix que de me rappeler avoir songé lui trancher la gorge pour la libérer de son calvaire. Une part de moi regrette de ne pas l'avoir fait.
- Ce que je peux vous dire, c'est que cette Cuirasse a sans doute volée Esther à sa vraie famille. Qu'elle a brisé son mental pour en faire une poupée docile, qu'elle en a fait un monstre qui s'ignore pour mieux supporter le calvaire de son existence. Privée de ses parents, la petite utilisait son Cosmos pour manipuler des inconnus et en faire sa nouvelle famille... Pendant un temps, jusqu'à les sacrifier. Dupe de sa propre illusion, elle niait le réel et faisait des crises quand on la confrontait aux failles dans la supercherie. Je vous ai parlé d'une « jeune fille », mais je ne serais pas surpris qu'elle ne soit pas si jeune que ça. Allez savoir combien de fois s'est répétée cette mascarade...
Contre me tempes, ça tape comme un tambour agaçant. Une colère vieille de plusieurs années, enterrée pendant longtemps. Pendant longtemps, j'ai cessé de m'en soucier. Tout du moins, j'ai essayé. Mais je crois que je suis trop familier avec le statut d'enfant manipulé pour être totalement indifférent au sort d'Esther. Et pourtant, c'aurait été si simple, de ne voir en elle qu'un outil utile.
- La Cuirasse est un parasite. Elle s'est liée à l'essence de la fillette, d'une façon ou d'une autre : en l'état actuel des choses, séparer Esther de la Cuirasse de la Tarentule, c'est la condamner. La chose se diverti des souffrances de son pantin, elle entretient une espèce de parodie de relation mère-fille malsaine et dangereuse.
« Ce n'est pas ma Cuirasse, c'est ma mère » m'avait dit Esther à l'époque. Et qu'est-ce qu'elle éprouvait, pour cette mère ? De la peur. J'ai été maladroit. Je n'ai pas su sauver Esther, et je n'en serais sans doute jamais capable. Ce dont elle a besoin, c'est d'une famille, et je ne saurais être ça. Cependant... Cependant, le destin a mis une mère sur mon chemin. Une mère des monstres, qui semble réellement se soucier de sa progéniture. Peut-être... Peut-être est-ce un signe. Une chance.
- Fut un temps, j'ai envisagé de tuer la petite pour mettre fin à son calvaire. Aujourd'hui, j'aime penser que j'ai peut-être trouvé une alternative. à ce moment, mon regard va chercher celui de Luan. Quelques couloirs dévalés, nous ne sommes pas encore arrivés. Avant, je veux voir sa réaction, interpréter. Deviner le ressenti qu'elle pourrait dévoiler. L'alternative que je pense avoir trouvé, c'est toi, Luan. Esther est devenue monstrueuse par bien des aspects, mais je ne pense pas qu'elle ait jamais cessée d'être une enfant en quête d'une vraie famille aimante, malgré ça. Une famille ni illusoire, ni tyrannique et cruelle.
Dis-moi, Luan, maintenant que tu sais : Qu'en penses-tu ?
LuanArmure : ...
Re: [Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan] Lun 29 Nov - 21:41
Cette histoire partit donc sur une explication de ce qu’étaient les cuirasses. Des entités marginales, plus capables d’un libre-arbitre qu’ailleurs. Quelque chose de chaotique, qui pouvait échapper au contrôle de ses hôtes. Des fléaux bien à l’image que pouvait renvoyer Arès, impuissant à commander ses propres émotions. L’une d’elle en particulier intéressait le Pontifex. Une cuirasse associée à l’histoire d’une porteuse. Une histoire qu’il ne plaisait pas à Zvezdan de raconter. S’il pouvait garder en lui sa colère, Luan n’en serait pas totalement dupe. Sans doute souffrait-il du sentiment de l’incomplétude. Il n’était pas allé au bout de ses émotions et à présent, il donnait l’impression de souhaiter conjurer un démon en lui.
Silencieuse, la Sluagh écoutait le déroulé de cette tragédie. Celle d’une enfant enlevée à son foyer, piégée par l’appétit vorace de cette Tarentule. Une marionnette qui manipulait son pantin afin de rassasier sa faim sans avoir d’autres corvées que de torturer un esprit qui n’avait pas eu le temps de se constituer. L’œuvre d’un monstre. De ces pratiques, la fille de Calatin n’en était pas étrangère. Ces histoires inspiraient pour grande partie la haine des humains envers ces créatures infernales. Ce qui ne pouvait être défini autrement que tel le Mal à châtier. Un Mal que le serviteur de la Guerre avait échoué à châtier, précisément parce que ce monstre s’était protégé derrière le masque d’une vie innocente.
Placide, il était impossible de deviner quelles pensées pouvaient traverser l’ambassadrice. Que pouvait-elle ressentir à l’énoncé de ces tourments mis à nus ? Il n’avait jamais cessé de chercher une solution. Et à mesure qu’il avançait dans ses explications, le dénouement de cette requête se dessinait de lui-même. Cet homme était arrivé à la conclusion que deux options s’ouvrait à lui : achever cette enfant damnée ou se reposer sur l’amour perçu chez un autre monstre envers sa progéniture. Ce choix, il l’exposait en venant chercher les prunelles ophidiennes de son interlocutrice. Et à son regard, elle savait bien ce qu’il attendait de sa personne.
– Vous me demandez si je peux offrir à cette enfant un avenir dont elle a été privé. Vous souhaitez voir s’il existe une autre voie que la mort. Vous voulez y croire car autrement, cela reviendrait à admettre votre échec. Vous donneriez à cette cuirasse une victoire que vous ne sauriez accepter, condamné à rencontrer la prochaine victime qu’elle trouverait à choisir et impuissant, là encore, devant les horreurs dont vous seriez rendu complice. Vous espérez qu’il existe une issue positive à ce cycle de tragédies. Suis-je dans le vrai ?
À cet instant, Luan cherchait à voir au fond de son interlocuteur, plutôt que d’entretenir une froide distance. Le signe que cette histoire ne la laissait pas indifférente. Ce faisant, elle ne sourirait pas, car il y avait des moments où les masques n’avaient plus lieu d’être. Un temps introspective, elle songerait à cette histoire. De ces réflexions qui ne s’autorisaient pas la légèreté d’une réponse spontanée. Existait-il un bon choix ? Il n’y en avait pas d’idéal, c’était là une certitude.
– Quand faut-il se fermer ou s’ouvrir ? C’est là un questionnement qui m’a travaillé si longtemps que je ne saurais en esquisser l’origine. Peut-être, la première fois que j’ai vu mes attentes déçues. Je ne saurais m’en rappeler. Malgré tout, il n’est aucune déception qui nous ferme éternellement, si ce n’est de celles qui nous mènent dans les bras de la Mort. Je ne suis pas encore morte. Alors, cela ne peut que signifier que j’ai quelque chose à attendre de ce monde. Comme vous. Et à vous entendre, comme elle.
Ayant renoué le contact visuel, Luan marquait un léger silence. Froide sur son visage et dans la voix, mais à l’intérieur de ses mots, une forme de chaleur.
– Nous serons toujours déçus, c’est là une peine universelle. Mais nous pouvons toujours choisir quand et à qui nous allons tendre ce couteau. Peut-être, parce qu’il nous est précieux de constater qu’il peut exister des mains qui ne sauraient nous blesser. Sans les armer, nous ne le saurions jamais. Nous serions toujours dans le doute. Et ce doute nous prive de ce qui nous est le plus cher.
Quelque chose qu’elle n’énoncerait pas. Car chacun pouvait y prêter ce qu’il désirait. De l’admiration. De l’amour. De la confiance. Tout au plus ce Pontifex devait-il deviner quel pouvait être ce trésor si précieux aux yeux de la Sluagh.
– Son âme demeurera la même. Mais son esprit… Ses souvenirs… Ses peines… Elles demeureront enfouies dans sa mémoire, comme de lointains cauchemars. À l’instar de ce qui vient nous réveiller la nuit. Des démons qui ont appartenu à une autre vie. Il lui faudra changer de nom. Lui considérer une nouvelle existence. Autrement, vous ne gagneriez qu’à réveiller ses démons. Ceux dont vous souhaitez vous débarrasser. Quant à ce que je peux lui offrir, eh bien, ce que vous venez d’énoncer. Une famille. Du reste, elle grandira et fera ses propres choix.
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Re: [Milieu Mai 553] Une âme pour une âme [PV Luan]