[Fin Avril 553] Encore du travail ! (Mission profane)

L'ennui.
Quand il envahit l'esprit, on peut lui opposer luxure, alcool et débauche. Mais ces secours ne valent qu'un temps. Dépossédé de mon écaille, de mon statut, relégué au rang de simple spectateur muet, les derniers jours avaient été pénibles... Et frustrants.
Que foutait donc le Conseil ?! Où en était l'enquête sur les agissements de cet enfoiré d'Etrius ? 
Par sa lenteur, Arhan menaçait non seulement la cohésion d'Atlantis, mais également ma patience. Nessius et moi avions réussi, tant bien que mal, à apaiser l'ire du peuple, mais cette parenthèse de calme serait de courte durée.


Gé... Général Endymion ?

Je relevais paresseusement les yeux de mon verre et tombais sur un pauvre bougre, visiblement nerveux. Les mains crispés sur un couvre-chef d'ouvrier, l'indigent baissa le regard et attendis que je lui adresse le signe de continuer.

Pardonnez-moi de vous déranger mais... Je suis Atrios, l'ingénieur en charge de la reconstruction de votre pilier suite aux derniers évènements...

Et ?...

Mes hommes rencontrent certaines... Difficultés. Une horde de fantômes rôde autour de notre chantier, et plusieurs ouvriers ont mystérieusement disparus sur le chemin menant à votre domaine... 

En temps normal, j'aurais évacué le problème d'un haussement d'épaules. Ces pertes auraient amplifié la réputation de mes chers esprits errants. Mais courir le risque de démotiver ceux qui tentaient de restaurer ma possession n'était en rien dans mon intérêt. Le sbire devait s'attendre à des conseils ou une quelconque marche à suivre. Aussi, je le vis céder à la panique, lorsque je me relevais de mon siège avant de m'étirer, tel un dragon trop longtemps assoupi.

Que ce soit sur mon navire ou dans mon domaine, ceux qui sont à mon service doivent être assurés de ma protection. Mène-moi au chantier et nous ferons le point sur la situation des disparus. Avec moi sur place, les fantômes ne seront plus un problème.

A moins que certains s'étant échappé du vortex des Bermudes rôdent encore au milieu de ceux crées par mon cosmos...

Il ne fallut pas bien longtemps pour gagner le chantier.
Et sitôt arrivé, je vis une dizaine d'ouvriers venir à notre rencontre, mi-effrayés, mi-rassurés par ma présence. Dans le brouhaha pénible qui suivit, je décelais un message central : 4 de leurs camarades avaient disparus ce matin. 

Pas de panique ! Le général Endymion va prendre les choses en main !

Mouais... Bon. Avez-vous une liste des ouvriers perdus ? Un descriptif, des informations utiles ? 

Après d'interminables minutes à faire le tri et à imposer le silence dans la cacophonie générale, je finis par arriver à mes fins. 
Arcante, vu pour la dernière fois près du pilier.
Joseph, aperçu sur le chemin menant au domaine.
Alcide, disparu alors qu'il travaillait de nuit sur la zone anciennement sous la tutelle d'Etrius.
Germain, volatilisé pendant sa pause, aux limites du chantier.
Je disposais donc des noms et d'une vague indications afin de débuter les recherches. Mais pour bien connaître mon territoire, je m'étonnais que les esprits errants soient si actifs, même avec les troubles récents. Se pourrait-il qu'un nuisible quelconque tente de ralentir l'avancée des réparations, afin de me nuire ? Ou de faire perdurer les saloperies technologiques du patriarche Trémère ?
Toute cette affaire sentait le souffre.... Et cela me convenait parfaitement, tant j'avais besoin d'action et de me défouler ! Ames errantes ou soldats de l'ombre allaient en prendre pour leurs grades !
Visiblement ragaillardi par mon rictus mauvais, les ouvriers m'accompagnèrent de leurs regards emplis d'espoir alors que je me dirigeais déjà vers le pilier où avait disparu le premier de leur camarade. 

Mon pauvre pilier...
Mon échange cosmique intense avec le Dragon des mers avait fragilisé la base de la structure, et causé de trop nombreux dégâts sur le surplomb. Entre les traces de calcination, les débris et pierres fissurées, le travail semblait colossal. Pour autant les travaux semblaient avoir commencé, et je notais une nette amélioration en peu de jours. Les Atlantes avaient le sens de l'architecture.
Bras croisés, je scrutais la zone avec attention en quête du premier ouvrir disparu, un certain Arcante.
Etait-il tombé dans une fissure trop large ? Gisait-il derrière un rocher ou une colonne brisée ? Une seule façon de m'en assurer. Je parcourus donc les lieux si familiers, à sa recherche. Une quête qui fit rapidement naître un sourire désabusé. En temps normal, j'aurais volontiers lancé mes arcanes à ses trousses. Mais désœuvré que j'étais, je trouvais finalement gratifiant de mettre physiquement la main à la patte.
Et après plus d'une heure à arpenter les lieux, je dus me résoudre à faire fonctionner mes méninges. Ce pauvre type n'avait tout de même pas pu se volatiliser ?! A moins que...
Mon attention se porta à la lisière de la brume qui dominait mon domaine. Se serait-il enfoncé en son sein, ou un esprit quelconque l'y aurait-il entrainé ? Possible.
Mais une idée me vint aussitôt.
Je me dirigeais donc vers le pilier en lui même, en quête d'une crevasse ou d'une anomalie quelconque. Et mes efforts furent récompensés lorsque j'aperçus la tête ensanglantée d'un homme, tombé sous un morceau de colonne retourné.

Hey ! Tu m'entends ?! 

Parlais-je déjà à un cadavre ? Je me glissais jusqu'à lui, en me contorsionnant et posais mes doigts sur sa gorge. Je sentis alors un pouls. L'ouvrier n'était qu'endormi, mais la blessure sur son cuir chevelu m'interpella. S'était-il ainsi blessé en prenant un objet lourd sur le coin de la tête ? 
Cette question pourrait bien attendre son réveil. Je me saisis donc du pauvre bougre inconscient, et le sortis de ce qui aurait très bien pu devenir son tombeau, tant personne n'aurait eu l'idée de l'y chercher avant des jours.
Je le soulevais sur mon dos, et l'emmenais vers une zone de soins dévolue aux diverses blessures que l'on pouvait se faire sur un chantier. Et après une légère attente, l'apothicaire responsable de la modeste structure m'informa que l'ancien disparu vivrait.
Satisfait de cette issue, je les abandonnais afin de partir à la recherche du perdu suivant. Un simple problème de sens de l'orientation ? J'en doutais déjà...

Mais quelle bande d'abrutis, ces ouvriers...
Autant chercher une épingle dans une botte de foin. Au gré de mes intuitions, je déambulais dans la brume familière, à l'écoute du moindre signe de vie d'un des disparus. 
Et mes pas finirent par me mener aux limites du chantier, définies par des piquets plantés ça et là. C'était dans ce coin que l'un des citoyens avait disparu, mais comment ? Emporté par des esprits ? Ce n'était pas à exclure.
Un bruit étrange me fit alors stopper net. Et je finis rapidement par en déterminer la provenance. Mi-amusé, mi-agacé, je me dirigeais vers une colonne effondrée, et tombais nez à nez avec le dénommé Germain, occupé à roupiller tranquillement. Un repos vite interrompu par un coup de pied donné dans ses côtes.
Le bougre se réveilla en hurlant, et se tourna vers moi, prêt à m'agonir d'insultes. Une agressivité qui fondit comme neige au soleil lorsqu'il me reconnut.

Sei... Seigneur Endymion...

En personne. Et je te conseille de te lever et de filer sur le chantier, sans te retourner...

En panique, le tire-au-flanc s'exécuta et fila comme s'il avait la mort aux trousses, sous mon regard amusé. A dire vrai, je préférais une issue de cet acabit, qu'une blessure grave ou un cadavre.
Une explosion dans le ciel attira alors mon attention. Tiens, tiens... Je me dirigeais donc d'un bon pas vers la source de cet appel et... Tombais sur une figure bien connue.

Calypso ?! Que fais-tu ici ?

Mon amie de Camelot était occupée à soigner un pauvre bougre, au visage bien amoché. Un spectre était-il à l'origine des lacérations ? Cette histoire ne me plaisait guère... A choisir, mieux valait des ouvriers paresseux que des mutilés. Vigilant, je déployais mes perceptions aux alentours, le temps que la nymphe achève ses soins.


 

De prime abord, cette mission me semblait davantage ennuyeuse que délicate.
La présence agréable de calypso à mes cotés ne pouvait donc que me ravir. Et nous partîmes donc à la chasse au dernier ouvrier, accompagné de l'un de mes sourires sournois.

C'est tout à fait possible. En outre, mes spectres sont perturbés... Je vois donc mal l'un d'entre eux être responsable de l'agression. Qu'à encore fait cet enfoiré de patriarche ?...

Car le problème était là. Le pylône conçu par le Trémère pouvait avoir de sérieuses conséquences sur l'équilibre de mes gardiens. Jusqu'à les rendre fous et incontrôlables ? Peut être...
Sur cette interrogation, nous arrivâmes dans la zone concernée. Et je notais d'emblée la présence d'une brume à l'ampleur anormale. 

Reste sur tes gardes... Je ne suis pour rien dans ce changement climatique...

Cartes déjà en main, je menais notre duo vers la structure principale, afin de couvrir Calypso au cas où. Et je finis par distinguer une silhouette voûtée, à quelques pas devant nous. S'agissait-il de l'ouvrier perdu ? L'inconnu sembla repérer notre approche, et se retourna vers nous pour dévoiler un faciès vaguement humain, rongé par une malveillance indicible. Un véritable démon autant visible par les traits de son hôte malheureux que par l'aura qui émanait déjà de lui. 
Visiblement ravi de tomber sur deux nouvelles victimes, la créature déploya des tentacules, aussi vives que des fouets, dans notre direction. La première me loupa de peu, alors que la seconde fusait vers ma compère. Après m'être redressé de ma roulade d'esquive, je projetais deux cartes en l'air.

Magicien, Justice ! Occupez-vous de ce parasite !

Sur mon injonction, mes deux figures fusèrent du néant et projetèrent un rayon de lumière et un jumeau obscur vers la créature.

Sans lui faire de mal ?! Tu en a de bonnes toi...

La créature, anciennement ouvrier, semblait comprendre notre langage et nous adressa un rictus malveillant. Calypso mena son premier assaut, et isola la bête dans une bulle dont elle fit descendre la température, de manière à freiner ses mouvements.
La stratégie était intelligente. Mais l'assurance affichée par le monstre m'obligea à rester sur mes gardes, et à retarder mon attaque suivante.
Comme pour confirmer mon pressentiment, les deux rayons de mes arcanes heurtèrent notre adversaire, et furent absorber par une aura ténébreuse, dont l'apparition me fit hérisser le poil. Bordel, pourquoi je ne portais pas mon écaille ?!
Le monstre poussa alors un hurlement à faire s'effondrer des murs, et déploya une onde maléfique d'ampleur. Il commença alors à muter en une aberration, aux multiples tentacules. Et en l'espace de quelques secondes, nous nous retrouvâmes face à un démon de quatre mètres de haut...

Plus de doutes... Cette chose vient du triangle d'or ! Reste sur tes gardes !

Une possession dans toute son atrocité. Le pauvre bougre voyait son corps et son âme parasités par une entité maligne, venue d'un ailleurs dont j'étais le gardien. Et pour sauver l'ouvrier malchanceux, nous allions devoir jouer sur du velours, tout en esquivant les coups du monstre.
D'un bond, je me mis hors de portée de ses appendices devenus fous, et déployais deux nouvelles cartes.

Mort, étoile, à vous de jouer !

La sinistre faucheuse fit son apparition, et commença trancher les tentacules avec son arme, tout en oppressant la créature par son aura mortifère. Quant à l'étoile, elle vola en direction de Calypso pour veiller à la régénérer si nécessaire.
J'adressais alors un regard entendu à la nymphe. Pour régler le souci, j'allais avoir besoin d'une diversion.

Malgré nos caractères fort différents, la nymphe et moi formions un duo efficace et complice.
Je ne fus donc pas surpris de voir avec quel brio, Calypso harcela la créature, de manière à m'offrir la diversion nécessaire à mon action.
Même sans mon écaille, je restais le maître du triangle d'or et le gardien de ce lieu. Qu'importe les décisions du conseil, je n'en répondais que devant Poséidon. Or, ce dernier ne m'avait pas relevé de mon devoir. C'était donc à moi de porter l'estocade et de faire comprendre aux entités rebelles venues de l'autre coté, qu'elles devraient se conformer à MES règles. Ce qui englobait la non-possession d'ouvrier crétin ou fainéant. 
Profitant de l'assaut de ma comparse, archère en pleine frénésie, je me volatilisais afin de réapparaître au dessus de la créature. Il était temps de jouer ma carte maîtresse.
Me concentrant au maximum, je fus rapidement nimber par une aura mi-dorée, mi-ténébreuse, alors que mon regard prenait l'apparence d'une œillade draconique.
Sur mon appel, une femme encapuchonnée surgit des ombres et projeta mille roses mortelles sur le démon. Ce dernier releva une sorte de cri atroce en raison de la douleur initiale... Mais surtout du poison qui commença à couler dans ses veines et tentacules. Outre la souffrance pure ressentie, la toxine de mon arcane commença à scinder les liens mentaux qui reliaient le parasite à sa proie. Une bref moment durant lequel l'âme étrangère fragilisa son emprise... Et que je me hâtais d'exploiter.

Retourne d'où tu viens, saloperie ! GOLDEN TRIANGLE !

Mes bras agiles tracèrent la forme désirée, auréolée par mon cosmos poussé à son paroxysme. Et dès sa formation, des mains spectrales surgissent de la figure et se plantèrent dans l'âme du spectre parasite afin de l'extraire violemment de son hôte, de manière à le ramener de l'autre coté.
Je reposais alors pied à terre, et claquais des doigts afin de refermer la faille.
Un grand sourire aux lèvres, je me tournais aussitôt vers mon amie téméraire.

Mission accomplie ! Et avec un peu de chance, l'hôte est vivant. 

Comme pour confirmer mes dires, le pauvre bougre tombé au sol lors de l'assaut, commença à relâcher un gémissement de terreur pure. En voilà un qui subirait quelques cauchemars les prochaines nuits... Au pire, cela me ferait toujours un client de plus pour la Dame Rousse. L'alcool l'aiderait peut-être à tenir en respect les ténèbres qui allaient l'assaillir durant ses nuits.

Un haussement désinvolte des épaules et un sourire ravi furent les tenants de la réponse donnée aux inquiétudes de la nymphe. Oui, la créature avait été balayée, et expédiée dans son monde inconnu. Bien rares étaient ceux capables de résister au vortex du triangle des Bermudes lorsque je faisais appel à toute sa puissance.
Le pauvre bougre fut remis aux responsables de la sécurité du chantier, et je me retrouvais donc seul avec mon amie. L'espace d'un instant, j'hésitais à lui proposer un verre... Avant de me souvenir à qui j'avais affaire.
Amusé, je relevais un sourcil ironique lorsqu'elle me demanda si j'étais blessé... Délicate attention mais bien futile.

Hormis mon ego meurtri par ta question, tout va bien...

Et je relâchais un rire sonore, dont j'étais coutumier. La nymphe se voulait prévenante, probablement en raison de l'absence de mon écaille. Mais il était de bon ton de me moquer gentiment de ses bons sentiments. 

Ma foi... Du temps, je n'en manque pas. Je suis si désoeuvré que j'en viens à sauver des ouvriers, au lieu de picoler dans un lieu agréable... Je suis tombé bien bas.

Et je bondis, de manière à flotter nonchalamment un mètre au dessus du sol. Jambes croisées, en totale décontraction, j'invoquais une bouteille et la tendis vers Calypso, par pure politesse.

Alors ? De quoi veux-tu discuter ? Notre face à face avec le conseil ? L'avancée de ton enquête ? On pourrait en parler à la Dame Rousse, ne préfères-tu pas ?

Passer un moment avec mon amie, me convenait parfaitement. Mais autant le faire en un lieu plus confortable que ma zone, baignée par la brume et garnie de spectres. 

Citation :

HRP : Vu que la mission est achevée, je propose de poursuivre dans un sujet à part, si cela te convient

 

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Amusé par la question posée par la nymphe, je laissais un rictus narquois s'étirer sur mon faciès.
Il n'était pas désagréable de constater que mes petits tours de magie pouvaient encore étonner et surprendre. Il est vrai que Calypso n'avait pu constater cet effet lors du tournoi de Camelot, vu qu'elle n'y avait pas assisté, de mémoire.

As-tu déjà vu un dragon qui ne vole pas ? Allons...

Et je laissais exploser l'un des rires qui formaient l'une de mes caractéristiques désinvoltes. Pour autant, je ne pus masquer ma surprise, lorsque déboula la véritable raison du souhait de la nymphe de s'entretenir avec moi.
Le souvenir de la discussion concernée me revint aussitôt, des tréfonds de ma mémoire. Bien de l'eau avait coulé sous les ponts depuis mon éclat de colère... Aussi, je délaissais mon masque de quiétude habituel pour arborer une mine rassurante et sereine.

Ce serait plutôt à moi de te présenter des excuses... Camelot a laissé des traces, et la colère a pris le pas sur ma raison. 

Un soupir las m'échappa aussitôt.

Je n'en pensais pas un mot, Calypso. Je suis navré de t'avoir blessé et causé du souci, surtout en ces temps où nous avons bien d'autres priorités que d'exprimer des susceptibilités malvenues. 

Le summum de ma sottise avait été atteint lors de mon entrevue avec Calum. Et ce dernier avait eu le mérite de faire sortir ma fureur trop longtemps contenue, afin de ne laisser qu'un objectif que je désirais désormais atteindre, plus que tout.

Si tu l'estimes nécessaire, je serais intéressé par ce secret, en effet. J'ai le pressentiment que le dénouement approche, et peut-être que ton aveu pourra éclairer des zones encore obscures. De toute manière, j'avais pour projet de retourner voir Cinead.

Feu et glace.
Retenue et explosion. Passion et pudeur. Soleil et lune. 
Nous étions le reflet l'un de l'autre. Et nos différences formaient la force de ce lien atypique. De cette amitié bancale, mais plus forte que jamais. Et savoir qu'une telle alliée m'était ainsi attachée en ces temps sombres me réconfortait plus que je ne saurais le dire.
Aussi, surpris par l'initiative, je me saisis de la bouteille et y but goulûment, non sans dissimulé un sourire approbateur. 
Mais la conversation s'orienta alors sur le fameux secret, à l'origine de mon agacement face à Cinead. Et par le ton employé, je retrouvais tout mon sérieux. Aucun sénateur ? Hum... Heureusement que Calypso me précisait cette donnée. Car même si Calum n'était guère mon confesseur, notre dernier échange me poussait à lui offrir ma confiance pleine et entière. Pour autant...

Ton secret sera le mien. 

Et mon visage se figea de surprise à l'écoute de l'information, révélée à mots bas. 
Loki ? Le dieu retors du panthéon d'Asgard ? Un adepte des illusions, de la malice et de la ruse. Sa présence pouvait-elle expliquer le chaos ambiant ? Luttions-nous contre une déité ? Si oui, comment Poséidon pouvait-il se taire de la sorte ? A moins que ce ne fut justement pour faire sortir le loup du bois...

Se pourrait-il que cet enfoiré se trouve à Atlantis et nous manipule sous une fausse identité ? Cette révélation est grave... De qui pourrait-il porter le visage ? Arhan ? Etrius ? Cinead, lui même ?...

La perte de mon écaille me frappa en plein visage par son importance. Certes, face à un dieu je n'étais qu'une vague épine, mais en me délestant de ma protection, le Conseil venait peut-être de faciliter la tâche à cet ennemi potentiel. 

Je comprends tes doutes, mais si Loki était à la source du meurtre d'Orpheus, je vois mal le grand prêtre impliqué. Odin ne le permettrait probablement pas. Mais pourquoi ce dieu en aurait-il après Atlantis ?... Il nous manque trop d'informations.

Une idée me vint alors. Et après avoir acquiescer à la noble décision de Calypso, je laissais mes souvenirs revenir à la surface, sous un tout autre prisme.
Calum, Kaede, étaient-ils réels ou un dieu se cachait-il sous leurs traits ?

Trop d'hypothèses, bien peu de faits.
Je devais bien admettre que nous restions sujets aux conjectures, sans rien avoir de concret à nous mettre sous la dent. Si Loki était véritablement responsable du chaos ambiant, ma vigilance en serait d'autant plus décuplée, même si... Dépossédé de mes écailles, je ne serais qu'une gêne mineure aux yeux du dieu nordique.
Il ne me restait qu'à placer mes espoirs en Poséidon et sa sagesse. Espérons qu'il est bel et bien conscience de l'intrusion sur son domaine, et tâche d'y mettre un terme. 

Le capitaine du léviathan... Oui, je m'étais confronté à lui du temps où il servait encore Asgard. Là aussi... Une mort bien mystérieuse. Trop de choses nous échappent !

Et d'agacement, je relâchais un juron à déculotter un moine. Or, mon humeur ne s'illumina guère lorsque Calypso mentionna le fait de venger Orpheus... Une lueur assassine passa brièvement dans mon regard. Que devais-je faire ? Mon attention posée sur la nymphe, je décidais à jouer la franchise par respect pour notre amitié.

Calypso... En parlant de venger la mort du légat... J'ai appris des éléments nouveaux dont il faut que je te fasse part. Mais pas ici. Que dirais-tu si je t'offrais un verre, à la Dame Rousse ?

Évoquer mes nouveaux sentiments bien peu amènes sur Orpheus ne me plaisait pas. Mais il faudrait bien aborder le sujet tôt ou tard. Et selon l'avis de Calypso, je poursuivrais mon ire ou non.
Mais pour le moment...

Après l'effort, le réconfort !