[Mars 553] La liberté de la Rose [PV Childéric]

S’il y avait bien une personne qui ne pouvait pas le surprendre, du moins, de cette façon c’était elle. Il sut qu’elle était sur le point d’entrer avant même que sa main ne se lève pour frapper le bois sec de la porte. Doucement, il caressa avec finesse le lien qui les unissait, pour lui faire comprendre qu’il était content de la voir. Mais quelque chose lui mordit rapidement le coeur. Une énorme bouffée d’inquiétude le saisit. Quelque chose avait changé, drastiquement, quelque chose de différent et, dans sa brutalité il ne sut pas identifier la nature du changement. Le tissage du lien avait été altéré, changé d’une certaine façon. Rien qui ne viendrait le briser mais son épouse avait vécu quelque chose et vu son état et bien, cela n’était pour lui qu’annonciateur d’une mauvaise nouvelle. Il déglutit et c’est à ce moment précis qu’elle poussa la porte pour entrer dans la pièce.

L’inquiétude serait d’abord lisible dans un premier temps, puis, son regard de fauve se posa sur sa femme et l’un de ses sourcils s’arqua, devant ce qu’il avait devant lui. Un mélange de surprise et de chocs. Sa démarche avait changé c’était… celle de la femme flamboyante qu’il avait épousée. Ce vieux fou de Japeth avait réussi semblerait-il ou bien, lui avait il donnait juste plus de temps ? Et quand elle envoya au diable son masque, Childéric eut sa réponse et un sourire illumina son visage. Un moment étrange lui revient en mémoire, fort à propos. Quand, au détour d’une conversation, dans une maison oubliée, elle lui avait annoncé qu’il allait être père. Son coeur était pendu à ses lèvres de la même façon et il pouvait le sentir battre à tout rompre dans sa poitrine. Il se leva alors précipitamment, faisant tomber sa chaise dans la foulée. Le cosmos qu’elle renvoya semblait changé, libéré en tout cas, de l’emprise de la mort.

Et il laissa la vague le traverser, le conquérir même et cette dernière d’avancer vers lui et de se jeter dans ses bras. Il ne tarda pas à les refermer sur elle et soulever son épouse, à bout de bras devant lui. La reposant tout rapidement, il la ramena contre lui et profita du moment un instant. Tout petit, une ou deux secondes, pas plus, mais se furent pour lui du moins, une éternité de doute et de souffrance balayé. La mort avait été repoussé, du moins, pour le moment. Après ça, il se recula un peu, suffisamment pour pouvoir poser ses lèvres sur ceux de Nimue et lui arracher cette fois, un bien long baisé, qui les laissera sûrement tous les deux le souffle court. Oh, ils avaient des choses à se dire, des explications à se donner. Il voulait savoir, mais, pas forcément tout de suite. Maintenant, il voulait simplement être l’homme qui venait de retrouver son épouse. Alors, après se baiser, il pivota sur lui-même, l’entraînant avec lui et balaya tout ce qu’il y avait sur son bureau d'un large geste de la main et l’allongea sur le bureau, continuant de l’embrasser…

Voilà qu’il n’avait pas savouré ce fruit qu’il aimait tant et qu’il n’avait pas pris le temps de goûter à sa sucrosité. Et le temps s’arrêta alors pour les deux amants, plus d’une fois. Depuis trop longtemps ils avaient été privés l’un de l’autre et plus rien n’avait alors d’importance que ce moment savouré plus que tout les précédents. On ne se rend compte du manque que lorsqu’on retrouve ce qu’on a perdu. Les seuls mots qui furent échanger furent ceux qui ne se disent jamais assez. Ceux qui chassent les tourments et qui sont faits pour ce genre de moment. Des moments où la seule mort qui a sa place, c’est la petite. Après, indubitablement, cette dernière finie par arriver, comme sa plus grande sœur. Allongé sur le sol, au pied du bureau, dans cette pièce maintenant en grand désordre, il s’allongea simplement, la tête sur les cuisses de son épouse et savoura le moment dans un calme absolu. Un petit goût de bonheur qu’il savoura avant qu’il ne s’échappe. Il chercha la main de Nimue et la prit dans la sienne.

« - Je… Je ne trouve pas de mot pour dire à quel point je suis content que tu me sois rendu. J’espère juste que… j’espère juste que ce n’est pas un adieu, ou un rêve. Et que tu es bien là. »

Il rit un peu, de lui surtout. Il avait vécu depuis si longtemps avec l’idée de la mort et la peur de la perdre qu’il avait du mal à retrouver ces moments simples, loin de ces considérations qui l’avaient rongé bien plus qu’il n’avait voulu se l’avouer. Ici, pourtant, il avait eu tout le loisir de penser à autre chose, après tout, ces événements étaient ceux dans lesquels il excellait : c’était une guerre. D’une autre sorte, mais une guerre. Il se fit silencieux un petit temps encore, fermant les yeux, se concentrant uniquement sur sa respiration à elle pour en suivre le rythme et se laisser bercer par ce dernier. Il ne voulait pas briser le charmer, mais il devait poser la question.

« - Si tu veux, j’aimerais bien que tu me racontes ce qui s’est passé. »

La paix, après tout, quand on sert la déesse de la guerre, n’est jamais vraiment très loin et toujours il faut qu’elle se rappelle à ses soldats. Mais maintenant, ce conflit, il n’avait plus à le livrer seul et cette paix-là, durerait le temps qu’elle vivra. Plus que jamais il se promit de ne pas s’abandonner à sa couronne et de ne pas franchir la ligne qu’il ne devait pas franchir. Il s’était souvenu du plaisir de l’humanité et il ne voulait pas abandonner ça. Trop longtemps, il avait été soldat et maintenant, il voulait être homme.

Childéric ferma les yeux, concentré sur le son de sa voix et sa respiration. Il écoutait les mots avec plus de pression que s’il venait de la déesse elle-même. Sa vie, comme toujours, suspendu à ses lèvres. Alors quand elle lui affirma être revenue, elle pourrait le sentir se détendre, toujours blotti contre elle. Et à travers le lien, une impulsion lui échappe, porteuse de tout son soulagement et du poids énorme qu’il avait eu à porter pendant cette période. De la peine qui avait été la sienne, de la peur surtout. Celle de faire de nouveau face à ce deuil qu’il n’avait pas su surmonter une fois. Fatalement, c’était peut-être cette peur qui l’avait poussé loin et avait commencé à le faire fléchir sous le poids de la couronne ? Mais il n’avait pas vraiment de meilleure façon de lui faire comprendre tout ça qu’en laissant ses émotions débordantes saturées le lien. Il n’avait jamais été doué pour parler de lui et le lien lui avait permis de contourner tout ça. Après tout, les émotions sont les ennemies du soldat et la pitance du fauve…

La paix du silence régna un temps, mais d’eux, ne le devoir ne peut s’éloigner trop longtemps. Et elle devait raconter son histoire. Alors il écouta silencieux et son esprit se mit à aligner les points avec ce qu’elle avait à lui dire. Elle s’était battue ? Il était content de savoir qu’elle avait su retrouver ses forces, qu’elle s’était battues. Mieux même, elle avait été l’héroïne de sa propre épopée. Celle qui combat, celle qui lutte, l’Andromaque de l’Hector qu’il était. Japeth s’était tenu à ce qu’il lui avait dit et le nom qu’elle évoqua ne lui disait rien. Albafica… Sûrement une nouvelle ramification d’un passé lointain, une autre âme oubliée par l’histoire. Mais cette lutte avait, comme toujours, arraché quelque chose à ses participants. Surtout si l’un des juges des enfers est impliqué dans l’histoire. Il savait déjà pour l’un d’eux qui s’était mêlé. Orphée avait raison… C’était de tout façon, la clef de voûte de son règne : se préparer à la guerre avec l’est.

Il écouta le récit de la fin de l’ancien quatrième gardien. Une triste nouvelle, et un sacrifice qui venait équilibrer la balance. Japeth pour Nimue, et Ainia pour Japeth… Pour le reste, le corps du vieux guerrier avait trouvé le repos et son âme serait sûrement éloignée de l’étreinte du sombre monarque. L’ordre des Tuathas se retrouvait avec un membre en moins et celui qui avait passé tant de temps à repousser la mort avait fini par la rencontrer. Childéric se redressa alors et posa sa main sur la joue de Nimue. Caressant son visage de son pouce. Ses yeux plantés dans les siens.

« - Je suis fier de toi. »

Et tendrement, il vient poser un baiser sur les lèvres pleins de vies de son épouse.

« - Je l’ai rencontré avant qu’il ne t’aide. Et Japeth m’avait parlé des enfers oui. Ce n’est pas le seul a l’avoir fait. Orphée aussi est venu me voir et il avait la même crainte. S’il s’agit d’un autre juge, les choses sont… mauvaises pour nous. S’il s’agit de celui qui est déjà réveillé et bien, il sonne le ralliement des troupes. Mais reste à savoir si le Sombre Monarque s’est fatalement réveillé ou, si comme le pense Orphée, queqlu’un d’autre tire les ficelles... »

Il poussa alors un long soupire. Un roi ne reste jamais homme très longtemps. Mais ce n’était pas forcément le moment d’être roi.

« - Alors… maintenant que tu es bien vivante et que le secret est éventé. Le sacre arrivera dans les prochains jours. J’en ai déjà parlé à Ryme et il faudra que nous en parlions à Silas. Tous les deux. Pour le reste… comment est-ce qu’on pourrait continuer de fêter ton retour dans le monde des vivants, petit poisson ? »

La p’tite Ryme. Voir son épouse parler comme ça justement, de sa petite avait eu le mérite de le faire rire. Car au final oui, c’était bien sa petite. La fille qu’il avait trouvée et qu’il avait formée, celle de qui il se sentait responsable. Si son épouse lui avait amené une longue famille et une tripoté de problème, lui, n’avait pas eu à ramener, du moins, côté famille. Alors ce qu’il en avait de plus proche et bien, c’était Silas, d’une part, même si la relation avait souffert de son nouveau rôle. Puis, il y a avait Ryme, qui était un peu comme une fille ou une petite sœur. Un mélange des deux et il y tenait beaucoup à sa petite. Il aurait été content de voir les deux femmes bien s’entendre mais l’une comme, et bien, elles ont leur petit caractère ! Une grimace tordit alors son visage, mi amusé mi faussement inquiète, mais vraiment concerné :

« - Je dois m’inquiéter ou... »

Et la suite de la conversation souleva une mine plus dur chez Childéric l’amusement du début le quitta pour prendre un air on ne peut plus sérieux. On aurait pu le croire chef des armées d’Athéna si on ne faisait pas attention. Mais le sujet était sensible. Le plus sensible que soit. La personne la plus importante de sa vie et pourtant, celle qui en était la plus loin. Parler de lui était toujours difficile et comme à chaque fois, il pouvait sentir les coups de couteaux lacérer son coeur meurtri. Mais cette souffrance servait un but, elle était le fruit de son devoir le plus sacré : celui de père. D’éloigner la chair de sa chair de ses ennemis et de cette vie qu’il ne souhaitait pas pour son fils.

« - Non, ça doit rester secret. Il n’est pas bête, il fera sûrement le rapport. Mais ce qu’il ne sait pas, ce qu’on ne confirme pas on ne peut pas l’utiliser à ses dépendants. J’ai confiance en Silas, ce n’est pas la question mais… dans notre monde, l’âme la plus secrète ne peut le rester éternellement. »

Et une pointe de triste résignation avait pointé dans sa voix. Changeant le ton sec et presque inexpressif du début. Plus que personne, elle pourrait comprendre ses tourments et sa douleur en ce moment, la difficulté de faire sortir ses mots du fond de sa gorge. Mais, elle savait rapidement chasser la tempête et lui, avait apprit à se laisser porter par le puissant courant qu’elle était. Et qu’il était bon de la voir vivre de nouveau. Il la regarda alors, l’air béat de l’amoureux transis qui découvre son aimée pour la première fois. Pourtant, voilà maintenant quelques années qu’ils s’étaient unies, mais la passion semblait toujours demeurer. Il la regarda se redresser et se rhabiller, à regret et il commença à faire de même. La pièce était un véritable capharnaüm et ils auraient un peu de rangement à faire pour éviter que les rumeurs ne circulent, si ce n’était pas déjà le cas. Enfin, au diable les rumeurs…

« - Oh oui, les chèvres et le crottin. Remarque, éleveur de chèvre, ce n’est pas très différent de Grand Pope dans le fond ! »

Sur ces mots, il explosa de rire. De son rire rugissement le plus fort, de celui qui faisait trembler les murs et de celui qui hurlait l’hymne à la vie. De celui qu’elle seule avait su lui arracher et qu’elle semblait appréciait chez lui. Ça demande véritable le surpris un peu. Mais après tout, il avait marché loin, très loin dans ce monde du Rêve et avait voyagé seul longtemps à travers ce dernier. Et bien il n’était plus seul après tout, ici et ailleurs. Alors un sourire amusé il répondit :

« - Et bien, je t’apprendrais à souquer ferme, capitaine. Ca ne sera pas un voyage de tout repos, mais je devrais pouvoir t’enseigner deux ou trois trucs. Après tout, j’ai bien réussi à former un chevalier d’or tout à fait correct ! »

Un sourire, et un nouveau rire. Ces moments lui avaient manqué… terriblement manqué !

Le Pope eut d’abord un sourire entendu pour sa belle. Il repensa à sa propre introduction au monde du rêve et le voyage étrange qu’il avait entrepris avec une âme désormais disparu. Il espérait que Sunilda avait connu une fin meilleur que de voir ses os croupir au fond d’un terrier à lapin ou dans la cache à noisette d’un écureuil. Mais il avait appris à marcher seul depuis et il était allé loin. Très loin sur ce chemin étriqué et dangereux. Un chemin sur lequel il n’avait encore amené personne avec lui. Ryme n’était pas du genre à vouloir s’intéresser à ce genre de chose et pour le moment, elle en était encore loin. Néanmoins, il serait ravi de lui apprendre si elle le désirait un jour. Et en parlant de sa disciple, la question que posa Nimue fit naître une moue sur le visage du vieux lion.

Cette expression sur son visage en disait long, surtout à celle qui saurait parfaitement lire les lignes. L’écho dans le lien en serait aussi le parfait traducteur. La dernière conversation qu’il avait eue avec Ryme avait été mouvementée. Les choses avaient laissé un goût amer dans la bouche de Childéric qui s’en voulait un peu. Mais au moins, la vérité était dite. Plus du mensonge, non, moins de mensonge. Des faux-semblants, des demi-vérités et des vrais dissimulations, il en aurait toujours. D’autant plus maintenant qu’il était forcé par la couronne d’agir ainsi. Pas seulement aussi pour la couronne, pour lui-même et pour la petite âme qu’il voulait voir grandir loin de tout ça. Alors, cela valait bien son sacrifice à lui. Corps et âme. Alors un profond soupir précéda la réponse de Childéric à la question de son épouse.

« - A raison, elle l’a mal pris. Tu es la Hélène qui va déclencher la nouvelle guerre de Troie, en substance. »

Il lui épargnait là tout le reste de ce qu’avait pu dire la jeune lionne, mais ce n’était pas forcément plus sympathique. Et dans tout ce qu’elle avait pu dire, il y avait un fond de vérité. Enfin, l’avantage étant que, ceux qui pourraient en vouloir directement au Sanctuaire n’étaient pas en l’état actuellement de demander grand-chose. Un pouvoir déjà affaibli, un Légat assassiné et une guerre interne qui ne manquerait pas d’éclater. Que ce conflit soit civil ou politique, l’océan serait trop occupé à dévorer l’océan pour s’intéresser au monde extérieur. L’idée de frapper préventivement était tentante mais il avait plus à gagner en tendant une main dans ce moment délicat qu’en écrasant son ennemi. Des alliés, c’était de ça dont il avait besoin et le vieux lion pourrait bien trouver une solution pour retourner la situation en sa faveur, du moins, si le destin jouait en sa faveur. Mais il faut souvent savoir créer sa propre chance.

Un instant, Childéric s’abandonna à l’étreinte de son épouse. Un instant, bref, il oublia tout et se concentra simplement sur la vie qui émanait d’elle. Mais les instants sont toujours trop cours. Petit morceau d’éphémère qui vivent moins longtemps encore que les flammes d’une bougie. Mais c’était à ces petits moments qu’il fallait se raccrocher corps et âme pour survivre. Surtout dans le chaos qui entoure le monde et dans la tempête de la couronne. Alors l’espace d’un instant, il fut transporté dans un autre monde mais le réel se rappela rapidement à lui. Il poussa ensuite un profond soupir avant d’adresser à sa belle blottie contre lui un sourire dépité, en partie brisé.

« - La vérité. Que personne ne mourrait à cause de ça. Mais ce n’est là qu’un doux mensonge que je me raconte à moi-même. Elle le sait, je le sais. Il y a d’autres choses aussi. Elle s’en veut pour son échec lors de sa mission, pour la mort du petit lion. Alors que l’un comme l’autre, elle n’y est pour rien et elle va en payer le prix... »

La réplique suivante de son épouse le fit sourire. Oui, s’il se voyait Hector et non plus Achille, elle, elle était Andromaque et non pas Hélène. Mais, la femme du héros de Troie amenait avec elle Thèbe sous le Placos et non la guerre à venir. La guerre n’avait, de toute façon, épargné ni l’une ni l’autre. La belle de Paris s’était retrouvée dans les bras de son époux roi de Sparte. L’autre fit ses adieux au corps sans vie de son époux vaincu dans le duel le plus marquant de l’histoire. Zvezdan serait l'Achille de cet ère. Il espérait un sort plus enviable pour sa fin et surtout, pour sa reine. Andromaque, comme tant de femmes, n’avait été au final qu’un butin de guerre…

« - Tu sais comme je suis, toujours incapable de sauver les miens. Voilà mon véritable fardeau. Je n’ai pas pu te sauver toi et je ne pourrais pas la sauver elle. »

Childéric serra alors son poing et l’espace d’un instant il laissa aller une partie de son pouvoir. Il était plus fort qu’il ne l’avait jamais été et il gagnait en puissance à une vitesse effrayante, même pour lui. En l’espace de quelques mois son pouvoir n’avait cessé de croître. La proximité d’Athéna ? Les temps troublés qui étaient fait pour des hommes comme lui ? Il n’avait pas vraiment de réponse mais ce pouvoir il en aurait besoin au moment voulu. Pour livrer la prochaine grande guerre…

« - Oui… Il est loin le temps où nous nous courrions après. Ou plutôt, où je te courrais littéralement après. C’est fou mais, tout était plus simple à ce moment-là. Alors que tout était plus dangereux. Nous étions plus insouciants, je pense. Enfin, je suis content que tu sois là oui. »

Et une vague de chaleur chargée du soulagement qu’il avait ressenti quand il l’avait revenu, pleine de vie et d’humanité inonda leur lien.

Un profond soupir quitta les lèvres de Childéric. Porter le Sanctuaire sur ses épaules, c’était son rôle à lui, son devoir. La mission qu’il avait acceptée en prenant la toge et la pourpre. Ce poids, pourtant, était lourd, plus chaque jour. Mais il ne pouvait pas céder, pas maintenant. Pas avec la tempête à venir. Pas après les mauvaises décisions qui ont été prises et les erreurs à réparer. Pas avec le monde au bord de la ruine et si peu de monde pour essayer de lutter… Il n’avait beau pas être seul face à cette inévitable marrée, c’était son rôle à lui d’être la clef de voûte de cette arche fragile. Alors comment pouvait-il espérer porter un tel fardeau alors qu’il avait lui-même tant de mal à faire face aux intempéries. Une arche n’est jamais si solide que la partie qui la soutiens.

Une moue un peu amère vient se former sur son visage à mesure qu’il venait poser sa main sur celle Nimue. Les mots qu’elle venait de lui dire, c’étaient les mêmes qu’il avait dit à Ryme. Qu’elle ne pouvait pas sauver tout le monde et qu’elle devait accepter de pouvoir échouer. Ces mots-là, elle pouvait les entendre. Lui, c’était autre chose, il avait trop d’échecs derrière lui pour se permettre d’en essuyer un nouveau. Le plus clair de sa vie, déjà, était derrière lui et avec, ses échecs. Trop d’échecs. Et puis, les bons conseils sont toujours plus facile à donner qu’à suivre.

« - Je n’ai pas peur. J’ai juste conscience de ce que qui se passerai si j’échouais. Les conséquences pour vous, pour toi, pour… lui. »

La chute de la cité, rien de plus, rien de moins. À travers ses décisions, ses choix, il était le rempart qui offrait son bouclier à ceux qui ne pouvaient se protéger seuls. Il était celui qui devait envoyer à la mort ses soldats et souhaiter malgré tout leur retour. Une tâche difficile, douloureuse même, quand on cherche à rester humain. Quand désire exercer le pouvoir sans ambition personnel. Mais il est celui qui exerce le pouvoir pour les autres, pour son fils surtout, qu’il puisse vivre loin de tout ça, protéger et heureux. Libre, peut-être, là où ses parents ne l’ont jamais été. C’est ça, la vérité de cette couronne et le coeur de cette cité à protéger.

« - Oui… Trop de choses sont en mouvement, trop d’erreurs ont été fait. La tempête qui se lève sera la plus violente que nous n’aurons jamais connue. Mais, avec toi à mes côtés, je me sens près à y faire face. »

Et à y mourir. Trop de choses sont en mouvement, trop d’erreurs ont été fait. Mais peut être qu’un jour, ce cycle se brisera les hommes rependront les rênes de leur propre destiné.